Ses critiques
24 critiques
8,5/10
Voir le verre à moitié plein
Grisaille, morosité, abattement, catastrophe, misère, tragédie, désenchantement : voilà peut-être les termes qui définissent le mieux notre époque, ou du moins l'image que l'on a de celle-ci. En bons héritiers du spleen baudelairien et autres poètes maudits, nous avons adopté le malheur comme mode de vie, et c'est plutôt les bonnes nouvelles qui sont devenues l'exception que l'inverse. Alors forcément, quand quelqu'un décide d'entrer en résistance, et ose clamer haut et fort que "tout va bien", cela fait des étincelles.
Victor, le personnage de ce seul-en-scène, c'est un optimiste, un bienheureux qui balade ses culottes courtes d'écolier dans un monde plus proche de la naïveté de l'enfance que du pragmatisme adulte. Il ne prend pas grand-chose au sérieux, ça le rend heureux, et c'est très bien comme ça. Seulement, Victor vient d'avoir 30 ans. Et 30 ans, dans notre monde, c'est l'âge où tout est censé se compliquer ; adieu l'insouciance de la jeunesse, bonjour les tracas de la vie active. Alors, même si pour lui tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, Victor va devoir se trouver un problème, un bon gros caillou dans la chaussure qui puisse le faire trébucher comme tout le monde, sous peine d'être simplement effacé de la carte par une Société rageuse et accusatrice, qui prend ici les traits d'un Big Brother mi-juge mi-gourou.
Pendant une heure, le jeune homme remonte avec nous le fil de sa vie, à la recherche d'un traumatisme, d'une problématique, d'un boulet au pied qu'il continuerait de traîner. Tous les domaines y passent, l'amour, la famille, la santé, mais Victor semble désespérément heureux, et, mis face à nos propres contradictions - c'est là le tour de force de ce spectacle -, on se désolerait presque qu'il ne parvienne pas à se trouver une raison de pleurer. Les tableaux s'enchaînent, tous plus drôles et impactants les uns que les autres, le comédien navigant avec brio entre différents personnages, et l'on s'identifie peu à peu en se disant qu'effectivement, tout ne va pas si mal. Notre optimisme va croissant, et si l'on était entré dans la salle avec quelques soucis en tête, on se laisse peu à peu happer par les merveilleuses trouvailles lumineuses et sonores (un très beau travail de Richard Arselin et Elias Akkouche), et on se laisse convaincre de rejoindre le côté clair de la force.
Rentrer dans le rang de la complainte, ou décider que "c'est pas grave" et que l'on est sûrement pas les plus à plaindre, voilà le choix que ce spectacle nous propose de faire. Le pari est réussi pour les deux auteurs Nicolas Depye et Victor Duez (également interprète de la pièce), qui nous font relativiser sur beaucoup de choses et parviennent à nous faire ressortir de la salle avec un agréable sentiment d'espoir, convaincus qu'il en faut peu pour être heureux...
Grisaille, morosité, abattement, catastrophe, misère, tragédie, désenchantement : voilà peut-être les termes qui définissent le mieux notre époque, ou du moins l'image que l'on a de celle-ci. En bons héritiers du spleen baudelairien et autres poètes maudits, nous avons adopté le malheur comme mode de vie, et c'est plutôt les bonnes nouvelles qui sont devenues l'exception que l'inverse. Alors forcément, quand quelqu'un décide d'entrer en résistance, et ose clamer haut et fort que "tout va bien", cela fait des étincelles.
Victor, le personnage de ce seul-en-scène, c'est un optimiste, un bienheureux qui balade ses culottes courtes d'écolier dans un monde plus proche de la naïveté de l'enfance que du pragmatisme adulte. Il ne prend pas grand-chose au sérieux, ça le rend heureux, et c'est très bien comme ça. Seulement, Victor vient d'avoir 30 ans. Et 30 ans, dans notre monde, c'est l'âge où tout est censé se compliquer ; adieu l'insouciance de la jeunesse, bonjour les tracas de la vie active. Alors, même si pour lui tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, Victor va devoir se trouver un problème, un bon gros caillou dans la chaussure qui puisse le faire trébucher comme tout le monde, sous peine d'être simplement effacé de la carte par une Société rageuse et accusatrice, qui prend ici les traits d'un Big Brother mi-juge mi-gourou.
Pendant une heure, le jeune homme remonte avec nous le fil de sa vie, à la recherche d'un traumatisme, d'une problématique, d'un boulet au pied qu'il continuerait de traîner. Tous les domaines y passent, l'amour, la famille, la santé, mais Victor semble désespérément heureux, et, mis face à nos propres contradictions - c'est là le tour de force de ce spectacle -, on se désolerait presque qu'il ne parvienne pas à se trouver une raison de pleurer. Les tableaux s'enchaînent, tous plus drôles et impactants les uns que les autres, le comédien navigant avec brio entre différents personnages, et l'on s'identifie peu à peu en se disant qu'effectivement, tout ne va pas si mal. Notre optimisme va croissant, et si l'on était entré dans la salle avec quelques soucis en tête, on se laisse peu à peu happer par les merveilleuses trouvailles lumineuses et sonores (un très beau travail de Richard Arselin et Elias Akkouche), et on se laisse convaincre de rejoindre le côté clair de la force.
Rentrer dans le rang de la complainte, ou décider que "c'est pas grave" et que l'on est sûrement pas les plus à plaindre, voilà le choix que ce spectacle nous propose de faire. Le pari est réussi pour les deux auteurs Nicolas Depye et Victor Duez (également interprète de la pièce), qui nous font relativiser sur beaucoup de choses et parviennent à nous faire ressortir de la salle avec un agréable sentiment d'espoir, convaincus qu'il en faut peu pour être heureux...
9,5/10
Invitation au château
Venez, entrez dans le terrier des Brandebourg, laissez-vous guider par un général borgne et manchot et son curieux acolyte qui ne finit pas ses phrases, ne soyez pas effrayés par l'obscurité et descendez dans ce lieu mystérieux pour partir à la rencontre du Prince de Hombourg et de ses camarades hauts en couleurs...
Lorsque l'on pense à cette pièce, l'image qui vient le plus souvent à l'esprit est celle de Gérard Philipe, spectre blanc apparaissant au milieu de la Cour du Palais des Papes. Niché dans un étrange théâtre aux pièces alambiquées (pour plus de suspens, je vous laisse découvrir vous-mêmes ce que renfermaient ces murs auparavant), ce Hombourg-ci est loin du gigantisme avignonnais, mais n'a pourtant rien à lui envier, loin de là. Conçu comme un spectacle déambulatoire et immersif, cette "expérience" - difficile de la nommer autrement - pose son postulat à peine sommes-nous entrés dans le théâtre. Humour, mystère, onirisme et ambiances fantomatiques sont au programme, et on s'en régale.
Le spectateur est complètement intégré à une histoire qui se meut à la perfection dans ce lieu atypique, et l'on peut d'ailleurs saluer le travail de recréation de ce spectacle qui se balade de théâtres en châteaux, et que les artistes s'emploient à réadapter pour chaque endroit. Ils font de leurs lieux de passage des lieux habités, qui paraissent évoluer et grandir comme un être vivant, et ces représentations au théâtre de l'Orme sont un bon exemple de l'incroyable usage de l'espace qu'opère cette troupe. Escaliers, portes, estrades, fenêtres, rideaux, et même toilettes, tous les moindres recoins sont utilisés et donnent un volume assez époustouflant à l'espace de jeu, tout en réussissant à nous perdre suffisamment pour que l'on soit troublé mais sans jamais décrocher du fil de l'histoire.
Sous la houlette du metteur en scène et interprète principal Édouard Dossetto (assisté de Marie Benati et Alex Dey du collectif Nuit Orange, et qui jouent également dans la pièce), les comédien.ne.s sont toutes et tous complètement imprégné.e.s de leurs personnages, et la qualité du jeu se rapporte au travail de mémoire et de concentration pour parcourir ces 1h30 de dédales dans l'espace et la dramaturgie. Des tableaux magnifiques sont proposés, notamment grâce un grand travail sur la lumière (créée par Raphaël Bertomeu), et les références autant contemporaines de notre époque que de celle de Kleist emportent le tout, dans un univers digne de Edgar Poe ou Lewis Caroll.
Alors venez, descendez sans attendre dans l'antre du Prince de Hombourg et de ses fantômes, mais attention : les murs ont des oreilles, et même des bras...
Venez, entrez dans le terrier des Brandebourg, laissez-vous guider par un général borgne et manchot et son curieux acolyte qui ne finit pas ses phrases, ne soyez pas effrayés par l'obscurité et descendez dans ce lieu mystérieux pour partir à la rencontre du Prince de Hombourg et de ses camarades hauts en couleurs...
Lorsque l'on pense à cette pièce, l'image qui vient le plus souvent à l'esprit est celle de Gérard Philipe, spectre blanc apparaissant au milieu de la Cour du Palais des Papes. Niché dans un étrange théâtre aux pièces alambiquées (pour plus de suspens, je vous laisse découvrir vous-mêmes ce que renfermaient ces murs auparavant), ce Hombourg-ci est loin du gigantisme avignonnais, mais n'a pourtant rien à lui envier, loin de là. Conçu comme un spectacle déambulatoire et immersif, cette "expérience" - difficile de la nommer autrement - pose son postulat à peine sommes-nous entrés dans le théâtre. Humour, mystère, onirisme et ambiances fantomatiques sont au programme, et on s'en régale.
Le spectateur est complètement intégré à une histoire qui se meut à la perfection dans ce lieu atypique, et l'on peut d'ailleurs saluer le travail de recréation de ce spectacle qui se balade de théâtres en châteaux, et que les artistes s'emploient à réadapter pour chaque endroit. Ils font de leurs lieux de passage des lieux habités, qui paraissent évoluer et grandir comme un être vivant, et ces représentations au théâtre de l'Orme sont un bon exemple de l'incroyable usage de l'espace qu'opère cette troupe. Escaliers, portes, estrades, fenêtres, rideaux, et même toilettes, tous les moindres recoins sont utilisés et donnent un volume assez époustouflant à l'espace de jeu, tout en réussissant à nous perdre suffisamment pour que l'on soit troublé mais sans jamais décrocher du fil de l'histoire.
Sous la houlette du metteur en scène et interprète principal Édouard Dossetto (assisté de Marie Benati et Alex Dey du collectif Nuit Orange, et qui jouent également dans la pièce), les comédien.ne.s sont toutes et tous complètement imprégné.e.s de leurs personnages, et la qualité du jeu se rapporte au travail de mémoire et de concentration pour parcourir ces 1h30 de dédales dans l'espace et la dramaturgie. Des tableaux magnifiques sont proposés, notamment grâce un grand travail sur la lumière (créée par Raphaël Bertomeu), et les références autant contemporaines de notre époque que de celle de Kleist emportent le tout, dans un univers digne de Edgar Poe ou Lewis Caroll.
Alors venez, descendez sans attendre dans l'antre du Prince de Hombourg et de ses fantômes, mais attention : les murs ont des oreilles, et même des bras...
8/10
Objet Spectaculaire Non Identifié
Il est déjà compliqué de résumer un spectacle de cirque, mais la tâche est encore plus ardue quand il s'agit d'un OVNI comme "Le cirque Invisible". Alors commençons par dire que c'est une réussite, et que la salle quasi-pleine du Rond-Point a ri en cœur pendant 1H15, qu'il s'agisse des enfants de 5 ans, de leurs grands-parents, des jeunes filles à ma droite, ou du couple de quinquagénaires à ma gauche.
Tour à tour sur scène, Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin (respectivement 85 et 71 ans !) nous offrent une farandole de numéros tous plus burlesques et poétiques les uns que les autres, du lapin qui sort du chapeau à la contorsion, en passant par la voltige sur un vélo et le verre qui se remplit tout seul. Lui est un clown magicien qui a l'air de ne pas savoir faire grand-chose, mais maîtrise en réalité chacun de ses tours et nous fait rire aux éclats. Elle, une circassienne fantastique d'une beauté et d'une grâce incroyable, et qui nous raconte milles histoires magiques sans aucun mots.
Le spectacle regorge de costumes, accessoires, décors, bidules et machins en tout genre qui semblent sortis de nulle part (si ce n'est de l'imagination infinie des deux artistes), et notre âme d'enfant, avide d'objets rigolos aux formes improbables, se régale. Chaque tableau est d'une beauté hypnotisante, sans que l'on sache vraiment dire pourquoi, et l'on se surprend à être pendu.e.s aux lèvres d'une Edith Piaf en carton-pâte, et fasciné.e.s par une mélodie de verres et autres saladiers.
Pendant une heure, nous redevenons des gamins émerveillés devant des costumes qui brillent, fascinés par des images qui prennent forme sous nos yeux mais dont on ne comprend même pas la création, et acceptant de se faire berner par des tours vieux comme le monde. Avoir à nouveau six ans et se laisser aller à la magie et au merveilleux, qu'est-ce que ça fait du bien !
Offrez vous donc une cure de jouvence et foncez voir ce Cirque Invisible, vous ne serez pas déçus !
Mais, pour finir, voici la vraie question que tout le monde se pose en sortant : combien de valises différentes possède Jean-Baptiste Thierrée ??
Réponse au Rond-Point jusqu'au 16 avril !
Il est déjà compliqué de résumer un spectacle de cirque, mais la tâche est encore plus ardue quand il s'agit d'un OVNI comme "Le cirque Invisible". Alors commençons par dire que c'est une réussite, et que la salle quasi-pleine du Rond-Point a ri en cœur pendant 1H15, qu'il s'agisse des enfants de 5 ans, de leurs grands-parents, des jeunes filles à ma droite, ou du couple de quinquagénaires à ma gauche.
Tour à tour sur scène, Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin (respectivement 85 et 71 ans !) nous offrent une farandole de numéros tous plus burlesques et poétiques les uns que les autres, du lapin qui sort du chapeau à la contorsion, en passant par la voltige sur un vélo et le verre qui se remplit tout seul. Lui est un clown magicien qui a l'air de ne pas savoir faire grand-chose, mais maîtrise en réalité chacun de ses tours et nous fait rire aux éclats. Elle, une circassienne fantastique d'une beauté et d'une grâce incroyable, et qui nous raconte milles histoires magiques sans aucun mots.
Le spectacle regorge de costumes, accessoires, décors, bidules et machins en tout genre qui semblent sortis de nulle part (si ce n'est de l'imagination infinie des deux artistes), et notre âme d'enfant, avide d'objets rigolos aux formes improbables, se régale. Chaque tableau est d'une beauté hypnotisante, sans que l'on sache vraiment dire pourquoi, et l'on se surprend à être pendu.e.s aux lèvres d'une Edith Piaf en carton-pâte, et fasciné.e.s par une mélodie de verres et autres saladiers.
Pendant une heure, nous redevenons des gamins émerveillés devant des costumes qui brillent, fascinés par des images qui prennent forme sous nos yeux mais dont on ne comprend même pas la création, et acceptant de se faire berner par des tours vieux comme le monde. Avoir à nouveau six ans et se laisser aller à la magie et au merveilleux, qu'est-ce que ça fait du bien !
Offrez vous donc une cure de jouvence et foncez voir ce Cirque Invisible, vous ne serez pas déçus !
Mais, pour finir, voici la vraie question que tout le monde se pose en sortant : combien de valises différentes possède Jean-Baptiste Thierrée ??
Réponse au Rond-Point jusqu'au 16 avril !
9,5/10
Le roi du play-back
Après "Un Poyo Rojo", spectacle acrobatique (et hilarant) qui tourne dans le monde entier depuis plus de dix ans, et "Dystopia", qui venait ajouter à la performance physique le travail de la vidéo (hilarant aussi), le danseur/acteur/chorégraphe argentin Luciano Rosso revient cette fois seul sur scène, pour nous livrer une forme toujours aussi improbable (et toujours aussi hilarante).
Doté d'une capacité à manipuler son corps et son visage et à les rythmer comme il le souhaite, cet artiste hors du commun fait vivre sous nos yeux toute une galerie de personnages en usant du "lip-sync", comprenez la synchronisation des lèvres avec les sons diffusés. Et je dis bien les sons, car il ne s'agit pas de faire uniquement du play-back de chansons (bien que l'artiste soit vraiment le roi dans ce domaine - je vous laisse découvrir l'émission péruvienne "Los reyes del play-back" où il est renversant), mais bien de s'approprier n'importe quel bruit, du cri d'animal au marteau-piqueur, et d'en impacter son corps pour raconter une histoire sans paroles, ou du moins pas les siennes. Le travail de recherche sur la physicalité et les mimiques du quotidien est phénoménal, et les êtres vivants dans toutes leurs dimensions sont retranscrits à la perfection.
Mais ce spectacle n'est pas seulement un récit burlesque et fictif. C'est aussi une capsule temporelle qui a renfermé toute la détresse des humains durant la pandémie - et plus particulièrement celle des artistes - et nous montre la lutte des esprits comme des corps pour ne pas sombrer. Créer chez soi "pour ne pas devenir dingue" était l'ultime solution, et Luciano Rosso montre le fruit de ces recherches désespérées, et peut-être même vitales. Il les sublime et nous rappelle, sous une grande couche d'humour bien sûr mais toujours avec émotion, la fragilité de ce travail qui naît de presque rien et peut disparaître tout aussi facilement.
Si vous n'aviez pas déjà découvert le travail de Luciano Rosso et de ses fidèles acolytes comme Hermes Gaido, vous devez absolument vous y plongez avec ce troisième volet.
Et si vous le connaissiez déjà, allez-y les yeux fermés, la barre est toujours aussi haute !
Après "Un Poyo Rojo", spectacle acrobatique (et hilarant) qui tourne dans le monde entier depuis plus de dix ans, et "Dystopia", qui venait ajouter à la performance physique le travail de la vidéo (hilarant aussi), le danseur/acteur/chorégraphe argentin Luciano Rosso revient cette fois seul sur scène, pour nous livrer une forme toujours aussi improbable (et toujours aussi hilarante).
Doté d'une capacité à manipuler son corps et son visage et à les rythmer comme il le souhaite, cet artiste hors du commun fait vivre sous nos yeux toute une galerie de personnages en usant du "lip-sync", comprenez la synchronisation des lèvres avec les sons diffusés. Et je dis bien les sons, car il ne s'agit pas de faire uniquement du play-back de chansons (bien que l'artiste soit vraiment le roi dans ce domaine - je vous laisse découvrir l'émission péruvienne "Los reyes del play-back" où il est renversant), mais bien de s'approprier n'importe quel bruit, du cri d'animal au marteau-piqueur, et d'en impacter son corps pour raconter une histoire sans paroles, ou du moins pas les siennes. Le travail de recherche sur la physicalité et les mimiques du quotidien est phénoménal, et les êtres vivants dans toutes leurs dimensions sont retranscrits à la perfection.
Mais ce spectacle n'est pas seulement un récit burlesque et fictif. C'est aussi une capsule temporelle qui a renfermé toute la détresse des humains durant la pandémie - et plus particulièrement celle des artistes - et nous montre la lutte des esprits comme des corps pour ne pas sombrer. Créer chez soi "pour ne pas devenir dingue" était l'ultime solution, et Luciano Rosso montre le fruit de ces recherches désespérées, et peut-être même vitales. Il les sublime et nous rappelle, sous une grande couche d'humour bien sûr mais toujours avec émotion, la fragilité de ce travail qui naît de presque rien et peut disparaître tout aussi facilement.
Si vous n'aviez pas déjà découvert le travail de Luciano Rosso et de ses fidèles acolytes comme Hermes Gaido, vous devez absolument vous y plongez avec ce troisième volet.
Et si vous le connaissiez déjà, allez-y les yeux fermés, la barre est toujours aussi haute !
8/10
Sauvons les Magnolias !
Naviguant entre l’humour (presque noir) et le drame, neuf femmes nous livrent sur la scène du Théâtre 13 leur approche du cours naturel de la vie dont nous tentons tous, plus ou moins consciemment, d’accepter l’inévitable conclusion.
Loin de chercher à tirer lourdement la larme, la pièce retrace subtilement l’histoire de ces femmes fortes au caractère bien affirmé, qui sont loin d’avoir peur de se battre pour sauver la maison de retraite qui les unit toutes, et de préserver le bien être de ses résidentes.
Si certaines y sont placées, d’autres y travaillent, et nous avons l’agréable surprise de voir les comédiennes passer du personnage âgé qu’elles incarnent à une femme plus jeune, parfois sous nos yeux, par de subtils changements de costumes. Loin de perturber le spectateur, cette idée représente à merveille l’éternel cycle de la vie, en toute sensibilité.
Un appréciable parallélisme nous accompagne ainsi tout au long de la pièce, entre ces femmes qui pensent d’abord que tout les séparent, mais finissent par se rejoindre en tous points, et resserrer leur lien malgré l’écart générationnel.
L’entraide et l’affection est palpable entre elles, nous offrant une pièce chaleureuse, malgré le thème difficile de la vieillesse qui y est abordé.
Aux côtés de l'émotion, toutefois, la dérision ne manque pas, et parvient très bien à faire sourire les spectateurs.
Seul bémol, un aspect caricatural des personnages les plus âgés parfois un peu trop poussé, et qui risquerait de vexer les personnes concernées.
Mais ce spectacle est définitivement très juste, et l'envie de déranger quelque peu le spectateur se comprend parfaitement. La volonté de cette troupe féminine est bien de montrer une réalité que l’on refuse, à savoir la vieillesse et le placement en maison de retraite des nos anciens.
En somme, "Biques" vaut véritablement le détour.
La mise en scène précise et vivante de Gabrielle Chalmont-Cavache nous transporte dans l’univers de ces femmes et dans le huis-clos de leur maison de retraite, et les témoignages vidéos des vraies personnes âgées qui ont inspiré ces personnages apportent beaucoup de profondeur et d’émotion au récit.
A voir !
Naviguant entre l’humour (presque noir) et le drame, neuf femmes nous livrent sur la scène du Théâtre 13 leur approche du cours naturel de la vie dont nous tentons tous, plus ou moins consciemment, d’accepter l’inévitable conclusion.
Loin de chercher à tirer lourdement la larme, la pièce retrace subtilement l’histoire de ces femmes fortes au caractère bien affirmé, qui sont loin d’avoir peur de se battre pour sauver la maison de retraite qui les unit toutes, et de préserver le bien être de ses résidentes.
Si certaines y sont placées, d’autres y travaillent, et nous avons l’agréable surprise de voir les comédiennes passer du personnage âgé qu’elles incarnent à une femme plus jeune, parfois sous nos yeux, par de subtils changements de costumes. Loin de perturber le spectateur, cette idée représente à merveille l’éternel cycle de la vie, en toute sensibilité.
Un appréciable parallélisme nous accompagne ainsi tout au long de la pièce, entre ces femmes qui pensent d’abord que tout les séparent, mais finissent par se rejoindre en tous points, et resserrer leur lien malgré l’écart générationnel.
L’entraide et l’affection est palpable entre elles, nous offrant une pièce chaleureuse, malgré le thème difficile de la vieillesse qui y est abordé.
Aux côtés de l'émotion, toutefois, la dérision ne manque pas, et parvient très bien à faire sourire les spectateurs.
Seul bémol, un aspect caricatural des personnages les plus âgés parfois un peu trop poussé, et qui risquerait de vexer les personnes concernées.
Mais ce spectacle est définitivement très juste, et l'envie de déranger quelque peu le spectateur se comprend parfaitement. La volonté de cette troupe féminine est bien de montrer une réalité que l’on refuse, à savoir la vieillesse et le placement en maison de retraite des nos anciens.
En somme, "Biques" vaut véritablement le détour.
La mise en scène précise et vivante de Gabrielle Chalmont-Cavache nous transporte dans l’univers de ces femmes et dans le huis-clos de leur maison de retraite, et les témoignages vidéos des vraies personnes âgées qui ont inspiré ces personnages apportent beaucoup de profondeur et d’émotion au récit.
A voir !