Ses critiques
55 critiques
7,5/10
La langue est poétique, enivrante. Elle nous transporte jusqu'à nous faire tituber dans une sorte de labyrinthe textuel surréaliste.
La mort et l'amour s'y confinent. L'Hamour, comme le dit le poète lyonnais Stanislas Rodansky, avec un H (comme Haine?). Dans le palace (d'une station thermale à la montagne?), Lancelot évoque la mort de Madame « Imago », peut-être sa mise à mort … La Dame du Lac, deux gangsters, Fred Astaire et Ginger Rogers viennent compléter cet ingénieux bric à brac théâtral qui côtoie le polar, devant les yeux de Carlton, serveur de cocktails, à l'affût de tout ce qui se passe derrière son comptoir roccoco. Voyage poétique, onirique, hors du temps, insolite.
Contrairement à la pièce Arctique, vue précédemment, là, les images sur écran en arrière-fond et les micros des comédiens servent le texte et la mise en scène.
La mort et l'amour s'y confinent. L'Hamour, comme le dit le poète lyonnais Stanislas Rodansky, avec un H (comme Haine?). Dans le palace (d'une station thermale à la montagne?), Lancelot évoque la mort de Madame « Imago », peut-être sa mise à mort … La Dame du Lac, deux gangsters, Fred Astaire et Ginger Rogers viennent compléter cet ingénieux bric à brac théâtral qui côtoie le polar, devant les yeux de Carlton, serveur de cocktails, à l'affût de tout ce qui se passe derrière son comptoir roccoco. Voyage poétique, onirique, hors du temps, insolite.
Contrairement à la pièce Arctique, vue précédemment, là, les images sur écran en arrière-fond et les micros des comédiens servent le texte et la mise en scène.
5/10
Vue le 9 janvier 2019 au théâtre des Célestins à Lyon.
Le thème de prime abord s'avère attirant : le réchauffement climatique permet dorénavant au Groenland d'attirer des sociétés internationales en vue d'exploiter des ressources apparues grâce à la fonte des glaces.
Le traitement du sujet, sous forme de thriller, comme annoncé dans la présentation nous met l'eau à la bouche et attise notre curiosité.
Et pourtant je n'ai pas adhéré à ce spectacle global : de nombreuses séquences filmées sur grand écran, un orchestre, une excellente chanteuse et même un ours (!?!?), mais ... très peu de théâtre.
Aucun reproche à faire aux acteurs qui ont été convaincants dans ce jeu ... givré!
L'humour de certaines répliques qui a enthousiasmé le parterre des Célestins, m'a à peine fait sourire (quel dommage pour moi qui ai le rire facile).
Pourquoi alors n'ai-je pas adhéré ? Pour 3 raisons : trop peu de théâtre, trop peu de théâtre et trop peu de théâtre.
A cela j'ajouterai : trop de micros et trop de cris.
A vouloir en faire trop , la metteure en scène s'est éloignée de l'essentiel. Le trop comme un amas de postiches inutiles.
Le thème de prime abord s'avère attirant : le réchauffement climatique permet dorénavant au Groenland d'attirer des sociétés internationales en vue d'exploiter des ressources apparues grâce à la fonte des glaces.
Le traitement du sujet, sous forme de thriller, comme annoncé dans la présentation nous met l'eau à la bouche et attise notre curiosité.
Et pourtant je n'ai pas adhéré à ce spectacle global : de nombreuses séquences filmées sur grand écran, un orchestre, une excellente chanteuse et même un ours (!?!?), mais ... très peu de théâtre.
Aucun reproche à faire aux acteurs qui ont été convaincants dans ce jeu ... givré!
L'humour de certaines répliques qui a enthousiasmé le parterre des Célestins, m'a à peine fait sourire (quel dommage pour moi qui ai le rire facile).
Pourquoi alors n'ai-je pas adhéré ? Pour 3 raisons : trop peu de théâtre, trop peu de théâtre et trop peu de théâtre.
A cela j'ajouterai : trop de micros et trop de cris.
A vouloir en faire trop , la metteure en scène s'est éloignée de l'essentiel. Le trop comme un amas de postiches inutiles.
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10/10
D'entrée de jeu, les éléments se déchaînent : une pluie fracassante, sonnante et trébuchante comme de l'argent. Le décor d'apparence sobre, situe l'action : la plage de la côte est des Etats-Unis, le bleu de l'océan. Les tâches rouges du sol nous disent l'Annonciation de la tragédie. Le motif de la pluie sera renouvelé à la fin de la pièce : une pluie de dollars consumés en cendres brûlantes.
Quel échange a donc eu lieu entre ces deux pluies massives ?
4 personnages
– 2 couples d'âge différent.
- un couple jeune : Louis Laine et Marthe Louis : magnifiquement interprété par Marc Zinga, a cette innocence brutale et immature de celui qui veut vivre sa vie « ma vie est à moi » mais reste inconstant. C'est un pur-sang. Il a déjà quitté Marthe dans sa tête lorsqu'à la question de celle-ci « est-ce-que tu m'aimes ? », il répond « cela me regarde ». L'argent est déjà au centre de ses préoccupations car il n'y a plus d'argent dans le couple « déjà ! ».
Marthe : la « douce-amère », enfermée dans sa morale chrétienne, se tient droite grâce à ses convictions inébranlables. Elle est sûre de ses valeurs, du don qu'elle a à être une femme : servir. Louise Chaillotte, dans ce rôle, a su faire passer avec brio, le lyrisme poétique des vers claudéliens.
- un couple âgé : Thomas Pollock Nageoire et Lechy. Thomas PN est un homme qui fait de l'argent : « dans la vertu de l'argent, on peut tout avoir, tout a un prix ». Riche, il peut déclarer « Je suis tout (...), je suis (...) comptant » L'interprétation de Robin Renucci permet de faire la dé "monstr" ation du cynisme attendu du personnage. A la question « comment s'appelle sa fille ? », il répondra « Laura, je crois » ...
Cette interprétation clinique, blanche, permet aussi de blanchir les travers de la possession, en préférant la circulation de l'argent à la thésaurisation.
Lechy, l'actrice, celle qui joue à être toutes les femmes jusqu'à en perdre la raison. Machiavélique, elle est aussi celle qui, insidieusement, s'opposera à Marthe, puis à Thomas PN, sorte de Méfistofélès au féminin. L'expérience théâtrale de Francine Bergé (quelle actrice!) enrichit dans son essence même, le souffle de la versification claudienne, jusqu'à décoiffer le spectateur lors du drame final !
Cet échange/échangisme, où les acteurs se dépensent sans compter, présente des moments forts comme par exemple :
- la superbe danse macabre de Louis Lane en transe avec Lechy,
- Marthe en servante prosternée, ventre à terre, Marthe réclamant justice,
- Lechy implorant Louis de l'aimer, au rythme des battements de coeur du tambour,
- Louis s'enivrant de son propre souffle
- la réplique de Thomas PN « est-ce-que toute chose vaut son prix ? »
- « Jamais ! ».
Et un final à vous couper le souffle : Marthe à Thomas PN au sujet du corps de Louis « aidez-moi à le rapporter dans la maison », comme si ce corps était devenu le poids mort signifiant la fin d'une maison de rapports. Pour conclure, dans cette mise en scène, les frottements des échanges verbaux et physiques qui s'intensifient au fur et à mesure dans la violence, et dont la résolution passe par un marché pousse au crime, confinent à l'exaltation d'une esthétique théâtrale : une œuvre d'art.
A consommer sans modération.
Quel échange a donc eu lieu entre ces deux pluies massives ?
4 personnages
– 2 couples d'âge différent.
- un couple jeune : Louis Laine et Marthe Louis : magnifiquement interprété par Marc Zinga, a cette innocence brutale et immature de celui qui veut vivre sa vie « ma vie est à moi » mais reste inconstant. C'est un pur-sang. Il a déjà quitté Marthe dans sa tête lorsqu'à la question de celle-ci « est-ce-que tu m'aimes ? », il répond « cela me regarde ». L'argent est déjà au centre de ses préoccupations car il n'y a plus d'argent dans le couple « déjà ! ».
Marthe : la « douce-amère », enfermée dans sa morale chrétienne, se tient droite grâce à ses convictions inébranlables. Elle est sûre de ses valeurs, du don qu'elle a à être une femme : servir. Louise Chaillotte, dans ce rôle, a su faire passer avec brio, le lyrisme poétique des vers claudéliens.
- un couple âgé : Thomas Pollock Nageoire et Lechy. Thomas PN est un homme qui fait de l'argent : « dans la vertu de l'argent, on peut tout avoir, tout a un prix ». Riche, il peut déclarer « Je suis tout (...), je suis (...) comptant » L'interprétation de Robin Renucci permet de faire la dé "monstr" ation du cynisme attendu du personnage. A la question « comment s'appelle sa fille ? », il répondra « Laura, je crois » ...
Cette interprétation clinique, blanche, permet aussi de blanchir les travers de la possession, en préférant la circulation de l'argent à la thésaurisation.
Lechy, l'actrice, celle qui joue à être toutes les femmes jusqu'à en perdre la raison. Machiavélique, elle est aussi celle qui, insidieusement, s'opposera à Marthe, puis à Thomas PN, sorte de Méfistofélès au féminin. L'expérience théâtrale de Francine Bergé (quelle actrice!) enrichit dans son essence même, le souffle de la versification claudienne, jusqu'à décoiffer le spectateur lors du drame final !
Cet échange/échangisme, où les acteurs se dépensent sans compter, présente des moments forts comme par exemple :
- la superbe danse macabre de Louis Lane en transe avec Lechy,
- Marthe en servante prosternée, ventre à terre, Marthe réclamant justice,
- Lechy implorant Louis de l'aimer, au rythme des battements de coeur du tambour,
- Louis s'enivrant de son propre souffle
- la réplique de Thomas PN « est-ce-que toute chose vaut son prix ? »
- « Jamais ! ».
Et un final à vous couper le souffle : Marthe à Thomas PN au sujet du corps de Louis « aidez-moi à le rapporter dans la maison », comme si ce corps était devenu le poids mort signifiant la fin d'une maison de rapports. Pour conclure, dans cette mise en scène, les frottements des échanges verbaux et physiques qui s'intensifient au fur et à mesure dans la violence, et dont la résolution passe par un marché pousse au crime, confinent à l'exaltation d'une esthétique théâtrale : une œuvre d'art.
A consommer sans modération.
7/10
Pièce vue le 17 octobre 2018 Si vous ne connaissez pas encore ce texte de Jean Cocteau, courez au TNP de Villeurbanne et vous aurez l'opportunité de voir cette pièce 2 fois, une première fois dans sa version théâtrale et une seconde fois dans sa version chantée de Francis Poulenc.
La confrontation des ces deux versions est intéressante. Le théâtre est un art extensible : dans le désarroi de cette femme abandonnée par l'homme, l'humour peut même s'immiscer. Ce qui n'est pas le cas dans la version chantée, plus codifiée, plus tragique. Toutes ces Voix Humaines sonnent comme une Comédie Humaine : elles sonnent faux. - l'empathie "supposée" de l'homme au bout du fil, "tu es bon" à l'égard de celle qu'il délaisse et qu'il avait l'habitude de nommer "vilaine petite gueule" ... - l'auto-culpabilité de la femme qui renvoie à l'homme l'image que la société attend d'elle "j'ai voulu être folle". Une sorte de norme sociale.
Et ce téléphone, comme une arme en plastique, un gadget, un jouet, un faux-semblant pour manipuler la dépendance "il me redemande". Dépendance réelle ? rêvée ? ou socialisée ? Mise en scène originale et subtile, sans excès.
La confrontation des ces deux versions est intéressante. Le théâtre est un art extensible : dans le désarroi de cette femme abandonnée par l'homme, l'humour peut même s'immiscer. Ce qui n'est pas le cas dans la version chantée, plus codifiée, plus tragique. Toutes ces Voix Humaines sonnent comme une Comédie Humaine : elles sonnent faux. - l'empathie "supposée" de l'homme au bout du fil, "tu es bon" à l'égard de celle qu'il délaisse et qu'il avait l'habitude de nommer "vilaine petite gueule" ... - l'auto-culpabilité de la femme qui renvoie à l'homme l'image que la société attend d'elle "j'ai voulu être folle". Une sorte de norme sociale.
Et ce téléphone, comme une arme en plastique, un gadget, un jouet, un faux-semblant pour manipuler la dépendance "il me redemande". Dépendance réelle ? rêvée ? ou socialisée ? Mise en scène originale et subtile, sans excès.
6,5/10
Pièce vue le 10 octobre 2018 au TNP à Villeurbanne.
J'attendais beaucoup de cette pièce, de l'acteur, de la mise en scène. Je suis le travail de Jérôme Kircher depuis une trentaine d'années et malheureusement cette fois-ci j'ai été déçue .
J'ai trouvé qu'il était difficile pour l'acteur de tenir l'épreuve du monologue dans une tonalité minimaliste. Jérôme Kircher représente pour moi un acteur de chair; j'ai du mal à le voir comme un fantôme ...
L'effet du micro, suivi de sa coupure comme une rupture pour finir par un filet de voix comme un dernier souffle, est intéressant intellectuellement mais ne m'a pas convaincue.
L'écoute (difficile) du texte m'a permis de me demander quelle était la part de responsabilité de Stefan Zweig en tant qu'intellectuel, face aux montées des fascismes.
J'attendais beaucoup de cette pièce, de l'acteur, de la mise en scène. Je suis le travail de Jérôme Kircher depuis une trentaine d'années et malheureusement cette fois-ci j'ai été déçue .
J'ai trouvé qu'il était difficile pour l'acteur de tenir l'épreuve du monologue dans une tonalité minimaliste. Jérôme Kircher représente pour moi un acteur de chair; j'ai du mal à le voir comme un fantôme ...
L'effet du micro, suivi de sa coupure comme une rupture pour finir par un filet de voix comme un dernier souffle, est intéressant intellectuellement mais ne m'a pas convaincue.
L'écoute (difficile) du texte m'a permis de me demander quelle était la part de responsabilité de Stefan Zweig en tant qu'intellectuel, face aux montées des fascismes.