Critiques pour l'événement Electre / Oreste
1 févr. 2020
5,5/10
6
Malheureusement, je me suis beaucoup ennuyé durant ce spectacle. La mise en scène trash ne sert pas un texte, déjà difficile d'accès.

Les comédiens ne sont pas mis en valeur, et j'ai eu beaucoup de mal à comprendre l'intérêt d'un tel spectacle.
2 juil. 2019
1,5/10
5
Tout à fait d'accord avec une critique de Anne Demazure qui a tout résumé...
Quel dommage, sur un texte pareil (mais difficile à entendre, parfois, à cause de la sonorisation, et de la musique de fond permanente) de nous infliger une mise en scène qui oscille entre la provocation (Electre croquant le pénis du cadavre de son beau-père et recrachant du sang...) et la transe trash, moche et folle des compagnes d'Electre.
Rien ne nous est épargné, des corps sanguinolents, des postures laides, des costumes crades... La Comédie Française?
Avec la même volonté de mise en scène originale, et un peu moins de provocation, cela aurait pu être magnifique. Car il y a beaucoup de bonnes idées, tout n'est pas à jeter.
Comme cette autre internaute, j'ai vu de nombreux spectateurs quitter la salle et ne pas apprécier cette caricature. Oui, elle a raison: Il faut oser dire quand le Roi est tout nu!
Ce serait intéressant de savoir ce qu'en pense les comédiens, une telle excellence desservie comme cela?
19 juin 2019
0,5/10
25
Que de dithyrambes pour ce toupet (de quel droit ???) d'associer 2 pièces que l'auteur, je présume, a choisi de séparer !

Que d'éloges pour cette mise en scène caca/prout, "dégueulasse" oui, qui nous (je n'étais pas la seule dans la salle) contraint à fermer les yeux pour entendre le texte, infecte démesure qui, une fois encore (c'est la mode actuellement chez les metteurs en scène de scandaliser, aussi bien à l'opéra), veut saturer le regard plutôt que d'intéresser les oreilles (et le cerveau...) cad vanter (?) les mérites (?) du metteur en scène. Et quel gâchis que d'entraîner de si bons acteurs dans ces cacateries gores…

Une nuance cependant et un satisfecit : personne à poil pour une fois ! En face de ça une audace plus qu’ignoble, encore une : la dévoration par la malheureuse Electre du pénis d’Egisthe, est-ce que c’est écrit ça ? Euripide s’est retourné dans sa tombe, vous ne l’avez pas entendu ? Et puis quoi encore : une vraie copulation sur scène ? Ca reste à faire, on va y venir, qui dessus qui dessous, qui par derrière…suivez mon regard. Je suis vraiment révoltée. En quoi cette orgie familiale fait-elle écho aux radicalismes ? Ah oui, faut vraiment faire feu de tous bois…et quelle jouissance (…) du moment qu’il y a violence et voyeurisme, repaissons-nous donc…
Serais-je la seule à oser dire que « le roi est nu » ??? Ecoeurée, j'ai pris une sacrée douche en revenant chez moi et je vais relire tranquillement, sans parasitage oro/anal (y’en a marre du stade anal) les textes magnifiques de notre ancêtre. Et puis je dois vous le dire franchement : ce ne sont plus les dérives intégristes qui m’inquiètent le plus…
8 juin 2019
7,5/10
4
Qui n’a pas vu Les Damnés doit se hâter d’aller les voir et/ou de découvrir Electre/Oreste. Le travail d’Ivo van Hove vaut la peine d’être vu au moins une fois, qu’on accroche ou pas.

Je reste globalement indécis. S’il faut saluer l’excellence de la Troupe, aussi bien des acteurs mais aussi des habilleuses, des habilleurs, et des équipes techniques qui entretiennent les costumes et le décor représentation après représentation. Au vu de la boue présente sur scène et de la quantité de faux sang utilisé, ce n’est pas une mince affaire.
J’ai des réserves sur deux points. La première est récurrente et concerne l’utilisation de micro au théâtre. Elle se justifie ici par le fond musical instrumental qui ajoute à la tragédie et à l’horreur. Toutefois, n’est jamais à l’abri d’un grésillement, ou d’un dysfonctionnement quelconque et hier soir n’a pas fait exception. La deuxième concernent les moments de furie qui scandent la pièce. Au début on est surpris, ensuite on perçoit une gestuelle similaire à celle des acteurs antiques et la gradation recherchée, enfin on se dit qu’il fallait juste combler un vide et ces moments soulèves plus de question qu’autre chose.
27 mai 2019
9/10
24
Electre / Oreste, une pièce qu'on peut ne pas aimer par les partis pris de mise en scène d'Ivo Von Hove.
Quelques coupes ont été réalisées sur le texte.

La pièce est jouée dans la boue, avec pour seuls décors un bunker en plein milieu et une passerelle. Derrière des musiciens accompagnent la pièce (c'est sans doute ce qui nécessite le port de micros par les comédiens).
Electre est un personnage très en colère et on l'entend surtout au début. C'est peut être la seule réserve sur le choix du metteur en scène, je ne pense pas que crier soit la seule manière d'exprimer cette émotion. Suliane Brahim est sinon impressionnante dans ce personnage au physique paraissant fragile mais tellement forte et déterminée.
Oreste est un personnage plus incertain, porté par sa soeur. Le jeu poussé à l'extrême mais en même temps nuancé de Christophe Montenez fait des merveilles.
Loïc Corbery incarne Pylade, personnage assez silencieux en première partie mais le comédien lui donne une présence constante, et à son tour accompagne la vengeance pour en devenir même l'un des meneurs.
Les apparitions d'Elsa Lepoivre sont d'une justesse dans les émotions et d'une nuance impressionnante : elle rend Clytemnestre humaine et rend bien une Hélène détestable.
Après que du bonheur avec les comédiens Didier Sandre incarnant la raison, Denis Podalydès la lâcheté.

Pourquoi on peut ne pas aimer : c'est violent, organique. Les personnes aimant la sobriété et les mises en scène classiques peuvent être déroutées.
Pour les autres c'est une pièce à voir !
17 mai 2019
4,5/10
18
Impatiente d’assister à une représentation de la nouvelle pièce d’Ivo Van Hove à la Comédie Française, tant j’avais été à la fois fascinée et effrayée par les Damnés la saison dernière, je dois avouer être sortie... décontenancée de la salle Richelieu.

Si le jeu de Christophe Montenez, impeccable, secondé par Loïc Corbery lui aussi, comme toujours juste, parvient à sauver les murs, il n’en reste pas moins que la mise en scène laisse un sentiment étrange aux spectateurs. Cette boue envahissante, qui est parfois utilisée à bon escient, finit par être véritablement écoeurante, notamment dès qu’elle se mélange aux corps ensanglantés. Les percussions, installées à jardin et à cour, donnent un peu de dynamisme à la pièce qui en manque cruellement, et les parties dansées finissent par être les moments les plus libérateurs de la représentation. La brutalité sauvage que dégagent ces 5 minutes a un effet beaucoup plus cathartique que les 2 heures de jeu; sûrement parce que la pièce manque d’actualisation. Par ailleurs, Suliane Brahim mériterait d’ajouter un peu de sobriété à son jeu, ce qui ne ferait que renforcer la profondeur dramatique de la pièce.

Dans le livret, on apprend qu’Ivo Van Hove considère les Damnés et Électre/Oreste comme un dyptique; l’un étant la suite naturelle de l’autre. Sans-doute n’ai-je pas le bagage culturel pour comprendre.

Malgré tout, même si la mise en scène ne correspond pas à mes goûts en matière de théâtre, je pense que l’ensemble du travail de recherche artistique qui est derrière lui confère toute sa légitimité sur la scène de la Comédie Française.
5 mai 2019
10/10
34
De boue les morts !

Une nouvelle fois, dans cette salle Richelieu très feutrée, Ivo Van Hove déchaîne sur scène une tempête, un maelstrom, un déferlement de transe, de fureur, de violence.
Une violence maximale. Une violence logique, aboutie, animale, poussée à son paroxysme.
Une violence jouissive !

Ces deux pièces d'Euripide réunies en un seul volet, le patron de l'Internationaal Theater Amsterdam en a fait une suite à sa précédente production, ici même.
Il a conçu Les damnés et ce spectacle-ci comme un véritable diptyque, consacré à la radicalisation et au passage à l'acte de jeunes gens ordinaires confrontés à des situations extrêmes.

On se souvient de la radicalisation de Martin von Essenbeck.
Ici, le jeune Oreste va aller beaucoup plus loin et franchir le pas. Il va commettre l'un des actes les plus atroces et les plus répréhensibles aux yeux des Grecs : le matricide.
Le meurtre de la mère. L'assassinat ce celle qui donne la vie.

Le metteur en scène belge, à son habitude, va nous montrer des images inoubliables.

Des images dures, également. (Un avertissement est d'ailleurs placardé jusqu'aux portes du bâtiment.)
Mais des images et des scènes jamais gratuites, toujours justifiées, toujours cohérentes.
Cette hyper-violence nous est montrée dans sa crudité et dans toute sa véracité.
Montrer la violence du monde pour mieux la dénoncer. Le crédo de Van Hove.

La mise en scène est organique, viscérale, et frappe d'emblée les spectateurs pénétrant dans la salle.
La fameuse boue très brune, le cuivre rutilant des huit timbales réparties en deux pôles, à jardin et à cour, le sang, la partition exécutée par les percussionnistes du trio Xénakis qui eux aussi portent des coups sans relâche, les viscères, la visualisation forcenée mais toujours nécessaire au propos de la mort, de la mort la plus atroce qui soit.

Et cette espèce de forme noire au milieu de la scène.
J'ai immédiatement pensé au monolithe chez Kubrick dans « 2001, odyssée de l'espace », qu'une espèce extra-terrestre envoyait sur terre pour générer l'humanité.
Ici, les dieux grecs auraient-ils envoyé cette forme noirâtre pour engendrer la violence inhérente à l'Homme ?

Ce cube sera tour à tour une masure paysanne, une hutte, mais également le palais du roi Ménélas.
En sortiront le chœur, différents personnages, mais aussi des fumées, légères ou lourdes, qui monteront au ciel, résultante de sanglants holocaustes humains, sans oublier des lumières orangées.
La couleur orange sera celle des Dieux, et notamment celle d'Apollon. Le bleu-roi étant réservé à l'élite, le brun sale au peuple, aux misérables.

Ivo Van Hove a une nouvelle fois su galvaniser les Comédiens français.
Alors évidemment, il y a la boue, la merde, la saleté, les crachats, le sang, la sueur... Mais il y a bien plus que tout ceci.
Il y a surtout des hommes et des femmes, des Acteurs, oui je l'écris avec une majuscule, jouant avec une ferveur et une détermination incomparables une partition complexe.
Ce qui se déroule sous nos yeux relève de la plus intense des dramaturgies, de la plus prenante des formes théâtrales.
Les comédiens sont purement et simplement survoltés.

Le duo Electre-Oreste est fascinant.
Suliane Brahim et Christophe Montenez sont impressionnants. Moi, ces deux-là m'ont fait peur, dans ce rôle de meurtriers jusqu'au-boutistes, exprimant des raisons et des intentions non pas recevables, mais en tout cas bien réelles et très explicites, à savoir une vengeance implacable. Encore une fois, rien n'est gratuit.
Leur fureur, leurs cris, leurs voix rauques, leurs râles, les pulsions qu'ils expriment, les paroxysmes qu'ils nous montrent, tout ceci force l'admiration.
Quels grands rôles! Quelles immenses interprétations !

Le rôle de Pylade est interprété par Loïc Corbery, qui donne au personnage de l'ami du frère et de la sœur meurtriers une densité toute particulière, faite à la fois de sauvagerie et de résignation contrite.
Denis Podalydès en roi Ménélas, Didier Sandre en Tyndare, légendaire roi de Sparte, sont quant à eux formidables de froideur. Cet autre duo sera accusateur, les deux comédiens seront dans un registre toujours grave, parfois exalté pour le premier ou glacial en ce qui concerne le second.

Elsa Lepoivre, dans son double rôle de Clytemnestre et Hélène, est toujours aussi impressionnante. Quelle tragédienne, décidément !

Et puis, il y a Apollon.
Qui va surgir de la salle au moment où l'on s'y attend le moins.
C'est Gaël Kamilindi qui s'y colle, donnant à son personnage une forme absolument jubilatoire d'ingénuité, de candeur feinte et peut-être même d'hypocrisie.
Car enfin, ils sont assez gonflés, les dieux grecs en général et Apollon en particulier dans ce cas de figure, d'allumer des feux et des incendies que les hommes devront éteindre aux moyens d'actes extrêmes.
La partition du jeune pensionnaire vient clore en beauté ces deux heures de spectacle.

Le reste de la troupe est à l'unisson. Il n'y a aucun petit rôle, surtout pas ceux interprétés par les formidables Claude Mathieu et Bruno Raffaelli. Cécile Brune, Sylvia Bergé, Julie Sicard en éléments crasseux du chœur, souvent en transe, sont elles aussi parfaites.

Ainsi donc Ivo van Hove poursuit son chemin de créateur marquant du théâtre contemporain.
Il revisite Euripide en lui conférant de troublantes modernité et universalité.
Tout comme Les damnés, ce spectacle figurera en bonne place dans les manuels d'histoire du théâtre, il faut en être bien convaincu.
Il faut absolument, et j'insiste sur cet adverbe, il faut absolument aller découvrir cette nouvelle création.
C'est un spectacle incontournable de cette fin de saison.
Précipitez-vous !
4 mai 2019
10/10
17
Du grand, du très grand Ivo Van Hove. Ce directeur va très bien avec la Comédie Française. Lui, assure l'adaptation originale, la Comédie se charge de respecter le texte.

Une scène fabuleuse. Un grand cube représentant tour à tour la maison d'Electre et le palais. La scène est remplie de boue, symbolique de ce monde, monde dans lequel Electre a été jetée. Sulimane Brahim est une merveilleuse Electre. Christophe Montenez est un fabuleux Oreste. Il était déjà tellement troublant dans Les Damnés. A croire que ce directeur lui va bien.
On commence la tragédie grecque dans sa pure essence. Le choeur accompagne. Le texte est poignant, puissant. Quelle belle idée de mettre les percussions. Cela donne tant de force au texte. On rentre dans le mythe d'Electre et Oreste de façon fabuleuse.
J'ai adoré le choeur . Sa présence devient nécessaire alors que c'est si difficile dans la lecture des classiques.
La pièce est moderne, au bord du trash mais le texte relève tout. Subtil équilibre tellement travaillé. La scène est ouverte comme d'habitude avec Ivo Van Hove. Le choeur reste présent. Violence d'un monde. Analyse d'un matricide. Quelle souffance nous envoie C Montenez! C'est fabuleux. Tous les acteurs sont grandioses. On entre en communion avec le texte alors que c'est si difficile normalement. Les dieux règleront le tout. Quel bel appel aux dieux.
Les acteurs sont formidables. La mise en scène est plus qu'à la hauteur.
On sort remplis de la beauté du texte, de la violence de l'histoire, symbole de la violence du monde. La souffrance est omniprésente.
Ivo Van hove nous transporte dans un monde parallèle. Plus de deux heures de pur plaisir.
24 acteurs sur scène, waouh.
Gros succès et rien que voir le formidable Didier Sandre marcher dans la boue est un spectacle lors du salut :-) :-).
Bravo, merci pour ces moments rares d'intensité parfaite.
Un léger bémol aux micros qui finissent par être dérangeants dans la salle Richelieu.

Oui je suis d'accord, superbe Association de talents complémentaires !

2
Dimanche 5 mai 2019
3 mai 2019
7,5/10
7
Plongeons au cœur de la Grèce Antique et de son ambiance tragique pour retrouver l’histoire d’Electre et Oreste, les enfants d’Agamemnon. Lors du retour de celui-ci de la guerre de Troie, sa femme Clytemnestre et Egisthe son amant le tue. Les enfants de ce premier lit sont soit exilés pour Oreste, soit cantonnée dans une cahute et vit rudement pour Electre. Aussi quand Oreste revient d’exil au bout de 7 ans et qu’il retrouve sa sœur, l’envie de vengeance est grande…

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé la salle Richelieu et de l’impatience aussi à retrouver Ivo Van Hove.

Je ne fus pas déçue ! Je craignais que l’histoire ne soit un peu déjà connue et donc risquer de m’ennuyer mais non car la tragédie prend des chemins auxquels je ne m’attendais pas et c’est en étant totalement accrochée par l’intrigue que la pièce se termine.

Au premier regard, j’ai d’abord été surprise par le décor : de la terre humide, voir boueuse, avec une maison toute simple posée dessus puis au fur et à mesure de l’avancement de l’histoire, assez bluffée par ce qu’Ivo Van Hove en a fait : ce qui était d’abord une masure dans un paysage rural est devenu un palais sans rien modifier.

Des deux côtés de la maison, en retrait sur le plateau, se tenaient d’immenses percussions et des gongs immenses. L’ambiance sonore forte et intense est particulièrement importante dans Electre/Oreste et je dois dire que je l’ai vraiment apprécié. Cette musique composée par Eric Sleichim et joué par le trio Xenakis compte pour beaucoup pour nous immerger dans la tragédie.

Les comédiens du Français sont parfaits et j’ai particulièrement apprécié Suliane Brahim qui est une Electre sans concession, Gaël Kamilindi un Apollon dans tous les sens du terme et Didier Sandre est un Tyndare impérial.
30 avr. 2019
9/10
24
Nous sommes quelques années après l’assassinat d’Agamemnon par son épouse Clymnestre et Egisthe son amant.
Electre fille d’Agamemnon qui était promise à un avenir somptueux, se retrouve partageant le quotidien d’un laboureur. Elle brule de venger son père tant aimé. Lorsque Oreste, son frère revient au pays après un long exile, Electre le convînt de tuer non seulement Egisthe mais aussi leur mère Clymnestre…
Oreste est tourmenté par ce matricide qu’il vient de commettre, les Erinyes (déesses de la vengeance) s’acharnent sur lui.
Va-t-il s’en relever ?
D’autre part, les habitants d’Argos demandent vengeance de la mort de leur reine.
A leur côté l’ami et le fidèle Pylade est prêt à les suivre jusqu’à la mort ?

La mise en scène est percutante, c’est fort, violent, grandiose, saisissant et bouleversant.
Le plateau recouvert de boue intensifie le désespoir et l’enlisement d’Electre, d’Oreste et de Pylade leur fidèle.
C’est un paysage de perdition où les crimes vont se perpétuer.
Les costumes An d’Huys sont percutants, le brun des haillons des paysans et des laissés-pour-compte contraste magnifiquement avec les costumes bleus des privilégiés du royaume.
Les percussions, la danse et la chorégraphie nous transpercent le cœur et nous font frémir.


C’est toujours un réel plaisir de voir et d’écouter ces comédiens fabuleux du Français.
Electre (Suliane Brahim), Pylade (Loïc Corbery), Oreste (Christophe Montenez) m’ont subjugué, ils transpirent tous trois d’authenticité, de profondeur dans leur jeu , ils nous transmettent une profonde émotion. Ce sont des êtres pleins de fureur ; ils sont avides de vengeances et de reconnaissances.

Elsa Lepoivre toujours aussi émouvante, Didier sandre, Denis Padalydés, Bruno Rafffaellli grands comédiens que nous avons toujours grand plaisir à retrouver ainsi que toute cette troupe talentueuse (Claude Mathieu, Cécile Brune, Sylvia Bergé, Éric Genovese, Benjamin Lavernhe, Rebecca Marder, Julie Sicard, Gaël Kamilindi). Tous nous transportent avec brio dans cette tragédie sanguinaire.

C’est d’une grande vitaliste, ça bouillonne, c’est renversant.
C’est grand moment de théâtre.

je le verrai au ciné en juin !

0
Mercredi 1 mai 2019
28 avr. 2019
9,5/10
28
Une première électrique !

Pour son deuxième spectacle à la Comédie Française, Ivo van Hove renoue avec le pouvoir, la violence et la haine.
Car les personnages d'Euripide n'ont rien à envier à ceux des "Damnés" !!!

Dans un décor brut de fin du monde, renforcé par la présence quasi constante de percussions, les personnages évoluent sur une scène couverte de boue, symbole de leur situation désespérée.

Emmenés par une Electre enflammée - incroyable Suliane Brahim - ils accomplissent leur destin funeste avec une rage et une violence inouie.

C'est osé, assumé et parfaitement réussi ...Bravo !
28 avr. 2019
9,5/10
24
Vous aurez ma haine.

« Sombre nuit, mère des astres d'or, qui me vois, la tête chargée de cette urne, aller puiser à la fontaine (non pas que l'indigence me réduise à cette extrémité, mais je veux montrer aux dieux les outrages d'Égisthe), entends les lamentations dont je remplis les airs en l'honneur de mon père. La fille maudite de Tyndare, ma mère, m'a chassée de sa maison pour plaire à son époux. Depuis qu'elle a donné le jour à des enfants dont Égisthe est le père, Oreste et moi ne sommes plus rien dans la maison »

Oui, Electre est une fille de roi, oui, elle était belle et désirable et oui elle n’est plus qu’une pauvre paysanne, oui, elle n’est plus rien. Mais non, Électre n’en restera pas là, non, Vengeance doit être faite, avec ou sans l’accord des dieux. Et qui de mieux que son frère, Oreste, pour donner les coups fatals.

Avec Euripide, le monde n'a plus de sens, les héros grecs descendent de leur piédestal. Nous sommes parmi les hommes, si divers, si multiples, si violents, si versatiles. Tout est mêlé et ambigu. Ni bien, ni mal, même au sein de la famille.

C’est le parti pris de la mise en scène d’Ivo Van Hove de nous montrer pleinement cette facette d’Euripide, une façon de nous dire que 2000 ans plus tard, le monde est toujours le même. Le décor se résume à une maison cube sur laquelle au final les héros remonteront et une scène recouverte totalement de boue où les héros s’embourbent à leur entrée. Les percussions jouées en direct vous donnent la chair de poules en même temps que les comédiens déclament un texte souvent haineux et violent. Frissons assurés. Le tout joué par des grands comédiens dont Suliane Brahim, sublime Electre, qui a des couilles en plus de les manger.

« Un homme qui vous est uni de cœur, fût-il un étranger, est un ami bien plus précieux que beaucoup de parents. »