- Théâtre contemporain
- Théâtre Antoine
- Paris 10ème
Art, de Yasmina Reza

- Jean-Pierre Darroussin
- Charles Berling
- Alain Fromager
- Théâtre Antoine
- 14, boulevard de Strasbourg
- 75010 Paris
- Strasbourg Saint Denis (l.4, l.8, l.9)
Serge est très satisfait. Il vient d'acquérir un tableau. Une oeuvre d'art contemporain.
C’est une toile d’environ un mètre soixante sur un mètre vingt, entièrement peinte en blanc. Le fond est blanc, mais si on cligne des yeux, on peut apercevoir de fins liserés blancs transversaux.
Serge est passionné d’art contemporain et trouve Sénèque modernissime. Marc est lui le gardien des valeurs traditionnelles, celui à qui on ne la fait pas et qui ne se laisse pas embrouiller par les tendances du moment, enfin Yvan a échoué dans vie professionnelle et affective et semble n’avoir que ces deux amis de précieux.
Ce trio va s’entre déchirer autour de ce tableau blanc en invoquant tous les arguments qui tournent autour de l’Art contemporain. Le rythme est très enlevé et l’on n’arrête pas de rire du début à la fin.
Jean-Pierre Darroussin est un acteur de 63 ans. Pour son excellente interprétation dans Art, il a été récompensé d'un Molière (2018).
Traduite dans 35 langues différentes, ART est le grand succès de Yasmina REZA. Ecrite en 1994, sa pièce a été jouée et primée dans le monde entier.
Dernièrement, vous avez peut être vu les pièces de Yasmina Reza au théâtre, comme Bella Figura, avec Emmanuelle Devos.
Charles Berling a 59 ans. Récemment, il a joué dans Vu du Pont, avec Alain Fromager au théâtre de l'Odéon et Dans la Solitude des Champs de Coton au Théâtre Liberté.
La critique de la rédaction : 7.5/10. Un texte fin, amusant, bien interprété, avec une mise en scène assez simple.
Nous redécouvrions la pièce de théâtre de Yasmina Reza. Les dialogues sont excellents, font réfléchir sur l’art en général, l’art contemporain en particulier mais aussi sur l’amitié, comment évoluent nos relations au fil des années. C’est très intéressant et drôle à la fois d'écouter ces mentalités opposées, les conflits qui peuvent naître à cause du tableau, des choix de l’amateur de monochromes.
Jean-Pierre Darroussin est très convaincant dans son rôle de modérateur indécis, mou. Il a un superbe monologue qui a été généreusement applaudi.
Alain Fromager rentre bien dans son personnage snobe aux goûts très pointus. Nous avons eu plus de mal avec l’interprétation de Charles Berling au début de la pièce puis nous sommes habitués à son style de jeu.
Le décor et la mise en scène apportent peu de surprise mais font l’affaire malgré tout.
Même si les tickets coûtent assez chers, ce texte vaut le détour.
Serge vient d’acquérir le tableau d’un artiste contemporain en vogue, un tableau entièrement blanc dont on distingue seulement quelques traits en travers presque aussi blancs. Marc, son ami, et incapable de dissimuler son émotion, ne peut admettre que Serge ait pu payer un prix aussi élevé pour une « merde ». Entre ces deux-là, il y a Yvan qui ne veut blesser personne et qui va bientôt se marier.
Si en 2019 le tableau acheté par Serge vaut 30 000 euros au lieu des 200 000 francs lors de sa création, il divise toujours autant ces trois hommes : c’est une toile d’environ 1m60 sur 1m20 peinte en blanc…
La division va au-delà de la question de l’art contemporain : Il se profile l’histoire d’une amitié qui s’effrite, à partir d’une broutille qui va prendre des dimensions extraordinaires et qui va balayer tout ce qui reliait ces amis. L’achat du tableau n’est que la mèche d’un malaise latent et qui vient telle une bombe exploser le monde qu’ils croyaient stable. Il y a bien une autre histoire qui s’esquisse derrière le tableau tout blanc.
Le texte de Yasmina Reza n’a pas vieilli. Un texte fort porté une mise en scène sobre juste comme il faut : décor blanc sur blanc et nos trois compères tout de noir vêtus qui s’agitent fortement.
Jean-Pierre Darroussin (Yvan) est hilarant dans son monologue où il explique à ses amis pourquoi il est en retard. C’est un grand plaisir de retrouver Jean-Pierre Darroussin, en gentil ami un peu mou mais tellement attachant. Alain Fromager (Serge) joue avec brio un homme qui a réussi un poil snob, ayant une certaine estime de lui-même mais qui a besoin du regard de ses amis. Charles Berling (Marc) campe avec un beau dynamisme cet homme assez terre à terre et rationnel mais qui peut devenir un petit tyran en un instant.
Un plaisir d’avoir revu cette pièce.
Plusieurs années plus tard... le même metteur en scène reprend la pièce. Même décors, même mise en scène donc... on n'est pas trop dépaysé par rapport à la version originale. Même le tableau... blanc avec des liserés blancs ! La pièce est toujours aussi fine, intelligente, drôle et bien rythmée.
Le bémol va se jouer sur le jeu des comédiens. J-P. Daroussin est excellent dans le personnage. Quant à A. Fromager et C. Berling, on se demande s'il n'y a pas inversion dans la distribution. En particulier, Ch. Berling qui m'a plus rappelé un François Pichon de Pierre Richard, que le personnage cassant, arrogant et sûr de lui de Marc. Trop de bégaiement, trop de mollesse (à mon goût) pour le personnage. L'interprétation n'est pas mauvaise mais, selon ma vision du personnage et même certaines répliques, elle n'est pas juste. Il est possible aussi que je souffre et fasse souffrir cette nouvelle version de la comparaison avec Luchini et Vaneck qui étaient de véritables incarnations.
La pièce vaut le détour. Pour le texte, pour les décors, pour l'interprétation qui reste bonne et bien servie malgré mes bémols. C'est une pièce à ne pas manquer.
Une seule mauvaise note: le prix des places. Excessif.
C’est drôle, intelligent et l’autrice nous propose une vraie réflexion sur l’amitié et les rapports humains. Cela restera dans mes souvenirs comme un grand moment de théâtre !