Ses critiques
24 critiques
9/10
La nuit où la vérité a éclaté !
Il y a deux ans, le grand public découvrait à travers le petit écran et l'adaptation éponyme de Xavier Dolan, la pièce de Michel Marc Bouchard, figure majeure du théâtre québécois contemporain. Aujourd'hui, c'est sur la scène du Tristan Bernard que l'histoire de la famille Larouche est présentée aux spectateurs français, dans une mise en scène de Didier Brengarth qui n'a rien à envier à son homologue télévisuel et qui rend toutes ses lettres de noblesse à l'œuvre originale.
Quand elle était enfant, Mireille Larouche (Gaëlle Billaut-Danno) avait pris l'habitude lors de nuits d'insomnie de s'infiltrer chez ses voisins pour les regarder dormir. Discrète et habile, elle ne s'est jamais faite surprendre, sauf une fois : la nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé.
Pourquoi s'est-il réveillé ? Voilà tout le propos de la pièce.
Trente ans plus tard, autour du corps de leur mère décédée quelques jours plus tôt, la famille se réunit et les langues nouées depuis toutes ces années se délient, grâce à des comédien.ne.s (David Macquart, Marie Montoya, Benjamin Penamaria, Julien Personnaz, Margaux Van Den Plas) et une mise en scène qui servent magnifiquement un texte pensé au millimètre.
Dans la lignée de Michel Tremblay ou Jean-Luc Lagarce, Michel Marc Bouchard prouve une fois de plus la capacité fantastique des auteurs québécois à raconter les liens entre frères et sœurs et tous les non-dits qui sous-tendent les relations familiales. La dramaturgie est portée par la puissance de ce huis-clos qui forcent les personnages à se parler et à ouvrir leur cœur, et cette sensation d'enfermement rend la révélation finale encore plus efficace que dans la série de Dolan. On se prend en pleine face l'histoire des Larouche, celle de Laurier qui leur est fatalement liée, et les nœuds se défont un par un comme dans une tragédie antique.
Quand les morts sont mis sous terre, c'est la vérité qui refait surface pour les remplacer, et elle ne manque pas de réveiller quelques fantômes sur son passage.
Il y a deux ans, le grand public découvrait à travers le petit écran et l'adaptation éponyme de Xavier Dolan, la pièce de Michel Marc Bouchard, figure majeure du théâtre québécois contemporain. Aujourd'hui, c'est sur la scène du Tristan Bernard que l'histoire de la famille Larouche est présentée aux spectateurs français, dans une mise en scène de Didier Brengarth qui n'a rien à envier à son homologue télévisuel et qui rend toutes ses lettres de noblesse à l'œuvre originale.
Quand elle était enfant, Mireille Larouche (Gaëlle Billaut-Danno) avait pris l'habitude lors de nuits d'insomnie de s'infiltrer chez ses voisins pour les regarder dormir. Discrète et habile, elle ne s'est jamais faite surprendre, sauf une fois : la nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé.
Pourquoi s'est-il réveillé ? Voilà tout le propos de la pièce.
Trente ans plus tard, autour du corps de leur mère décédée quelques jours plus tôt, la famille se réunit et les langues nouées depuis toutes ces années se délient, grâce à des comédien.ne.s (David Macquart, Marie Montoya, Benjamin Penamaria, Julien Personnaz, Margaux Van Den Plas) et une mise en scène qui servent magnifiquement un texte pensé au millimètre.
Dans la lignée de Michel Tremblay ou Jean-Luc Lagarce, Michel Marc Bouchard prouve une fois de plus la capacité fantastique des auteurs québécois à raconter les liens entre frères et sœurs et tous les non-dits qui sous-tendent les relations familiales. La dramaturgie est portée par la puissance de ce huis-clos qui forcent les personnages à se parler et à ouvrir leur cœur, et cette sensation d'enfermement rend la révélation finale encore plus efficace que dans la série de Dolan. On se prend en pleine face l'histoire des Larouche, celle de Laurier qui leur est fatalement liée, et les nœuds se défont un par un comme dans une tragédie antique.
Quand les morts sont mis sous terre, c'est la vérité qui refait surface pour les remplacer, et elle ne manque pas de réveiller quelques fantômes sur son passage.
9/10
"Sois pas polie avec les mecs bizarres"
Une marelle géante dessinée au sol à coup de ruban adhésif, et une comptine entêtante aux paroles loin de l'innocence enfantine de la mélodie : dès l'entrée dans la salle de "Mal élevée" le ton est donné, entre douceur amusante et profondeur des discours.
Sur le plateau, naviguant entre les cases asymétriques, les deux comédiennes sont déjà là : Lætitia Wolf (l'autrice et co-metteuse en scène) et Astrid Tenon (co-metteuse en scène en chorégraphe). Deux voix - à moins qu'elles n'en forment qu'une seule ou des centaines - pour parler de nous, de vous, beaucoup des hommes et pas mal des femmes.
Comme son titre le laisse deviner, ce spectacle aborde la question de l'éducation donnée aux fillettes, et de l'extrême politesse qu'elles ont appris à devoir manifester en toutes circonstances, quitte à être celle qui demande pardon après une agression. Ça paraît fou dit comme ça, et c'est pourtant si vrai et si courant. S'effacer, se mettre en retrait, ne rien dire et encaisser en silence (et avec le sourire s'il vous plaît !) ; autant de traits qui définissent la majorité des femmes, programmées par une société qui leur a toujours dit qu'il ne fallait pas faire de vagues.
Il était temps d'arrêter d'être polies, et le coup de pied qui est mis avec brio dans la fourmilière par les deux comédiennes fait un bien fou. Leur parole est malheureusement bien trop véridique, mais plus elle est affligeante plus il est nécessaire qu'elle soit partagée.
A qui ? On ne sait pas. Les artistes non plus et elles l'assument ouvertement. C'est le grand problème des pièces engagées : s'il vient jusque dans la salle c'est que le public est sûrement déjà conquis par le discours. Alors que faire pour toucher plus loin, pour parler à celui ou celle qui ne pense pas être concerné.e ?
Peut-être n'y a-t-il pas de réponse à cela, si ce n'est d'oser s'acharner à transmettre et à parler, en prenant le risque d'y perdre des plumes.
Et pour ce risque pris pour tant d'autres, merci !
Une marelle géante dessinée au sol à coup de ruban adhésif, et une comptine entêtante aux paroles loin de l'innocence enfantine de la mélodie : dès l'entrée dans la salle de "Mal élevée" le ton est donné, entre douceur amusante et profondeur des discours.
Sur le plateau, naviguant entre les cases asymétriques, les deux comédiennes sont déjà là : Lætitia Wolf (l'autrice et co-metteuse en scène) et Astrid Tenon (co-metteuse en scène en chorégraphe). Deux voix - à moins qu'elles n'en forment qu'une seule ou des centaines - pour parler de nous, de vous, beaucoup des hommes et pas mal des femmes.
Comme son titre le laisse deviner, ce spectacle aborde la question de l'éducation donnée aux fillettes, et de l'extrême politesse qu'elles ont appris à devoir manifester en toutes circonstances, quitte à être celle qui demande pardon après une agression. Ça paraît fou dit comme ça, et c'est pourtant si vrai et si courant. S'effacer, se mettre en retrait, ne rien dire et encaisser en silence (et avec le sourire s'il vous plaît !) ; autant de traits qui définissent la majorité des femmes, programmées par une société qui leur a toujours dit qu'il ne fallait pas faire de vagues.
Il était temps d'arrêter d'être polies, et le coup de pied qui est mis avec brio dans la fourmilière par les deux comédiennes fait un bien fou. Leur parole est malheureusement bien trop véridique, mais plus elle est affligeante plus il est nécessaire qu'elle soit partagée.
A qui ? On ne sait pas. Les artistes non plus et elles l'assument ouvertement. C'est le grand problème des pièces engagées : s'il vient jusque dans la salle c'est que le public est sûrement déjà conquis par le discours. Alors que faire pour toucher plus loin, pour parler à celui ou celle qui ne pense pas être concerné.e ?
Peut-être n'y a-t-il pas de réponse à cela, si ce n'est d'oser s'acharner à transmettre et à parler, en prenant le risque d'y perdre des plumes.
Et pour ce risque pris pour tant d'autres, merci !
7/10
Un Beckett sympathique
Quatre personnages enfermés dans une maison, trois d'entre eux ne pouvant se déplacer, dehors un néant gris et morne, et à l'intérieur un autre néant, une journée banale qui "suit son cours", semblable à toutes les autres. Voilà à peu près ce que raconte cette pièce de Beckett, dans laquelle il n'arrivera sûrement rien de plus à Hamm, Clov, Nagg et Nell que ce qui leur est déjà arrivé hier et ce qui leur arrivera demain.
Ennuyant à mourir ? Non, lorsque le dramaturge irlandais est à la barre et que son texte mythique est repris dans une belle mise en scène comme celle de Jacques Osinski. Rien de révolutionnaire, mais l'on passe un très bon moment.
Le décor est simplissime mais respecte tout ce qui est demandé dans la pièce, et la dramaturgie est bien comprise.
On rit, on écoute, on attend, on travaille sa patience et sa réflexion comme avec chaque Beckett, mais l'on accepte de bon cœur de se faire enfermer pendant deux heures avec ces inconnus tous plus étranges les uns que les autres.
Saluons la performance physique de Denis Lavant qui donne vraiment de sa personne, et les interventions de Peter Bonke (Nagg) et Claudine Delvaux (Nell), courtes mais tellement géniales.
Seul hic : le phrasé très affecté de Frédéric Leidgens, qui tient le rôle principal. Prononçant les E à la fin de chaque mot, en rajoutant parfois là où ils n'existent pas (!), et alternant entre des hurlements tonitruants et des répliques juste soufflées ou hésitantes, sa parole nous parvient difficilement et je comprends que mon voisin de rangée ait pu piquer du nez pendant l'un de ses énièmes soliloques.
Le texte de Beckett, aussi beau, percutant et drôle soit-il, reste parfois aride et complexe : pourquoi y ajouter une couche avec un jeu qui l'éloigne encore plus de la compréhension du spectateur ?
Mais ce "Fin de partie" reste malgré tout un beau spectacle, et rien que pour (ré)entendre la blague de Nagg sur le tailleur anglais, il faut y aller sans hésiter.
Quatre personnages enfermés dans une maison, trois d'entre eux ne pouvant se déplacer, dehors un néant gris et morne, et à l'intérieur un autre néant, une journée banale qui "suit son cours", semblable à toutes les autres. Voilà à peu près ce que raconte cette pièce de Beckett, dans laquelle il n'arrivera sûrement rien de plus à Hamm, Clov, Nagg et Nell que ce qui leur est déjà arrivé hier et ce qui leur arrivera demain.
Ennuyant à mourir ? Non, lorsque le dramaturge irlandais est à la barre et que son texte mythique est repris dans une belle mise en scène comme celle de Jacques Osinski. Rien de révolutionnaire, mais l'on passe un très bon moment.
Le décor est simplissime mais respecte tout ce qui est demandé dans la pièce, et la dramaturgie est bien comprise.
On rit, on écoute, on attend, on travaille sa patience et sa réflexion comme avec chaque Beckett, mais l'on accepte de bon cœur de se faire enfermer pendant deux heures avec ces inconnus tous plus étranges les uns que les autres.
Saluons la performance physique de Denis Lavant qui donne vraiment de sa personne, et les interventions de Peter Bonke (Nagg) et Claudine Delvaux (Nell), courtes mais tellement géniales.
Seul hic : le phrasé très affecté de Frédéric Leidgens, qui tient le rôle principal. Prononçant les E à la fin de chaque mot, en rajoutant parfois là où ils n'existent pas (!), et alternant entre des hurlements tonitruants et des répliques juste soufflées ou hésitantes, sa parole nous parvient difficilement et je comprends que mon voisin de rangée ait pu piquer du nez pendant l'un de ses énièmes soliloques.
Le texte de Beckett, aussi beau, percutant et drôle soit-il, reste parfois aride et complexe : pourquoi y ajouter une couche avec un jeu qui l'éloigne encore plus de la compréhension du spectateur ?
Mais ce "Fin de partie" reste malgré tout un beau spectacle, et rien que pour (ré)entendre la blague de Nagg sur le tailleur anglais, il faut y aller sans hésiter.
9/10
"C'est peut-être ça les fantômes..."
Une femme, un homme, la Place de la République qui grouille autour d'un banc, et un Polaroïd pour capturer une rencontre.
Sur ce banc vert, unique décor qui raconte déjà tellement Paris, on est à mi-chemin entre les morts et les vivants, ou plutôt non, entre les disparus et les autres. Ceux qui ne sont plus là, qu'on ne reverra jamais, qu'on n'a peut-être jamais vu.
Lui et elle naviguent sur cette place, entre Rimbaud, Charlie et Roissy, et font (re)vivre les histoires des autres, qui sont aussi les leurs. D'un simple mot ou d'un simple geste naissent des personnes et des paysages, fantômes d'autres vies convoqués sur ce petit bout de place.
Des histoires tragiques et profondes dans un décor aux traits simples : une nouvelle fois Clément Hervieu-Léger utilise le plateau comme un tremplin, pour faire résonner la langue dans un doux et sobre écrin de mise en scène. Les seules choses qui nous ébranlent sont les mots, à la puissance infinie.
Après de magnifiques traversées de textes classiques comme Le Misanthrope ou La Cerisaie, il signe cette fois l'écriture de la pièce en plus de sa mise au plateau, et ses personnages sont aussi beaux et complexes que des Alceste ou des Firs.
Superbement interprétés par Juliette Léger et Daniel San Pedro, ces deux inconnus portent les mêmes cicatrices que les spectateurs en face d'eux, et viennent raconter ces failles avec autant de pudeur que de mise à nu.
Faire advenir l'humanité, voilà ce que permet cette pièce, et ce que permet peut-être chaque spectacle de Clément Hervieu-Léger.
Une femme, un homme, la Place de la République qui grouille autour d'un banc, et un Polaroïd pour capturer une rencontre.
Sur ce banc vert, unique décor qui raconte déjà tellement Paris, on est à mi-chemin entre les morts et les vivants, ou plutôt non, entre les disparus et les autres. Ceux qui ne sont plus là, qu'on ne reverra jamais, qu'on n'a peut-être jamais vu.
Lui et elle naviguent sur cette place, entre Rimbaud, Charlie et Roissy, et font (re)vivre les histoires des autres, qui sont aussi les leurs. D'un simple mot ou d'un simple geste naissent des personnes et des paysages, fantômes d'autres vies convoqués sur ce petit bout de place.
Des histoires tragiques et profondes dans un décor aux traits simples : une nouvelle fois Clément Hervieu-Léger utilise le plateau comme un tremplin, pour faire résonner la langue dans un doux et sobre écrin de mise en scène. Les seules choses qui nous ébranlent sont les mots, à la puissance infinie.
Après de magnifiques traversées de textes classiques comme Le Misanthrope ou La Cerisaie, il signe cette fois l'écriture de la pièce en plus de sa mise au plateau, et ses personnages sont aussi beaux et complexes que des Alceste ou des Firs.
Superbement interprétés par Juliette Léger et Daniel San Pedro, ces deux inconnus portent les mêmes cicatrices que les spectateurs en face d'eux, et viennent raconter ces failles avec autant de pudeur que de mise à nu.
Faire advenir l'humanité, voilà ce que permet cette pièce, et ce que permet peut-être chaque spectacle de Clément Hervieu-Léger.
8,5/10
On ne naît pas vendeuse de placard, on le devient...
L'égalité homme/femme dans le monde de l'entreprise, voilà peut-être un sujet qui n'avait pas encore été traité par le théâtre de boulevard.
L'auteur et metteur en scène Côme de Bellescize comble ce manque, et c'est une réussite pleine de couleurs, de perruques et de talons hauts qui est en ce moment à l'affiche.
Quand une femme est nommée directrice des ventes de la société d'ameublement Mondial Placard, ses homologues masculins crient à la discrimination positive et à la promotion canapé. L'un d'eux fait alors le pari de se déguiser en femme pour prouver à tout le monde qu'être un homme dans le monde d'aujourd'hui empêche de gravir les échelons, mais son périple dans la vie du "deuxième sexe" sera loin d'être aussi simple...
Dans les premières minutes du spectacle, la salle ne sait si elle doit rire franchement ou nerveusement. Les personnages masculins affichent un sexisme décomplexé tandis que les femmes sont soit passives soit représentées avec une bonne dose d'idiotie quand elles tentent des percées féministes.
Petite traversée du désert spectatorielle lorsque l'on arrive pas encore à discerner si certains propos très limites sont tenus par les protagonistes ou par l'auteur lui-même.
Mais bientôt tout s'éclaircit : la véritable dénonciation du sexisme ordinaire perce derrière la misogynie ambiante des salles de réunion, chacun, homme comme femme, en prend pour son grade, et la pente très glissante sur laquelle s'était engagée la pièce devient un agréable toboggan de rires et de répliques cinglantes. La gent masculine est délicieusement remise à sa place tandis que l'héroïne féminine décrypte en même temps que le public ce qu'implique d'être une femme dans la société.
Comme chez Feydeau, les portes (de placard) claquent à tout rompre, les personnages se courent après, s'empoignent, se cachent les uns des autres et surgissent de chaque recoin. Mais si le vaudeville est présent ce n'est pas au détriment d'un fin marivaudage, qui va explorer l'âme humaine et les rapports homme/femme au plus près en se jouant des codes sociétaux, faisant de Mondial Placard un laboratoire sur les questions de genre.
Alors, est-ce une femme ou un homme qui mérite un poste haut gradé ?
Pour le directeur de Mondial Placard la réponse est peut-être ailleurs, découvrez la au Tristan Bernard jusqu'au 30 avril.
L'égalité homme/femme dans le monde de l'entreprise, voilà peut-être un sujet qui n'avait pas encore été traité par le théâtre de boulevard.
L'auteur et metteur en scène Côme de Bellescize comble ce manque, et c'est une réussite pleine de couleurs, de perruques et de talons hauts qui est en ce moment à l'affiche.
Quand une femme est nommée directrice des ventes de la société d'ameublement Mondial Placard, ses homologues masculins crient à la discrimination positive et à la promotion canapé. L'un d'eux fait alors le pari de se déguiser en femme pour prouver à tout le monde qu'être un homme dans le monde d'aujourd'hui empêche de gravir les échelons, mais son périple dans la vie du "deuxième sexe" sera loin d'être aussi simple...
Dans les premières minutes du spectacle, la salle ne sait si elle doit rire franchement ou nerveusement. Les personnages masculins affichent un sexisme décomplexé tandis que les femmes sont soit passives soit représentées avec une bonne dose d'idiotie quand elles tentent des percées féministes.
Petite traversée du désert spectatorielle lorsque l'on arrive pas encore à discerner si certains propos très limites sont tenus par les protagonistes ou par l'auteur lui-même.
Mais bientôt tout s'éclaircit : la véritable dénonciation du sexisme ordinaire perce derrière la misogynie ambiante des salles de réunion, chacun, homme comme femme, en prend pour son grade, et la pente très glissante sur laquelle s'était engagée la pièce devient un agréable toboggan de rires et de répliques cinglantes. La gent masculine est délicieusement remise à sa place tandis que l'héroïne féminine décrypte en même temps que le public ce qu'implique d'être une femme dans la société.
Comme chez Feydeau, les portes (de placard) claquent à tout rompre, les personnages se courent après, s'empoignent, se cachent les uns des autres et surgissent de chaque recoin. Mais si le vaudeville est présent ce n'est pas au détriment d'un fin marivaudage, qui va explorer l'âme humaine et les rapports homme/femme au plus près en se jouant des codes sociétaux, faisant de Mondial Placard un laboratoire sur les questions de genre.
Alors, est-ce une femme ou un homme qui mérite un poste haut gradé ?
Pour le directeur de Mondial Placard la réponse est peut-être ailleurs, découvrez la au Tristan Bernard jusqu'au 30 avril.