Son balcon
SAISON 2020-2021
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Mini Molières
12 592reçus
Superstar
Son classement : 36 / 5262
Après lui


Sabine Piano Panier
87 critiques
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critiques
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Ce n’est pas parce qu’on ne parle pas des choses qu’elles n’existent pas. La phrase qui s’affiche sur l’écran. donne le ton de la pièce au public qui va découvrir l'histoire des femmes sous un autre angle que purement historique.
Les trois principales femmes qui sont aux commandes sont formidables : Laura Léoni pour l'écriture, Laetitia Gonzalbes pour la mise en scène (et les lumières) et l'exceptionnelle Diane Prost pour interpréter tous les rôles avec une justesse qui n'exclut pas l'humour et le décalage.
Elle campe les unes est les autres en faisant de son costume une utilisation quasi géniale.
Le spectacle commence par une introduction qui situe la position de la narratrice, tenant à préciser qu'elle a découvert son homosexualité à 11 ans et que son coming-out a bien failli être meurtrier à la fois à l’égard de sa mère et de son père.
Elle semblait très proche de sa grand-mère (qui repose sur scène, à cour, dans un cercueil de bois blond) dont elle admire l'investissement sur l'histoire des femmes, sujet auquel elle a consacré un épais ouvrage qui pèse lourd, prévient-elle en ajoutant qu'elle est restée insomniaque et névrotique et surtout pleine d'interrogations.
Elle avoue que ses personnages féminins sont parfois inventés mais que par contre la violence qu’elles ont subies a bien été réelle. Elle entend dénoncer les mensonges qui sont récurrents.
Je ne voudrais pas trop en raconter car cette Folle et inconvenante histoire des femmes mérite d'être découverte entièrement. J'ai encore appris plein de choses qui m'ont choquée. Par exemple le reproche légitime d'Olympe de Gouges disant avoir peut-être mal compris mais estimant que la Déclaration des droits de l'homme était forcément erronée puisqu’elle n'incluait nulle part de droit de la femme. Elle sera guillotinée.
Comme elle est méprisante cette phrase de Rousseau : L’amour a été inventé par les femmes pour permettre à ce sexe de dominer, alors qu’il était fait pour obéir. Je savais parfaitement que le Code civil de Napoléon était monstrueux de misogynie mais il est toujours utile de le rappeler.
Les scènettes s'enchainement alertement avec beaucoup d’humour, déclenchant parfois des rires, mais l'émotion n'est pas très loin. Elle prend à la gorge à la fin -comme à chaque fois que je l'entends- avec la chanson Debout les femmes ... à l'instar de la pièce Les années, mise en scène par Jeanne Champagne.
La comédienne trace alors On est la mémoire sur des feuilles posées sur le rebord de la scène, et on se fait chacune la promesse de poursuivre ce travail. Par exemple en amenant ses enfants au théâtre (à partir de 12-13 ans).
Les trois principales femmes qui sont aux commandes sont formidables : Laura Léoni pour l'écriture, Laetitia Gonzalbes pour la mise en scène (et les lumières) et l'exceptionnelle Diane Prost pour interpréter tous les rôles avec une justesse qui n'exclut pas l'humour et le décalage.
Elle campe les unes est les autres en faisant de son costume une utilisation quasi géniale.
Le spectacle commence par une introduction qui situe la position de la narratrice, tenant à préciser qu'elle a découvert son homosexualité à 11 ans et que son coming-out a bien failli être meurtrier à la fois à l’égard de sa mère et de son père.
Elle semblait très proche de sa grand-mère (qui repose sur scène, à cour, dans un cercueil de bois blond) dont elle admire l'investissement sur l'histoire des femmes, sujet auquel elle a consacré un épais ouvrage qui pèse lourd, prévient-elle en ajoutant qu'elle est restée insomniaque et névrotique et surtout pleine d'interrogations.
Elle avoue que ses personnages féminins sont parfois inventés mais que par contre la violence qu’elles ont subies a bien été réelle. Elle entend dénoncer les mensonges qui sont récurrents.
Je ne voudrais pas trop en raconter car cette Folle et inconvenante histoire des femmes mérite d'être découverte entièrement. J'ai encore appris plein de choses qui m'ont choquée. Par exemple le reproche légitime d'Olympe de Gouges disant avoir peut-être mal compris mais estimant que la Déclaration des droits de l'homme était forcément erronée puisqu’elle n'incluait nulle part de droit de la femme. Elle sera guillotinée.
Comme elle est méprisante cette phrase de Rousseau : L’amour a été inventé par les femmes pour permettre à ce sexe de dominer, alors qu’il était fait pour obéir. Je savais parfaitement que le Code civil de Napoléon était monstrueux de misogynie mais il est toujours utile de le rappeler.
Les scènettes s'enchainement alertement avec beaucoup d’humour, déclenchant parfois des rires, mais l'émotion n'est pas très loin. Elle prend à la gorge à la fin -comme à chaque fois que je l'entends- avec la chanson Debout les femmes ... à l'instar de la pièce Les années, mise en scène par Jeanne Champagne.
La comédienne trace alors On est la mémoire sur des feuilles posées sur le rebord de la scène, et on se fait chacune la promesse de poursuivre ce travail. Par exemple en amenant ses enfants au théâtre (à partir de 12-13 ans).
Nous sommes dans un appartement stylé. Un sac enrubanné est posé ostensiblement sur une sellette. Ce cadeau particulier va dynamiter la soirée. Sur une petite table, attendent une bouteille de champagne et deux flûtes. Un fauteuil de velours. Un cactus derrière une porte coulissante vitrée évoque un balcon.
Éric (Didier Caron) va fêter ses cinquante ans. Sabine (Bénédicte Bailby) son épouse dévouée a préparé une soirée en tout petit comité, car Éric n’aime pas les grands raouts. Gilles (Christophe Corsand), son meilleur ami — mais également son associé (et peut-être plus encore bientôt ...) — sera le seul à y être convié.
Ses filles Léa en Australie et Émilie aux États-Unis vont lui souhaiter une bonne soirée chacune à leur manière. On sent bien quelle est la préférée et de ce coté là le père n'est pas au bout de ses surprises.
Avant de passer à table pour déguster un bon coq au vin, Sabine et Gilles lui offrent ses cadeaux. Celui de son épouse le comble de joie… mais quand il déballe celui de Gilles le public découvre que c’est un livre (je ne vous en dirai pas plus) datant de 1923, un bel ouvrage dans lequel il est censé se retrouver mais qui provoque sa fureur.
Ce livre serait-il censé faire passer un message ?
Estomaqué, Eric lâche : Mais pourquoi m’offres-tu ça ?! avant de reconnaitre que C’est surtout le geste qui compte. Et justement, ce choix l'agace car il est justifié par le fait que depuis deux ans il est vu comme un gentil avec du caractère, en réalité un despote qui a horreur de la contradiction, quasiment un dictateur.
De déconvenues en révélations explosives, la soirée va alors s’avérer des moins paisibles …et le balcon sera souvent utile pour se réfugier quand l'atmosphère est à l'orage. Car Eric ne compose pas : il fait 100% la gueule.
Les surprises vont s'enchainer, preuve que Dickens avait raison d'affirmer : Chaque homme est pour son prochain un mystère et un secret. Sabine surprendra l'auditoire avec ses fantasmes. La jalousie marquera la conversation. Les jardins secrets seront saccagés et chacun se retrouvera à découvert à la fin de cette soirée très pimentée qui se terminera sur l'air de La mauvaise réputation de Georges Brassens.
A bien des égards j'ai pensé à la pièce Le prénom qui, avec moins de personnages, était elle aussi ponctuée de retournements de situations.
A l'approche des fêtes de Noël ce spectacle à l'humour décapant aura la vertu de mettre en garde les spectateurs contre les choix de cadeaux qui se veulent subtils autant que contre la manière d'annoncer de grandes nouvelles.
Éric (Didier Caron) va fêter ses cinquante ans. Sabine (Bénédicte Bailby) son épouse dévouée a préparé une soirée en tout petit comité, car Éric n’aime pas les grands raouts. Gilles (Christophe Corsand), son meilleur ami — mais également son associé (et peut-être plus encore bientôt ...) — sera le seul à y être convié.
Ses filles Léa en Australie et Émilie aux États-Unis vont lui souhaiter une bonne soirée chacune à leur manière. On sent bien quelle est la préférée et de ce coté là le père n'est pas au bout de ses surprises.
Avant de passer à table pour déguster un bon coq au vin, Sabine et Gilles lui offrent ses cadeaux. Celui de son épouse le comble de joie… mais quand il déballe celui de Gilles le public découvre que c’est un livre (je ne vous en dirai pas plus) datant de 1923, un bel ouvrage dans lequel il est censé se retrouver mais qui provoque sa fureur.
Ce livre serait-il censé faire passer un message ?
Estomaqué, Eric lâche : Mais pourquoi m’offres-tu ça ?! avant de reconnaitre que C’est surtout le geste qui compte. Et justement, ce choix l'agace car il est justifié par le fait que depuis deux ans il est vu comme un gentil avec du caractère, en réalité un despote qui a horreur de la contradiction, quasiment un dictateur.
De déconvenues en révélations explosives, la soirée va alors s’avérer des moins paisibles …et le balcon sera souvent utile pour se réfugier quand l'atmosphère est à l'orage. Car Eric ne compose pas : il fait 100% la gueule.
Les surprises vont s'enchainer, preuve que Dickens avait raison d'affirmer : Chaque homme est pour son prochain un mystère et un secret. Sabine surprendra l'auditoire avec ses fantasmes. La jalousie marquera la conversation. Les jardins secrets seront saccagés et chacun se retrouvera à découvert à la fin de cette soirée très pimentée qui se terminera sur l'air de La mauvaise réputation de Georges Brassens.
A bien des égards j'ai pensé à la pièce Le prénom qui, avec moins de personnages, était elle aussi ponctuée de retournements de situations.
A l'approche des fêtes de Noël ce spectacle à l'humour décapant aura la vertu de mettre en garde les spectateurs contre les choix de cadeaux qui se veulent subtils autant que contre la manière d'annoncer de grandes nouvelles.
S'il y a bien des personnes qui peuvent légitimement faire une crise de nerfs ce sont les artistes et tous ceux qui sont touchés par le couvre-feu annoncé il y a 48 heures.
Pourtant ils les ont solides, les nerfs, et Jacques Weber en a fait la démonstration en estimant à la fin de la représentation de mercredi que la situation n'était pas si catastrophique que cela. Le théâtre a résisté à tout et est resté vivant, alors s'il y a d'autres horaires ... (long silence, soupir) démerdez-vous !
Nous nous quittions rassurés, prêts à venir les applaudir en plein après-midi ou même le matin, pourquoi pas. Ce que les salles de cinéma d'avant-garde avaient réussi à faire n'était pas inaccessible aux salles de spectacle. On allait s'adapter de part et d'autre du "quatrième mur".
C'était sans compter l'aggravation de la situation qui allait contraindre les lieux culturels à fermer et à repousser sans cesse leur réouverture comme cela se murmurait déjà dans les cercles du pouvoir.
J'espère que vous pourrez bientôt aller savourer, le terme n'est pas trop fort, ces trois farces de Tchekhov qui constituent un ensemble très cohérent dans lequel Jacques Weber tient le premier rôle, je devrais écrire "les premiers rôles". Il n'est pas tout seul puisque Loïc Mobihan lui donne la réplique dans Le chant du cygne et dans Une demande en mariage. Et Manon Combes les rejoint dans cette dernière pièce.
Il n'empêche qu'il nous offre depuis le 22 septembre trois superbes numéros d'acteur, dans des registres très différents. Heureux sont ceux qui comme moi ont pu assister à une représentation. C'est du grand théâtre.
C’est assez étonnant d’avoir choisi Le chant du cygne pour commencer. Quoique à la réflexion il est plutôt astucieux d’y aller decrescendo en terme de pessimisme. Cela permet de finir la soirée dans les rires.
On comprend vite que l’on est censé être dans un théâtre vidé de ses spectateurs (ce qui hélas est prémonitoire, mais on l’ignore à cette heure). Le comédien se dit tranquille comme Baptiste, mais il crâne un peu. Je pique un roupillon, les spectateurs sont partis depuis longtemps.
On se rend compte qu’il est ivre. Sa voix résonne. On pourrait diminuer l’effet de réverbération. Jacques Weber n’a guère besoin de cet artifice pour faire passer l’émotion. Celle que suscite le désarroi d’un homme se retournant in extremis sur son passé. C'est noir et froid comme dans une cave, une fosse noire sans fin comme une tombe. La vie, elle a passé, juste un peu, 55 ans que je me voue à la scène et je la vois de nuit pour la première fois.
En compagnie de son souffleur qui n’a pas d’autre endroit où passer la nuit, celui qui a été autrefois tant encensé mesure la dégringolade que représente la vieillesse. La prise de conscience est terrible. Elle pourrait s’appliquer à toute personne ayant vécu dans les honneurs et le comédien nous la fait toucher d’un simple mouvement de la main.
Tour à tour envahi par le rôle du Roi Lear, d’Hamlet ou d’Othello, il se consume sous la musique d’un film de Chaplin. Avec un talent immense.
Le voilà qui revient, presque méconnaissable, en vieux prof conférencier qui cherche à nous faire croire qu’il médite et même parfois qu’il se risque à écrire des articles "quasiment" scientifiques sur Les méfaits du tabac dont il nous livre un extrait d’une voix quasi emphysémateuse. Il est au bord de s’effondrer et nous sommes ravis de son jeu d’acteur car on sait bien que c’est pour de faux, comme disent les enfants.
Je ne me souviens pas avoir vu Jacques Weber dans un rôle aussi allumé, à la fois follement pathétique et diablement drôle.
A l’instar de la farce précédente on est face à un homme malheureux et meurtri mais c’est une autre facette de la déchéance qui nous est donnée à voir. Le problème est devenue chronique et on ne peut qu’approuver le personnage d’espérer qu'on se sauve de cette vie à deux sous.
La dernière est la plus joyeuse. Je la connaissais pour l’avoir vue, curieux hasard, interprétée par Emeline Bayart, laquelle joue et met en scène en ce moment dans ce même théâtre On purge bébé ????
Je voulais m’interdire toute comparaison mais le texte est si bien ficelé que c’est un bonheur de le réentendre. Le jeu des comédiens est très physique, se répondant en miroir. On ne peut qu’adorer ce moment. On finit par ne plus avoir envie de compatir pour cet homme qui nous dit pourtant être le plus malheureux du monde. Car ce malheur là, ce soir, a fait notre bonheur.
Pourtant ils les ont solides, les nerfs, et Jacques Weber en a fait la démonstration en estimant à la fin de la représentation de mercredi que la situation n'était pas si catastrophique que cela. Le théâtre a résisté à tout et est resté vivant, alors s'il y a d'autres horaires ... (long silence, soupir) démerdez-vous !
Nous nous quittions rassurés, prêts à venir les applaudir en plein après-midi ou même le matin, pourquoi pas. Ce que les salles de cinéma d'avant-garde avaient réussi à faire n'était pas inaccessible aux salles de spectacle. On allait s'adapter de part et d'autre du "quatrième mur".
C'était sans compter l'aggravation de la situation qui allait contraindre les lieux culturels à fermer et à repousser sans cesse leur réouverture comme cela se murmurait déjà dans les cercles du pouvoir.
J'espère que vous pourrez bientôt aller savourer, le terme n'est pas trop fort, ces trois farces de Tchekhov qui constituent un ensemble très cohérent dans lequel Jacques Weber tient le premier rôle, je devrais écrire "les premiers rôles". Il n'est pas tout seul puisque Loïc Mobihan lui donne la réplique dans Le chant du cygne et dans Une demande en mariage. Et Manon Combes les rejoint dans cette dernière pièce.
Il n'empêche qu'il nous offre depuis le 22 septembre trois superbes numéros d'acteur, dans des registres très différents. Heureux sont ceux qui comme moi ont pu assister à une représentation. C'est du grand théâtre.
C’est assez étonnant d’avoir choisi Le chant du cygne pour commencer. Quoique à la réflexion il est plutôt astucieux d’y aller decrescendo en terme de pessimisme. Cela permet de finir la soirée dans les rires.
On comprend vite que l’on est censé être dans un théâtre vidé de ses spectateurs (ce qui hélas est prémonitoire, mais on l’ignore à cette heure). Le comédien se dit tranquille comme Baptiste, mais il crâne un peu. Je pique un roupillon, les spectateurs sont partis depuis longtemps.
On se rend compte qu’il est ivre. Sa voix résonne. On pourrait diminuer l’effet de réverbération. Jacques Weber n’a guère besoin de cet artifice pour faire passer l’émotion. Celle que suscite le désarroi d’un homme se retournant in extremis sur son passé. C'est noir et froid comme dans une cave, une fosse noire sans fin comme une tombe. La vie, elle a passé, juste un peu, 55 ans que je me voue à la scène et je la vois de nuit pour la première fois.
En compagnie de son souffleur qui n’a pas d’autre endroit où passer la nuit, celui qui a été autrefois tant encensé mesure la dégringolade que représente la vieillesse. La prise de conscience est terrible. Elle pourrait s’appliquer à toute personne ayant vécu dans les honneurs et le comédien nous la fait toucher d’un simple mouvement de la main.
Tour à tour envahi par le rôle du Roi Lear, d’Hamlet ou d’Othello, il se consume sous la musique d’un film de Chaplin. Avec un talent immense.
Le voilà qui revient, presque méconnaissable, en vieux prof conférencier qui cherche à nous faire croire qu’il médite et même parfois qu’il se risque à écrire des articles "quasiment" scientifiques sur Les méfaits du tabac dont il nous livre un extrait d’une voix quasi emphysémateuse. Il est au bord de s’effondrer et nous sommes ravis de son jeu d’acteur car on sait bien que c’est pour de faux, comme disent les enfants.
Je ne me souviens pas avoir vu Jacques Weber dans un rôle aussi allumé, à la fois follement pathétique et diablement drôle.
A l’instar de la farce précédente on est face à un homme malheureux et meurtri mais c’est une autre facette de la déchéance qui nous est donnée à voir. Le problème est devenue chronique et on ne peut qu’approuver le personnage d’espérer qu'on se sauve de cette vie à deux sous.
La dernière est la plus joyeuse. Je la connaissais pour l’avoir vue, curieux hasard, interprétée par Emeline Bayart, laquelle joue et met en scène en ce moment dans ce même théâtre On purge bébé ????
Je voulais m’interdire toute comparaison mais le texte est si bien ficelé que c’est un bonheur de le réentendre. Le jeu des comédiens est très physique, se répondant en miroir. On ne peut qu’adorer ce moment. On finit par ne plus avoir envie de compatir pour cet homme qui nous dit pourtant être le plus malheureux du monde. Car ce malheur là, ce soir, a fait notre bonheur.
Quelle atmosphère hier soir devant le Théâtre de l'Atelier où chaque spectateur a conscience que c'est peut-être une des dernières fois avant longtemps qu'il se rend au théâtre à un horaire "classique".
C'est en effet ce soir là que le gouvernement va annoncer de nouvelles mesures pour lutter contre la propagation du Covid.
Mais avant cela, place à la comédie avec On purge bébé ? dont la présentation vient d’avoir lieu devant le public parisien, après une création au théâtre Montansier de Versailles. J’ajoute qu’une longue tournée est d’ores et déjà prévue, avec notamment pour étape le Théâtre Firmin Gémier La Piscine de Chatenay-Malabry (92) qui est un des co-producteurs.
L’ouvreuse n’insiste plus longuement sur les interdictions d’usage du téléphone portable. Ce sont les restrictions sanitaires qui priment, la dernière étant la recommandation de sortir, à la fin du spectacle, comme les avions, par l’arrière, en commençant par le dernier rang et de nous répartir ensuite rapidement sur l’ensemble de la place Charles Dullin en évitant les attroupements. Une atmosphère de clandestinité s’installe subrepticement. On se croirait dans une scène du film Le Dernier Métro.
Encore heureux d’assister à une comédie. Cela va nous détendre.
Le décor n’est pas engageant à première vue. Un voile en masque l’essentiel derrière une chaise de velours bleu, abandonnée de travers au bord de la scène. Je remarque à Cour, sur un piano droit (qui sera un des éléments essentiels du spectacle), une Tour Eiffel qui me parait incongrue mais dont la présence va se justifier dans quelques instants.
Emeline Bayart n’est pas aussi célèbre que ce monument mais je pense pouvoir dire qu’elle sera bientôt reconnue comme une grande actrice comique. Il est tentant, en l’écoutant chanter, simplement vêtue d’un déshabillé peu flatteur alors qu’elle est ce qu’on appelle "une belle femme", d’y voir une sorte d’acte de bravoure. Elle sait tout faire. Jouer bien sûr, chanter évidemment, et aussi mettre en scène, comme elle le démontre avec cette pièce de Georges Feydeau, appartenant au répertoire du vaudeville.
Elle m’avait épatée il y a deux ans, au cinéma, dans le rôle-titre du film de Bruno Podalydès, Bécassine. Je l’avais déjà fort appréciée l’année suivante au Poche Montparnasse où elle jouait Tchekhov à la Folie dans la mise en scène de Jean-Louis Benoît (une des farces sera d’ailleurs interprétée plus tard sur cette même scène par Jacques Weber dans la soirée au cours du spectacle Crise de nerfs). Je devais ensuite l’entendre chanter mais la crise a tout bouleversé.
Dans On purge bébé ???? elle interprète les chansons en direct et sa voix a une belle amplitude. La première célèbre la Tour Eiffel, d’où la présence de la statuette, que son personnage juge magique. La comédienne déclenche des cascades de rires quand le monument est qualifié d’obélisque à l’instar de la colonne de la Place Vendôme. Rien ne lui "arrive à la cheville" fait-elle remarquer à son époux Daniel, en sous-entendant des allusions coquines à sa virilité.
Les dialogues aussi nourrissent les rires. Par exemple à propos de la définition suivante : De la terre entourée d’eau, c’est de la boue ou une île ? On ne trouve rien dans ce dictionnaire se plaindra le mari qui estime que n’y figure que ce dont on n’a pas besoin. J’ai essayé de m’en tirer par la tangente, avouera-t-il.
Madame Follavoine n’est pas moins caricaturale, elle qui justifie d’avoir une bonne au fait que tant qu’elle la regarde elle lui sert (sous-entendu à quelque chose). Elle revendique être "femme d’intérieur, bonne ménagère, ... parce qu’on ne sait jamais dans la vie si on aura toujours des gens pour nous servir".
Au-delà de ses jugements à l’emporte-pièce, c’est surtout son caractère hystérique qui la caractérise et son amour démesuré pour son fils sans doute trop chéri, qu’elle appelle toujours Bébé (Valentine Alaqui, qui est aussi la bonne) et qui a tout de même sept ans. L’enfant est, on l’aura deviné, parfaitement caractériel. L’enfant chéri serait atteint de constipation, une situation avec laquelle il ne faut jamais plaisanter, insiste la mère, en appuyant lourdement sur le "a" du mot constipation. Et comme elle est tordante quand elle mime d’avaler de l’huile de ricin !
Le mari (Éric Prat) est pressé de conclure avec monsieur Chouilloux (Manuel Le Lièvre) un marché portant sur la vente de pots de chambre pour tous les soldats de l’Armée française, auxquels le gouvernement a promis un vase de nuit personnel gravé à son matricule, dans l’objectif d’améliorer leur sort. Le temps passe et sa femme déambule toujours en nuisette, pas gênée pour un sou alors que la perspective d’être étiquetée comme femme du marchand de pots de chambre ne lui convient pas du tout.
Les rebondissements s’enchaînent en multipliant les paradoxes. Jusqu’à l’invitation du client avec sa femme, et l’amant de celle-ci, comme si l’adultère "au grand complet" appartenait aux convenances.
Le jeu des comédiens est efficace, avec concours de grimaces, d’accents et de mimes. On chante, on se contorsionne et on s‘encouicouine. L’un mime parfaitement la colique et l’autre le désespoir.
On pense à une autre pièce de Feydeau, Mais ne te promène donc pas toute nue, qu’interpréta Arletty. On songe aussi à Jacqueline Maillan. Bref, on passe un bon début de soirée. Et on en a bien besoin.
C'est en effet ce soir là que le gouvernement va annoncer de nouvelles mesures pour lutter contre la propagation du Covid.
Mais avant cela, place à la comédie avec On purge bébé ? dont la présentation vient d’avoir lieu devant le public parisien, après une création au théâtre Montansier de Versailles. J’ajoute qu’une longue tournée est d’ores et déjà prévue, avec notamment pour étape le Théâtre Firmin Gémier La Piscine de Chatenay-Malabry (92) qui est un des co-producteurs.
L’ouvreuse n’insiste plus longuement sur les interdictions d’usage du téléphone portable. Ce sont les restrictions sanitaires qui priment, la dernière étant la recommandation de sortir, à la fin du spectacle, comme les avions, par l’arrière, en commençant par le dernier rang et de nous répartir ensuite rapidement sur l’ensemble de la place Charles Dullin en évitant les attroupements. Une atmosphère de clandestinité s’installe subrepticement. On se croirait dans une scène du film Le Dernier Métro.
Encore heureux d’assister à une comédie. Cela va nous détendre.
Le décor n’est pas engageant à première vue. Un voile en masque l’essentiel derrière une chaise de velours bleu, abandonnée de travers au bord de la scène. Je remarque à Cour, sur un piano droit (qui sera un des éléments essentiels du spectacle), une Tour Eiffel qui me parait incongrue mais dont la présence va se justifier dans quelques instants.
Emeline Bayart n’est pas aussi célèbre que ce monument mais je pense pouvoir dire qu’elle sera bientôt reconnue comme une grande actrice comique. Il est tentant, en l’écoutant chanter, simplement vêtue d’un déshabillé peu flatteur alors qu’elle est ce qu’on appelle "une belle femme", d’y voir une sorte d’acte de bravoure. Elle sait tout faire. Jouer bien sûr, chanter évidemment, et aussi mettre en scène, comme elle le démontre avec cette pièce de Georges Feydeau, appartenant au répertoire du vaudeville.
Elle m’avait épatée il y a deux ans, au cinéma, dans le rôle-titre du film de Bruno Podalydès, Bécassine. Je l’avais déjà fort appréciée l’année suivante au Poche Montparnasse où elle jouait Tchekhov à la Folie dans la mise en scène de Jean-Louis Benoît (une des farces sera d’ailleurs interprétée plus tard sur cette même scène par Jacques Weber dans la soirée au cours du spectacle Crise de nerfs). Je devais ensuite l’entendre chanter mais la crise a tout bouleversé.
Dans On purge bébé ???? elle interprète les chansons en direct et sa voix a une belle amplitude. La première célèbre la Tour Eiffel, d’où la présence de la statuette, que son personnage juge magique. La comédienne déclenche des cascades de rires quand le monument est qualifié d’obélisque à l’instar de la colonne de la Place Vendôme. Rien ne lui "arrive à la cheville" fait-elle remarquer à son époux Daniel, en sous-entendant des allusions coquines à sa virilité.
Les dialogues aussi nourrissent les rires. Par exemple à propos de la définition suivante : De la terre entourée d’eau, c’est de la boue ou une île ? On ne trouve rien dans ce dictionnaire se plaindra le mari qui estime que n’y figure que ce dont on n’a pas besoin. J’ai essayé de m’en tirer par la tangente, avouera-t-il.
Madame Follavoine n’est pas moins caricaturale, elle qui justifie d’avoir une bonne au fait que tant qu’elle la regarde elle lui sert (sous-entendu à quelque chose). Elle revendique être "femme d’intérieur, bonne ménagère, ... parce qu’on ne sait jamais dans la vie si on aura toujours des gens pour nous servir".
Au-delà de ses jugements à l’emporte-pièce, c’est surtout son caractère hystérique qui la caractérise et son amour démesuré pour son fils sans doute trop chéri, qu’elle appelle toujours Bébé (Valentine Alaqui, qui est aussi la bonne) et qui a tout de même sept ans. L’enfant est, on l’aura deviné, parfaitement caractériel. L’enfant chéri serait atteint de constipation, une situation avec laquelle il ne faut jamais plaisanter, insiste la mère, en appuyant lourdement sur le "a" du mot constipation. Et comme elle est tordante quand elle mime d’avaler de l’huile de ricin !
Le mari (Éric Prat) est pressé de conclure avec monsieur Chouilloux (Manuel Le Lièvre) un marché portant sur la vente de pots de chambre pour tous les soldats de l’Armée française, auxquels le gouvernement a promis un vase de nuit personnel gravé à son matricule, dans l’objectif d’améliorer leur sort. Le temps passe et sa femme déambule toujours en nuisette, pas gênée pour un sou alors que la perspective d’être étiquetée comme femme du marchand de pots de chambre ne lui convient pas du tout.
Les rebondissements s’enchaînent en multipliant les paradoxes. Jusqu’à l’invitation du client avec sa femme, et l’amant de celle-ci, comme si l’adultère "au grand complet" appartenait aux convenances.
Le jeu des comédiens est efficace, avec concours de grimaces, d’accents et de mimes. On chante, on se contorsionne et on s‘encouicouine. L’un mime parfaitement la colique et l’autre le désespoir.
On pense à une autre pièce de Feydeau, Mais ne te promène donc pas toute nue, qu’interpréta Arletty. On songe aussi à Jacqueline Maillan. Bref, on passe un bon début de soirée. Et on en a bien besoin.
Qui n’a jamais eu de regret ? On a tous été tenté de regarder dans le rétroviseur et de se demander comment ça se serait passé si on avait osé faire telle chose au lieu d’une autre…
Patrick, un bricoleur pas doué mais de bonne volonté, va revoir les moments clés de sa vie et pouvoir découvrir ce qu’aurait pu être sa vie s’il avait choisi d’autres options. Tout ça parce qu’il est mort en s’électrocutant avec le four à micro-ondes (quand on vous dit qu’il n’est pas doué !) et qu’il peut refaire le film de sa vie.
Sous l’aspect d’une comédie bon enfant, Eric Fraticelli aborde un sujet qui nous a tous touché : et si c’était à refaire, ferions nous la même chose ? Serions nous plus heureux ? Ce serait-on fâché à mort avec untel ? Aurait on pardonné à Machin son attitude ? Il fait bon de s’interroger sur ce qui est réellement important pour nous.
La mise en scène de Jean-Luc Moreau est dynamique et repose sur un dispositif de plateau tournant pour alterner les décors avec rapidité ce qui permet d’éviter les noirs complets qui cassent souvent le rythme d’une pièce. Ici pas de temps mort même si Patrick se retrouve à réfléchir sur ses choix passés, on reste dans l’action, le spectateur ne s’ennuie pas.
Patrick, c’est Daniel Russo et il sait nous fait rire ! Rien que pour ça, en ce moment, ça fait du bien ! Mention spéciale à sa coupe de cheveux post électrocution qui à elle seule vaut le détour. Il est entouré par une jolie brochette de comédiens. A commencer par Valérie Mairesse qui joue son épouse, et qui possède toujours cette voix si caractéristique qui déclenche les rires quand elle s’étonne ou qu’elle est surprise au cours de la pièce. Erwann Téréné est le fils de ce couple qui va provoquer avec ses révélations les premiers choix de Patrick, son jeu est très convaincant. Jean-Luc Porraz, tel un Monsieur Loyal d’une sobriété exemplaire, est là pour lancer les regards vers le passé de Patrick, il dresse avec le plus grand sérieux un bilan chiffré hilarant de la vie de Patrick. Bénédicte Dessombz est un des grains de sable qui va secouer aussi Patrick.
Seul regret pour moi : l’affiche de la pièce ! Je suis sure qu’on aurait pu largement plus joli.
Bref voilà de quoi passer une sympathique soirée !
Patrick, un bricoleur pas doué mais de bonne volonté, va revoir les moments clés de sa vie et pouvoir découvrir ce qu’aurait pu être sa vie s’il avait choisi d’autres options. Tout ça parce qu’il est mort en s’électrocutant avec le four à micro-ondes (quand on vous dit qu’il n’est pas doué !) et qu’il peut refaire le film de sa vie.
Sous l’aspect d’une comédie bon enfant, Eric Fraticelli aborde un sujet qui nous a tous touché : et si c’était à refaire, ferions nous la même chose ? Serions nous plus heureux ? Ce serait-on fâché à mort avec untel ? Aurait on pardonné à Machin son attitude ? Il fait bon de s’interroger sur ce qui est réellement important pour nous.
La mise en scène de Jean-Luc Moreau est dynamique et repose sur un dispositif de plateau tournant pour alterner les décors avec rapidité ce qui permet d’éviter les noirs complets qui cassent souvent le rythme d’une pièce. Ici pas de temps mort même si Patrick se retrouve à réfléchir sur ses choix passés, on reste dans l’action, le spectateur ne s’ennuie pas.
Patrick, c’est Daniel Russo et il sait nous fait rire ! Rien que pour ça, en ce moment, ça fait du bien ! Mention spéciale à sa coupe de cheveux post électrocution qui à elle seule vaut le détour. Il est entouré par une jolie brochette de comédiens. A commencer par Valérie Mairesse qui joue son épouse, et qui possède toujours cette voix si caractéristique qui déclenche les rires quand elle s’étonne ou qu’elle est surprise au cours de la pièce. Erwann Téréné est le fils de ce couple qui va provoquer avec ses révélations les premiers choix de Patrick, son jeu est très convaincant. Jean-Luc Porraz, tel un Monsieur Loyal d’une sobriété exemplaire, est là pour lancer les regards vers le passé de Patrick, il dresse avec le plus grand sérieux un bilan chiffré hilarant de la vie de Patrick. Bénédicte Dessombz est un des grains de sable qui va secouer aussi Patrick.
Seul regret pour moi : l’affiche de la pièce ! Je suis sure qu’on aurait pu largement plus joli.
Bref voilà de quoi passer une sympathique soirée !