Ses critiques
98 critiques
8,5/10
La Compagnie Premier Acte revisite et réactualise le conte de Perrault. Un loup immigré du pays des Loups rencontre le petit chaperon rouge avec qui il se lie d’amitié. On ne peut évidemment pas ignorer le contexte relatif à immigration dans lequel nous vivons, surtout quand nous entendons cette phrase :
« Ma mère est morte là-bas, au pays des Loups. Et mon père est en prison, pour avoir volé un oeuf, un jour où j’avais trop faim. Depuis, je suis un loup sans parents et sans papiers. »
Le petit chaperon ne comprend pas comment un loup comme lui peut être aussi gentil, puisque sa mère et sa mère-grand lui ont toujours dit de se méfier des loups, lesquels ne cherchaient qu’à faire le mal autour d’eux. A cause des préjugés que les Hommes ont sur lui, il est rejeté par tout le monde. Ce qui peut être une des causes de sa cruauté. Pourtant son humanité prend le dessus sur les instincts de vengeance, car la mère-grand est la raison pour laquelle son père est emprisonné (il lui avait volé un oeuf).
Les comédiens jouent avec des masques. Sous nos masques et nos apparences, tous divers, tous semblables.
C’est un spectacle plein d’émotion. Une belle leçon d’humanité.
« Ma mère est morte là-bas, au pays des Loups. Et mon père est en prison, pour avoir volé un oeuf, un jour où j’avais trop faim. Depuis, je suis un loup sans parents et sans papiers. »
Le petit chaperon ne comprend pas comment un loup comme lui peut être aussi gentil, puisque sa mère et sa mère-grand lui ont toujours dit de se méfier des loups, lesquels ne cherchaient qu’à faire le mal autour d’eux. A cause des préjugés que les Hommes ont sur lui, il est rejeté par tout le monde. Ce qui peut être une des causes de sa cruauté. Pourtant son humanité prend le dessus sur les instincts de vengeance, car la mère-grand est la raison pour laquelle son père est emprisonné (il lui avait volé un oeuf).
Les comédiens jouent avec des masques. Sous nos masques et nos apparences, tous divers, tous semblables.
C’est un spectacle plein d’émotion. Une belle leçon d’humanité.
2/10
Un récit authentique, l'histoire d'une absolue tragédie à travers celle d'un survivant juif polonais, Benjamin Orelstein, à l'incroyable destin. L'innommable, dit-on souvent, pour évoquer cette période où régnait la barbarie. Mais, précisément, comment représenter lorsque rien ne saurait décrire l'horreur ? Peut-on éviter de travestir la terrible réalité ? La simple traduction des mots d'Orelstein, à la lecture bouleversante, sur une scène où victimes et bourreaux empruntent évidemment les traits banals de notre humanité, détruit ce qui était recherché : le sentiment de l'horreur.
Les comédiens, aussi désireux soient-ils de servir une cause, celle de la survie mémorielle, ne peuvent échapper à l'inéluctable, le naufrage de l'émotion. Triste résultat qui confirme, si besoin était, le jugement de Claude Lanzmann sur l'impossible mise en scène de la Shoah.
Un mot encore : bien que la responsabilité de la troupe ne soit probablement pas engagée, l'idée selon laquelle la destruction des Juifs d'Europe aboutit à l'indépendance d'Israël donne un sens à ce qui en est totalement dépourvu et, d'une certaine façon, en atténue la portée.
Les comédiens, aussi désireux soient-ils de servir une cause, celle de la survie mémorielle, ne peuvent échapper à l'inéluctable, le naufrage de l'émotion. Triste résultat qui confirme, si besoin était, le jugement de Claude Lanzmann sur l'impossible mise en scène de la Shoah.
Un mot encore : bien que la responsabilité de la troupe ne soit probablement pas engagée, l'idée selon laquelle la destruction des Juifs d'Europe aboutit à l'indépendance d'Israël donne un sens à ce qui en est totalement dépourvu et, d'une certaine façon, en atténue la portée.
9/10
Dès notre entrée en salle, nous sommes plongé-es dans la musique des mines.
C’est un sacré défi que d’adapter ce roman fleuve d’Emile Zola. En effet, il faut préserver la force de son texte, tout en proposant une adaptation que puisse résister à l’épreuve du plateau. On peut dire que cela fonctionne à merveille dans cette adaptation du Théâtre du Kronope.
La réalité des mines est recréée par un univers sonore et visuel particulièrement étonnant. L’enfer qu’était la vie dans les mines ainsi que la cruauté des exploiteurs sont parfaitement représentés. La violence n’est pas ici montrée de manière réaliste mais symboliquement dans une beauté scénique qui ne saurait laisser indifférent.
Ils sont cinq comédiens pour une cinquantaine de rôles. Avec ce spectacle, la compagnie réalise une magnifique chorégraphie des corps et des lumières. Ils sont à la fois mineurs et propriétaires, exploités et exploiteurs. Tous les personnages ont des masques qui représentent leurs catégories sociales, à l’exception des cinq personnages principaux : Etienne, Catherine, Madame et Monsieur Maheu ainsi que Chaval.
Ce texte est encore criant de vérité : « Les gros s’engraissent sur le cadavre des petits ». En peignant la société de Zola, le Théâtre du Kronope dépeint également (malheureusement) également la nôtre.
Un très beau moment qui permet de découvrir ou redécouvrir cette œuvre majeure de la littérature française.
C’est un sacré défi que d’adapter ce roman fleuve d’Emile Zola. En effet, il faut préserver la force de son texte, tout en proposant une adaptation que puisse résister à l’épreuve du plateau. On peut dire que cela fonctionne à merveille dans cette adaptation du Théâtre du Kronope.
La réalité des mines est recréée par un univers sonore et visuel particulièrement étonnant. L’enfer qu’était la vie dans les mines ainsi que la cruauté des exploiteurs sont parfaitement représentés. La violence n’est pas ici montrée de manière réaliste mais symboliquement dans une beauté scénique qui ne saurait laisser indifférent.
Ils sont cinq comédiens pour une cinquantaine de rôles. Avec ce spectacle, la compagnie réalise une magnifique chorégraphie des corps et des lumières. Ils sont à la fois mineurs et propriétaires, exploités et exploiteurs. Tous les personnages ont des masques qui représentent leurs catégories sociales, à l’exception des cinq personnages principaux : Etienne, Catherine, Madame et Monsieur Maheu ainsi que Chaval.
Ce texte est encore criant de vérité : « Les gros s’engraissent sur le cadavre des petits ». En peignant la société de Zola, le Théâtre du Kronope dépeint également (malheureusement) également la nôtre.
Un très beau moment qui permet de découvrir ou redécouvrir cette œuvre majeure de la littérature française.
8,5/10
Un Faust diaboliquement génial
Comment parler de ce Faust sans avoir peur de trop en dévoiler ?
Le collectif 8 s’empare de l’œuvre de Goethe pour nous livrer un spectacle haut en couleurs. Le collectif maitrise l’utilisation des arts numériques comme personne. Elle permet une immersion complète dans l’univers proposé par Gaële Boghossian.
Il s’agit d’une adaptation de l’œuvre de l’auteur allemand. En effet, la metteure en scène nous offre un Faust qui résonne avec notre monde actuel. Il s’agit pour elle grâce à cette création de raconter notre monde, de questionner la limite entre le bien et le mal. A travers ce Faust, elle nous offre une sorte d’ «opéra endiablé », avec des comédiens démoniaques qui dégagent une énergie folle (surtout à 10h15 du matin).
Ici, Faust ne vend pas son âme au diable mais décide au contraire de parier avec Méphistophélès : « Si jamais dans un élan de plaisir tu me vois supplier le temps de suspendre sa course, alors tu pourras m’enchaîner, me traîner dans l’abîme, alors que la cloche des morts sonne, que l’horloge se fige, que l’aiguille tombe, que le temps s’arrête à tout jamais pour moi. »
Mais Faust ne demandera jamais l’arrêt du temps et cohabitera donc avec le diable à son service sa vie durant. Ce dernier l’initiera au capitalisme. Il prendra le pouvoir et inventera le papier monnaie comme solution à tous les problèmes... L'Empire basculera donc vers le totalitarisme et la guerre. La vidéo, ici, n’est pas sans évoquer l’univers de Big Brother dans 1984 de Georges Orwell.
Le spectacle nous enchante par sa musique hypnotisante. Nous sommes envoûtés par des images grandioses. Le tout donne une représentation d’une inoubliable brutalité. Un collectif à suivre de très près !
Comment parler de ce Faust sans avoir peur de trop en dévoiler ?
Le collectif 8 s’empare de l’œuvre de Goethe pour nous livrer un spectacle haut en couleurs. Le collectif maitrise l’utilisation des arts numériques comme personne. Elle permet une immersion complète dans l’univers proposé par Gaële Boghossian.
Il s’agit d’une adaptation de l’œuvre de l’auteur allemand. En effet, la metteure en scène nous offre un Faust qui résonne avec notre monde actuel. Il s’agit pour elle grâce à cette création de raconter notre monde, de questionner la limite entre le bien et le mal. A travers ce Faust, elle nous offre une sorte d’ «opéra endiablé », avec des comédiens démoniaques qui dégagent une énergie folle (surtout à 10h15 du matin).
Ici, Faust ne vend pas son âme au diable mais décide au contraire de parier avec Méphistophélès : « Si jamais dans un élan de plaisir tu me vois supplier le temps de suspendre sa course, alors tu pourras m’enchaîner, me traîner dans l’abîme, alors que la cloche des morts sonne, que l’horloge se fige, que l’aiguille tombe, que le temps s’arrête à tout jamais pour moi. »
Mais Faust ne demandera jamais l’arrêt du temps et cohabitera donc avec le diable à son service sa vie durant. Ce dernier l’initiera au capitalisme. Il prendra le pouvoir et inventera le papier monnaie comme solution à tous les problèmes... L'Empire basculera donc vers le totalitarisme et la guerre. La vidéo, ici, n’est pas sans évoquer l’univers de Big Brother dans 1984 de Georges Orwell.
Le spectacle nous enchante par sa musique hypnotisante. Nous sommes envoûtés par des images grandioses. Le tout donne une représentation d’une inoubliable brutalité. Un collectif à suivre de très près !
7/10
Caché dans son buisson de lavande, Cyrano sentait bon la lessive. « Admiratif : « pour un parfumeur, quelle enseigne ! » « Si le titre ne vous attire pas, ne vous arrêtez pas là ! Trois comédiennes sur scène nous racontent la tragique histoire de Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand. Elles sont à la fois narratrices et personnages. Le passage entre les deux est très bien ficelé. Ce qui est une très belle manière de découvrir ou de redécouvrir cette œuvre. Pour celles et ceux qui en sont, comme moi, des inconditionnels, allez-y, tout en sachant que vous n’entendrez quasiment pas le texte de Rostand. Profitez dès lors de cette proposition très intéressante de la compagnie. En effet, elles parviennent à nous plonger dans un univers tout particulier qui se trouve entre la pièce de Rostand, bien sure, et l’album de Rebecca Dautremer. On peut également mentionner qu’elles portent de magnifiques masques pour donner vie à Cyrano, à Christian, à Roxane et à De Guiche.
Voilà ce qu’à peu près, je peux vous dire
Elles sont pleines d’esprit
Et de lettres
Elles en ont trois qui forment le mot : bot (beau) !
Elles ont eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Nous servir toutes sortes de folles plaisanteries.
Voilà ce qu’à peu près, je peux vous dire
Elles sont pleines d’esprit
Et de lettres
Elles en ont trois qui forment le mot : bot (beau) !
Elles ont eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Nous servir toutes sortes de folles plaisanteries.