Opéra vert

Opéra vert
  • Théâtre Gérard Philipe
  • 59, boulevard Jules-Guesde
  • 93200 Saint-Denis
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Emmanuel Bex (que l'on ne présente plus au jazz club tant il nous régale chaque année de ses surprises musicales) et Lucie Vérot , jeune autrice de grand talent , nous offrent un opéra, rien que ça. Pour faire court, une ode à notre jolie petite planète, façon Bex bien sûr !

Lucie a écrit une grande partie des textes et a aussi mené les ateliers d'écriture dont les textes feront partie de la création. Beaucoup d'artistes professionnels mais aussi amateurs sur scène, un ensemble de cordes, un orchestre, une chorale dirigée par Marion Gomar, des solistes...

Oui, le sujet est sérieux, mais on vous le garantit, ce ne sera pas triste (quoique), ni politique (quoique encore) ! En tout cas, ça se finira bien car la nature est plus forte que tout.

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31 mai 2022
9/10
6
En vert et contre tous !
Un vert couleur Zad !

Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.

On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)

Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.

Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)

Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.

Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».

C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.

Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.

Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.

Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.

Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.

Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.

Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.

Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.

Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.

Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.

Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.

Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.

Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.

Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?





En vert et contre tous !
Un vert couleur Zad !

Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.

On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)

Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.

Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)

Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.

Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».

C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.

Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.

Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.

Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.

Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.

Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.

Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.

Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.

Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.

Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.

Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.

Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.

Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.

Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?












En vert et contre tous !
Un vert couleur Zad !

Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.

On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)

Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.

Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)

Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.

Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».

C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.

Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.

Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.

Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.

Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.

Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.

Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.

Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.

Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.

Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.

Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.

Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.

Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.

Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?




En vert et contre tous !
Un vert couleur Zad !

Quand Emmanuel Bex compose un passionnant « écolopéra » sur un livret poétique et engagé de Lucie Vérot.
Ou quand la salle tout en bois du TGP est transformée en Zad militante, au service de la nature.
Ou comment proposer un hymne à l’écologie joyeuse, enthousiaste et collective.

On ne présente plus Emmanuel Bex, qu’on a pourtant souvent tort de réduire à son seul (très grand) talent d’organiste de jazz.
Certes, le musicien est l’un des grands maîtres européens du clavier waterfall et des tirettes harmoniques du Hammond B3.
Emmanuel Bex est avant tout un immense compositeur. (On remarquera que je n’accole à dessein aucune étiquette de style au substantif « compositeur »…)

Bex, celui qui arrive toujours là où l’on ne l’attend pas.
Bex l’imprévisible.
Bex, celui qui participe ou initie des projets étonnants, insolites, surprenants, mais toujours passionnants.

Des projets qui rassemblent des musiciens qu’on n’attendrait pas voir jouer un jour ensemble.
Dame, on ne commence pas sans raison une carrière jazz en fondant un groupe comprenant un joueur de steel-drum.
On ne joue pas pour rien avec l’un de nos plus importants dramaturges, David Lescot. (C’était la merveilleuse aventure de La chose commune.)

Aujourd’hui, au Théâtre Gérard-Philippe, dans le cadre du Saint-Denis-Jazz-Club, il a « purement et simplement » composé un opéra écologique.
Lucie Verot, au cours d’ateliers d’écriture et avec ses propres créations littéraires en a signé le livret.

Cette création musicale a un premier grand mérite : rassembler sur scène des musiciens professionnels, et des amateurs très éclairés, qui en auraient certainement beaucoup à remontrer à pas mal d’artistes dont c’est le « métier ».

C’est ainsi qu’aux côtés de Mathias Lévy (violon), Adèle Viret (violoncelle), Maëlle Debrosses (violon alto), Jérémy Bruyère (contrbasse) et François Verly (percussions), la soprano falcon Marion Gomar dirige la chorale La belle Zoé, et le patron dirigeant quant à lui son groupe « dominical » La grande soufflerie.

Nous allons très vite nous rendre compte que sur le plateau, tout ce petit monde se fiche de svoir qui est qui.
Dans un enthousiasme et une cohésion remarquables, dans une énergie de tous les instants, tous au service du projet nous embarquent dans cette ode militante en faveur de la défense de notre planète.

Car c’est bien de cela dont il va s’agir : nous alerter sur les désastres que l’Homme avec un grand H (qui parfois devient très petit, ce H…) fait subir à notre terre.
Tout commence par un dramatique état des lieux.

Au piano et à la direction musicale, Emmanuel Bex lance ses troupes, après une première partie au cours de laquelle, avec le virtuose Mathias Lévy, il nous proposera un magnifique et bouleversant arrangement de l’hymne ukrainien.

Dans une valse primesautière, délicate, enjouée, le chœur nous rappelle de façon jubilatoire et décalée les dramatiques et peut-être irréversibles ravages infligés à Dame Nature.
Une très belle pâte sonore, une véritable cohésion des pupitres vocaux et le grand talent de Marion Gomar nous sautent aux oreilles.
Le chœur nous embarque véritablement dans cette œuvre, porté par la musique du compositeur.

Oui, pour swinguer, ça va swinguer.
Emmanuel Bex nous rappelle avec cette composition l’intérêt qu’il porte à la musique dite « classique » (mais que je n’aime pas les étiquettes…) du début du XXième siècle.
On se souvient de son album de 2011 intitulé Open Gate feat. Béla Bartók.
J’ai retrouvé hier soir ces accords, ces progressions harmoniques d’inspiration très « bartokienne », associés au « chabada » que le pianiste insuffle à cette création.

Ce qu’il nous donne à écouter est passionnant d’originalité et de créativité, servi qu’il est par tous ces musiciens qui nous ravissent à interpréter la musique du patron.
Un patron qui ne ménage pas sa peine, puisque sa direction d’orchestre est très physique : il crie, il tape du pied, arpente le plateau, vocifère, s’emporte, montera sur son tabouret, jouera même avec deux parties très charnues de son individu, (si si…), toujours et complètement dans son sujet.

Un quintet de solistes lyriques nous enchantera à nous faire part des mots de l’auteure, à nous dire ce qui ne va plus et les solutions alternatives à ce désastre annoncé.
Des récitatifs savoureux (notamment sur le désir ou le non-désir de faire des enfants dans ce monde de bruts) nous feront beaucoup rire.

Lucie Vérot viendra en personne nous dire son Cantique des marais, dans lequel elle nous dit son amour de la mangrove, ce biotope particulier, de moins en moins présent dans le monde.
Beaucoup d’émotion nous cueille alors.

Un autre grand moment, cette bossa-nova- « apocalypso » interprétée par l’ensemble La grande soufflerie.
Là encore, le talent du compositeur et arrangeur Bex est parfaitement mis en évidence par cette formation composée de dionysiens enthousiastes.

Et puis ce sera pour terminer L’hymne à demain.
Tous sur scène et dans le public (avec nos petits moyens), tous nous reprendrons en chœur les paroles de la librettiste :
Nous qui hier sommes nés sur terre,
Levons-nous,
Nos lendemains seront plus verts
Rassemblons-nous maintenant
Nous qui sommes le présent.

Un dernier funk endiablé entraînera artistes et spectateurs dans d’intenses déhanchés.

Ce spectacle est de ceux qui font énormément de bien, dans ce monde de grisaille à l’actualité si morose.
Que d’enthousiasme, que d’énergie, que de talents rassemblés, au service d’un projet artistique fédérateur, politique au bon sens du terme, dans lequel le fond et la forme sont associés en terme d’indéniable et incontestable réussite.

Deux dernières questions se posent : ce magnifique projet restera-t-il à l’état de « one-shot », et comment faire en sorte qu’il soit vu et applaudi par beaucoup d’autres spectateurs ?
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Musique
Talent des artistes
Emotions
Intérêt intellectuel
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