Critiques pour l'événement Les Jumeaux Vénitiens
30 déc. 2017
6/10
94
Tous deux venus dans l’intention de se marier, les frères jumeaux Tonino et Zanetto séparés à l’un de l’autre à la naissance, se retrouvent en même temps dans la ville de Vérone… Se ressemblant comme deux gouttes d’eau, les jumeaux sont pris l’un pour l’autre par le reste de la ville et leur présence simultanée déclenche une avalanche de quiproquos !

Maxime d’Aboville, découvert vil et manipulateur au théâtre du Poche-Montparnasse dans « The Servant » est toujours ce Maxime d’Aboville énigmatique et captivant : dans le -ou plutôt les- rôles principaux il jongle avec brio entre gentilhomme valeureux et crétin des montagnes. Dans son personnage de Zanetto, Maxime d'Aboville a l’air d’une petite frappe doté de l’accent de Francis Cabrel... Dans le rôle de Tonino en revanche, c’est un homme malin et opportuniste. C’est réussi !

Le décor fait pensé à la mise en scène de "Roméo et Juliette" à la Comédie Française : une rue de Vérone, un lieu de passage et des façades en guise de premier plan. Cette ressemblance n’est pas pour me déplaire et cette disposition permet astucieusement à Maxime d’Aboville de virevolter, de disparaître et de réapparaître d’un bout à l’autre de la scène. Les déplacements s’enchaînent au rythme de la comedia dell’arte et l’on retrouve dans la distribution deux anciens pensionnaires de la Comédie Française : Adrien Gamba-Gontard et Benjamin Jungers qui sont eux aussi bien dirigés. La pièce est amusante et ces acteurs lui donnent la saveur qu’il faut aux pièces de troupe : pour que cela marche, tout ne peut pas reposer sur un seul acteur, même double !

Petit bémol tout de même : dans le rôle de l’ami, le jeu de Thibault Lacroix est poussif. Il se campe en gueulard mal léché, c’est un peu agaçant. De plus, toute chose mis à part, le texte de Goldoni transpire parfois d’une misogynie qui coupe un peu le souffle… Autre temps, autre mœurs !

En définitive, la pièce est belle, classique et agréable. Ça claque mais… c'est loin d'être le meilleur cru de cette année 2017 !
29 nov. 2017
7,5/10
168
Tout - ou presque - repose sur Maxime d'Aboville !

Il est génial, virevoltant, jouant à merveille l'abruti parfait aussi bien que le gentleman !! Quel talent !

Ajoutons à cela des décors magnifiques et la soirée est tout à fait réussie.
28 nov. 2017
9/10
162
Le moment fut beau, généreux, vénitien sans Venise.
La gémellité n'est pas ici un jeu de miroir mais un jeu d'apparence tout en action.

Une réussite toute en grâce.
19 nov. 2017
6/10
208
Excellente mise en scène, décors superbes, de très bons acteurs mais Goldoni n'est pas Molière : si on rit beaucoup à chaque apparition de Maxime d'Abboville c'est uniquement en raison de son jeu, le thème est un peu dépassé et les dialogues ternes.
15 nov. 2017
7,5/10
203
Un spectacle virevoltant qui s'appuie sur un jeu d'acteurs époustouflant.

Que ce soit d'Abboville qui porte la pièce ou ses comparses, tous sont excellents.
Les personnages sont drôles, gais, bien vivants. Des profils très prononcés avec le maitre, la servante, le séducteur, l'intrigant etc. Des rôles habituels qu'on aime à retrouver surtout quand ils sont bien joués.
Mention toute particulière pour Maxime d'Abboville qui parvient à passer d'un rôle à l'autre avec fluidité et rapidité et qui nous fait rire en permanence.
De magnifiques décors qui embarquent en Italie, de beaux costumes inventifs.
Une mise en scène aérienne qui peut être parfois un peu étourdissante par trop de va et vient, courses et cris.
Mais une très bonne soirée dans plus pure tradition du théâtre.
24 oct. 2017
8,5/10
160
Une magnifique interprétation de ce classique de Goldoni, dans un très beau décor, avec une performance particulièrement remarquable de Maxime d'Aboville.
17 oct. 2017
7/10
152
Spectacle sympa, dont le sujet traité n'a pas vraiment d'écho actuel cependant.

En bref, 2 jumeaux se retrouvent sans le savoir dans la même ville, et confondent, malgré eux, tout leur entourage. Sauf que l'un est aussi intelligent que l'autre est bête. Ils ne comprennent donc pas d'en viennent tous leurs ennuis, jusqu'au dénouement.

Cette pièce remplit tous les codes de la Comedia Dell Arte : la naïveté des jumeaux qui ne comprennent pas qu'ils sont deux (a contrario, le spectateur comprend), la ruse employée pour démasquer l'assassin, il y a même un Arlequin, personnage emblématique.

Ce que j'ai aimé dans cette pièce :
- le rythme : très bien tenu par Maxime d'Aboville, qui joue tour à tour les deux jumeaux, et la troupe. Les comédiens courent, crient, se battent, bougent... Super cadence, ça dépote !
- la mise en scène et les costumes d'époque : beau spectacle
- l'expression des comédiens : très audibles, bonnes tonalités, agréables à entendre et à voir jouer.

Ce que j'ai moins aimé :
- l’intérêt du texte : je n'ai pas l'impression que la pièce traite un sujet qui pourrait avoir des répercussions actuelles, dans nos vies. Je n'ai pas vraiment trouvé que la pièce soulève des questions, sauf peut-être lors du débat amour / amitié, lorsqu'un personnage courtise la fiancée de son ami. Si j'ai loupé l’intérêt de la pièce, n'hésitez pas à me le signaler !

Sauf erreur de ma part, ce n'est pas un spectacle qui permet au spectateur de se construire, même si la pièce est sympathique au demeurant.
11 octobre, 21h, Paris

Après Les Rustres à la Comédie Française (Vieux-Colombier), Jean-Louis Benoit s’attaque à nouveau à Goldoni, cette fois avec Les Jumeaux Vénitiens.
On retrouve également deux anciens pensionnaires du Français Adrian Gamba-Gontard et Benjamin Jungers avec beaucoup de joie !
Une mise en scène dynamique qui joue avec les illusions et les faux-semblants que permet le théâtre.
Dans l’intérieur de la maison de Rosaura, deux éléments apportent une deuxième couche dans l’illusion et dans les jeux de rôles. En effet, nous pouvons voir tout d’abord un miroir au centre de la scène, les personnages se dédoublent donc tous, et derrière la porte qui conduit à la chambre de la jeune fille nous pouvons remarquer un rideau qui ressemble étrangement à un rideau de théâtre.
Le metteur en scène joue avec les illusions propres au théâtre. Un même comédiens peut être conduite à jouer plusieurs rôles, il y a donc un vrai dédoublement : par exemple Adrian Gamba-Gontard joue à la fois un homme qui porte les valises de Zanetto et Lelio, le neveu du docteur. Et bien sûr Maxime D’Aboville interprète les jumeaux. Le personnage d’Olivier Sitruk a différents visages ce que le miroir souligne.

« On se croirait en pleine comédie » dit Zanetto. Ironie du sort c’est par son personnage que la pièce tournera à la tragédie. En effet, Pancrace (Olivier Sitruk) voulant épouser Rosaura la promise de Zanetto décide d’empoisonner celui-ci. Il n’y a donc pas reconnaissance entre les deux frères jumeaux pour que cette pièce de Goldoni puisse réellement être qualifiée de comédie.
Ce spectacle est ancré dans l’histoire. En effet, la scénographie peut rappeler les décors du 18è siècle : toiles manoeuvrables, décors facilement amovibles. Il reste tout de même très contemporain en particulier dans le langage. La pièce a été retraduite par Jean-Louis Benoit (le metteur en scène), ce qui apporte donc un langage de tous les jours comme cela était le cas à l’époque de la création. Les mots doivent être des mots que tout le monde peut comprendre.
Des retrouvailles avec des comédiens, des découvertes…
Un ensemble réussi pour cette pièce noire de Goldoni virevoltante, avec des comédiens admirables !!
10 oct. 2017
7/10
106
C’est à Vérone que nos deux jumeaux se croiseront. Le vénitien Tonino, éduqué, courtois, courageux, et Zanetto pataud et niais, élevé à Bergame, ont été séparés à la naissance. Ils arrivent tous deux à Vérone pour trouver promise.

La gémellité a longtemps été et continue d’être source d’inspiration pour les auteurs et gros ressort comique : confusions, chassés-croisés, le tout contribue efficacement aux situations drolatiques. Avec Goldoni, le tout se retrouve en Vénétie du XVIIIème siècle, à l’époque où les différends se règlent encore à coup d’épée : quiproquos et combats d’épée, le matériau est solide et concourt efficacement au rythme de la comédie goldonienne en entraînant le public pendant deux heures survoltées.

Une équipe survitaminée

Et l’on s’y régale, dans cet enchaînement de quiproquos, on s’y régale tant les comédiens sont – tous sans exception– impeccables et en osmose parfaite. Que ce soient les rôles féminins (Victoire Bélézy, Margaux Van Den Plas, Agnès Pontier) ou masculins (Luc Tremblais, Thibault Lacroix, Adrien Gamba-Gontard, Philippe Berodot, Benjamin Jungers, Olivier Sitruk, Maxime d’Aboville), l’équipe de choc joue avec une joie évidente et une énergie toujours renouvelée sans s’essouffler. Dans cette fine équipe se démarquent Olivier Sitruk, ambigu Pancrace, amoureux transi et tartuffe machiavélique, et bien évidemment Maxime d’Aboville qui pendant deux heures va interpréter Tonino et Zanetto, passant de l’un à l’autre en souvent un quart de tour. Très jolie performance.

Jean-Louis Benoit, après Les rustres au Français, continue de servir Goldoni avec amour : la mise en scène, hyper rythmée, reste limpide tout en ne laissant rien au hasard dans un décor astucieux sans être envahissant et une scénographie toute en ocres et rouges franchement ravissante.

De la belle ouvrage, donc, et un classique rafraichissant porté un travail d’équipe et une scénographie plus qu’harmonieuse.
5 oct. 2017
3/10
91
Que de cris pour... rien ! Mais pourquoi les comédiens hurlent ils autant ? Pourquoi cette mise en scène entre comedia del arte et comédie française années 60 ? Tout était réuni pour un beau spectacle.
Costumes et décors sont superbes mais la direction d'acteur est affreusement vulgaire et criarde.
J'ai été très déçu par le "surjeu" de Maxime d'Aboville qui joue à jouer. A noter quand même le jeu subtil d'Olivier Sitruk tout en finesse.
Dommage...
30 sept. 2017
9/10
79
Absolument bluffant.

Merci Maxime d'Aboville pour ce spectacle absolument extraordinaire ! Double rôle, double jeu, c'est fascinant. Merci pour cette soirée !
26 sept. 2017
7,5/10
75
L’histoire se base sur un beau quiproquo : deux frères jumeaux devant épouser deux femmes différentes sont présents dans la même ville, Vérone, au même moment, sans le savoir. Si ces jumeaux sont semblables d’aspects, ils sont en revanche complètement disparate de caractère et de mentalité : le premier, Tonino, est un homme intelligent, vif, et courageux, alors que son frère Zanetto est bien plus simple d’esprit, et se laisserait avoir par le premier venu. Tonino doit épouser Béatrice, une vénitienne qu’il a fait s’échapper exprès de la ville pour l’épouser sans le consentement paternel ; Zanetto doit épouser Rosahora après un arrangement avec son père. Tonino, qui craint d’être reconnu, adopte alors le nom de Zanetto sans savoir que son frère est engagé pour les mêmes motifs que lui dans la ville, ce qui entraînera bien sûr une série de quiproquos jusqu’à un dénouement plutôt sombre.

Je ne le cache pas : je ne suis pas une grande fan de Goldoni, et surtout de sa période de Comedia dell’arte. Certes, on sent que Les jumeaux vénitiens est une pièce d’entre-deux, et qu’il se dirige déjà un peu vers ses futures grandes comédies sérieuses telles que La Trilogie de la Villégiature. Malgré tout, la pièce reste très codée, très agitée, un peu « bruyante » : les allées et venues pourraient devenir lourdes si la mise en scène ne fluidifiait pas le tout, rendant le plus léger possible un ensemble parfois trop chargé. Par ailleurs, elle permet d’amener ce dénouement tragique – attendu pour des raisons pratiques – en le rendant le plus vraisemblable possible (il pourrait en effet passer pour bien trop excessif sans la main habile de Jean-Louis Benoît). Pour ce faire, il faut reconnaître que l’adaptation du metteur en scène est moderne et dynamique, et que la traduction choisie est éclatante, sans jamais trahir l’auteur.

Il faut bien le dire : Maxime d’Aboville porte ce spectacle avec brio. Sans lui, l’intérêt serait moindre. D’ailleurs, son absence de la scène se fait sentir, et je n’ai eu d’yeux que pour lui lorsqu’il y était présent. Et pourtant il est bien loin de cabotiner ; non, simplement, il joue, et sa composition est tellement minutieuse, tellement rythmée, tellement drôle, qu’il nous ravit à chacune de ses apparitions. Ne l’ayant pas vu depuis quelque temps sur scène, j’avais presque oublié à quel point l’acteur était surprenant et parvenait à constamment renouveler son jeu. Sa performance impressionne, convainc, et ravit totalement !

Même s’il éclipse parfois – sans le vouloir – ses camarades, la troupe qui l’entoure est également brillante. À commencer par Olivier Sitruk qui campe un faux vertueux au ton douceâtre, détestable à souhait. Les jeunes valets, brillamment incarnés par Agnès Pontier et Benjamin Jungers – qu’on a plaisir à retrouver depuis son évincement de la Comédie-Française – animent ce spectacle avec un dynamisme très efficace. Une pointe de déception peut-être devant le jeu de Victoire Bélézy, un peu monotone – mais il faut reconnaître que ce rôle de jeune première n’est pas évident…
24 sept. 2017
7/10
59
Les Jumeaux Vénitiens nous offrent 2 heures de spectacles rythmées et ininterrompues d'actions et de quiproquos.
Les comédiens arrivent avec justesse à nous captiver et à nous faire rentrer dans l'histoire. Maxime d'Aboville est très bon dans ce double rôle sûrement très épuisant et arrive à renouveler un peu son jeu.
La mise en scène d'époque et ses quelques décors kitsch sont bien dommages, un peu plus de modernité aurait donné un souffle nouveau à la pièce.
24 sept. 2017
9/10
74
Jumeau de la ville, (l’illustrissime Venise) et jumeau des champs, (la montagne pas loin de Bergame), Tonino et Zanetto, connaissent leur existence mais ont été séparés à la naissance suite à un drame.

Vingt ans plus tard, ils arrivent à Vérone, Zanetto est fiancé à la belle Rosaura, elle est fine mouche, jolie, hélas, si le fiancé est mignon il est bête à manger du foin et peureux.

Tonino au contraire, a de l’allure, et brave il défend son prochain dès que celui-ci est attaqué, il attend sa promise Béatrice qui s’est enfuie pour le rejoindre, chaperonné par le meilleur ami de Tonino, hélas ce dernier est épris de la jolie fiancée !

Vrais jumeaux, donc vrais problèmes, confusions, quiproquos, scènes hilarantes entre l’affreux Pancrace (étonnant Olivier Sitruk !) et le benêt Zanetto, Maxime d’Abboville, qui n’a plus rien à prouver mais qui se donne toujours autant pour un rôle, et là deux !

Arlequin et Colombine, les serviteurs de leurs maîtres sont fiancés d’office, le couple Benjamin Jungers et Agnès Pontier fonctionne à merveille.

Victoire Bélézy, donne de l’émotion à son personnage, et Margaux Van Den Plas a une belle présence. Tous les comédiens sont excellents et servent Goldoni et le théâtre.

L’adaptation est réussie, la mise en scène fidèle à l’esprit de l’auteur, Jean-Louis Benoit connait son affaire et sa direction de comédiens est parfaite. Le décor et les costumes sont recherchés, quel plaisir pour les yeux, un bel écrin pour cette charmante mais cruelle comédie.
18 sept. 2017
8,5/10
91
Cette pièce sur le thème de la gémellité du ‘Molière Italien’ a été écrite en 1745.

Vérone, XVIII ème siècle

Alors que Tonino, élevé à Venise, est un jeune homme raffiné et instruit, qui arrive à Vérone pour se marier à une belle vénitienne qui s’est enfuit de sa famille. Zanetto, son jumeau, a grandi dans les montagnes de Bergame. Il est simple et maladroit mais riche. Il vient se marier à Rosaura, fille d’un avocat.

Les deux frères ne se sont pas vus depuis 20 ans et ignorent que l’autre est présent à Vérone en même temps. Il va donc se produire une série de quiproquos, malentendus et autres invraisemblances sur fond de mariages contrariés, de duels et d’interventions de la police qui vont provoquer les rires du public très rapidement.

Cette pièce ne se prive pas de dénoncer la cupidité des uns et l’hypocrisie des autres sous couvert d’une comédie au rythme enlevé en trois actes. De beaux moyens sont mis en œuvre pour que cette pièce soit un ‘must seen’ de la rentrée : les ingénieux décors (Jean Haas), pourtant simples, glissent dans le dos des comédiens avec douceur et les magnifiques costumes (Frédéric Olivier) nous plongent dans l’univers de l’Italie du 18 ème siècle.

Ce qui tranche avec cet univers du passé, c’est l’adaptation du texte, revue par Jean Louis Benoit. Une adaptation moderne, truffée d’expressions savoureuses et truculentes : un régal ! C’est aussi Jean Louis Benoit qui met en scène et dirige les comédiens avec bonheur.

Les comédiens justement, parlons-en : ils sont fabuleux !!!

Evidemment Maxime D’Aboville qui interprète les jumeaux vampirise la scène : Qu’il soit dans la peau de l’un ou de l’autre, c’est un plaisir de le voir s’incarner dans les deux rôles avec fougue. La performance est physique aussi.

Son pendant sombre, est incarné par un Olivier Sitruk magistral dans le rôle d’un tartuffe qu’on adore détester tellement il est mielleux et dégouline de veulerie.

Il y a 8 autres personnages et ils sont tous merveilleux aussi.

Ce spectacle (2h) est un vrai plaisir pour toute la famille, je recommande vivement.
17 sept. 2017
9/10
77
Nous sommes au 18ème siècle à Vérone. Des jumeaux séparés à la naissance se trouvent le même jour dans cette même ville pour y épouser leurs promises. Ils ne se verront pas et c’est là un ressort principal de l’intrigue. Tonino, élevé à Venise, est un jeune homme élégant, spirituel et de bonne allure. Zanetto, élevé dans la montagne de Bergame, est un rustre, niais et maladroit.

Des malentendus en cascade et des imbroglios en série se succèdent dans cette folle journée sur fond de mariage arrangé, de bijoux volés, d’empoisonnement et d’une kyrielle de fourberies, de morceaux de bravoure et de complaintes amoureuses.

Un manège infernal et désopilant nous emporte dans cette comédie où se retrouvent nombre d’ingrédients et certains personnages de la commedia dell’arte dont s'est inspiré l'auteur.

Carlo Goldoni écrit la pièce « les deux jumeaux vénitiens », devenue LES JUMEAUX VÉNITIENS en 1745 et la remanie en 1749. Cette période est cruciale pour son avenir. Il doit subir sa profession de jeune avocat et réfréner sa vocation d’homme de théâtre. Il est sans doute révélateur de noter qu’au même moment, la même année, il écrit trois œuvres significatives ayant le thème commun du « double » : « Arlequin, valet de deux maîtres », « les jumeaux vénitiens » et « il Frappatore ». Double professions et double doutes. Le succès des « Jumeaux » met fin à la valse-hésitation, il devient l’auteur attitré et permanent de la troupe Medebac et s’installe à Venise.

Comédie des erreurs, des incompréhensions, de l’hypocrisie et de la vertu, Cette joyeuse pièce de Goldoni ne se prive pas de se moquer de la veulerie, de la cupidité et de la rouerie des bourgeois et des tartuffes tout en plaçant haut les cœurs les délices de l’amour et la sincérité de l’amitié. Il n’oublie pas de donner aux femmes, fidèle à la tradition théâtrale du contre-pied social, la force de leur rationalité, bousculant les codes et déclenchant les rires compensateurs dans les situations qu’elles régulent ou retournent.

L’adaptation de Jean-Louis Benoît restitue la puissance de la pièce, les répliques et les situations grotesques ou chevaleresques du texte tout en apportant une actualisation heureuse par un lexique modernisé, notamment. Le choix de costumes magnifiques réalisés par Frédéric Olivier comme le décor astucieux, beau et dépouillé réalisé par Jean Hass, donnent toute leur place aux jeux de scène que Goldoni fait prévaloir dans son théâtre qu’il veut réaliste et adapté à son époque.

La mise en scène et la direction de jeux, en finesse et en éclat, font resplendir la pièce d’un esprit festif, vif et acéré, lui donnant un rythme passant du fougueux au posé, selon les situations. La perfidie de l’illusion, la prédominance des sentiments amoureux et des valeurs morales sont rendus avec précision et fluidité.

Nous sommes portés par ce spectacle magistral et réussi, admirablement joué par une distribution en verve, jouant de l’excellence avec une précision au cordeau et un dynamisme stupéfiant.

Maxime d’Aboville joue les jumeaux avec une puissance de jeu époustouflante. Olivier Sitruk joue Pancrace, tartuffe et espiègle à souhait, on ne rêve que de l’étrangler. Victoire Bélézy est radieuse, Margaux Van Den Plas resplendissante, elles jouent les deux promises avec une séduction farouche et une passion délicieuses, les jumeaux sont chanceux.

Agnès Pontier et Benjamin Jungers jouent Colombine et Arlequin, le couple de domestiques fameux et séculaires de la comédie, avec une sincérité délicate et entière, et une pêche d’enfer. Philippe Berodot, Adrien Gamba-Gontard, Thibault Lacroix, Agnès Pontier et Luc Tremblais ne sont pas en reste, ils jouent avec un engagement remarquable et une efficacité sans faille. Une très belle équipe.

Un grand et beau spectacle que je recommande pour l’intérêt du texte, le plaisir des yeux, la richesse des jeux et ce sentiment agréable d’avoir passé une bonne soirée.
17 sept. 2017
9,5/10
115
Décidément, le metteur en scène Jean-Louis Benoît semble bien se spécialiser dans l'adaptation des comédies de Carlo Goldoni !
Après nous avoir donné la saison passée à la Comédie Française le magnifique « Les Rustres », le voilà qu'il nous propose pour notre plus grand plaisir ces « Jumeaux vénitiens » au théâtre La Bruyère.

Cette pièce est une comédie de jeunesse, écrite en 1745, par celui qui est considéré comme le Molière italien. (La « Trilogie de la Villégiature » ne sera écrite que seize années plus tard.)
Ici, et c'est ce qu'a bien compris M. Benoît, nous sentons encore l'influence de la Comédie dell'Arte et la comédie de masques, qui laissent progressivement la place à la comédie classique.

La pièce démarre sur les chapeaux de roues.
L'argument est finalement assez simple : la gémellité cachée de deux frères va provoquer un tourbillon de quiproquos, disputes, amours plus ou moins contrariées, fuites en tous genres, interventions de la police sans oublier les retrouvailles d'enfants naguère abandonnés.
Bref, l'intrigue n'arrête pas de rebondir durant ces deux heures passionnantes.

Nous avons affaire ici à une grosse production.
J'en veux pour preuve principale la somptueuse scénographie modulable, représentant trois des principaux décors de la comédie classique : l'antichambre d'une maison bourgeoise, sa cour intérieure, et le carrefour de deux rues.
On doit cette magnifique réussite à Jean Haas.

Somptueux également les costumes d'époque de Frédéric Olivier ! Un véritable plaisir visuel !

Jean-Louis Benoît a lui-même adapté la pièce, avec des dialogues très actuels, qui, s'ils tranchent avec les costumes et le décor, n'en restituent par moins parfaitement la volonté goldonienne.

Bien entendu, tout ceci ne servirait à rien sans les comédiens.
Ici, nous avons une formidable petite troupe.

Le rôle principal (les rôles principaux, en fait...) est incarné par Maxime d'Aboville, qui excelle dans ses deux partitions.
Quel abattage, quelle vis comica, quelle énergie !
Impossible de ne pas rire aux éclats devant tant de force comique et de fougue !

A ses côtés, Olivier Sitruk, dans un magnifique costume noir, campe un extraordinaire M. Pancrace, une sorte de faux dévot, faux gardien de la morale de la famille, amoureux secrètement de la belle Rosaura.
Sitruk est chafouin, mielleux, fourbe à souhait ! Son personnage est incroyablement réussi !
On pense inévitablement à Tartuffe. (On sait à quel point l'auteur admirait Molière.)

Le rôle de Rosaura a été confié à Victoire Bélézy.
A chaque apparition, cette jeune et talentueuse comédienne irradie littéralement le plateau.
Elle est éclatante de fraîcheur, de jeunesse, d'ingénuité, mais également de force et de justesse.
Elle EST cette jeune fille à marier, qui ne s'en laisse pas compter et qui sait parfaitement ce qu'elle veut.
Je n'avais jamais vu jouer Melle Bélézy, ce fut pour moi une vraie révélation.

L'avocat Florindo, son père souvent dépassé par les événements, est incarné de la plus belle des façons par Philippe Bérodot.

Les deux anciens de la Comédie Française que sont Benjamin Jungers et Adrien Gamba-Gontard sont eux aussi épatants.
Le premier en valet Arlequin, et le second en bravache fier à bras pourchassé par « le sort contraire et cruel » nous font eux aussi beaucoup rire.

Le reste de la distribution, Agnès Pontier (la belle Béatrice), Thibault Lacroix, Luc Tremblais et Margaux Van den Plas, est à l'unisson : tous sont parfaits.

Ce spectacle est donc un vrai ravissement.
Ces deux heures sont un enchantement.

Jean-Louis Benoît nous plonge dans les ressorts de la comédie goldonienne avec des parti-pris plus judicieux les uns que les autres.

Cette soirée fait partie de celles qui constituent une parfaite adéquation entre ce que vous propose une équipe artistique et ce que nous adorons au théâtre !

D'ores et déjà, ce spectacle est un incontournable de ce début de saison !
15 sept. 2017
7,5/10
85
Un cocktail traditionnel et ensoleillé pour l’automne.

Prenez une fille prude qu’on cherche à marier, deux jumeaux aussi différents que possible, un avocat pas très scrupuleux, un tartuffe dévoré de passion, une amoureuse éperdue, un arlequin et une colombine pleins de bon sens, un meilleur ami un peu traitre, un jeune homme sanguin, un gendarme respectueux, jetez le tout dans une ville italienne, ajouter un zeste d’adaptation textuelle en phase avec l’époque et vous obtenez une comédie aux parfums de boulevard, pleine de couleur, sans prétention et réjouissante.

La mise en scène est simple et efficace, sans d’affèterie ou d’essai d’originalité, Jean Louis BENOIT s’est inscrit dans la tradition avec des costumes d’époque préservant les figures de la comedia dell’ arte. Le décor épuré est d’une esthétique naïve et délicate, ses divers mouvement recréent de façon fluide et intelligemment évocatrice les places et intérieur d’une cité italienne où se déploient à un rythme régulier et très « boulevardiens » entrées, sorties, duels, bataille, scène de ménage et drames divers.

Il y a bien une petite baisse de rythme vers la fin où tous les rebondissements sont expliqués de façon un peu didactique et longuette ; sans doute un peu trop de sagesse aussi, on se prend par intermittence à imaginer ce que cela aurait pu donner avec un peu plus de débridement et moins de politesse, mais c’était un soir de première, il est probable que le spectacle va se roder et que chacun s’y épanouira au fil de représentation, apportant la petite touche de folie qu’on voudrait y voir.

Maxime d’Aboville qu’on avait vu inquiétant et glacial dans' the servant' est ici charmant et solaire ; il nous prouve s’il était besoin qu’il sait tout jouer et nous donne envie de le voir plus encore, il endosse les rôles des jumeaux et s’en donne à cœur joie en interprétant tour à tour le benêt mal dégrossi puis le fanfaron flamboyant, il rayonne et son abattage emporte tout au point tel que la scène parait un peu vide quand il la quitte, jetant le spectateur dans la hâte de le voir reparaitre.

Tous ses partenaires sont pourtant excellents mais il est difficile d’exister à coté du souffle d’un tel talent. Olivier Sitruk avec une belle sobriété joue un Tartuffe amoureux et lui donne une profondeur brisant le cliché, Benjamin Jungers fait un Arlequin juvénile et franc.

Les rôles féminins sont cantonné par le texte à des « faire valoir », pourtant Victoire Belezy en ingénue, Margot Van den Plass en amoureuse blessée et Agnès pontier en colombine pragmatique arrivent à faire exister chaque figure avec leur personnalité et fournissent toute une palette de nuance à des rôles peu développés.

Aucun ne démérite et tous jouent excellemment leur partition même si on n’a que d’yeux pour Zanetto/Tonino qui domine la troupe.

C’est donc un Goldoni dans la tradition mais sans poussière, en phase avec l’époque qui nous est servi pour une soirée de divertissement : on aurait tort de se priver de cet éclat de joie et de soleil en cet automne morose.