Critiques pour l'événement Papa va bientôt rentrer
Quand les rires cachent des larmes
« Papa va bientôt rentrer » c’est l’histoire de deux femmes qui attendent que leurs maris rentrent de la guerre. Un quotidien monotone qui se trouve bouleversé par l’arrivée d’un déserteur, ancien petit ami de l’une d’elles.
Le bon fonctionnement de cette pièce repose principalement sur le jeu des deux comédiennes, qui s’appuie sur une belle complicité. L’esprit seventies apporte une ambiance décalée plutôt agréable, avec en filigrane la question de l’émancipation des femmes américaines à l’époque.
Après la mise en situation initiale, l’arrivée surprise de l’ex, qu’il faut cacher par tous les moyens, permet à l’histoire de vraiment démarrer et de prendre toute sa dimension comique. À la fois intrus dérangeant et invité agréable, Benoît Moret joue parfaitement sur les deux tableaux. Parfois gaffeur un peu lourd, souvent séducteur au grand cœur.
Malgré l’apparente légèreté de la situation, la guerre cruelle n’est jamais loin et ses conséquences finiront par être désastreuses pour les trois personnages, offrant un final aussi surprenant qu’émouvant. Tous les papas ne rentreront pas indemnes des combats…
Entre comédie romantique, analyse sociétale et récit historique, Jean Franco livre ici une pièce difficile à classer, mais qui, à mon sens, est assez réussie.
« Papa va bientôt rentrer » c’est l’histoire de deux femmes qui attendent que leurs maris rentrent de la guerre. Un quotidien monotone qui se trouve bouleversé par l’arrivée d’un déserteur, ancien petit ami de l’une d’elles.
Le bon fonctionnement de cette pièce repose principalement sur le jeu des deux comédiennes, qui s’appuie sur une belle complicité. L’esprit seventies apporte une ambiance décalée plutôt agréable, avec en filigrane la question de l’émancipation des femmes américaines à l’époque.
Après la mise en situation initiale, l’arrivée surprise de l’ex, qu’il faut cacher par tous les moyens, permet à l’histoire de vraiment démarrer et de prendre toute sa dimension comique. À la fois intrus dérangeant et invité agréable, Benoît Moret joue parfaitement sur les deux tableaux. Parfois gaffeur un peu lourd, souvent séducteur au grand cœur.
Malgré l’apparente légèreté de la situation, la guerre cruelle n’est jamais loin et ses conséquences finiront par être désastreuses pour les trois personnages, offrant un final aussi surprenant qu’émouvant. Tous les papas ne rentreront pas indemnes des combats…
Entre comédie romantique, analyse sociétale et récit historique, Jean Franco livre ici une pièce difficile à classer, mais qui, à mon sens, est assez réussie.
Encore une histoire inspirée par une guerre. Ce n'est plus la Première Guerre mondiale comme avec le Petit poilu illustré.
Ç'aurait pu être la guerre d'Afghanistan car l'auteur est parti de l'anecdote des papas plats (flat daddies) que le gouvernement américain faisait parvenir aux familles, comme si posséder une reproduction grandeur nature de son père ou de son mari pouvait compenser l'absence.
Finalement Jean Franco a choisi de situer Papa va bientôt rentrer dans le contexte de la guerre du Vietnam, ce qui permet de voyager dans l'Amérique (conformiste) des années 70, lesquelles ont décidément le vent en poupe. Au moins trois spectacles ont un décor comparable, et les comédiennes semblent avoir la même garde-robe avec des grands motifs orangés, (créés par Juliette Chanaud).
Quoiqu'il en soit cette pièce est une heureuse surprise et on se demande bien pourquoi l'auteur a laissé passer quelques années avant de la proposer à José Paul pour la mettre en scène au Théâtre de Paris, lequel a dû attendre longtemps avant que les trois comédiens soient libres en même temps.
La pièce se déroule sur 24 heures, et 8 mois plus tard. Un drapeau américain en berne dans la cuisine ne laisse pas de doute. Nous sommes aux US, précisément dans l'état du Maine. Il est 13 h 50 et on a compris que la pendule va jouer un rôle important.
Le réfrigérateur fait penser à la cuisine de Sur la route de Madison. On parie qu’on va boire de la bière, on ne sait pas encore laquelle, mais j'ai appris que chaque élément est authentique. L'assistante de José Paul est revenue des US avec une valise pleine de produits ... d'époque bien sur. Le décorateur (Edouard Laug) joue la carte réaliste et c'est parfait.
En l’absence de leurs maris, combattants au Vietnam, deux voisines, Mia (Marie-Julie Baup à gauche), et Suzan (Lysiane Meis à droite), se retrouvent quotidiennement pour bavarder, passer le temps, se soutenir, se serrer les coudes dans le même esprit que celui qui nous rassemblait après les attentats il y a deux ans. Mia engloutit les pots de beurre de peanuts, Suzanne se noie dans l'alcool. La première a une petite fille de 10 mois qui va bientôt marcher et réclamer son papa. Coup de chance les deux femmes pensent que Paul comme Richard vont bientôt rentrer parce que cette guerre absurde (elles le sont toutes) est sur le point de se terminer.
Ce n'est pas le papa officiel qui arrive mais l’ex petit-ami de Mia dont on surprend les acrobaties derrière la vitre avant qu'il n'entre par effraction.
Il est en désertion, donc en danger de cour martiale. Mia a tiré un trait sur ses engagements mais elle demeure attachée à son ancien amoureux et elle n'a pas le coeur de le condamner. La situation est compliquée et tout va se dérouler sous les yeux du mari, brave papa plat silencieux.
La pièce est une vraie comédie romantique, très agréable à suivre. Il y a de l'émotion positive, sans doute parce que l'auteur venait d'être papa quand il l'a écrite. Elle a aussi le mérite de pointer les premières tentatives d'émancipation féminine dans la bouche de la "moderne" Mia. Le personnage de Suzan est plus conformiste mais son amie éveillera sa conscience politique.
L'Amérique conquérante est égratignée par l'auteur et ce n'est que justice. En quoi la guerre du Vietnam pourrait revendiquer une quelconque légitimité ? Elle n'a rien à voir avec la religions ou une quelconque protection. C'est une volonté de conquête par un pays qui n'est pas une démocratie mais un empire.
Les opinions des personnages évolueront au fil du temps. Ils ne sont pas statiques et perdus dans leurs discussions. On les voit vivre, cuisiner (l'odeur de l'omelette chatouille nos papilles et on se demande si ce ne serait pas de la vraie Bud qui est ouverte).
Peut-être deviennent-ils plus matures. Être adulte serait ne plus avoir de certitude, nous a confié Marie-Julie Baup après le spectacle. Les choix musicaux de José Paul sont précis. On entendra le magnifique Saigon Bride de Joan Baez avant de terminer, huit mois plus tard sur les paroles de Lou Reed, Just a perfect day.
La direction d'acteurs est d'une grande justesse. Elle est le résultat de deux mois de répétition (en commençant avec le texte su, le metteur en scène en fait un principe). Mais aussi d'une belle entente de toute l'équipe qui s'appuie chaque soir sur deux principes toltèques (décidément le Mexique gouverne le monde) qui sont ne faites pas de supposition et faites toujours de votre mieux.
On peut voir dans la grande salle une autre pièce mise en scène par José Paul, plus impressionnante en terme de décor, la Garçonnière, qui est une reprise, et qui sera programmée en première partie de la prochaine cérémonie des Molières.
.... petite revanche pour José Paul, souvent nommé, jamais moliérisé.
Ç'aurait pu être la guerre d'Afghanistan car l'auteur est parti de l'anecdote des papas plats (flat daddies) que le gouvernement américain faisait parvenir aux familles, comme si posséder une reproduction grandeur nature de son père ou de son mari pouvait compenser l'absence.
Finalement Jean Franco a choisi de situer Papa va bientôt rentrer dans le contexte de la guerre du Vietnam, ce qui permet de voyager dans l'Amérique (conformiste) des années 70, lesquelles ont décidément le vent en poupe. Au moins trois spectacles ont un décor comparable, et les comédiennes semblent avoir la même garde-robe avec des grands motifs orangés, (créés par Juliette Chanaud).
Quoiqu'il en soit cette pièce est une heureuse surprise et on se demande bien pourquoi l'auteur a laissé passer quelques années avant de la proposer à José Paul pour la mettre en scène au Théâtre de Paris, lequel a dû attendre longtemps avant que les trois comédiens soient libres en même temps.
La pièce se déroule sur 24 heures, et 8 mois plus tard. Un drapeau américain en berne dans la cuisine ne laisse pas de doute. Nous sommes aux US, précisément dans l'état du Maine. Il est 13 h 50 et on a compris que la pendule va jouer un rôle important.
Le réfrigérateur fait penser à la cuisine de Sur la route de Madison. On parie qu’on va boire de la bière, on ne sait pas encore laquelle, mais j'ai appris que chaque élément est authentique. L'assistante de José Paul est revenue des US avec une valise pleine de produits ... d'époque bien sur. Le décorateur (Edouard Laug) joue la carte réaliste et c'est parfait.
En l’absence de leurs maris, combattants au Vietnam, deux voisines, Mia (Marie-Julie Baup à gauche), et Suzan (Lysiane Meis à droite), se retrouvent quotidiennement pour bavarder, passer le temps, se soutenir, se serrer les coudes dans le même esprit que celui qui nous rassemblait après les attentats il y a deux ans. Mia engloutit les pots de beurre de peanuts, Suzanne se noie dans l'alcool. La première a une petite fille de 10 mois qui va bientôt marcher et réclamer son papa. Coup de chance les deux femmes pensent que Paul comme Richard vont bientôt rentrer parce que cette guerre absurde (elles le sont toutes) est sur le point de se terminer.
Ce n'est pas le papa officiel qui arrive mais l’ex petit-ami de Mia dont on surprend les acrobaties derrière la vitre avant qu'il n'entre par effraction.
Il est en désertion, donc en danger de cour martiale. Mia a tiré un trait sur ses engagements mais elle demeure attachée à son ancien amoureux et elle n'a pas le coeur de le condamner. La situation est compliquée et tout va se dérouler sous les yeux du mari, brave papa plat silencieux.
La pièce est une vraie comédie romantique, très agréable à suivre. Il y a de l'émotion positive, sans doute parce que l'auteur venait d'être papa quand il l'a écrite. Elle a aussi le mérite de pointer les premières tentatives d'émancipation féminine dans la bouche de la "moderne" Mia. Le personnage de Suzan est plus conformiste mais son amie éveillera sa conscience politique.
L'Amérique conquérante est égratignée par l'auteur et ce n'est que justice. En quoi la guerre du Vietnam pourrait revendiquer une quelconque légitimité ? Elle n'a rien à voir avec la religions ou une quelconque protection. C'est une volonté de conquête par un pays qui n'est pas une démocratie mais un empire.
Les opinions des personnages évolueront au fil du temps. Ils ne sont pas statiques et perdus dans leurs discussions. On les voit vivre, cuisiner (l'odeur de l'omelette chatouille nos papilles et on se demande si ce ne serait pas de la vraie Bud qui est ouverte).
Peut-être deviennent-ils plus matures. Être adulte serait ne plus avoir de certitude, nous a confié Marie-Julie Baup après le spectacle. Les choix musicaux de José Paul sont précis. On entendra le magnifique Saigon Bride de Joan Baez avant de terminer, huit mois plus tard sur les paroles de Lou Reed, Just a perfect day.
La direction d'acteurs est d'une grande justesse. Elle est le résultat de deux mois de répétition (en commençant avec le texte su, le metteur en scène en fait un principe). Mais aussi d'une belle entente de toute l'équipe qui s'appuie chaque soir sur deux principes toltèques (décidément le Mexique gouverne le monde) qui sont ne faites pas de supposition et faites toujours de votre mieux.
On peut voir dans la grande salle une autre pièce mise en scène par José Paul, plus impressionnante en terme de décor, la Garçonnière, qui est une reprise, et qui sera programmée en première partie de la prochaine cérémonie des Molières.
.... petite revanche pour José Paul, souvent nommé, jamais moliérisé.
Jean Franco est l'auteur de 12 pièces écrites tantôt seul, tantôt en duo avec Guillaume Mélanie.
C'est à ce tandem que l'on doit "Panique au ministère"
qui marqua les débuts sur les planches de Melle Amanda Lear et fut pendant plusieurs mois un grand succès tant à Paris qu'en province.
Ecrite en collaboration avec Jean-Yves Roan,
"Papa va bientôt rentrer", n'est pas une pièce sur la guerre du Vietman mais en marge de celle ci.
Dans une petite ville du Maine aux Etats Unis, la vie de deux amies et voisines Mia et Susan dont les maris sont partis combattre, va être bouleversée par l'arrivée d'Isaac ex amoureux de Mia qui vient de déserter
Le décor, et les costumes sont pimpants très fin des sixties.
Marie-Julie Baup (Mia) tiraillée entre ses révoltes de jeunesse et sa vie actuelle, Lysiane Meis (Susan) beaucoup plus fine et pas si nunuche que ça et Benoit Moret (Isaac) qui déserte parce qu"il refuse de tuer, sont tous les trois excellents.
Le spectacle, qui nous réserve quelques morceaux de bravoure, comme le récit d'une mission d'Isaac façon
Apocalypse now ou une description de la judaïcité très drôle est mis en scène avec efficacité par José Paul.
On rit beaucoup, mais on est ému aussi, particulièrement par la scène finale.
Une des jolies surprises de ce début d'année 2018.
C'est à ce tandem que l'on doit "Panique au ministère"
qui marqua les débuts sur les planches de Melle Amanda Lear et fut pendant plusieurs mois un grand succès tant à Paris qu'en province.
Ecrite en collaboration avec Jean-Yves Roan,
"Papa va bientôt rentrer", n'est pas une pièce sur la guerre du Vietman mais en marge de celle ci.
Dans une petite ville du Maine aux Etats Unis, la vie de deux amies et voisines Mia et Susan dont les maris sont partis combattre, va être bouleversée par l'arrivée d'Isaac ex amoureux de Mia qui vient de déserter
Le décor, et les costumes sont pimpants très fin des sixties.
Marie-Julie Baup (Mia) tiraillée entre ses révoltes de jeunesse et sa vie actuelle, Lysiane Meis (Susan) beaucoup plus fine et pas si nunuche que ça et Benoit Moret (Isaac) qui déserte parce qu"il refuse de tuer, sont tous les trois excellents.
Le spectacle, qui nous réserve quelques morceaux de bravoure, comme le récit d'une mission d'Isaac façon
Apocalypse now ou une description de la judaïcité très drôle est mis en scène avec efficacité par José Paul.
On rit beaucoup, mais on est ému aussi, particulièrement par la scène finale.
Une des jolies surprises de ce début d'année 2018.
Papa va bientot rentrer est une comédie au ton léger sur un sujet pas vraiment léger.
Nous sommes en 1967 aux Etats Unis pendant la guerre du Vietnam et nous suivons le quotidien de deux femmes, voisines, dont les maris sont partis à la guerre. Leur train train quotidien va exploser avec l'arrivée d'un déserteur qui est bien connu par l'une des deux.
L'histoire dépeint la société américaine (grace à des décors et une atmosphere sonore très soignés) avec une ironie savoureuse et dresse le portrait de ces deux femmes, un peu 'cliché' mais qui nous font rire :
Les épouses au foyer sont donc interprétées par Marie Julie Baup (Mia) d'une part, qui est une ancienne activiste féministe, libre dans sa tête qui a 'choisit' de se ranger et Lysiane Meis, d'autre part, son opposée : femme au foyer dans toute sa splendeur, un peu coincée et nunuche mais pas que ça.
Ces deux là partagent de nombreux moments ensemble, liées par l'absence de leurs époux. Leurs differences donnent un ressort comique agreeable à l'ensemble. Quand Benoit Moret, le déserteur, débarque, le feu d'artifice à base de riz soufflé (là il faut voir la pièce pour apprécier) prend de l'ampleur.. Son jeu est naturel et il nous fait découvrir une nouvelle facette de Mia. Il y a vraiment une bonne interpretation des trois comédiens.
La mise en scène de José Paul donne du dynamisme à l'ensemble, c'est réussi.
Bref, la pièce est sympathique.
Nous sommes en 1967 aux Etats Unis pendant la guerre du Vietnam et nous suivons le quotidien de deux femmes, voisines, dont les maris sont partis à la guerre. Leur train train quotidien va exploser avec l'arrivée d'un déserteur qui est bien connu par l'une des deux.
L'histoire dépeint la société américaine (grace à des décors et une atmosphere sonore très soignés) avec une ironie savoureuse et dresse le portrait de ces deux femmes, un peu 'cliché' mais qui nous font rire :
Les épouses au foyer sont donc interprétées par Marie Julie Baup (Mia) d'une part, qui est une ancienne activiste féministe, libre dans sa tête qui a 'choisit' de se ranger et Lysiane Meis, d'autre part, son opposée : femme au foyer dans toute sa splendeur, un peu coincée et nunuche mais pas que ça.
Ces deux là partagent de nombreux moments ensemble, liées par l'absence de leurs époux. Leurs differences donnent un ressort comique agreeable à l'ensemble. Quand Benoit Moret, le déserteur, débarque, le feu d'artifice à base de riz soufflé (là il faut voir la pièce pour apprécier) prend de l'ampleur.. Son jeu est naturel et il nous fait découvrir une nouvelle facette de Mia. Il y a vraiment une bonne interpretation des trois comédiens.
La mise en scène de José Paul donne du dynamisme à l'ensemble, c'est réussi.
Bref, la pièce est sympathique.
J'ai passé un bon moment à regarder cette comédie légère ; l'interprétation du trio de comédiens m'a semblé juste.
Les détails du décor visuels comme sonores sont bien restitués ; j'ai apprécié également la mise en scène qui nous fait progresser dans le temps.
Beaucoup de rires dans la salle !
Les détails du décor visuels comme sonores sont bien restitués ; j'ai apprécié également la mise en scène qui nous fait progresser dans le temps.
Beaucoup de rires dans la salle !
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