Son balcon
SAISON 2021-2022
Aucun challenge culturel pour le moment
Mini Molières
3 215reçus
The best critique ever
Son classement : 47 / 5676
Avant elle

Sandra B
61 critiques
Après elle


Maxime G
60 critiques
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Un polar théâtral réussi. Une énigme à rebondissements. Des personnages dessinés avec précision et dont l’évolution nous tient en haleine grâce à une adroite progression dans un récit subtilement ficelé.
« Un soir, un commissariat, dans le Paris de l’Après-Guerre. Louise Rouvier porte plainte auprès d’un jeune policier. Sa déposition bouleverse les idées reçues d’une société patriarcale, encore empreinte du grand traumatisme mondial. Huis-clos entre une victime et son bourreau, huis-clos entre une femme et un policier. »
Le récit dépeint une narration troublante dans le contexte obscur de l’après-guerre. Une époque qui se relève à peine des troubles ravageurs de l’Histoire. Une époque où le temps venu de la libération et de l’épuration conduit à des révélations brutales et inattendues, à des rancœurs qui explosent, à des vérités qui voient enfin le jour.
Mais une époque aussi, et ici surtout, où la parole des femmes reste fondue dans la norme patriarcale et machiste, qui perdure toujours aujourd’hui, et où il faudra à Louise tout le courage et l’appétit de justice pour faire entendre sa voix, découvrir les caches et lutter pour sa liberté et le dévoilement de la vérité.
L'humiliation, l'esclavage mental, les violences physiques et morales dont l’outrance nous rappelle à l'urgence de les combattre, sont décrits avec un implacable volontarisme. Une écriture qui donne corps et nourrit la prise de conscience de Louise face à Philippe, ce mari goujat sûr de lui, perclus de mondanité crasse, en tension permanente pour sa veille, qui n'hésite pas à recourir à la cruauté de son agressivité pour consolider la carapace qui le protège.
Jusqu’où la peur peut-elle s’allier au profit ? Quelle niveau de cynisme aveugle et conscient faut-il atteindre pour commettre l’irréparable ? Faut-il du courage pour condamner ? La vengeance est-elle la justice de l'emprise ?
La mise en scène de l’auteur François Rivière, avec la participation de Edwige Després et la scénographie de Agathe Mondani, construisent deux huis-clos parallèles avec une épure efficace. Adroitement présents en parallèle et parfois en simultané, ces huis-clos enchaînent les scènes, déjouant les règles de l’espace et du temps, centrant l’attention du récit sur les personnages, laissant les comédiens nous entreprendre.
La puissance d’évocation, et il en faut, repose alors sur l’interprétation. C’est carton plein. Aurélie Camus, Yann Coeslier et Nicolas Argudin-Claver sont véritablement crédibles et convaincants. Elle et ils tissent l’histoire en s’appropriant les personnages et leurs mues narratives avec une densité et une profondeur remarquables. Leurs jeux complémentaires et équilibrés filent tout en évidence, nous cueillent et nous surprennent tout le long.
Une pièce captivante et habile. Une mise en vie tout en finesse et une interprétation tout à fait brillante. Je recommande ce spectacle !
« Un soir, un commissariat, dans le Paris de l’Après-Guerre. Louise Rouvier porte plainte auprès d’un jeune policier. Sa déposition bouleverse les idées reçues d’une société patriarcale, encore empreinte du grand traumatisme mondial. Huis-clos entre une victime et son bourreau, huis-clos entre une femme et un policier. »
Le récit dépeint une narration troublante dans le contexte obscur de l’après-guerre. Une époque qui se relève à peine des troubles ravageurs de l’Histoire. Une époque où le temps venu de la libération et de l’épuration conduit à des révélations brutales et inattendues, à des rancœurs qui explosent, à des vérités qui voient enfin le jour.
Mais une époque aussi, et ici surtout, où la parole des femmes reste fondue dans la norme patriarcale et machiste, qui perdure toujours aujourd’hui, et où il faudra à Louise tout le courage et l’appétit de justice pour faire entendre sa voix, découvrir les caches et lutter pour sa liberté et le dévoilement de la vérité.
L'humiliation, l'esclavage mental, les violences physiques et morales dont l’outrance nous rappelle à l'urgence de les combattre, sont décrits avec un implacable volontarisme. Une écriture qui donne corps et nourrit la prise de conscience de Louise face à Philippe, ce mari goujat sûr de lui, perclus de mondanité crasse, en tension permanente pour sa veille, qui n'hésite pas à recourir à la cruauté de son agressivité pour consolider la carapace qui le protège.
Jusqu’où la peur peut-elle s’allier au profit ? Quelle niveau de cynisme aveugle et conscient faut-il atteindre pour commettre l’irréparable ? Faut-il du courage pour condamner ? La vengeance est-elle la justice de l'emprise ?
La mise en scène de l’auteur François Rivière, avec la participation de Edwige Després et la scénographie de Agathe Mondani, construisent deux huis-clos parallèles avec une épure efficace. Adroitement présents en parallèle et parfois en simultané, ces huis-clos enchaînent les scènes, déjouant les règles de l’espace et du temps, centrant l’attention du récit sur les personnages, laissant les comédiens nous entreprendre.
La puissance d’évocation, et il en faut, repose alors sur l’interprétation. C’est carton plein. Aurélie Camus, Yann Coeslier et Nicolas Argudin-Claver sont véritablement crédibles et convaincants. Elle et ils tissent l’histoire en s’appropriant les personnages et leurs mues narratives avec une densité et une profondeur remarquables. Leurs jeux complémentaires et équilibrés filent tout en évidence, nous cueillent et nous surprennent tout le long.
Une pièce captivante et habile. Une mise en vie tout en finesse et une interprétation tout à fait brillante. Je recommande ce spectacle !
Envoûtante performance de Denis Lavant. Halluciné, fou, ailleurs. Dans une mise en scène implacable et têtue dans son parti-pris de Jacques Osinski, cette « Dernière Bande » est un spectacle mémorable, captivant du début à la fin.
C’est la journée anniversaire de Krapp, le jour où il enregistre sur bande les moments marquants de l’année.
Le spectacle commence par un noir très long qui nous plonge dans l'expectative et nous force à se concentrer, à se couper des repères du temps. Tout à coup, une lumière crue au dessus de Krapp, immobile, assis devant un bureau encombré de boites en carton et d’un magnétophone à bande.
Il reste ainsi longtemps, face public, figé dans l’image arrêtée d’un vieux fantôme placide. Son immobilité devient envoûtante tant elle perdure et nous fait nous illusionner de ses raisons probables et de la suite possible. Alors, comme un automate à ressorts qu’il faudra bientôt remonter, il se lève et cherche dans les tiroirs du bureau.
Comme un cérémonial qui commence, il sort une bobine de bande enregistrée, la regarde, semble hésiter et la remet en place. D'un autre tiroir, une banane qu'il caresse avec délectation et qu'il mange, puis une autre qu'il chérit à nouveau, l'épluche et après un nouveau temps suspendu, la range dans sa poche, pour la route, pour plus tard.
Il retourne s’asseoir et écoute une bande avant d’enregistrer la nouvelle. Pas n’importe laquelle. La bobine 5 de la boite numéro 3, celle sans doute de souvenirs marquants. Il va commenter, réagir, contester, soupirer et revivre les mots dits dans sa 39ème année. Le tout entrecoupé de pauses où il ira boire. Krapp semble vouloir déchirer son histoire pour redire sa vie. Il reste là, pétri et meurtri par les remords et les douleurs qu'il fait ressurgir, obnubilé par ses propres pensées.
Cette pièce de Samuel Beckett, qualifiée de monodrame, a été jouée pour la première fois en France en 1960, reprise ensuite de nombreuses fois (notamment par les magnifiques Serge Merlin et Jacques Weber, que nous avons vus). Le style volontairement dépouillé du récit permet à Krapp, seul sur le plateau, de construire une forme de dialogue avec lui-même et avec son histoire par le truchement de ce magnétophone et de ses enregistrements, témoins de son passé et de lui-même. Une dérision permanente, sourde et ricaneuse, nourrie de rancœur, baigne la pièce.
La mise en scène de Jacques Osinski met en exergue délibérément le texte pour qu’il s’immisce avec ajustement dans la bouche de Krapp et nous empreigne aussitôt. Le parti-pris est centré sur le personnage avant tout, ses mots, son débit, ses digressions, sa puissance d’évocation. La situation ne prévaut jamais même si elle se fait spectaculaire par instants. Une volonté manifeste d'imprégnation lente et profonde se distingue, un élargissement du temps de la narration s'impose, poussé par les silences.
Denis Lavant nous subjugue, vibrant et incarné. Les nombreux silences habités, les mouvements subtils et métrés de son corps nous parlent autant que sa voix. Sa narration nous saisit. Minutie de l'intonation, des gestes et des mouvements, de leurs répétitions jamais lassées. Façonnant d'une expressivité impressionnante les rituels de Krapp, qui scandent l'attente de la vieillesse ou l'annonce de sa fin à venir. Il nous montre un Krapp pris dans le tourbillon de la démence ou de la sénilité, les deux peut-être, on ne sait pas. Il est ce vieux fou malheureux, un demi-clown, trouvant refuge dans l’alcoolisme et la manie pour supporter la souffrance et le renoncement.
Une époustouflante performance de comédien, d’une intensité pure. Un moment rare de théâtre.
C’est la journée anniversaire de Krapp, le jour où il enregistre sur bande les moments marquants de l’année.
Le spectacle commence par un noir très long qui nous plonge dans l'expectative et nous force à se concentrer, à se couper des repères du temps. Tout à coup, une lumière crue au dessus de Krapp, immobile, assis devant un bureau encombré de boites en carton et d’un magnétophone à bande.
Il reste ainsi longtemps, face public, figé dans l’image arrêtée d’un vieux fantôme placide. Son immobilité devient envoûtante tant elle perdure et nous fait nous illusionner de ses raisons probables et de la suite possible. Alors, comme un automate à ressorts qu’il faudra bientôt remonter, il se lève et cherche dans les tiroirs du bureau.
Comme un cérémonial qui commence, il sort une bobine de bande enregistrée, la regarde, semble hésiter et la remet en place. D'un autre tiroir, une banane qu'il caresse avec délectation et qu'il mange, puis une autre qu'il chérit à nouveau, l'épluche et après un nouveau temps suspendu, la range dans sa poche, pour la route, pour plus tard.
Il retourne s’asseoir et écoute une bande avant d’enregistrer la nouvelle. Pas n’importe laquelle. La bobine 5 de la boite numéro 3, celle sans doute de souvenirs marquants. Il va commenter, réagir, contester, soupirer et revivre les mots dits dans sa 39ème année. Le tout entrecoupé de pauses où il ira boire. Krapp semble vouloir déchirer son histoire pour redire sa vie. Il reste là, pétri et meurtri par les remords et les douleurs qu'il fait ressurgir, obnubilé par ses propres pensées.
Cette pièce de Samuel Beckett, qualifiée de monodrame, a été jouée pour la première fois en France en 1960, reprise ensuite de nombreuses fois (notamment par les magnifiques Serge Merlin et Jacques Weber, que nous avons vus). Le style volontairement dépouillé du récit permet à Krapp, seul sur le plateau, de construire une forme de dialogue avec lui-même et avec son histoire par le truchement de ce magnétophone et de ses enregistrements, témoins de son passé et de lui-même. Une dérision permanente, sourde et ricaneuse, nourrie de rancœur, baigne la pièce.
La mise en scène de Jacques Osinski met en exergue délibérément le texte pour qu’il s’immisce avec ajustement dans la bouche de Krapp et nous empreigne aussitôt. Le parti-pris est centré sur le personnage avant tout, ses mots, son débit, ses digressions, sa puissance d’évocation. La situation ne prévaut jamais même si elle se fait spectaculaire par instants. Une volonté manifeste d'imprégnation lente et profonde se distingue, un élargissement du temps de la narration s'impose, poussé par les silences.
Denis Lavant nous subjugue, vibrant et incarné. Les nombreux silences habités, les mouvements subtils et métrés de son corps nous parlent autant que sa voix. Sa narration nous saisit. Minutie de l'intonation, des gestes et des mouvements, de leurs répétitions jamais lassées. Façonnant d'une expressivité impressionnante les rituels de Krapp, qui scandent l'attente de la vieillesse ou l'annonce de sa fin à venir. Il nous montre un Krapp pris dans le tourbillon de la démence ou de la sénilité, les deux peut-être, on ne sait pas. Il est ce vieux fou malheureux, un demi-clown, trouvant refuge dans l’alcoolisme et la manie pour supporter la souffrance et le renoncement.
Une époustouflante performance de comédien, d’une intensité pure. Un moment rare de théâtre.
Avec la compagnie des Épis Noirs, il faut s’attendre à tout, nous le savions. Et bien bingo, ça n’a pas loupé, ça le fait encore ! Dès le début et tout le long, on se dit « non, ce n’est pas possible » et pourtant si, ils le font, ils l’ont fait et ils continuent !
« Une troupe de théâtre ambulant, dirigée par un ’’Monsieur Loyal’’ tonitruant, mène ses comédiens à la cravache pour vous raconter la véritable, et non moins monstrueuse, histoire de Britannicus. »
Chevauchant les ingrédients de l’intrigue originelle de ’’Britannicus’’ de Racine, nous assistons à une représentation de cirque brossée à la manière d’une revue de music-hall, entre parodie et prétexte. Un spectacle qui contourne sans vergogne (ils allaient s’en priver peut-être !) et autant que possible, les piédestaux hissés pour vénérer les héros tragiques et les victimes de la célèbre pièce inscrite dans la mémoire littéraire.
« Attention, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, les monstres que vous allez voir ce soir, sont des monstres aussi monstrueux que... vous ! »
Un vif plaisir de délire ambiant que cette une farce tragi-burlesque, bouffonne et déjantée où le non-sens est poussé à l’extrême mais dont le récit égrène adroitement des vérités sur les valeurs sociétales et humaines. Passés au tamis d’un façonnage ravageur, toutes transgressions sorties, la puissance des dominants comme la sincérité des sentiments est exposée et brulée au bucher de la dérision. Nous rions tout le temps, nous fou-rions souvent mais nous pensons aussi, marque de fabrique oblige.
Textes et musiques de Pierre Lericq, l’écriture est adroite, la langue est fuselée, les répliques et les situations truffées de ruptures gaguesques, avec des morceaux de poésie dedans. Des chansons (une dizaine quand-même) bigrement bien fichues et d’une musicalité agréable, genre pop et rock électro entremêlés, parsèment le récit et le colorent d’un tonus enthousiaste et communicatif.
La mise en scène de Pierre Lericq (encore lui, et en plus il joue bien), assisté par Bérangère Magnani, est calée et décalée a volo. Précise à n’en pas douter, la direction de jeux nous balade dans les dedans/dehors du texte avec saveurs et réussite.
La troupe est impressionnante. Elles et ils savent tout faire, jouer, chanter, faire de la musique (et même quelques pas de danse, non mais dites !). Jules Fabre, Pierre Lericq, Gilles Nicolas, Tchavdar Pentchev, Marie Réache et Juliette De Ribaucourt nous emportent dans cette narration bigarrée et improbable, armés d’une fougue extravagante, avec une maîtrise impeccable. Vis comica chevillées au corps, elles et ils excellent dans leurs personnages et nous cueillent littéralement.
Un spectacle qui devrait être interdit par la censure mais bon. En attendant, courez-y ! C’est drôlissime de chez drôlissime et ce n’est pas bête du tout. Je recommande vivement ce moment de délire intelligent.
« Une troupe de théâtre ambulant, dirigée par un ’’Monsieur Loyal’’ tonitruant, mène ses comédiens à la cravache pour vous raconter la véritable, et non moins monstrueuse, histoire de Britannicus. »
Chevauchant les ingrédients de l’intrigue originelle de ’’Britannicus’’ de Racine, nous assistons à une représentation de cirque brossée à la manière d’une revue de music-hall, entre parodie et prétexte. Un spectacle qui contourne sans vergogne (ils allaient s’en priver peut-être !) et autant que possible, les piédestaux hissés pour vénérer les héros tragiques et les victimes de la célèbre pièce inscrite dans la mémoire littéraire.
« Attention, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, les monstres que vous allez voir ce soir, sont des monstres aussi monstrueux que... vous ! »
Un vif plaisir de délire ambiant que cette une farce tragi-burlesque, bouffonne et déjantée où le non-sens est poussé à l’extrême mais dont le récit égrène adroitement des vérités sur les valeurs sociétales et humaines. Passés au tamis d’un façonnage ravageur, toutes transgressions sorties, la puissance des dominants comme la sincérité des sentiments est exposée et brulée au bucher de la dérision. Nous rions tout le temps, nous fou-rions souvent mais nous pensons aussi, marque de fabrique oblige.
Textes et musiques de Pierre Lericq, l’écriture est adroite, la langue est fuselée, les répliques et les situations truffées de ruptures gaguesques, avec des morceaux de poésie dedans. Des chansons (une dizaine quand-même) bigrement bien fichues et d’une musicalité agréable, genre pop et rock électro entremêlés, parsèment le récit et le colorent d’un tonus enthousiaste et communicatif.
La mise en scène de Pierre Lericq (encore lui, et en plus il joue bien), assisté par Bérangère Magnani, est calée et décalée a volo. Précise à n’en pas douter, la direction de jeux nous balade dans les dedans/dehors du texte avec saveurs et réussite.
La troupe est impressionnante. Elles et ils savent tout faire, jouer, chanter, faire de la musique (et même quelques pas de danse, non mais dites !). Jules Fabre, Pierre Lericq, Gilles Nicolas, Tchavdar Pentchev, Marie Réache et Juliette De Ribaucourt nous emportent dans cette narration bigarrée et improbable, armés d’une fougue extravagante, avec une maîtrise impeccable. Vis comica chevillées au corps, elles et ils excellent dans leurs personnages et nous cueillent littéralement.
Un spectacle qui devrait être interdit par la censure mais bon. En attendant, courez-y ! C’est drôlissime de chez drôlissime et ce n’est pas bête du tout. Je recommande vivement ce moment de délire intelligent.
Un festival comme on aime et que nous retrouvons avec joie. Véritable moment attendu de découvertes de ce qui est, et restera, des temps de théâtre étonnants, truffés d’originalité et prises de risque. Cette année, nous avons vu cinq capsules, il y en a seize au total.
Mais parlons de ces cinq capsules.
STAN
De Félicien Juttner. Mise en scène de Félicien Juttner assisté de Tadrina Hocking. Avec Maxime Gleizes, Patrice Rivet et la participation amicale de Tadrina Hocking.
« Un soir qu’il s’ennuie chez lui, Stan reçoit une visite inattendue. Un ami qu’il n’avait plus vu depuis plus de vingt ans. Un de ces amis qu’on a perdu de vue et qui nous rappelle – quand on les retrouve – qu’en laissant le temps passer…On s’était peut s’être perdu de vue soi-même. »
Qu'arrive-t-il à Stan ? Reçoit-il Seb, un ancien ami très proche, un importun qui semble bien le connaître, un fantôme du passé qui resurgit pour le faire dialoguer avec la mort le temps d'une solitude pesante ? Ou bien encore son propre double qui s'impose à lui et lui dévoile les contours labyrinthiques de ses réminiscences et de sa condition ? Un rêve prémonitoire ou une pensée latérale ?
C'est dans ce quiproquo ambiant que nous passons avec lui la durée d'un match de foot à la télé et dont nous ressortons touchés, incertains et plein d'espoir finalement.
Un texte subtilement écrit. Une mise en scène efficace et des jeux richement incarnés et très prégnants. Une capsule qui ne demande qu'à s'envoler.
ENVOLE-MOI, ENVOLE-MOI, ENVOLE-MOI
De Marie-Julie Baup. Mise en scène de Marie-Julie Baup et Thierry Lopez. Collaboration artistique de Anouk Vial. Avec Marie-Julie Baup, Sipan Mouradian, Nicolas Martinez, Serge Da Silva, Brigitte Belle.
« Lilette tient à souhaiter une très belle année à tout le monde dans l’entreprise et leur parler également de sa virginité. Et sinon Gabriel de la compta est un peu beau, il a quelque chose quoi. Honoré Mamelle est aussi doux que rond, Jean Louis rit parfois gras, et Nathalia est extrêmement gênante. »
Un univers absurde et surréaliste que l'humour et la dérision colorent d'un comique déferlant tâtant parfois du burlesque. Lilette est cette jeune femme inhibée, profondément seule, prisonnière de ses propres doutes. Sa personnalité fragile oscille en les bousculant l’estime de soi, le sentiment de compétence et l'image personnelle. Elle appelle ça sa timidité. Alors bien sûr, elle trouve un appui auprès de son conseiller de vie, sorte de coach ou de psychologue un rien loufoque et un bon peu dingo, qui prend cher de ridicule.
Il s'en suit des essais et des erreurs, des expériences aussi, et puis cette découverte enfin d'une issue possible… heureuse ou pas.
Un argument intéressant. Un traitement dramaturgique risqué mais sans doute encore inabouti, comme le dessin des personnages. Une interprétation pêchue qui porte et emporte l'ensemble.
TABLEAU DE CHASSE
De Victoria Kaario. Mise en scène de Cédric Moreau assisté de Benoit Crou. Avec Alexandra Chouraqui et Géraude Ayeva Derman.
« Quand Candice Heymann apprend que sa fille Sarah a eu 11 à son exposé alors que tous ses camarades de classe ont eu 16, son sang ne fait qu’un tour. Elle décide de prendre rendez-vous avec Sophie Gassamé, sa professeure principale au collège Eugenie Cotton de Sarcelles, pour lui demander des comptes. »
Une confrontation violente entre une professeure et une mère d'élève qui soulève la question récurrente de l'affect dans la relation éducative. Comment le combat entre le désir et l'attente d'une mère avec la mission qui se veut implacable et objective d'une professeure peut-il se terminer ?
Et si un glissement des pulsions s'opérait ? si l'image sociale laissait tout à coup place à la réalité des sentiments, au dévoilement de son intimité, au soi véritable ? Que verrions nous alors ? Mais tout cela ne sera-t-il que l’instant volé d’une rencontre ?
Un tête-à-tête cruel, d’une violence inouïe et d'une densité remarquable, servi par deux comédiennes très convaincantes.
RANGE TON COEUR ET MANGE TA SOUPE
De Marjorie Fabre. Mise en scène de Chiara Breci assistée de Déborah Dahan. Avec Guillaume Charbuy, Claire Couture, Valeria Dafarra, Delphine Lalizout, Matthieu Pastore, Régis Romele,
« Range ton cœur et mange ta soupe commence autour d’un repas : un couple formé par deux personnages nommés A et B, réunit les belles-familles afin qu’elles se rencontrent pour la première fois, malgré les réticences ou la désapprobation des uns et des autres. Débute alors le parcours de ce couple qui tente de construire sa vie en dépit du regard familial, un parcours – du repas initial jusqu’au mariage – qui pourrait le mener à sa véritable émancipation. »
L'écriture de cette capsule est très intéressante par son parti-pris réussi de jeux permanents avec la fiction. Tout le long, le fil narratif est troublé par les injonctions des didascalies qui mêlent aux répliques, par des retours en arrière et des reprises.
Une très adroite façon de montrer l'incommunicabilité entre parents et enfants devenus adultes, de souligner le chemin trop souvent parsemé d’embûches pour parler de la différence, des oppositions entre l'attente des uns et la volonté des autres.
Cette traversée imaginaire de la réalité supposée captive l'attention par son originalité. La mise en scène épurée et stylisée convient parfaitement au récit. Le jeu des comédiens tient le fil narratif de bout en bout avec habileté et fluidité. Une capsule qu'on aimerait beaucoup voir développée.
LE MIRACLE DES GRENOUILLES
Texte et mise en scène de Ariane Boumendil. Collaboration artistique de Constance Carrelet. Avec Pascale Oudot, Ludivine de Chastenet, Constance Carrelet ou Ariane Boumendil.
« Trois sœurs se retrouvent un soir dans la maison de leur mère très malade, délirante, qui ne quitte plus son lit. C’est la plus jeune, qui, vivant là, s’occupe d’elle. De quoi peut-on discuter quand sa mère meure un étage au-dessus ? Comment parler de l’essentiel quand tout est matière à conflit ? Après un dîner très arrosé, la découverte dans la maison d’un livre sur la vie des saints fera prendre à la soirée un tournant inattendu… »
Un texte aride et d'une extrême violence, trash même, qui traite sans confession de l'animosité cruelle et agressive de trois sœurs confrontées à la fin de vie de leur mère. Là, à l'étage au-dessus d'elle.
Jouer en force, parfois appuyée, le récit prend place progressivement jusqu'à une fin inattendue et pourtant si évidente.
Une courte pièce qui donnerait sans doute un passionnant moment de théâtre dans un format plus long. Une interprétation intense et admirable.
- Le festival a lieu tous les jours à partir de 19h00 Jusqu’au 11 juin -
Mais parlons de ces cinq capsules.
STAN
De Félicien Juttner. Mise en scène de Félicien Juttner assisté de Tadrina Hocking. Avec Maxime Gleizes, Patrice Rivet et la participation amicale de Tadrina Hocking.
« Un soir qu’il s’ennuie chez lui, Stan reçoit une visite inattendue. Un ami qu’il n’avait plus vu depuis plus de vingt ans. Un de ces amis qu’on a perdu de vue et qui nous rappelle – quand on les retrouve – qu’en laissant le temps passer…On s’était peut s’être perdu de vue soi-même. »
Qu'arrive-t-il à Stan ? Reçoit-il Seb, un ancien ami très proche, un importun qui semble bien le connaître, un fantôme du passé qui resurgit pour le faire dialoguer avec la mort le temps d'une solitude pesante ? Ou bien encore son propre double qui s'impose à lui et lui dévoile les contours labyrinthiques de ses réminiscences et de sa condition ? Un rêve prémonitoire ou une pensée latérale ?
C'est dans ce quiproquo ambiant que nous passons avec lui la durée d'un match de foot à la télé et dont nous ressortons touchés, incertains et plein d'espoir finalement.
Un texte subtilement écrit. Une mise en scène efficace et des jeux richement incarnés et très prégnants. Une capsule qui ne demande qu'à s'envoler.
ENVOLE-MOI, ENVOLE-MOI, ENVOLE-MOI
De Marie-Julie Baup. Mise en scène de Marie-Julie Baup et Thierry Lopez. Collaboration artistique de Anouk Vial. Avec Marie-Julie Baup, Sipan Mouradian, Nicolas Martinez, Serge Da Silva, Brigitte Belle.
« Lilette tient à souhaiter une très belle année à tout le monde dans l’entreprise et leur parler également de sa virginité. Et sinon Gabriel de la compta est un peu beau, il a quelque chose quoi. Honoré Mamelle est aussi doux que rond, Jean Louis rit parfois gras, et Nathalia est extrêmement gênante. »
Un univers absurde et surréaliste que l'humour et la dérision colorent d'un comique déferlant tâtant parfois du burlesque. Lilette est cette jeune femme inhibée, profondément seule, prisonnière de ses propres doutes. Sa personnalité fragile oscille en les bousculant l’estime de soi, le sentiment de compétence et l'image personnelle. Elle appelle ça sa timidité. Alors bien sûr, elle trouve un appui auprès de son conseiller de vie, sorte de coach ou de psychologue un rien loufoque et un bon peu dingo, qui prend cher de ridicule.
Il s'en suit des essais et des erreurs, des expériences aussi, et puis cette découverte enfin d'une issue possible… heureuse ou pas.
Un argument intéressant. Un traitement dramaturgique risqué mais sans doute encore inabouti, comme le dessin des personnages. Une interprétation pêchue qui porte et emporte l'ensemble.
TABLEAU DE CHASSE
De Victoria Kaario. Mise en scène de Cédric Moreau assisté de Benoit Crou. Avec Alexandra Chouraqui et Géraude Ayeva Derman.
« Quand Candice Heymann apprend que sa fille Sarah a eu 11 à son exposé alors que tous ses camarades de classe ont eu 16, son sang ne fait qu’un tour. Elle décide de prendre rendez-vous avec Sophie Gassamé, sa professeure principale au collège Eugenie Cotton de Sarcelles, pour lui demander des comptes. »
Une confrontation violente entre une professeure et une mère d'élève qui soulève la question récurrente de l'affect dans la relation éducative. Comment le combat entre le désir et l'attente d'une mère avec la mission qui se veut implacable et objective d'une professeure peut-il se terminer ?
Et si un glissement des pulsions s'opérait ? si l'image sociale laissait tout à coup place à la réalité des sentiments, au dévoilement de son intimité, au soi véritable ? Que verrions nous alors ? Mais tout cela ne sera-t-il que l’instant volé d’une rencontre ?
Un tête-à-tête cruel, d’une violence inouïe et d'une densité remarquable, servi par deux comédiennes très convaincantes.
RANGE TON COEUR ET MANGE TA SOUPE
De Marjorie Fabre. Mise en scène de Chiara Breci assistée de Déborah Dahan. Avec Guillaume Charbuy, Claire Couture, Valeria Dafarra, Delphine Lalizout, Matthieu Pastore, Régis Romele,
« Range ton cœur et mange ta soupe commence autour d’un repas : un couple formé par deux personnages nommés A et B, réunit les belles-familles afin qu’elles se rencontrent pour la première fois, malgré les réticences ou la désapprobation des uns et des autres. Débute alors le parcours de ce couple qui tente de construire sa vie en dépit du regard familial, un parcours – du repas initial jusqu’au mariage – qui pourrait le mener à sa véritable émancipation. »
L'écriture de cette capsule est très intéressante par son parti-pris réussi de jeux permanents avec la fiction. Tout le long, le fil narratif est troublé par les injonctions des didascalies qui mêlent aux répliques, par des retours en arrière et des reprises.
Une très adroite façon de montrer l'incommunicabilité entre parents et enfants devenus adultes, de souligner le chemin trop souvent parsemé d’embûches pour parler de la différence, des oppositions entre l'attente des uns et la volonté des autres.
Cette traversée imaginaire de la réalité supposée captive l'attention par son originalité. La mise en scène épurée et stylisée convient parfaitement au récit. Le jeu des comédiens tient le fil narratif de bout en bout avec habileté et fluidité. Une capsule qu'on aimerait beaucoup voir développée.
LE MIRACLE DES GRENOUILLES
Texte et mise en scène de Ariane Boumendil. Collaboration artistique de Constance Carrelet. Avec Pascale Oudot, Ludivine de Chastenet, Constance Carrelet ou Ariane Boumendil.
« Trois sœurs se retrouvent un soir dans la maison de leur mère très malade, délirante, qui ne quitte plus son lit. C’est la plus jeune, qui, vivant là, s’occupe d’elle. De quoi peut-on discuter quand sa mère meure un étage au-dessus ? Comment parler de l’essentiel quand tout est matière à conflit ? Après un dîner très arrosé, la découverte dans la maison d’un livre sur la vie des saints fera prendre à la soirée un tournant inattendu… »
Un texte aride et d'une extrême violence, trash même, qui traite sans confession de l'animosité cruelle et agressive de trois sœurs confrontées à la fin de vie de leur mère. Là, à l'étage au-dessus d'elle.
Jouer en force, parfois appuyée, le récit prend place progressivement jusqu'à une fin inattendue et pourtant si évidente.
Une courte pièce qui donnerait sans doute un passionnant moment de théâtre dans un format plus long. Une interprétation intense et admirable.
- Le festival a lieu tous les jours à partir de 19h00 Jusqu’au 11 juin -
L’affaire Steinheil autoportrait d’une femme qui dévorait les hommes
Réjouissant, Amusant, Pétulant.
Marguerite Steinheil demi mondaine, épouse du peintre Adolphe Steinheil, est connue pour avoir été la maitresse de Félix Faure mort dans ses bras en 1899 dans le lit de l’Élysée. En 1908, elle est soupçonnée du double meurtre de son mari et de sa mère, toutefois, les versions changeantes de Marguerite font douter la police. Finalement elle est acquittée et se réfugie en Angleterre où elle épouse Lord Scarlet et devient Lady.
Bonimenteuse et extravagante, le mystère règne sur sur sa culpabilité.
Va-t-elle nous révéler la vérité ce soir ?
Un journaliste vient lui rendre visite dans sa demeure anglaise pour essayer de lui faire avouer ses frasques...
La ‘ Sarah Bernard des Assises’, le reçoit dans sa cuisine où elle aime cuisiner en compagnie de sa soubrette. Toutes deux élaborent “Les écrevisses à la Présidente” plat favori de Félix Faure. Pour bien réussir ce plat, n’oublions pas qu’il faut châtrer les écrevisses pour avoir une sauce succulente. La démonstration est cocasse...
Pauvre journaliste coincé entre les recettes de cuisine et les élucubrations de Marguerite futée, coquette et désinvolte et parlant sans détour.
Marguerite quelque peu provocatrice, nous conte avec hardiesse et désinvolture sa vie tumultueuse et extravagante. Nous nous amusons de son langage pittoresque et imagé. Ses recettes sont remplies de métaphores croustillantes.
La description de la montée des blancs en neige pour sa tarte aux citrons est pleine d’allusions coquines, cela fait rire les spectateurs mais déconfit quelques peu l’inspecteur.
Va-t-il abandonner la partie ou réussir à avoir les aveux de Marguerite?
Mystère...
La mise en scène de Vincent Messager est dynamique et minutieusement orchestrée.
Le texte de Christian Siméon nous tient en haleine et nous fait découvrir un personnage hors du commun.
Les Costumes et la scénographie sont esthétiques et harmonieux.
Andréa Ferréol campe avec brio cette courtisane pleine de vitalité, au caractère affirmé, joyeuse, aimant les hommes et les dévorant qui nous réjouit et nous amuse en nous contant son histoire...
Vincent Messager interprète avec talent ce journaliste éberlué face à tant de fantaisie, d' inconséquences et de folie.
Pauline Phelix par sa gestuelle, ses mimiques et ses chansonnettes nous ravit et nous séduit,
C’est gai, croustillant, fougueux, nous passons un moment réjouissant en compagnie de talentueux comédiens.
Merci à tous
Réjouissant, Amusant, Pétulant.
Marguerite Steinheil demi mondaine, épouse du peintre Adolphe Steinheil, est connue pour avoir été la maitresse de Félix Faure mort dans ses bras en 1899 dans le lit de l’Élysée. En 1908, elle est soupçonnée du double meurtre de son mari et de sa mère, toutefois, les versions changeantes de Marguerite font douter la police. Finalement elle est acquittée et se réfugie en Angleterre où elle épouse Lord Scarlet et devient Lady.
Bonimenteuse et extravagante, le mystère règne sur sur sa culpabilité.
Va-t-elle nous révéler la vérité ce soir ?
Un journaliste vient lui rendre visite dans sa demeure anglaise pour essayer de lui faire avouer ses frasques...
La ‘ Sarah Bernard des Assises’, le reçoit dans sa cuisine où elle aime cuisiner en compagnie de sa soubrette. Toutes deux élaborent “Les écrevisses à la Présidente” plat favori de Félix Faure. Pour bien réussir ce plat, n’oublions pas qu’il faut châtrer les écrevisses pour avoir une sauce succulente. La démonstration est cocasse...
Pauvre journaliste coincé entre les recettes de cuisine et les élucubrations de Marguerite futée, coquette et désinvolte et parlant sans détour.
Marguerite quelque peu provocatrice, nous conte avec hardiesse et désinvolture sa vie tumultueuse et extravagante. Nous nous amusons de son langage pittoresque et imagé. Ses recettes sont remplies de métaphores croustillantes.
La description de la montée des blancs en neige pour sa tarte aux citrons est pleine d’allusions coquines, cela fait rire les spectateurs mais déconfit quelques peu l’inspecteur.
Va-t-il abandonner la partie ou réussir à avoir les aveux de Marguerite?
Mystère...
La mise en scène de Vincent Messager est dynamique et minutieusement orchestrée.
Le texte de Christian Siméon nous tient en haleine et nous fait découvrir un personnage hors du commun.
Les Costumes et la scénographie sont esthétiques et harmonieux.
Andréa Ferréol campe avec brio cette courtisane pleine de vitalité, au caractère affirmé, joyeuse, aimant les hommes et les dévorant qui nous réjouit et nous amuse en nous contant son histoire...
Vincent Messager interprète avec talent ce journaliste éberlué face à tant de fantaisie, d' inconséquences et de folie.
Pauline Phelix par sa gestuelle, ses mimiques et ses chansonnettes nous ravit et nous séduit,
C’est gai, croustillant, fougueux, nous passons un moment réjouissant en compagnie de talentueux comédiens.
Merci à tous