Critiques pour l'événement Suite Française
Dans l’oeil du cyclone, tout est calme, ou presque. Dans cette petite bourgade, la guerre semble bien lointaine, jusqu’au jour où les soldats allemands doivent être hébergés chez les habitants.
Peut-on dès lors considérer chacune comme des individus à part entière, on ne restent-ils que des uniformes?
On pense au Silence de la mer de Vercors, on plonge au coeur des tourments et des contradictions de l’âme humaine.
Je l’avoue, je n’ai pas lu le roman d’Irène Némirovsky (et cette adaptation confirme qu’il faut que je le fasse, pour découvrir ce qui forcément a été coupé pour que cette pièce ait une durée raisonnable), mais j’ai beaucoup aimé cette mise en scène, merci à Virginie Lemoine de contribuer à ce qu’on n’oublie pas l’auteure!
Bien sûr, il est difficile de ne pas songer au destin tragique de son auteure, bien sûr, certaines répliques prennent un sens différent. Bien sûr. Elle ne reviendra pas.
Alors il faut oublier l’après, et accepter de rire aussi, en particulier aux interventions de la servante et de la femme du maire ( Emmanuelle Bougerol et Christiane Millet) qui contrastent avec la droiture de la mère ( Béatrice Agenin, vraiment, une distribution idéale!).
Peut-on dès lors considérer chacune comme des individus à part entière, on ne restent-ils que des uniformes?
On pense au Silence de la mer de Vercors, on plonge au coeur des tourments et des contradictions de l’âme humaine.
Je l’avoue, je n’ai pas lu le roman d’Irène Némirovsky (et cette adaptation confirme qu’il faut que je le fasse, pour découvrir ce qui forcément a été coupé pour que cette pièce ait une durée raisonnable), mais j’ai beaucoup aimé cette mise en scène, merci à Virginie Lemoine de contribuer à ce qu’on n’oublie pas l’auteure!
Bien sûr, il est difficile de ne pas songer au destin tragique de son auteure, bien sûr, certaines répliques prennent un sens différent. Bien sûr. Elle ne reviendra pas.
Alors il faut oublier l’après, et accepter de rire aussi, en particulier aux interventions de la servante et de la femme du maire ( Emmanuelle Bougerol et Christiane Millet) qui contrastent avec la droiture de la mère ( Béatrice Agenin, vraiment, une distribution idéale!).
L'un doit suivre les ordres de la hiérarchie et l'autre doit suivre le chemin de son coeur. Aucun des deux ne mènent au même endroit. Ce jeu du chat et de la souris, s'orchestre à merveille dans cet espace du salon de la maison domestique. Un habile éclairage permet d'illuminer les lieux cachés dans les moments sensibles comme celui où est caché un homme recherché. Une fois que le spectacle débute, nous sommes captivés. Les comédiens trouvent toujours les justes émotions, le juste ton. Surtout avec le duo Florence Pernel et Béatrice Agenin qui expriment avec finesse, rectitude et affection la tension et la rivalité entre deux femmes, de deux générations différentes. Tout repose d'ailleurs sur leur inimitié. Florence Pernel apporte la touche d'humour permettant de détendre l'atmosphère. Tout comme Guilaine Londez qui interprète la femme du maire, une personne opportuniste que rien n'arrête. Et si la collaboration lui permet d'avoir ce qu'elle veut, elle n'hésite pas. Une façon de montrer que les limitations entre le bien et le mal restent flous. Elles ne sont pas aussi net que certains livres d'Histoire veulent le faire croire. Une nuance magnifiquement illustrée par des artistes qui mettent leur talent au service d'une pièce touchante et réaliste.
L'Amour en Guerre !
Ecrivain réaliste au regard acéré, Irène Némirovsky nous livre une peinture lucide et acide de l'âme humaine en temps de guerre.
Se côtoient et se heurtent lâcheté et solidarité, sentiments et devoir ....désir individuel et destin collectif.
Virginie Lemoine a fait un choix de mise en scène classique, où avec beaucoup de sensibilité, elle restitue parfaitement cette atmosphère "d'occupation paisible" .
La violence est latente mais n'explose pas, la résistance s'organise tout juste.
Tout n'est pas noir ou blanc dans ce paysage de 1940 : le mari prisonnier est un sale type infidèle, l'officier allemand est prévenant et musicien.
Une histoire d'amour impossible et universelle , formidablement jouée par les comédiens qui ont parfaitement compris l'enjeu, et nous offrent sans tapage inutile une vraie humanité !
Ecrivain réaliste au regard acéré, Irène Némirovsky nous livre une peinture lucide et acide de l'âme humaine en temps de guerre.
Se côtoient et se heurtent lâcheté et solidarité, sentiments et devoir ....désir individuel et destin collectif.
Virginie Lemoine a fait un choix de mise en scène classique, où avec beaucoup de sensibilité, elle restitue parfaitement cette atmosphère "d'occupation paisible" .
La violence est latente mais n'explose pas, la résistance s'organise tout juste.
Tout n'est pas noir ou blanc dans ce paysage de 1940 : le mari prisonnier est un sale type infidèle, l'officier allemand est prévenant et musicien.
Une histoire d'amour impossible et universelle , formidablement jouée par les comédiens qui ont parfaitement compris l'enjeu, et nous offrent sans tapage inutile une vraie humanité !
Adapté du roman éponyme d’Irène Némirovsky, "Suite Française" raconte l'occupation et le placement forcé d'un officier chez une famille française bien décidée à ne pas rendre les honneurs à son uniforme ennemi.
Dans cette histoire, chaque acteur connaît son rôle et les tensions qui anime son personnage. La pièce est superbement interprétée de bout en bout, avec la juste tonalité des succès bien rodés. C'est agréable pour le spectateur.
Guilaine Londez (que j’adore!) s’amuse et égaie la salle dans son rôle de femme du maire, personnage délicieusement odieux et opportuniste, soucieux de garder coûte que coûte ses privilèges de notable de campagne quitte à prendre parti pour le maréchal ou à s'arranger avec les allemands.
Béatrice Agenin qui interprète la mère séparée de son fils paraît drapée d'orgueil et de douleur. L'actrice joue d'abord tout en force, ombrageuse et fière avant de laisser se fendiller sa carapace bourgeoise pour la cause patriotique. C'est le personnage qui évolue le plus dans la pièce : la sensibilité et le talent de l'actrice y étant pour beaucoup.
Florence Pernel, la jeune épouse délaissée et méprisée par sa belle mère, vibre elle d'un désir d’émancipation face au carcan familial et par la guerre si bien qu'elle rentre peu à peu en amitié avec l'officier logeant chez eux, Bruno von Falk. Samuel Glaumé qui l'interprète est lui aussi très bon : soldat dur, autoritaire et à la fois jeune homme apatride privé d'avenir et de rêves. Les deux se lient, se cherchent, plus tout à fait étrangers mais toujours ennemis. Leur relation est en tout vraisemblable.
Dans le rôle de la servante paysanne, Emmanuelle Bougerol est parfaite. Ses répliques bien senties sont un bonheur, elles ajoutent juste ce qu'il faut de touche comique à la pièce. Cédric Revollon qui joue son cousin est lui aussi convaincant.
Il y a dans tout cela un petit air de "Silence de la mer" du Vercors (récit que j’adore) qui n'est pas désagréable.
Paraît-il que la pièce ne rivalise ni avec le livre, ni avec le film… Sans l’avoir vu, je soutiens pour ma part que cette pièce tient ses promesses.
L'adaptation intelligente de Virginie Lemoine & Stéphane Laporte est servie par une distribution au cordeau qui présente toute la force des succès déjà bien rodés.
Un choix sûr pour une sortie de théâtre réussie !
Dans cette histoire, chaque acteur connaît son rôle et les tensions qui anime son personnage. La pièce est superbement interprétée de bout en bout, avec la juste tonalité des succès bien rodés. C'est agréable pour le spectateur.
Guilaine Londez (que j’adore!) s’amuse et égaie la salle dans son rôle de femme du maire, personnage délicieusement odieux et opportuniste, soucieux de garder coûte que coûte ses privilèges de notable de campagne quitte à prendre parti pour le maréchal ou à s'arranger avec les allemands.
Béatrice Agenin qui interprète la mère séparée de son fils paraît drapée d'orgueil et de douleur. L'actrice joue d'abord tout en force, ombrageuse et fière avant de laisser se fendiller sa carapace bourgeoise pour la cause patriotique. C'est le personnage qui évolue le plus dans la pièce : la sensibilité et le talent de l'actrice y étant pour beaucoup.
Florence Pernel, la jeune épouse délaissée et méprisée par sa belle mère, vibre elle d'un désir d’émancipation face au carcan familial et par la guerre si bien qu'elle rentre peu à peu en amitié avec l'officier logeant chez eux, Bruno von Falk. Samuel Glaumé qui l'interprète est lui aussi très bon : soldat dur, autoritaire et à la fois jeune homme apatride privé d'avenir et de rêves. Les deux se lient, se cherchent, plus tout à fait étrangers mais toujours ennemis. Leur relation est en tout vraisemblable.
Dans le rôle de la servante paysanne, Emmanuelle Bougerol est parfaite. Ses répliques bien senties sont un bonheur, elles ajoutent juste ce qu'il faut de touche comique à la pièce. Cédric Revollon qui joue son cousin est lui aussi convaincant.
Il y a dans tout cela un petit air de "Silence de la mer" du Vercors (récit que j’adore) qui n'est pas désagréable.
Paraît-il que la pièce ne rivalise ni avec le livre, ni avec le film… Sans l’avoir vu, je soutiens pour ma part que cette pièce tient ses promesses.
L'adaptation intelligente de Virginie Lemoine & Stéphane Laporte est servie par une distribution au cordeau qui présente toute la force des succès déjà bien rodés.
Un choix sûr pour une sortie de théâtre réussie !
Les femmes et la guerre.
Voilà un thème qui semble tenir à cœur à Virginie Lemoine. En effet, après s’être penchée sur le quotidien des infirmières d’un hôpital lors de la Première Guerre mondiale avec Comme en 14, elle plonge le spectateur en plein second conflit mondial et braque le projecteur sur le sort d’une famille contrainte d’héberger un officier nazi.
S’appuyant sur le roman d’Irène Némirovsky, cette adaptation théâtrale, signée par Virginie Lemoine et Stéphane Laporte, fait la part belle à l’émotion. Attention, j’ai bien écrit émotion et non mièvrerie. Avec un tel sujet, il serait simple de se laisser lentement dériver vers une œuvre caricaturale, mettant en scène d’un côté les gentils et de l’autre les méchants. Non, ici, rien de tout cela. Bien au contraire, car les supposés gentils dévoilent rapidement une part sombre, tandis que le méchant attendu se révèle étonnant de politesse. De quoi brouiller les cartes. Les gentils seraient-ils méchants et le méchant gentil ? Ou bien les gentils laisseraient-ils entrapercevoir une part de méchanceté tout en étant gentils et le méchant, bien que gentil, conserverait-il son âme de méchant ? N’y a-t-il finalement ni gentil, ni méchant ? Toutes ces questions ont-elles vraiment un sens ?
Mystère …
Bon, il n’en demeure pas moins que le texte est particulièrement soigné et intelligent, servi par une belle distribution. L’ambiance est souvent lourde, pesante, mais régulièrement allégées par les répliques, pleines d’humour, de Guilaine Londez et Emmanuelle Bougerol. Oui, car Suite française a beau être une pièce au sujet grave, le spectateur rit.
C’est par conséquent encore une réussite pour Virginie Lemoine. Elle démontre, s’il en était encore besoin, que derrière la comédienne, il y a aussi une metteure en scène de talent.
Du beau (et bon) théâtre à ne pas manquer.
Voilà un thème qui semble tenir à cœur à Virginie Lemoine. En effet, après s’être penchée sur le quotidien des infirmières d’un hôpital lors de la Première Guerre mondiale avec Comme en 14, elle plonge le spectateur en plein second conflit mondial et braque le projecteur sur le sort d’une famille contrainte d’héberger un officier nazi.
S’appuyant sur le roman d’Irène Némirovsky, cette adaptation théâtrale, signée par Virginie Lemoine et Stéphane Laporte, fait la part belle à l’émotion. Attention, j’ai bien écrit émotion et non mièvrerie. Avec un tel sujet, il serait simple de se laisser lentement dériver vers une œuvre caricaturale, mettant en scène d’un côté les gentils et de l’autre les méchants. Non, ici, rien de tout cela. Bien au contraire, car les supposés gentils dévoilent rapidement une part sombre, tandis que le méchant attendu se révèle étonnant de politesse. De quoi brouiller les cartes. Les gentils seraient-ils méchants et le méchant gentil ? Ou bien les gentils laisseraient-ils entrapercevoir une part de méchanceté tout en étant gentils et le méchant, bien que gentil, conserverait-il son âme de méchant ? N’y a-t-il finalement ni gentil, ni méchant ? Toutes ces questions ont-elles vraiment un sens ?
Mystère …
Bon, il n’en demeure pas moins que le texte est particulièrement soigné et intelligent, servi par une belle distribution. L’ambiance est souvent lourde, pesante, mais régulièrement allégées par les répliques, pleines d’humour, de Guilaine Londez et Emmanuelle Bougerol. Oui, car Suite française a beau être une pièce au sujet grave, le spectateur rit.
C’est par conséquent encore une réussite pour Virginie Lemoine. Elle démontre, s’il en était encore besoin, que derrière la comédienne, il y a aussi une metteure en scène de talent.
Du beau (et bon) théâtre à ne pas manquer.
Au théâtre de la Bruyère sont proposées deux pièces à la suite l’une de l’autre « Tempête en juin » puis « Suite française », tirées des deux tomes existants du roman ‘Suite française’, d’Irène Némirovsky, adaptées et mises en scène par Virginie Lemoine et Stéphane Laporte. Les deux pièces peuvent se voir de façon indépendante mais pour les avoir vues à suite l’une de l’autre, c’est un moment intense que je recommande. Nous parlons donc de la seconde pièce « Suite française ».
1941 : après la débâcle, c’est l’heure de l’occupation allemande. Quelque part en Bourgogne, Bruno Von Falk, officier de la Wehrmacht emménage chez Madame Angellier, propriétaire terrienne, dont le fils, militaire, a été fait prisonnier. Elle vit avec sa belle-fille Lucile et une servante. Déjà que Madame Angellier n’était pas à prendre avec des pincettes, comment va-t-elle réagir à l’intrusion d’un jeune et bel officier représentant l’ennemi qui la prive de son fils chéri ? Et Lucile, déjà malmenée par sa belle-mère, qui était trompée par son mari dès le lendemain de son mariage, comment va-t-elle réagir ? La situation est déjà bien tendue dans la maison de Madame Angellier, quand un acte de résistance se produit dans le village… Les masques vont-ils tomber ?
Tout comme dans « Tempête en juin », l’écriture est précise, voir incisive, il faut dire qu’Irène Némirovsky écrit sur le vif entre 1940 et 1942. L’adaptation de Virginie Lemoine et Stéphane Laporte reflète parfaitement la nature profonde des hommes dans la tourmente, le meilleur comme le pire, le plus valeureux comme le plus vil. Une mise en scène qui sert l’histoire tout comme la musique de Stéphane Corbin, les lumières de Denis Koransky (la même équipe que « Tempête en Juin » évidemment !).
Les comédiens sont tous parfaits, chacun dans son rôle : Béatrice Angevin, cette femme en noir, en deuil de son fils qui vit fort mal l’installation de l’ennemi sous son toit.
L’ennemi est joué par Samuel Glaumé, il joue à merveille l’officier à qui il devient difficile de résister tant son charme opère avec efficacité.
Car oui elle a du mal à résister la belle-fille de Madame Angellier, c’est Florence Pernel qui est tiraillée entre son cœur et la raison impérieuse qu’est la guerre et son jeu est tout en nuance.
Guilaine Londez est excellente, ses interventions sont pleines de truculence. Emmanuelle Bougerolle est Marthe la servante qui anime cette bien triste maisonnée. Gaétan Borg (qui joue en alternance avec Cédric Revollon) est le cousin de Marthe, celui par qui les masques tomberont.
1941 : après la débâcle, c’est l’heure de l’occupation allemande. Quelque part en Bourgogne, Bruno Von Falk, officier de la Wehrmacht emménage chez Madame Angellier, propriétaire terrienne, dont le fils, militaire, a été fait prisonnier. Elle vit avec sa belle-fille Lucile et une servante. Déjà que Madame Angellier n’était pas à prendre avec des pincettes, comment va-t-elle réagir à l’intrusion d’un jeune et bel officier représentant l’ennemi qui la prive de son fils chéri ? Et Lucile, déjà malmenée par sa belle-mère, qui était trompée par son mari dès le lendemain de son mariage, comment va-t-elle réagir ? La situation est déjà bien tendue dans la maison de Madame Angellier, quand un acte de résistance se produit dans le village… Les masques vont-ils tomber ?
Tout comme dans « Tempête en juin », l’écriture est précise, voir incisive, il faut dire qu’Irène Némirovsky écrit sur le vif entre 1940 et 1942. L’adaptation de Virginie Lemoine et Stéphane Laporte reflète parfaitement la nature profonde des hommes dans la tourmente, le meilleur comme le pire, le plus valeureux comme le plus vil. Une mise en scène qui sert l’histoire tout comme la musique de Stéphane Corbin, les lumières de Denis Koransky (la même équipe que « Tempête en Juin » évidemment !).
Les comédiens sont tous parfaits, chacun dans son rôle : Béatrice Angevin, cette femme en noir, en deuil de son fils qui vit fort mal l’installation de l’ennemi sous son toit.
L’ennemi est joué par Samuel Glaumé, il joue à merveille l’officier à qui il devient difficile de résister tant son charme opère avec efficacité.
Car oui elle a du mal à résister la belle-fille de Madame Angellier, c’est Florence Pernel qui est tiraillée entre son cœur et la raison impérieuse qu’est la guerre et son jeu est tout en nuance.
Guilaine Londez est excellente, ses interventions sont pleines de truculence. Emmanuelle Bougerolle est Marthe la servante qui anime cette bien triste maisonnée. Gaétan Borg (qui joue en alternance avec Cédric Revollon) est le cousin de Marthe, celui par qui les masques tomberont.
En 1941, une famille d’un petit village français, dont le fils est prisonnier de guerre, voit un officier allemand s’installer dans sa maison. Comment cohabiter dans des conditions pareilles ? Peut-on passer outre la guerre pour laisser libre cours à ses sentiments ? Comment ne pas trahir son pays et sa famille?
Suite française est une pièce tirée du roman d’Iréne Némirovsky, adaptée par Virginie Lemoine et Stéphane Laporte.
C’est un savant mélange d’humour, d’émotion, d’interrogation, de tension dramatique et familiale. La mise en scène de Virginie Lemoine fait mouche ; le décor est très réussi tout en étant simple car il rend bien l’espace confiné d’un salon tout en suggérant habilement les autres pièces de la maison. Tous les comédiens jouent très bien et sonnent juste.
C’est une vraie réussite et un très beau moment de théâtre.
Suite française est une pièce tirée du roman d’Iréne Némirovsky, adaptée par Virginie Lemoine et Stéphane Laporte.
C’est un savant mélange d’humour, d’émotion, d’interrogation, de tension dramatique et familiale. La mise en scène de Virginie Lemoine fait mouche ; le décor est très réussi tout en étant simple car il rend bien l’espace confiné d’un salon tout en suggérant habilement les autres pièces de la maison. Tous les comédiens jouent très bien et sonnent juste.
C’est une vraie réussite et un très beau moment de théâtre.
Rien à dire sinon Bravissimo... Du vrai théâtre avec d'excellents acteurs une mise scène respectueuse d'une pièce tirée du roman poignant d'Irène Némirovsky . Au antipode des classiques "revisités" façon art contemporain avec des mise en scène tarabiscotée, prétentieuse, provocante à défaut de talent ou d' humilité....
Mercredi 9 octobre 2019
La mise en scène est plutôt réussie bien que très classique, les acteurs jouent plutôt bien à part la comtesse qui est inutilement caricaturale et essaie de tirer la pièce vers la comédie cassant le peu d’émotions que l’on aurait pu ressentir.
Tout cela reste bien sage et bien lisse et le texte de la pièce participe à cette fadeur générale.
Il n’y a pas beaucoup d’émotions ni de conviction dans le jeu des acteurs et le spectateur reste sur le bord de cette histoire, sans jamais entrer dedans ni se sentir concerné.
Tout cela reste bien sage et bien lisse et le texte de la pièce participe à cette fadeur générale.
Il n’y a pas beaucoup d’émotions ni de conviction dans le jeu des acteurs et le spectateur reste sur le bord de cette histoire, sans jamais entrer dedans ni se sentir concerné.
La plume de l’auteur est fine, précise, délicate mais aussi acérée, vive, brillante intelligente.
Verbatim historique, cette Suite Française, interpelle…
En pleine débâcle, en pleine occupation, directement menacée, Irène Némorovsky dépeint ces moments de notre histoire sous un angle d’une humanité tantôt touchante, émouvante, bienveillante tantôt crue et cruelle parfois même pestilentielle.
“Francoscopie de l’univers Des gens” simples aux grands bourgeois en passant par quelques paysans ou notables… le tableau plutôt sombre, voire noir cède subtilement place à la résilience d’un nature humaine qui s’amende, plus digne, plus généreuse et bienveillante.
Le jeu des acteurs est juste, en place, les personnages sont crédibles, les scènes s'enchaînent avec fluidité.
Une très belle mise en scène de Virginie Lemoine, une adaptation fine de cette fresque de la France sous l’occupation. Une distribution pertinente et une interprétation intelligente des acteurs pour une pièce intimiste. Une réussite.
Verbatim historique, cette Suite Française, interpelle…
En pleine débâcle, en pleine occupation, directement menacée, Irène Némorovsky dépeint ces moments de notre histoire sous un angle d’une humanité tantôt touchante, émouvante, bienveillante tantôt crue et cruelle parfois même pestilentielle.
“Francoscopie de l’univers Des gens” simples aux grands bourgeois en passant par quelques paysans ou notables… le tableau plutôt sombre, voire noir cède subtilement place à la résilience d’un nature humaine qui s’amende, plus digne, plus généreuse et bienveillante.
Le jeu des acteurs est juste, en place, les personnages sont crédibles, les scènes s'enchaînent avec fluidité.
Une très belle mise en scène de Virginie Lemoine, une adaptation fine de cette fresque de la France sous l’occupation. Une distribution pertinente et une interprétation intelligente des acteurs pour une pièce intimiste. Une réussite.
Nous sommes en 1941 dans un village de Bourgogne. Madame Angellier (Béatrice Agenin) dont le fils unique est prisonnier de guerre, se voit contrainte d'accueillir chez elle un officier allemand. Le soldat s'avère séduisant et cultivé. Loin de la brute épaisse qu'on aurait facilité à détester. L'ambiance est sombre. Les objets précieux ont été cachés, rendant le décor encore plus austère. La maisonnée désertée par les hommes abrite également Lucile (Florence Pernel), l'épouse du fils prisonnier. La cohabitation forcée entre la mère et la belle-fille monte d'un cran dans la tension avec la présence du bel officier. Lucile résiste. Son devoir est de rester fidèle à celui qu'elle n'a jamais aimé et de ne pas succomber au charme de l'ennemi. D'autant plus que la résistance n'est pas loin, et que Lucile sera mise à contribution pour sauver le cousin de la bonne, auteur d'un acte de sabotage.
La mise en scène de Virginie Lemoine est toute en finesse et sobriété. L'ambiance lourde de l'occupation, couplée à l'atmosphère feutrée d'un maison bourgeoise où tous doivent cohabiter, les apparences qu'il faut sauver, être constamment sur ses gardes tant par éducation que du fait de la situation. Face à la rigidité morale de Madame Angellier il y a le bon sens populaire et terrien de la bonne (Emmanuelle Bougerol) et la figure un brin caricaturale de la femme du maire (Christiane Millet) qui tente de mettre en oeuvre la solidarité au sein de cette communauté repliée sur elle-même par la peur. Quatre femmes dignes et pas moins combattantes que les deux hommes que sont le soldat allemand et le résistant. Six personnages pour montrer toute les contradiction de l'âme humaine, ses lâchetés, ses compromissions, ses actes de courage.
La distribution est parfaite. Béatrice Agenin est la digne, froide et malheureuse Madame Angellier. Florence Pernel a cette même dignité. Elle interprète tout en retenue et en pudeur cette femme de prisonnier luttant pour ne pas tomber amoureuse du séduisant ennemi. Christiane Millet et Emmanuelle Bougerol sont tout aussi impeccable et apportent humour et légèreté dans cette ambiance tendue. Samuel Glaumé est l'objet de la tentation, l'officier droit, respectueux et cultivé qui n'est pas dupe de ce qui se passe dans cette maison. Enfin Cedric Revollon est également très juste dans le rôle du résistant.
Irène Némirovski fut arrétée le 13 juillet 1942 dans le Morvan. Déportée à Auschwitz elle y meurt le 19 août 1942. Sa fille retrouva le manuscrit de "Suite française" dans une malle oubliée. Publié en 2004 le livre reçu le prix Renaudot et a fait l'objet d'une adaptation au cinéma.
En bref : Virginie Lemoine adapte avec délicatesse et finesse le roman d'Irène Némirovski. Une fresque de la France sous l'occupation. Une distribution parfaite et une interprétation impeccable pour une pièce intimiste. Une réussite.
(Vu à Avignon - Juillet 2018)
La mise en scène de Virginie Lemoine est toute en finesse et sobriété. L'ambiance lourde de l'occupation, couplée à l'atmosphère feutrée d'un maison bourgeoise où tous doivent cohabiter, les apparences qu'il faut sauver, être constamment sur ses gardes tant par éducation que du fait de la situation. Face à la rigidité morale de Madame Angellier il y a le bon sens populaire et terrien de la bonne (Emmanuelle Bougerol) et la figure un brin caricaturale de la femme du maire (Christiane Millet) qui tente de mettre en oeuvre la solidarité au sein de cette communauté repliée sur elle-même par la peur. Quatre femmes dignes et pas moins combattantes que les deux hommes que sont le soldat allemand et le résistant. Six personnages pour montrer toute les contradiction de l'âme humaine, ses lâchetés, ses compromissions, ses actes de courage.
La distribution est parfaite. Béatrice Agenin est la digne, froide et malheureuse Madame Angellier. Florence Pernel a cette même dignité. Elle interprète tout en retenue et en pudeur cette femme de prisonnier luttant pour ne pas tomber amoureuse du séduisant ennemi. Christiane Millet et Emmanuelle Bougerol sont tout aussi impeccable et apportent humour et légèreté dans cette ambiance tendue. Samuel Glaumé est l'objet de la tentation, l'officier droit, respectueux et cultivé qui n'est pas dupe de ce qui se passe dans cette maison. Enfin Cedric Revollon est également très juste dans le rôle du résistant.
Irène Némirovski fut arrétée le 13 juillet 1942 dans le Morvan. Déportée à Auschwitz elle y meurt le 19 août 1942. Sa fille retrouva le manuscrit de "Suite française" dans une malle oubliée. Publié en 2004 le livre reçu le prix Renaudot et a fait l'objet d'une adaptation au cinéma.
En bref : Virginie Lemoine adapte avec délicatesse et finesse le roman d'Irène Némirovski. Une fresque de la France sous l'occupation. Une distribution parfaite et une interprétation impeccable pour une pièce intimiste. Une réussite.
(Vu à Avignon - Juillet 2018)
... Histoire d’amour et de guerre, cette pièce fait mouche. La beauté des images et des émotions font de ce spectacle magnifiquement joué, un moment de théâtre impressionnant. Incontournable spectacle que j’ai plaisir à recommander.
L’adaptation et la mise en scène de la « suite Française » par Virginie Lemoine est remarquable.
Tous les comédiens sont formidables de vérité et de talent. La femme du Maire collabo qui prend fait et cause pour le Maréchal afin de préserver ses intérêts. La bonne qui ferait tout pour sauver son frère résistant. La grande bourgeoise provinciale avide et fière, une mère qui ne vit que dans le souvenir de son fils prisonnier. L’officier Allemand écartelé entre son devoir de militaire et le sentiment amoureux impossible envers la jeune femme de la maison magnifiquement interprétée par Florence Pernel.
Ça donne une comédie dramatique pleine d’émotions sur la cruauté et l’absurdité de la guerre. Il y a du Molière dans l’air …
Tous les comédiens sont formidables de vérité et de talent. La femme du Maire collabo qui prend fait et cause pour le Maréchal afin de préserver ses intérêts. La bonne qui ferait tout pour sauver son frère résistant. La grande bourgeoise provinciale avide et fière, une mère qui ne vit que dans le souvenir de son fils prisonnier. L’officier Allemand écartelé entre son devoir de militaire et le sentiment amoureux impossible envers la jeune femme de la maison magnifiquement interprétée par Florence Pernel.
Ça donne une comédie dramatique pleine d’émotions sur la cruauté et l’absurdité de la guerre. Il y a du Molière dans l’air …
« Tempête en juin » & « Suite française », d’après les deux tomes de Suite française, d’Irène Némirovsky, adaptés et mis en scène par Virginie Lemoine et Stéphane Laporte au théâtre la Bruyère sont une folle épopée qui apporte de la bonne humeur, du rire, de la vie, dans cette période plus que troublée que l’Europe a traversée.
Irène Némirovsky, née à Kiev en 1903, romancière russe, issue d’une famille juive, ce qui lui causera sa perte par la folie d’un homme, des hommes, reçoit une éducation imprégnée de culture française. Toute la famille fuit la révolution russe pour se retrouver, après un périple, en France et c’est le début d’une belle aventure, trop courte, où elle y trouvera l’amour.
Elle est le seul écrivain à avoir reçu à titre posthume le prix Renaudot pour son roman inachevé « Suite française ». Des suites étaient prévues, quatre au total, mais son destin en a malheureusement décidé autrement.
Franck Desmedt débute cette soirée avec « Tempête en juin », il m’avait bouleversé dans son seul en scène « Voyage au bout de la nuit » au Lucernaire, il m’a une nouvelle fois impressionné par son interprétation magistrale, digne d’un Molière, du texte d’Irène Némirovsky, intelligemment adapté et mis en scène par Virginie Lemoine et Stéphane Laporte. Ils ont trouvé le comédien idéal pour une telle entreprise. La fluidité de leur mise en scène, remplie de lumière, met en exergue le monumental travail de précision que Franck Desmedt nous présente sur scène.
Pendant plus d’une heure vont défiler sous nos yeux une quarantaine de personnages fuyant la capitale : c’est l’exode.
Nous sommes le 03 juin 1940, des bombes tombent sur Paris, en quelques heures les habitants désertent la capitale.
C’est un moment savoureux que Franck Desmedt dépeint avec tout son talent, avec entre autres, les illustrations de Sylvain Bossut.
Nous sommes en osmose, nous sommes partie prenante, de cette course folle, de cette fuite, vers un semblant de liberté, de calme, de vie.
Accompagné par quelques notes sublimes de piano composées par Stéphane Corbin qui m’avait enchanté dans « Michel for ever » toujours à l’affiche au Poche Montparnasse, Irène Némirovsky transcrit dans une lucidité surprenante, avec une multitude de détails, les travers de ses contemporains que Franck Desmedt restitue à cent à l’heure : dans une diction parfaite, pas une syllabe ne manque à son récit.
Qui dit exode, dit course, dit fuite devant l’envahisseur. Il faut sauver sa peau, sauver tout ce que l’on peut emporter avec soi dans la panique d’un départ précipité.
La force de l’auteur, du comédien, est de nous faire vivre, ce qui est au demeurant tragique, une tranche de vie aux intonations joyeuses.
La virtuosité de Franck Desmedt, dans son imperméable et sa simple valise, est par un regard, un sourire, une intonation, un geste, de brosser dans une précision folle les défauts, les faiblesses, l’âme des personnages.
A noter la prouesse technique du régisseur qui suit les changements, au quart de seconde, du jeu de Franck Desmedt.
Qu’il soit le patriarche sur son fauteuil roulant, que l’on oubliera sur le bas côté (un moment d’anthologie), le chef de famille dépassé par les événements, ou encore le fils qui ne songe qu’à une chose, s’engager pour défendre la patrie, eh bien rien n’est laissé au hasard, chaque touche de peinture que dépeint cette fresque nous émeut, nous fragilise, nous fait rire et nous accueillons la fin de cette histoire l’âme remplie de bonheur : nous sommes vivants !
La soirée se poursuit avec « Suite française ».
Nous sommes en 1941 et l’envahisseur s’installe de plus en plus en France, aux dépends des autochtones qui n’ont pas leurs mots à dire concernant la réquisition de leurs habitations : pour l’instant dans un village de Bourgogne.
L’officier Bruno von Falk, de la Wehrmacht, prend ses quartiers chez Madame Angellier, dont le fils est prisonnier de guerre et qui vit avec sa belle-fille.
La rencontre de cet officier et de la belle-fille sonne comme un coup de foudre, un coup de tonnerre au milieu de la nuit noire, de la nuit envahissante. Un amour qui se veut impossible, contre nature, un amour à sens unique, quoique…
Une contradiction qu’Irène Némirovsky a admirablement développée dans cette histoire mise en scène subtilement, sans appuyer les effets, par Virginie Lemoine : elle a laissé vivre l’émotion, la pudeur des voix, des actes.
La question se pose : comment réagir ? La réponse est facile pour nous spectateurs, nous qui sommes en dehors du propos : pour la sainte morale, pour tous les morts, la fusion ne peut avoir lieu.
Comment se comporter quand délaissée par son mari, le lendemain de son mariage, un homme vous fait revivre cette flamme qui vous avait exaltée auparavant ? Faut-il s’enfermer dans une fidélité non partagée ou laisser parler son cœur ? Bien malin celui qui a la réponse.
Encore une fois avec beaucoup de détails Irène Némirovsky a sublimé, développé, par une richesse des répliques, les échanges des personnages, décrit leurs natures profondes : des arrangements les plus mesquins aux actes les plus courageux.
Vient se greffer à cette historie d’amour interdite, cette farandole, la vie des villageois, un fait de résistance qui bouleversera leur train-train quotidien.
Avec une musique aérienne toujours de Stéphane Corbin, une musique qui fait le lien entre les deux pièces et dans un décor aux ombres et transparences bien étudiées de Grégoire Lemoine, sous des lumières de Denis Koransky, évolue cette « Suite française avec ses personnages, hauts en couleurs, en générosité, jouée tout en émotions par six talentueux comédiens.
Béatrice Angevin, est parfaite dans son rôle de Madame Angellier, une mère tout en deuil, exaspérée par la venue de cet officier, qu’elle considère comme un viol.
Irène Némirovsky s’est amusée à dépeindre ce conflit mère-fille, qu’elle a vécu, avec le rôle de la belle-fille joué tout en nuances, en émotions, à fleur de peau par Florence Pernel. Elle transcrit magnifiquement son tiraillement entre sa passion naissante et sa raison.
Quant à l’officier allemand joué avec brio par Samuel Glaumé, c’est la déstabilisation assurée. Comment lui résister ? Il a tous les atouts pour vous faire succomber, oublier qu’il représente l’envahisseur, l’ennemi.
Vient se greffer autour des ces personnages, la truculente bonne, jouée dynamiquement par Emmanuelle Bougerol, elle est le rayon de soleil qui vient réveiller la nuit.
Puis le personnage de l’aristocrate, la dame patronnesse roublarde, joué ludiquement par Guilaine Londez, à la réplique succulente pour maintenir ses privilèges au détriment du commun des mortels : on ne mélange pas les torchons avec les serviettes.
Et pour finir, le trublion, celui qui va faire basculer cette histoire et révéler la vraie nature des protagonistes : le cousin, le paysan nature, tout en logique, joué sincèrement ce soir par Cédric Revollon (en alternance avec Gaétan Borg que j’avais découvert dans « Michel for ever »).
Un spectacle exceptionnel qu’il faut absolument voir, le mieux les deux pièces à la suite. Vous ne le regretterez pas !
Même si vous avez eu la chance de découvrir « Suite française » à Avignon, l’enchaînement des deux histoires n’en fait qu’une. On retrouve dans « Suite française » des personnages, des situations, des anecdotes de « Tempête en juin », un clin d’œil réconfortant.
Irène Némirovsky, née à Kiev en 1903, romancière russe, issue d’une famille juive, ce qui lui causera sa perte par la folie d’un homme, des hommes, reçoit une éducation imprégnée de culture française. Toute la famille fuit la révolution russe pour se retrouver, après un périple, en France et c’est le début d’une belle aventure, trop courte, où elle y trouvera l’amour.
Elle est le seul écrivain à avoir reçu à titre posthume le prix Renaudot pour son roman inachevé « Suite française ». Des suites étaient prévues, quatre au total, mais son destin en a malheureusement décidé autrement.
Franck Desmedt débute cette soirée avec « Tempête en juin », il m’avait bouleversé dans son seul en scène « Voyage au bout de la nuit » au Lucernaire, il m’a une nouvelle fois impressionné par son interprétation magistrale, digne d’un Molière, du texte d’Irène Némirovsky, intelligemment adapté et mis en scène par Virginie Lemoine et Stéphane Laporte. Ils ont trouvé le comédien idéal pour une telle entreprise. La fluidité de leur mise en scène, remplie de lumière, met en exergue le monumental travail de précision que Franck Desmedt nous présente sur scène.
Pendant plus d’une heure vont défiler sous nos yeux une quarantaine de personnages fuyant la capitale : c’est l’exode.
Nous sommes le 03 juin 1940, des bombes tombent sur Paris, en quelques heures les habitants désertent la capitale.
C’est un moment savoureux que Franck Desmedt dépeint avec tout son talent, avec entre autres, les illustrations de Sylvain Bossut.
Nous sommes en osmose, nous sommes partie prenante, de cette course folle, de cette fuite, vers un semblant de liberté, de calme, de vie.
Accompagné par quelques notes sublimes de piano composées par Stéphane Corbin qui m’avait enchanté dans « Michel for ever » toujours à l’affiche au Poche Montparnasse, Irène Némirovsky transcrit dans une lucidité surprenante, avec une multitude de détails, les travers de ses contemporains que Franck Desmedt restitue à cent à l’heure : dans une diction parfaite, pas une syllabe ne manque à son récit.
Qui dit exode, dit course, dit fuite devant l’envahisseur. Il faut sauver sa peau, sauver tout ce que l’on peut emporter avec soi dans la panique d’un départ précipité.
La force de l’auteur, du comédien, est de nous faire vivre, ce qui est au demeurant tragique, une tranche de vie aux intonations joyeuses.
La virtuosité de Franck Desmedt, dans son imperméable et sa simple valise, est par un regard, un sourire, une intonation, un geste, de brosser dans une précision folle les défauts, les faiblesses, l’âme des personnages.
A noter la prouesse technique du régisseur qui suit les changements, au quart de seconde, du jeu de Franck Desmedt.
Qu’il soit le patriarche sur son fauteuil roulant, que l’on oubliera sur le bas côté (un moment d’anthologie), le chef de famille dépassé par les événements, ou encore le fils qui ne songe qu’à une chose, s’engager pour défendre la patrie, eh bien rien n’est laissé au hasard, chaque touche de peinture que dépeint cette fresque nous émeut, nous fragilise, nous fait rire et nous accueillons la fin de cette histoire l’âme remplie de bonheur : nous sommes vivants !
La soirée se poursuit avec « Suite française ».
Nous sommes en 1941 et l’envahisseur s’installe de plus en plus en France, aux dépends des autochtones qui n’ont pas leurs mots à dire concernant la réquisition de leurs habitations : pour l’instant dans un village de Bourgogne.
L’officier Bruno von Falk, de la Wehrmacht, prend ses quartiers chez Madame Angellier, dont le fils est prisonnier de guerre et qui vit avec sa belle-fille.
La rencontre de cet officier et de la belle-fille sonne comme un coup de foudre, un coup de tonnerre au milieu de la nuit noire, de la nuit envahissante. Un amour qui se veut impossible, contre nature, un amour à sens unique, quoique…
Une contradiction qu’Irène Némirovsky a admirablement développée dans cette histoire mise en scène subtilement, sans appuyer les effets, par Virginie Lemoine : elle a laissé vivre l’émotion, la pudeur des voix, des actes.
La question se pose : comment réagir ? La réponse est facile pour nous spectateurs, nous qui sommes en dehors du propos : pour la sainte morale, pour tous les morts, la fusion ne peut avoir lieu.
Comment se comporter quand délaissée par son mari, le lendemain de son mariage, un homme vous fait revivre cette flamme qui vous avait exaltée auparavant ? Faut-il s’enfermer dans une fidélité non partagée ou laisser parler son cœur ? Bien malin celui qui a la réponse.
Encore une fois avec beaucoup de détails Irène Némirovsky a sublimé, développé, par une richesse des répliques, les échanges des personnages, décrit leurs natures profondes : des arrangements les plus mesquins aux actes les plus courageux.
Vient se greffer à cette historie d’amour interdite, cette farandole, la vie des villageois, un fait de résistance qui bouleversera leur train-train quotidien.
Avec une musique aérienne toujours de Stéphane Corbin, une musique qui fait le lien entre les deux pièces et dans un décor aux ombres et transparences bien étudiées de Grégoire Lemoine, sous des lumières de Denis Koransky, évolue cette « Suite française avec ses personnages, hauts en couleurs, en générosité, jouée tout en émotions par six talentueux comédiens.
Béatrice Angevin, est parfaite dans son rôle de Madame Angellier, une mère tout en deuil, exaspérée par la venue de cet officier, qu’elle considère comme un viol.
Irène Némirovsky s’est amusée à dépeindre ce conflit mère-fille, qu’elle a vécu, avec le rôle de la belle-fille joué tout en nuances, en émotions, à fleur de peau par Florence Pernel. Elle transcrit magnifiquement son tiraillement entre sa passion naissante et sa raison.
Quant à l’officier allemand joué avec brio par Samuel Glaumé, c’est la déstabilisation assurée. Comment lui résister ? Il a tous les atouts pour vous faire succomber, oublier qu’il représente l’envahisseur, l’ennemi.
Vient se greffer autour des ces personnages, la truculente bonne, jouée dynamiquement par Emmanuelle Bougerol, elle est le rayon de soleil qui vient réveiller la nuit.
Puis le personnage de l’aristocrate, la dame patronnesse roublarde, joué ludiquement par Guilaine Londez, à la réplique succulente pour maintenir ses privilèges au détriment du commun des mortels : on ne mélange pas les torchons avec les serviettes.
Et pour finir, le trublion, celui qui va faire basculer cette histoire et révéler la vraie nature des protagonistes : le cousin, le paysan nature, tout en logique, joué sincèrement ce soir par Cédric Revollon (en alternance avec Gaétan Borg que j’avais découvert dans « Michel for ever »).
Un spectacle exceptionnel qu’il faut absolument voir, le mieux les deux pièces à la suite. Vous ne le regretterez pas !
Même si vous avez eu la chance de découvrir « Suite française » à Avignon, l’enchaînement des deux histoires n’en fait qu’une. On retrouve dans « Suite française » des personnages, des situations, des anecdotes de « Tempête en juin », un clin d’œil réconfortant.
Belle pièce, très filmogénique. On se croirait au cinéma !
En bref, un soldat allemand de la Wehrmarcht est logé chez une famille francaise, dont le fils Léon est prisonnier de guerre allemand. La femme Lucie, habite donc chez sa belle-mère, en attendant que son mari revienne, avec Marthe la bonne. Le cousin de Marthe, tue un allemand, il est recherché dans toute la région. Les femmes le cache, Lucie obtient du soldat allemand un laisser-passer pour Paris, et emène le fugitif rejoindre les réseaux de la résistance. On apprend qu'elle ne reviendra jamais de ce voyage.
Ce qui est beau : c'est l'histoire d'amour entre le soldat allemand et Lucie, qui reste au stade d'amour non consumé, d'amour interdit. C'est terrible, ils sont beaux, ont la même sensibilité musicale, se ressemblent, mais c'est interdit. J'aurai rêvé qu'ils craquent ensemble, mais la raison prend le dessus à chaque fois sur leur amour.
C'est assez dingue aussi de voir que les résistants reposent en réalité sur les "collabos". Dès que les résistants sont en dangers, ils viennent voir Lucie, qui est traitée de collabo car elle discute avec le soldat allemand, et ils demandent à Lucie d'obtenir des faveurs de l'allemand.
Ce qui est too much :
- la femme du maire : elle est pénible, c'est un personnage issu de la farce qui n'a en réalité pas d'intérêt dans la pièce. Elle est too much est casse le côté historique de la pièce.
- l'harmonie des personnages/comédiens : c'est vrai qu'ils collent tous parfaitement au rôle. La belle-mère est pincée et sévère physiquement, la belle-fille est belle comme le jour, Marthe a la tête de la bonne, l'allemand à la gueule du chic type. On se croirait dans un film tellement les personnages sont clichés, c'est très cinématographique cette perfection de rôle ! Peut être un poil trop lisse du coup.
Bravo pour l'émotion, les décors, les costumes, la mise en scène.
En bref, un soldat allemand de la Wehrmarcht est logé chez une famille francaise, dont le fils Léon est prisonnier de guerre allemand. La femme Lucie, habite donc chez sa belle-mère, en attendant que son mari revienne, avec Marthe la bonne. Le cousin de Marthe, tue un allemand, il est recherché dans toute la région. Les femmes le cache, Lucie obtient du soldat allemand un laisser-passer pour Paris, et emène le fugitif rejoindre les réseaux de la résistance. On apprend qu'elle ne reviendra jamais de ce voyage.
Ce qui est beau : c'est l'histoire d'amour entre le soldat allemand et Lucie, qui reste au stade d'amour non consumé, d'amour interdit. C'est terrible, ils sont beaux, ont la même sensibilité musicale, se ressemblent, mais c'est interdit. J'aurai rêvé qu'ils craquent ensemble, mais la raison prend le dessus à chaque fois sur leur amour.
C'est assez dingue aussi de voir que les résistants reposent en réalité sur les "collabos". Dès que les résistants sont en dangers, ils viennent voir Lucie, qui est traitée de collabo car elle discute avec le soldat allemand, et ils demandent à Lucie d'obtenir des faveurs de l'allemand.
Ce qui est too much :
- la femme du maire : elle est pénible, c'est un personnage issu de la farce qui n'a en réalité pas d'intérêt dans la pièce. Elle est too much est casse le côté historique de la pièce.
- l'harmonie des personnages/comédiens : c'est vrai qu'ils collent tous parfaitement au rôle. La belle-mère est pincée et sévère physiquement, la belle-fille est belle comme le jour, Marthe a la tête de la bonne, l'allemand à la gueule du chic type. On se croirait dans un film tellement les personnages sont clichés, c'est très cinématographique cette perfection de rôle ! Peut être un poil trop lisse du coup.
Bravo pour l'émotion, les décors, les costumes, la mise en scène.
Ce fut un des spectacles qui ont compté cet été en Avignon et on espère qu'il sera programmé bientôt dans une salle parisienne.
Virginie Lemoine connait bien l'oeuvre d’Irène Némirovsky dont elle avait déjà adapté (et co-mis en scène) Le bal que l'on a vu la saison dernière au Théâtre Rive Gauche.
Des images d'archives situent l'action en 1941 alors que l'Allemagne envahit la France. Nous sommes dans un petit village bourguignon. Madame Angellier, dont le fils unique est prisonnier de guerre, se voit contrainte d’accueillir chez elle un officier de la Wehrmacht, le séduisant Bruno von Falk. La vie s'organise et chacun fait de son mieux pour vivre selon ses convictions.
La maitresse de maison (Béatrice Agenin) restera longtemps inflexible, murée dans la mémoire de son héros de fils. L'officier (Samuel Glaumé) respecte autant que faire se peut les convictions de ses hôtesses tout en exprimant ses sentiments le plus délicatement possible envers Lucile (Florence Pernel), vite torturée entre son désir et son devoir de fidélité à un mari qu’elle n’a pourtant jamais aimé.
Des personnages hauts en couleur apportent une note d'humour. En particulier la bonne (Emmanuelle Bougerol) qui s'exprime avec une franchise désarmante, où la bourgeoise patronnesse (Christiane Millet) odieuse dans sa manière de chercher à tout prix l'arrangement qui lui conviendra. N'oublions pas le bon sens paysan incarné par Cédric Revollon.
C'est incroyable ce que les maisons françaises sont vides ? fera remarquer l'officier en découvrant son nouveau logement dont on sait que tous les objets de valeur ont soigneusement été camouflés. Plus tard Lucile comprendra qu'une interdiction n'est pas une impossibilité.... On suit les joutes oratoires et la valse des sentiments en se posant l'inévitable question : qu'aurions-nous fait à leur place ?
Virginie Lemoine s'est s'attachée, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, à restituer fidèlement les mots de l'auteure, en n'inventant aucun dialogue, ce qui les rend encore plus précieux. On sait aussi ce que l'on doit à sa fille Denise, qui a sauvé et retranscrit le texte de sa mère. Irène Némirovsky est morte à Auschwitz en août 1942 alors qu'elle n'avait que 39 ans. Denise n'avait que 13 ans.
Dans Suite française, chacun révèle sa force ou sa faiblesse de caractère, en s'arrangeant de son mieux avec les contradictions auxquelles il est soumis. La mesquinerie côtoie le courage. Ce n'est pas nouveau mais c'est mis en scène avec beaucoup de justesse et interprété par d’excellents comédiens.
Le décor imaginé Grégoire Lemoine sert la dimension dramatique en permettant de jouer quelques scènes en transparence renforcées par un éclairage en demi-teintes travaillé par Denis Koransky pour restituer l'atmosphère étouffante et provinciale de cette période difficile où, malgré tout, des sentiments pouvaient éclore.
Virginie Lemoine connait bien l'oeuvre d’Irène Némirovsky dont elle avait déjà adapté (et co-mis en scène) Le bal que l'on a vu la saison dernière au Théâtre Rive Gauche.
Des images d'archives situent l'action en 1941 alors que l'Allemagne envahit la France. Nous sommes dans un petit village bourguignon. Madame Angellier, dont le fils unique est prisonnier de guerre, se voit contrainte d’accueillir chez elle un officier de la Wehrmacht, le séduisant Bruno von Falk. La vie s'organise et chacun fait de son mieux pour vivre selon ses convictions.
La maitresse de maison (Béatrice Agenin) restera longtemps inflexible, murée dans la mémoire de son héros de fils. L'officier (Samuel Glaumé) respecte autant que faire se peut les convictions de ses hôtesses tout en exprimant ses sentiments le plus délicatement possible envers Lucile (Florence Pernel), vite torturée entre son désir et son devoir de fidélité à un mari qu’elle n’a pourtant jamais aimé.
Des personnages hauts en couleur apportent une note d'humour. En particulier la bonne (Emmanuelle Bougerol) qui s'exprime avec une franchise désarmante, où la bourgeoise patronnesse (Christiane Millet) odieuse dans sa manière de chercher à tout prix l'arrangement qui lui conviendra. N'oublions pas le bon sens paysan incarné par Cédric Revollon.
C'est incroyable ce que les maisons françaises sont vides ? fera remarquer l'officier en découvrant son nouveau logement dont on sait que tous les objets de valeur ont soigneusement été camouflés. Plus tard Lucile comprendra qu'une interdiction n'est pas une impossibilité.... On suit les joutes oratoires et la valse des sentiments en se posant l'inévitable question : qu'aurions-nous fait à leur place ?
Virginie Lemoine s'est s'attachée, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, à restituer fidèlement les mots de l'auteure, en n'inventant aucun dialogue, ce qui les rend encore plus précieux. On sait aussi ce que l'on doit à sa fille Denise, qui a sauvé et retranscrit le texte de sa mère. Irène Némirovsky est morte à Auschwitz en août 1942 alors qu'elle n'avait que 39 ans. Denise n'avait que 13 ans.
Dans Suite française, chacun révèle sa force ou sa faiblesse de caractère, en s'arrangeant de son mieux avec les contradictions auxquelles il est soumis. La mesquinerie côtoie le courage. Ce n'est pas nouveau mais c'est mis en scène avec beaucoup de justesse et interprété par d’excellents comédiens.
Le décor imaginé Grégoire Lemoine sert la dimension dramatique en permettant de jouer quelques scènes en transparence renforcées par un éclairage en demi-teintes travaillé par Denis Koransky pour restituer l'atmosphère étouffante et provinciale de cette période difficile où, malgré tout, des sentiments pouvaient éclore.
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