Critiques pour l'événement Le Cid
Un soir à Provins, au théâtre on donnait,
Du Cid de Corneille, une version enjouée.
Même l’hiver, même la neige ne saurait arrêter,
Celui qui, de longue date, avait pris son billet.
Mais fébrile, impatient quand le rideau se lève,
Quelle ne fut ma surprise et croyant que je rêve,
De voir cette scène nue, sans décor qui déguise,
Une audace qui m’étonne et j’avoue me défrise.
Diantre, me dis-je, alors point de lieu à voir ?
La déception me guette jusqu’à m’en émouvoir.
Quelle mouche a piqué cette troupe théâtrale ?
Veut-elle se moquer ? La jouer déloyal ?
Que nenni, mon ami, calmez-vous je prie,
Ecoutez un instant, sur scène, ce qui se dit.
Tout ouïe, concentré, le regard vers les planches,
Je reste captivé et ma passion s’enclenche.
Comédiens, comédiennes fascinaient le public,
Ne faisant aucun son pour troubler leurs répliques.
S’il faut du talent pour jouer un auteur,
Magistral et grand est foncièrement le leur.
Rodrigue, Chimène, Don Diègue vous envoûtent,
Epaté, vous vous délectez de leurs joutes,
Distribution parfaite, prestations incroyables,
Cette pièce se veut, pour le moins, impeccable.
Que penser et que dire du personnage du Roi,
Hilarant, merveilleux, il a conquis mon choix.
Ajoutez à cela d’épiques combats d’épées,
Et l’absence de décor semble vite oubliée.
Au Ranelagh, jusqu’en mai, cette pièce est jouée,
En humble spectateur, je peux la conseiller,
Du classique, oui certes, mais de belle qualité,
Si vous sortiez déçu, je vous rembours… tant pis !
Du Cid de Corneille, une version enjouée.
Même l’hiver, même la neige ne saurait arrêter,
Celui qui, de longue date, avait pris son billet.
Mais fébrile, impatient quand le rideau se lève,
Quelle ne fut ma surprise et croyant que je rêve,
De voir cette scène nue, sans décor qui déguise,
Une audace qui m’étonne et j’avoue me défrise.
Diantre, me dis-je, alors point de lieu à voir ?
La déception me guette jusqu’à m’en émouvoir.
Quelle mouche a piqué cette troupe théâtrale ?
Veut-elle se moquer ? La jouer déloyal ?
Que nenni, mon ami, calmez-vous je prie,
Ecoutez un instant, sur scène, ce qui se dit.
Tout ouïe, concentré, le regard vers les planches,
Je reste captivé et ma passion s’enclenche.
Comédiens, comédiennes fascinaient le public,
Ne faisant aucun son pour troubler leurs répliques.
S’il faut du talent pour jouer un auteur,
Magistral et grand est foncièrement le leur.
Rodrigue, Chimène, Don Diègue vous envoûtent,
Epaté, vous vous délectez de leurs joutes,
Distribution parfaite, prestations incroyables,
Cette pièce se veut, pour le moins, impeccable.
Que penser et que dire du personnage du Roi,
Hilarant, merveilleux, il a conquis mon choix.
Ajoutez à cela d’épiques combats d’épées,
Et l’absence de décor semble vite oubliée.
Au Ranelagh, jusqu’en mai, cette pièce est jouée,
En humble spectateur, je peux la conseiller,
Du classique, oui certes, mais de belle qualité,
Si vous sortiez déçu, je vous rembours… tant pis !
« Le Cid » au Ranelagh : la musique, la fougue, la cape et l’épée en plein coeur.
La Compagnie « Le Grenier de Babouchka » récidive en présentant au théâtre du Ranelagh une version du « Cid » aux tons mordorés délicats, tous essayent d'en casser les codes. Ici, l'invention charmante du personnage du roi-clown incarné par Didier Lafaye, zozotant en collants blancs.
Mise en scène impeccable. La splendide musique accompagne efficacement notre imaginaire dans ce voyage divertissant à la rencontre de notre héritage culturel.
La Compagnie « Le Grenier de Babouchka » récidive en présentant au théâtre du Ranelagh une version du « Cid » aux tons mordorés délicats, tous essayent d'en casser les codes. Ici, l'invention charmante du personnage du roi-clown incarné par Didier Lafaye, zozotant en collants blancs.
Mise en scène impeccable. La splendide musique accompagne efficacement notre imaginaire dans ce voyage divertissant à la rencontre de notre héritage culturel.
Mais de quoi parle Le Cid ?
Il n’y a pas que Molière qui soit un classique. Le Cid de Corneille a lui aussi le droit de s’afficher sur les scènes des théâtres parisiens. La compagnie Le grenier de Babouchka a décidé de mettre une partie de sa troupe sur cette histoire d’amour où l’honneur est au cœur des conflits.
C’est en janvier 1637, que cette pièce a été jouée au théâtre du Marais. Pour sa seconde tragi-comédie, Corneille s'est inspiré d'une comédie espagnole, Las Macedades del Cid (Les enfances du Cid) de Guillen de Castro. Cette pièce connaît un vif succès auprès du public mais elle dérange beaucoup certains auteurs qui n’hésitent pas à la critiquer férocement. Plus les remarques sont critiques et plus le public court voir la pièce.
Les spectateurs n’avaient pas de dilemme pour aller voir la pièce contrairement à Rodrigue qui est partagé entre son amour pour la belle Chimène et sa volonté de venger l’offense faîtes par le père de Chimène, à son père. Ainsi naquit le dilemme cornélien. Car si Rodrigue venge son père, il perd Chimène et s’il ne venge pas son père, il père l’honneur de sa famille. Il n’a pas le choix, il doit tuer le comte de Gornas pour venger l’affront qu’il a fait à son père, Don Diègue.
Chimène aime Rodrigue du plus profond de son cœur. Elle est tout de même obligée de réclamer sa tête pour l’honneur de sa famille. Rodrigue va aller affronter des maurs qui envahissent son pays et s’en sort glorieux. Le roi et toute la cour l’admire. Mais elle veut sa vengeance. Elle va faire sa Salomné en réclamant sa tête. Personne n’est vraiment dupe et comprend qu’elle soit partagée entre les deux sentiments. D’ailleurs, lorsque Don Sanche revient de son combat avec Rodrigue, Chimène veut mourir si son amour est mort. Quelle cruche... Il est trop bon et humble pour tuer un poto ainsi Rodrigue. Elle est tombée dans le panneau et doit épouser le gagnant.
Tout fini bien vous me direz. C’est un peu le monde des bisounours. Et bien pas tant que cela, car Rodrigue et Chimène ne pourront se marier qu’un an plus tard. Un an pendant lequel Rodrigue va devoir aller chez les maurs pour les combattre sur leur terre. Il y a peu de chance qu’il puisse revenir même pour le bonheur d’un hymen.
Et qu’est-ce que j’en pense ?
J’ai vraiment adoré la mise en scène inventive et dynamique de Jean-Philippe Daguerre. La scène est coupée en deux. En fond de scène, deux musiciens pluri-instrumentalistes en costumes, qui vont jouer pendant presque tout le spectacle. Devant eux, un rideau noir transparent. Et sur le devant de la scène, toute l’histoire dans un décor très sommaire, avec aucun mobilier. Mais est-ce utile ? J’avoue que cela ne m’a nullement ennuyé car l’occupation de l’espace et les jeux de lumière sont largement suffisant.
L’espace est toujours occupé par les comédiens. Le début commence entre Rodrigue qui apprend à Chimère à se battre avec une épée avec quelques baisers échangés. C’est mignon tout plein. Le ton des costumes et des couleurs sont données. Tout ici sera alors de blanc et de rouge. Puis l’amour et la passion va déchirer tous les personnages de cette histoire.
Le ton est juste et joué dans le réel plaisir de la comédie. J’ai vraiment adoré les personnages d’Elvire et Léonor, les gouvernantes qui mettent une douce pointe d’humour. Malheureusement, on les voit assez. Après, j’avoue que je n’ai pas été insensible au charme du comte de Gormas qui mourut bien tôt des mains de Rodrigue, même si il a fait une apparition fantomatique à la fin. Et aussi à celui de Don Sanche, qui lui aussi est assez peu présent et qui aurait fait un très séduisant Rodrigue. Mais les goûts et les couleurs….
J’ai beaucoup aimé l’occupation de l’espace. Car au lieu de se contenter de la scène à proprement parlé, il occupe aussi un espace rajouté devant où l’on a pu voir un Rodrigue fier avec de la lumière sur la moitié du visage. Une belle image d’un héros réfléchissant, regardant devant, loin vers l’avenir. On pourrait presque croire une représentation royale. Et puis, il y a aussi ce roi Don Fernand, au premier balcon côté scène, qui y trône face public. Dans une tenue ridicule, avec des collants blanc et short bouffant, rouge, blanc et or, il écoute et donne ces ordres. Il ressemble à un bouffon, les grelots en moins. Mais pourquoi zozote t’il en postillonnant partout ? Corneille avait-il le sens de la farce à ce point ? Je pense que c’est une liberté du metteur en scène.
La petite chose qui m’a fait choisir ce spectacle, ce sont les combats d’épée. J’en garde des souvenirs émerveillés des échanges de fleurets dans Cyrano de Bergerac ou Troïlus et Cressida à la Comédie Française. Alors des tenus d’ « époque » et des épées, j’y vais les yeux fermés. Ces scènes ne sont pas faciles à faire. La première avec l’affrontement de Rodrigue et du père de Chimène était assez bien réussie même si je n’ai pas pu retenir un rire lorsque l’épée passe sous le bras pour signaler la mort. Par contre la deuxième, l’était beaucoup moins car il y avait un décalage entre le coup et la parade. Les parades étant réalisées avant que le coup soit donné, l’effet est plutôt comique que d’action. Mais j’ai bien aimé quand même car quand le cœur y est.
Les 1h45 de spectacle passent à toute vitesse, captivant aussi bien les enfants que les adultes à coup d’amour, à coup de je t’aime et à coup de fleuret. Une très belle interprétation qui redonne de belles lettres aux classiques et qui donne envie d’en voir d’autres.
Il n’y a pas que Molière qui soit un classique. Le Cid de Corneille a lui aussi le droit de s’afficher sur les scènes des théâtres parisiens. La compagnie Le grenier de Babouchka a décidé de mettre une partie de sa troupe sur cette histoire d’amour où l’honneur est au cœur des conflits.
C’est en janvier 1637, que cette pièce a été jouée au théâtre du Marais. Pour sa seconde tragi-comédie, Corneille s'est inspiré d'une comédie espagnole, Las Macedades del Cid (Les enfances du Cid) de Guillen de Castro. Cette pièce connaît un vif succès auprès du public mais elle dérange beaucoup certains auteurs qui n’hésitent pas à la critiquer férocement. Plus les remarques sont critiques et plus le public court voir la pièce.
Les spectateurs n’avaient pas de dilemme pour aller voir la pièce contrairement à Rodrigue qui est partagé entre son amour pour la belle Chimène et sa volonté de venger l’offense faîtes par le père de Chimène, à son père. Ainsi naquit le dilemme cornélien. Car si Rodrigue venge son père, il perd Chimène et s’il ne venge pas son père, il père l’honneur de sa famille. Il n’a pas le choix, il doit tuer le comte de Gornas pour venger l’affront qu’il a fait à son père, Don Diègue.
Chimène aime Rodrigue du plus profond de son cœur. Elle est tout de même obligée de réclamer sa tête pour l’honneur de sa famille. Rodrigue va aller affronter des maurs qui envahissent son pays et s’en sort glorieux. Le roi et toute la cour l’admire. Mais elle veut sa vengeance. Elle va faire sa Salomné en réclamant sa tête. Personne n’est vraiment dupe et comprend qu’elle soit partagée entre les deux sentiments. D’ailleurs, lorsque Don Sanche revient de son combat avec Rodrigue, Chimène veut mourir si son amour est mort. Quelle cruche... Il est trop bon et humble pour tuer un poto ainsi Rodrigue. Elle est tombée dans le panneau et doit épouser le gagnant.
Tout fini bien vous me direz. C’est un peu le monde des bisounours. Et bien pas tant que cela, car Rodrigue et Chimène ne pourront se marier qu’un an plus tard. Un an pendant lequel Rodrigue va devoir aller chez les maurs pour les combattre sur leur terre. Il y a peu de chance qu’il puisse revenir même pour le bonheur d’un hymen.
Et qu’est-ce que j’en pense ?
J’ai vraiment adoré la mise en scène inventive et dynamique de Jean-Philippe Daguerre. La scène est coupée en deux. En fond de scène, deux musiciens pluri-instrumentalistes en costumes, qui vont jouer pendant presque tout le spectacle. Devant eux, un rideau noir transparent. Et sur le devant de la scène, toute l’histoire dans un décor très sommaire, avec aucun mobilier. Mais est-ce utile ? J’avoue que cela ne m’a nullement ennuyé car l’occupation de l’espace et les jeux de lumière sont largement suffisant.
L’espace est toujours occupé par les comédiens. Le début commence entre Rodrigue qui apprend à Chimère à se battre avec une épée avec quelques baisers échangés. C’est mignon tout plein. Le ton des costumes et des couleurs sont données. Tout ici sera alors de blanc et de rouge. Puis l’amour et la passion va déchirer tous les personnages de cette histoire.
Le ton est juste et joué dans le réel plaisir de la comédie. J’ai vraiment adoré les personnages d’Elvire et Léonor, les gouvernantes qui mettent une douce pointe d’humour. Malheureusement, on les voit assez. Après, j’avoue que je n’ai pas été insensible au charme du comte de Gormas qui mourut bien tôt des mains de Rodrigue, même si il a fait une apparition fantomatique à la fin. Et aussi à celui de Don Sanche, qui lui aussi est assez peu présent et qui aurait fait un très séduisant Rodrigue. Mais les goûts et les couleurs….
J’ai beaucoup aimé l’occupation de l’espace. Car au lieu de se contenter de la scène à proprement parlé, il occupe aussi un espace rajouté devant où l’on a pu voir un Rodrigue fier avec de la lumière sur la moitié du visage. Une belle image d’un héros réfléchissant, regardant devant, loin vers l’avenir. On pourrait presque croire une représentation royale. Et puis, il y a aussi ce roi Don Fernand, au premier balcon côté scène, qui y trône face public. Dans une tenue ridicule, avec des collants blanc et short bouffant, rouge, blanc et or, il écoute et donne ces ordres. Il ressemble à un bouffon, les grelots en moins. Mais pourquoi zozote t’il en postillonnant partout ? Corneille avait-il le sens de la farce à ce point ? Je pense que c’est une liberté du metteur en scène.
La petite chose qui m’a fait choisir ce spectacle, ce sont les combats d’épée. J’en garde des souvenirs émerveillés des échanges de fleurets dans Cyrano de Bergerac ou Troïlus et Cressida à la Comédie Française. Alors des tenus d’ « époque » et des épées, j’y vais les yeux fermés. Ces scènes ne sont pas faciles à faire. La première avec l’affrontement de Rodrigue et du père de Chimène était assez bien réussie même si je n’ai pas pu retenir un rire lorsque l’épée passe sous le bras pour signaler la mort. Par contre la deuxième, l’était beaucoup moins car il y avait un décalage entre le coup et la parade. Les parades étant réalisées avant que le coup soit donné, l’effet est plutôt comique que d’action. Mais j’ai bien aimé quand même car quand le cœur y est.
Les 1h45 de spectacle passent à toute vitesse, captivant aussi bien les enfants que les adultes à coup d’amour, à coup de je t’aime et à coup de fleuret. Une très belle interprétation qui redonne de belles lettres aux classiques et qui donne envie d’en voir d’autres.
J'avais entendu beaucoup de bien du Cyrano de Bergerac monté par la Compagnie Le Grenier de Babouchka. J'avais loupé l'occasion cet été à Avignon, c'était donc un rendez-vous manqué, reporté, plutôt prometteur, d'autant que Le Cid est très (trop) rarement monté.
Quel pensum ! Quel massacre ! Quelle duperie !
Hormis les quelques scènes de duel plutôt bien orchestrées et visuellement très réussies, absolument rien ne m'a plu dans ce spectacle. La mise en scène poussive, poussiéreuse, qui se veut ingénieuse et légère nous permet à peine de réentendre ce superbe texte. Les effets qui cherchent le comique m'ont personnellement atterrée (le pire étant les défauts d'élocution et les concours de postillons du Roi), même si je dois reconnaître que les rires fusaient autour de moi.
Globalement, les comédiens surjouent, aucun d'eux ne nous émeut, à aucun moment, ce qui est pour le coup un énorme tour de force...
Et lorsque je lis sur le programme "vos enfants ne vous diront plus que le théâtre classique est ennuyeux", j'ai envie de répondre - car j'y étais avec les miens - "faites découvrir à vos enfants l'enregistrement de la mise en scène du Cid par Jean Vilar avec Gérard Philipe ou attendez que la pièce soit montée à la Comédie-Française pour ne pas les dégouter du théâtre classique !"
Quel pensum ! Quel massacre ! Quelle duperie !
Hormis les quelques scènes de duel plutôt bien orchestrées et visuellement très réussies, absolument rien ne m'a plu dans ce spectacle. La mise en scène poussive, poussiéreuse, qui se veut ingénieuse et légère nous permet à peine de réentendre ce superbe texte. Les effets qui cherchent le comique m'ont personnellement atterrée (le pire étant les défauts d'élocution et les concours de postillons du Roi), même si je dois reconnaître que les rires fusaient autour de moi.
Globalement, les comédiens surjouent, aucun d'eux ne nous émeut, à aucun moment, ce qui est pour le coup un énorme tour de force...
Et lorsque je lis sur le programme "vos enfants ne vous diront plus que le théâtre classique est ennuyeux", j'ai envie de répondre - car j'y étais avec les miens - "faites découvrir à vos enfants l'enregistrement de la mise en scène du Cid par Jean Vilar avec Gérard Philipe ou attendez que la pièce soit montée à la Comédie-Française pour ne pas les dégouter du théâtre classique !"
Un bon moment de théâtre pour réviser nos textes classiques.
Le roi, s'exprimant avec la coquetterie d'un défaut de prononciation, est une bouffée de légèrete dans cette pièce. Des combats d'épée bien montés.
Un moment agréable.
Le roi, s'exprimant avec la coquetterie d'un défaut de prononciation, est une bouffée de légèrete dans cette pièce. Des combats d'épée bien montés.
Un moment agréable.
Tous vêtus du rouge de la passion, les comédiens du Grenier de Babouchka, sous la houlette de Jean-Philippe Daguerre, se lancent dans une version du Cid fichtrement dynamitée voire virevoltante si ce n’est bondissante. Ici, le tragique se fond dans l’énergie et devient force centrifuge qui entraîne nos personnages dans une heure quarante d’émotions, de passions, de harangues, de soupirs et de combats à l’épée tous plus réussis que les autres. De la tragédie l’essentiel est conservé : la beauté des alexandrins évidemment, tout comme la trame, rapidement résumée et facilement compréhensible. Chimène aime Rodrigue qui aime Chimène mais Rodrigue, au duel, tue le père de Chimène. Elle ne peut plus aimer l’assassin de son père et réclame justice auprès du roi.
30 mots pour résumer la tragédie cornélienne et aller à l’essentiel.
On assiste, au Ranelagh, à une prestation délicieusement revigorée. L’essentiel cornélien y est et l’histoire, habilement racourcie, est posée dès le début. La compagnie le Grenier de Babouchka, rappelons le, a toujours favorisé les créations jeunesse et leurs adaptations de chefs d’oeuvre du théâtre classique ont été réussies : Le malade imaginaire, Les fourberies de Scapin, Cyrano de Bergerac (que nous avions admiré au Théâtre Michel et qui seront reprises au Ranelagh à partir du 19 décembre prochain). Le Cid n’échappe pas à la règle et resserre habilement l’intrigue sans sacrifier la beauté des alexandrins et la richesse de la plume cornélienne. Pour cette adaptation, quelques aménagements / réinterprétations pourront étonner, comme la vision d’un Roi plus fou du Roi que Roi tout court. Certes, Alexandre Bonstein détonne avec son zézaiement et son ridicule assumé, mais – et n’oublions pas la cible jeunesse du Grenier de Babouchka- déclenche dès son arrivée les rires du public, raccrochant au wagon les plus jeunes des spectateurs.
Judicieusement accompagnés par Petr Ruzicka (violon, percussions) et Antonio Matias (accordéon, guitare, percussions), les comédiens s’élancent dans leurs rôles avec un détermination sans faille : Kamel Isker (en alternance avec Thibault Pinson) propose un Rodrigue à la fois fougueux et romantique sans jamais tomber dans un des deux excès; Manon Gilbert est une Chimène passionnée (qui aurait mérité peut-être un peu plus de nuances), Alexandre Bonstein (en alternance avec Didier Lafaye) s’amuse visiblement dans le personnage totalement loufoque du Roi. A leurs cotés Sophie Reynaud (Elvire) Charlotte Matzneff (l’Infante) Edouard Rouland (Don Sanche) ou Mona Thanaël complètent efficacement la distribution.
Il faut aussi saluer les costumes de Virginie Houdinière, magnifiques dans leur harmonie sanguine et passionnelle, tout comme les combats à l’épée chorégraphiés par Christophe Mie, ainsi que la scénographie qui alterne très joliment ombres et lumières ; le tout fait de Cid une tragi-comédie de cape et d’épée euphorisante, qui ne manque pas de provoquer nombreux rappels et applaudissements chaleureux. Et, de plus, quand on entend, en quittant le ravissant théâtre du Ranelagh, plusieurs enfants qui commentent, résument, réécrivent l’histoire de Rodrigue et de Chimène, on se dit que le but est atteint : faire aimer le texte, l’histoire, faire connaître et faire aimer, encore, le théâtre. Pari réussi, donc.
30 mots pour résumer la tragédie cornélienne et aller à l’essentiel.
On assiste, au Ranelagh, à une prestation délicieusement revigorée. L’essentiel cornélien y est et l’histoire, habilement racourcie, est posée dès le début. La compagnie le Grenier de Babouchka, rappelons le, a toujours favorisé les créations jeunesse et leurs adaptations de chefs d’oeuvre du théâtre classique ont été réussies : Le malade imaginaire, Les fourberies de Scapin, Cyrano de Bergerac (que nous avions admiré au Théâtre Michel et qui seront reprises au Ranelagh à partir du 19 décembre prochain). Le Cid n’échappe pas à la règle et resserre habilement l’intrigue sans sacrifier la beauté des alexandrins et la richesse de la plume cornélienne. Pour cette adaptation, quelques aménagements / réinterprétations pourront étonner, comme la vision d’un Roi plus fou du Roi que Roi tout court. Certes, Alexandre Bonstein détonne avec son zézaiement et son ridicule assumé, mais – et n’oublions pas la cible jeunesse du Grenier de Babouchka- déclenche dès son arrivée les rires du public, raccrochant au wagon les plus jeunes des spectateurs.
Judicieusement accompagnés par Petr Ruzicka (violon, percussions) et Antonio Matias (accordéon, guitare, percussions), les comédiens s’élancent dans leurs rôles avec un détermination sans faille : Kamel Isker (en alternance avec Thibault Pinson) propose un Rodrigue à la fois fougueux et romantique sans jamais tomber dans un des deux excès; Manon Gilbert est une Chimène passionnée (qui aurait mérité peut-être un peu plus de nuances), Alexandre Bonstein (en alternance avec Didier Lafaye) s’amuse visiblement dans le personnage totalement loufoque du Roi. A leurs cotés Sophie Reynaud (Elvire) Charlotte Matzneff (l’Infante) Edouard Rouland (Don Sanche) ou Mona Thanaël complètent efficacement la distribution.
Il faut aussi saluer les costumes de Virginie Houdinière, magnifiques dans leur harmonie sanguine et passionnelle, tout comme les combats à l’épée chorégraphiés par Christophe Mie, ainsi que la scénographie qui alterne très joliment ombres et lumières ; le tout fait de Cid une tragi-comédie de cape et d’épée euphorisante, qui ne manque pas de provoquer nombreux rappels et applaudissements chaleureux. Et, de plus, quand on entend, en quittant le ravissant théâtre du Ranelagh, plusieurs enfants qui commentent, résument, réécrivent l’histoire de Rodrigue et de Chimène, on se dit que le but est atteint : faire aimer le texte, l’histoire, faire connaître et faire aimer, encore, le théâtre. Pari réussi, donc.
Tout a vraiment été dit dans les 2 commentaires précédents.
Le grenier de Babouchka fait vivre les classiques : leur Cyrano m'avait tellement fait vibrer...
Ce Cid est vivant, dynamique et plutôt bien interprété. Les combats à l'épée sont parfaits. De plus j'ai vraiment aimé l'accompagnement de la pièce par les 2 musiciens.
Les comédiennes et les comédiens sont beaux (je reconnais l'aspect subjectif :) et correspondent parfaitement à leur rôle. 2 coups de cœur chez les comédiens : Sophie Raynaud en Elvire est à tomber et Alexandre Bonstein en roi est époustouflant (parfait pour amuser les enfants comme les grands). Chimène (Manon Gilbert) était émouvante sur la première moitié de la pièce, son cri en découvrant son père mort est le seul vrai moment où l'émotion m'a parcouru ; je l'ai trouvé moins convaincante sur la suite.
Au final, une bonne interprétation mais comme le souligne Julie, il manque le petit plus pour nous faire frissonner et transformer une bonne soirée en soirée exceptionnelle.
Le grenier de Babouchka fait vivre les classiques : leur Cyrano m'avait tellement fait vibrer...
Ce Cid est vivant, dynamique et plutôt bien interprété. Les combats à l'épée sont parfaits. De plus j'ai vraiment aimé l'accompagnement de la pièce par les 2 musiciens.
Les comédiennes et les comédiens sont beaux (je reconnais l'aspect subjectif :) et correspondent parfaitement à leur rôle. 2 coups de cœur chez les comédiens : Sophie Raynaud en Elvire est à tomber et Alexandre Bonstein en roi est époustouflant (parfait pour amuser les enfants comme les grands). Chimène (Manon Gilbert) était émouvante sur la première moitié de la pièce, son cri en découvrant son père mort est le seul vrai moment où l'émotion m'a parcouru ; je l'ai trouvé moins convaincante sur la suite.
Au final, une bonne interprétation mais comme le souligne Julie, il manque le petit plus pour nous faire frissonner et transformer une bonne soirée en soirée exceptionnelle.
Oui, ce soir encore, il en avait du coeur, le Rodrigue !
Quant à nous, spectateurs, nous partîmes deux, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois-cent-cinquante en arrivant au théâtre Michel, puisque la salle était archi-comble !
Le parti pris de Jean-Philippe Daguerre, le metteur en scène de ce Cid décoiffant, est simple, assumé, et pédagogique :
« l'idée, c'est de revisiter ces classiques avec une dimension rythmée et moderne, afin de les faire partager à toutes les générations. »
Et en terme de rythme et de modernité, nous avons été servis ! Et très bien servis !
C'est en effet l'objectif de cette troupe « Le grenier de Babouchka » que de proposer ces pièces qui traversent les siècles, mais qui ont besoin d'être un peu « bousculées » afin de les coller à l'air du temps, démontrant ainsi leur universalité.
Et paradoxalement, on retrouve avec cette démarche en général, et dans cette mise en scène en particulier, l'origine du théâtre : la farce, l'aspect brut, accessible à tous, ce sentiment d'immédiateté, sans afféterie ni affectation.
Ca pulse ! Ca bouge ! Les corps se touchent, s'attirent, se repoussent ! (Ah ! Ces beaux combats à l'épée, sur scène !)
On ne s'ennuie pas un seul instant ! Bien au contraire !
Car évidemment, un « Corneille » où l'on s'ennuie est un « Corneille » raté...
Les comédiens, justes, passant l'alexandrin de façon naturelle, nous comblent.
On sent bien qu'ils s'amusent, ensemble, en troupe.
Et nous aussi, on s'amuse. N'oublions pas que l'auteur définit sa pièce comme une « tragi-comédie ».
Mention spéciale à Don Fernand, le roi, interprété par Alexandre Bonstein !
Jean-Philippe Daguerre en a fait une sorte de précieux bouffon efféminé, doté d'un zézaiement irrésistible.
A aucun moment, il ne réussira à prononcer le nom de l'héroïne, se contentant d'un « sssschchchchimène » drôlissime !
Une autre trouvaille scénographique qui m'a beaucoup plu :
On parle beaucoup au théâtre des trois unités.
Daguerre en a introduit une quatrième : l'unité de couleur. Tous les costumes (aussi bien masculins que féminins) sont déclinés en un camaïeu de rouge et de pourpre du plus bel effet.
Je vous recommande également les deux musiciens qui tout au long du spectacle, ponctuent de belle façon les péripéties de l'intrigue.
Dans la salle, au moment du salut final, les nombreux et tout jeunes spectateurs applaudissaient à tout rompre !
C'est un signe qui ne trompe pas !
Quant à nous, spectateurs, nous partîmes deux, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois-cent-cinquante en arrivant au théâtre Michel, puisque la salle était archi-comble !
Le parti pris de Jean-Philippe Daguerre, le metteur en scène de ce Cid décoiffant, est simple, assumé, et pédagogique :
« l'idée, c'est de revisiter ces classiques avec une dimension rythmée et moderne, afin de les faire partager à toutes les générations. »
Et en terme de rythme et de modernité, nous avons été servis ! Et très bien servis !
C'est en effet l'objectif de cette troupe « Le grenier de Babouchka » que de proposer ces pièces qui traversent les siècles, mais qui ont besoin d'être un peu « bousculées » afin de les coller à l'air du temps, démontrant ainsi leur universalité.
Et paradoxalement, on retrouve avec cette démarche en général, et dans cette mise en scène en particulier, l'origine du théâtre : la farce, l'aspect brut, accessible à tous, ce sentiment d'immédiateté, sans afféterie ni affectation.
Ca pulse ! Ca bouge ! Les corps se touchent, s'attirent, se repoussent ! (Ah ! Ces beaux combats à l'épée, sur scène !)
On ne s'ennuie pas un seul instant ! Bien au contraire !
Car évidemment, un « Corneille » où l'on s'ennuie est un « Corneille » raté...
Les comédiens, justes, passant l'alexandrin de façon naturelle, nous comblent.
On sent bien qu'ils s'amusent, ensemble, en troupe.
Et nous aussi, on s'amuse. N'oublions pas que l'auteur définit sa pièce comme une « tragi-comédie ».
Mention spéciale à Don Fernand, le roi, interprété par Alexandre Bonstein !
Jean-Philippe Daguerre en a fait une sorte de précieux bouffon efféminé, doté d'un zézaiement irrésistible.
A aucun moment, il ne réussira à prononcer le nom de l'héroïne, se contentant d'un « sssschchchchimène » drôlissime !
Une autre trouvaille scénographique qui m'a beaucoup plu :
On parle beaucoup au théâtre des trois unités.
Daguerre en a introduit une quatrième : l'unité de couleur. Tous les costumes (aussi bien masculins que féminins) sont déclinés en un camaïeu de rouge et de pourpre du plus bel effet.
Je vous recommande également les deux musiciens qui tout au long du spectacle, ponctuent de belle façon les péripéties de l'intrigue.
Dans la salle, au moment du salut final, les nombreux et tout jeunes spectateurs applaudissaient à tout rompre !
C'est un signe qui ne trompe pas !
Le Grenier de Babouchka m'avait franchement plu dans son adaptation de Cyrano (simple, belle et efficace) et j'avais hâte de voir Le Cid.
Moins touchée : la troupe s'est allègrement emparée des ouvertures comiques laissées par Corneille, souvent très bien (le roi est très drôle et les moments de tribunaux sont agréables) et parfois dommage (le moment entre Chimène et Rodrigue perd de son côté émouvant...).
Les acteurs sont bons (de grosses réserves pour l'Infante qui en fait trop), la mise en scène fonctionne bien avec quelques scènes parallèles et de beaux combats d'épées, et on sort malgré tout enchanté.
J'aurais simplement aimé larmoyer un peu plus je crois, mais la mise en scène est rafraichissante !
Moins touchée : la troupe s'est allègrement emparée des ouvertures comiques laissées par Corneille, souvent très bien (le roi est très drôle et les moments de tribunaux sont agréables) et parfois dommage (le moment entre Chimène et Rodrigue perd de son côté émouvant...).
Les acteurs sont bons (de grosses réserves pour l'Infante qui en fait trop), la mise en scène fonctionne bien avec quelques scènes parallèles et de beaux combats d'épées, et on sort malgré tout enchanté.
J'aurais simplement aimé larmoyer un peu plus je crois, mais la mise en scène est rafraichissante !
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