- Théâtre contemporain
- Théâtre Lepic
- Paris 18ème
L'Ombre de la Baleine

- Mikael Chirinian
- Théâtre Lepic
- 1, avenue Junot
- 75018 Paris
- Lamarck Caulaincourt (l.12)
Après Rapport sur moi et La liste de mes envies, Mikael Chirinian s’inspire de Moby Dick d’Herman Melville pour nous entraîner dans les eaux troubles des rapports familiaux.
« Je me suis lancé dans l’adaptation de ce « morceau » de la littérature américaine comme on part en mer. Quelque chose de surprenant s’est alors produit, plus j’avançais dans l’histoire, plus le regard d’Ismael m’apparaissait familier; plus je travaillais, plus je reconnaissais l’obsession et la rage du capitaine Achab à s’évader de sa propre muraille… La monstrueuse baleine blanche, je la connaissais bien, elle me menaçait depuis des années. Ce combat s’avérait beaucoup plus personnel que je ne l’avais prévu. C’était mon histoire qui se jouait sur ce bateau. »
« En plongeant dans Moby Dick c’est l’ombre de mon enfance qui m’est apparue. » Mikael Chirinian
Théâtre Lepic
Seul en scène, avec un double-marionnette (crée par Francesca Testi ), qui facilite la distanciation et ouvre de nombreuses possibilités théâtrales, il incarne avec brio les multiples personnages de la famille, le petit garçon, la grande sœur, les parents, les grands-parents, les fait dialoguer entre eux, chacun reconnaissable en un clin d’œil à son intonation, sa posture… belle performance d’acteur!
Au fil des scènes, des souvenirs, de la voix de la soeur qui se fait aussi entendre par ordinateur interposé, on comprend peu à peu l’histoire complexe de cette famille, et la difficile construction du benjamin.
Le décor est ingénieux, et se révèle très poétique à la fin (très beaux visuels aussi autour d’un éventail ou des positions de la marionnette…) … un beau voyage !
Mikael Chirinian va nous conter sa tragédie familiale. Son enfance éprouvante auprès de sa grande sœur qui a perturbé violemment l’équilibre de sa famille. Cette sœur avec qui aujourd’hui il ne communique que par email…
Il va comparer ce naufrage familial avec l’histoire de Moby Dick, livre que sa mère lui avait offert lors d’un noël tourmenté.
Tour à tour, avec l’aide de sa marionnette, il jouera avec grand talent les personnages de cette famille partant à la dérive
Le père passionné de western.
La mère croyant que les étoiles de mer protègent des sortilèges.
La grand-mère parlant de ses croyances, de la vie, de la mort.
La sœur violente et déséquilibrée.
Mikael Chirinian et sa marionnette seront aussi Ismaël s’engageant sur le Péquod et découvrant les horreurs de la pêche à la baleine. Ismaël étant à la merci et à l’ordre du capitaine Achab. Achab assoiffé de vengeance envers la baleine blanche qui lui avait tranché la jambe.
Le Péquod navigue sur une mer cruelle, il part à la dérive comme cette famille.
Mikael Chirinian nous poignarde le cœur, on en perd notre souffle, nous sommes captivés et parfois effrayés.
A notre grand bonheur, le tableau final est magnifique, léger, fragile, un décor de conte de fées. Un univers de poésie et de rêve qui adoucit cette douloureuse histoire familiale.
Nous sommes chavirés par ce beau moment de théâtre. C’est profond, émouvant, tragique parfois drôle et plein de poésie.
Le comédien se donne à fond pour nous raconter son histoire, mais je n'ai pas été transportée plus que ça, en dehors des bras de Morphée où j'ai failli sombrer parfois...
Dans ce texte, l’histoire de Moby Dick et celle d’une famille s’entremêlent. On peut dire que d’une certaine manière Moby Dick éclaire l’histoire familiale. C’est d’ailleurs sa propre histoire que Mikael Chirinian raconte.
Le roman d’aventure est offert au personnage, Noël, lequel accompagnera le petit garçon toute sa vie et auquel il se réfèrera constamment.
Il est seul en scène mais à plusieurs reprises une voix se fait entendre, nous permettant de prendre connaissance des courriels (incendiaires) de sa soeur dépressive et agressive. Mais cette voix est sans intonation, quasiment déshumanisée. Sa soeur atteinte de démence est-elle morte ? S’agit-il de vieux messages ?
C’est le troisième seul en scène de Mikael Chirinian. C’est un spectacle, magnifiquement interprété, fort en émotion et qui touche toutes les générations.