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Mordue de Théâtre
Mordue de Théâtre
Théâtrholic
27 ans
55 espions
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"Dans le grand ordre des choses, le spectacle le plus médiocre a sans doute plus de valeur que notre critique qui le dénonce comme tel."
Son blog : http://mordue-de-theatre.com/
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Ses critiques

205 critiques
Un Amour exemplaire

Un Amour exemplaire

7,5/10
22
J’étais plutôt enthousiaste lorsque le spectacle a été présenté en juin, sur la scène du Théâtre du Rond-Point. Adapter sur scène une bande-dessinée, c’est un pari qu’avait déjà mené avec brio Maïa Sandoz en montant Zaï Zaï Zaï Zaï avec Paul Moulin, mais l’adaptation était alors purement théâtrale. Ici, on garde un pied dans le dessin, puisque le dispositif inclue la dessinatrice sur scène : en effet, Florence Cestac accompagne l’histoire en dessinant sur des planches projetées en fond de scène. Je n’avais encore jamais vu ça, et ça me plaisait bien.

Un amour exemplaire, c’est l’histoire de Jean et Germaine, un couple que Daniel Pennac a réellement connu et, semble-t-il, un peu accompagné entre ses 8 et ses 23 ans. Un couple comme il en existe peu, vivant presque hors du monde, se fichant des conventions sociales, vivant d’amour, d’eau fraîche et de littérature dans une petite maison reculée. Un couple fascinant, pour le petit Daniel d’alors mais également pour le spectateur, qui aurait sans doute beaucoup à apprendre d’eux.

Les premières minutes m’emballent : le dessin accompagne bien la narration initiale de Daniel Pennac. Mais je ne m’attendais pas à ce que cela dure autant. Si cela fonctionne en guise d’introduction, le dispositif atteint vite ses limites : les dessins de Florence Cestac ralentissent le spectacle. Il faut trouver à meubler. Alors la musique comble ces longs moments. Et puis on « triche » : les planches sont déjà préparées, le dessin n’est plus en live. Évidemment, j’en viens à me poser la question : dans ce cas, la présence de Florence Cestac sur scène est-elle essentielle ? Et le dispositif en lui-même, qu’apporte-t-il, si ce n’est de rappeler que l’oeuvre est adaptée d’une bande-dessinée ?

D’autres interrogations accompagnent ces premiers éclats : pourquoi Daniel Pennac ne lit-il pas son histoire, tout simplement ? Autour de lui, les deux comédiens sont des pantins qui n’ont pas grand chose à jouer – c’est dommage, quand on a demandé à Laurent Natrella de participer ! – et qui sont réduits à utiliser le théâtre dans le théâtre pour augmenter leur partition. C’est dommage. L’histoire peine à avancer, je m’ennuie un peu. Je regarde ma montre ; je sais que le spectacle n’est pas très long, ça me rassure.

Et puis, je ne sais pas, quelque chose prend. Le côté charmant de la chose reprend le dessus. C’est un spectacle qui, à l’image de son histoire, prend son temps. Et ce serait mentir de dire qu’on ne prend pas plaisir à écouter les histoires de Daniel Pennac. Il a l’art de conter, et les personnages qui peu à peu prennent vie sur scène dégagent un bonheur communicatif. Ils ont l’air de planner, moi aussi. L’annonce de leur mort n’a rien de triste. Le temps du spectacle, j’essaie de partager leur vision altruiste de la vie et de l’amour. Je ne sais pas ce qu’il m’en restera, mais tant que je suis ici, avec eux, j’essaie de me débarrasser de mes questions et de profiter de leur compagnie. Finalement, on est bien, ici.

Simple et beau. Parfois un peu lent. Un peu comme la vie.
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Les crapauds fous

Les crapauds fous

7,5/10
28
Les crapauds fous, c’est le surnom qu’on donne à cette infime portion de batraciens qui nagent à contre courant, ceux qui ne suivent pas la masse des crapauds migrants dans une seule direction. En général, les crapauds fous survivent plus longtemps. L’histoire qu’on nous raconte est celle de deux crapauds fous… humains. Deux personnes qui nagent aussi à contre-courant et qui proposent de nouvelles solutions quand tout semblait perdu. Deux médecins qui ont poursuivi une idée, intelligente et dangereuse, dans le but de sauver un village de Pologne menacé par l’occupation allemande. Ingénieux, et passionnant.

Lorsqu’on entre dans la salle, deux comédiens sont déjà sur scène et chantent pour mettre l’ambiance : après tout, on est dans un bar de New-York ! J’ai eu du mal à adhérer au processus de narration au début : on suit en réalité la petite-fille d’un des médecins-héros venue se renseigner sur l’histoire de son grand-père auprès de son ami, l’autre médecin-héros, habitant à New-York. Et puis on se surprend à prendre la place de la jeune femme et à écouter l’histoire avec attention. Parce que j’ai toujours aimé qu’on me raconte des histoires, et qu’on me les raconte bien, ce spectacle était fait pour moi…

On pense évidemment à Alexis Michalik. Parce qu’on nous raconte une histoire, parce que les changements se font rapidement, à vue, sur scène, parce que le but est au divertissement. Et c’est chouette de retrouver cette ambiance-là. La mise en scène de Mélody Mourey est énergique et ne laisse aucune place à l’hésitation. Elle mêle avec brio narration, musique, et danse à un rythme endiablé, sans que jamais aucune forme n’en cannibalise une autre. Les effets visuels comme sonores sont parfois très poussés mais forment un spectacle très cohérent qui va à 100 à l’heure. Et je découvre en Charlie Fargialla un comédien captivant, dont le regard trahi une belle intériorisation du personnage.

Voilà donc un spectacle vivifiant. Une histoire feel good qui nous rappelle qu’il y a toujours quelque part un village peuplé d’irréductibles gaulois qui résistent, encore et toujours, à l’envahisseur. Un spectacle qui nous donne les larmes aux yeux, et nous met du baume au coeur. Ce genre de spectacle qui vous remonte le moral un soir de pluie, vous fait oublier tous les soucis du quotidien et les rendus à finir pour le lendemain, et vous donne envie, à la sortie, de faire le bien autour de vous. Un spectacle qui vous rend niais, mais qui fait quand même du bien. Parce que c’est chouette de voir des gens heureux.

Et eux, nous rendent heureux.
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Hard

Hard

8,5/10
22
Chaque année, je suis bluffée par le fait que Nicolas Briançon arrive, encore, à me surprendre. Surprise d’abord parce qu’en revenant cette saison avec Hard, le metteur en scène que je suis depuis plus de 7 ans maintenant parvient à renvoyer la balle loin de là où il l’avait laissée avec Faisons un rêve l’année dernière à la Madeleine. Il tape fort, il tape juste : en réalité, il tape même en plein dedans. Mon esprit prude craignait un humour lourdingue qui m’aurait laissée de côté. C’est mal connaître Nicolas Briançon : il ne laisse jamais son public de côté.

Hard est adaptée de la série du même nom présentée sur Canal + entre 2008 et 2015. Et pour ceux qui, comme moi, l’auraient manquée, en voici un court résumé : à la mort de son mari Alexandre, Sophie découvre qu’il n’était pas transporteur comme il le prétendait, mais patron d’une société de films pornographiques nommée Soph’X. Elle se retrouve alors à la tête de l’entreprise, avec pour mission de la sortir de sa lente agonie. Difficile d’accuser le coup, surtout quand on se rend compte que sa belle-mère est lesbienne et adepte de porno, et que l’acteur principal de la boîte surnommé Roy Lapoutre tombe soudainement amoureux de vous !

Que ce soit le titre de cette critrique ou celui du spectacle, le ton en est donné. Vous n’aurez plus l’excuse de ne pas savoir ce que vous alliez voir ni l’opportunité d’accuser une langue trop crue venue vous chatouiller votre oreille chaste. L’humour est gras et facile, ne nous le cachons pas, les expressions sont sans filtre, les jeux de mots lubriques s’enchaînent, et on rit. Mais on rit sans vulgarité, car dans ce spectacle rien n’est gratuit. C’est étrange de se dire que parmi les spectacles que j’ai vus récemment, Hard est l’un des seuls où je n’ai pas vu d’organe génital à l’air libre. On en parle, on en rigole, mais on ne montre rien.

Enfin, rien… Il faut reconnaître que François Vincentelli et Charlie Dupont passent une bonne partie du spectacle en sous-vêtements – ce qui n’est pas pour nous déplaire. Mais si l’atout-charme est important, il l’est moins que l’atout qualité, et le jeu des comédiens est sans faille dans ce spectacle. Le mot d’ordre semble avoir été la caricature : en tout cas, chaque comédien a forcé sur certains traits de la personnalité de son personnage. Mais c’est un comique qui fonctionne bien, et on a plaisir à les retrouver tout au long du spectacle : en se donnant pareillement pour chaque personnage, les comédiens sont à mourir de rire. Bravo donc à Charlie Dupont d’avoir ainsi maintenu seul la salle en haleine pendant un changement de décor, à François Vincentelli d’osciller avec finesse entre beaufitude et idéal masculin, à Stephan Wojtowicz pour cette mollesse désopilante !

Étrangement, la ligne directrice semble avoir été différente chez les comédiennes qui, ce soir-là, m’ont un peu moins convaincue. C’est un plaisir de retrouver Nicole Croisille sur scène et je dois dire que certaines de ses punchlines étaient très bien envoyées, mais il m’a semblé que d’autres manquaient encore d’aplomb. Une question de rythme, peut-être, mais quelques répliques ne m’ont décroché qu’un sourire alors que, mieux amenées, ou mieux répondues peut-être, elles auraient pu être hilarantes. A ses côtés, si Isabelle Vitari convainc en meilleure amie influente et ambigüe, Claire Borotra peine un peu plus avec le rôle de Sophie, clairement le plus ingrat du spectacle. On l’aurait souhaitée plus drôle.

Si ces situations rocambolesques et ces personnages caricaturaux fonctionnent, c’est principalement grâce à la main de Nicolas Briançon. Comme toujours, sa mise en scène intelligente et énergique permet à un texte qui – à mon avis – ne se suffirait pas à lui-même, de rendre l’essentiel de son essence comique et d’emmener le spectateur dans cette histoire délirante. On se surprend à rire de blagues toujours croissantes sur l’échelle de la grivoiserie, mais qu’est-ce que c’est bon ! Et, mine de rien, on entend également quelque chose sur ce milieu particulier, sur la considération d’un métier tel qu’acteur de film pornographique, sur le plaisir féminin ou encore sur la sexualité des personnes âgées. Je ne parle pas d’une ambition philosophique profonde, simplement d’un texte qui rentre, et qui, à travers le rire, donne quand même à réfléchir.

Un spectacle décidément bien monté !
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La convivialité

La convivialité

7/10
9
La découverte de ce spectacle vient d’un hasard total : c’est en discutant écriture inclusive avec Julia Passot, qui travaille au Théâtre du Rond-Point, qu’elle me parle de ce spectacle présenté il y a quelques années au Festival OFF et qui revient sur les critiques faites aux règles de français aujourd’hui. Moi qui défends cette langue et lutte contre les nouvelles lubies simplificatrices ou inclusives de notre temps, me voilà intriguée. Et même si je doute qu’on parvienne à me convaincre sur le sujet, j’aimerais quand même entendre ce que ces deux jeunes belges ont à nous dire.

Pourquoi le français comporte-t-il toutes ces exceptions ? Pourquoi continuons-nous à souffrir des ces choux, hiboux, cailloux et genoux alors que les gnous suivent la règle d’accord ? D’où vient cette contrainte étrange qui transforma les cheveus en cheveux ? Avez-vous remarqué comme le français accumule les marques de pluriel comparé aux autres langues ? Avez-vous remarqué qu’en français, le son [s] peut s’écrire de 13 façons différentes ? Avez-vous compris les règles, les avez-vous intégrées, ou vous embêtent-elles au quotidien ? Le spectacle soulève les incohérences, les exceptions, les difficultés imposées par les règles d’écriture du français, et cherche quasiment à les décrédibiliser.

Tout commence par une dictée. C’est bien, j’ai toujours adoré ça. Je suis très confiante ; j’apprendrai par la suite que j’ai fait une faute. Tant mieux, le spectacle m’aura au moins appris que le mot baratin ne prend qu’un « r ». Pour le reste, je ne sais pas ce que j’y apprends. Ou plutôt non : je ne sais pas ce que ça va changer. Les deux compères font une démonstration quasi-mathématiques pour prouver que les règles d’aujourd’hui ne sont pas ou plus pertinentes, qu’elles relèvent d’erreurs du passé, qu’elles ne sont pas tellement liées à l’histoire de la langue.

Alors oui, c’est vrai, j’entends. Et je vois, car ce spectacle-conférence sait utiliser des outils pour convaincre : lorsqu’on propose de nouvelles orthographes aux spectateurs, un algorithme enregistre en temps réel les réponses pour donner le pourcentage de validation et de refus de la salle. Un autre algorithme trouvera 240 façons d’écrire un mot inventé par les comédiens. Un autre enfin proposera une orthographe aléatoire à l’écoute d’un son. Mais tout cela est totalement extrême, et je me situe à l’autre extrémité. Réfractaire à ce changement, me voilà à me bloquer complètement.

Plusieurs choses m’ont gênée dans ce spectacle. D’abord, il manque un contradicteur, car si les arguments présentés sont pour la plupart recevables, ceux de l’autre bord, le mien, le seraient tout autant. Et puis, certaines affirmations me semblent exagérées – on est parfois pas si loin du point Godwin. Ensuite, il y avait des scolaires dans la salle ce soir-là. Je trouve ça très chouette d’emmener des scolaires voir ce genre de spectacle. Mais devant leurs réactions, je ne peux m’empêcher de constater que, pour eux, simplifier l’orthographe ne vient que satisfaire leur flemme d’apprendre. Je ne peux m’empêcher d’y voir un certain nivellement par le bas : on prend le niveau actuel des élèves, on se rend compte qu’ils n’arrivent plus à intégrer certaines règles, alors on les supprime. Et j’ai mal.
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L'Heureux Stratagème

L'Heureux Stratagème

7,5/10
43
De Emmanuel Daumas, je n’ai vu que sa mise en scène de Candide, il y a quelques années, au Studio-Théâtre. J’étais conquise, mais la distribution y était pour beaucoup. Là, j’étais déjà plus inquiète. Dans la distribution ne figuraient pas mon top Comédiens-Français, au contraire. Je suis arrivée un peu en traînant des pieds, ce dimanche où mon temps de divertissement était compté tant le travail pleuvait. Mais je n’ai pas boudé mon plaisir. Voilà un spectacle qui s’écoute avec un certain ravissement.

La Comtesse aimait Dorante, mais Le Chevalier est passé et a séduit la Comtesse qui se met à délaisser son premier amant. Elle est persuadée de ne l’aimer plus – d’autant plus persuadée d’ailleurs que lui l’aime de tout son coeur. C’est plus facile de n’aimer plus lorsqu’en face on aime toujours plus et on jure un amour éternel. La Marquise, qui s’est vue délaissée par Le Chevalier, a bien compris cela, et propose à Dorante de se jouer d’eux pour reconquérir leurs coeurs : en feignant un amour naissant puis un mariage à venir, Dorante et La Marquise feront renaître la flamme dans le coeur de leurs amants respectifs. Car chez Marivaux, amour et jalousie ne sont jamais très loin…

Que je l’aime, mon Marivaux. J’étais un peu en froid avec lui depuis la découverte de son Petit-maître corrigé, vu à la Salle Richelieu il y a quelques années, et c’est ce souvenir qui m’a fait entrer à reculons au Vieux-Colombier. J’avais tort, je le confesse. Retrouver cette langue a ravi mon oreille. Tant de finesse, tant de subtilité, tant de clairvoyance dans les rapports amoureux et la complexité du coeur féminin… Je suis ravie de découvrir ce texte, mais aussi ravie de l’avoir entendu de pareille manière.

Elle est dure, cette pièce, pour les femmes. Claire de la Rüe du Can est une Comtesse délicate, un peu perdue, mais surtout très touchante. On lit parfaitement dans ses yeux le désarroi d’avoir perdu son Dorante, et sa peine m’a fait l’effet d’une gifle. Je me suis reconnue en elle, il y a quelques années. Et quand le poids de sa faute s’est pleinement révélée à elle, sa soudaine impuissance m’a donné des frissons. Julie Sicard campe une Marquise plus lucide sur la situation, et manipule ce petit monde avec finesse et, parfois, un petit ton narquois qui lui va très bien – ce qui ne m’a pas empêché de voir en elle une femme profondément blessée.

Une blessure qui se retrouve aussi dans le jeu de Jennifer Decker, moins mature que le personnage de La Marquise, plus naïve, plus enfantine. Touchante quand elle perd ses moyens, Jennifer Decker poursuit sa conquête improbable de mon coeur. Depuis plusieurs spectacles déjà, me voilà à l’attendre lorsqu’elle sort de scène, à ne voir qu’elle lorsqu’elle est sur le plateau. C’est une découverte – une redécouverte plutôt, puisque j’ai l’impression d’avoir devant moi une comédienne nouvelle. J’ai hâte de la revoir.

Et puis, quel talent de pouvoir ainsi dominer les penchants cabotins de Loïc Corbery ! Lui qui tend à retrouver ses vieux démons dans les scènes de valet, le voilà transformé lorsqu’il joue en duo avec Jennifer Decker. Quelque chose passe, entre eux, et c’est vraiment beau. De son côté, Jérôme Pouly a quelque chose de déchirant. Son amour pour La Comtesse est comme une évidence et on se surprend à en vouloir à La Marquise qui le malmène et l’oblige à porter la supercherie jusqu’au bout. Laurent Lafitte est le contrepoint comique de la pièce, et cela fonctionne si bien qu’on lui pardonnera un accent marseillais venu remplacer de manière totalement impromptue ses origines gasconnes. Les accents ne semblent d’ailleurs pas le fort de la direction d’acteur car j’ai trouvé celui de Nicolas Lormeau peu convaincant – mais rattrapé par une composition bien plus pertinente. C’est sur la proposition d’Eric Génovèse que j’ai plus de réserves, car si le comédien est toujours aussi délicieux, l’ambivalence de son Frontin m’a gênée : ce valet mène-t-il la danse ou n’est-il lui aussi qu’un pion dans ce grand jeu ? Ce n’est pas clair.

Voilà. Tout pourrait s’arrêter là, et tout serait bien merveilleux dans le meilleur des mondes possibles. Alors pourquoi Emmanuel Daumas a-t-il ainsi gâché son spectacle ? Rien de trop grave finalement, car la forme ne pèse pas trop sur le fond, mais la question se pose quand même. Pourquoi le directeur d’acteur si fin a-t-il laissé le metteur en scène en roue libre ? Pourquoi ce décor si laid fait de bâches et de coups de peinture (et on passera sur les costumes) ? Pourquoi ces intermèdes musicaux entre les scènes, qui ne font que ralentir un rythme pourtant bien introduit ? Pourquoi utiliser ici un dispositif bifrontal, si ce n’est pour simplifier les entrées et sorties des comédiens ? Pourquoi ces lumières si disgracieuses, pourquoi ces soudains bruitages venant interrompre un texte qu’on entendait si bien ?

J’ai comme l’impression qu’Emmanuel Daumas a eu peur de l’étiquette classique. Ce que j’ai vu ce soir, c’est une mise en scène fondamentalement classique, dans sa manière de faire entendre le texte, de gérer les déplacements, d’utiliser les symétries. J’ai eu l’impression qu’il cherchait à se faire violence pour proposer une scénographie volontairement disruptive, mais ne parvenait qu’à créer une incohérence entre sa direction d’acteur et ce qui l’entourait. Malgré tous ses efforts, son travail reste grandement conventionnel – et ce n’est pas un problème car pas à un instant on ne s’ennuie ! Mais cela reste dommage de s’être perdu dans des détails totalement contre-productifs.
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