Son balcon
SAISON 2024-2025
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Mini Molières
6 353reçus
The best critique ever
Son classement : 47 / 6098
Avant elle
Sébastien B
61 critiques
Après elle
Célia Clavel
61 critiques
Niveau
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Ouech ! David Lescot passe la 6ème !
C’est la rentrée scolaire. Et pas n’importe laquelle.
Celle qui voit les ex-écoliers devenir des collégiens. Les grands du CM2 se retrouvent alors dans la peau des petits nouveaux de 6ème.
Une première question va se poser au héros de cette histoire : la 6ème, oui, mais laquelle ?
Sera-t-il affecté dans une classe en compagnie de ses potes de l’an passé, ou se retrouvera-t-il entouré de parfait inconnus, et devra-t-il tout recommencer à zéro afin de se constituer de nouveaux copains ?
Et comment se faire de nouveaux amis alors que l’on n’est pas forcément des plus populaires ?
Et surtout que l’on ne dispose pas de cet outil indispensable des temps modernes : le téléphone portable !
La popularité. Le charisme. Cette étrange capacité à se faire apprécier et aimer.
Voici le thème majeur que David Lescot va ausculter, à travers le prisme de ces néo-collégiens.
Un David Lescot qui pourrait « se contenter » de monter des spectacles on ne peut plus réussis pour les grands, mais qui propose aux petits de devenir des spectateurs de théâtre, les confrontant très intelligemment au monde qui les entoure.
Ici, dans cette évocation d’un important tournant de vie, la parole est donnée exclusivement aux enfants, même si en l’occurrence, je pourrais utiliser le terme de « pré-ado ».
Ici, il va s’agir d’écouter trois jeunes gens qui vont nous proposer un véritable miroir sociétal.
Il y a un formidable mélange de Goscinny et de Matt Stone, dans l’écriture et la démarche de celui que je considère comme l’un de nos plus importants dramaturges.
Cette écriture de celui qui nous prépare une nouvelle comédie musicale est particulièrement incisive et maîtrisée.
L’auteur Lescot parvient à s’adresser à son jeune public en ayant poussé le curseur sa juste position : aucune mièvrerie, aucune caricature gratuite, beaucoup d’humour, des références culturelles assumées, tout ceci permet à tous de rire sainement et d’en tirer beaucoup d’enseignements.
Les clins d’œil à South Park sont épatants. (Ah, les capuches de sweat-shirts ne laissant apparaître qu’un seul petit bout de visage...)
Cependant, si ce spectacle s’adresse tout d’abord aux jeunes spectateurs, il n’en reste pas moins vrai que le propos interpelle tous les grands, ceux qui accompagnent les petits ou ceux qui sont venus seuls, comme votre serviteur...
Et puis bien entendu, la résonance est grande en ce qui concerne le métier même de comédien : que ne ferait pas un acteur pour devenir le plus rapidement populaire ?
De l’écriture au plateau, ou comment matérialiser des lieux, collège, classe et maisons familiale, avec une très éloquente économie de moyens et un parti pris minimaliste lui aussi totalement assumé.
C’est une grosse boîte qui nous accueille sur le plateau de l’Espace Cardin.
Un grand parallélépipède rectangle en bois qui va astucieusement servir d’espace de jeu et figurer tous les endroits où se déroule l’action.
Ce sera également une sorte d’espace contenant, protecteur, duquel surgira notamment le petite sœur du héros.
Un volume-scène, avec ouvertures secrètes et dispositifs astucieux permettant aux comédiennes de jouer, de changer de costume, d’apparaître-disparaître.
La scénographie de François Gautier Lafaye est très réussie, très originale et confère une dimension poétique à cette entreprise artistique.
Trois comédiennes, en alternance, incarnent les personnages de cette histoire.
Trois adultes qui jouent avec de troublantes justesse et vérité ces enfants, nous faisant totalement et immédiatement oublier qu’elles sont des grandes.
Et ce, dès la première réplique, dans le noir, de Elise Marie, qui interprète avec un engagement total le héros-narrateur.
Lia Khizioua Ibanez, la petite nouvelle de la compagnie du Kaïros aura un double rôle : l’ineffable Basile, clone de Kenny McCormick, dans le dessin animé évoqué un peu plus haut.
Elle sera également Clarence, le leader se donnant des airs de kaïra.
La comédienne m’a fait beaucoup rire et m’a ému en interprétant ce personnage de « dur » qui se vieillit volontairement, mais qui au fond joue encore au Uno et possède encore une peluche sur son lit.
Et puis Martine Verstraten joue notamment la petite sœur du héros, avec un long texte hallucinant. (La petite sœur commence seulement à parler…)
« Mé ma apra sava pa bozoin fé la sietze, et sé domache pateu ma apra sa déza domi à la mézon, mé apra des zanfan i santé « la la la la » tré tré for et ma za u tré tré tré mal à la tête... »
Et les tirades dans cette langue « approximative » sont très longues.
La comédienne chantera également sous les traits et la perruque flamboyante de Coralia le célèbre tube Ton style.
Elle sera également Marguerite, LA fille de l’histoire. Sans oublier un personnage drôlissime apparaissant pendant de très courts mais très intenses moments. (Et non, vous n’en saurez pas plus…)
Au final, tout le monde se régale à suivre les péripéties de ces collégiens.
Nous rions énormément, chacun à son niveau de lecture, chacun en retire ce qu’il a à en retirer.
Les cinquante minutes passent décidément trop vite.
Ce spectacle intelligent, malin, totalement maîtrisé que ce soit sur le fond ou la forme, ce spectacle est de ceux qu’il serait dommage de laisser aux seules jeunes têtes plus ou moins blondes.
C’est la rentrée scolaire. Et pas n’importe laquelle.
Celle qui voit les ex-écoliers devenir des collégiens. Les grands du CM2 se retrouvent alors dans la peau des petits nouveaux de 6ème.
Une première question va se poser au héros de cette histoire : la 6ème, oui, mais laquelle ?
Sera-t-il affecté dans une classe en compagnie de ses potes de l’an passé, ou se retrouvera-t-il entouré de parfait inconnus, et devra-t-il tout recommencer à zéro afin de se constituer de nouveaux copains ?
Et comment se faire de nouveaux amis alors que l’on n’est pas forcément des plus populaires ?
Et surtout que l’on ne dispose pas de cet outil indispensable des temps modernes : le téléphone portable !
La popularité. Le charisme. Cette étrange capacité à se faire apprécier et aimer.
Voici le thème majeur que David Lescot va ausculter, à travers le prisme de ces néo-collégiens.
Un David Lescot qui pourrait « se contenter » de monter des spectacles on ne peut plus réussis pour les grands, mais qui propose aux petits de devenir des spectateurs de théâtre, les confrontant très intelligemment au monde qui les entoure.
Ici, dans cette évocation d’un important tournant de vie, la parole est donnée exclusivement aux enfants, même si en l’occurrence, je pourrais utiliser le terme de « pré-ado ».
Ici, il va s’agir d’écouter trois jeunes gens qui vont nous proposer un véritable miroir sociétal.
Il y a un formidable mélange de Goscinny et de Matt Stone, dans l’écriture et la démarche de celui que je considère comme l’un de nos plus importants dramaturges.
Cette écriture de celui qui nous prépare une nouvelle comédie musicale est particulièrement incisive et maîtrisée.
L’auteur Lescot parvient à s’adresser à son jeune public en ayant poussé le curseur sa juste position : aucune mièvrerie, aucune caricature gratuite, beaucoup d’humour, des références culturelles assumées, tout ceci permet à tous de rire sainement et d’en tirer beaucoup d’enseignements.
Les clins d’œil à South Park sont épatants. (Ah, les capuches de sweat-shirts ne laissant apparaître qu’un seul petit bout de visage...)
Cependant, si ce spectacle s’adresse tout d’abord aux jeunes spectateurs, il n’en reste pas moins vrai que le propos interpelle tous les grands, ceux qui accompagnent les petits ou ceux qui sont venus seuls, comme votre serviteur...
Et puis bien entendu, la résonance est grande en ce qui concerne le métier même de comédien : que ne ferait pas un acteur pour devenir le plus rapidement populaire ?
De l’écriture au plateau, ou comment matérialiser des lieux, collège, classe et maisons familiale, avec une très éloquente économie de moyens et un parti pris minimaliste lui aussi totalement assumé.
C’est une grosse boîte qui nous accueille sur le plateau de l’Espace Cardin.
Un grand parallélépipède rectangle en bois qui va astucieusement servir d’espace de jeu et figurer tous les endroits où se déroule l’action.
Ce sera également une sorte d’espace contenant, protecteur, duquel surgira notamment le petite sœur du héros.
Un volume-scène, avec ouvertures secrètes et dispositifs astucieux permettant aux comédiennes de jouer, de changer de costume, d’apparaître-disparaître.
La scénographie de François Gautier Lafaye est très réussie, très originale et confère une dimension poétique à cette entreprise artistique.
Trois comédiennes, en alternance, incarnent les personnages de cette histoire.
Trois adultes qui jouent avec de troublantes justesse et vérité ces enfants, nous faisant totalement et immédiatement oublier qu’elles sont des grandes.
Et ce, dès la première réplique, dans le noir, de Elise Marie, qui interprète avec un engagement total le héros-narrateur.
Lia Khizioua Ibanez, la petite nouvelle de la compagnie du Kaïros aura un double rôle : l’ineffable Basile, clone de Kenny McCormick, dans le dessin animé évoqué un peu plus haut.
Elle sera également Clarence, le leader se donnant des airs de kaïra.
La comédienne m’a fait beaucoup rire et m’a ému en interprétant ce personnage de « dur » qui se vieillit volontairement, mais qui au fond joue encore au Uno et possède encore une peluche sur son lit.
Et puis Martine Verstraten joue notamment la petite sœur du héros, avec un long texte hallucinant. (La petite sœur commence seulement à parler…)
« Mé ma apra sava pa bozoin fé la sietze, et sé domache pateu ma apra sa déza domi à la mézon, mé apra des zanfan i santé « la la la la » tré tré for et ma za u tré tré tré mal à la tête... »
Et les tirades dans cette langue « approximative » sont très longues.
La comédienne chantera également sous les traits et la perruque flamboyante de Coralia le célèbre tube Ton style.
Elle sera également Marguerite, LA fille de l’histoire. Sans oublier un personnage drôlissime apparaissant pendant de très courts mais très intenses moments. (Et non, vous n’en saurez pas plus…)
Au final, tout le monde se régale à suivre les péripéties de ces collégiens.
Nous rions énormément, chacun à son niveau de lecture, chacun en retire ce qu’il a à en retirer.
Les cinquante minutes passent décidément trop vite.
Ce spectacle intelligent, malin, totalement maîtrisé que ce soit sur le fond ou la forme, ce spectacle est de ceux qu’il serait dommage de laisser aux seules jeunes têtes plus ou moins blondes.
Un spectacle et une mise en scène de rêve pour illustrer un cauchemar !
Celui que nous montre Molière, et celui que nous « monstre » Louis Arène.
On ira tous au paradigme, surtout quand le grand Jean-Baptiste le renverse et le retourne avec une une force et une délectation véritables.
Ce mariage forcé, c’est celui de Sganarelle, ce vieillard de 53 ans, qui s’est mis en tête d’épouser la belle et toute jeune Dorimène.
Cette idée va aboutir pour lui à un cauchemar, à une obsession, et, appelons un chat un chat, à une névrose : la peur de devenir cocu.
Le renversement de paradigme, c’est le retournement même de la notion de patriarcat.
Dans cette pièce « à sketches », écrite en 1664 dans l’urgence et la hâte, aux emprunts assumés au Tiers-Livre de Rabelais, M. Poquelin a réussi à faire rire ses contemporains avec deux personnages hors du commun pour l’époque : une jeune femme qui devrait se montrer totalement soumise selon les mœurs du temps et qui en réalité fait figure de prédatrice sauvage, et un bourgeois qui, au lieu d’être un macho et un mâle dominant est une pauvre proie.
Pour Dorimène, le mariage sera le symbole de la lutte et de la conquête de la liberté !
Louis Arène, ex-pensionnaire de la maison, et co-patron dorénavant de la compagnie Munstrum théâtre, a reçu pour mission d’Eric Ruf de nous rappeler l’impact qu’avait eu pour Molière la Commedia Dell’arte.
Mission on ne peut plus réussie, avec ce spectacle brillant, fascinant et sidérant (au sens noble du terme), ce spectacle qui va nous plonger au plus profond du cauchemar de cet homme.
Pour ce faire, Louis Arène a eu recours à toute une série de parti-pris plus judicieux les uns que les autres.
L’espace est cauchemardesque : la scénographie que l’on doit au patron du Français évoque un endroit angoissant, glacial, comme une tranchée sous terre, poussiéreuse au possible, un lieu oppressant où l’on n’aimerait pas se retrouver. Un monde tout plein de chausse-trappes et de secrets.
La dramaturgie épatante de Laurent Mulheisen nous rappelle que cette pièce est pour l’auteur l’occasion de faire une synthèse de tous ses personnages.
Pour ce faire, le conseiller littéraire de la Maison n’a pas hésité à saupoudrer le texte de citations empruntées à d’autres chef d’œuvre de Molière.
Le procédé fonctionne à merveille et nous fait beaucoup rire. Quelle belle trouvaille !
La musique et le son de Jean Thevenin seront angoissantes, eux aussi, avec les « trois coups » décalés, des nappes d’infrabasses, des sons sourds ou intenses, étranges et mystérieux.
Les belles lumières de François Menou, générées par des projecteurs à changement de gélatine (et non pas à LED) sont crues, violentes, aux couleurs primaires assumées et très signifiantes.
Les masques de Louis Arène (on se souvient de son beau travail en la matière sur Lucrèce Borgia, salle Richelieu), ses masques fins très différents de ceux utilisés au XVIème siècle en Italie, sans cheveux (pas de signifiant de classe sociale), nous renvoient à notre propre monstruosité : nous avons devant nous des personnages monstrueux, certes, mais ce sont nos caractères humains qui sont dépeints devant nous, dans un impitoyable miroir.
Les costumes magnifiques de Colombe Lauriot Prévost participent également à la vision horrifique du propos général : des tissus usés, élimés, dont on voit toutes les coutures, des fringues poussiéreuses sur des rajouts corporels de mousse, des accessoires vieillots ou anachroniques, tout ceci nous édifie, voire nous effraie.
La robe et l’ombrelle de Dorimène sont à cet égard très parlantes. (L’entrée en scène du personnage est épatante, au cours de laquelle « la demoiselle » fait durer au maximum le suspens concernant la révélation de sa silhouette.)
Autre riche idée : aller jusqu’au bout de l’inversion évoquée ci-dessus : Sganarelle sera joué par une comédienne, la formidable Julie Sicard et Dorimène par le toujours inénarrable et hilarant Christian Hecq.
A leurs côtés trois autres comédiens français participent à cette jouissive mise en scène.
Durant presque une heure et quinze minutes, ils vont nous plonger dans un véritable maëlstrom, ne nous laissant que très peu souffler.
Melles Sicard, Bergé, MM. Hecq, Kamilindi et Lavernhe vont à la fois nous glacer et nous faire hurler de rire.
Mené à un train d’enfer par le metteur en scène, dans une dynamique très « burtonienne », le quintet jouant de façon très physique, très outrée, nous ravit.
Les cinq ne ménagent ni leur énergie, ni leur engagement : la partition est viscérale, le sang, les humeurs couleront, on fera sentir des parfums très intimes…
Tous les cinq, en jouant pour quatre d'entre eux plusieurs personnages, nous rappellent notre appartenance à notre pauvre genre humain, mené par ses pulsions sexuelles, destructrices et dérisoires.
De très grands moments et de grandes scènes de comédie nous sont réservés.
Un sabat rougeoyant d’un trio de bohémiennes fait partie de ceux-ci, nous glaçant, avec un tourbillon chorégraphié au millimètre et des poursuites infernales et sépulcrales.
Une époustouflante énergie est alors dépensée, pour notre plus grand plaisir.
Tout comme pour cette scène de "duel", dans laquelle les lames des couteaux sifflent aux oreilles de Sganarelle.
De la même manière, un banquet final verdâtre va nous sidérer, tout en faisant fonctionner nos zygomatiques à plein régime.
Les amateurs de crème chantilly se régalent… Julie Sicard aussi, j’espère...
Les couteaux seront ressortis, les attributs vont valser, les cris et les hurlements vont retentir…
On rit encore et une dernière fois énormément.
Ce spectacle est conseillé à partir de 15 ans. C’est une farce pour les grands.
Une farce jubilatoire, délicieusement monstrueuse et régressive, furieusement moderne et d’actualité, où l’on comprend combien Louis Arène excelle à mélanger l'humour le plus débridé et le plus jouissif à une parfaite capacité à nous montrer l’effroi et la sidération.
Ce Mariage forcé restera pour moi comme l’un des spectacles-phares incontournables de cette année Molière à la Comédie française.
Il faut absolument et coûte que coûte assister à cette réussite totale !
Un spectacle et une mise en scène de rêve pour illustrer un cauchemar !
Celui que nous montre Molière, et celui que nous « monstre » Louis Arène.
On ira tous au paradigme, surtout quand le grand Jean-Baptiste le renverse et le retourne avec une une force et une délectation véritables.
Ce mariage forcé, c’est celui de Sganarelle, ce vieillard de 53 ans, qui s’est mis en tête d’épouser la belle et toute jeune Dorimène.
Cette idée va aboutir pour lui à un cauchemar, à une obsession, et, appelons un chat un chat, à une névrose : la peur de devenir cocu.
Le renversement de paradigme, c’est le retournement même de la notion de patriarcat.
Dans cette pièce « à sketches », écrite en 1664 dans l’urgence et la hâte, aux emprunts assumés au Tiers-Livre de Rabelais, M. Poquelin a réussi à faire rire ses contemporains avec deux personnages hors du commun pour l’époque : une jeune femme qui devrait se montrer totalement soumise selon les mœurs du temps et qui en réalité fait figure de prédatrice sauvage, et un bourgeois qui, au lieu d’être un macho et un mâle dominant est une pauvre proie.
Pour Dorimène, le mariage sera le symbole de la lutte et de la conquête de la liberté !
Louis Arène, ex-pensionnaire de la maison, et co-patron dorénavant de la compagnie Munstrum théâtre, a reçu pour mission d’Eric Ruf de nous rappeler l’impact qu’avait eu pour Molière la Commedia Dell’arte.
Mission on ne peut plus réussie, avec ce spectacle brillant, fascinant et sidérant (au sens noble du terme), ce spectacle qui va nous plonger au plus profond du cauchemar de cet homme.
Pour ce faire, Louis Arène a eu recours à toute une série de parti-pris plus judicieux les uns que les autres.
L’espace est cauchemardesque : la scénographie que l’on doit au patron du Français évoque un endroit angoissant, glacial, comme une tranchée sous terre, poussiéreuse au possible, un lieu oppressant où l’on n’aimerait pas se retrouver. Un monde tout plein de chausse-trappes et de secrets.
La dramaturgie épatante de Laurent Mulheisen nous rappelle que cette pièce est pour l’auteur l’occasion de faire une synthèse de tous ses personnages.
Pour ce faire, le conseiller littéraire de la Maison n’a pas hésité à saupoudrer le texte de citations empruntées à d’autres chef d’œuvre de Molière.
Le procédé fonctionne à merveille et nous fait beaucoup rire. Quelle belle trouvaille !
La musique et le son de Jean Thevenin seront angoissantes, eux aussi, avec les « trois coups » décalés, des nappes d’infrabasses, des sons sourds ou intenses, étranges et mystérieux.
Les belles lumières de François Menou, générées par des projecteurs à changement de gélatine (et non pas à LED) sont crues, violentes, aux couleurs primaires assumées et très signifiantes.
Les masques de Louis Arène (on se souvient de son beau travail en la matière sur Lucrèce Borgia, salle Richelieu), ses masques fins très différents de ceux utilisés au XVIème siècle en Italie, sans cheveux (pas de signifiant de classe sociale), nous renvoient à notre propre monstruosité : nous avons devant nous des personnages monstrueux, certes, mais ce sont nos caractères humains qui sont dépeints devant nous, dans un impitoyable miroir.
Les costumes magnifiques de Colombe Lauriot Prévost participent également à la vision horrifique du propos général : des tissus usés, élimés, dont on voit toutes les coutures, des fringues poussiéreuses sur des rajouts corporels de mousse, des accessoires vieillots ou anachroniques, tout ceci nous édifie, voire nous effraie.
La robe et l’ombrelle de Dorimène sont à cet égard très parlantes. (L’entrée en scène du personnage est épatante, au cours de laquelle « la demoiselle » fait durer au maximum le suspens concernant la révélation de sa silhouette.)
Autre riche idée : aller jusqu’au bout de l’inversion évoquée ci-dessus : Sganarelle sera joué par une comédienne, la formidable Julie Sicard et Dorimène par le toujours inénarrable et hilarant Christian Hecq.
A leurs côtés trois autres comédiens français participent à cette jouissive mise en scène.
Durant presque une heure et quinze minutes, ils vont nous plonger dans un véritable maëlstrom, ne nous laissant que très peu souffler.
Melles Sicard, Bergé, MM. Hecq, Kamilindi et Lavernhe vont à la fois nous glacer et nous faire hurler de rire.
Mené à un train d’enfer par le metteur en scène, dans une dynamique très « burtonienne », le quintet jouant de façon très physique, très outrée, nous ravit.
Les cinq ne ménagent ni leur énergie, ni leur engagement : la partition est viscérale, le sang, les humeurs couleront, on fera sentir des parfums très intimes…
Tous les cinq, en jouant pour quatre d'entre eux plusieurs personnages, nous rappellent notre appartenance à notre pauvre genre humain, mené par ses pulsions sexuelles, destructrices et dérisoires.
De très grands moments et de grandes scènes de comédie nous sont réservés.
Un sabat rougeoyant d’un trio de bohémiennes fait partie de ceux-ci, nous glaçant, avec un tourbillon chorégraphié au millimètre et des poursuites infernales et sépulcrales.
Une époustouflante énergie est alors dépensée, pour notre plus grand plaisir.
Tout comme pour cette scène de "duel", dans laquelle les lames des couteaux sifflent aux oreilles de Sganarelle.
De la même manière, un banquet final verdâtre va nous sidérer, tout en faisant fonctionner nos zygomatiques à plein régime.
Les amateurs de crème chantilly se régalent… Julie Sicard aussi, j’espère...
Les couteaux seront ressortis, les attributs vont valser, les cris et les hurlements vont retentir…
On rit encore et une dernière fois énormément.
Ce spectacle est conseillé à partir de 15 ans. C’est une farce pour les grands.
Une farce jubilatoire, délicieusement monstrueuse et régressive, furieusement moderne et d’actualité, où l’on comprend combien Louis Arène excelle à mélanger l'humour le plus débridé et le plus jouissif à une parfaite capacité à nous montrer l’effroi et la sidération.
Ce Mariage forcé restera pour moi comme l’un des spectacles-phares incontournables de cette année Molière à la Comédie française.
Il faut absolument et coûte que coûte assister à cette réussite totale !
Celui que nous montre Molière, et celui que nous « monstre » Louis Arène.
On ira tous au paradigme, surtout quand le grand Jean-Baptiste le renverse et le retourne avec une une force et une délectation véritables.
Ce mariage forcé, c’est celui de Sganarelle, ce vieillard de 53 ans, qui s’est mis en tête d’épouser la belle et toute jeune Dorimène.
Cette idée va aboutir pour lui à un cauchemar, à une obsession, et, appelons un chat un chat, à une névrose : la peur de devenir cocu.
Le renversement de paradigme, c’est le retournement même de la notion de patriarcat.
Dans cette pièce « à sketches », écrite en 1664 dans l’urgence et la hâte, aux emprunts assumés au Tiers-Livre de Rabelais, M. Poquelin a réussi à faire rire ses contemporains avec deux personnages hors du commun pour l’époque : une jeune femme qui devrait se montrer totalement soumise selon les mœurs du temps et qui en réalité fait figure de prédatrice sauvage, et un bourgeois qui, au lieu d’être un macho et un mâle dominant est une pauvre proie.
Pour Dorimène, le mariage sera le symbole de la lutte et de la conquête de la liberté !
Louis Arène, ex-pensionnaire de la maison, et co-patron dorénavant de la compagnie Munstrum théâtre, a reçu pour mission d’Eric Ruf de nous rappeler l’impact qu’avait eu pour Molière la Commedia Dell’arte.
Mission on ne peut plus réussie, avec ce spectacle brillant, fascinant et sidérant (au sens noble du terme), ce spectacle qui va nous plonger au plus profond du cauchemar de cet homme.
Pour ce faire, Louis Arène a eu recours à toute une série de parti-pris plus judicieux les uns que les autres.
L’espace est cauchemardesque : la scénographie que l’on doit au patron du Français évoque un endroit angoissant, glacial, comme une tranchée sous terre, poussiéreuse au possible, un lieu oppressant où l’on n’aimerait pas se retrouver. Un monde tout plein de chausse-trappes et de secrets.
La dramaturgie épatante de Laurent Mulheisen nous rappelle que cette pièce est pour l’auteur l’occasion de faire une synthèse de tous ses personnages.
Pour ce faire, le conseiller littéraire de la Maison n’a pas hésité à saupoudrer le texte de citations empruntées à d’autres chef d’œuvre de Molière.
Le procédé fonctionne à merveille et nous fait beaucoup rire. Quelle belle trouvaille !
La musique et le son de Jean Thevenin seront angoissantes, eux aussi, avec les « trois coups » décalés, des nappes d’infrabasses, des sons sourds ou intenses, étranges et mystérieux.
Les belles lumières de François Menou, générées par des projecteurs à changement de gélatine (et non pas à LED) sont crues, violentes, aux couleurs primaires assumées et très signifiantes.
Les masques de Louis Arène (on se souvient de son beau travail en la matière sur Lucrèce Borgia, salle Richelieu), ses masques fins très différents de ceux utilisés au XVIème siècle en Italie, sans cheveux (pas de signifiant de classe sociale), nous renvoient à notre propre monstruosité : nous avons devant nous des personnages monstrueux, certes, mais ce sont nos caractères humains qui sont dépeints devant nous, dans un impitoyable miroir.
Les costumes magnifiques de Colombe Lauriot Prévost participent également à la vision horrifique du propos général : des tissus usés, élimés, dont on voit toutes les coutures, des fringues poussiéreuses sur des rajouts corporels de mousse, des accessoires vieillots ou anachroniques, tout ceci nous édifie, voire nous effraie.
La robe et l’ombrelle de Dorimène sont à cet égard très parlantes. (L’entrée en scène du personnage est épatante, au cours de laquelle « la demoiselle » fait durer au maximum le suspens concernant la révélation de sa silhouette.)
Autre riche idée : aller jusqu’au bout de l’inversion évoquée ci-dessus : Sganarelle sera joué par une comédienne, la formidable Julie Sicard et Dorimène par le toujours inénarrable et hilarant Christian Hecq.
A leurs côtés trois autres comédiens français participent à cette jouissive mise en scène.
Durant presque une heure et quinze minutes, ils vont nous plonger dans un véritable maëlstrom, ne nous laissant que très peu souffler.
Melles Sicard, Bergé, MM. Hecq, Kamilindi et Lavernhe vont à la fois nous glacer et nous faire hurler de rire.
Mené à un train d’enfer par le metteur en scène, dans une dynamique très « burtonienne », le quintet jouant de façon très physique, très outrée, nous ravit.
Les cinq ne ménagent ni leur énergie, ni leur engagement : la partition est viscérale, le sang, les humeurs couleront, on fera sentir des parfums très intimes…
Tous les cinq, en jouant pour quatre d'entre eux plusieurs personnages, nous rappellent notre appartenance à notre pauvre genre humain, mené par ses pulsions sexuelles, destructrices et dérisoires.
De très grands moments et de grandes scènes de comédie nous sont réservés.
Un sabat rougeoyant d’un trio de bohémiennes fait partie de ceux-ci, nous glaçant, avec un tourbillon chorégraphié au millimètre et des poursuites infernales et sépulcrales.
Une époustouflante énergie est alors dépensée, pour notre plus grand plaisir.
Tout comme pour cette scène de "duel", dans laquelle les lames des couteaux sifflent aux oreilles de Sganarelle.
De la même manière, un banquet final verdâtre va nous sidérer, tout en faisant fonctionner nos zygomatiques à plein régime.
Les amateurs de crème chantilly se régalent… Julie Sicard aussi, j’espère...
Les couteaux seront ressortis, les attributs vont valser, les cris et les hurlements vont retentir…
On rit encore et une dernière fois énormément.
Ce spectacle est conseillé à partir de 15 ans. C’est une farce pour les grands.
Une farce jubilatoire, délicieusement monstrueuse et régressive, furieusement moderne et d’actualité, où l’on comprend combien Louis Arène excelle à mélanger l'humour le plus débridé et le plus jouissif à une parfaite capacité à nous montrer l’effroi et la sidération.
Ce Mariage forcé restera pour moi comme l’un des spectacles-phares incontournables de cette année Molière à la Comédie française.
Il faut absolument et coûte que coûte assister à cette réussite totale !
Un spectacle et une mise en scène de rêve pour illustrer un cauchemar !
Celui que nous montre Molière, et celui que nous « monstre » Louis Arène.
On ira tous au paradigme, surtout quand le grand Jean-Baptiste le renverse et le retourne avec une une force et une délectation véritables.
Ce mariage forcé, c’est celui de Sganarelle, ce vieillard de 53 ans, qui s’est mis en tête d’épouser la belle et toute jeune Dorimène.
Cette idée va aboutir pour lui à un cauchemar, à une obsession, et, appelons un chat un chat, à une névrose : la peur de devenir cocu.
Le renversement de paradigme, c’est le retournement même de la notion de patriarcat.
Dans cette pièce « à sketches », écrite en 1664 dans l’urgence et la hâte, aux emprunts assumés au Tiers-Livre de Rabelais, M. Poquelin a réussi à faire rire ses contemporains avec deux personnages hors du commun pour l’époque : une jeune femme qui devrait se montrer totalement soumise selon les mœurs du temps et qui en réalité fait figure de prédatrice sauvage, et un bourgeois qui, au lieu d’être un macho et un mâle dominant est une pauvre proie.
Pour Dorimène, le mariage sera le symbole de la lutte et de la conquête de la liberté !
Louis Arène, ex-pensionnaire de la maison, et co-patron dorénavant de la compagnie Munstrum théâtre, a reçu pour mission d’Eric Ruf de nous rappeler l’impact qu’avait eu pour Molière la Commedia Dell’arte.
Mission on ne peut plus réussie, avec ce spectacle brillant, fascinant et sidérant (au sens noble du terme), ce spectacle qui va nous plonger au plus profond du cauchemar de cet homme.
Pour ce faire, Louis Arène a eu recours à toute une série de parti-pris plus judicieux les uns que les autres.
L’espace est cauchemardesque : la scénographie que l’on doit au patron du Français évoque un endroit angoissant, glacial, comme une tranchée sous terre, poussiéreuse au possible, un lieu oppressant où l’on n’aimerait pas se retrouver. Un monde tout plein de chausse-trappes et de secrets.
La dramaturgie épatante de Laurent Mulheisen nous rappelle que cette pièce est pour l’auteur l’occasion de faire une synthèse de tous ses personnages.
Pour ce faire, le conseiller littéraire de la Maison n’a pas hésité à saupoudrer le texte de citations empruntées à d’autres chef d’œuvre de Molière.
Le procédé fonctionne à merveille et nous fait beaucoup rire. Quelle belle trouvaille !
La musique et le son de Jean Thevenin seront angoissantes, eux aussi, avec les « trois coups » décalés, des nappes d’infrabasses, des sons sourds ou intenses, étranges et mystérieux.
Les belles lumières de François Menou, générées par des projecteurs à changement de gélatine (et non pas à LED) sont crues, violentes, aux couleurs primaires assumées et très signifiantes.
Les masques de Louis Arène (on se souvient de son beau travail en la matière sur Lucrèce Borgia, salle Richelieu), ses masques fins très différents de ceux utilisés au XVIème siècle en Italie, sans cheveux (pas de signifiant de classe sociale), nous renvoient à notre propre monstruosité : nous avons devant nous des personnages monstrueux, certes, mais ce sont nos caractères humains qui sont dépeints devant nous, dans un impitoyable miroir.
Les costumes magnifiques de Colombe Lauriot Prévost participent également à la vision horrifique du propos général : des tissus usés, élimés, dont on voit toutes les coutures, des fringues poussiéreuses sur des rajouts corporels de mousse, des accessoires vieillots ou anachroniques, tout ceci nous édifie, voire nous effraie.
La robe et l’ombrelle de Dorimène sont à cet égard très parlantes. (L’entrée en scène du personnage est épatante, au cours de laquelle « la demoiselle » fait durer au maximum le suspens concernant la révélation de sa silhouette.)
Autre riche idée : aller jusqu’au bout de l’inversion évoquée ci-dessus : Sganarelle sera joué par une comédienne, la formidable Julie Sicard et Dorimène par le toujours inénarrable et hilarant Christian Hecq.
A leurs côtés trois autres comédiens français participent à cette jouissive mise en scène.
Durant presque une heure et quinze minutes, ils vont nous plonger dans un véritable maëlstrom, ne nous laissant que très peu souffler.
Melles Sicard, Bergé, MM. Hecq, Kamilindi et Lavernhe vont à la fois nous glacer et nous faire hurler de rire.
Mené à un train d’enfer par le metteur en scène, dans une dynamique très « burtonienne », le quintet jouant de façon très physique, très outrée, nous ravit.
Les cinq ne ménagent ni leur énergie, ni leur engagement : la partition est viscérale, le sang, les humeurs couleront, on fera sentir des parfums très intimes…
Tous les cinq, en jouant pour quatre d'entre eux plusieurs personnages, nous rappellent notre appartenance à notre pauvre genre humain, mené par ses pulsions sexuelles, destructrices et dérisoires.
De très grands moments et de grandes scènes de comédie nous sont réservés.
Un sabat rougeoyant d’un trio de bohémiennes fait partie de ceux-ci, nous glaçant, avec un tourbillon chorégraphié au millimètre et des poursuites infernales et sépulcrales.
Une époustouflante énergie est alors dépensée, pour notre plus grand plaisir.
Tout comme pour cette scène de "duel", dans laquelle les lames des couteaux sifflent aux oreilles de Sganarelle.
De la même manière, un banquet final verdâtre va nous sidérer, tout en faisant fonctionner nos zygomatiques à plein régime.
Les amateurs de crème chantilly se régalent… Julie Sicard aussi, j’espère...
Les couteaux seront ressortis, les attributs vont valser, les cris et les hurlements vont retentir…
On rit encore et une dernière fois énormément.
Ce spectacle est conseillé à partir de 15 ans. C’est une farce pour les grands.
Une farce jubilatoire, délicieusement monstrueuse et régressive, furieusement moderne et d’actualité, où l’on comprend combien Louis Arène excelle à mélanger l'humour le plus débridé et le plus jouissif à une parfaite capacité à nous montrer l’effroi et la sidération.
Ce Mariage forcé restera pour moi comme l’un des spectacles-phares incontournables de cette année Molière à la Comédie française.
Il faut absolument et coûte que coûte assister à cette réussite totale !
En vert et contre tous !
Un vert couleur Zad !
Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.
On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)
Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.
Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)
Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.
Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».
C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.
Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.
Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.
Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.
Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.
Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.
Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.
Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.
Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.
Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.
Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.
Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.
Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.
Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?
En vert et contre tous !
Un vert couleur Zad !
Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.
On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)
Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.
Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)
Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.
Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».
C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.
Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.
Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.
Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.
Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.
Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.
Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.
Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.
Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.
Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.
Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.
Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.
Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.
Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?
En vert et contre tous !
Un vert couleur Zad !
Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.
On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)
Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.
Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)
Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.
Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».
C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.
Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.
Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.
Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.
Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.
Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.
Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.
Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.
Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.
Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.
Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.
Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.
Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.
Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?
En vert et contre tous !
Un vert couleur Zad !
Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.
On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)
Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.
Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)
Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.
Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».
C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.
Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.
Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.
Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.
Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.
Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.
Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.
Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.
Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.
Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.
Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.
Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.
Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.
Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?
Un vert couleur Zad !
Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.
On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)
Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.
Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)
Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.
Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».
C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.
Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.
Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.
Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.
Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.
Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.
Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.
Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.
Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.
Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.
Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.
Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.
Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.
Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?
En vert et contre tous !
Un vert couleur Zad !
Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.
On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)
Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.
Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)
Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.
Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».
C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.
Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.
Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.
Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.
Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.
Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.
Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.
Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.
Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.
Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.
Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.
Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.
Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.
Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?
En vert et contre tous !
Un vert couleur Zad !
Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.
On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)
Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.
Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)
Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.
Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».
C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.
Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.
Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.
Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.
Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.
Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.
Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.
Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.
Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.
Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.
Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.
Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.
Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.
Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?
En vert et contre tous !
Un vert couleur Zad !
Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.
On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)
Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.
Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)
Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.
Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».
C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.
Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.
Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.
Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.
Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.
Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.
Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.
Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.
Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.
Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.
Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.
Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.
Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.
Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?
Dieux que j’aime le son du gong, le soir au fond de Trézène.
Ce gong qui annoncera chaque acte du chef d’œuvre de Jean Racine, dans cette magistrale, poignante et bouleversante mise en scène de Robin Renucci.
L’une des plus belles Phèdre auxquelles il m’ait été donné d’assister.
Un gong, qui au même titre que la scène circulaire en bois et le petit laïus introductif que nous délivrent les huit comédiens, témoigne de deux essentielles préoccupations du patron des Tréteaux de France : l’itinérance et la pédagogie.
Cette piste, appelons un chat un chat, pourra se retrouver aisément sous un chapiteau, celui du Centre dramatique national, tout particulièrement, afin de porter la parole racinienne ici et là.
Ce petit état des lieux, avant le début de la tragédie, c’est encore et toujours cette volonté de rendre accessible au plus grand nombre nos grands textes.
Ou comment ne laisser aucun spectateur sur la touche.
Pas besoin de décors, d'ailleurs. Le texte se suffira bien à lui-même.
Les comédiens nous attendent.
Deux par deux, aux quatre coins de la salle à conception quadrifrontale.
Filles et garçons aux angles opposés.
Une piste, un ring ? La joute verbale peut commencer.
Car c’est bien de cela dont il s’agit. La parole.
La parole irréversible, la parole qui ne peut se reprendre, pour citer le propos de Roland Barthes.
La parole de celle et celui qui, dans les deux premiers actes, dans une magnifique construction symétrique et complémentaire, la parole qui va mener à la perte irrémédiable de ceux qui l’ont émise.
La parole qui constituera la musique, mais quelle musique, de toute la soirée !
Sauf peut-être le délicat froissement des riches tissus des costumes XVIIème siècle.
Car immédiatement, la première chose qui frappe les spectateurs assis autour de la scène circulaire surélevée, ce sont les somptueux costumes créés par Jean-Bernard Scotto.
Rien ne manque : le rhingrave, les rubans, les aiguillettes, les robes à vertugadin, les petites oies, les justaucorps, les hauts se chausse, tout est là. Je donnerais cher pour endosser un moment le haut d’armure baroque de Thésée.
La tragédie peut commencer.
Les huit comédiennes et comédiens, dirigés avec la précision que l’on connaît par M. Renucci (assisté de Judith d’Aleazzo qui interprète également Panope), les huit vont nous bouleverser.
Oui, pour fonctionner, la mimesis et la catharsis vont fonctionner !
Je crois qu’au cours d’une représentation de cette pièce, je n’ai jamais été autant « dedans ».
A la question « Aimez-vous ? » que pose Œnone, je me suis surpris à opiner du chef, avant même la réponse de sa maîtresse !
Le travail du metteur en scène repose sur plusieurs judicieux parti pris.
Son travail « topographique » sur le plateau circulaire lui permet de mettre parfaitement et physiquement en exergue les constructions raciniennes, que ce soient les oppositions ou les symétries dramaturgiques.
Ici, tout est clair, limpide, tout est fluide et maîtrisé. Même sans une connaissance approfondie du texte, tout le monde peut saisir les terribles et irrémédiables enjeux.
Autre grande réussite : la notion de distance entre les personnages.
Lorsque vous assisterez à ce spectacle, je vous conseille d’être très attentif à l’espace qui sépare les protagonistes (toujours par deux) de chaque scène.
Un espace qui systématiquement nous renseigne lui aussi sur l’état d’esprit de celui ou celle qui parle et de celui ou celle qui écoute l’autre.
Du grand art !
Et puis, d’une certaine manière, cette mise en scène a quelque chose de vertical, avec trois « étages » scéniques, que les regards des comédiens matérialisent.
- L’étage des hommes, où chaque personnage nommé se verra regardé par celui qui le nomme. (Ceux qui ne jouent pas restent en effet assis dans leur coin, à suivre le déroulé de la tragédie.)
- Les comédiens seront souvent au sol, nous montrant l’accablement, l’abattement, les yeux rivés vers le Styx.
- Et puis le ciel, le monde des Dieux, souvent apostrophés, montrés du doigt, regardés en contreplongée par les personnages.
Bien entendu, tout ceci ne serait rien sans les huit époustouflants comédiens qui illuminent cette entreprise artistique.
Je n’en finirais pas de citer tous les grands moments que nous procurent ces huit-là.
Tous vont nous passionner, nous bouleverser, nous émouvoir, chacun ayant placé le curseur à son exacte position.
Tous portent cette parole sublimée par un alexandrin merveilleux se faisant souvent oublier.
Ici, c’est la vérité que nous percevons en permanence, une vérité à laquelle nous pouvons nous identifier, une vérité qui nous touche au plus profond de nous même.
Maryline Fontaine est éblouissante en héroïne racinienne, dans sa Phèdre bouleversante de passion amoureuse, de douleur, de furie.
Elle m’a fait penser par moments à Cécile Brune, l’ex-sociétaire de la Comédie-Française, que je tiens pour l’une de nos plus importantes comédiennes.
Melle Fontaine m’a plusieurs fois transporté vers un moment où les larmes n’étaient pas loin.
Le Thésée de Julien Tiphaine est absolument grandiose.
Le comédien est admirable en mari outragé, en père s’estiment bafoué par un fils (l’épatant Ulysse Robin) qu’il finira trop tardivement par pleurer, le Destin ayant tranché..
Les scènes père-fils, avec l’opposition des débits, lent et rapide, ces scènes sont magnifiques.
Le couple Œnone la nourrice (Nadine Darmon) et Théramène le précepteur (Patrick Palmero) est lui aussi bouleversant.
Vous l’aurez compris, cette Phèdre-là restera dans les annales des très grandes mises en scène de ce chef d’œuvre .
La père de la fille de Minos et de Pasiphaé peut dormir sur ses deux oreilles.
C’est un spectacle incontournable, à ne pas manquer, d’autant que, conformément à la politique culturelle des Tréteaux de France, il partira très prochainement en tournée.
Ce gong qui annoncera chaque acte du chef d’œuvre de Jean Racine, dans cette magistrale, poignante et bouleversante mise en scène de Robin Renucci.
L’une des plus belles Phèdre auxquelles il m’ait été donné d’assister.
Un gong, qui au même titre que la scène circulaire en bois et le petit laïus introductif que nous délivrent les huit comédiens, témoigne de deux essentielles préoccupations du patron des Tréteaux de France : l’itinérance et la pédagogie.
Cette piste, appelons un chat un chat, pourra se retrouver aisément sous un chapiteau, celui du Centre dramatique national, tout particulièrement, afin de porter la parole racinienne ici et là.
Ce petit état des lieux, avant le début de la tragédie, c’est encore et toujours cette volonté de rendre accessible au plus grand nombre nos grands textes.
Ou comment ne laisser aucun spectateur sur la touche.
Pas besoin de décors, d'ailleurs. Le texte se suffira bien à lui-même.
Les comédiens nous attendent.
Deux par deux, aux quatre coins de la salle à conception quadrifrontale.
Filles et garçons aux angles opposés.
Une piste, un ring ? La joute verbale peut commencer.
Car c’est bien de cela dont il s’agit. La parole.
La parole irréversible, la parole qui ne peut se reprendre, pour citer le propos de Roland Barthes.
La parole de celle et celui qui, dans les deux premiers actes, dans une magnifique construction symétrique et complémentaire, la parole qui va mener à la perte irrémédiable de ceux qui l’ont émise.
La parole qui constituera la musique, mais quelle musique, de toute la soirée !
Sauf peut-être le délicat froissement des riches tissus des costumes XVIIème siècle.
Car immédiatement, la première chose qui frappe les spectateurs assis autour de la scène circulaire surélevée, ce sont les somptueux costumes créés par Jean-Bernard Scotto.
Rien ne manque : le rhingrave, les rubans, les aiguillettes, les robes à vertugadin, les petites oies, les justaucorps, les hauts se chausse, tout est là. Je donnerais cher pour endosser un moment le haut d’armure baroque de Thésée.
La tragédie peut commencer.
Les huit comédiennes et comédiens, dirigés avec la précision que l’on connaît par M. Renucci (assisté de Judith d’Aleazzo qui interprète également Panope), les huit vont nous bouleverser.
Oui, pour fonctionner, la mimesis et la catharsis vont fonctionner !
Je crois qu’au cours d’une représentation de cette pièce, je n’ai jamais été autant « dedans ».
A la question « Aimez-vous ? » que pose Œnone, je me suis surpris à opiner du chef, avant même la réponse de sa maîtresse !
Le travail du metteur en scène repose sur plusieurs judicieux parti pris.
Son travail « topographique » sur le plateau circulaire lui permet de mettre parfaitement et physiquement en exergue les constructions raciniennes, que ce soient les oppositions ou les symétries dramaturgiques.
Ici, tout est clair, limpide, tout est fluide et maîtrisé. Même sans une connaissance approfondie du texte, tout le monde peut saisir les terribles et irrémédiables enjeux.
Autre grande réussite : la notion de distance entre les personnages.
Lorsque vous assisterez à ce spectacle, je vous conseille d’être très attentif à l’espace qui sépare les protagonistes (toujours par deux) de chaque scène.
Un espace qui systématiquement nous renseigne lui aussi sur l’état d’esprit de celui ou celle qui parle et de celui ou celle qui écoute l’autre.
Du grand art !
Et puis, d’une certaine manière, cette mise en scène a quelque chose de vertical, avec trois « étages » scéniques, que les regards des comédiens matérialisent.
- L’étage des hommes, où chaque personnage nommé se verra regardé par celui qui le nomme. (Ceux qui ne jouent pas restent en effet assis dans leur coin, à suivre le déroulé de la tragédie.)
- Les comédiens seront souvent au sol, nous montrant l’accablement, l’abattement, les yeux rivés vers le Styx.
- Et puis le ciel, le monde des Dieux, souvent apostrophés, montrés du doigt, regardés en contreplongée par les personnages.
Bien entendu, tout ceci ne serait rien sans les huit époustouflants comédiens qui illuminent cette entreprise artistique.
Je n’en finirais pas de citer tous les grands moments que nous procurent ces huit-là.
Tous vont nous passionner, nous bouleverser, nous émouvoir, chacun ayant placé le curseur à son exacte position.
Tous portent cette parole sublimée par un alexandrin merveilleux se faisant souvent oublier.
Ici, c’est la vérité que nous percevons en permanence, une vérité à laquelle nous pouvons nous identifier, une vérité qui nous touche au plus profond de nous même.
Maryline Fontaine est éblouissante en héroïne racinienne, dans sa Phèdre bouleversante de passion amoureuse, de douleur, de furie.
Elle m’a fait penser par moments à Cécile Brune, l’ex-sociétaire de la Comédie-Française, que je tiens pour l’une de nos plus importantes comédiennes.
Melle Fontaine m’a plusieurs fois transporté vers un moment où les larmes n’étaient pas loin.
Le Thésée de Julien Tiphaine est absolument grandiose.
Le comédien est admirable en mari outragé, en père s’estiment bafoué par un fils (l’épatant Ulysse Robin) qu’il finira trop tardivement par pleurer, le Destin ayant tranché..
Les scènes père-fils, avec l’opposition des débits, lent et rapide, ces scènes sont magnifiques.
Le couple Œnone la nourrice (Nadine Darmon) et Théramène le précepteur (Patrick Palmero) est lui aussi bouleversant.
Vous l’aurez compris, cette Phèdre-là restera dans les annales des très grandes mises en scène de ce chef d’œuvre .
La père de la fille de Minos et de Pasiphaé peut dormir sur ses deux oreilles.
C’est un spectacle incontournable, à ne pas manquer, d’autant que, conformément à la politique culturelle des Tréteaux de France, il partira très prochainement en tournée.
Toubib hormone toubib ?
Impossible pour moi de ne pas débuter immédiatement et sans plus attendre ce papier en écrivant toute mon admiration et mon enthousiasme pour ce remarquable et on ne peut plus intelligent spectacle, qui, à partir d’un cas particulier, certes très signifiant, va déboucher sur une merveilleuse et universelle humanité.
19 août 2009.
Outre le fait que c’était mon anniversaire, (ce dont tout le monde se moque éperdument et ce, à raison…), se déroule ce jour-là à Berlin la finale féminine du 800m des championnats du monde d’athlétisme.
1 minute 55 secondes et 45 centièmes après le coup de feu du starter, l’athlète sud-africaine Caster Semenya franchit la première la ligne d’arrivée, avec une confortable avance sur ses adversaires.
Cette femme va se montrer suspecte aux yeux de la fédération internationale d’athlétisme : trop rapide, trop forte, trop « hors-norme », et surtout pas assez « féminine » !
Une athlète suspecte, douteuse, pour les instances dirigeantes (masculines, les instances…), qui vont donc lui imposer la passation de « tests de féminité » : analyses d’urines, analyse de sang, mais également taux de pénétration du vagin, ou encore mesure de la taille du clitoris…
Durant onze mois que prendront ces tests et la publication de leurs résultats, elle sera interdite de stade.
Il va s’avérer que Miss Semenya présente un taux élevé de testostérone, l’hormone masculine, comme 2 % de la population féminine mondiale, ce qui en fait une « personne intersexe », selon les normes définies par l’OMS.
Elle, elle refuse cette classification. Elle, elle se considère femme à part entière.
Cependant, elle sera contrainte de prendre un traitement hormonal aux effets secondaires affolants.
Elle saisira dans la foulée (si j’ose écrire…) le Tribunal Arbitral du Sport.
Léa Girardet et Julie Bertin, en portant cette histoire sur un plateau, vont poser, vont nous poser des questions essentielles.
La première est fondamentale, à la fois paradoxalement simple et complexe : qu’est-ce qu’une femme ?
D’autres viennent immédiatement se greffer à la première.
Pourquoi une femme devrait-elle justifier de ses avantages génétiques ?
Pourquoi personne n’a jamais demandé à des athlètes mâles des test de masculinité ? Bolt serait donc un demi-dieu et Semenya une paria ?
Comment nos sociétés perçoivent-elles encore la construction et la définition du genre ?
Les deux auteures ont donc choisi d’évoquer toutes ces questions à travers le prisme de cette histoire personnelle.
Leur propos n’est pas de nous confronter à un simple documentaire de ce qui s’est passé.
Il va s’agir véritablement de proposer une formidable dramaturgie se déroulant dans le milieu sportif et médical, qui va résonner à l’échelle de notre contemporanéité sociétale.
C’est bien simple, durant cette heure et quarante minutes, j’ai été captivé, passionné par ce que j’ai vu !
Sur la piste d’athlétisme bleue devant le public, Léa Girardet (qui joue donc également), Cléa Laizé, Juliette Speck et Julie Teuf mises en scène par Julie Bertin, m’ont enthousiasmé à interpréter la multitude de personnages de différents sexes que comporte cette histoire.
Au sein de l’épatante scénographie de Pierre Nouvel, (nous sommes vraiment dans le stade de Berlin, avec les couloirs, le chronomètre numérique, les plots, les boxes-vestiaires…), les quatre comédiennes vont faire se succéder des tableaux se déroulant dans de multiples lieux (je vous laisse découvrir), le tout avec une infaillible justesse et un engagement total, débouchant sur un phénoménal sentiment de vérité.
Les quatre comédiennes en permanence irréprochables sont totalement au service d’une remarquable et implacable démonstration. Elles vont nous bouleverser, nous faire rire, nous sidérer (au meilleur sens du terme), nous édifier, nous faire participer également à l’action (je n’en dis pas plus, mais j’en aurais très envie…), pour finalement nous subjuguer.
Je défie quiconque de se laisser distraire ne serait-ce qu’un seul instant de ce qu’elle nous disent et nous montrent !
Des scènes magistrales de comédie nous attendent, (celle de la rédaction d’un communiqué de presse à la Fédération est irrésistible de drôlerie).
Des scènes bouleversantes également, qui nous horrifient devant ce qu’a dû endurer Caster Semenya.
Des chorégraphies endiablées, un Rap drôle et spirituel, viennent émailler les cent minutes du spectacle.
Et puis la piste se change en salle d’audience. Le procès peut débuter.
Les petits boxes blancs deviennent judicieusement les meubles du prétoire, le chronomètre sert à tout autre chose.
Là encore, beaucoup d’intelligence dans les parti-pris mis en œuvre.
Dernière scène flash-back. Retour au 19 août 2009.
Dans un magnifique dispositif video en split-screen, nous assistons à la fameuse finale. En intégralité.
Et puis nous est révélé le prononcé du jugement. Un prononcé que je me garderai bien de vous dévoiler.
Je vous en conjure : ne manquez sous aucun prétexte ce spectacle où le fond se dispute à la forme en terme de totale réussite.
Il se jouera jusqu’au 28 mai au théâtre Dunois, puis jusqu’au 4 juin au Théâtre 13 (Bibliothèque).
Un spectacle qui assurément figure d’ores et déjà sur l’une des trois marches de mon podium personnel pour cette saison.
Impossible pour moi de ne pas débuter immédiatement et sans plus attendre ce papier en écrivant toute mon admiration et mon enthousiasme pour ce remarquable et on ne peut plus intelligent spectacle, qui, à partir d’un cas particulier, certes très signifiant, va déboucher sur une merveilleuse et universelle humanité.
19 août 2009.
Outre le fait que c’était mon anniversaire, (ce dont tout le monde se moque éperdument et ce, à raison…), se déroule ce jour-là à Berlin la finale féminine du 800m des championnats du monde d’athlétisme.
1 minute 55 secondes et 45 centièmes après le coup de feu du starter, l’athlète sud-africaine Caster Semenya franchit la première la ligne d’arrivée, avec une confortable avance sur ses adversaires.
Cette femme va se montrer suspecte aux yeux de la fédération internationale d’athlétisme : trop rapide, trop forte, trop « hors-norme », et surtout pas assez « féminine » !
Une athlète suspecte, douteuse, pour les instances dirigeantes (masculines, les instances…), qui vont donc lui imposer la passation de « tests de féminité » : analyses d’urines, analyse de sang, mais également taux de pénétration du vagin, ou encore mesure de la taille du clitoris…
Durant onze mois que prendront ces tests et la publication de leurs résultats, elle sera interdite de stade.
Il va s’avérer que Miss Semenya présente un taux élevé de testostérone, l’hormone masculine, comme 2 % de la population féminine mondiale, ce qui en fait une « personne intersexe », selon les normes définies par l’OMS.
Elle, elle refuse cette classification. Elle, elle se considère femme à part entière.
Cependant, elle sera contrainte de prendre un traitement hormonal aux effets secondaires affolants.
Elle saisira dans la foulée (si j’ose écrire…) le Tribunal Arbitral du Sport.
Léa Girardet et Julie Bertin, en portant cette histoire sur un plateau, vont poser, vont nous poser des questions essentielles.
La première est fondamentale, à la fois paradoxalement simple et complexe : qu’est-ce qu’une femme ?
D’autres viennent immédiatement se greffer à la première.
Pourquoi une femme devrait-elle justifier de ses avantages génétiques ?
Pourquoi personne n’a jamais demandé à des athlètes mâles des test de masculinité ? Bolt serait donc un demi-dieu et Semenya une paria ?
Comment nos sociétés perçoivent-elles encore la construction et la définition du genre ?
Les deux auteures ont donc choisi d’évoquer toutes ces questions à travers le prisme de cette histoire personnelle.
Leur propos n’est pas de nous confronter à un simple documentaire de ce qui s’est passé.
Il va s’agir véritablement de proposer une formidable dramaturgie se déroulant dans le milieu sportif et médical, qui va résonner à l’échelle de notre contemporanéité sociétale.
C’est bien simple, durant cette heure et quarante minutes, j’ai été captivé, passionné par ce que j’ai vu !
Sur la piste d’athlétisme bleue devant le public, Léa Girardet (qui joue donc également), Cléa Laizé, Juliette Speck et Julie Teuf mises en scène par Julie Bertin, m’ont enthousiasmé à interpréter la multitude de personnages de différents sexes que comporte cette histoire.
Au sein de l’épatante scénographie de Pierre Nouvel, (nous sommes vraiment dans le stade de Berlin, avec les couloirs, le chronomètre numérique, les plots, les boxes-vestiaires…), les quatre comédiennes vont faire se succéder des tableaux se déroulant dans de multiples lieux (je vous laisse découvrir), le tout avec une infaillible justesse et un engagement total, débouchant sur un phénoménal sentiment de vérité.
Les quatre comédiennes en permanence irréprochables sont totalement au service d’une remarquable et implacable démonstration. Elles vont nous bouleverser, nous faire rire, nous sidérer (au meilleur sens du terme), nous édifier, nous faire participer également à l’action (je n’en dis pas plus, mais j’en aurais très envie…), pour finalement nous subjuguer.
Je défie quiconque de se laisser distraire ne serait-ce qu’un seul instant de ce qu’elle nous disent et nous montrent !
Des scènes magistrales de comédie nous attendent, (celle de la rédaction d’un communiqué de presse à la Fédération est irrésistible de drôlerie).
Des scènes bouleversantes également, qui nous horrifient devant ce qu’a dû endurer Caster Semenya.
Des chorégraphies endiablées, un Rap drôle et spirituel, viennent émailler les cent minutes du spectacle.
Et puis la piste se change en salle d’audience. Le procès peut débuter.
Les petits boxes blancs deviennent judicieusement les meubles du prétoire, le chronomètre sert à tout autre chose.
Là encore, beaucoup d’intelligence dans les parti-pris mis en œuvre.
Dernière scène flash-back. Retour au 19 août 2009.
Dans un magnifique dispositif video en split-screen, nous assistons à la fameuse finale. En intégralité.
Et puis nous est révélé le prononcé du jugement. Un prononcé que je me garderai bien de vous dévoiler.
Je vous en conjure : ne manquez sous aucun prétexte ce spectacle où le fond se dispute à la forme en terme de totale réussite.
Il se jouera jusqu’au 28 mai au théâtre Dunois, puis jusqu’au 4 juin au Théâtre 13 (Bibliothèque).
Un spectacle qui assurément figure d’ores et déjà sur l’une des trois marches de mon podium personnel pour cette saison.