Son balcon
SAISON 2021-2022
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Mini Molières
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Superstar
Son classement : 34 / 5657
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L’élégance délicate.
La délicatesse élégante.
Stacey Kent.
L’une des plus importantes chanteuses de jazz actuelles a purement et simplement envoûté les spectateurs de la scène nationale de Sénart.
Celle à qui l’on doit une vingtaine d’albums voyage en ce moment même dans toute l’Europe dans le cadre d’une grande tournée, à l’occasion de la sortie de son dernier opus en date, Songs from other places.
Stacey Kent fait partie de ces grandes artistes dont la voix au timbre clair, empreinte de grâce, de douceur et de subtiles nuances est immédiatement reconnaissable.
Elle n’a pas besoin de mettre en avant son irréprochable technique vocale : Melle Kent chante, et vous savez que c’est elle. Point.
Dans un dépouillement paradoxalement très riche, elle parvient à chaque fois à faire en sorte qu’une impression de naturel et d’évidence se dégage de son interprétation des titres qu’elle a choisis.
Ce dépouillement confère alors une force incomparable aux petits moments de vie que sont ces chansons.
La forme musicale qu’elle affectionne tout particulièrement, le trio, sert de parfait écrin à cette voix et à ce style uniques.
Deux complices de longue dates sont à ses côtés.
Ceux-là mêmes qui jouent avec elle sur l’album mentionné ci-dessus.
A jardin, le pianiste Art Hirahara, derrière le clavier de son Steinway ou de sa workstation Kronos Korg, a la lourde mais passionnante tâche d’assurer la partie rythmique des arrangements.
C’est lui qui avec beaucoup de sensibilité pose le cadre, l’univers sonore.
Ses introductions permettent de peindre une atmosphère, un univers, dans lesquels Stacey Kent vient se lover pour chanter.
Et puis Jim Tomlinson.
Le compositeur, l’arrangeur, le producteur, le saxophoniste, le flûtiste, le percussionniste.
Le mari.
Sur scène, lui nous expose de délicieux contrepoints, dialoguant subtilement avec la voix de son épouse.
Les flûtes traversières sont en totale harmonie avec la délicatesse vocale, le saxophone apportant un côté jazz plus ancré, plus profond.
Mister Tomlinson nous prouvera à de nombreuses reprises son grand talent instrumental, notamment dans un remarquable solo très inspiré au sax ténor.
Quatorze titres figureront au programme.
Les dernières nouveautés en date, des chansons françaises (parfois chantées en anglais), le Brésil, et les chansons « madeleine » de la chanteuse, bien souvent tirées du Great americain song book.
La célèbre chanson Sous le ciel de Paris, chantée en anglais, débute en beauté le concert.
Un clin d’œil à sa venue en France, certes, mais également un moyen de nous dire l’amour qu’elle porte à notre pays. Elle parle parfaitement la langue, et s’exprimera d’ailleurs longuement pour présenter le répertoire choisi.
Immédiatement, le charme opère, et nous voici embarqués, captivés que nous sommes par ces notes et ces mots à la fois intenses et délicats.
La complicité des trois artistes est tout de suite évidente.
Le public savoure la magnifique interprétation de ce titre alternant des passages en modes mineur et majeur.
Elle enchaîne avec une autre très belle valse, écrite par Michel Legrand, La valse des lilas.
« Tous les lilas de Mai n'en finiront jamais de faire la fête au coeur des gens qui s’aiment... »
Les premiers applaudissement fusent, l’émotion est palpable.
Tango in Macao, I wish I could go travelling again, les titres du dernier album dans leur version live nous prouvent s’il en était encore besoin le talent de compositeur de Jim Tomlinson.
Une magnifique version de Ne me quitte pas (If you go away) fera que nous n’en mènerons pas large, dans nos fauteuils, tous autant que nous sommes retenant notre souffle, devant tant de profonde et bouleversante beauté musicale.
Il en sera de même pour Avec le temps, de Léo Ferré.
Le brésil, donc.
Le timbre de Stacey Kent prend alors une couleur très saudade, cette mélancolie poétique unique en son genre.
Là encore, nous voyageons en musique grâce au talent des trois artistes, nous nous évadons du théâtre pour nous retrouver portés par la voix veloutée sur les hauteurs du Corcovado.
Une autre grande reprise, Blackbird, signée Lennon-McCartney.
La subtile appropriation par la chanteuse permet de redécouvrir complètement cette grande chanson, et de prendre vraiment compte toute la profondeur sous-jacente.
Les voyages, un poème de Raymond Levesque, notamment chanté par Barbara.
Le thème du voyage sera prépondérant dans ce spectacle, Miss Kent nous rappelant les deux dernières années éprouvantes où il a fallu rester à la maison, mais aussi nous invitant à voyager, que ce soit d’un point de vue géographique ou intérieur.
« Ah ! Jeunes gens, sachez profiter de vos vingt ans. Le monde est là. Ne craignez rien... »
Oui, le temps passe beaucoup trop vite.
Aguas de Março, Les eaux de Mars, d’Antonio Carlos Jobim conclura le spectacle, dans un registre un peu espiègle, jovial et joyeux.
Deux petites notes finales, un intervalle de tierce, sifflées par la chanteuse, et reprises à la flûte nous font sourire.
Devant la standing ovation qui suivra, Stacey Kent n’aura d’autre choix que de revenir par deux fois devant nous.
Pour le dernier rappel, la chanteuse nous dira qu’elle écoutait naguère en boucle Stevie Nicks chanter Landslide. Elle nous bouleverse une dernière fois.
Ce concert est donc de ceux qui se savourent à chaque instant, à la fois intimiste et intense, toujours passionnant, toujours envoûtant.
Une nouvelle fois, Stacey Kent nous aura prouvé s’il en était encore besoin, combien elle est une figure importante et incontournable du jazz contemporain, l’une de ces ensorcelantes ladies qui nous font voir la vie en bleu.
Elle sera en concert au Théâtre Marigny le 8 juin prochain.
Une date à noter sur son agenda !
La délicatesse élégante.
Stacey Kent.
L’une des plus importantes chanteuses de jazz actuelles a purement et simplement envoûté les spectateurs de la scène nationale de Sénart.
Celle à qui l’on doit une vingtaine d’albums voyage en ce moment même dans toute l’Europe dans le cadre d’une grande tournée, à l’occasion de la sortie de son dernier opus en date, Songs from other places.
Stacey Kent fait partie de ces grandes artistes dont la voix au timbre clair, empreinte de grâce, de douceur et de subtiles nuances est immédiatement reconnaissable.
Elle n’a pas besoin de mettre en avant son irréprochable technique vocale : Melle Kent chante, et vous savez que c’est elle. Point.
Dans un dépouillement paradoxalement très riche, elle parvient à chaque fois à faire en sorte qu’une impression de naturel et d’évidence se dégage de son interprétation des titres qu’elle a choisis.
Ce dépouillement confère alors une force incomparable aux petits moments de vie que sont ces chansons.
La forme musicale qu’elle affectionne tout particulièrement, le trio, sert de parfait écrin à cette voix et à ce style uniques.
Deux complices de longue dates sont à ses côtés.
Ceux-là mêmes qui jouent avec elle sur l’album mentionné ci-dessus.
A jardin, le pianiste Art Hirahara, derrière le clavier de son Steinway ou de sa workstation Kronos Korg, a la lourde mais passionnante tâche d’assurer la partie rythmique des arrangements.
C’est lui qui avec beaucoup de sensibilité pose le cadre, l’univers sonore.
Ses introductions permettent de peindre une atmosphère, un univers, dans lesquels Stacey Kent vient se lover pour chanter.
Et puis Jim Tomlinson.
Le compositeur, l’arrangeur, le producteur, le saxophoniste, le flûtiste, le percussionniste.
Le mari.
Sur scène, lui nous expose de délicieux contrepoints, dialoguant subtilement avec la voix de son épouse.
Les flûtes traversières sont en totale harmonie avec la délicatesse vocale, le saxophone apportant un côté jazz plus ancré, plus profond.
Mister Tomlinson nous prouvera à de nombreuses reprises son grand talent instrumental, notamment dans un remarquable solo très inspiré au sax ténor.
Quatorze titres figureront au programme.
Les dernières nouveautés en date, des chansons françaises (parfois chantées en anglais), le Brésil, et les chansons « madeleine » de la chanteuse, bien souvent tirées du Great americain song book.
La célèbre chanson Sous le ciel de Paris, chantée en anglais, débute en beauté le concert.
Un clin d’œil à sa venue en France, certes, mais également un moyen de nous dire l’amour qu’elle porte à notre pays. Elle parle parfaitement la langue, et s’exprimera d’ailleurs longuement pour présenter le répertoire choisi.
Immédiatement, le charme opère, et nous voici embarqués, captivés que nous sommes par ces notes et ces mots à la fois intenses et délicats.
La complicité des trois artistes est tout de suite évidente.
Le public savoure la magnifique interprétation de ce titre alternant des passages en modes mineur et majeur.
Elle enchaîne avec une autre très belle valse, écrite par Michel Legrand, La valse des lilas.
« Tous les lilas de Mai n'en finiront jamais de faire la fête au coeur des gens qui s’aiment... »
Les premiers applaudissement fusent, l’émotion est palpable.
Tango in Macao, I wish I could go travelling again, les titres du dernier album dans leur version live nous prouvent s’il en était encore besoin le talent de compositeur de Jim Tomlinson.
Une magnifique version de Ne me quitte pas (If you go away) fera que nous n’en mènerons pas large, dans nos fauteuils, tous autant que nous sommes retenant notre souffle, devant tant de profonde et bouleversante beauté musicale.
Il en sera de même pour Avec le temps, de Léo Ferré.
Le brésil, donc.
Le timbre de Stacey Kent prend alors une couleur très saudade, cette mélancolie poétique unique en son genre.
Là encore, nous voyageons en musique grâce au talent des trois artistes, nous nous évadons du théâtre pour nous retrouver portés par la voix veloutée sur les hauteurs du Corcovado.
Une autre grande reprise, Blackbird, signée Lennon-McCartney.
La subtile appropriation par la chanteuse permet de redécouvrir complètement cette grande chanson, et de prendre vraiment compte toute la profondeur sous-jacente.
Les voyages, un poème de Raymond Levesque, notamment chanté par Barbara.
Le thème du voyage sera prépondérant dans ce spectacle, Miss Kent nous rappelant les deux dernières années éprouvantes où il a fallu rester à la maison, mais aussi nous invitant à voyager, que ce soit d’un point de vue géographique ou intérieur.
« Ah ! Jeunes gens, sachez profiter de vos vingt ans. Le monde est là. Ne craignez rien... »
Oui, le temps passe beaucoup trop vite.
Aguas de Março, Les eaux de Mars, d’Antonio Carlos Jobim conclura le spectacle, dans un registre un peu espiègle, jovial et joyeux.
Deux petites notes finales, un intervalle de tierce, sifflées par la chanteuse, et reprises à la flûte nous font sourire.
Devant la standing ovation qui suivra, Stacey Kent n’aura d’autre choix que de revenir par deux fois devant nous.
Pour le dernier rappel, la chanteuse nous dira qu’elle écoutait naguère en boucle Stevie Nicks chanter Landslide. Elle nous bouleverse une dernière fois.
Ce concert est donc de ceux qui se savourent à chaque instant, à la fois intimiste et intense, toujours passionnant, toujours envoûtant.
Une nouvelle fois, Stacey Kent nous aura prouvé s’il en était encore besoin, combien elle est une figure importante et incontournable du jazz contemporain, l’une de ces ensorcelantes ladies qui nous font voir la vie en bleu.
Elle sera en concert au Théâtre Marigny le 8 juin prochain.
Une date à noter sur son agenda !
Alouette, gentille alouette !
Il était une fois Nora, femme-enfant, petit oiseau, gaie comme un pinson, qui vivait dans sa cage dorée.
Qui s'en remettait à son mari pour tout, ne prenait aucune décision.
Mais un jour, il a bien fallu en prendre une de décision, pour le sauver, lui, le mari.
Il a bien fallu tricher, mentir, comme un homme. Et le cacher.
Nora l'a fait.
Quand son terrible secret est révélé au grand jour, Nora prend conscience que si elle veut vivre pleinement sa vie, elle doit partir.
Ibsen a écrit cette pièce incroyablement féministe il y a presque un siècle et demi.
L'émancipation d'une femme, une bombe dans la société de l'époque !
Tout est dans le texte dira Philippe Person, qui a adapté, respecté et mis en scène cette version réduite aux quatre personnages principaux, pour plus d'intensité.
Encore faut il les faire entendre ces mots, justes, simples et forts.
Mission accomplie haut la main - et le verbe - et c'est à un bijou de tension dramatique que nous assistons.
Les quatre comédiens sont magnifiques, et formidablement dirigés.
Florence le Corre est Nora.
D'abord légère et gracieuse, puis sombre et déterminée, elle nous touche droit au coeur.
Nous assistons avec une grande émotion à la naissance d'une conscience.
Face à elle, Philippe Calvario, le mari, nous montre avec une grande sensibilité toute la faiblesse et la lâcheté dont sont capables les hommes. Avec une condescendance impressionnante.
Nathalie Lucas et Philippe Person sont quant à eux les parfaits détonateurs de ce drame.
Deux grands comédiens.
Dix ans auparavant, en 1869, Elisabeth, elle aussi épouse sage et soumise, quittait son mari dans "La Révolte" de Villiers de l'Isle Adam.
Elle revenait, c'est vrai.
Mais qu'importe ! Quelque chose était déjà en marche ....
Il était une fois Nora, femme-enfant, petit oiseau, gaie comme un pinson, qui vivait dans sa cage dorée.
Qui s'en remettait à son mari pour tout, ne prenait aucune décision.
Mais un jour, il a bien fallu en prendre une de décision, pour le sauver, lui, le mari.
Il a bien fallu tricher, mentir, comme un homme. Et le cacher.
Nora l'a fait.
Quand son terrible secret est révélé au grand jour, Nora prend conscience que si elle veut vivre pleinement sa vie, elle doit partir.
Ibsen a écrit cette pièce incroyablement féministe il y a presque un siècle et demi.
L'émancipation d'une femme, une bombe dans la société de l'époque !
Tout est dans le texte dira Philippe Person, qui a adapté, respecté et mis en scène cette version réduite aux quatre personnages principaux, pour plus d'intensité.
Encore faut il les faire entendre ces mots, justes, simples et forts.
Mission accomplie haut la main - et le verbe - et c'est à un bijou de tension dramatique que nous assistons.
Les quatre comédiens sont magnifiques, et formidablement dirigés.
Florence le Corre est Nora.
D'abord légère et gracieuse, puis sombre et déterminée, elle nous touche droit au coeur.
Nous assistons avec une grande émotion à la naissance d'une conscience.
Face à elle, Philippe Calvario, le mari, nous montre avec une grande sensibilité toute la faiblesse et la lâcheté dont sont capables les hommes. Avec une condescendance impressionnante.
Nathalie Lucas et Philippe Person sont quant à eux les parfaits détonateurs de ce drame.
Deux grands comédiens.
Dix ans auparavant, en 1869, Elisabeth, elle aussi épouse sage et soumise, quittait son mari dans "La Révolte" de Villiers de l'Isle Adam.
Elle revenait, c'est vrai.
Mais qu'importe ! Quelque chose était déjà en marche ....
Une légende. Une vraie.
L’un des fondateurs, si ce n’est LE fondateur du jazz-rock et du jazz fusion.
Un des plus grands guitaristes actuels, qui a illuminé les scènes du mode entier avec son instrument au manche « scallopé », ou bien sa Gibson à deux manches.
Un musicien à qui Miles Davis a demandé de jouer avec lui sur onze albums, et qui pour autant ne s’est jamais contenté de cette gloire rare.
Un homme qui a trouvé sa voie propre, musicale et humaine, un homme dont l’apport considérable à la musique contemporaine ne saurait être exhaustivement quantifié.
John McLaughlin était hier à la Seine musicale, lui le jeune homme en pleine forme de quatre-vingts printemps, pour nous présenter sa nouvelle formation, The 4th dimension, et son dernier album en date, Liberation time.
Moi, la toute première rencontre avec Mister McLaughlin eut lieu grâce à deux albums.
Deux chefs d’œuvres alors sortis déjà depuis une dizaine d’années.
1971. The inner mounting Flame, premier album du Mahavishnu Orchestra, toute première version.
Le premier titre, Meeting the spirits.
Neuf accords merveilleux débutant le morceau, au-delà de toute tonalité et pourtant si mélodiques, des accords d’une puissance tellurique incandescente, des accords que je n’avais jamais entendus.
Ou comment comprendre que cet immense instrumentiste était avant tout un compositeur novateur mettant en œuvre de subtiles polytonalités et des mesures impaires totalement inusitées.
1972. Love, dévotion and surrender.
Un album enregistré avec Carlos Devadip Santana. Les deux guitaristes, tous deux disciples du guru Sri Shinmoy vont s’emparer de deux thèmes de John Coltrane, et nous en donner des versions admirables qui m’émeuvent toujours autant : A love supreme, et Naïma.
Beaucoup d’émotion, donc, à retrouver John McLauglin sur la scène de l’auditorium Patrick Devedjian.
Il arrive le micro à la main, saluant d’emblée la salle, nous disant son émotion de se trouver devant nous : « C’est un miracle d’être là ! ». (Il parle un Français remarquable, résidant depuis longtemps à Monaco.)
A ses côtés, trois musiciens qui ne vont pas l’accompagner mais bel et bien jouer avec lui. La nuance est importante.
Aux drums, le batteur d’origine indienne Ranjit Barot, aux claviers et pour un magistral solo de batterie Gary Husbands, et à la basse cinq cordes Etienne Mbappé.
Premier groove infernal.
Mister Barot envoie une formidable pulsation, qu’il accompagne à la voix au micro, les onomatopées devenant autant de motifs rythmiques, au même titre que ses descentes de fûts ou ses envolées de cymbales.
Etienne Mbappé entre en lice et les deux compères déversent alors un rythme fait de lave magmatique brûlante.
Hélas, et ce sera le seul bémol de ce concert, la prise de son n’est pas à la hauteur.
Une grande confusion règne notamment dans le bas registre, une réverbération trop lourde empêche toute précision de restitution, et nous avons beaucoup de peine à distinguer les subtilités des deux musiciens.
Un très léger mieux arrivera vers le dernier quart du concert.
John McLaughlin entre en lice, et immédiatement, le public de fans inconditionnels reconnaît son style et sa sonorité inimitables.
Sans amplificateur sur scène, passant directement après ses effets par une boîte de direct sur la console FOH, le son cristallin de sa guitare Paul Reed Smith à tige de vibrato procure toujours autant de frissons.
Cet homme est toujours et peut-être plus que jamais le virtuose que l’on sait, qui met cette virtuosité au service d’un lyrisme de tous les instants, d’une vision claire et inspirée de thèmes mélodiques complexes mais d’une incomparable beauté.
Le quatrième compère, Gary Husband ne laisse pas sa part au chat. Que ce soit au piano ou au clavier Norlead, lui aussi nous rappelle qu’il est l’un des grands keyboardistes actuel.
Quelle technique, quelle sensibilité !
De très grands moments nous attendent.
Des morceaux d’une impressionnante fulgurance rythmique, avec une pulsation infernale qui permet au guitariste de tirer de son instrument des fulgurances presque inconcevables et pourtant bien réelles.
Ce sera le cas notamment pour ce titre Kiki, qui commence comme un blues, pour aller vers une fusion merveilleuse.
Un titre dans lequel Mr Barot se déchaînera façon beat box vocale.
Des morceaux presque planants, des ballades oniriques, comme Peace and Happiness to all men, avec des envolées de notes tenues à la sustain qui vous font frissonner de bonheur.
La cohésion, la complicité entre les quatre grands musiciens est totale, une véritable osmose règne en permanence.
J’ai été frappé par la place à la fois large et précise que la patron laisse aux trois autres membre du quatuor.
Seule la formidable qualité des compositions permet ces échanges et cette complémentarité de tous les instants.
Ici, règne en permanence une impression de liberté rendue possible par les structures mélodiques et rythmiques, moins complexes que par le passé, certes, mais toujours aussi passionnantes et inspirées.
Les moments de solo de chacun nous laisseront souvent bouche bée, un chase guitare-clavier sera des plus enthousiasmants, une composition dédiée à Paco de Lucia nous bouleversera, et le duo de batteurs (Gary Husband ayant troqué ses touches noires et blanches pour deux baguettes), ce duo aura quelque chose d’hallucinant.
Tous, nous aurons l’impression d’avoir vécu un moment rare.
Il se murmure ici et là que cette tournée de John McLaughlin serait sa toute dernière.
Je ne veux évidemment pas le croire.
Quoi qu’il en soit, tous ceux qui sortaient hier de la Seine musicale semblaient n’avoir comme moi qu’une seule pensée en tête : « moi, j’y étais, à ce concert mémorable ! »
L’un des fondateurs, si ce n’est LE fondateur du jazz-rock et du jazz fusion.
Un des plus grands guitaristes actuels, qui a illuminé les scènes du mode entier avec son instrument au manche « scallopé », ou bien sa Gibson à deux manches.
Un musicien à qui Miles Davis a demandé de jouer avec lui sur onze albums, et qui pour autant ne s’est jamais contenté de cette gloire rare.
Un homme qui a trouvé sa voie propre, musicale et humaine, un homme dont l’apport considérable à la musique contemporaine ne saurait être exhaustivement quantifié.
John McLaughlin était hier à la Seine musicale, lui le jeune homme en pleine forme de quatre-vingts printemps, pour nous présenter sa nouvelle formation, The 4th dimension, et son dernier album en date, Liberation time.
Moi, la toute première rencontre avec Mister McLaughlin eut lieu grâce à deux albums.
Deux chefs d’œuvres alors sortis déjà depuis une dizaine d’années.
1971. The inner mounting Flame, premier album du Mahavishnu Orchestra, toute première version.
Le premier titre, Meeting the spirits.
Neuf accords merveilleux débutant le morceau, au-delà de toute tonalité et pourtant si mélodiques, des accords d’une puissance tellurique incandescente, des accords que je n’avais jamais entendus.
Ou comment comprendre que cet immense instrumentiste était avant tout un compositeur novateur mettant en œuvre de subtiles polytonalités et des mesures impaires totalement inusitées.
1972. Love, dévotion and surrender.
Un album enregistré avec Carlos Devadip Santana. Les deux guitaristes, tous deux disciples du guru Sri Shinmoy vont s’emparer de deux thèmes de John Coltrane, et nous en donner des versions admirables qui m’émeuvent toujours autant : A love supreme, et Naïma.
Beaucoup d’émotion, donc, à retrouver John McLauglin sur la scène de l’auditorium Patrick Devedjian.
Il arrive le micro à la main, saluant d’emblée la salle, nous disant son émotion de se trouver devant nous : « C’est un miracle d’être là ! ». (Il parle un Français remarquable, résidant depuis longtemps à Monaco.)
A ses côtés, trois musiciens qui ne vont pas l’accompagner mais bel et bien jouer avec lui. La nuance est importante.
Aux drums, le batteur d’origine indienne Ranjit Barot, aux claviers et pour un magistral solo de batterie Gary Husbands, et à la basse cinq cordes Etienne Mbappé.
Premier groove infernal.
Mister Barot envoie une formidable pulsation, qu’il accompagne à la voix au micro, les onomatopées devenant autant de motifs rythmiques, au même titre que ses descentes de fûts ou ses envolées de cymbales.
Etienne Mbappé entre en lice et les deux compères déversent alors un rythme fait de lave magmatique brûlante.
Hélas, et ce sera le seul bémol de ce concert, la prise de son n’est pas à la hauteur.
Une grande confusion règne notamment dans le bas registre, une réverbération trop lourde empêche toute précision de restitution, et nous avons beaucoup de peine à distinguer les subtilités des deux musiciens.
Un très léger mieux arrivera vers le dernier quart du concert.
John McLaughlin entre en lice, et immédiatement, le public de fans inconditionnels reconnaît son style et sa sonorité inimitables.
Sans amplificateur sur scène, passant directement après ses effets par une boîte de direct sur la console FOH, le son cristallin de sa guitare Paul Reed Smith à tige de vibrato procure toujours autant de frissons.
Cet homme est toujours et peut-être plus que jamais le virtuose que l’on sait, qui met cette virtuosité au service d’un lyrisme de tous les instants, d’une vision claire et inspirée de thèmes mélodiques complexes mais d’une incomparable beauté.
Le quatrième compère, Gary Husband ne laisse pas sa part au chat. Que ce soit au piano ou au clavier Norlead, lui aussi nous rappelle qu’il est l’un des grands keyboardistes actuel.
Quelle technique, quelle sensibilité !
De très grands moments nous attendent.
Des morceaux d’une impressionnante fulgurance rythmique, avec une pulsation infernale qui permet au guitariste de tirer de son instrument des fulgurances presque inconcevables et pourtant bien réelles.
Ce sera le cas notamment pour ce titre Kiki, qui commence comme un blues, pour aller vers une fusion merveilleuse.
Un titre dans lequel Mr Barot se déchaînera façon beat box vocale.
Des morceaux presque planants, des ballades oniriques, comme Peace and Happiness to all men, avec des envolées de notes tenues à la sustain qui vous font frissonner de bonheur.
La cohésion, la complicité entre les quatre grands musiciens est totale, une véritable osmose règne en permanence.
J’ai été frappé par la place à la fois large et précise que la patron laisse aux trois autres membre du quatuor.
Seule la formidable qualité des compositions permet ces échanges et cette complémentarité de tous les instants.
Ici, règne en permanence une impression de liberté rendue possible par les structures mélodiques et rythmiques, moins complexes que par le passé, certes, mais toujours aussi passionnantes et inspirées.
Les moments de solo de chacun nous laisseront souvent bouche bée, un chase guitare-clavier sera des plus enthousiasmants, une composition dédiée à Paco de Lucia nous bouleversera, et le duo de batteurs (Gary Husband ayant troqué ses touches noires et blanches pour deux baguettes), ce duo aura quelque chose d’hallucinant.
Tous, nous aurons l’impression d’avoir vécu un moment rare.
Il se murmure ici et là que cette tournée de John McLaughlin serait sa toute dernière.
Je ne veux évidemment pas le croire.
Quoi qu’il en soit, tous ceux qui sortaient hier de la Seine musicale semblaient n’avoir comme moi qu’une seule pensée en tête : « moi, j’y étais, à ce concert mémorable ! »
Virevoltant, Drolatique, Terrible.
Tartuffe fut joué devant Louis XIV en mai 1664 et interdit immédiatement, trop caustique envers le clergé. Molière écrivit une version plus légère et drolatique en 1669.
Orgon riche bourgeois recueille en accord avec sa mère Madame Pernelle, Tartuffe soi-disant homme d’église. Mais celui-ci n’est qu’un misérable imposteur qui séduit son épouse et s’accapare de ses biens.
Bravo, Jean Bellorini nous enchante toute à son habitude. Suite à l’invitation du Teatro Stabile, il choisit de mettre en scène Le Tartuffe de Molière en italien avec de fabuleux comédiens de la troupe de ce dit théâtre.
La tonalité, la vivacité de la langue italienne ainsi que la gestuelle des comédiens amplifient la joyeuseté de la pièce en n’effaçant nullement le tragique de la venue de ce personnage hypocrite et profiteur qui va bouleverser un temps cette famille. La musique de cette langue donne une grande ampleur au caractère des différents protagonistes.
Dans la pénombre, un appartement bourgeois d’année 60, côté jardin une méridienne dans laquelle se repose Cléante, à ses coté appuyée contre le mur du fond une immense croix sur laquelle vient s’installer un saint homme vêtu d’une cape orangée, torse nu, pantalon moulant et lunette noire, côté cour une cuisine un peu vétuste, au centre du plateau une grande table.
© Ivan Nocera
La lumière fuse, dans de jolis costumes des années 60, créés par Macha Makeïeff la famille un peu agitée prend possession de l’espace. Madame Pernelle en chaise roulante, remet de l’ordre auprés de sa belle fille et ses petits-enfants leur demandant de respecter Tartuffe et d’être moins mondains…
Il Tartuffo est à l’image des comédies italiennes. On fabrique des pâtes, on s’asperge de farine, on se fait un café, ça sent la tomate et l’origan...
La lumière varie au rythme des saynètes qui s’enchainent avec aisance et dynamisme.
Par intermède, des chansons de variétés italiennes se font entendre, c’est joyeux.
Les personnages sont pittoresques, ils virevoltent de la cuisine au salon, calquent les portes, se posent et discutent entre eux.
© Ivan Nocera
Tartuffe ‘ Federico Vanni’ rondelet, effronté nous amuse avec ses ronds de jambe, il se goinfre de spaghetti, c’est un personnage poussé à son extrême dans sa perfidie. Il nous ravit par la justesse de son jeu.
Dorine ‘Angela De Matteo’ s’affaire dans sa cuisine entre l’ail, les tomates et les spaghettis en chantonnant tout en n’ayant point peur de ses mots envers Orgon, elle est pétulante et chaleureuse, elle nous séduit.
Cléante ‘Ruggero Dondi’ perdu dans son monde, traverse les airs dans une pantomime étourdissante pour venir en aide à la jeunesse, sa gestuelle est époustouflante.
Madame Pernelle ‘Betti Pedrazzi’ cette pieuse dévote autoritaire, nous régale par ses prouesses en chaise roulante tout en fulminant contre les siens, c’est assez cocasse.
Orgon posé et élégant père de famille ‘Angela De Matteo’ , obsédé par Tartuffe à l’extrême, devient abasourdi par la découverte de sa naïveté et de sa crédulité envers cet homme qu’il vénérait. Il nous émeut.
Elmire ‘Teresa Saponangelo’ nous enchante et nous amuse en essayant d’ensorceler Tartuffe.
Flipote/Un exempt ‘Daria D’Antonio’, Marianne ‘Francesca De Nicolais’, M. Loyal ‘Luca Iervolino’, Damis ‘Giampiero Schiano ‘, Valère ‘Jules Garreau’ nous entrainent avec brio et mordant dans cette aventure.
La troupe du Teatro di Napoli - Teatro Nazionale est grandement investie et nous réjouit
Un Tartuffe plein de vitalité, de gaieté où les personnages transpercent le quatrième mur avec grand brio, un bouillonnant spectacle enchanteur.
Tartuffe fut joué devant Louis XIV en mai 1664 et interdit immédiatement, trop caustique envers le clergé. Molière écrivit une version plus légère et drolatique en 1669.
Orgon riche bourgeois recueille en accord avec sa mère Madame Pernelle, Tartuffe soi-disant homme d’église. Mais celui-ci n’est qu’un misérable imposteur qui séduit son épouse et s’accapare de ses biens.
Bravo, Jean Bellorini nous enchante toute à son habitude. Suite à l’invitation du Teatro Stabile, il choisit de mettre en scène Le Tartuffe de Molière en italien avec de fabuleux comédiens de la troupe de ce dit théâtre.
La tonalité, la vivacité de la langue italienne ainsi que la gestuelle des comédiens amplifient la joyeuseté de la pièce en n’effaçant nullement le tragique de la venue de ce personnage hypocrite et profiteur qui va bouleverser un temps cette famille. La musique de cette langue donne une grande ampleur au caractère des différents protagonistes.
Dans la pénombre, un appartement bourgeois d’année 60, côté jardin une méridienne dans laquelle se repose Cléante, à ses coté appuyée contre le mur du fond une immense croix sur laquelle vient s’installer un saint homme vêtu d’une cape orangée, torse nu, pantalon moulant et lunette noire, côté cour une cuisine un peu vétuste, au centre du plateau une grande table.
© Ivan Nocera
La lumière fuse, dans de jolis costumes des années 60, créés par Macha Makeïeff la famille un peu agitée prend possession de l’espace. Madame Pernelle en chaise roulante, remet de l’ordre auprés de sa belle fille et ses petits-enfants leur demandant de respecter Tartuffe et d’être moins mondains…
Il Tartuffo est à l’image des comédies italiennes. On fabrique des pâtes, on s’asperge de farine, on se fait un café, ça sent la tomate et l’origan...
La lumière varie au rythme des saynètes qui s’enchainent avec aisance et dynamisme.
Par intermède, des chansons de variétés italiennes se font entendre, c’est joyeux.
Les personnages sont pittoresques, ils virevoltent de la cuisine au salon, calquent les portes, se posent et discutent entre eux.
© Ivan Nocera
Tartuffe ‘ Federico Vanni’ rondelet, effronté nous amuse avec ses ronds de jambe, il se goinfre de spaghetti, c’est un personnage poussé à son extrême dans sa perfidie. Il nous ravit par la justesse de son jeu.
Dorine ‘Angela De Matteo’ s’affaire dans sa cuisine entre l’ail, les tomates et les spaghettis en chantonnant tout en n’ayant point peur de ses mots envers Orgon, elle est pétulante et chaleureuse, elle nous séduit.
Cléante ‘Ruggero Dondi’ perdu dans son monde, traverse les airs dans une pantomime étourdissante pour venir en aide à la jeunesse, sa gestuelle est époustouflante.
Madame Pernelle ‘Betti Pedrazzi’ cette pieuse dévote autoritaire, nous régale par ses prouesses en chaise roulante tout en fulminant contre les siens, c’est assez cocasse.
Orgon posé et élégant père de famille ‘Angela De Matteo’ , obsédé par Tartuffe à l’extrême, devient abasourdi par la découverte de sa naïveté et de sa crédulité envers cet homme qu’il vénérait. Il nous émeut.
Elmire ‘Teresa Saponangelo’ nous enchante et nous amuse en essayant d’ensorceler Tartuffe.
Flipote/Un exempt ‘Daria D’Antonio’, Marianne ‘Francesca De Nicolais’, M. Loyal ‘Luca Iervolino’, Damis ‘Giampiero Schiano ‘, Valère ‘Jules Garreau’ nous entrainent avec brio et mordant dans cette aventure.
La troupe du Teatro di Napoli - Teatro Nazionale est grandement investie et nous réjouit
Un Tartuffe plein de vitalité, de gaieté où les personnages transpercent le quatrième mur avec grand brio, un bouillonnant spectacle enchanteur.
Éloquent, Captivant, Chamboulant.
Le 1er décembre 1944 à Thiaroye (Sénégal) des tirailleurs sénégalais, anciens prisonniers de guerre qui manifestaient pour le paiement de leurs indemnités, ont été tués par des troupes coloniales et des gendarmes français.
Alice Carré après avoir consultée maintes archives et rencontrée d’anciens combattants congolais, nous conte l’histoire de ces hommes originaires d'Oubangui-Chari, de Brazzaville, de Libreville ou de Porto Novo...ayant combattus en France contre le nazisme.
Mêlant fiction et documentaires, le texte d’Alice Carré est percutant et éloquent.
Cette tragédie n’est pas suffisamment connue et devrait être enseignée plus assidument dans nos écoles. Cela limiterait peut-être les violences contre l’immigration de ces peuples qui ont lutté pour la France ainsi que le racisme envers les enfants et petits-enfants de ces hommes.
A travers le parcours de deux jeunes filles Melika et Luz, nous découvrons les replis cachés de cet épisode africain dont nous ne sommes point fiers.
Melika d’origine congolaise désire approfondir ses racines et connaitre la vie, les motivations et les actions de son grand-père engagé volontaire au côté de la France en 39-45. (Inspiré de l’histoire d’Antoine Abibou)
« Antoine Abibou est rescapé du massacre de Thiaroye Arrêté comme meneur à qui on reprochait cette soi-disant "rébellion"), Antoine Abibou fut condamné à dix ans d’emprisonnement et finalement amnistié au bout de deux ans, suite à la mobilisation de politiques comme le député Gaston Monerville. Une histoire taboue, longtemps recouverte d’une chape de plomb. Par la France. Et aussi dans la famille Abibou. »
Luz découvre lors d’un voyage de recherche à Brazzaville, capitale de la France libre, l’implication de son grand-père dans cette tragédie. Grand-père que sa mère bannit et dont elle refuse de lui parler.
Les générations ainsi que le parcours de ces deux grands pères se croisent. Les secrets se dévoilent et les âmes s’apaisent.
© J. Lévy
La scénographie de Charlotte Gauthier Van-Tour est sobre, symbolique, élégante, et astucieuse. De grands panneaux tendus de toiles ressemblant à des parchemins invitent notre imaginaire à voyager dans le temps, permettent l'apparition d'ombres chinoises et créent différents espaces de jeux.
La mise en scène d’Alice Carré est dynamique et bien orchestrée.
Les costumes d’Anaïs Heureaux et la création sonore de Pidj – Pierre Jean Rigal nous évoquent les lieux et les époques traversés.
Les lumières de Mariam Rency nous acheminent d’une scénette à l’autre avec délicatesse.
Loup Balthazar, Eliott Lerner, Josué Ndofusu, Basile Yawanke interprètent avec talent plusieurs rôles et glissent avec aisance de l’un à l’autre.
Claire Boust incarne Luz avec conviction et justesse, elle nous ravie et nous émeut.
Kaïnana Ramadani « Melika » pleine charme, nous entraine avec brio dans cette quête et nous ravit.
Bravo à tous
Le 1er décembre 1944 à Thiaroye (Sénégal) des tirailleurs sénégalais, anciens prisonniers de guerre qui manifestaient pour le paiement de leurs indemnités, ont été tués par des troupes coloniales et des gendarmes français.
Alice Carré après avoir consultée maintes archives et rencontrée d’anciens combattants congolais, nous conte l’histoire de ces hommes originaires d'Oubangui-Chari, de Brazzaville, de Libreville ou de Porto Novo...ayant combattus en France contre le nazisme.
Mêlant fiction et documentaires, le texte d’Alice Carré est percutant et éloquent.
Cette tragédie n’est pas suffisamment connue et devrait être enseignée plus assidument dans nos écoles. Cela limiterait peut-être les violences contre l’immigration de ces peuples qui ont lutté pour la France ainsi que le racisme envers les enfants et petits-enfants de ces hommes.
A travers le parcours de deux jeunes filles Melika et Luz, nous découvrons les replis cachés de cet épisode africain dont nous ne sommes point fiers.
Melika d’origine congolaise désire approfondir ses racines et connaitre la vie, les motivations et les actions de son grand-père engagé volontaire au côté de la France en 39-45. (Inspiré de l’histoire d’Antoine Abibou)
« Antoine Abibou est rescapé du massacre de Thiaroye Arrêté comme meneur à qui on reprochait cette soi-disant "rébellion"), Antoine Abibou fut condamné à dix ans d’emprisonnement et finalement amnistié au bout de deux ans, suite à la mobilisation de politiques comme le député Gaston Monerville. Une histoire taboue, longtemps recouverte d’une chape de plomb. Par la France. Et aussi dans la famille Abibou. »
Luz découvre lors d’un voyage de recherche à Brazzaville, capitale de la France libre, l’implication de son grand-père dans cette tragédie. Grand-père que sa mère bannit et dont elle refuse de lui parler.
Les générations ainsi que le parcours de ces deux grands pères se croisent. Les secrets se dévoilent et les âmes s’apaisent.
© J. Lévy
La scénographie de Charlotte Gauthier Van-Tour est sobre, symbolique, élégante, et astucieuse. De grands panneaux tendus de toiles ressemblant à des parchemins invitent notre imaginaire à voyager dans le temps, permettent l'apparition d'ombres chinoises et créent différents espaces de jeux.
La mise en scène d’Alice Carré est dynamique et bien orchestrée.
Les costumes d’Anaïs Heureaux et la création sonore de Pidj – Pierre Jean Rigal nous évoquent les lieux et les époques traversés.
Les lumières de Mariam Rency nous acheminent d’une scénette à l’autre avec délicatesse.
Loup Balthazar, Eliott Lerner, Josué Ndofusu, Basile Yawanke interprètent avec talent plusieurs rôles et glissent avec aisance de l’un à l’autre.
Claire Boust incarne Luz avec conviction et justesse, elle nous ravie et nous émeut.
Kaïnana Ramadani « Melika » pleine charme, nous entraine avec brio dans cette quête et nous ravit.
Bravo à tous