Son balcon
SAISON 2024-2025
Aucun challenge culturel pour le moment
Mini Molières
30reçus
Amateur de théâtre
Son classement : 409 / 6112
Avant lui
Louis-Nicolas R
3 critiques
Après lui
Maritro du Petit Pin
3 critiques
Niveau
2 / 20
2 / 20
3
critiques
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Actualités de ses filatures
Malgré la distribution le texte est bien fade. Après 20mn qui soulèvent l'intérêt in tombe sans la facilité (les allusions graveleuses, est-ce bien nécessaire ?) Puis la pièce tourne en rond pour se terminer en flop.
Parler de théâtre de l'absurde est faire injure aux maîtres du genre.
Je précise que je l'ai vue en captation sur la chaine comédie et que quand on prétend aimer le théâtre comme le dit leur pub on évite de mettre une page de pub au milieu du spectacle.
Parler de théâtre de l'absurde est faire injure aux maîtres du genre.
Je précise que je l'ai vue en captation sur la chaine comédie et que quand on prétend aimer le théâtre comme le dit leur pub on évite de mettre une page de pub au milieu du spectacle.
De février à juillet 2010 Sylvain Tesson part pour vivre 6 mois en ermite au bord du lac Baïkal. Dans un livre qui fut couronné du prix Médicis il raconte son aventure intérieure et sa vie dans cet univers sauvage. Sur la scène du théâtre de La Huchette William Mesguich donne vie à ces mots. Une adaptation théâtrale très réussie.
On ne présente plus le voyageur-écrivain Sylvain Tesson. A pied, à cheval, en vélo, à moto, en side-car il a parcouru les routes de l'Europe, de l'Asie Mineure, du grand Nord, de l'Orient et du Moyen-Orient. Des voyages qu'il raconte dans ses livres. Au cours d'une de ces excursions il découvre les rives du lac Baïkal et se promet d'y revenir. Engagement pris avec lui-même qu'il tient en 2010, quand de février à juillet il s'installe dans une petite maison au bord du lac gelé.
Pendant 6 mois il vivra en ermite, coupé du monde, séparé de son plus proche voisin par une vingtaine de kilomètres de neige, de glace, de froid, de nature sauvage. Cet isolement, celui qui même lorsqu'il est en France n'a pas de téléphone portable et dit n'avoir pas regardé la télé depuis 30 ans, il le raconte dans son livre "Dans les forêts de Sibérie". 6 mois d'ermitage dans un espace restreint (3m x 2m) où il retrouve le goût de la lecture, profitant de ce temps qu'il se donne pour lire ou relire des livres choisis (je me demande quels livres j'emporterai si je partais hiberner pendant 6 mois loin du monde)."Et si la liberté consistait à posséder le temps ?".
L'adaptation de Charlotte Escamez met l'accent sur l'aspect introspectif de cette aventure. Un récit philosophique et psychologique, qui enfonce parfois des portes ouvertes, tout en autodérision, parsemé de poésie et d'humour. Une réflexion riche, foisonnante, pleine de métaphores, qui dresse "les relevés sismographiques de l'âme".
L'interprétation de William Mesguich est à la fois aérienne et terrienne. Le comédien est à la fois très ancré dans cette cabane, cette terre glacée, ce lac gelé, cette nature exigeante qui forge le corps et l'âme de l'ermite volontaire, et légère comme une pensée vagabonde et poétique. Son jeu met aussi en évidence les contradictions intérieures du personnage, sa lucidité et ses errances intellectuelles, sa réflexion, sa recherche et sa confrontation à la réalité. "Dans une société surpeuplée vivre cette aventure est un luxe. Luxe de temps et de silence". Est-ce le prix à payer pour trouver la paix intérieure ? Sylvain Tesson l'a-t-il vraiment trouvée ?
Le regard vif, perçant, profond, qui s'évade ou qui transperce, qui se trouble ou qui s'éclaire : William Mesguich est habité par le rôle, par ce personnage en quête de sa vérité. Dans l'espace réduit de la salle de la Huchette, malgré la proximité du public, il arrive à nous faire ressentir la solitude de l'ermite. il partage avec nous ses réflexions mais aussi cette vie de pêche, de cueillette, de bûcheron, ces longues heures de promenade dans un paysage blanc, vide et pourtant si riche.
La scénographie est magnifique. La cabane en bois partiellement reconstituée est baignée d'une lumière chaude. En fond de scène et sur les murs la froideur de la nuit, de l'eau gelée du lac, la mystérieuse aura de la lune. Une ambiance sonore nous restitue les craquements de la glace, l'inquiétante force du vent, la peur de l'ours qui rode, le silence qui règne au-dehors jusqu'à ce qu'il soit brisé par l'arrivée d'une moto. On retrouve aussi dans les choix musicaux cette touche d'humour qui parsème le texte, avec quelques morceaux choisis un brin caricaturaux.
En bref : Un grand William Mesguich, transporté par les mots et l'aventure de Sylvain Tesson. Une adaptation d'une grande beauté. Un voyage en forme d'hymne à la beauté de la nature, à la poésie, à la richesse intérieure. A découvrir sans tarder.
On ne présente plus le voyageur-écrivain Sylvain Tesson. A pied, à cheval, en vélo, à moto, en side-car il a parcouru les routes de l'Europe, de l'Asie Mineure, du grand Nord, de l'Orient et du Moyen-Orient. Des voyages qu'il raconte dans ses livres. Au cours d'une de ces excursions il découvre les rives du lac Baïkal et se promet d'y revenir. Engagement pris avec lui-même qu'il tient en 2010, quand de février à juillet il s'installe dans une petite maison au bord du lac gelé.
Pendant 6 mois il vivra en ermite, coupé du monde, séparé de son plus proche voisin par une vingtaine de kilomètres de neige, de glace, de froid, de nature sauvage. Cet isolement, celui qui même lorsqu'il est en France n'a pas de téléphone portable et dit n'avoir pas regardé la télé depuis 30 ans, il le raconte dans son livre "Dans les forêts de Sibérie". 6 mois d'ermitage dans un espace restreint (3m x 2m) où il retrouve le goût de la lecture, profitant de ce temps qu'il se donne pour lire ou relire des livres choisis (je me demande quels livres j'emporterai si je partais hiberner pendant 6 mois loin du monde)."Et si la liberté consistait à posséder le temps ?".
L'adaptation de Charlotte Escamez met l'accent sur l'aspect introspectif de cette aventure. Un récit philosophique et psychologique, qui enfonce parfois des portes ouvertes, tout en autodérision, parsemé de poésie et d'humour. Une réflexion riche, foisonnante, pleine de métaphores, qui dresse "les relevés sismographiques de l'âme".
L'interprétation de William Mesguich est à la fois aérienne et terrienne. Le comédien est à la fois très ancré dans cette cabane, cette terre glacée, ce lac gelé, cette nature exigeante qui forge le corps et l'âme de l'ermite volontaire, et légère comme une pensée vagabonde et poétique. Son jeu met aussi en évidence les contradictions intérieures du personnage, sa lucidité et ses errances intellectuelles, sa réflexion, sa recherche et sa confrontation à la réalité. "Dans une société surpeuplée vivre cette aventure est un luxe. Luxe de temps et de silence". Est-ce le prix à payer pour trouver la paix intérieure ? Sylvain Tesson l'a-t-il vraiment trouvée ?
Le regard vif, perçant, profond, qui s'évade ou qui transperce, qui se trouble ou qui s'éclaire : William Mesguich est habité par le rôle, par ce personnage en quête de sa vérité. Dans l'espace réduit de la salle de la Huchette, malgré la proximité du public, il arrive à nous faire ressentir la solitude de l'ermite. il partage avec nous ses réflexions mais aussi cette vie de pêche, de cueillette, de bûcheron, ces longues heures de promenade dans un paysage blanc, vide et pourtant si riche.
La scénographie est magnifique. La cabane en bois partiellement reconstituée est baignée d'une lumière chaude. En fond de scène et sur les murs la froideur de la nuit, de l'eau gelée du lac, la mystérieuse aura de la lune. Une ambiance sonore nous restitue les craquements de la glace, l'inquiétante force du vent, la peur de l'ours qui rode, le silence qui règne au-dehors jusqu'à ce qu'il soit brisé par l'arrivée d'une moto. On retrouve aussi dans les choix musicaux cette touche d'humour qui parsème le texte, avec quelques morceaux choisis un brin caricaturaux.
En bref : Un grand William Mesguich, transporté par les mots et l'aventure de Sylvain Tesson. Une adaptation d'une grande beauté. Un voyage en forme d'hymne à la beauté de la nature, à la poésie, à la richesse intérieure. A découvrir sans tarder.
C'est un des rendez-vous attendus de cette première partie de saison : la confrontation sur scène du couple sulfureux Joey Starr / Béatrice Dalle. La déception est à la hauteur de l'attente. Le couple atomique ne convainc pas dans une mise en scène qui manque de rythme.
Joseph Merrick est un phénomène de foire. Dans le Londres de 1884 il est Elephant Man, la pièce maîtresse du spectacle présenté par le vil Ross, coincé entre la femme à barbe et les sœurs siamoises. Quand le Professeur Treves le découvre il achète sa liberté et l'héberge dans son hôpital. John Merrick ne cessera d'être une curiosité. Atteint de malformations sur tout le corps, rendu complètement difforme, après le peuple ce sont les scientifiques et les bourgeois qui viennent le voir. Une courte vie de misère qui ne connaîtra de répit que dans le regard d'une femme, Madame Kendall, une actrice célèbre qui tombera amoureuse de lui.
Chacun se souvient du film de David Lynch. Tourné en noir et blanc il a ému plus d'une génération de cinéphiles. C'est cette histoire vraie que David Bobée met en scène, à partir d'une traduction de la pièce de Bernard Pomerance. Il confie le rôle de John Merrick à Joey Starr.
Dès la première scène on est en empathie pour ce personnage soumis à la cruauté du monde. John Merrick est montré dans toute son humanité, par opposition à tous ceux, de Ross, le propriétaire de salle de spectacle, au gardien de l'hôpital, qui profitent du handicap du pauvre homme pour tenter d'en tirer avantage. Joey Starr compose une interprétation à la fois forte et sensible, puissante et touchante.
Tout comme lors de la création de la pièce à Broadway Joey Starr n'est pas maquillé ni équipé de quelque dispositif qui rendrait son corps difforme. Il s'exprime par des sons rauques. Lorsqu'il se décide à parler c'est d'une voix qui semble déformée, comme un vibrato. Une démarche lourde, hésitante, un regard vide, hagard. Le monstre n'est pas sur scène, il est dans le regard que les autres portent sur lui. C'est que veut montrer le texte et la mise en scène de David Bobée : un message de tolérance tout en nous amenant à nous demander qui est le plus monstrueux de John Merrick ou de ses visiteurs.
Face à lui Christophe Grégoire est un Docteur Treves sensible. Il exprime toute l'ambivalence de ce scientifique partagé entre la curiosité de son art et la sincérité de l'homme touché par l'humanité de son patient qu'il tentera de protéger du mieux qu'il peut.
Autour de ces deux personnages la troupe est très inégale. La pièce traîne en longueur, mal servie par un texte faible. David Bobée a mis l'accent sur le fantastique, la psychologie, la pensée intérieure. Les scènes de jour alternent avec des fantasmagories cauchemardesques où les pensées de Merrick s'expriment dans la danse inquiétante d'une danseuse reptilienne (étonnante Xio Yi Liu). Béatrice Dalle passe complètement à côté du rôle de Madame Kendall. Là où on attendait une confrontation puissante, ses scènes avec Joey Starr sont d'une platitude déconcertante.
Il y a néanmoins quelques bonnes idées dans la mise en scène. Ainsi cette scène à la fin de la première partie ou chacun exprime l'humanité de John Merrick "Il est comme moi" tandis que l'homme humble et discret, construit une maquette de cathédrale. Mais c'est dans la belle création musicale et non pas dans le texte ni l'interprétation qu'il faut chercher la montée en puissance de la dramaturgie. Le décor blanc de l'hôpital en ajoute dans la froideur et au bout du compte l'émotion ne nous saisis pas comme on l'aurait espéré.
En bref : une rencontre explosive qui fait pchitt. Un texte et une mise en scène qui rendent pesantes les 3h de spectacle. Reste la prestation puissante et émouvante de Joey Starr.
Joseph Merrick est un phénomène de foire. Dans le Londres de 1884 il est Elephant Man, la pièce maîtresse du spectacle présenté par le vil Ross, coincé entre la femme à barbe et les sœurs siamoises. Quand le Professeur Treves le découvre il achète sa liberté et l'héberge dans son hôpital. John Merrick ne cessera d'être une curiosité. Atteint de malformations sur tout le corps, rendu complètement difforme, après le peuple ce sont les scientifiques et les bourgeois qui viennent le voir. Une courte vie de misère qui ne connaîtra de répit que dans le regard d'une femme, Madame Kendall, une actrice célèbre qui tombera amoureuse de lui.
Chacun se souvient du film de David Lynch. Tourné en noir et blanc il a ému plus d'une génération de cinéphiles. C'est cette histoire vraie que David Bobée met en scène, à partir d'une traduction de la pièce de Bernard Pomerance. Il confie le rôle de John Merrick à Joey Starr.
Dès la première scène on est en empathie pour ce personnage soumis à la cruauté du monde. John Merrick est montré dans toute son humanité, par opposition à tous ceux, de Ross, le propriétaire de salle de spectacle, au gardien de l'hôpital, qui profitent du handicap du pauvre homme pour tenter d'en tirer avantage. Joey Starr compose une interprétation à la fois forte et sensible, puissante et touchante.
Tout comme lors de la création de la pièce à Broadway Joey Starr n'est pas maquillé ni équipé de quelque dispositif qui rendrait son corps difforme. Il s'exprime par des sons rauques. Lorsqu'il se décide à parler c'est d'une voix qui semble déformée, comme un vibrato. Une démarche lourde, hésitante, un regard vide, hagard. Le monstre n'est pas sur scène, il est dans le regard que les autres portent sur lui. C'est que veut montrer le texte et la mise en scène de David Bobée : un message de tolérance tout en nous amenant à nous demander qui est le plus monstrueux de John Merrick ou de ses visiteurs.
Face à lui Christophe Grégoire est un Docteur Treves sensible. Il exprime toute l'ambivalence de ce scientifique partagé entre la curiosité de son art et la sincérité de l'homme touché par l'humanité de son patient qu'il tentera de protéger du mieux qu'il peut.
Autour de ces deux personnages la troupe est très inégale. La pièce traîne en longueur, mal servie par un texte faible. David Bobée a mis l'accent sur le fantastique, la psychologie, la pensée intérieure. Les scènes de jour alternent avec des fantasmagories cauchemardesques où les pensées de Merrick s'expriment dans la danse inquiétante d'une danseuse reptilienne (étonnante Xio Yi Liu). Béatrice Dalle passe complètement à côté du rôle de Madame Kendall. Là où on attendait une confrontation puissante, ses scènes avec Joey Starr sont d'une platitude déconcertante.
Il y a néanmoins quelques bonnes idées dans la mise en scène. Ainsi cette scène à la fin de la première partie ou chacun exprime l'humanité de John Merrick "Il est comme moi" tandis que l'homme humble et discret, construit une maquette de cathédrale. Mais c'est dans la belle création musicale et non pas dans le texte ni l'interprétation qu'il faut chercher la montée en puissance de la dramaturgie. Le décor blanc de l'hôpital en ajoute dans la froideur et au bout du compte l'émotion ne nous saisis pas comme on l'aurait espéré.
En bref : une rencontre explosive qui fait pchitt. Un texte et une mise en scène qui rendent pesantes les 3h de spectacle. Reste la prestation puissante et émouvante de Joey Starr.
Tiago Rodrigues aime la littérature, les mots, l'amour. Après "Antoine et Cléopâtre", "Bovary" et "Sopro" il propose au collectif néerlandais du TG Stan de mettre en scène une libre adaptation d'Anna Karénine de Léon Tolstoi. Un rencontre qui porte au plus haut la puissance de l'oeuvre de l'auteur russe.
UNE LONGUE COLLABORATION
C'est la première fois que Tiago Rodrigues écrit pour le TG Stan, même si "The way she dies" n'est pas leur première collaboration. Un travail collectif autour du thème de la puissance de la fiction. Le spectacle met en scène deux couples à deux époques différentes. Un livre fait le lien entre les deux : une vieille édition d'Anna Karénine. "Le seul héritage que tu m'as laissé a été ce livre, la seule chose qui m'appartient véritablement pèse 490 grammes". Ce n'est rien 490 grammes. Et pourtant c'est tout pour ces deux couples. Pour l'un il sert de support pour apprendre le français. Pour l'autre il est l'outil qui devrait apporter toutes les réponses à la crise que traverse le couple.
A quelques dizaines d'années d'intervalle les deux couples vivent la même dilution de leur amour. Comme Anna Karénine l'aveu à l'époux de l'infidélité de l'épouse va les plonger dans un tourbillon d'interrogations. La force de Tiago Rodrigues et de son écriture, celle du jeu des comédiens du TG Stan, c'est de mettre en exergue toute la puissance de la fiction. Ils nous parlent de désir, de besoin d'être désiré(e), de liberté, de conventions sociales, de transmission. Ils nous amène à regarder l'importance de la traduction, la façon dont chacun interprète les mots. Ils démontrent avec talent comment le roman vient se cogner à la vie quotidienne, à moins que ce ne soit le contraire.
L’UNIVERSALITÉ DE LA LITTÉRATURE
L'amour de la littérature et des mots porte cette puissance. Un livre qui passe de main en main. Des listes de sensations ou d'absence de sensation. Des pages qui s'envolent et se répandent au sol. Une langue universelle qui ricoche sur les êtres. Des langues qui se font échos, que se répondent, malgré leurs différences. Les comédiens s'expriment en français, en portugais, en néerlandais, et contrairement à la tour de Babel ils se comprennent et nous, spectateurs, comprenons tout. Tiago Rodrigues tente de semer le trouble, mais les pièces du puzzle se mettent clairement en place et on sort apaisé malgré le tragique destin d'Anna Karénine.
Les quatre comédien.ne.s sont tout simplement remarquables. Jolente De Keersmaeker, Isabel Abreu, Pedro Gil et Franck Vercruyssen déroulent les émotions, les questionnements de ces deux couples portugais et flamand qui vivent chacun à leur façon les affres de la passion, du désir, et nous jouent la mort d'Anna Karénine pour en livrer toute la poésie tragique.
Nul besoin de décor somptueux. Quelques accessoires, un plateau dépouillé où les changements de costume se font à vue, une lumière qui pointe l'essentiel. Le texte, résultat d'une écriture de plateau et de la collaboration d'artistes qui ont une longue habitude de travail en commun, a toute la force de Tolstoï et la beauté de l'écriture de Tiago Rodrigues.
En bref : quand autant de talents se retrouvent réunis autour d'un même amour d'un texte le bonheur est total pour le spectateur. Tiago Rodrigues et le TG Stan nous font le cadeau d'une adaptation qui sublime la puissance de la fiction. Un spectacle intense et poétique.
UNE LONGUE COLLABORATION
C'est la première fois que Tiago Rodrigues écrit pour le TG Stan, même si "The way she dies" n'est pas leur première collaboration. Un travail collectif autour du thème de la puissance de la fiction. Le spectacle met en scène deux couples à deux époques différentes. Un livre fait le lien entre les deux : une vieille édition d'Anna Karénine. "Le seul héritage que tu m'as laissé a été ce livre, la seule chose qui m'appartient véritablement pèse 490 grammes". Ce n'est rien 490 grammes. Et pourtant c'est tout pour ces deux couples. Pour l'un il sert de support pour apprendre le français. Pour l'autre il est l'outil qui devrait apporter toutes les réponses à la crise que traverse le couple.
A quelques dizaines d'années d'intervalle les deux couples vivent la même dilution de leur amour. Comme Anna Karénine l'aveu à l'époux de l'infidélité de l'épouse va les plonger dans un tourbillon d'interrogations. La force de Tiago Rodrigues et de son écriture, celle du jeu des comédiens du TG Stan, c'est de mettre en exergue toute la puissance de la fiction. Ils nous parlent de désir, de besoin d'être désiré(e), de liberté, de conventions sociales, de transmission. Ils nous amène à regarder l'importance de la traduction, la façon dont chacun interprète les mots. Ils démontrent avec talent comment le roman vient se cogner à la vie quotidienne, à moins que ce ne soit le contraire.
L’UNIVERSALITÉ DE LA LITTÉRATURE
L'amour de la littérature et des mots porte cette puissance. Un livre qui passe de main en main. Des listes de sensations ou d'absence de sensation. Des pages qui s'envolent et se répandent au sol. Une langue universelle qui ricoche sur les êtres. Des langues qui se font échos, que se répondent, malgré leurs différences. Les comédiens s'expriment en français, en portugais, en néerlandais, et contrairement à la tour de Babel ils se comprennent et nous, spectateurs, comprenons tout. Tiago Rodrigues tente de semer le trouble, mais les pièces du puzzle se mettent clairement en place et on sort apaisé malgré le tragique destin d'Anna Karénine.
Les quatre comédien.ne.s sont tout simplement remarquables. Jolente De Keersmaeker, Isabel Abreu, Pedro Gil et Franck Vercruyssen déroulent les émotions, les questionnements de ces deux couples portugais et flamand qui vivent chacun à leur façon les affres de la passion, du désir, et nous jouent la mort d'Anna Karénine pour en livrer toute la poésie tragique.
Nul besoin de décor somptueux. Quelques accessoires, un plateau dépouillé où les changements de costume se font à vue, une lumière qui pointe l'essentiel. Le texte, résultat d'une écriture de plateau et de la collaboration d'artistes qui ont une longue habitude de travail en commun, a toute la force de Tolstoï et la beauté de l'écriture de Tiago Rodrigues.
En bref : quand autant de talents se retrouvent réunis autour d'un même amour d'un texte le bonheur est total pour le spectateur. Tiago Rodrigues et le TG Stan nous font le cadeau d'une adaptation qui sublime la puissance de la fiction. Un spectacle intense et poétique.
Après la Comédie Française et Eric Ruf c'est Claudia Stavisky qui s'attaque à la mise en scène du texte de Brecht sur le parcours de Galilée, ses interrogations sur le monde, la science, la religion et le pouvoir. Une proposition qui offre à Philippe Torreton l'occasion d'une interprétation magistrale. Un des événements à ne pas manquer dans cette rentrée théâtrale.
OMBRES ET LUMIÈRE
Brecht écrit "La Vie de Galilée" en 1938/39 alors qu'il est en exil, fuyant l'Allemagne nazie. Il travailla le texte pendant plus de dix ans, laissant plusieurs versions. S'appuyant sur la vie du mathématicien italien qui défendait la théorie héliocentrique de Copernic, Brecht nous parle des rapports entre la science et la religion, entre la vérité et le pouvoir. Ecrit dans une période pour le moins mouvementée le texte aborde les thèmes de l'obscurantisme et de la vérité. La force de la mise en scène de Claudia Stavinsky est de faire entendre le texte avec une rare clarté.
Là où Eric Ruf en rajoutait dans le flamboyant Claudia Stavisky choisit la simplicité. Pas de décor clinquant mais un décor unique modulable qui se fait aussi bien modeste demeure d'un professeur de mathématiques qui limite ses cours pour se consacrer à ses recherches que cour des grands ou prison.. Un magnifique travail sur la lumière et une subtile mise en son magnifient le jeu des comédiens. Philippe Torreton est méconnaissable, transcendé par le rôle. On perçoit tous les tourments du savant qui lutte pour trouver les moyens d'apporter les preuves des théories qu'il défend. Son interprétation magistrale rend limpides et parfaitement lisibles les thèmes abordés par Brecht : l'obscurantisme religieux, le bouleversement intellectuel et spirituel qui secoue le monde ecclésiastique, car si la terre n'est plus le centre du monde alors l'église ne risque-t-elle pas de ne plus être le centre de la civilisation et l'Homme ne va-t-il pas être ramené à un être parmi d'autres aux même titre que les animaux ? Plus qu'une révolution mathématique c'est une révolution de la société. Et l'on comprend pourquoi Galilée finira par se rétracter publiquement.
Peut-on faire plus actuel que ce texte ? En choisissant un éclairage sombre Claudia Staviski met en lumière tout le bouillonnement intellectuel d'une société qui, confrontée aux éclairages de la science doit remettre en cause son modèle. Si Brecht écrivit ce texte lors de l'effondrement de l'Allemagne et de l'Europe face au nazisme, comment ne pas le mettre en parallèle avec notre 21e siècle, la montée des nationalismes et le réchauffement climatique ?
Si Philippe Torrenton transcende son immense talent pour incarner un Galilée passionné mais fragile parfois, absorbé par ses recherches mais attentif à ses proches, il n'en écrase par pour autant ses partenaires. Tous sont parfaitement à l'aise et crédibles dans leurs rôles, créant une proposition homogène où chaque voix retentit avec clarté. Ainsi le jeune Matthias Distephano formidable Andréas jeune auquel succède le très juste Benjamin Jungers. Ainsi Nano Garcia qui apporte une touche de tendresse dans cet univers très masculin. Ainsi Marie Torreton qui illumine la scène de la démonstration avec la pomme. Tous sont d'une grande justesse et d'une grande générosité.
En bref : Claudia Staviski met en lumière une Vie de Galilée magnifie par l'interprétation magistrale de Philippe Torreton. Une mise en scène qui éclaire le texte. Evènement immanquable de cette rentrée théâtrale.
OMBRES ET LUMIÈRE
Brecht écrit "La Vie de Galilée" en 1938/39 alors qu'il est en exil, fuyant l'Allemagne nazie. Il travailla le texte pendant plus de dix ans, laissant plusieurs versions. S'appuyant sur la vie du mathématicien italien qui défendait la théorie héliocentrique de Copernic, Brecht nous parle des rapports entre la science et la religion, entre la vérité et le pouvoir. Ecrit dans une période pour le moins mouvementée le texte aborde les thèmes de l'obscurantisme et de la vérité. La force de la mise en scène de Claudia Stavinsky est de faire entendre le texte avec une rare clarté.
Là où Eric Ruf en rajoutait dans le flamboyant Claudia Stavisky choisit la simplicité. Pas de décor clinquant mais un décor unique modulable qui se fait aussi bien modeste demeure d'un professeur de mathématiques qui limite ses cours pour se consacrer à ses recherches que cour des grands ou prison.. Un magnifique travail sur la lumière et une subtile mise en son magnifient le jeu des comédiens. Philippe Torreton est méconnaissable, transcendé par le rôle. On perçoit tous les tourments du savant qui lutte pour trouver les moyens d'apporter les preuves des théories qu'il défend. Son interprétation magistrale rend limpides et parfaitement lisibles les thèmes abordés par Brecht : l'obscurantisme religieux, le bouleversement intellectuel et spirituel qui secoue le monde ecclésiastique, car si la terre n'est plus le centre du monde alors l'église ne risque-t-elle pas de ne plus être le centre de la civilisation et l'Homme ne va-t-il pas être ramené à un être parmi d'autres aux même titre que les animaux ? Plus qu'une révolution mathématique c'est une révolution de la société. Et l'on comprend pourquoi Galilée finira par se rétracter publiquement.
Peut-on faire plus actuel que ce texte ? En choisissant un éclairage sombre Claudia Staviski met en lumière tout le bouillonnement intellectuel d'une société qui, confrontée aux éclairages de la science doit remettre en cause son modèle. Si Brecht écrivit ce texte lors de l'effondrement de l'Allemagne et de l'Europe face au nazisme, comment ne pas le mettre en parallèle avec notre 21e siècle, la montée des nationalismes et le réchauffement climatique ?
Si Philippe Torrenton transcende son immense talent pour incarner un Galilée passionné mais fragile parfois, absorbé par ses recherches mais attentif à ses proches, il n'en écrase par pour autant ses partenaires. Tous sont parfaitement à l'aise et crédibles dans leurs rôles, créant une proposition homogène où chaque voix retentit avec clarté. Ainsi le jeune Matthias Distephano formidable Andréas jeune auquel succède le très juste Benjamin Jungers. Ainsi Nano Garcia qui apporte une touche de tendresse dans cet univers très masculin. Ainsi Marie Torreton qui illumine la scène de la démonstration avec la pomme. Tous sont d'une grande justesse et d'une grande générosité.
En bref : Claudia Staviski met en lumière une Vie de Galilée magnifie par l'interprétation magistrale de Philippe Torreton. Une mise en scène qui éclaire le texte. Evènement immanquable de cette rentrée théâtrale.