Critiques pour l'événement Intra Muros
18 févr. 2023
8,5/10
148
Deuxième pièce d'Alexis Michalik que j'ai eu la chance d'aller voir. Et quelle pièce ! Sur un beau rythme, nous découvrons petit à petit les histoires de vie des protagonistes. Les émotions sont au rendez-vous grâce aux belles interprétations des comédiens. C'est sans équivoque ma pièce favorite de Michalik (maintenant que j'ai pu découvrir ses autres pièces).
30 janv. 2023
8,5/10
86
De toutes les pièces de Michalik, Intra muros est sans doute l'une des plus sobres. Sobre, entendons-nous bien : on y trouve toujours des histoires enchâssées, des souvenirs lointains, des récits dans le récit, mais le tout quadrillé par l'enceinte de ce lieu unique qu'est la prison : Intra muros. Ce choix épuré donne paradoxalement beaucoup de force à la pièce : il y a quelques moments de bravoure et d'émotion pure (notamment la colère d'un personnage, que je ne dévoile pas), mais aussi du rire. Du Michalik en somme ! On passe d'une émotion à l'autre, on en ressort avec une croyance plus forte en l'humanité. C'est peut-être un peu naïf, mais c'est cela aussi qui est beau.
10 nov. 2022
10/10
75
Cette pièce nous emporte au fur et à mesure.
15 premières minutes d'installation du cadre, puis 15 minutes d'introduction de la vie de chaque personnage, et ensuite on est littéralement accrochés à l'histoire de chacun des personnages .

Les interprétations des comédiens sont fabuleuses !

J'ai rarement ressenti autant d'émotions dans une pièce. Merci aux comédiens car ces histoires de vies ne seraient pas aussi émouvantes sans la qualité de leurs interprétations.

Je recommande vivement !
26 oct. 2022
9/10
74
Quelle succulente surprise !

L'écriture est fine et subtile .
On pense partir sur une banale comédie avec des personnages caricaturaux, et on se fait embarquer, et on passe d'une émotion à l'autre .
Les comédiens sont tous très justes.

À aller voir absolument.
17 août 2020
8/10
32
Cette pièce époustouflante est portée comme le dit Michalik par des acteurs (M. Safi en tête) qui s'entendent bien et jouent sobrement ensemble.

C’est à mon sens ce qui fait naitre l'émotion finale. Bravo à tous.
6 févr. 2020
8,5/10
43
Je trouve cette pièce époustouflante, du grand Michalik. Nous étions surpris du début à la fin, un suspens incroyable.
Il faut voir cette pièce tellement différente.
4 oct. 2019
8/10
51
Pièce très intéressante qui nous raconte une histoire dans le milieu carcéral. C’est bien joué mais nous nous attendions à une comédie et ce n’était pas le cas.
1 juin 2019
9/10
26
La pièce s’ouvre sur quelques mots directs au public. Un comédien – ou un personnage ? – nous demande ce qu’est le théâtre. Le théâtre, c’est ça, aurait-on envie de répondre. Le théâtre, ce personnage – ou ce comédien ? – va le proposer comme une échappatoire aux détenus du centre pénitentiaire où il se rend, ce matin-là. Lui qui s’estime comme un metteur en scène accompli, il va leur proposer un cours de théâtre mais il ne comprend pas : devant lui, ils ne sont que deux à avoir répondu présent. Coïncidence ? Je ne crois pas.

Je me souviens très bien de ma rencontre avec Alexis Michalik. On parlait déjà du dramaturge comme d’un jeune prodige, je n’y croyais pas : qui était cet auteur junior qui soulevait les foules ? Probablement encore un jugement immérité. Ce n’est que trois ans après sa création que je me suis décidée à découvrir Le Porteur d’Histoire. Je suis immédiatement revenue sur ma position : comment pourrait-il en être autrement ? J’avais été littéralement transportée durant le temps du spectacle. Cet homme a l’art de raconter une histoire.

Il m’est arrivé exactement la même chose durant Intra Muros. Michalik pouvait-il réellement exécuter cette prouesse théâtrale pour la quatrième fois d’affilée ? J’étais dubitative. J’apprendrais à ne plus douter de ce Maître : si j’ai fait la moue pendant les premières minutes, j’ai été à nouveau totalement embarquée dans son spectacle comme dans un rêve jusqu’au réveil brutal des applaudissements, quelques deux heures plus tard.

Devant ce spectacle, l’évidence revient : Michalik est un ange-gardien du théâtre. Que dire face à tant de succès – et un succès qui semble, en plus, entièrement mérité ? Non seulement il offre des soirées exceptionnelles à son public, mais il remplit simultanément plusieurs théâtres de Paris, participant à la fois à leur économie et leur publicité, contribue à relancer le théâtre amadouant les réfractaires avec des adaptations cinématographiques de ses pièces, et surtout offre depuis de nombreuses années des rôles pérennes à de nombreux comédiens ! Cet homme a quelque chose du génie.

Ce qu’il fait est unique. Tout, sur le plateau, est parfaitement maîtrisé. D’abord le texte, qui est incroyablement ficelé : Alexis Michalik sait parfaitement où il veut aller et nous entraîne avec lui avec une facilité déconcertante. Mieux encore, le spectacle est plein de recoins sombres qu’il a parfaitement prévus mais que notre cerveau, lui, ne voyait pas du tout venir : ainsi de ce personnage que je dénigrais un peu au début du spectacle et qui devient soudainement le noeud central de la pièce. Son histoire, qui par bien des aspects aurait pu me laisser de côté, ne peut que me passionner : il traite de sujets graves non pas avec légèreté mais avec naturel. Il alterne des passages réalistes plutôt durs avec de la fiction pure, plutôt improbable, mais à laquelle on s’accroche justement parce qu’il nous tend la perche au bon moment.

Ensuite vient le jeu d’acteur. Comme d’habitude, chaque comédien incarne plusieurs personnages mais la transformation est telle qu’on ne peut les confondre entre eux. Tout change : mimique, voix, tics, personnalité, démarche, accent, et, bien évidemment, costume. Le spectacle fait alterner plusieurs distributions, et, comme toujours, on a l’impression que celle qu’on a en face de nous est la meilleure. Tel personnage, ainsi incarné, devient une évidence. Cela fait plusieurs fois que je fais face à ce tour de passe-passe, et je n’ai toujours pas compris le truc.

Enfin, il y a la mise en scène. Tout est prévu au millimètre. La direction de Michalik, si elle n’est pas tyrannique, doit du moins être d’une rigueur et d’une exigence monstres. Les déplacements font partie intégrante du spectacle, s’organisant presque comme une chorégraphie. La musique qui accompagne la scénographie est haletante, elle crée des atmosphères, elle accompagne les comédiens, elle nous tend puis nous détend. Ces deux dernières facettes, la mise en scène et le jeu d’acteur, me font penser presque à de la Comedia Dell Arte : c’est extrêmement codifié comme manière de jouer. Mais il y a également quelque chose de nouveau. J’appellerais cela de la Comedia Dell Michalik. De la Comedichalik.
24 mars 2019
9,5/10
29
Pièce géniale, comme souvent avec Michalik.

Texte, scénario, jeu d'acteur, mise en scène et décor minimaliste suffisant pour laisser l'imaginaire faire son œuvre, avec en prime de la musique live.

Du très bon théâtre.
19 janv. 2019
8,5/10
35
Encore un tour de force du petit génie du théâtre Alexis Michalik !

Cet auteur crée des pièces passionnantes qui feraient aimer le théâtre à n'importe qui. En outre, et en toute subjectivité, il a l'art de choisir des sujets qui me touchent. Hommage au grand Méliès dans Le Cercle des illusionnistes, coup de chapeau à l'auteur de Cyrano dans Edmond... Et maintenant, une histoire contemporaine avec un twist comme on en voit au cinéma. Une histoire qui en cache une autre, en quelque sorte.

Les personnages sont très travaillés et particulièrement touchants. Le monologue de Kevin, le jeune prisonnier qui enchaîne les coups presque par déterminisme social, est superbement écrit et apporte beaucoup de nuance à un personnage qui pourrait facilement tomber dans la caricature. Dans cet esprit, tous les personnages "existent" vraiment. Il est difficile d'en dire plus sans révéler le coeur de l'intrigue.

Intra Muros est une pièce marquante dont le thème profond se révèle au fil des scènes, en générant une intense émotion.
16 janv. 2019
8/10
46
Quelle générosité d’offrir aux adultes un peu de matière à rêver !

Des sourires, des yeux brillants, un peu plus lumineux au moment des applaudissements du fait d’une émotion passée du plateau au public. A la sortie, des bribes de conversations : on s’interroge sur la frontière entre la fiction et la réalité dans la pièce.

… Et tout cela résume assez bien le génie de Michalik qui encore une fois a réussi avec beaucoup de virtuosité à nous émouvoir, à nous tenir en haleine, à nous perdre dans l’intrigue de sa dernière création, « Intra Muros ». Je me suis moi-même surprise à me pencher en avant pour ne pas perdre une miette de l’action en cours, cherchant à « en être » et à comprendre, fascinée.

L’histoire, dont on ne révèlera pas toutes les ficelles est la suivante : Richard (vu avec Guillaume Santou), metteur en scène dont la carrière part à vau-l’eau accepte de se rendre en prison pour donner un atelier théâtre. Accompagné d’une jeune assistante sociale et de son ex-femme comédienne (vu avec Alice de Lencquesaing et Elizabeth Ventura), Richard et ses collègues se retrouvent alors en plus grand nombre que les participants : Ange et Kévin (vu avec Joël Zaffarano et Christopher Bayemi). Deux détenus tout en nerfs et en muscles qui les impressionnent un peu au début. Malgré tout, Richard donne le cours et la mécanique « Michalikienne » se met en route. Avec peu de décor mais de l’inventivité, des scènes courtes et un rythme soutenu, la pièce nous embarque. L’intrigue est bien ficelée, les personnages touchants et les pièces du puzzle se mettent petit à petit ensemble pour former un tableau final émouvant.

Le style d’Alexis Michalik est désormais clairement établi, inspiré du rythme des séries télé et en amoureux du théâtre qu’il est, son écriture de plateau continue de fonctionner. Ce spectacle confirme son talent.

Pour moi, il est l’un des meilleurs de notre scène théâtrale dans l’art de conter des histoires qui nous font oublier le temps, qui se passe de nous pendant les quelques heures que dure son théâtre.

Un excellent moment !
10 janv. 2019
9,5/10
49
Certainement la meilleure pièce d'Alexis Michalik !!
13 août 2018
9/10
167
Une pièce si Michalik mais qui renouvelle pourtant le genre, bravo !

Un jeu dynamique et rythmé mais une mise en scène qui laisse la part au jeu des comédiens et à la profondeur de leurs histoires.

C'est beau et percutant.
17 juil. 2018
8/10
186
Indéniablement on ne s'ennuie pas, les acteurs sont formidables et je suis toujours bluffée par le sens des trucages et du décor chez ce metteur en scène.

Quelques ficelles un peu tirées par les cheveux qui s'inspirent un peu trop du feuilleton TV mais sinon rien à dire !
7 mai 2018
8/10
247
Comme toujours, les pièces d'Alexis Michalik sont rythmées, percutantes et poétiques. On nous embarque avec ces personnages dans le voyage d'une vie, avec cette curiosité d'en découvrir plus.

Le fil se ressent à un moment et on s'attend à la suite, mais qu'importe, elle est si bien emmenée.
Très bon jeu d'acteurs, mise en scène ingénieuse et dynamique.

Le temps passe vite alors que la pièce est assez longue.
30 avr. 2018
9,5/10
224
J'ai adoré. Un univers fort et dense. Des émotions qui vont vous faire aller du rire aux larmes. Des acteurs au top. Tout ce qu'on peut attendre d'un pièce de théâtre.

Deux heures (ou presque) qui passent trop vite et vous laisseront chamboulés !
25 avr. 2018
9,5/10
218
Introduction étonnante... 1h45 de spectacle que je n’ai pas vu passer.
Je me suis laissée emporter par le jeu des comédiens qui était fantastique... Ils vous emportent.
J’ai souri, j’ai été émue...
A voir absolument.
18 mars 2018
10/10
228
MON coup de coeur de cette saison théâtrale !!
Très différent mais tout aussi réussi que les précédents Michalik (Edmond, Cercle des illusionnistes, Le porteur d'histoire).

Michalik nous balade du rire aux larmes dans un tourbillon de sentiments.
Les acteurs sont très habiles dans leurs interprétations de leurs différents personnages.
11 févr. 2018
8,5/10
265
Intra-Muros à La Pépinière théâtre.
Premier cours de théâtre dans une centrale, Richard espère qu’une dizaine de détenus seront intéressés. A sa grande déception, Ange et Kevin seront les seuls présents. Que faire avec si peu de participants ?
Alexis Michalik nous entraîne dans cette fiction avec brio. Le cours de théâtre se transforme en confessions intimes. Nous découvrons les angoisses, les déceptions, les renoncements mais aussi, les attentes et les espoirs de chacun.
Les murs de la prison s’écroulent, Ange et Kevin ne sont plus de simples détenus enfermés dans leur funeste délit mais des hommes égarés nous contant leur parcours.

Après Le Porteur d'Histoire, Le Cercle des Illusionnistes, Edmond, Alexis Michalik nous transporte dans une histoire humaine et pleine de rebondissements. L’histoire va se construire comme un puzzle. Nous irons de surprise en surprise. C’est un agréable moment de théâtre.

Les détenus sont attachants. Ange personnage renfermé dont on perçoit la douleur au premier instant. Kevin révolté mais plein de générosité envers son compagnon, nous attendrit.
Les comédiens sont excellents : Jeanne Arènes, Bernard Blancan, Paul Jeanson, Alice de Lencquesaing, Fayçal Safi, Raphael Charpentier.
28 janv. 2018
8,5/10
221
Voir une pièce d’Alexis Michalik, c’est rentrer dans un univers particulier. C’est une histoire dans une histoire.

Aucun détail n’est laissé au hasard. La mise en scène est savamment étudiée, au service du texte.
Dès le début de la pièce, l’univers musical et l’ingéniosité de la mise en scène nous plongent dans le milieu carcéral. On s’y croirait avec le son des portes qui s’ouvrent et se ferment aux passages des protagonistes.

Mais très vite, l’univers pénitencier se fait oublier au profit des récits de vie de Kevin et Ange, les deux détenus de la maison centrale, d’Alice la jeune assistance sociale inexpérimentée, de Jeanne et Richard, les deux comédiens venus dispenser leur premier cours de théâtre. Ce sont de pans de vie que Michalik nous fait découvrir. La colère, la nostalgie, le rire, l’amertume, l’espoir… tout est dépeint.

Les interprétations de Kevin, jeune homme plein de colère et d’Ange, le cinquantenaire plus dans la retenue et dans une colère froide, sont d’une justesse et d’une sincérité. Cette pièce est un régal d’autant plus qu’au premier rang, les émotions sont sans filtre.
Une belle réussite…

Je veux bien voir des pièces de deux heures qui vous font oublier le temps qui passe.
29 nov. 2017
9/10
295
Le génial Michalik va t'il encore une fois m'embarquer dans son histoire me demandais je ?

Et bien oui oui oui et 1000 fois oui, Ange m'entraîne loin de la salle et quand le rideau tombe je me rends compte que j'étais une fois de plus partie ailleurs !
30 sept. 2017
8/10
251
Michalick est un conteur et réussit encore une fois a nous émouvoir.

Des flashbacks réussis et fluides. Des acteurs parfaits dans leurs rôles avec une mise en scène sobre et une musique live au service de la pièce.

Une grande réussite théâtrale.
Il n'en finit pas de créer des succès. Alors que EDMOND affiche complet tous les soirs au Théâtre du Palais Royal, que Le Porteur d'Histoire ne désemplit pas au Théâtre des Béliers Parisiens, que Le Cercle des Illusionnistes va être repris à La Pépinière, c'est avec un nouveau choc qu'Alexis MICHALIK inaugure la réouverture du Théâtre 13 Jardin.

REPOUSSER LES MURS

Ange et Kevin ont déjà passé un certain nombre d'années en prison, en maison centrale plus précisément, la catégorie d'établissements pénitentiaires qui prend en charge les condamnés à de lourdes peines. Ce jour-là ils vont participer pour la première fois à un atelier théâtre animé par Richard, metteur en scène à la gloire passée, et son ex-compagne et comédienne fétiche. Le tout sous le regard d'Alice, une jeune assistante sociale inexpérimentée. De ce huis clos va naître une introspection pour chacun des protagonistes, entremêlant fiction et réalité,

INTRA MUROS est né de la rencontre entre Alexis MICHALIK et un groupe de détenus, il y a quelques années, à l'occasion d'une remise d'un prix décerné par les détenus d'une centrale. Deux ans de travail pour que le projet soit prêt pour la renaissance du Théâtre 13 Jardin après deux ans de travaux. Un symbole en forme de remerciement pour cette salle qui a vu les premiers pas du PORTEUR D'HISTOIRE.

De cet échange est né une réflexion sur l'espace et le temps. Ce cours de théâtre que va donner Richard va ramener chacun des intervenants à son rapport avec ces deux notions. La scène comme la prison est un espace clos pendant lequel le temps va pouvoir s'étirer ou se rétrécir, où les repères du monde réel se perdent pour laisser place à l'abstraction et à la liberté de la fiction, de l'imaginaire, du rêve.

REVENIR AUX BASES

Pour INTRA MUROS Alexis MICHALIK est revenu aux règles qu'il a utilisé pour le PORTEUR D'HISTOIRE : une écriture de plateau à partir d'improvisations dirigées, une scénographie simple et dépouillée, des portants devant lesquels les comédiens changent de costumes à vue. Ils sont 5 sur scène, plus un musicien. 6ème homme à part entière Raphaël CHARPENTIER tisse en direct un univers musical qui nous enveloppe sans être envahissant.

Sur le plateau les 5 personnages se cherchent. Le spectacle commence doucement, comme un cours de théâtre qui a du mal à se mettre en place quand les participants ne sont pas très motivés. RICHARD (Paul JEANSON) est un peu lourd avec des jeux de mots mal à propos et son comportement insistant et gauche vis-à-vis de Jeanne (la toujours fabuleuse Jeanne ARENES). Alice (Alice de LENCQUESAING) est timide, gauche, hésitante et téméraire. Kevin (Fayçal SAFI) est un jeune fou, gamin issu de banlieue, victime de la société, écorché et sacrifié, que l'absence de père a jeté dans la petite délinquance et dans la spirale de la violence. Et puis il y a Ange (Bernard BLANCAN), le Corse solide et froid comme un roc, mais généreux comme son île. Victime de sa loyauté il est pour Kevin l'image de ce père absent, et sera celui que saura calmer le cheval fougueux et remettre le jeune homme sur le droit chemin.

LE TRESSEUR D'HISTOIRES

Je l'avoue j'ai d'abord eu un sentiment de déception pendant le spectacle. N'ayant lu que le pitch je m'attendais à assister à un spectacle très différent de ce qu'Alexis MICHALIK, dont chacun sait que je suis une grande fan, a l'habitude de nous présenter. Je crois que j'attendais une réflexion plus orientée sur l'univers carcéral. Et c'est finalement une histoire pleine d'humanité qui emporte et bouleverse.

Car puis-je en vouloir à ce tresseur d'histoires d'avoir réussi une fois de plus à me prendre dans sa toile pour m'emmener dans un récit romanesque, où les destins se croisent au rythme de multiples rebondissements, où une fois encore il a prouvé que "le théâtre c'est d'abord un endroit où il se passe quelque chose, un endroit où on peut rire, et pleurer, en un mot être traversé par des émotions".

Car le talent d'Alexis MICHALIK est de tresser avec habileté une trame d'une redoutable efficacité qui se vérifie dans chacune de ses créations. Dans cette rencontre entre le monde du théâtre et celui de la prison, l'auteur et metteur en scène aborde des questions profondes : la filiation, la relation mère-fille / père-fils, le rapport au temps, la solitude, la position de la société vis-à-vis de ceux qui ne respectent pas ses lois et vice-versa. Pour la première fois il se penche sur un contexte contemporain. Egalement comédien au cinéma et dans des séries télévisées il crée une mise en scène très cinématographique et nous laisse songeurs au sortir du spectacle : Avons-nous rêvé cette histoire ? Tout ceci n'est-il qu'une mise en scène de Richard ou bien une fiction bien réelle ?

Et si le théâtre pouvait changer la vie ?

En bref : En choisissant un univers contemporain Alexis MICHALIK fait à nouveau preuve de son habileté à tresser des destins et conter des histoires romanesques portées par des comédiens talentueux. Un nouveau succès pour la réouverture de cette belle salle du Théâtre 13.
5 mai 2017
9/10
158
Encore une magnifique histoire de destins croisés comme sait si bien mettre en scène Alexis Michalik.
Le texte et les émotions sont vrais, les personnages tourmentés et attachants.
Les histoires changent mais le style particulier et si difficile à mettre en scène reste le même. Peu de décors, changements de costumes et de rôles sur scène, une performance des comédiens pour passer de l'un à l'autre, et un tourbillon de personnages et de vies mouvementés.
Pas facile de décrire l'univers carcéral sans juger, mais dans la compréhension des histoires et fêlures de chacun.
Je n'ai malheureusement pas vu Edmond mais, j'aime vraiment le style de ce metteur en scène qui sait s'entourer de comédiens excellents. Une fois de plus, Bravo !
5 mai 2017
9,5/10
188
Colette Nucci l'avait annoncé le 21 février dernier à l'inauguration du Théâtre 13 Jardin. Alexis Michalik était un des metteurs en scène les plus légitimes pour y créer le premier spectacle sur la scène rénovée du théâtre.
Quand un de ses court-métrages reçut un prix, décerné par les détenus d'une centrale, il est allé à la rencontre de personnes incarcérées qui se sont révélées être de fervents cinéphiles (ils regardent les films sur leur ordinateur).

Ce moment a profondément marqué le metteur en scène qui s'est surpris à commencer à imaginer ce qui aurait pu se passer à l'intérieur de ces murs - intra muros - et très vite la fiction est venue supplanter la réalité.
La scène est en prison, donc. Richard, un metteur en scène va donner leur premier cours de théâtre à deux détenus, Kevin, un jeune chien fou, et Ange, la cinquantaine mutique. Il est secondé par une de ses anciennes actrices - accessoirement son ex-femme - et par une assistante sociale inexpérimentée, qui se révélera bien plus compétente qu'elle ne le dit…

De ce cours découlera une introspection sur les raisons de leur détention, sur leur rapport au temps, et sur l'espace qui les sépare de ceux du dehors. De cette introspection naîtra une histoire romanesque et pleine de rebondissement, sur le plateau nu de cette prison.
Juliette Azzopardi a imaginé une scénographie qui signifie à la fois que nous sommes dans un univers carcéral et dans un espace de répétition : quelques chaises, deux portants, un tapis, lequel rappelle l'élément constitutif de toutes les mises en scène de Peter Brook, avec aussi des musiciens jouant en direct. On se souvient qu'Alexis Michalik a débuté au théâtre sous la direction d’Irina Brook.

Ajoutons un lit de fer sur roulettes facile à déplacer pour symboliser la cellule, alors que les chaises sont représentatives du cours de théâtre. Les costumes (et les perruques), sur les portants, permettent les changements à vue.

Alexis Michalik avait la nostalgie de la méthode de travail qu'il avait suivie pour le Porteur d'histoire, multiplement couronné (Molière de l'auteur francophone et du metteur en scène de théâtre privé, Prix Beaumarchais du Figaro et Prix Jeune Théâtre de l'Académie Française), consistant à construire la mise en scène en même temps que les dialogues à partir d'improvisations dirigées, et qu'il n'a pas pu réutiliser pour ses deux créations suivantes, Le Cercle des Illusionnistes et Edmond.

Quel théâtre s'enthousiasmerait pour une création dont le texte n'existe pas ... enfin pas encore ? Colette Nucci bien sûr ! Et elle fut bien inspirée d'accorder sa confiance. Le spectacle est très abouti. Il est porté pendant 1 heure 30 par l'énergie des 5 comédiens, dont certains jouent plusieurs rôles, et d'un musicien.

Voilà comment Alexis Michalik retrouve la salle historique du Théâtre 13, après deux ans de travaux pour y créer le même type de spectacle que le Porteur d'histoire. Il définit Intra-Muros comme une histoire qui se passe en prison, une sorte de huis-clos qui n'en est pas un, pour cinq acteurs et un musicien.

Nous sommes entre trois murs, et le public est du côté du quatrième. Il est associé dès les premières répliques : Pour vous, c'est quoi le théâtre ?

Un endroit où on est traversé par des émotions. L'acteur endosse deux vies, la sienne et celle du rôle. (...) Jouer des personnages ... se jouer soi-même.

C'est parti et les enchaînements vont se suivre sans aucun temps mort. On rit beaucoup. On réfléchit tout autant. Le théâtre est-il une prison ou la prison un théâtre ? Les comédiens sont parfaits. La musique jouée en direct apporte une énergie supplémentaire. La mécanique est bien huilée. C'est très efficace. Les histoires s’emboîtent, recyclant le passé de chacun. Mais on ne perd pas une miette des échanges. On en sort positivement secoué.

J'aurais juste une restriction à propos de l'âge conseillé. 12 ans me semble jeune. Je dirais 14 ans et plus.
16 avr. 2017
9/10
186
Et bien voilà ! Nouvelle pièce de Michalik, nouveau coup de cœur pour ma part.

Contrairement à ce qu'on pourrait s'imaginer, la prison et le cours de théâtre ne sont pas le cœur du sujet de la pièce.
Ce qui intéresse bien plus Michalik ce sont ses personnages. Ces destins brisés qui ont tant de choses à raconter.
Ce qui illustre parfaitement la réplique du professeur de théâtre (désolé de massacrer la réplique, dans ma tête c'est à peu près ça) :"Le théatre ce sont des personnages qui souffrent, qui rient, qui sont joyeux, mais bien plus souvent qui souffrent, pour que l'histoire soit intéressante"

Une pièce magnifique, une nouvelle fois. Une mise en scène cinématographique ou le rythme et le dynamisme priment. Beaucoup d'émotions. Une réussite sur tous les points...
14 avr. 2017
9/10
161
En un mot : emportant.

Cette prend racine dans un univers carcéral mais nous fait voyager avec le récit tant des détenus que des intervenants.

Chaque personnage est décrit très finement, du gardien de prison, au personnel pénitentiaire, au professeur de théâtre, aux élèves de théâtre, aux détenus. Les traits des personnages sont justes, ils sont drôles car ils sont exagérés, mais ils nous transmettent beaucoup d'émotion.

Les comédiens incarnent très bien les personnages qu'ils jouent. Leur ton sonne vrai. Ils changent beaucoup de visage mais sont toujours justes. Un vrai bonheur à voir et à écouter.

En bref, beaucoup d'histoires, liées les unes aux autres de manière surprenante, beaucoup de rire, de surprise, d'émotion, pièce géniale ! Merci Michalik de nous emmener aussi loin.
9 avr. 2017
9/10
180
Salle comble pour voir la dernière pièce d'Alexis Michalik. On y retrouve sa plume, son portant de costumes, son rythme effréné.

Difficile de raconter cette histoire mais j'ai été émue par l'histoire de Kevin avec son beau monologue.
J'ai aimé le personnage du metteur en scène qui va se confronter au milieu carcéral.
Je n'ai pas vu le temps passer et ai été émue à de nombreuses reprises.
Un très bon moment.
4 avr. 2017
8/10
164
S'il peut avoir ses détracteurs, Alexis Michalik est un prodige qui transforme toutes les pièces qu'il monte en un ballet plein de magie. Preuve en est cette saison où après le blockbuster grand public Edmond qui cartonne au Palais Royal, il transforme l'essai dans un univers bien plus intimiste et bricolé pour la réouverture du théâtre 13. D'ailleurs, l'humilité qu'il a en remerciant la directrice Colette Nucci qui lui a donné sa chance en 2012 est un beau geste de sa part.

Tous les codes du théâtre Michalikois/iens sont convoqués ici : des acteurs amenés à changer leurs costumes, personnages et décors dans un temps record, une intrigue difficilement résumable mais dans laquelle on plonge, ni totalement futile (le thème de la prison est abordé avec des anecdotes réelles) et ni totalement utile (il y a une naïveté que l'on pardonne car donne une légèreté nécessaire à l'envol de nos cœurs)...

A cela on rajoute un nouveau venu, le musicien Raphaël Charpentier qui vient ajouter un rythme, une couleur et une âme (qu'apportait avec encore plus de talent Kalid K l'an dernier dans les Cavaliers) bien plus utile que les séquences vidéos qui se multiplient actuellement telle une mode au théâtre.
1 avr. 2017
8/10
159
Donner un cours de théâtre en prison, pourquoi pas et c’est d’ailleurs la seule opportunité de Richard, metteur en scène en recherche de son succès passé. Il est secondé par son ex-femme, actrice, et par une jeune assistante sociale qui remplace la titulaire, souffrante.

Pas facile de demander à des marginaux de faire le plus simplement du monde, des exercices que n’importe quel comédien ou apprenti comédien s’appliquerait à faire. Imiter un animal, hélas le « singe » est mal perçu par Kevin, quant à Ange le plus âgé des deux, il ne dit rien.
L’amitié entre ces deux hommes, ces deux générations, est sincère, Ange ne tente pas de manipuler Kevin, il lui conseille la lecture, ainsi que de pratiquer à la cantine, la politesse la plus élémentaire. Cet homme a un lourd passé que l’on découvre à travers les « jeux de rôles » que s’obstinent à faire Richard et Jeanne.

Intra Muros, peut être compris comme l’enfermement dans lequel tous les protagonistes se trouvent, que ce soit le metteur en scène, l’actrice, la jeune fille. Ils sont libres de leurs mouvements mais dans leur esprit ?
Avec ce nouveau spectacle, on retrouve la patte de l’auteur, les retours en arrière, les histoires qui s’imbriquent dans l’histoire, la fin est inattendue.
Richard s’adresse à nous comme partenaires, comme élèves. Est-on vraiment spectateur ?
Il y a de l’émotion, du rire, du dynamisme, rien n’est laissé au hasard. La musique est présente sans excès et accompagne parfaitement le déroulement de l’histoire.
Un beau succès pour l’auteur et ses comédiens.
1 avr. 2017
10/10
145
Alexis Michalik le magicien de la mise en scène et des émotions a encore frappé, et il a frappé fort et juste avec Intra Muros au Théâtre 13.

Je vais reprendre le pitch officiel de la pièce, je ne voudrais pas vous priver des découvertes que vous ferez quand vous irez la voir. "Tandis que l'orage menace, Richard, un metteur en scène sur le retour, vient dispenser son premier cours de théâtre en centrale. Il espère une forte affluence, qui entraînerait d'autres cours - et d'autres cachets - mais seuls deux détenus se présentent : Kevin, un jeune chien fou, et Ange, la cinquantaine mutique, qui n'est là que pour accompagner son ami. Richard, secondé par une de ses anciennes actrices - accessoirement son ex-femme - et par une assistante sociale inexpérimentée, choisit de donner quand même son cours…"

Intra Muros commence par une adresse de Richard, la lumière est encore allumée, il demande à la salle ce qu'est pour elle le théâtre, pour lui, "le théâtre c'est d'abord un endroit où il se passe toujours quelque chose. C'est un endroit où on s'ennuie, parfois, mais c'est aussi un endroit où on peut rire, et pleurer, en un mot être traversé par des émotions".

Je ne me suis pas ennuyé, j'ai ri, j'ai eu les yeux humides, j'ai été submergé par les émotions, et Baroudeur, assis à côté de moi, aussi, qui me serrait la main bien fort quand il en avait besoin.
Intra Muros, un huis clos entre 4 personnes qui vont se dévoiler petit à petit, dont nous allons (et les personnages aussi) vont découvrir ce qui les unis à travers des exercices, des mises en abîme, un jeu. Est-ce qu'ils racontent la vie qu'ils ont eue, la vie qu'ils auraient pu avoir, celle qu'ils auraient voulu avoir ? Est-ce si important, tellement c'est poignant, prenant.

Comme toujours, l'écriture et la mise en scène d'Alexis Michalik sont ultra précis, on passe d'un personnage à l'autre, d'une époque à l'autre au gré d'un changement de chemise, de perruque, d'une chaise qui se déplace.

L'idée d'une pièce qui se passerait en prison est venue lors de la remise d'un prix pour un court métrage, l'envie de la créer au Théâtre 13 pour la réouverture de la salle historique du souvenir de la magie du Porteur d'Histoire.

L'équipe s'est créée comme une évidence, le fruit de rencontres successives, sur une plage à Casablanca, à Avignon, le fruit d'histoires qui se croisaient depuis des années. L'équipe est la première des trois qui devaient auditionner, la pièce a été écrite en trois semaines sur la base d'improvisations dirigées, les mots sont les mots de chaque comédien. Pour ajouter à la magie, Raphaël Charpentier joue la musique qu'il a composé, du coup c'est lui qui suit les comédiens, soyez attentif à ses mains quand le Thérémine entre en action.

Jeanne Arenes (Jeanne), Bernard Blancan (Ange), Alice de Lencquesaing (Alice), Paul Jeanson (Richard), Fayçal Safi (Kevin), il y a un peu de leurs caractères dans leurs personnages, dans ces autres vies qui sont aussi le fruit de ce qu'il sont, dans ces personnages qui sont enfermés dans le carcan de leur histoire, et pourtant, devant eux, il y a une page blanche, un espace infini, tout le temps qu'il leur reste.
Le monde serait un théâtre, dont nous serions les acteurs ?

Vous avez compris, je suis totalement rentré dans la pièce, j'ai été envahi par les émotions qui se succédaient au rythme éruptif auquel les personnages dévoilaient les pans de leurs vies, réelles... ou moins.

La pièce va durer, c'est sûr, mais profitez de l'occasion de la voir dans l'écrin de la salle du Théâtre 13.
26 mars 2017
9/10
145
Une pièce forte, une séance en apnée.

Beaucoup moins drôle que la précédente pièce, Edmond, Intramuros reprend les codes du metteur en scène pour nous amener dans un univers totalement nouveau, actuel et sensible. J'avais convié 10 amis dont certains n'avaient rien vu de l'auteur et ils n'ont eu qu'un seul mot à la bouche en sortant. : MERCI. "C'est du théâtre comme on en voit jamais, du vrai spectacle vivant qui rend vivant".
26 mars 2017
8/10
166
C'était bien mais ...

Certes ma journée fut longue et mon humeur fort fatiguée mais j'ai trouvé certaines longueurs qui m'auront endormies.
J'ai retrouvé Michalik dans la mise en scène et la construction de l'histoire mais j'ai été moins touchée ? Moins émerveillée je dirai qu'avec toutes ses autres pièces.

Je savais la pièce moins poétique et plus moderne que les autres mais il manque un petit grain de je ne sais pas quoi pour rafler la mise je dirai !

Ma note prend 1 point de plus car le dénouement est top ; je me revois légèrement endormi à lever le sourcil au moment où je comprends qu'on entre dans un méli mélo à la Michalik !
Les comédiens sont brillants et encore merci pour l'émotion finale qui aura failli me faire verser une, que dis-je, des larmes !

Je la conseille car c'est du bon Michalik, mais de ses 4 pièces ( porteur d'histoire, le cercle des illusionnistes et Edmond ) c'est la moins ensorcelante.
18 mars 2017
8/10
144
On retrouve dans cette histoire de cours de théâtre dans une prison tout le savoir faire de tisseur d'histoires d'Alexis Michalik.

Alors oui, je peux comprendre que certains soient un peu déçus car c'est toujours le même style de construction de récit mais il faut reconnaitre que c'est construit avec brio et c'est dans un univers totalement différent des précédents opus.

De plus, il y a une mise en scène originale et dynamique et l'ambiance musicale, parfaitement adaptée à toutes les scènes.

Il y a aussi les comédiens... J'ai une nette préférence pour le jeu des trois comédiens masculins mais les deux rôles féminins n'ont pas à rougir.

- Ange, le Corse, lui il m'a fait frissonner tellement il me rappelle quelques indépendantistes insulaires de ma connaissance.
- Kévin, qui nous raconte son enfance et comment tout s'est enchainé pour lui, on vit ses galères avec lui.
- Le prof de théatre, lui c'est le 'tisseur' qui va nous emmener dans l'histoire à l'intérieur de l'histoire.

Même si on devine la fin, on se laisse emporter et c'est juste du plaisir.
15 mars 2017
9/10
155
Cette dernière création d’Alexis Michalik démontre une nouvelle fois que ce tisserand d’histoires sait s’y prendre pour nous cueillir et nous maintenir en haleine jusqu’à la fin, nous laissant groggy, emplis de sensations et de questions sur les détours et les contours de ce que nous avons vu.

Ce spectacle est un régal d’imaginaire, harmonieusement et chaleureusement concocté pour permettre la montée en tension, sans crier gare, des émotions tirées de ce que nous voyons vivre devant nous et celles plus intimes, sorties du secret de nos souvenirs.

Nous sommes interpellés d’entrée. Un comédien commente son jeu de comédien en jouant, nous faisant franchir comme s’il nous tendait la main, le gué qui sépare le théâtre de la réalité, comme une invitation à rentrer dans l’histoire qui sera contée et jouée ensuite. Proximité de convenance ou complicité de jeu ? La représentation à laquelle nous allons assister est–elle une représentation de la vie ou un témoignage vécu ? Et voilà, ça y est. Nous sommes piégés. Nous avons passé la porte.

Comme d’habitude, l’univers d’Alexis Michalik nous emporte dans un ailleurs composé, enfoui dans une histoire aux allures fantastiques et aux multiples possibles. Comme ces rêves étranges dont on se réveille hagard et dont on ne sait pas, à la réflexion, démêler le réel de l’oubli, de l’invention, du fantasme ou du désir.

Peut-être qu’en rassemblant les propos et en tirant les ficelles des situations pourrons-nous reconstituer le puzzle dont certains morceaux semblent perdus ou cachés et qu’il nous faudra bien inventer pour obtenir un ensemble ?

Kevin et Ange sont tous deux détenus en maison centrale. Ils se présentent à la première séance de l’atelier « théâtre entre prison ». Ils y rencontrent Alice, la jeune stagiaire assistante sociale accompagnée de Jeanne et Richard, les deux comédiens qui animent l’atelier.

Qui sont-ils les uns pour les autres ? Quel est le vrai du faux dans ce qu’ils disent, dans ce que nous voyons et que nous comprenons ? Quelles sont ces blessures qu'ils cherchent à soigner ?

C’est une histoire d’amours meurtris. Façonnés d’entrelacs compliqués mais beaux, parfois tristes, souvent émouvants. Le texte touche au cœur et à la raison en abordant les sujets de la quête de soi, du désir d’aimer et d’être aimé, du besoin de reconnaissance.

La mise en scène de l’auteur est comme son texte, inventive, réaliste et symbolique à la fois. Précise et crédible, épurée et claire, elle permet le jeu superbe des cinq comédiens Jeanne Arenes, Bernard Blancan, Alice De Lencquesaing, Paul Jeanson et Faycal Safi. Avec un enthousiasme débordant et une intensité maîtrisée, ils jouent avec brio et talent.

À noter les effets sonores efficaces et la partition musicale riche et agréable de Raphaël Charpentier qui joue sur scène.

Une pièce captivante. Un spectacle réussi, ficelé et très bien joué. À voir sans hésitation.
10 mars 2017
10/10
155
Et voilà, Alexis Michalik a encore frappé !

Difficile d'imaginer de faire une pièce sur un sujet aussi rébarbatif que la prison et l'enfermement. Eh bien lui il y réussit, et de quelle façon ! C'est drôle, touchant, surprenant, on se demande parfois où est le rêve et la réalité.

Avec des acteurs merveilleux qui jouent plusieurs rôles, une écriture fluide, une mise en scène vive et originale, une musique parfaitement adaptée, "Intra Muros" est parti pour être un énorme succès comme toutes les autres pièces de l'auteur. Le public de la première le 9 mars, ne s'y est pas trompé, tonnerre d'applaudissements, ô combien mérité !!!!