Critiques pour l'événement Ithaque
Sous les figures mythiques Ulysse, Pénélope et Calipso ; Christine Jatahy va évoquer la guerre et l’exil.
La mise en scène est un véritable diptyque. Où est la réalité, où est la fiction ?
*Deux espaces scéniques
La scène en bi frontal est divisée par un grand rideau opaque.
D’un côté Pénélope et ses prétendants, de l’autre Ulysse et Calypso.
*Deux personnages pour chacun des comédiens.
Les 3 comédiennes brésiliennes interprètent Pénélope puis traversant le rideau opaque, elles se transfigurent en Calypso.
Il en est de même pour les 3 comédiens francophones qui d’Ulysse deviennent les prétendants de Pénélope de l’autre côté du rideau.
*Deux origines :
3 comédiennes brésiliennes, 3 comédiens francophones.
La musique de Mara Bethania et de Jeanne Moreau.
Texte en français et en portugais.
Des deux côtés du rideau, les comédiens nous convient à la fêter en nous offrant à boire et à grignoter. *«On ne se connaît pas, venez, tous les étrangers sont les bienvenus ici !»
Mais nous ne sommes pas au Brésil et ici en France le public reste sage, observe mais ne participe que très peu.
C’est un théâtre d’ambiance, les mots sont rares. Quelques échanges entre Pénélope et ses prétendants d’un côté et de l’autre entre Ulysse et Calypso. Rires, Larmes, Danses, Affrontements…
En finale, le rideau disparaît. Une vaste scène magnifique s’offre à nos yeux, les éclairages sont subtils. Mais la violence de la guerre arrive, entre les deux rives inondées. La réalité de l’horreur de la guerre est là.
La mise en scène est un véritable diptyque. Où est la réalité, où est la fiction ?
*Deux espaces scéniques
La scène en bi frontal est divisée par un grand rideau opaque.
D’un côté Pénélope et ses prétendants, de l’autre Ulysse et Calypso.
*Deux personnages pour chacun des comédiens.
Les 3 comédiennes brésiliennes interprètent Pénélope puis traversant le rideau opaque, elles se transfigurent en Calypso.
Il en est de même pour les 3 comédiens francophones qui d’Ulysse deviennent les prétendants de Pénélope de l’autre côté du rideau.
*Deux origines :
3 comédiennes brésiliennes, 3 comédiens francophones.
La musique de Mara Bethania et de Jeanne Moreau.
Texte en français et en portugais.
Des deux côtés du rideau, les comédiens nous convient à la fêter en nous offrant à boire et à grignoter. *«On ne se connaît pas, venez, tous les étrangers sont les bienvenus ici !»
Mais nous ne sommes pas au Brésil et ici en France le public reste sage, observe mais ne participe que très peu.
C’est un théâtre d’ambiance, les mots sont rares. Quelques échanges entre Pénélope et ses prétendants d’un côté et de l’autre entre Ulysse et Calypso. Rires, Larmes, Danses, Affrontements…
En finale, le rideau disparaît. Une vaste scène magnifique s’offre à nos yeux, les éclairages sont subtils. Mais la violence de la guerre arrive, entre les deux rives inondées. La réalité de l’horreur de la guerre est là.
Un bel exemple de ce qui se fait de plus élitiste et de plus excluant au théâtre.
J'ai lu de-ci, de-là, de magnifiques critiques de spectateurs ayant su saisir le propos tellement actuel des migrants, de la difficulté de l'exil, blablabla...
Le fait est que l'on ne nous raconte rien et mais tant mieux si l'on est assez inspiré pour lire le sous-texte...
La scénographie est par contre époustouflante, ce jeu avec l'eau, omniprésente, montante, oppressante est impressionnante.
Mention aux comédiens, qui, s'ils n'ont rien à dire, on le mérite d'incarner leur personnage dans des conditions qui ne doivent pas facile.
Mais un tel budget pour un naufrage, c'est quand même dommage.
J'ai lu de-ci, de-là, de magnifiques critiques de spectateurs ayant su saisir le propos tellement actuel des migrants, de la difficulté de l'exil, blablabla...
Le fait est que l'on ne nous raconte rien et mais tant mieux si l'on est assez inspiré pour lire le sous-texte...
La scénographie est par contre époustouflante, ce jeu avec l'eau, omniprésente, montante, oppressante est impressionnante.
Mention aux comédiens, qui, s'ils n'ont rien à dire, on le mérite d'incarner leur personnage dans des conditions qui ne doivent pas facile.
Mais un tel budget pour un naufrage, c'est quand même dommage.
Je voulais découvrir la vision d’Ithaque selon Christelle Jatahy sans lire de synopsis. Etre totalement neutre et rentrer dans ce monde inconnu pour ma part de C. Jatahy
Ithaque, ithaque, ithaque.... cela faisait bien longtemps qu’une pièce ne m’avait pas laissé aussi perplexe...
Tout commence par l’entrée dans la salle. Nous sommes conduis dans le fond du théâtre où les comédiens nous attendent nous proposant des chips, des cacahuètes, de l’eau...
Première réflexion : c’est la générale, en mode détente ? Cela fait il partie de la pièce ? Avec du recul, je me suis rendue compte qu’outre le fait que cela fasse partie de la pièce, ce fut aussi un moyen de capter notre attention, de rentrer dans ce "monde" et également de rendre plus subtile la séparation du public en deux « assemblée » même si, on s'en rend compte assez vite.
Celui qui est en face de moi, a t-il droit aux mêmes dialogues?
Assise au premier rang, milieu de scène, je ne rate rien de la vision d’Ulysse dans cette première partie. Nous sommes ensuite gentiment conduits vers la seconde partie du théâtre pour avoir la vision de Pénélope. Puis c’est la délivrance, la réunion... nous ne faisons plus qu’un... un public.
Christine jatahy nous livre une vision bien particulière du retour d’Ulysse chez lui. Elle fait le lien avec notre société d’aujourd’hui où la question de la migration, de l’exil est devenu un enjeu social. Sa proposition met surtout l’accent sur la mise en scène, que j’ai trouvé au demeurant très réfléchie, intelligente et originale.
Assise au premier rang, du bon côté si je puis dire, j’ai été épargnée par la montée des eaux... En revanche, pour ce qui est du texte, ce fut une vrai plongée, en partie en apnée, difficile de suivre entièrement sa réflexion, ce parti pris.
Les 20 dernières minutes avec la présence de la caméra ont cassé le rythme de la pièce. J’ai trouvé les déplacements « brouillons ». Je vous avouerai que finir par ces scènes, mon esprit a eu du mal à tout mettre dans l’ordre.
Pas aimé, pas détesté, cet « Ithaque » ne sera pas classé dans ma liste des chefs-d’œuvre de l’année.
Ithaque, ithaque, ithaque.... cela faisait bien longtemps qu’une pièce ne m’avait pas laissé aussi perplexe...
Tout commence par l’entrée dans la salle. Nous sommes conduis dans le fond du théâtre où les comédiens nous attendent nous proposant des chips, des cacahuètes, de l’eau...
Première réflexion : c’est la générale, en mode détente ? Cela fait il partie de la pièce ? Avec du recul, je me suis rendue compte qu’outre le fait que cela fasse partie de la pièce, ce fut aussi un moyen de capter notre attention, de rentrer dans ce "monde" et également de rendre plus subtile la séparation du public en deux « assemblée » même si, on s'en rend compte assez vite.
Celui qui est en face de moi, a t-il droit aux mêmes dialogues?
Assise au premier rang, milieu de scène, je ne rate rien de la vision d’Ulysse dans cette première partie. Nous sommes ensuite gentiment conduits vers la seconde partie du théâtre pour avoir la vision de Pénélope. Puis c’est la délivrance, la réunion... nous ne faisons plus qu’un... un public.
Christine jatahy nous livre une vision bien particulière du retour d’Ulysse chez lui. Elle fait le lien avec notre société d’aujourd’hui où la question de la migration, de l’exil est devenu un enjeu social. Sa proposition met surtout l’accent sur la mise en scène, que j’ai trouvé au demeurant très réfléchie, intelligente et originale.
Assise au premier rang, du bon côté si je puis dire, j’ai été épargnée par la montée des eaux... En revanche, pour ce qui est du texte, ce fut une vrai plongée, en partie en apnée, difficile de suivre entièrement sa réflexion, ce parti pris.
Les 20 dernières minutes avec la présence de la caméra ont cassé le rythme de la pièce. J’ai trouvé les déplacements « brouillons ». Je vous avouerai que finir par ces scènes, mon esprit a eu du mal à tout mettre dans l’ordre.
Pas aimé, pas détesté, cet « Ithaque » ne sera pas classé dans ma liste des chefs-d’œuvre de l’année.
Très sincèrement je dois reconnaitre qu'Ithaque fut (et restera probablement pour de nombreuses années) ma pire expérience théâtrale ...
Je ne sais même pas par où commencer cet avis au vu de cette pièce qui n'a absolument aucun sens, dans laquelle des acteurs déambulent, se dénudent, se trainent dans l'eau au plus grand désarroi du public...
Une pièce réservée à un public "très élitiste" !
Je ne sais même pas par où commencer cet avis au vu de cette pièce qui n'a absolument aucun sens, dans laquelle des acteurs déambulent, se dénudent, se trainent dans l'eau au plus grand désarroi du public...
Une pièce réservée à un public "très élitiste" !
Il m’est arrivé trois fois dans ma vie de spectatrice d’être submergée par l’émotion à en pleurer. « Ithaque » est cette 3ème fois. La raison précise de mon amour pour le théâtre tient en cela : connaître de temps à autre une émotion tirée du tréfond de soi qui vient d’on ne sait où et sort on ne sait quand.
Mais reprenons : « Ithaque », tiré de l’Odyssée d’Homère, relate l’épisode où Pénélope attend son époux Ulysse, parti depuis si longtemps que les prétendants se présentent à elle pour le remplacer sur le trône. Adapté par la metteure en scène brésilienne Christiane Jatahy aux ateliers Berthier de l’Odéon, la pièce est une expérience en soi. C’est une expérience dont l’objet est la représentation théâtrale, du théâtre immersif avec une prise de risque et de gros moyens.
Ainsi, une troupe de six jeunes acteurs, presque rocks, nous accueille et nous fait face, trinquant à « l’amour, à la fête et au futur » à coups de verre d’eau. Installés en bi-frontal et séparés par un rideau de fer, les spectateurs se retrouvent soit à Ithaque auprès de Pénélope (ou auprès des Pénélopes car elles sont trois femmes d’origine brésilienne à l’incarner) soit chez Calypsos avec « les 3 Ulysses » français. On nous offre des chips, on danse, on pleure, on boit, on dialogue. Au bout d’une petit heure nous changeons de côté pour voir l’histoire de l’autre point de vue avant que le rideau de fer ne tombe, annonçant le début de la troisième partie.
Certes, le texte n’est pas toujours très profond et les parties une et deux un peu brouillonnes et lentes mais la 3ème partie sonne le glas d’une vision qui m’a bouleversée. Car ce que nous présente Christiane Jatahy, c’est une mythologie dépouillée de sa gloire et de son éternité symbolique.
J’avais détesté son adaptation de « la Règle du jeu » de Renoir à la Comédie Française mais j’ai été happée par cette vision si actuelle d’Ithaque dans le prisme des migrants. Car cette lecture n’a de sens que pour parler du présent. Christiane Jatahy tient quelque chose dans cette mise en scène, elle touche l’intemporel par l’anachronisme. Ulysse devient le migrant tentant de traverser la mortelle Méditerranée, il est l’exilé d’aujourd’hui : « je garde la clé d’une maison qui peut-être n’existe plus » déclare le très bon Matthieu Sampeur, voix d’Ulysse. Exil, patrie, guerre, drame… J’ai compris dans un éclair de lucidité que l’évocation de l’Antique ne tenait malheureusement pas ici que du ressort dramaturgique.
Car les vraies Odyssées sont celles des migrants d’aujourd’hui. L’eau qui monte au fur et à mesure sur le plateau c’est notre humanité qui sombre. La disposition en bi-frontale dit aussi cela : toi qui est là, voyeur d’une fin de soirée triste et misérable, que fais-tu une fois quitté le navire du théâtre ? Prends-tu un seau pour écoper toute cette eau ? Ou rentres-tu chez toi pour te mettre les pieds au sec ? Se voir face à face, lumière allumée, en miroir d’autres hommes assis comme moi, intrus léthargiques d’une tragédie en cours, m’a saisi de l’intérieur.
Il faut dire que les images sont dures : le système de vidéo filmée en direct par les acteurs sur scène, braquée comme une arme, montre dans des cadres très resserrés les visages des acteurs. Défilent alors des images de souffrance, des corps maltraités par l’eau, des femmes trainées comme des torches humaines… On pense à Lampedusa. Nous sommes piégés dans un aquarium théâtral, jugés par la metteure en scène pour notre inaction inaudible.
Le rideau de fer a d’ailleurs le même effet strident que dans le Hamlet de Ostermeier. Ce rideau permet la projection d’image et des effets de bruits et de mouvements. Faut-il y voir la symbolique de la tapisserie de Pénélope ou cet élément est-il complètement passé à la trappe, trop obsolète pour cette mise en scène ? Je ne saurais dire…
Je n’ai certainement pas saisi des éléments de culture brésilienne distillés ça et là, j’ai peut-être investi dans cette mise en scène beaucoup de ma propre vision du monde. Ce que j’ai vu est peut-être partiel, surinterprété… Mais toujours est-il que j’ai pris une claque, une claque dans ma vie de citoyenne du 21ème siècle. Moi qui croyais sagement venir faire ma catharsis au théâtre, j’ai vu et j’ai été bouleversée de ressentir.
Merci !
Mais reprenons : « Ithaque », tiré de l’Odyssée d’Homère, relate l’épisode où Pénélope attend son époux Ulysse, parti depuis si longtemps que les prétendants se présentent à elle pour le remplacer sur le trône. Adapté par la metteure en scène brésilienne Christiane Jatahy aux ateliers Berthier de l’Odéon, la pièce est une expérience en soi. C’est une expérience dont l’objet est la représentation théâtrale, du théâtre immersif avec une prise de risque et de gros moyens.
Ainsi, une troupe de six jeunes acteurs, presque rocks, nous accueille et nous fait face, trinquant à « l’amour, à la fête et au futur » à coups de verre d’eau. Installés en bi-frontal et séparés par un rideau de fer, les spectateurs se retrouvent soit à Ithaque auprès de Pénélope (ou auprès des Pénélopes car elles sont trois femmes d’origine brésilienne à l’incarner) soit chez Calypsos avec « les 3 Ulysses » français. On nous offre des chips, on danse, on pleure, on boit, on dialogue. Au bout d’une petit heure nous changeons de côté pour voir l’histoire de l’autre point de vue avant que le rideau de fer ne tombe, annonçant le début de la troisième partie.
Certes, le texte n’est pas toujours très profond et les parties une et deux un peu brouillonnes et lentes mais la 3ème partie sonne le glas d’une vision qui m’a bouleversée. Car ce que nous présente Christiane Jatahy, c’est une mythologie dépouillée de sa gloire et de son éternité symbolique.
J’avais détesté son adaptation de « la Règle du jeu » de Renoir à la Comédie Française mais j’ai été happée par cette vision si actuelle d’Ithaque dans le prisme des migrants. Car cette lecture n’a de sens que pour parler du présent. Christiane Jatahy tient quelque chose dans cette mise en scène, elle touche l’intemporel par l’anachronisme. Ulysse devient le migrant tentant de traverser la mortelle Méditerranée, il est l’exilé d’aujourd’hui : « je garde la clé d’une maison qui peut-être n’existe plus » déclare le très bon Matthieu Sampeur, voix d’Ulysse. Exil, patrie, guerre, drame… J’ai compris dans un éclair de lucidité que l’évocation de l’Antique ne tenait malheureusement pas ici que du ressort dramaturgique.
Car les vraies Odyssées sont celles des migrants d’aujourd’hui. L’eau qui monte au fur et à mesure sur le plateau c’est notre humanité qui sombre. La disposition en bi-frontale dit aussi cela : toi qui est là, voyeur d’une fin de soirée triste et misérable, que fais-tu une fois quitté le navire du théâtre ? Prends-tu un seau pour écoper toute cette eau ? Ou rentres-tu chez toi pour te mettre les pieds au sec ? Se voir face à face, lumière allumée, en miroir d’autres hommes assis comme moi, intrus léthargiques d’une tragédie en cours, m’a saisi de l’intérieur.
Il faut dire que les images sont dures : le système de vidéo filmée en direct par les acteurs sur scène, braquée comme une arme, montre dans des cadres très resserrés les visages des acteurs. Défilent alors des images de souffrance, des corps maltraités par l’eau, des femmes trainées comme des torches humaines… On pense à Lampedusa. Nous sommes piégés dans un aquarium théâtral, jugés par la metteure en scène pour notre inaction inaudible.
Le rideau de fer a d’ailleurs le même effet strident que dans le Hamlet de Ostermeier. Ce rideau permet la projection d’image et des effets de bruits et de mouvements. Faut-il y voir la symbolique de la tapisserie de Pénélope ou cet élément est-il complètement passé à la trappe, trop obsolète pour cette mise en scène ? Je ne saurais dire…
Je n’ai certainement pas saisi des éléments de culture brésilienne distillés ça et là, j’ai peut-être investi dans cette mise en scène beaucoup de ma propre vision du monde. Ce que j’ai vu est peut-être partiel, surinterprété… Mais toujours est-il que j’ai pris une claque, une claque dans ma vie de citoyenne du 21ème siècle. Moi qui croyais sagement venir faire ma catharsis au théâtre, j’ai vu et j’ai été bouleversée de ressentir.
Merci !
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Mais que nous prépare Christiane Jatahy ? Elle aime les défis. J’entends parler de placement libre, de deux plateaux, d’échange de places…
Sur scène, on ne voit pas de caméra. Y aurait-il du changement ? Le côté pair s’installe, on entend le côté impair de l’autre côté de la salle… J’ai toujours l’impression de prendre les mauvaises décisions : au lieu de prendre le métro, je préfère prendre le velib alors que je suis déjà en retard, que je vais arriver transpirant et que je ne trouverai pas une borne disponible parce que je n’aurai toujours pas regardé le tuto pour utiliser le câble qui accroche le vélo aux autres bicyclettes… Ici c’est toujours ailleurs que c’est mieux – paye ton Besherelle – on voudrait être de l’autre côté. (d’un côté Ithaque avec Pénélope et ses prétendants, de l’autre vers Ithaque, avec Ulysse et Calypso)
Une fête, on nous parle, il y a des moments d’ennui, où il ne se passe rien, des moments de rien, mais on entend ce qu’il se passe de l’autre côté, on devine aussi qu’on nous parle d’aujourd’hui, pourquoi pas du Brésil.
Dans cette pièce, nous retrouvons les 3 Soeurs qui m’avaient tant ravi dans « What if they went in Moscow », parmi elles Julia Bernat, l’actrice fétiche de Christiane Jatahy, toujours aussi magnifique de naturel. Les prétendants français sont en deça de leurs homologues brésiliennes, même s’ils ne déméritent pas (je me sens comme un petit vieux quand je me dis qu’ils pourraient faire un effort pour élever quelque peu la voix…)
C’est la mi-temps, nous obtempérons, nous attendons notre tour pour rester dans le même ordre (deuxième rang je suis, deuxième rang je serai). On passe de l’autre côté, on repère les chocolats posés sur la table des régisseurs…
Nous sommes toujours à la limite de la vacuité (que j’aime ce mot !) dans l’action pourtant il se produit quelque chose. On entend ce qu’il se passe de l’autre côté, là où nous étions, progressivement tout prend sens. On se prend à se demander : « Mais ce que je vois, ce que j’entends, ils le refont ou c’est une nouvelle pièce ? » On comprend mieux les tenants et les aboutissants : « Mais attends, y avait de l’eau tout à l’heure qui envahissait le plateau ? Où sommes-nous ? »
Parce que tout est identique mais surtout tout est différent. Je ne dévoilerai pas la suite, car c’est la meilleure partie, sauf que tout le monde est investi au niveau du jeu et de la technique et que c’est passionnant.
On imagine et on admire le parcours des comédiens, passant d’une histoire à une autre, gérant les accessoires, la partie filmée. Les histoires, les paroles s’imbriquent, rien n’a été laissé au hasard. On voit le fil qui relie tous les spectacles de Christiane Jatahy, en tout cas ceux qu’on a vus : Julia (découverte de Julia Bernat et du dispositif théâtre/vidéo), What if they went in Moscow (public en bifrontal, voir deux fois la même histoire mais pas la même histoire), A Floresta que anda (performance au milieu du public), La règle du jeu (un vrai petit film, ces moments de fête et de désoeuvrement, Ithaque (tout ça à la fois et bien plus encore).
Mais que va faire Christiane Jatahy ? Continuité, évolution (slogan politique)
Ithaque n’emporte pas immédiatement l’adhésion, mais s’insinue en nous, le temps fait son travail, on aime de plus en plus.
Sur scène, on ne voit pas de caméra. Y aurait-il du changement ? Le côté pair s’installe, on entend le côté impair de l’autre côté de la salle… J’ai toujours l’impression de prendre les mauvaises décisions : au lieu de prendre le métro, je préfère prendre le velib alors que je suis déjà en retard, que je vais arriver transpirant et que je ne trouverai pas une borne disponible parce que je n’aurai toujours pas regardé le tuto pour utiliser le câble qui accroche le vélo aux autres bicyclettes… Ici c’est toujours ailleurs que c’est mieux – paye ton Besherelle – on voudrait être de l’autre côté. (d’un côté Ithaque avec Pénélope et ses prétendants, de l’autre vers Ithaque, avec Ulysse et Calypso)
Une fête, on nous parle, il y a des moments d’ennui, où il ne se passe rien, des moments de rien, mais on entend ce qu’il se passe de l’autre côté, on devine aussi qu’on nous parle d’aujourd’hui, pourquoi pas du Brésil.
Dans cette pièce, nous retrouvons les 3 Soeurs qui m’avaient tant ravi dans « What if they went in Moscow », parmi elles Julia Bernat, l’actrice fétiche de Christiane Jatahy, toujours aussi magnifique de naturel. Les prétendants français sont en deça de leurs homologues brésiliennes, même s’ils ne déméritent pas (je me sens comme un petit vieux quand je me dis qu’ils pourraient faire un effort pour élever quelque peu la voix…)
C’est la mi-temps, nous obtempérons, nous attendons notre tour pour rester dans le même ordre (deuxième rang je suis, deuxième rang je serai). On passe de l’autre côté, on repère les chocolats posés sur la table des régisseurs…
Nous sommes toujours à la limite de la vacuité (que j’aime ce mot !) dans l’action pourtant il se produit quelque chose. On entend ce qu’il se passe de l’autre côté, là où nous étions, progressivement tout prend sens. On se prend à se demander : « Mais ce que je vois, ce que j’entends, ils le refont ou c’est une nouvelle pièce ? » On comprend mieux les tenants et les aboutissants : « Mais attends, y avait de l’eau tout à l’heure qui envahissait le plateau ? Où sommes-nous ? »
Parce que tout est identique mais surtout tout est différent. Je ne dévoilerai pas la suite, car c’est la meilleure partie, sauf que tout le monde est investi au niveau du jeu et de la technique et que c’est passionnant.
On imagine et on admire le parcours des comédiens, passant d’une histoire à une autre, gérant les accessoires, la partie filmée. Les histoires, les paroles s’imbriquent, rien n’a été laissé au hasard. On voit le fil qui relie tous les spectacles de Christiane Jatahy, en tout cas ceux qu’on a vus : Julia (découverte de Julia Bernat et du dispositif théâtre/vidéo), What if they went in Moscow (public en bifrontal, voir deux fois la même histoire mais pas la même histoire), A Floresta que anda (performance au milieu du public), La règle du jeu (un vrai petit film, ces moments de fête et de désoeuvrement, Ithaque (tout ça à la fois et bien plus encore).
Mais que va faire Christiane Jatahy ? Continuité, évolution (slogan politique)
Ithaque n’emporte pas immédiatement l’adhésion, mais s’insinue en nous, le temps fait son travail, on aime de plus en plus.
J’ai découvert Christian Jatahy dans sa première mise en scène à la Comédie-Française. C’est peut-être grâce à ça que j’ai pu apprécier pleinement le spectacle, ce soir. Parce que, quelque part, je savais que j’allais voir quelque chose de très spécial, quelque chose qui sortait de mes habitudes théâtrales. Mais connaissant déjà un peu son travail, je savais aussi que je pouvais faire confiance. Face à ce spectacle déroutant, mon passé avec la metteuse en scène m’a ainsi permis de lâcher prise et de vivre à nouveau une expérience forte, unique, extraordinaire.
Chers puristes, lâchez vos armes. Reconnaissez à Christiane Jatahy que, contrairement à d’autres, elle ne reprend pas simplement un titre en ajoutant un « d’après » qui lui confère tous les droits. Honnête jusqu’au bout, le titre était clair : Ithaque, notre Odyssée. Notre Odyssée. Peu d’Homère dans ce spectacle, prétexte aux premières parties qui verront s’opposer d’une part Calypsos et Ulysse, la veille du départ de ce dernier, et de l’autre Pénélope et ses prétendants, les affrontant vaillamment un à un dans l’éternelle attente du retour de son époux. Deux points de vue présentés sur une scène bifrontale séparée en deux, chaque histoire étant proposée à une partie du public à la fois – ce dernier étant invité à changer de place au tiers du spectacle.
Ô désagréable impression ! Moi qui ai toujours prôné un théâtre de texte, voilà que je me retrouve devant une scène presque vide textuellement et bien obligée de me rendre à l’évidence : je ne m’y ennuie pas. Les peu de mots qui sont jetés, crachés – car tout ici est nécessaire et douloureux – évoquent mon quotidien de manière brutale, et peu à peu prennent une grandeur inattendue pour révéler le monde. Au-delà des mots, Jatahy parvient à nous saisir en créant une atmosphère, un monde en mutation où quelque chose se passe constamment et qui répète, inlassablement, la grande tragédie des hommes.
Ce n’est que mon 2e spectacle de la metteuse en scène mais j’ai l’impression que sa patte y est perceptible. Déjà dans La Règle du Jeu, la caméra était utilisée de manière agressive, arrivant pour la première fois sur scène avec beaucoup de violence. Ici, on franchit une nouvelle barrière. Cette fois, la caméra est une arme et se confond parfois, tant symboliquement que matériellement, avec un véritable fusil.
De plus, j’ai parlé à l’instant du texte, qui ne semble pas représenter chez Jatahy la sève de son travail. Le texte, peut-être pas. Les mots, en revanche, continuent d’avoir une grande importance. S’ils ne passent pas par des partitions importantes chez les comédiens, ils sont quand même très présents à travers les musiques diffusées tout au long du spectacle. Comment ne pas avoir le coeur serré en écoutant Barbara entonner les premières notes de Dis, quand reviendras-tu ? On sent – peut-être est-ce dû à son point de vue de brésilienne en France ? – que les sonorités l’interpellent au moins autant que le sens des mots. Et quel bonheur pour d’entendre tantôt ce français que je comprends, tantôt ce brésilien que je chérie. L’alternance des langues est encore une belle réussite, et l’utilisation du portugais, si chanté, lors de scènes de crises a quelque chose de désorientant.
Mon mot pour les comédiens sera rapide, mais il n’en sera pas moins admiratif : un grand bravo s’impose. Pour parvenir à nous maintenir ainsi fascinés par une action à peine perceptible, il faut une sacrée aura. Possédés par leur rôle, ils se donnent corps et âme et ne se contentent pas de figurer la violence : ils la vivent devant nous, spectateurs impuissants.
La grande réussite de ce spectacle réside dans une scénographie hors du commun. D’une beauté et d’une intelligence impressionnantes, et qui déploiera peu à peu toute sa puissance évocatrice, c’est bien cette occupation particulière de l’espace qui donne une âme à ce spectacle. Tout ce qui, au début, pouvait étonner, fait sens petit à petit, et même le changement de place questionne la docilité du spectateur face à cet élément perturbateur.
Et l’eau. L’eau qui monte et qu’on n’avait pas forcément vue venir. L’eau qui sépare les époux tout d’abord, l’eau qui empêche de retrouver son foyer, l’eau qui crée ces deux rives de spectateurs aux points de vue différents. L’eau qui me menace, moi qui suis au premier rang, et me rend si vulnérable. L’eau dans laquelle les corps évoqueront une détestable actualité. L’eau dans laquelle se traînent les personnages, noyés, poussés, entraînés, et loin de laquelle on voudrait s’enfuir.
En définitive : quelle soirée ! Je serai passée par de nombreux états. Au sortir, ma curiosité reste entière : sur ce que j’ai vu, sur ce qui viendra après. Voilà un spectacle qui gagne à la revoyure, car Jatahy a l’art de disséminer des clés partout sur sa scène, et qui ne sont pas forcément accessibles tout de suite. Et je pourrai allonger et allonger encore cette critique, tant ce spectacle a soulevé de réflexions en moi, autant sur les sujets qu’il évoque que sur mon rapport au théâtre. J’avais dit qu’il y aurait un avant et un après La Règle du Jeu : je suis bien dans l’après. Et heureuse d’y être.
Chers puristes, lâchez vos armes. Reconnaissez à Christiane Jatahy que, contrairement à d’autres, elle ne reprend pas simplement un titre en ajoutant un « d’après » qui lui confère tous les droits. Honnête jusqu’au bout, le titre était clair : Ithaque, notre Odyssée. Notre Odyssée. Peu d’Homère dans ce spectacle, prétexte aux premières parties qui verront s’opposer d’une part Calypsos et Ulysse, la veille du départ de ce dernier, et de l’autre Pénélope et ses prétendants, les affrontant vaillamment un à un dans l’éternelle attente du retour de son époux. Deux points de vue présentés sur une scène bifrontale séparée en deux, chaque histoire étant proposée à une partie du public à la fois – ce dernier étant invité à changer de place au tiers du spectacle.
Ô désagréable impression ! Moi qui ai toujours prôné un théâtre de texte, voilà que je me retrouve devant une scène presque vide textuellement et bien obligée de me rendre à l’évidence : je ne m’y ennuie pas. Les peu de mots qui sont jetés, crachés – car tout ici est nécessaire et douloureux – évoquent mon quotidien de manière brutale, et peu à peu prennent une grandeur inattendue pour révéler le monde. Au-delà des mots, Jatahy parvient à nous saisir en créant une atmosphère, un monde en mutation où quelque chose se passe constamment et qui répète, inlassablement, la grande tragédie des hommes.
Ce n’est que mon 2e spectacle de la metteuse en scène mais j’ai l’impression que sa patte y est perceptible. Déjà dans La Règle du Jeu, la caméra était utilisée de manière agressive, arrivant pour la première fois sur scène avec beaucoup de violence. Ici, on franchit une nouvelle barrière. Cette fois, la caméra est une arme et se confond parfois, tant symboliquement que matériellement, avec un véritable fusil.
De plus, j’ai parlé à l’instant du texte, qui ne semble pas représenter chez Jatahy la sève de son travail. Le texte, peut-être pas. Les mots, en revanche, continuent d’avoir une grande importance. S’ils ne passent pas par des partitions importantes chez les comédiens, ils sont quand même très présents à travers les musiques diffusées tout au long du spectacle. Comment ne pas avoir le coeur serré en écoutant Barbara entonner les premières notes de Dis, quand reviendras-tu ? On sent – peut-être est-ce dû à son point de vue de brésilienne en France ? – que les sonorités l’interpellent au moins autant que le sens des mots. Et quel bonheur pour d’entendre tantôt ce français que je comprends, tantôt ce brésilien que je chérie. L’alternance des langues est encore une belle réussite, et l’utilisation du portugais, si chanté, lors de scènes de crises a quelque chose de désorientant.
Mon mot pour les comédiens sera rapide, mais il n’en sera pas moins admiratif : un grand bravo s’impose. Pour parvenir à nous maintenir ainsi fascinés par une action à peine perceptible, il faut une sacrée aura. Possédés par leur rôle, ils se donnent corps et âme et ne se contentent pas de figurer la violence : ils la vivent devant nous, spectateurs impuissants.
La grande réussite de ce spectacle réside dans une scénographie hors du commun. D’une beauté et d’une intelligence impressionnantes, et qui déploiera peu à peu toute sa puissance évocatrice, c’est bien cette occupation particulière de l’espace qui donne une âme à ce spectacle. Tout ce qui, au début, pouvait étonner, fait sens petit à petit, et même le changement de place questionne la docilité du spectateur face à cet élément perturbateur.
Et l’eau. L’eau qui monte et qu’on n’avait pas forcément vue venir. L’eau qui sépare les époux tout d’abord, l’eau qui empêche de retrouver son foyer, l’eau qui crée ces deux rives de spectateurs aux points de vue différents. L’eau qui me menace, moi qui suis au premier rang, et me rend si vulnérable. L’eau dans laquelle les corps évoqueront une détestable actualité. L’eau dans laquelle se traînent les personnages, noyés, poussés, entraînés, et loin de laquelle on voudrait s’enfuir.
En définitive : quelle soirée ! Je serai passée par de nombreux états. Au sortir, ma curiosité reste entière : sur ce que j’ai vu, sur ce qui viendra après. Voilà un spectacle qui gagne à la revoyure, car Jatahy a l’art de disséminer des clés partout sur sa scène, et qui ne sont pas forcément accessibles tout de suite. Et je pourrai allonger et allonger encore cette critique, tant ce spectacle a soulevé de réflexions en moi, autant sur les sujets qu’il évoque que sur mon rapport au théâtre. J’avais dit qu’il y aurait un avant et un après La Règle du Jeu : je suis bien dans l’après. Et heureuse d’y être.
Mise en scène très CREATIVE mais les dialogues ne sont pas évidents à comprendre.
En bref, Christiane JATAHY revisite l'Odyssée : le retour d'Ulysse à Ithaque après la Guerre de Troie. C'est le récit d'une longue traversée pour revenir sur son ile, ou l'attend Penelope.
Du coup, pour actualiser la traversée, Christiane JATAHY a décidé de reprendre des récits de migrants, qui ne reviennent pas vraiment chez eux (contrairement à Ulysse), mais qui connaissent des situations terribles, tout comme Ulysse a survécu à 1000 tentations sur son retour.
Pour faire vivre au spectateur la traversée, elle nous fait également traverser la scène (de l'ile d'Ithaque, 1ère partie, ou on voit Pénélope en proie à ses prétendants ; à la traversée d'Ulysse de l'autre coté). Sur un fond de récit de migrants. Une vraie complicité se crée entre les spectateurs lors de la traversée, car on vit une petite galère (nos sacs, manteaux, attendre qu'on nous ré attribue un siège, se remettre dans l'ambiance). Christiane JATAHY déplace et met le spectateur dans la difficulté : on nous faisant changer de scène entre la partie I et la partie II.
Assez peu de beau dialogues, à part ces quelques phrases qui m'ont marquées :
- tu es un étranger ici, mets toi dans ta place (ce que crie Pénélope à l'un de ses prétendants, migrant à Ithaque)
- ya pas de solution, faut juste attendre que ca passe
- Ulysse a peur du retour à Ithaque, car il a peur de ce qu'il peut retrouver la-bas
La mise en scène est magnifique : elle est aquatique !
La scène se remplit d'eau (partie 2), rien de plus parlant pour illustrer la traversée.
C’est plutôt la mise en scène qui est très créative et très belle, que les textes et les dialogues qui n'ont que peu d'intérêts. Un moment d'incompréhension tout de même : pour le parallèle migrants - Ulysse, la situation est tout de même différente puisque Ulysse revient chez lui alors que les migrants partent.
Bonne traversée à tous!
En bref, Christiane JATAHY revisite l'Odyssée : le retour d'Ulysse à Ithaque après la Guerre de Troie. C'est le récit d'une longue traversée pour revenir sur son ile, ou l'attend Penelope.
Du coup, pour actualiser la traversée, Christiane JATAHY a décidé de reprendre des récits de migrants, qui ne reviennent pas vraiment chez eux (contrairement à Ulysse), mais qui connaissent des situations terribles, tout comme Ulysse a survécu à 1000 tentations sur son retour.
Pour faire vivre au spectateur la traversée, elle nous fait également traverser la scène (de l'ile d'Ithaque, 1ère partie, ou on voit Pénélope en proie à ses prétendants ; à la traversée d'Ulysse de l'autre coté). Sur un fond de récit de migrants. Une vraie complicité se crée entre les spectateurs lors de la traversée, car on vit une petite galère (nos sacs, manteaux, attendre qu'on nous ré attribue un siège, se remettre dans l'ambiance). Christiane JATAHY déplace et met le spectateur dans la difficulté : on nous faisant changer de scène entre la partie I et la partie II.
Assez peu de beau dialogues, à part ces quelques phrases qui m'ont marquées :
- tu es un étranger ici, mets toi dans ta place (ce que crie Pénélope à l'un de ses prétendants, migrant à Ithaque)
- ya pas de solution, faut juste attendre que ca passe
- Ulysse a peur du retour à Ithaque, car il a peur de ce qu'il peut retrouver la-bas
La mise en scène est magnifique : elle est aquatique !
La scène se remplit d'eau (partie 2), rien de plus parlant pour illustrer la traversée.
C’est plutôt la mise en scène qui est très créative et très belle, que les textes et les dialogues qui n'ont que peu d'intérêts. Un moment d'incompréhension tout de même : pour le parallèle migrants - Ulysse, la situation est tout de même différente puisque Ulysse revient chez lui alors que les migrants partent.
Bonne traversée à tous!
La seule idée intéressante -mais pas exploitée, surtout en deux longues heures de temps-… aurait pu être une variation sur le thème de l'errance (celle d'Ulysse sur les mers, comme celle des malheureux migrants, chassés de leurs pays par l'inhumanité du monde... économique, financier, politique, religieux, tribal, etc.)
Au lieu de cela, dans ce spectacle, beaucoup de "diversions", petites et maladroites, qui annulent, voire ridiculisent complètement, la portée de ce que Jatahy prétendait, j’ose l'imaginer, nous dire, nous faire sentir, nous montrer ou nous démontrer.
Son spectacle en est réduit à aller à l’encontre totale de ce qu’elle comptait faire (cf note d'intention et interviews).
Elle nous exaspère, et nous "rase" surtout, sans nous convaincre, alors qu'elle voulait, semble-t-il, avec des moyens nouveaux et des procédés théâtraux sortant de l'ordinaire, nous sensibiliser à l’indifférence actuelle du monde, devant les guerres, les exils forcés, les tragédies vécues par certains de nos semblables, à nos portes, confrontés à des "monstres" cupides ou, pire encore, à la majorité -à ses yeux d'entre nous- enfermés dans nos égoïsmes... d'où de nombreuses interpellations du public... qui reste hébété, faute de voir ce qu'elle attend de lui...
Ce n'est ni bien pensé, ni bien mis en scène, ni bien construit, ni bien développé !
Certes il y a des moyens techniques abondants... comme d'ailleurs beaucoup d'eau !!!
D'abord, ce message… faut-il vraiment le délayer dans l’eau !
L'eau bue.... (2 concours débiles avec des spectateurs -cité par notre "confrère" Poey d'ailleurs -) ... ou l'eau traversée (la scène se remplit d’eau et les comédiens s’y vautrent avec complaisance ?, résignation ? ou délectation ?…),
Toujours la même musique de fond brésilienne (et la sempiternelle question de Jatahy "Caetono Veloso, vous connaissez?" ....mais oui on connait !) ou la musique de film de Duras (même si c'est vrai, l'entendre ça nous fait sortir quelques instants de l'ennui et la sidération dans laquelle nous sommes plongés devant tout ce vide).
Et les astuces sur la traduction (les actrices font semblant de ne pas savoir le français...: elles n'ont donc pas progressé depuis "what if....!), les "économes" cacahuètes et l'absence d'alcool pour inviter à la fête (encore!), l’interpellation du public à tout propos et tutti quanti...
Toutes ces "ficelles" déjà vues ou entendues n’ont fait qu'annuler l’intention primitive…
Dommage ! Mais est-ce de l'incompétence, de la paresse, de la provocation, une absence de renouvellement créatif ou une marque de fabrique?) !
En tout cas, une nouvelle démonstration du manque d’esprit critique de certains artistes face à leur travaux.
Ils devraient ne pas hésiter à couper, à remettre en cause, à élaguer, à refaire, à enrichir etc. au risque de faire mieux et de convaincre les spectateurs.
Les côtés intéressant, émouvant et "engagé" dans ce spectacle-ci peuvent tout au plus, et encore, se résumer à un très petit ¼ d’heure.
Les seuls moments forts pour moi, ont été les quelques brefs instants de lecture des témoignages de migrants… avec quelques descriptions déchirantes.
Ce qui prouverait bien que du texte et du contenu au théâtre…. ce n’est pas inutile !
Au lieu de cela, dans ce spectacle, beaucoup de "diversions", petites et maladroites, qui annulent, voire ridiculisent complètement, la portée de ce que Jatahy prétendait, j’ose l'imaginer, nous dire, nous faire sentir, nous montrer ou nous démontrer.
Son spectacle en est réduit à aller à l’encontre totale de ce qu’elle comptait faire (cf note d'intention et interviews).
Elle nous exaspère, et nous "rase" surtout, sans nous convaincre, alors qu'elle voulait, semble-t-il, avec des moyens nouveaux et des procédés théâtraux sortant de l'ordinaire, nous sensibiliser à l’indifférence actuelle du monde, devant les guerres, les exils forcés, les tragédies vécues par certains de nos semblables, à nos portes, confrontés à des "monstres" cupides ou, pire encore, à la majorité -à ses yeux d'entre nous- enfermés dans nos égoïsmes... d'où de nombreuses interpellations du public... qui reste hébété, faute de voir ce qu'elle attend de lui...
Ce n'est ni bien pensé, ni bien mis en scène, ni bien construit, ni bien développé !
Certes il y a des moyens techniques abondants... comme d'ailleurs beaucoup d'eau !!!
D'abord, ce message… faut-il vraiment le délayer dans l’eau !
L'eau bue.... (2 concours débiles avec des spectateurs -cité par notre "confrère" Poey d'ailleurs -) ... ou l'eau traversée (la scène se remplit d’eau et les comédiens s’y vautrent avec complaisance ?, résignation ? ou délectation ?…),
Toujours la même musique de fond brésilienne (et la sempiternelle question de Jatahy "Caetono Veloso, vous connaissez?" ....mais oui on connait !) ou la musique de film de Duras (même si c'est vrai, l'entendre ça nous fait sortir quelques instants de l'ennui et la sidération dans laquelle nous sommes plongés devant tout ce vide).
Et les astuces sur la traduction (les actrices font semblant de ne pas savoir le français...: elles n'ont donc pas progressé depuis "what if....!), les "économes" cacahuètes et l'absence d'alcool pour inviter à la fête (encore!), l’interpellation du public à tout propos et tutti quanti...
Toutes ces "ficelles" déjà vues ou entendues n’ont fait qu'annuler l’intention primitive…
Dommage ! Mais est-ce de l'incompétence, de la paresse, de la provocation, une absence de renouvellement créatif ou une marque de fabrique?) !
En tout cas, une nouvelle démonstration du manque d’esprit critique de certains artistes face à leur travaux.
Ils devraient ne pas hésiter à couper, à remettre en cause, à élaguer, à refaire, à enrichir etc. au risque de faire mieux et de convaincre les spectateurs.
Les côtés intéressant, émouvant et "engagé" dans ce spectacle-ci peuvent tout au plus, et encore, se résumer à un très petit ¼ d’heure.
Les seuls moments forts pour moi, ont été les quelques brefs instants de lecture des témoignages de migrants… avec quelques descriptions déchirantes.
Ce qui prouverait bien que du texte et du contenu au théâtre…. ce n’est pas inutile !
Ma critique sera très particulière, aujourd'hui...
Je fus partie intégrante du spectacle ! Si si !
Nous entrons dans la salle, agencée en bi-frontal.
Nous ne verrons pas les spectateurs en face de nous, nous sommes séparés d'eux par des rideaux de fil, et tout un fourbi technique.
Sur la scène, c'est la fête, les comédiens dansent, se déhanchent, chantonnent sur des vieux tubes plus ou moins disco, ils nous distribuent des chips, des cacahuètes, des verres d'eau, deux se battent...
Le spectacle a commencé... Enfin je crois...
Il sera beaucoup question de verres manquants, une comédienne s'asperge les pieds d'eau, d'autres s'en renversent sur eux, ils boivent...
Un acteur lance un défi. Qui boira plus de verres d'eau que lui ?
Personne dans le public ne bronche.
Je me dévoue, voulant « aider » la mécanique dramaturgique. Enfin, je crois...
Et je bois.
Et je gagne ! On m'aura rempli huit fois mon verre...
J'ai bu en effet huit verres de trente centilitres, soit 2,4 litres d'eau. Bon.
On verra par là que j'aurai beaucoup donné pour la cause théâtrale.
Puis, au bout de vingt minutes de...
Je ne saurais trop vous dire, je n'ai pas compris le propos, de quoi il s'agissait, pourquoi les comédiens allaient et venaient, parlaient de choses incompréhensibles, pourquoi l'une se dénudait et se versait de l'eau dessus...
De Homère, dont est tirée la pièce, j'ai retenu trois mots : guerre, porcs, eau.
Au bout de vingt minutes, donc, nous sommes appelés à changer de côté.
Deux fois deux cents personnes sont déplacées...
Moi, je prends mon verre, bien décidé à le garder en souvenir. (Indécrottable sentimental que je suis, je garde en effet nombre de petits souvenirs théâtraux...)
Las !
Mais que n'avais-je pas fait là !
Deux techniciens me mettent le grappin dessus, en m'interdisant de garder mon verre.
Je leur explique. Rien n'y fait.
Soudain, l'un d'entre eux me prend l'objet du délit des mains, fort impoliment, comme si j'étais un vulgaire voleur, comme si j'avais gravement spolié l'Odéon, théâtre de l'Europe.
Mon sang de Gascon ne fait qu'un tour ! Non, je ne provoque pas un duel à l'arme blanche, je vous rassure...
Je pars. Tout simplement.
D'autres spectateurs se joignent à moi, au passage...
Et le théâtre, là-dedans, me direz-vous ?
J'espère franchement que la seconde partie était intéressante, compréhensible, expliquant la première... Parce que...
A la Comédie française, j'avais adoré la version de La règle du jeu de la metteure en scène Christiane Jatahy.
Sinon, pour ceux que ça intéresserait, j'ai pu revenir chez moi d'une seule traite sans une seule halte aux toilettes publiques.
En revanche, une fois rentré...
Un théâtre qui va à vau-l'eau, ou un théâtre qui va de mal en pisse ?
Je fus partie intégrante du spectacle ! Si si !
Nous entrons dans la salle, agencée en bi-frontal.
Nous ne verrons pas les spectateurs en face de nous, nous sommes séparés d'eux par des rideaux de fil, et tout un fourbi technique.
Sur la scène, c'est la fête, les comédiens dansent, se déhanchent, chantonnent sur des vieux tubes plus ou moins disco, ils nous distribuent des chips, des cacahuètes, des verres d'eau, deux se battent...
Le spectacle a commencé... Enfin je crois...
Il sera beaucoup question de verres manquants, une comédienne s'asperge les pieds d'eau, d'autres s'en renversent sur eux, ils boivent...
Un acteur lance un défi. Qui boira plus de verres d'eau que lui ?
Personne dans le public ne bronche.
Je me dévoue, voulant « aider » la mécanique dramaturgique. Enfin, je crois...
Et je bois.
Et je gagne ! On m'aura rempli huit fois mon verre...
J'ai bu en effet huit verres de trente centilitres, soit 2,4 litres d'eau. Bon.
On verra par là que j'aurai beaucoup donné pour la cause théâtrale.
Puis, au bout de vingt minutes de...
Je ne saurais trop vous dire, je n'ai pas compris le propos, de quoi il s'agissait, pourquoi les comédiens allaient et venaient, parlaient de choses incompréhensibles, pourquoi l'une se dénudait et se versait de l'eau dessus...
De Homère, dont est tirée la pièce, j'ai retenu trois mots : guerre, porcs, eau.
Au bout de vingt minutes, donc, nous sommes appelés à changer de côté.
Deux fois deux cents personnes sont déplacées...
Moi, je prends mon verre, bien décidé à le garder en souvenir. (Indécrottable sentimental que je suis, je garde en effet nombre de petits souvenirs théâtraux...)
Las !
Mais que n'avais-je pas fait là !
Deux techniciens me mettent le grappin dessus, en m'interdisant de garder mon verre.
Je leur explique. Rien n'y fait.
Soudain, l'un d'entre eux me prend l'objet du délit des mains, fort impoliment, comme si j'étais un vulgaire voleur, comme si j'avais gravement spolié l'Odéon, théâtre de l'Europe.
Mon sang de Gascon ne fait qu'un tour ! Non, je ne provoque pas un duel à l'arme blanche, je vous rassure...
Je pars. Tout simplement.
D'autres spectateurs se joignent à moi, au passage...
Et le théâtre, là-dedans, me direz-vous ?
J'espère franchement que la seconde partie était intéressante, compréhensible, expliquant la première... Parce que...
A la Comédie française, j'avais adoré la version de La règle du jeu de la metteure en scène Christiane Jatahy.
Sinon, pour ceux que ça intéresserait, j'ai pu revenir chez moi d'une seule traite sans une seule halte aux toilettes publiques.
En revanche, une fois rentré...
Un théâtre qui va à vau-l'eau, ou un théâtre qui va de mal en pisse ?
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J'ai passé la première moitié du spectacle à m'accrocher pour comprendre l'histoire. Au moment où ma moitié du public (jusqu'alors divisé en deux représentations et séparé par un rideau) échange son estrade avec l'autre j'avais espoir de commencer à comprendre. J'ai souffert encore 40 longues minutes en me disant que c'était moyen et que je ne devais pas être assez malin pour voir ce que l'on cherchait à me montrer.
Puis les deux scènes et les publics sont réunis et commence alors une heure (60 minutes montre en main) de délire absolu où les six acteurs (plutôt très bons) pataugent dans l'eau, se battent, se noient, récitent des textes sans logique réelle. Honnêtement j'étais presque soulagé de voir que ce n'était pas moi qui avait un problème. Les rires nerveux dans la salle se multiplient, la pièce prend fin, ma souffrance aussi. Deux heures de débrief autour d'une bière ne sauront masquer le traumatisme que cette pièce aura été. Evitez vous cela, conseil d'ami.
Puis les deux scènes et les publics sont réunis et commence alors une heure (60 minutes montre en main) de délire absolu où les six acteurs (plutôt très bons) pataugent dans l'eau, se battent, se noient, récitent des textes sans logique réelle. Honnêtement j'étais presque soulagé de voir que ce n'était pas moi qui avait un problème. Les rires nerveux dans la salle se multiplient, la pièce prend fin, ma souffrance aussi. Deux heures de débrief autour d'une bière ne sauront masquer le traumatisme que cette pièce aura été. Evitez vous cela, conseil d'ami.
Malheureux qui comme Ulysse, Pénélope ... et nous autres pauvres spectateurs !!!
L'Odyssée, métaphore sur notre monde d'aujourd'hui, sur la guerre et le désir de rentrer chez soi ...
Deux publics, devant deux scènes différentes, l'une chez Calypso où Ulysse s'attarde, l'autre chez Pénélope où les prétendants deviennent de plus en plus pressants !
Entre les deux, de grands rideaux de fils sur lesquels sont projetées des images reprenant le jeu des acteurs sur la scène ...
Malheureusement, de bonnes idées et beaucoup, beaucoup d'argent ne suffisent pas toujours ...
Dans une ambiance de fin de soirée qui dégénère, et sur une scène littéralement inondée - il y a plusieurs centimètres d'eau sur le sol !!!! - des comédiens dégoulinants essaient de nous expliquer les dommages causés par les guerres, la violence, le pillage mais aussi l'amour, la patrie, la corruption. Ça part dans tous les sens, l'ensemble est bien trop démonstratif et notre empathie finit par être entièrement dirigée vers les acteurs qui plus d'une heure durant évoluent - que dis je rampent - dans cette univers aquatique censé nous représenter ... l'Odyssée !!?
Heureusement, il y a, ça et là quelques éclairs de génie qui laissent à penser qu'une prochaine fois ... peut être ...
L'Odyssée, métaphore sur notre monde d'aujourd'hui, sur la guerre et le désir de rentrer chez soi ...
Deux publics, devant deux scènes différentes, l'une chez Calypso où Ulysse s'attarde, l'autre chez Pénélope où les prétendants deviennent de plus en plus pressants !
Entre les deux, de grands rideaux de fils sur lesquels sont projetées des images reprenant le jeu des acteurs sur la scène ...
Malheureusement, de bonnes idées et beaucoup, beaucoup d'argent ne suffisent pas toujours ...
Dans une ambiance de fin de soirée qui dégénère, et sur une scène littéralement inondée - il y a plusieurs centimètres d'eau sur le sol !!!! - des comédiens dégoulinants essaient de nous expliquer les dommages causés par les guerres, la violence, le pillage mais aussi l'amour, la patrie, la corruption. Ça part dans tous les sens, l'ensemble est bien trop démonstratif et notre empathie finit par être entièrement dirigée vers les acteurs qui plus d'une heure durant évoluent - que dis je rampent - dans cette univers aquatique censé nous représenter ... l'Odyssée !!?
Heureusement, il y a, ça et là quelques éclairs de génie qui laissent à penser qu'une prochaine fois ... peut être ...
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