Son balcon
SAISON 2024-2025
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Mini Molières
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Vingt-cinq ans après sa création à la Comédie des Champs Élysées, Art revient cette fois-ci au théâtre Antoine avec à nouveau Patrice Kerbrat aux commandes. La mise est scène est la même, mais aujourd’hui Marc Serge et Yvan sont interprétés par Charles Berling, Alain Fromager et Jean-Pierre Daroussin. Serge vient d’acquérir le tableau d’un artiste contemporain, un tableau entièrement blanc dont on distingue seulement quelques liserés tout aussi blancs. Son ami de longue date, Marc, ne peut concevoir que Serge ait pu payer un prix aussi exorbitant pour une « merde blanche ».
Si en 2018 le tableau qu’a acheté Serge ne vaut plus 200 000 francs mais 30 000 euros, il divise toujours autant ces trois hommes : une toile blanche de 1m60 sur 1m20 va fissurer une amitié vieille de plus de 20 ans. Entre l’amateur d’art contemporain, l’ingénieur ultra rationnel et terre à terre et le troisième homme qui refuse de trancher, le dialogue s’enlise et prend des allures de combat autour de l’art contemporain, de sa vacuité ou de sa nécessité, selon que l’un ou l’autre s’exprime. Mais au-delà de la simple question de l’art, Yasmina Reza dessine un autre tableau, celui d’une amitié qui s’effrite, d’une incompréhension qui peu à peu va faire exploser tout ce qui reliait ces hommes depuis des années. Ce qui est à voir n’est pas accroché sur un mur, c’est ce qui petit à petit remonte à la surface, affleure au fil des répliques acérées de Yasmina Reza. Ce qui est à voir c’est la peur du temps qui passe chez ces hommes, la peur de perdre des amis qui sont autant de repères et d’ancrages dans leurs vies. L’acquisition de ce tableau n’est que le détonateur d’un malaise qui menaçait de sourdre et vient comme une déflagration balayer l’ordre immuable auquel ils se raccrochent, Marc en particulier.
Ce trio qui se fissure est interprété avec finesse par le cru 2018 : Charles Berling campe un Marc à la fois terrien à la fois sanguin et sensible, Alain Fromager est un Serge esthète pas aussi snob qu’il le parait tandis que Jean-Pierre Daroussin donne beaucoup de mélancolie et de distance à Yvan. Les trois se complètent et donnent aux personnages l’épaisseur qui fait le suc de la pièce et ne la cantonne pas à une simple raillerie sur l’art contemporain. Une profondeur mise en exergue aussi par le strict minimalisme des décors, blancs, et du dépouillement recherché de la mise en scène : un écrin blanc qui révèle un tout autre sens qui apparait lorsque l’on regarde et écoute attentivement, comme un liseré blanc que l’on ne distinguait pas et qui vient tisser une autre histoire.
Si en 2018 le tableau qu’a acheté Serge ne vaut plus 200 000 francs mais 30 000 euros, il divise toujours autant ces trois hommes : une toile blanche de 1m60 sur 1m20 va fissurer une amitié vieille de plus de 20 ans. Entre l’amateur d’art contemporain, l’ingénieur ultra rationnel et terre à terre et le troisième homme qui refuse de trancher, le dialogue s’enlise et prend des allures de combat autour de l’art contemporain, de sa vacuité ou de sa nécessité, selon que l’un ou l’autre s’exprime. Mais au-delà de la simple question de l’art, Yasmina Reza dessine un autre tableau, celui d’une amitié qui s’effrite, d’une incompréhension qui peu à peu va faire exploser tout ce qui reliait ces hommes depuis des années. Ce qui est à voir n’est pas accroché sur un mur, c’est ce qui petit à petit remonte à la surface, affleure au fil des répliques acérées de Yasmina Reza. Ce qui est à voir c’est la peur du temps qui passe chez ces hommes, la peur de perdre des amis qui sont autant de repères et d’ancrages dans leurs vies. L’acquisition de ce tableau n’est que le détonateur d’un malaise qui menaçait de sourdre et vient comme une déflagration balayer l’ordre immuable auquel ils se raccrochent, Marc en particulier.
Ce trio qui se fissure est interprété avec finesse par le cru 2018 : Charles Berling campe un Marc à la fois terrien à la fois sanguin et sensible, Alain Fromager est un Serge esthète pas aussi snob qu’il le parait tandis que Jean-Pierre Daroussin donne beaucoup de mélancolie et de distance à Yvan. Les trois se complètent et donnent aux personnages l’épaisseur qui fait le suc de la pièce et ne la cantonne pas à une simple raillerie sur l’art contemporain. Une profondeur mise en exergue aussi par le strict minimalisme des décors, blancs, et du dépouillement recherché de la mise en scène : un écrin blanc qui révèle un tout autre sens qui apparait lorsque l’on regarde et écoute attentivement, comme un liseré blanc que l’on ne distinguait pas et qui vient tisser une autre histoire.
Gabriel Orsini, un artiste peintre en mal d’inspiration, hérite de l’appartement d’une autre peintre. Il ne se connaissaient pas et le sexagénaire maussade y voit un adoubement posthume, une reconnaissance de son talent qui ne demande qu’à rééclore après un long passage à vide. En prenant possession du magnifique duplex, il découvre alors que Sacha, l’artiste nonagénaire, ne lui a pas légué ses biens uniquement pour son art : le contenu des placards va le ramener à une histoire familiale complexe.
Dès le lever de rideau, on comprend que le décor sera le sixième comédien de la pièce de Stéphane Archinard et François Prévôt-Leygonie, et non des moindres. La scénographie millimétrée fait pivoter la structure d’un appartement au gré des scènes et, associée à un éclairage franc (époque moderne) ou sépia (années 50), permet d’alterner les époques en passant de l’histoire de Gabriel, de nos jours, à celle de Samuel, son grand-père banquier, 50 ans auparavant. Ingénieux comme chez Simon Stone, magnifique et captivant.
Didier Bourdon interprète à la fois Gabriel et Samuel, en passant d’un personnage à l’autre avec célérité. Si l’exercice est périlleux, il le surmonte sans difficultés malgré le laps de temps très court entre deux scènes / personnages, mais son incarnation pâtit de ce jonglage incessant : ses deux personnages à fortes personnalités manquent parfois de relief quand il ne s’empêtre pas dans des grimaces superflues. Concentré sur son jeu et son texte, il en oublie d’occuper la scène et l’espace et est, pour le coup, plus fade que ses partenaires de jeu : Thierry Frémont, tout en finesse le rôle de son galeriste ami de toujours, qui lui doit beaucoup et en attend tout autant, mais aussi Pierre-Yves Bon, plus que convaincant dans le rôle d’Abel, son fils trader avec qui la relation père-fils est conflictuelle. En Samuel, Didier Bourdon compose ceci dit de façon plus convaincante face aux humeurs changeantes de sa maîtresse Sacha (Valérie Karsenti, une nouvelle fois talentueuse et très loin du registre auquel elle a habitué les téléspectateurs) l’artiste slave qui porte haut l’indépendance féminine. Elise Diamant, dans le rôle de la fille de Samuel et (mère de Gabriel) complète la distribution avec un jeu assez neutre mais le personnage ne lui permet pas beaucoup plus.
La finesse de la pièce, malgré une écriture parfois trop appliquée (« – Tu ne dis rien ? – A quoi bon ? Là où tu es tu ne m’entends pas. ») qui vient combler un léger manque de profondeur dans ce tableau de relations intergénérationnelles, tient selon moi essentiellement dans la symétrie des rapports entre Samuel / Gabriel et et Gabriel / Abel, mais aussi dans l’habile tissage entre passé et présent, où chaque élément, tableau, bibelot, lettre ou bouteille de champagne, prend un sens différent mais tout aussi touchant.
Malgré ces réserves, on ne peut qu’applaudir la fluidité de l’alternance des époques, l’ingéniosité de Ladislas Chollat dans ses choix de mise en scène et la magnifique scénographie signée Emmanuelle Roy qui méritent le détour, les nombreux et chaleureux applaudissements du public en étant la preuve.
Dès le lever de rideau, on comprend que le décor sera le sixième comédien de la pièce de Stéphane Archinard et François Prévôt-Leygonie, et non des moindres. La scénographie millimétrée fait pivoter la structure d’un appartement au gré des scènes et, associée à un éclairage franc (époque moderne) ou sépia (années 50), permet d’alterner les époques en passant de l’histoire de Gabriel, de nos jours, à celle de Samuel, son grand-père banquier, 50 ans auparavant. Ingénieux comme chez Simon Stone, magnifique et captivant.
Didier Bourdon interprète à la fois Gabriel et Samuel, en passant d’un personnage à l’autre avec célérité. Si l’exercice est périlleux, il le surmonte sans difficultés malgré le laps de temps très court entre deux scènes / personnages, mais son incarnation pâtit de ce jonglage incessant : ses deux personnages à fortes personnalités manquent parfois de relief quand il ne s’empêtre pas dans des grimaces superflues. Concentré sur son jeu et son texte, il en oublie d’occuper la scène et l’espace et est, pour le coup, plus fade que ses partenaires de jeu : Thierry Frémont, tout en finesse le rôle de son galeriste ami de toujours, qui lui doit beaucoup et en attend tout autant, mais aussi Pierre-Yves Bon, plus que convaincant dans le rôle d’Abel, son fils trader avec qui la relation père-fils est conflictuelle. En Samuel, Didier Bourdon compose ceci dit de façon plus convaincante face aux humeurs changeantes de sa maîtresse Sacha (Valérie Karsenti, une nouvelle fois talentueuse et très loin du registre auquel elle a habitué les téléspectateurs) l’artiste slave qui porte haut l’indépendance féminine. Elise Diamant, dans le rôle de la fille de Samuel et (mère de Gabriel) complète la distribution avec un jeu assez neutre mais le personnage ne lui permet pas beaucoup plus.
La finesse de la pièce, malgré une écriture parfois trop appliquée (« – Tu ne dis rien ? – A quoi bon ? Là où tu es tu ne m’entends pas. ») qui vient combler un léger manque de profondeur dans ce tableau de relations intergénérationnelles, tient selon moi essentiellement dans la symétrie des rapports entre Samuel / Gabriel et et Gabriel / Abel, mais aussi dans l’habile tissage entre passé et présent, où chaque élément, tableau, bibelot, lettre ou bouteille de champagne, prend un sens différent mais tout aussi touchant.
Malgré ces réserves, on ne peut qu’applaudir la fluidité de l’alternance des époques, l’ingéniosité de Ladislas Chollat dans ses choix de mise en scène et la magnifique scénographie signée Emmanuelle Roy qui méritent le détour, les nombreux et chaleureux applaudissements du public en étant la preuve.
Desperate housewives, 1967
Papa, c’est ou plutôt ce sont ces soldats américains partis au Vietnam : Jean Franco s’est inspiré des Flat daddies des années 2000, des silhouettes à plat sur lesquelles étaient collées des photos des soldats (hommes ou femmes) et offertes à leurs familles, notamment aux enfants pour combler l’absence de l’être cher pendant la guerre en Afghanistan. Mais ici nous sommes en 1967 dans une banlieue un peu cossue dans le Maine. Mia et Suzan sont amies et attendent le retour de leurs maris partis au Vietnam. Deux desperate housewives qui attendent leur retour du héros. Un jour, un déserteur vient se réfugier chez Mia et l’on apprendra vite que s’il vient chez Mia, ce n’est pas par hasard.
Une comédie drôle, mais pas que.
Jean Franco signe ici une comédie ravissante, tout aussi drôle que touchante. Au-delà de l’histoire de ces deux jeunes et désœuvrées épouses viennent affleurer des sujets plus profonds comme le sens que l’on a donné à sa vie, les idéaux que l’on a abandonnés trop facilement ou trop paresseusement, la loyauté amicale et les amours perdues. Bien sûr, le ton reste léger, on rit souvent, mais d’un rire touché, jamais gratuit. Bien sûr, le tout aurait pu être encore plus creusé, fouillé, mais ce n’est pas un souci tant la mise en scène de José Paul, toute en vivacité et sans excès d’énergie ou de volte-face inutiles et gratuits laisse les comédiens s’amuser et amuser le public. En premier lieu, les deux comédiennes se complètent parfaitement : Marie-Julie Baup est une Mia subtile qui, derrière la façade de gentille épouse va dévoiler une facette plus trouble de jeune femme partagée entre ses convictions de jeunesse et son statut de jeune maman. Lisiane Meys réussit à donner à Suzan, la gentille épouse un peu (beaucoup) naïve, une sensibilité et une clairvoyance inattendues. Benoît Moret saura donner à Isaac la couleur nécessaire pour exister face à ces deux personnages féminins et former un trio ultra attachant.
Un vrai moment de plaisir, donc, qui ravit autant qu’il touche. Courez-y, mais courez-y vite : la pièce s’arrêtera le 11 mars, plus tôt que prévu. Faute de spectateurs, parait-il ? C’est bizarre : hier, la salle a beaucoup ri, beaucoup applaudi, beaucoup aimé. Il y avait dans ces rires la spontanéité d’un public qui s’abandonne au plaisir mais savoure la subtilité, des rires émus mais pas gras, des rires sincères, joyeux, touchés. Le mien en faisait partie.
Papa, c’est ou plutôt ce sont ces soldats américains partis au Vietnam : Jean Franco s’est inspiré des Flat daddies des années 2000, des silhouettes à plat sur lesquelles étaient collées des photos des soldats (hommes ou femmes) et offertes à leurs familles, notamment aux enfants pour combler l’absence de l’être cher pendant la guerre en Afghanistan. Mais ici nous sommes en 1967 dans une banlieue un peu cossue dans le Maine. Mia et Suzan sont amies et attendent le retour de leurs maris partis au Vietnam. Deux desperate housewives qui attendent leur retour du héros. Un jour, un déserteur vient se réfugier chez Mia et l’on apprendra vite que s’il vient chez Mia, ce n’est pas par hasard.
Une comédie drôle, mais pas que.
Jean Franco signe ici une comédie ravissante, tout aussi drôle que touchante. Au-delà de l’histoire de ces deux jeunes et désœuvrées épouses viennent affleurer des sujets plus profonds comme le sens que l’on a donné à sa vie, les idéaux que l’on a abandonnés trop facilement ou trop paresseusement, la loyauté amicale et les amours perdues. Bien sûr, le ton reste léger, on rit souvent, mais d’un rire touché, jamais gratuit. Bien sûr, le tout aurait pu être encore plus creusé, fouillé, mais ce n’est pas un souci tant la mise en scène de José Paul, toute en vivacité et sans excès d’énergie ou de volte-face inutiles et gratuits laisse les comédiens s’amuser et amuser le public. En premier lieu, les deux comédiennes se complètent parfaitement : Marie-Julie Baup est une Mia subtile qui, derrière la façade de gentille épouse va dévoiler une facette plus trouble de jeune femme partagée entre ses convictions de jeunesse et son statut de jeune maman. Lisiane Meys réussit à donner à Suzan, la gentille épouse un peu (beaucoup) naïve, une sensibilité et une clairvoyance inattendues. Benoît Moret saura donner à Isaac la couleur nécessaire pour exister face à ces deux personnages féminins et former un trio ultra attachant.
Un vrai moment de plaisir, donc, qui ravit autant qu’il touche. Courez-y, mais courez-y vite : la pièce s’arrêtera le 11 mars, plus tôt que prévu. Faute de spectateurs, parait-il ? C’est bizarre : hier, la salle a beaucoup ri, beaucoup applaudi, beaucoup aimé. Il y avait dans ces rires la spontanéité d’un public qui s’abandonne au plaisir mais savoure la subtilité, des rires émus mais pas gras, des rires sincères, joyeux, touchés. Le mien en faisait partie.
La silhouette est à terre, cernée d’un épais trait de craie, une chaise renversée près du corps quand nous entrons dans la petite salle Topor du Rond-Point. Scène de crime, scène d’une mort qu’on devine violente. On s’installe, on attend, et soudain la silhouette, un homme, raconte : la rencontre dans un bar où il était entré boire une bière, juste comme ça, le temps d’un moment de détente. Juste une bière. Mais un autre homme est entré, un homme qui visiblement avait envie d’en découdre. Avait un peu trop bu. N’aimait pas les homos, n’aimait pas l’homme assis face à lui, l’homme qui était juste en train de boire une bière. La situation a dérapé, l’homme en colère avait envie d’en découdre, avait envie de frapper, de taper, de battre.
Le texte de Remi De Vos est un long monologue âpre et dense : hasard, incompréhension, stupéfaction, les phrases s’enchainent et les mots s’échappent comme la vie de cet homme dont les pensées se bousculent, se télescopent au fil des minutes et des coups. Que faire, quelle réaction avoir, à quels réflexes se laisser aller quand d’un coup une violence gratuite, inattendue, incompréhensible vous tombe dessus ?
Remi De Vos a spécifiquement écrit ce long monologue d’homme pour une femme, Juliette Plumecocq-Mech : la comédienne à la silhouette androgyne, durant 50 minutes, ne se lèvera jamais. Allongée, à genoux, assise, elle joue de son corps, de sa voix, de son regard, dans une performance physique étonnante, le corps à la fois crispé et souple ; une maîtrise corporelle qui ne l’empêche pas de transmettre l’ébahissement, la peur, la révolte, l’acceptation, d’un homme sur qui la violence s’abat subitement et ne peut s’empêcher d’analyser ce qui lui arrive, de mettre des mots sur l’événement comme pour le mettre à distance. De sa voix grave elle entraine la salle dans ces longues minutes où le temps semble suspendu autour des coups qui s’abattent. La mise en scène de Christophe Rauck, d’une sobriété étudiée, calculée, laisse s’installer la tension malgré la certitude que tout finira mal, et permet aux mots glaçants, percutants de Remi De Vos d’aller gifler les spectateurs autant que de les cueillir au final, mis KO eux aussi par la prestation de Juliette Plumecocq-Mech.
Le texte de Remi De Vos est un long monologue âpre et dense : hasard, incompréhension, stupéfaction, les phrases s’enchainent et les mots s’échappent comme la vie de cet homme dont les pensées se bousculent, se télescopent au fil des minutes et des coups. Que faire, quelle réaction avoir, à quels réflexes se laisser aller quand d’un coup une violence gratuite, inattendue, incompréhensible vous tombe dessus ?
Remi De Vos a spécifiquement écrit ce long monologue d’homme pour une femme, Juliette Plumecocq-Mech : la comédienne à la silhouette androgyne, durant 50 minutes, ne se lèvera jamais. Allongée, à genoux, assise, elle joue de son corps, de sa voix, de son regard, dans une performance physique étonnante, le corps à la fois crispé et souple ; une maîtrise corporelle qui ne l’empêche pas de transmettre l’ébahissement, la peur, la révolte, l’acceptation, d’un homme sur qui la violence s’abat subitement et ne peut s’empêcher d’analyser ce qui lui arrive, de mettre des mots sur l’événement comme pour le mettre à distance. De sa voix grave elle entraine la salle dans ces longues minutes où le temps semble suspendu autour des coups qui s’abattent. La mise en scène de Christophe Rauck, d’une sobriété étudiée, calculée, laisse s’installer la tension malgré la certitude que tout finira mal, et permet aux mots glaçants, percutants de Remi De Vos d’aller gifler les spectateurs autant que de les cueillir au final, mis KO eux aussi par la prestation de Juliette Plumecocq-Mech.
Chanteuse ET comédienne, Émeline Bayart (implosive Daria dans Anna Karenine aux côtés de Golshifteh Faharani sous la direction de Gaétan Vassart) (elle sera également Bécassine, dans le prochain film de Bruno Podalydès cette année) est au Rond Point cet hiver avec D’elle à lui, un récital travaillé, peaufiné, au fil des textes qu’elle découvre et déniche, dans des brocantes ou à la BNF.
Le répertoire est riche et, de Brassens à Vincent Scotto, en passant par Bernard Joyet ou Yvette Guilbert, des chansons interprétées par Juliette, Mireille, Arletty…, le tout forme un melting pot à la fois suranné et piquant, populaire et grinçant, drôle et impertinent. Parce qu’au-delà des mots et des phrases à la grammaire délicieusement ciselée, au-delà de sa voix et de sa technique évidemment ultra maitrisée, il y a des histoires, des histoires de femmes, d’hommes, des histoires d’amour qui commencent bien et finissent mal, des histoires d’adultère et de soupirs, des histoires de convenance, des histoires drôles et des histoires tristes, mais toutes, grâce à l’énergie et la malice d’Emeline Bayart, sa complicité avec son pianiste Manuel Peskine, toutes se succèdent en un récital espiègle, facétieux, et truculent. Le public, ravi, ne regrette qu’une chose : que D’elle à lui soit finalement beaucoup, beaucoup trop court.
Le répertoire est riche et, de Brassens à Vincent Scotto, en passant par Bernard Joyet ou Yvette Guilbert, des chansons interprétées par Juliette, Mireille, Arletty…, le tout forme un melting pot à la fois suranné et piquant, populaire et grinçant, drôle et impertinent. Parce qu’au-delà des mots et des phrases à la grammaire délicieusement ciselée, au-delà de sa voix et de sa technique évidemment ultra maitrisée, il y a des histoires, des histoires de femmes, d’hommes, des histoires d’amour qui commencent bien et finissent mal, des histoires d’adultère et de soupirs, des histoires de convenance, des histoires drôles et des histoires tristes, mais toutes, grâce à l’énergie et la malice d’Emeline Bayart, sa complicité avec son pianiste Manuel Peskine, toutes se succèdent en un récital espiègle, facétieux, et truculent. Le public, ravi, ne regrette qu’une chose : que D’elle à lui soit finalement beaucoup, beaucoup trop court.