- Comédie Contemporaine
- Théâtre de Paris, Salle Réjane
- Paris 9ème
Papa va bientôt rentrer

- Benoît Moret
- Marie-Julie Baup
- Lysiane Meis
- Théâtre de Paris, Salle Réjane
- 15, rue Blanche
- 75009 Paris
- Trinité (l.12), Blanche (l.2)
États-Unis, fin des années 60. Deux militaires se battent sur le front au Vietnam.
Pendant ce temps, dans une ville minuscule de l'État du Maine leurs deux femmes essayent tant bien que mal de continuer à vivre normalement. Elles cherchent l'équilibre entre sens du devoir et émancipation.
L’arrivée impromptue d’un déserteur va bouleverser leur quotidien. D’autant que pour l’une d’elles, ce soldat recherché est loin d’être un parfait inconnu…
Jean Franco a écrit une autre comédie qui se joue actuellement au Palais des Glaces, Libres ! Ou presque.
En 2016, Jean Franco et Guillaume Mélanie avait écrit la comédie La Candidate avec Amanda Lear, jouée à La Michodière.
La critique de la rédaction : 5.5/10. Une pièce de théâtre pas désagréable mais quelque peu ennuyante.
Deux femmes au foyer, un déserteur de la guerre du Vietnam, des dialogues. Hélas ce n’est ni drôle ni vraiment passionnant. Les échanges durent, sont bavards. Les scènes sont entrecoupées de nombreux noirs qui cassent le rythme et nous laissent le temps de nous dire que ce n’est pas palpitant.
Marie-Julie Baup et Benoit Moret jouent bien même si leur personnage ne sont pas spécialement attachants. Lysiane Meis arrive elle à donner de l’intérêt à un rôle de nunuche stéréotypée.
Dommage, le sujet de la guerre était intéressant mais là, Papa va Bientôt Rentrer ne prend pas.
« Papa va bientôt rentrer » c’est l’histoire de deux femmes qui attendent que leurs maris rentrent de la guerre. Un quotidien monotone qui se trouve bouleversé par l’arrivée d’un déserteur, ancien petit ami de l’une d’elles.
Le bon fonctionnement de cette pièce repose principalement sur le jeu des deux comédiennes, qui s’appuie sur une belle complicité. L’esprit seventies apporte une ambiance décalée plutôt agréable, avec en filigrane la question de l’émancipation des femmes américaines à l’époque.
Après la mise en situation initiale, l’arrivée surprise de l’ex, qu’il faut cacher par tous les moyens, permet à l’histoire de vraiment démarrer et de prendre toute sa dimension comique. À la fois intrus dérangeant et invité agréable, Benoît Moret joue parfaitement sur les deux tableaux. Parfois gaffeur un peu lourd, souvent séducteur au grand cœur.
Malgré l’apparente légèreté de la situation, la guerre cruelle n’est jamais loin et ses conséquences finiront par être désastreuses pour les trois personnages, offrant un final aussi surprenant qu’émouvant. Tous les papas ne rentreront pas indemnes des combats…
Entre comédie romantique, analyse sociétale et récit historique, Jean Franco livre ici une pièce difficile à classer, mais qui, à mon sens, est assez réussie.
Ç'aurait pu être la guerre d'Afghanistan car l'auteur est parti de l'anecdote des papas plats (flat daddies) que le gouvernement américain faisait parvenir aux familles, comme si posséder une reproduction grandeur nature de son père ou de son mari pouvait compenser l'absence.
Finalement Jean Franco a choisi de situer Papa va bientôt rentrer dans le contexte de la guerre du Vietnam, ce qui permet de voyager dans l'Amérique (conformiste) des années 70, lesquelles ont décidément le vent en poupe. Au moins trois spectacles ont un décor comparable, et les comédiennes semblent avoir la même garde-robe avec des grands motifs orangés, (créés par Juliette Chanaud).
Quoiqu'il en soit cette pièce est une heureuse surprise et on se demande bien pourquoi l'auteur a laissé passer quelques années avant de la proposer à José Paul pour la mettre en scène au Théâtre de Paris, lequel a dû attendre longtemps avant que les trois comédiens soient libres en même temps.
La pièce se déroule sur 24 heures, et 8 mois plus tard. Un drapeau américain en berne dans la cuisine ne laisse pas de doute. Nous sommes aux US, précisément dans l'état du Maine. Il est 13 h 50 et on a compris que la pendule va jouer un rôle important.
Le réfrigérateur fait penser à la cuisine de Sur la route de Madison. On parie qu’on va boire de la bière, on ne sait pas encore laquelle, mais j'ai appris que chaque élément est authentique. L'assistante de José Paul est revenue des US avec une valise pleine de produits ... d'époque bien sur. Le décorateur (Edouard Laug) joue la carte réaliste et c'est parfait.
En l’absence de leurs maris, combattants au Vietnam, deux voisines, Mia (Marie-Julie Baup à gauche), et Suzan (Lysiane Meis à droite), se retrouvent quotidiennement pour bavarder, passer le temps, se soutenir, se serrer les coudes dans le même esprit que celui qui nous rassemblait après les attentats il y a deux ans. Mia engloutit les pots de beurre de peanuts, Suzanne se noie dans l'alcool. La première a une petite fille de 10 mois qui va bientôt marcher et réclamer son papa. Coup de chance les deux femmes pensent que Paul comme Richard vont bientôt rentrer parce que cette guerre absurde (elles le sont toutes) est sur le point de se terminer.
Ce n'est pas le papa officiel qui arrive mais l’ex petit-ami de Mia dont on surprend les acrobaties derrière la vitre avant qu'il n'entre par effraction.
Il est en désertion, donc en danger de cour martiale. Mia a tiré un trait sur ses engagements mais elle demeure attachée à son ancien amoureux et elle n'a pas le coeur de le condamner. La situation est compliquée et tout va se dérouler sous les yeux du mari, brave papa plat silencieux.
La pièce est une vraie comédie romantique, très agréable à suivre. Il y a de l'émotion positive, sans doute parce que l'auteur venait d'être papa quand il l'a écrite. Elle a aussi le mérite de pointer les premières tentatives d'émancipation féminine dans la bouche de la "moderne" Mia. Le personnage de Suzan est plus conformiste mais son amie éveillera sa conscience politique.
L'Amérique conquérante est égratignée par l'auteur et ce n'est que justice. En quoi la guerre du Vietnam pourrait revendiquer une quelconque légitimité ? Elle n'a rien à voir avec la religions ou une quelconque protection. C'est une volonté de conquête par un pays qui n'est pas une démocratie mais un empire.
Les opinions des personnages évolueront au fil du temps. Ils ne sont pas statiques et perdus dans leurs discussions. On les voit vivre, cuisiner (l'odeur de l'omelette chatouille nos papilles et on se demande si ce ne serait pas de la vraie Bud qui est ouverte).
Peut-être deviennent-ils plus matures. Être adulte serait ne plus avoir de certitude, nous a confié Marie-Julie Baup après le spectacle. Les choix musicaux de José Paul sont précis. On entendra le magnifique Saigon Bride de Joan Baez avant de terminer, huit mois plus tard sur les paroles de Lou Reed, Just a perfect day.
La direction d'acteurs est d'une grande justesse. Elle est le résultat de deux mois de répétition (en commençant avec le texte su, le metteur en scène en fait un principe). Mais aussi d'une belle entente de toute l'équipe qui s'appuie chaque soir sur deux principes toltèques (décidément le Mexique gouverne le monde) qui sont ne faites pas de supposition et faites toujours de votre mieux.
On peut voir dans la grande salle une autre pièce mise en scène par José Paul, plus impressionnante en terme de décor, la Garçonnière, qui est une reprise, et qui sera programmée en première partie de la prochaine cérémonie des Molières.
.... petite revanche pour José Paul, souvent nommé, jamais moliérisé.
Papa, c’est ou plutôt ce sont ces soldats américains partis au Vietnam : Jean Franco s’est inspiré des Flat daddies des années 2000, des silhouettes à plat sur lesquelles étaient collées des photos des soldats (hommes ou femmes) et offertes à leurs familles, notamment aux enfants pour combler l’absence de l’être cher pendant la guerre en Afghanistan. Mais ici nous sommes en 1967 dans une banlieue un peu cossue dans le Maine. Mia et Suzan sont amies et attendent le retour de leurs maris partis au Vietnam. Deux desperate housewives qui attendent leur retour du héros. Un jour, un déserteur vient se réfugier chez Mia et l’on apprendra vite que s’il vient chez Mia, ce n’est pas par hasard.
Une comédie drôle, mais pas que.
Jean Franco signe ici une comédie ravissante, tout aussi drôle que touchante. Au-delà de l’histoire de ces deux jeunes et désœuvrées épouses viennent affleurer des sujets plus profonds comme le sens que l’on a donné à sa vie, les idéaux que l’on a abandonnés trop facilement ou trop paresseusement, la loyauté amicale et les amours perdues. Bien sûr, le ton reste léger, on rit souvent, mais d’un rire touché, jamais gratuit. Bien sûr, le tout aurait pu être encore plus creusé, fouillé, mais ce n’est pas un souci tant la mise en scène de José Paul, toute en vivacité et sans excès d’énergie ou de volte-face inutiles et gratuits laisse les comédiens s’amuser et amuser le public. En premier lieu, les deux comédiennes se complètent parfaitement : Marie-Julie Baup est une Mia subtile qui, derrière la façade de gentille épouse va dévoiler une facette plus trouble de jeune femme partagée entre ses convictions de jeunesse et son statut de jeune maman. Lisiane Meys réussit à donner à Suzan, la gentille épouse un peu (beaucoup) naïve, une sensibilité et une clairvoyance inattendues. Benoît Moret saura donner à Isaac la couleur nécessaire pour exister face à ces deux personnages féminins et former un trio ultra attachant.
Un vrai moment de plaisir, donc, qui ravit autant qu’il touche. Courez-y, mais courez-y vite : la pièce s’arrêtera le 11 mars, plus tôt que prévu. Faute de spectateurs, parait-il ? C’est bizarre : hier, la salle a beaucoup ri, beaucoup applaudi, beaucoup aimé. Il y avait dans ces rires la spontanéité d’un public qui s’abandonne au plaisir mais savoure la subtilité, des rires émus mais pas gras, des rires sincères, joyeux, touchés. Le mien en faisait partie.
C'est à ce tandem que l'on doit "Panique au ministère"
qui marqua les débuts sur les planches de Melle Amanda Lear et fut pendant plusieurs mois un grand succès tant à Paris qu'en province.
Ecrite en collaboration avec Jean-Yves Roan,
"Papa va bientôt rentrer", n'est pas une pièce sur la guerre du Vietman mais en marge de celle ci.
Dans une petite ville du Maine aux Etats Unis, la vie de deux amies et voisines Mia et Susan dont les maris sont partis combattre, va être bouleversée par l'arrivée d'Isaac ex amoureux de Mia qui vient de déserter
Le décor, et les costumes sont pimpants très fin des sixties.
Marie-Julie Baup (Mia) tiraillée entre ses révoltes de jeunesse et sa vie actuelle, Lysiane Meis (Susan) beaucoup plus fine et pas si nunuche que ça et Benoit Moret (Isaac) qui déserte parce qu"il refuse de tuer, sont tous les trois excellents.
Le spectacle, qui nous réserve quelques morceaux de bravoure, comme le récit d'une mission d'Isaac façon
Apocalypse now ou une description de la judaïcité très drôle est mis en scène avec efficacité par José Paul.
On rit beaucoup, mais on est ému aussi, particulièrement par la scène finale.
Une des jolies surprises de ce début d'année 2018.
Tout est parti de l’anecdote des Flat daddies, reproductions en cartons de leurs maris partis à la guerre d’Afghanistan, que l’on offrait aux épouses restées à la maison afin de pallier la longue absence de l’époux-soldat. Ces « papas plats » ont été offerts à Mia et Suzan, ces deux voisines qui attendent le retour de Paul et Richard, partis combattre au Vietnam. Une excuse pour se retrouver, se serrer les coudes, discuter de tout, de rien, de leur rôle de femme, d’épouse, de la vie, de leurs combats, de leurs attentes. Un train de vie qui va se retrouver chamboulé par le retour d’Isaac, un ex de Mia qui a déserté l’armée et vient se réfugier chez elle.
J’ai été très agréablement surprise par l’écriture éminemment dramatique de Jean Franco. L’histoire se déroule de manière très fluide et aborde de nombreux sujets avec beaucoup de cohérence et d’intelligence. Il faut dire qu’il est merveilleusement servi par les trois comédiens qui portent ce spectacle. Tous trois dans des tons différents et complémentaires, on sent une direction d’acteur au cordeau, mais également sensible et bienveillante. Benoît Moret compose un Isaac aux allures d’homme dans cette enveloppe d’adolescent. A la fois attendrissant et agaçant, il livre son message avec beaucoup d’humanité.
Mais ce sont les femmes qui sont particulièrement mises en lumière dans ce spectacle. On retrouve chez Marie-Julie Baup cette interprétation à fleur de peau, où soudain la réplique la plus banale nous touche au coeur et nous fait monter les larmes aux yeux. Sa sincérité, sa sensibilité sans artifice émeuvent à plusieurs reprises et sous la femme forte qu’elle compose on sent des failles qui pourraient la détruire. Celle qui dit assumer les choix qu’elle a portés a dans les yeux un voile qui semble la démentir aussitôt. En face, Lysiane Meis n’est pas en reste. A cette composition un peu nunuche qui lui va si bien, elle ajoute d’autres facettes : sa loyauté envers Mia est touchante, sa lucidité poignante et l’évolution de son personnage, pleine d’espoir.
La mise en scène de José Paul est impeccable. Dès les premières notes du spectacle, on est happé par un rythme qui ne se tarira à aucun moment. Il s’est débarrassé des effets inutiles qui alourdissent souvent les spectacles aujourd’hui et chez lui, chaque détail compte : très vite, avant même que le noir se fasse, on comprend que l’horloge jouera son rôle dans le spectacle. Les lumières sont également pensées de manière très fine, dupant notre cerveau qui soudain transforme cette ombre provenant d’une simple reproduction en carton en un réel personnage présent autour de la table. Perturbant.