- Classique
- Théâtre Gaîté Rive Gauche
- Paris 14ème
Marie Tudor

- Pascal Guignard-Cordelier
- Pierre Azema
- Séverine Cojannot
- Frédéric Jeannot
- Théâtre Gaîté Rive Gauche
- 6, rue de la Gaité
- 75014 Paris
- Edgard Quinet (l.6), Gaité (l.13)
Une Reine, une femme, déchirée entre l’amour et la haine, le pardon et la vengeance, la fidélité et la trahison.
Simon Renard, chargé d’organiser le mariage politique de l’Angleterre et de l’Espagne, va utiliser l’amour passionné d’un homme du peuple et la jalousie maladive d’une reine pour tendre un piège au favori dont le sacrifice est exigé par la raison d’Etat.
La pièce s’ouvre sur un lord anglais déclarant « Il faut que ce damné italien ait ensorcelé la reine » et se termine sur Simon Renard, légat impérial représentant le prince d’Espagne, proclamant « J’ai sauvé la reine et l’Angleterre ».
Entre ces deux phrases, tout au long des trois journées qui constituent ce drame populaire, nous assistons à la chute programmée, méthodique, presque mathématique de Fabiano Fabiani, favori et amant de la reine qui cristallise toutes les haines...
Pour ma part je trouve hors sujet les lampes électriques et le dictaphone qui n’apportent rien à la mise en scène. L’œuvre de Victor Hugo est magnifiquement interprétée par une talentueuse troupe de comédiens. Dommage que l’âge des spectateurs soient au dessus de la moyenne. Quoi de mieux pour un jeune public que cette agréable manière d’aborder l’histoire, fût-elle Anglaise, en donnant l’envie de lire la littérature classique et s’initier au théâtre Français.
On a beau être Reine, on n'en est pas moins femme !
Toute de rouge vêtue, Bloody Mary, la Reine sanglante, déchirée entre son amour pour un courtisan italien et son rôle de première dame d'Angleterre.
Une femme déchirée qui déchire les autres, qui place son amour au dessus de sa condition de reine, qui sacrifie sans aucun état d'âme l'amour d'une autre pour sauver le sien.
Elle est monstrueuse, et en même temps tellement humaine, cette femme qui, à l'instar de Lucrèce Borgia, autre figure emblématique du théâtre d'Hugo, nous montre deux visages parfaitement opposés!
Le décor n'est là que pour mettre en valeur le jeu - très physique - des comédiens, qui peuvent ainsi exprimer toute la palette de leurs émotions avec énormément de talent ... Mention spéciale à Pierre Azéma qui campe un Gilbert exceptionnel !
Un grand auteur et de bons comédiens ... Voilà une recette qui fonctionne toujours !
C’est un décor assez simple avec deux rideaux, pouvant changer de couleurs, que la compagnie 13, nous emmène aussi bien dans les ruelles malfamés que dans la tour de Londres. Il ne fallait rien de plus pour nous plonger au cœur d’une histoire où les intérêts de la couronne sont en rivalité avec l’amour.
Séverine Cojannot interprète avec puissance et force, cette reine despotique. Dans une robe rouge, elle y joue avec subtilité la femme pragmatique, passionnée et déraisonnable. La tension va monter d’un cran lorsqu’elle et Jane (Joëlle Lüthi), en robe blanche, côte à côte, vont entendre le tintinnabulement de l’horloge sonnant minuit, annonçant l’arrivée de l’homme, caché d’un voile, au pied de l’échafaud. Qui va perdre la tête le gentil Gilbert, magnifiquement joué par Pierre Azéma ? Ou le séducteur, Fabiano Fabiani, interprété avec fougue par Frédéric Jeannot ? Les coups de canon annoncent la montée sur l’échafaud jusqu’au coup fatal. Le cœur des deux femmes palpite. Leurs cris et leurs pleurs se mélangent. Le silence dans la salle se fait. Qui va mourir ce jour ? Les spectateurs sont captivés par le jeu juste et passionné de l’ensemble de la compagnie. Il ne faut pas oublier le sérieux de Pascal Faber dans le rôle de Simon Renard et l’inquiétude et la fourberie de Pascal Guignard.
Bon d'accord !
Dans cette pièce de Victor Hugo, on notera des extravagances, des poncifs et des invraisemblances.
Et alors ? Qu'importe !
En 1833, le grand Victor décide d'écrire un drame passionnel qui se voudra avant tout un spectacle populaire, au sens noble du terme.
Et pour ce faire, rien ne vaut un texte « simple » et en même temps sophistiqué, poétique et enflammé, quitte à brouiller quelques pistes et produire quelques clichés.
Deux histoires passionnelles seront totalement imbriquées.
Londres. La reine Marie est follement éprise de Fabiano Fabiani, un jeune italien.
A l'autre bout de l'échelle sociale, Gilbert, l'ouvrier-ciseleur, 34 ans, est quant à lui fou d'amour pour Jane, sa pupille de 17 ans.
La situation est encore un peu plus compliquée que ça, puisque Fabiano et Jane vivent depuis un mois leur propre et commune histoire d'amour.
Voici donc le quatuor amoureux en place.
Avec une constatation finalement assez rassurante : qu'on soit reine ou ouvrier, la passion amoureuse n'est pas de tout repos...
Histoires d'amour, donc, mais également histoires politiques. Nous allons être plongés dans les intrigues de cour et la raison d'état.
Pascal Faber, le metteur en scène a su donner une impression d'universalité à son travail.
Les costumes sont intemporels, aucun décor, si ce n'est deux panneaux-geôles, aucune référence historique... (J'ai même à un moment pensé être dans Star Wars, avec ces deux personnages en longue cape, une lampe-torche en main qui, avec la fumée matérialisant le faisceau, ressemble furieusement à un sabre-laser...)
Ici, nous sommes dans une espèce de rigueur presque austère, mais qui réussit à magnifier le propos hugolien et surtout le jeu des comédiens.
J'en veux pour preuve la somptueuse composition de Pierre Azéma qui incarne un Gilbert tout en finesse et en puissance.
Un rôle lui aussi fait de contradictions qui exige une sacrée palette de jeu. On croit totalement à son personnage transi d'amour. Il est tour à tour inquiétant, émouvant, tendre, tout en force.
C'est un vrai bonheur de le voir incarner ce personnage complexe.
Tout comme Séverine Cojannot qui campe en vraie tigresse une Marie Tudor, mais une lionne qui finira par perdre crocs et griffes.
Le comédienne dégage un vrai sentiment de puissance, mais elle sait également nous émouvoir, notamment lorsque son personnage comprend que tout est perdu : la reine pourra bien tenir tête au Peuple, mais ne pourra rien contre la terrible raison d'état.
La comédienne est parfaite à explorer les deux visages de cette femme, déchirée entre l'amour et la haine, la vengeance et le pardon, la fidélité et les coups bas.
Pascal Faber en personne est ce Simon Renard, ce conseiller qui porte bien son nom, qui excite le peuple et tire les ficelles assez machiavéliquement, d'ailleurs.
Il faut noter son dévouement à la cause théâtrale, notamment avec cette féroce gifle qu'il reçoit à chaque représentation ! Pour claquer, elle claque !
Le reste de la distribution est à l'avenant, avec notamment une Joëlle Lüthi qui est une très fine Jane, toute en nuances.
« Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai. Le grand prend les masses, le vrai saisit l'individu », écrivait Victor Hugo.
Pascal Faber et ses comédiens réussissent totalement ces deux manières-là de nous passionner !
Un magnifique moment de théâtre !
La pièce est bien rodée : on y retrouve notamment le metteur en scène/acteur P. Faber, ainsi que les acteurs P. Azéma et F. Jeannot qui s'étaient déjà imposés il y a 4/5 ans dans ce même spectacle, mais sur d'autres planches.
Les décors et les tenues sont très sobres, noir et rouge. Ils accentuent la présence des comédiens qui mettent beaucoup d'intensité dans leur jeu et leur dialogue.
Tout cela crée beaucoup d'émotions dans le public.