Ses critiques
98 critiques
8/10
Après avoir vu Le Marchand de Venise de Ned Grujic au Théâtre du Lucernaire, je découvre avec autant de plaisir ses Voyages Fantastiques.
Nous sommes en 1910, dans les studios de Georges Méliès. Le cinéaste en manque d’inspiration veut mettre la clef sous la porte et fermer les studios. Mais ses comédiens cherchent à tout prix un moyen pour continuer à exercer leur art. Ils décident donc d’utiliser une machine à voyager dans le temps et permettent à leur maître de rencontrer le grand Jules Verne, qu’il admire tant, afin que les deux hommes fassent un film ensemble.
C’est de cette rencontre que vont naître Les Voyages Fantastiques.
Nous assistons donc pendant près d’une heure aux coulisses de la création d’un film du premier génie du cinéma.
Le dispositif scénique est assez simple (comme quoi, parfois, avec peu on peut faire beaucoup) : une scène surélevée sur laquelle se déroulent les épisodes tournés du film de Georges Méliès; derrière celle-ci se trouve une toile sur laquelle est projetée la toile de fond (le décor) de l’épisode. Les projections sont manipulées en direct par Antoine Théry que l’on avait déjà pu découvrir dans Le Marchand de Venise.
Un régal visuel pour les petits comme pour les grands.
Nous sommes en 1910, dans les studios de Georges Méliès. Le cinéaste en manque d’inspiration veut mettre la clef sous la porte et fermer les studios. Mais ses comédiens cherchent à tout prix un moyen pour continuer à exercer leur art. Ils décident donc d’utiliser une machine à voyager dans le temps et permettent à leur maître de rencontrer le grand Jules Verne, qu’il admire tant, afin que les deux hommes fassent un film ensemble.
C’est de cette rencontre que vont naître Les Voyages Fantastiques.
Nous assistons donc pendant près d’une heure aux coulisses de la création d’un film du premier génie du cinéma.
Le dispositif scénique est assez simple (comme quoi, parfois, avec peu on peut faire beaucoup) : une scène surélevée sur laquelle se déroulent les épisodes tournés du film de Georges Méliès; derrière celle-ci se trouve une toile sur laquelle est projetée la toile de fond (le décor) de l’épisode. Les projections sont manipulées en direct par Antoine Théry que l’on avait déjà pu découvrir dans Le Marchand de Venise.
Un régal visuel pour les petits comme pour les grands.
8/10
Irina Brook nous offre une adaptation vive et intelligente de la pièce de Shakespeare. Elle donne à celle-ci une dimension ludique et parfaitement accessible pour un jeune public qui découvrirait l’oeuvre. Et pour tous ceux qui la connaissent déjà, c’est une belle manière de la redécouvrir.
Prospero est ici un chef cuisinier italien qui prône les bienfaits de la cuisine bio. Il a confié son restaurant à Antonio, son frère de coeur, afin de se consacrer à la magie. Mais ce dernier prend goût à la cuisine et à la direction du restaurant. Il décide donc d’exiler Prospero et sa fille Miranda sur l’ile où il rencontra Caliban et Ariel.
Ils sont cinq comédien-nes fantastiques à partager le plateau. Une petite mention spéciale à Marjory Gesbert qui campe une Ariel tout en couleur, qui prête sa voix aux personnages du passé de Prospero et en particulier à Antonio.
Même si les vers originaux sont peu présents (nous pouvons tout de même en reconnaitre quelques-uns, tel le fameux « Nous sommes de cette étoffe dont les rêves sont faits. »), le propos de Shakespeare est à mon sens loin d’êtres perdu !!
Une pièce qui fait du bien pour les petits comme pour les grands. N’hésitez pas à vous y précipiter !
Prospero est ici un chef cuisinier italien qui prône les bienfaits de la cuisine bio. Il a confié son restaurant à Antonio, son frère de coeur, afin de se consacrer à la magie. Mais ce dernier prend goût à la cuisine et à la direction du restaurant. Il décide donc d’exiler Prospero et sa fille Miranda sur l’ile où il rencontra Caliban et Ariel.
Ils sont cinq comédien-nes fantastiques à partager le plateau. Une petite mention spéciale à Marjory Gesbert qui campe une Ariel tout en couleur, qui prête sa voix aux personnages du passé de Prospero et en particulier à Antonio.
Même si les vers originaux sont peu présents (nous pouvons tout de même en reconnaitre quelques-uns, tel le fameux « Nous sommes de cette étoffe dont les rêves sont faits. »), le propos de Shakespeare est à mon sens loin d’êtres perdu !!
Une pièce qui fait du bien pour les petits comme pour les grands. N’hésitez pas à vous y précipiter !
9/10
Lucernaire
27/05 18h
Feeling Good
Comment adapter un roman biographique à la scène ? Oublions la légende que nous connaissons et ne cherchons pas à la comparer à ce que nous voyons. Laissons-nous porter par cette histoire.
C’est la fin de la vie de Nina Simone (Jina Djemba), Eunice Kathleen Waymon de son vrai nom. Nina, elle l’a choisi en se rappelant un jeune homme qui l’appelait « Niña », et Simone en hommage à Simone Signoret ! Nous sommes dans l’intimité de cette femme puisque nous nous retrouvons dans ses appartements où elle rencontre Ricardo (Valentin de Carbonnière), envoyé par son agent. Il devient son homme à tout faire. C’est avec lui, qu’elle retraverse sa vie, son enfance, ses succès, son public … Elle redevient même petite fille avec une petite robe blanche. C’est l’un de ses premiers concerts en tant que pianiste. Ses parents sont assis au premier rang et elle joue. Soudain un couple (de Blancs) arrive et dit aux parents de se lever car qu'ils occupent illégitimement des places réservées aux Blancs. La jeune Eunice, outrée, arrête de jouer et affirme qu’elle ne terminera pas son tour de chant si l'on déplace ses parents !!
Valentin de Carbonnière passe sans artifice et avec beaucoup de justesse de Ricardo-personnage à Ricardo-narrateur. Il interprète également un journaliste venu voir Miss Simone. Le comédien est excellent, et circule d’un registre à l’autre en un clin d’oeil !
Denis Koransky (créateur lumière) parvient à nous porter d’une atmosphère à l’autre avec un rien. Nous nous retrouvons par exemple au bord de la piscine de Nina en quelques secondes.
Il s’agit d’un spectacle limpide, accompagné en live par un formidable musicien, Julien Vasnier.
Pour finir, Jina Djemba interprète Nina Simone sans chercher à l’imiter. Elle interprète certaines de ses grandes chansons comme Black is the color of my true love’s hair, et c’est magnifique. On repart avec ses airs en tête et ça fait du bien !!
Je n’ai pas besoin de vous dire de courir au Lucernaire (ou au Théâtre de l'oeuvre où le spectacle est repris): je pense que vous l’avez compris !
27/05 18h
Feeling Good
Comment adapter un roman biographique à la scène ? Oublions la légende que nous connaissons et ne cherchons pas à la comparer à ce que nous voyons. Laissons-nous porter par cette histoire.
C’est la fin de la vie de Nina Simone (Jina Djemba), Eunice Kathleen Waymon de son vrai nom. Nina, elle l’a choisi en se rappelant un jeune homme qui l’appelait « Niña », et Simone en hommage à Simone Signoret ! Nous sommes dans l’intimité de cette femme puisque nous nous retrouvons dans ses appartements où elle rencontre Ricardo (Valentin de Carbonnière), envoyé par son agent. Il devient son homme à tout faire. C’est avec lui, qu’elle retraverse sa vie, son enfance, ses succès, son public … Elle redevient même petite fille avec une petite robe blanche. C’est l’un de ses premiers concerts en tant que pianiste. Ses parents sont assis au premier rang et elle joue. Soudain un couple (de Blancs) arrive et dit aux parents de se lever car qu'ils occupent illégitimement des places réservées aux Blancs. La jeune Eunice, outrée, arrête de jouer et affirme qu’elle ne terminera pas son tour de chant si l'on déplace ses parents !!
Valentin de Carbonnière passe sans artifice et avec beaucoup de justesse de Ricardo-personnage à Ricardo-narrateur. Il interprète également un journaliste venu voir Miss Simone. Le comédien est excellent, et circule d’un registre à l’autre en un clin d’oeil !
Denis Koransky (créateur lumière) parvient à nous porter d’une atmosphère à l’autre avec un rien. Nous nous retrouvons par exemple au bord de la piscine de Nina en quelques secondes.
Il s’agit d’un spectacle limpide, accompagné en live par un formidable musicien, Julien Vasnier.
Pour finir, Jina Djemba interprète Nina Simone sans chercher à l’imiter. Elle interprète certaines de ses grandes chansons comme Black is the color of my true love’s hair, et c’est magnifique. On repart avec ses airs en tête et ça fait du bien !!
Je n’ai pas besoin de vous dire de courir au Lucernaire (ou au Théâtre de l'oeuvre où le spectacle est repris): je pense que vous l’avez compris !
9,5/10
10/05, Paris
La Tempête
Quel défi d’adapter le roman de Mikhail Boulgakov en moins de 2h au théâtre. En effet, lorsque j'ai appris qu’Igor Mendjisky allait l’entreprendre, j’ai été immédiatement curieuse de savoir comment les 600 pages pouvaient passer l’épreuve du plateau. Autant le dire immédiatement, le défi a largement été relevé !! La fidélité au texte est manifeste (on reconnaît des passages entiers, mot à mot) et les derniers mots de Boulgakov sont projetés.
C'est grâce à la scénographie, ingénieuse, laquelle vit avec le spectacle, que l'on restitue les différents niveaux du texte. Dès lors, les objets ne sortent pas de scène. Ils restent et s’entassent. Le plateau porte la marque du passé, de ce qui a eu lieu et que l'on ne peut oublier. Il devient une sorte de palimpseste où les différents univers s’entremêlent et ne deviennent qu’un. Les histoires, les lieux, les époques et les langues : outre le français, on entend le russe et l’hébreu (langue supposée parlée par le Christ). Seul le théâtre permet ça ! Mais seule une bonne mise en scène permet que l’on parvienne à y croire. Ce spectacle remplit assurément ces conditions. Par ailleurs, le dispositif tri-frontal nous plonge dans la folie du roman, dans celle des personnages. Ce dispositif facilite, en outre, l’adresse publique. Dès notre entrée, Ivan (Igor Mendjisky) est là. Il nous attend pour nous raconter son histoire, celle du Maitre (Marc Arnaud) et de Marguerite (Esther Van den Driessche) ainsi que celle de Pilate (Pierre Hiessler).
Lorsque l'on adapte un roman à la scène, en particulier comme celui-ci, la question, selon moi, la plus importante est celle de la narration. En début de saison, j’avais pu voir comment Simon McBurney l'affrontait, avec brio, dans La pitié dangereuse de Zweig. J’ai vu aujourd’hui une autre manière de faire tout aussi passionnante. Les comédiens incarnent les personnages, parfois plusieurs.
Une très grande part de la réussite de cette adaptation du roman fleuve de Boulgakov tient précisément à la façon dont Igor Mendjisky a travaillé le passage de la narration à l’action. Nous sommes ainsi plongés dans l’histoire du Maitre et Marguerite, et tout semble aller de soi.
Il s’agit d’une adaptation riche en couleurs, dans laquelle les comédiens, vraiment excellents, chantent, dansent … Courez à La Tempête, avant le 10 juin ! Ceux qui ne pourront suivre mon conseil doivent savoir que le spectacle sera repris à Avignon dans le prochain OFF au 11 • Gilgamesh Belleville. A n'en pas douter, il sera l’un des coups de coeur de ce festival !
La Tempête
Quel défi d’adapter le roman de Mikhail Boulgakov en moins de 2h au théâtre. En effet, lorsque j'ai appris qu’Igor Mendjisky allait l’entreprendre, j’ai été immédiatement curieuse de savoir comment les 600 pages pouvaient passer l’épreuve du plateau. Autant le dire immédiatement, le défi a largement été relevé !! La fidélité au texte est manifeste (on reconnaît des passages entiers, mot à mot) et les derniers mots de Boulgakov sont projetés.
C'est grâce à la scénographie, ingénieuse, laquelle vit avec le spectacle, que l'on restitue les différents niveaux du texte. Dès lors, les objets ne sortent pas de scène. Ils restent et s’entassent. Le plateau porte la marque du passé, de ce qui a eu lieu et que l'on ne peut oublier. Il devient une sorte de palimpseste où les différents univers s’entremêlent et ne deviennent qu’un. Les histoires, les lieux, les époques et les langues : outre le français, on entend le russe et l’hébreu (langue supposée parlée par le Christ). Seul le théâtre permet ça ! Mais seule une bonne mise en scène permet que l’on parvienne à y croire. Ce spectacle remplit assurément ces conditions. Par ailleurs, le dispositif tri-frontal nous plonge dans la folie du roman, dans celle des personnages. Ce dispositif facilite, en outre, l’adresse publique. Dès notre entrée, Ivan (Igor Mendjisky) est là. Il nous attend pour nous raconter son histoire, celle du Maitre (Marc Arnaud) et de Marguerite (Esther Van den Driessche) ainsi que celle de Pilate (Pierre Hiessler).
Lorsque l'on adapte un roman à la scène, en particulier comme celui-ci, la question, selon moi, la plus importante est celle de la narration. En début de saison, j’avais pu voir comment Simon McBurney l'affrontait, avec brio, dans La pitié dangereuse de Zweig. J’ai vu aujourd’hui une autre manière de faire tout aussi passionnante. Les comédiens incarnent les personnages, parfois plusieurs.
Une très grande part de la réussite de cette adaptation du roman fleuve de Boulgakov tient précisément à la façon dont Igor Mendjisky a travaillé le passage de la narration à l’action. Nous sommes ainsi plongés dans l’histoire du Maitre et Marguerite, et tout semble aller de soi.
Il s’agit d’une adaptation riche en couleurs, dans laquelle les comédiens, vraiment excellents, chantent, dansent … Courez à La Tempête, avant le 10 juin ! Ceux qui ne pourront suivre mon conseil doivent savoir que le spectacle sera repris à Avignon dans le prochain OFF au 11 • Gilgamesh Belleville. A n'en pas douter, il sera l’un des coups de coeur de ce festival !
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4/10
Le 28/03, 19h30, Paris
Quand le spectacle commence, nous entendons un bruit d’eau, de tempête. La scène n’est pas encore éclairée, mais déjà on peut se demander si Christophe Rauck ne s’est pas trompé de pièce puisqu’il n’est jamais question de tempête dans Comme il vous plaira. Enfin passons, mais, nous allons le voir, il n’y a pas que cela.
Christophe Rauck monte pour la deuxième fois cette pièce de Shakespeare. Il mêle ici les genres, les époques et les esthétiques théâtrales.
Deux micros sur pied sont déposés pour la première scène aux deux extrémités du plateau. Les premières répliques sont entendues par leur intermédiaire, puis nous pouvons entendre Jean François Lombard chanter (au passage, il est regrettable qu’une liste des chansons ne soit pas fournie car certaines sont vraiment magnifiques, et l’on aimerait pouvoir les retrouver aisément). Nous reconnaissons tout de même Purcell ainsi qu’une chanson de Craig Armstrong Let no man steal your thyme chantée par Cécil Garcia Fogel (Rosalinde) (assez loin toutefois de la sublime interprétation de Carey Mulligan dans le film de Thomas Vinterberg Far from the madding crowd).
Ce spectacle mêle donc le texte de Shakespeare et des chansons baroques anglaises qui rappellent opportunément l’atmosphère britannique du XVIème siècle.
Elles dynamisent en effet la représentation en lui donnant une grande partie de son intérêt. Hélas, à l’exception de ces moments, on a surtout affaire à une suite de scènes de conservatoire appartenant à différents univers. Les comédiens sont parfois en costumes contemporains, ils s’allongent au sol et parlent presque en criant dans un micro, alors qu’à d’autres moments ils sont en costumes de l’époque élisabéthaine. Où est la cohérence ?
La morale de l’histoire : on ne peut pas faire ce qu’il nous plait avec Comme il vous plaira, même si Christophe Rauck a fait comme ça lui chante !
Quand le spectacle commence, nous entendons un bruit d’eau, de tempête. La scène n’est pas encore éclairée, mais déjà on peut se demander si Christophe Rauck ne s’est pas trompé de pièce puisqu’il n’est jamais question de tempête dans Comme il vous plaira. Enfin passons, mais, nous allons le voir, il n’y a pas que cela.
Christophe Rauck monte pour la deuxième fois cette pièce de Shakespeare. Il mêle ici les genres, les époques et les esthétiques théâtrales.
Deux micros sur pied sont déposés pour la première scène aux deux extrémités du plateau. Les premières répliques sont entendues par leur intermédiaire, puis nous pouvons entendre Jean François Lombard chanter (au passage, il est regrettable qu’une liste des chansons ne soit pas fournie car certaines sont vraiment magnifiques, et l’on aimerait pouvoir les retrouver aisément). Nous reconnaissons tout de même Purcell ainsi qu’une chanson de Craig Armstrong Let no man steal your thyme chantée par Cécil Garcia Fogel (Rosalinde) (assez loin toutefois de la sublime interprétation de Carey Mulligan dans le film de Thomas Vinterberg Far from the madding crowd).
Ce spectacle mêle donc le texte de Shakespeare et des chansons baroques anglaises qui rappellent opportunément l’atmosphère britannique du XVIème siècle.
Elles dynamisent en effet la représentation en lui donnant une grande partie de son intérêt. Hélas, à l’exception de ces moments, on a surtout affaire à une suite de scènes de conservatoire appartenant à différents univers. Les comédiens sont parfois en costumes contemporains, ils s’allongent au sol et parlent presque en criant dans un micro, alors qu’à d’autres moments ils sont en costumes de l’époque élisabéthaine. Où est la cohérence ?
La morale de l’histoire : on ne peut pas faire ce qu’il nous plait avec Comme il vous plaira, même si Christophe Rauck a fait comme ça lui chante !
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