Ses critiques
205 critiques
9/10
Je ne sais combien de fois j’ai entendu le haut de l’arbre généalogique vanter Barbey d’Aurevilly. En bonne progéniture qui se respecte, je me suis évidemment positionnée contre le conseil parental (mais j’ai lu d’autres choses, ne vous inquiétez pas). Il n’empêche que, quelque part, le harcèlement a fonctionné, la curiosité est là, et bientôt mon inculture sera comblée !
Alors, qu’est-ce qu’elles racontent, ces fameuses Diaboliques tant redoutées ? Ce sont des nouvelles qui s’écoutent comme de véritables petits contes en réalité, avec ce plaisir enfantin de découvrir l’histoire qui se joue devant nous. Plaisir d’autant plus grand peut-être par les sujets sulfureux qu’elles abordent, aussi scandaleux que savoureux, puisqu’on y croise l’amour, l’adultère, le meurtre, la vengeance ou encore la rancune. Ces Diaboliques ont quelque chose d’immoral. De délicieusement immoral. Pas si barbant, le Barbey !
Je me disais un peu que si Les Diaboliques ne m’avaient pas par le théâtre, alors j’étais perdue pour cette cause. Coup de chance – ou de talent – elles m’ont eues. Et bien eues. Genre positionnées en haut de la pile-à-lire dès la sortie du spectacle. Il faut dire que l’adaptation était pertinente. La langue de Barbey d’Aurevilly fonctionne très bien en bouche, et le format du texte, avec ces conteurs et ces personnages comme deux strates du récit, a en lui-même quelque chose d’éminemment théâtral.
Pas étonnant de retrouver Nicolas Briançon aux manettes de pareil texte. Les Diaboliques parlent des tréfonds de l’âme humaine, de passions portée à un niveau d’incandescence invraisemblable. Il y a bien quelque chose de sombre, dans ce texte, mais qui touche à un sublime noir.
Sombre, mais jamais triste. Cette noirceur teintée de touches de couleurs, Nicolas Briançon la rend superbement sur scène. C’est cru, mais jubilatoire. Excessif. Frénétique. Outrancier. Complètement vivant. Il faut dire qu’il s’est entouré d’une belle équipe. Cette narration qui passe de bouche en bouche – les trois comédiens ont d’ailleurs de magnifiques coffres de conteur – est parfaitement maîtrisée, fluide, équilibrée, maintenant un rythme toujours palpitant. Sur le plateau, ils ont quelque chose de très complémentaire.
Comme si, à eux quatre, ils portaient, avec légèreté, toute l’immoralité des hommes.
Alors, qu’est-ce qu’elles racontent, ces fameuses Diaboliques tant redoutées ? Ce sont des nouvelles qui s’écoutent comme de véritables petits contes en réalité, avec ce plaisir enfantin de découvrir l’histoire qui se joue devant nous. Plaisir d’autant plus grand peut-être par les sujets sulfureux qu’elles abordent, aussi scandaleux que savoureux, puisqu’on y croise l’amour, l’adultère, le meurtre, la vengeance ou encore la rancune. Ces Diaboliques ont quelque chose d’immoral. De délicieusement immoral. Pas si barbant, le Barbey !
Je me disais un peu que si Les Diaboliques ne m’avaient pas par le théâtre, alors j’étais perdue pour cette cause. Coup de chance – ou de talent – elles m’ont eues. Et bien eues. Genre positionnées en haut de la pile-à-lire dès la sortie du spectacle. Il faut dire que l’adaptation était pertinente. La langue de Barbey d’Aurevilly fonctionne très bien en bouche, et le format du texte, avec ces conteurs et ces personnages comme deux strates du récit, a en lui-même quelque chose d’éminemment théâtral.
Pas étonnant de retrouver Nicolas Briançon aux manettes de pareil texte. Les Diaboliques parlent des tréfonds de l’âme humaine, de passions portée à un niveau d’incandescence invraisemblable. Il y a bien quelque chose de sombre, dans ce texte, mais qui touche à un sublime noir.
Sombre, mais jamais triste. Cette noirceur teintée de touches de couleurs, Nicolas Briançon la rend superbement sur scène. C’est cru, mais jubilatoire. Excessif. Frénétique. Outrancier. Complètement vivant. Il faut dire qu’il s’est entouré d’une belle équipe. Cette narration qui passe de bouche en bouche – les trois comédiens ont d’ailleurs de magnifiques coffres de conteur – est parfaitement maîtrisée, fluide, équilibrée, maintenant un rythme toujours palpitant. Sur le plateau, ils ont quelque chose de très complémentaire.
Comme si, à eux quatre, ils portaient, avec légèreté, toute l’immoralité des hommes.
6/10
La raison pour laquelle je voulais voir ce Comble de la vanité tient en deux mots : Virginie Pradal.
On ne présente plus cette comédienne géniale à la carrière prolifique, passée par la Comédie-Française et… se faisant de plus en plus rare sur les planches ces dernières années. Ce qui est rare étant précieux, je ne voulais pas rater cette nouvelle apparition, d’autant que je fais en général plutôt confiance à la programmation de la Pépinière – il suffit d’ailleurs d’être dans le hall du théâtre entouré de toutes les affiches des dernières années pour se demander où on était à ce moment là. Bref, Virginie Pradal, me voilà !
L’affiche était plutôt éloquente, mais pour vous situer, on atterrit au milieu d’une famille dont le patriarche vient de passer l’arme à gauche. Il a laissé un testament que ses enfants découvrent par hasard et qui répartit ses biens entre quatre personnes : les trois enfants, et un de leurs camarades de classe qu’ils ont complètement perdu de vue. La question est : pourquoi cet ami d’enfance se retrouve-t-il sur le testament de leur père ? Ils ne peuvent hélas plus lui demander, mais peut-être que leur mère en sait quelque chose…
Bon, alors, voilà. Ce n’est sûrement pas le spectacle de ma vie. L’histoire est assez attendue, la mise en scène fonctionne, mais sans éclat, les personnages sont dessinés trop grossièrement, on retrouve toujours les mêmes archétypes qui manquent de relief (le gros macho, la vieille fille…), et qui sont interprétés de manière un peu trop caricaturales par des comédiens qui semblent manquer d’indication et de feuille de route.
Je me doutais que ce ne serait pas le spectacle de l’année – j’ai presque envie de dire que ce n’est pas le contrat : Valérie Fayolle est journaliste et signe ici sa première pièce de théâtre, Ludivine de Chastenet est davantage comédienne que metteuse en scène. Je le savais. Je connaissais les règles. Et c’était ok. Car, si on se souvient bien, moi, je venais pour Virginie Pradal.
Et Virginie Pradal m’a complètement régalée. Elle est juste divine : son sens du rythme, ses yeux qui pétillent, cette espèce d’insouciance enfantine dans son sourire malin, tout cela me comble de bonheur. Elle est tout l’opposé de cette pièce, finalement assez prévisible, puisque chaque mot qui sort de sa bouche est une surprise. Elle est le bonbon de ce spectacle. Elle est la pièce maîtresse qui fait que, finalement, ça fonctionne.
Et oui, ça fonctionne. Ça fonctionne car les bases sont les bonnes : c’est un texte de théâtre, avec des défauts, mais avec un enjeu malgré tout. Le côté policier est bien ficelé et permet de maintenir l’intérêt du spectateur jusqu’à la révélation finale ; l’aspect macabre de la pièce, qu’on voit rarement monté ainsi au théâtre, fait aussi la différence. Et elle, au milieu de tout ça, apporte une telle fraîcheur sur scène qu’elle efface les défauts trop visibles du spectacle et permet de faire ressortir le meilleur. Et le théâtre, quand c’est comme ça, avec cet Ulysse venu sauver ses compagnons, c’est beau aussi. Ça fait croire aux miracles.
On ne présente plus cette comédienne géniale à la carrière prolifique, passée par la Comédie-Française et… se faisant de plus en plus rare sur les planches ces dernières années. Ce qui est rare étant précieux, je ne voulais pas rater cette nouvelle apparition, d’autant que je fais en général plutôt confiance à la programmation de la Pépinière – il suffit d’ailleurs d’être dans le hall du théâtre entouré de toutes les affiches des dernières années pour se demander où on était à ce moment là. Bref, Virginie Pradal, me voilà !
L’affiche était plutôt éloquente, mais pour vous situer, on atterrit au milieu d’une famille dont le patriarche vient de passer l’arme à gauche. Il a laissé un testament que ses enfants découvrent par hasard et qui répartit ses biens entre quatre personnes : les trois enfants, et un de leurs camarades de classe qu’ils ont complètement perdu de vue. La question est : pourquoi cet ami d’enfance se retrouve-t-il sur le testament de leur père ? Ils ne peuvent hélas plus lui demander, mais peut-être que leur mère en sait quelque chose…
Bon, alors, voilà. Ce n’est sûrement pas le spectacle de ma vie. L’histoire est assez attendue, la mise en scène fonctionne, mais sans éclat, les personnages sont dessinés trop grossièrement, on retrouve toujours les mêmes archétypes qui manquent de relief (le gros macho, la vieille fille…), et qui sont interprétés de manière un peu trop caricaturales par des comédiens qui semblent manquer d’indication et de feuille de route.
Je me doutais que ce ne serait pas le spectacle de l’année – j’ai presque envie de dire que ce n’est pas le contrat : Valérie Fayolle est journaliste et signe ici sa première pièce de théâtre, Ludivine de Chastenet est davantage comédienne que metteuse en scène. Je le savais. Je connaissais les règles. Et c’était ok. Car, si on se souvient bien, moi, je venais pour Virginie Pradal.
Et Virginie Pradal m’a complètement régalée. Elle est juste divine : son sens du rythme, ses yeux qui pétillent, cette espèce d’insouciance enfantine dans son sourire malin, tout cela me comble de bonheur. Elle est tout l’opposé de cette pièce, finalement assez prévisible, puisque chaque mot qui sort de sa bouche est une surprise. Elle est le bonbon de ce spectacle. Elle est la pièce maîtresse qui fait que, finalement, ça fonctionne.
Et oui, ça fonctionne. Ça fonctionne car les bases sont les bonnes : c’est un texte de théâtre, avec des défauts, mais avec un enjeu malgré tout. Le côté policier est bien ficelé et permet de maintenir l’intérêt du spectateur jusqu’à la révélation finale ; l’aspect macabre de la pièce, qu’on voit rarement monté ainsi au théâtre, fait aussi la différence. Et elle, au milieu de tout ça, apporte une telle fraîcheur sur scène qu’elle efface les défauts trop visibles du spectacle et permet de faire ressortir le meilleur. Et le théâtre, quand c’est comme ça, avec cet Ulysse venu sauver ses compagnons, c’est beau aussi. Ça fait croire aux miracles.
7,5/10
Il y a quelques années, j’adorais le travail de Michel Fau. Chacun de ses spectacles était un choc esthétique et émotionnel dont je ressortais complètement saisie. Un amour qui ne finit pas, d’André Roussin, fut de ceux-là. J’ai été beaucoup déçue depuis par les mises en scène de Michel Fau, mais j’ai envie de croire qu’avec Lorsque l’enfant paraît, le miracle André Roussin renaîtra.
Il s’en passe des choses chez les Jacquet ! Olympe Jacquet vient d’apprendre qu’elle est enceinte. Dit comme ça, ce ne serait pas dramatique, à ceci près qu’Olympe Jacquet a dépassé l’âge où on attend généralement un heureux événement… et que son époux n’est autre que le sénateur Charles Jacquet, fervent opposant à la légalisation de l’avortement. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les époux Jacquet vont apprendre dans la foulée que leur fils attend un enfant avec la propre secrétaire de Charles – alors qu’ils ne sont évidemment pas mariés. Et ils ne sont pas au bout de leurs surprises…
Que c’est bon de retrouver le Fau d’avant ! Le Fau anticonformiste, le Fau baroque, intelligent, et fin. Le Fau qui se déguste d’un bout à l’autre du spectacle, parce que Fau est un tout. Fau ne convient pas à tous les styles, Fau a besoin d’un texte, Fau a besoin d’une atmosphère pour pouvoir se déployer et ici Fau l’a. Fau retrouve André Roussin qui lui va si bien. Fau met en scène un texte original et culotté, et c’est comme ça que j’aime Fau.
C’est bon de retrouver Fau, mais… Car il y a un mais, un petit mais, mais autant en parler tout de suite. J’ai quand même quelques réserves sur le spectacle, qui viennent principalement du texte. C’est un texte qui a des faiblesses de construction, avec deux beaux personnages qui effacent tous les autres, devenant essentiellement des faire-valoir de l’histoire, c’est un texte un peu lourd, avec une mise en place de l’histoire trop longue pour le temps réellement apprécié du spectacle en terme de répliques cinglantes et autres belle punchlines. Pour être vraiment éclatant, peut-être aurait-il fallu couper – mais comment couper quand tout est préparation de la scène suivante ?
D’autant que c’est une pièce vraiment intéressante historiquement parlant, qui aborde des sujets rares au théâtre, et complètement tabous à l’époque d’André Roussin. Certes, elle a pris quelques rides, certes, son audace s’est un peu émoussée, et pourtant, elle fonctionne. La satire de la bourgeoisie est là et elle fait toujours rire la salle. On en accepte alors peut-être plus facilement les quelques longueurs.
Et on peut se laisser aller à savourer le spectacle. Ces somptueux décors flashys dans lesquels les costumes se fondent à merveille. Ce rythme légèrement traînant avec lequel Michel Fau balance ses meilleures répliques. Cette bourgeoisie délicieusement incarnée par Catherine Frot qui se bat avec ses contradictions en mêlant avec beaucoup de doigté émotion et ridicule. Elle est assurément la reine de ce spectacle. On a d’ailleurs parfois l’impression que tout est fait pour la mettre en valeur, telle une Sarah Bernhardt des temps modernes. Même Fau semble s’effacer pour lui laisser davantage de lumière. Ce n’était pas la peine, elle la prend à merveille. Chacune de ses répliques est une leçon de théâtre.
A déguster sans modération !
Il s’en passe des choses chez les Jacquet ! Olympe Jacquet vient d’apprendre qu’elle est enceinte. Dit comme ça, ce ne serait pas dramatique, à ceci près qu’Olympe Jacquet a dépassé l’âge où on attend généralement un heureux événement… et que son époux n’est autre que le sénateur Charles Jacquet, fervent opposant à la légalisation de l’avortement. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les époux Jacquet vont apprendre dans la foulée que leur fils attend un enfant avec la propre secrétaire de Charles – alors qu’ils ne sont évidemment pas mariés. Et ils ne sont pas au bout de leurs surprises…
Que c’est bon de retrouver le Fau d’avant ! Le Fau anticonformiste, le Fau baroque, intelligent, et fin. Le Fau qui se déguste d’un bout à l’autre du spectacle, parce que Fau est un tout. Fau ne convient pas à tous les styles, Fau a besoin d’un texte, Fau a besoin d’une atmosphère pour pouvoir se déployer et ici Fau l’a. Fau retrouve André Roussin qui lui va si bien. Fau met en scène un texte original et culotté, et c’est comme ça que j’aime Fau.
C’est bon de retrouver Fau, mais… Car il y a un mais, un petit mais, mais autant en parler tout de suite. J’ai quand même quelques réserves sur le spectacle, qui viennent principalement du texte. C’est un texte qui a des faiblesses de construction, avec deux beaux personnages qui effacent tous les autres, devenant essentiellement des faire-valoir de l’histoire, c’est un texte un peu lourd, avec une mise en place de l’histoire trop longue pour le temps réellement apprécié du spectacle en terme de répliques cinglantes et autres belle punchlines. Pour être vraiment éclatant, peut-être aurait-il fallu couper – mais comment couper quand tout est préparation de la scène suivante ?
D’autant que c’est une pièce vraiment intéressante historiquement parlant, qui aborde des sujets rares au théâtre, et complètement tabous à l’époque d’André Roussin. Certes, elle a pris quelques rides, certes, son audace s’est un peu émoussée, et pourtant, elle fonctionne. La satire de la bourgeoisie est là et elle fait toujours rire la salle. On en accepte alors peut-être plus facilement les quelques longueurs.
Et on peut se laisser aller à savourer le spectacle. Ces somptueux décors flashys dans lesquels les costumes se fondent à merveille. Ce rythme légèrement traînant avec lequel Michel Fau balance ses meilleures répliques. Cette bourgeoisie délicieusement incarnée par Catherine Frot qui se bat avec ses contradictions en mêlant avec beaucoup de doigté émotion et ridicule. Elle est assurément la reine de ce spectacle. On a d’ailleurs parfois l’impression que tout est fait pour la mettre en valeur, telle une Sarah Bernhardt des temps modernes. Même Fau semble s’effacer pour lui laisser davantage de lumière. Ce n’était pas la peine, elle la prend à merveille. Chacune de ses répliques est une leçon de théâtre.
A déguster sans modération !
7,5/10
Deux sentiments un peu contraires s’affrontent au sortir de la pièce : j’ai passé un bon moment, mais j’ai quand même ressenti certaines longueurs. C’est simple, sur mes notes, j’ai écrit à la suite « Très sympathique » et « Trop long ». Pour être tout à fait honnête, connaissant déjà le travail d’une partie de la troupe, j’avais quelques attentes et c’est peut-être une certaine forme de déception qui appuie aussi cette impression de longueurs. Les sachant capables de la perfection, je laisse plus difficilement passer certaines facilités présentes dans le spectacle.
Car c’est à elles que j’impute ces longueurs, surtout présentes dans le début du spectacle. On y présente l’éducation d’Agatha Christie, sa jeunesse, les différentes affaires de famille qu’elle traverse. Ce n’est pas inintéressant en soi, mais ça n’apporte pas non plus d’éléments clés pour la suite de l’histoire si bien qu’on aurait peut-être pu passer un peu plus rapidement dessus. D’autant que tous les personnages qui entourent Agatha Christie sont comme surjoués, dans des compositions toujours caricaturales, évoquant parfois même le gag : cela donne surtout un sentiment « d’occupation » des spectateurs en attendant que l’histoire commence vraiment. C’est presque dommage, car cette maniérisation systématique des personnages est contre-productive, certaines compositions très réussies se perdant un peu dans le lot.
Ces compositions marquées sont d’autant plus visibles qu’elles entourent une Agatha Christie totalement naturelle incarnée avec brio par Camille Favre-Bulle. On connaissait surtout l’artiste à travers sa voix incroyable, on découvre à présent tout l’étendue de son talent d’actrice. Et quel talent ! Ce qui marque en premier, après son charisme fou – car cette comédienne rayonne et illumine tout le plateau par un simple sourire – c’est sa sincérité absolue. Elle émane probablement de cette espèce d’aura qu’elle dégage, et elle touche en plein coeur. Impossible alors de ne pas s’attacher à son personnage. Il faut dire aussi qu’elle porte haut les valeurs d’Agatha Christie, cette femme moderne, courageuse, et complètement libre. A la regarder, tout semble une évidence. C’est elle qui parvient à nous embarquer dans la pièce, et sa spontanéité mêlée à son énergie sont telles qu’on aimerait sauter avec elle sur le plateau.
Car on a commencé par le négatif, mais il y a beaucoup de choses qui fonctionnent complètement sur le plateau. Et encore plus à partir du moment où Agatha Christie commence à écrire, car les auteurs ont alors donné vie à ses personnages, et ce pour notre plus grand plaisir ! C’est inventif et drôle, c’est fait avec beaucoup de doigté, et ça donne de très chouettes moments de théâtre. De manière plus globale, la scénographie fonctionne beaucoup (et très bien) sur le mouvement. Elle utilise beaucoup les praticables, mais toujours à bon escient, et parvient à complètement faire exister le monde qui entoure Agatha Christie. Et c’est finalement assez fondamental, car cette incroyable vie prend toute son ampleur lorsqu’on la considère aussi à l’aune de l’Histoire : Agatha Christie a traversé presque tout le vingtième siècle, et c’est parfaitement représenté sur scène. Tout bouge, tout se renouvelle, tout avance… à la manière d’un bon roman policier.
Car c’est à elles que j’impute ces longueurs, surtout présentes dans le début du spectacle. On y présente l’éducation d’Agatha Christie, sa jeunesse, les différentes affaires de famille qu’elle traverse. Ce n’est pas inintéressant en soi, mais ça n’apporte pas non plus d’éléments clés pour la suite de l’histoire si bien qu’on aurait peut-être pu passer un peu plus rapidement dessus. D’autant que tous les personnages qui entourent Agatha Christie sont comme surjoués, dans des compositions toujours caricaturales, évoquant parfois même le gag : cela donne surtout un sentiment « d’occupation » des spectateurs en attendant que l’histoire commence vraiment. C’est presque dommage, car cette maniérisation systématique des personnages est contre-productive, certaines compositions très réussies se perdant un peu dans le lot.
Ces compositions marquées sont d’autant plus visibles qu’elles entourent une Agatha Christie totalement naturelle incarnée avec brio par Camille Favre-Bulle. On connaissait surtout l’artiste à travers sa voix incroyable, on découvre à présent tout l’étendue de son talent d’actrice. Et quel talent ! Ce qui marque en premier, après son charisme fou – car cette comédienne rayonne et illumine tout le plateau par un simple sourire – c’est sa sincérité absolue. Elle émane probablement de cette espèce d’aura qu’elle dégage, et elle touche en plein coeur. Impossible alors de ne pas s’attacher à son personnage. Il faut dire aussi qu’elle porte haut les valeurs d’Agatha Christie, cette femme moderne, courageuse, et complètement libre. A la regarder, tout semble une évidence. C’est elle qui parvient à nous embarquer dans la pièce, et sa spontanéité mêlée à son énergie sont telles qu’on aimerait sauter avec elle sur le plateau.
Car on a commencé par le négatif, mais il y a beaucoup de choses qui fonctionnent complètement sur le plateau. Et encore plus à partir du moment où Agatha Christie commence à écrire, car les auteurs ont alors donné vie à ses personnages, et ce pour notre plus grand plaisir ! C’est inventif et drôle, c’est fait avec beaucoup de doigté, et ça donne de très chouettes moments de théâtre. De manière plus globale, la scénographie fonctionne beaucoup (et très bien) sur le mouvement. Elle utilise beaucoup les praticables, mais toujours à bon escient, et parvient à complètement faire exister le monde qui entoure Agatha Christie. Et c’est finalement assez fondamental, car cette incroyable vie prend toute son ampleur lorsqu’on la considère aussi à l’aune de l’Histoire : Agatha Christie a traversé presque tout le vingtième siècle, et c’est parfaitement représenté sur scène. Tout bouge, tout se renouvelle, tout avance… à la manière d’un bon roman policier.
2,5/10
Je n’aurais pas dû aller voir ce spectacle.
Lorsque je fais ma sélection en début d’année, j’essaie de ne programmer que des spectacles qui cochent suffisamment de cases pour avoir une chance de vraiment me plaire, et j’avais trop de doutes sur ce Principe d’incertitude pour le faire rentrer dans mon planning. Oui mais voilà, Le Roi Lear de la Comédie-Française ayant été annulé et les copains ayant organisé une sortie commune au Théâtre Montparnasse… je me suis laissée convaincre. La seule chose positive que je tire de cette soirée (au-delà d’avoir vu les copains, ce qui est toujours chouette), c’est que je suis heureuse de me dire que mon instinct n’est pas trop mauvais (ou que je commence à bien connaître ce milieu, peut-être).
Avant d’y aller, je doutais vraiment du talent de comédienne de Laura Smet – enfin, il n’est pas vraiment question de talent, plutôt de travail. Je ne comprenais pas comment quelqu’un qui n’avait jamais mis les pieds sur une scène de théâtre se retrouvait sur le plateau du Théâtre Montparnasse, qui fait partie des plus grands théâtres privés parisiens, en terme de capacité. Enfin disons que si, je comprenais comment, mais j’avais l’espoir que peut-être ce n’était pas uniquement sur son nom qu’on l’avait choisie. J’étais toute prête à reconnaître que je m’étais trompée. On ne boude pas une bonne soirée !
Au moment de partir de chez moi, j’ai regardé la bande-annonce. Comme ça, l’air de rien, histoire de me préparer. Je me suis dit que ça commençait à sentir le roussi.
Cela fait un petit moment maintenant que je n’ai pas fait de critique assassine, comme on dit. On argumente, on trouve des qualités, il y a quand même du travail, ce n’est pas mon style de théâtre, tout ça tout ça. Mais parfois il n’y a pas grand chose à sauver. Et quand ce pas grand chose coûte 64€ en carré or, je retrouve mon ardeur d’antan, j’enfile ma cape de super-spectateur, et je crie au monde de garder son argent pour un autre spectacle.
Et parce qu’il faut quand même s’expliquer, même si je vais passer à nouveau pour la méchante de service, je dirais simplement que Laura Smet n’est pas encore une comédienne de théâtre. Que le passage de la vie à la scène lui a ôté toute substance, toute intonation, toute nuance. Qu’elle récite son texte sur un ton monocorde d’un bout à l’autre du spectacle. Et que Jean-Pierre Darroussin prouve à nouveau l’excellent acteur qu’il est en parvenant à faire exister son personnage malgré tout.
Lorsque je fais ma sélection en début d’année, j’essaie de ne programmer que des spectacles qui cochent suffisamment de cases pour avoir une chance de vraiment me plaire, et j’avais trop de doutes sur ce Principe d’incertitude pour le faire rentrer dans mon planning. Oui mais voilà, Le Roi Lear de la Comédie-Française ayant été annulé et les copains ayant organisé une sortie commune au Théâtre Montparnasse… je me suis laissée convaincre. La seule chose positive que je tire de cette soirée (au-delà d’avoir vu les copains, ce qui est toujours chouette), c’est que je suis heureuse de me dire que mon instinct n’est pas trop mauvais (ou que je commence à bien connaître ce milieu, peut-être).
Avant d’y aller, je doutais vraiment du talent de comédienne de Laura Smet – enfin, il n’est pas vraiment question de talent, plutôt de travail. Je ne comprenais pas comment quelqu’un qui n’avait jamais mis les pieds sur une scène de théâtre se retrouvait sur le plateau du Théâtre Montparnasse, qui fait partie des plus grands théâtres privés parisiens, en terme de capacité. Enfin disons que si, je comprenais comment, mais j’avais l’espoir que peut-être ce n’était pas uniquement sur son nom qu’on l’avait choisie. J’étais toute prête à reconnaître que je m’étais trompée. On ne boude pas une bonne soirée !
Au moment de partir de chez moi, j’ai regardé la bande-annonce. Comme ça, l’air de rien, histoire de me préparer. Je me suis dit que ça commençait à sentir le roussi.
Cela fait un petit moment maintenant que je n’ai pas fait de critique assassine, comme on dit. On argumente, on trouve des qualités, il y a quand même du travail, ce n’est pas mon style de théâtre, tout ça tout ça. Mais parfois il n’y a pas grand chose à sauver. Et quand ce pas grand chose coûte 64€ en carré or, je retrouve mon ardeur d’antan, j’enfile ma cape de super-spectateur, et je crie au monde de garder son argent pour un autre spectacle.
Et parce qu’il faut quand même s’expliquer, même si je vais passer à nouveau pour la méchante de service, je dirais simplement que Laura Smet n’est pas encore une comédienne de théâtre. Que le passage de la vie à la scène lui a ôté toute substance, toute intonation, toute nuance. Qu’elle récite son texte sur un ton monocorde d’un bout à l’autre du spectacle. Et que Jean-Pierre Darroussin prouve à nouveau l’excellent acteur qu’il est en parvenant à faire exister son personnage malgré tout.
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