- Classique
- Comédie Française - Salle Richelieu
- Paris 1er
Roméo et Juliette
- Comédie Française - Salle Richelieu
- 2, rue de Richelieu
- 75001 Paris
- Palais Royal (l.1, l.7)
Roméo et Juliette est sans doute l’oeuvre la plus connue de Shakespeare et pourtant… là où la représentation communément partagée voit l’incarnation de l’histoire d’amour absolue, symbolisée par la célèbre scène du balcon, se cachent nombre de ressorts bien plus complexes, au point que la romance ne semble y être qu’une anecdote.
« Il y a un soleil noir dans cette pièce, c’est cela qu’il faut travailler », déclare Éric Ruf qui en assure la mise en scène et la scénographie. Car cette tragédie qui recèle quelques savoureux moments de comédie est une pièce fantôme qui n’a pas été aussi souvent montée qu’on pourrait le penser. Entrée au répertoire de la Comédie-Française en 1920, elle n’a pas été donnée Salle Richelieu depuis 1952. Essorée par de multiples adaptations à l’opéra, au cinéma, cantonnée dans sa réputation de drame romantique, elle est pourtant faite de vengeances, de déliquescence politique et de haines familiales paroxysmiques.
Le contraste est brutal entre la naïveté d’adolescents éperdus et la violence programmée des Montaigu et des Capulet qui ensanglantent Vérone, mus par une rancoeur ancestrale dont le sens même leur échappe.
« À l’opposé de la fade légende qui l’entoure, la pièce de Shakespeare nous suggère une dimension cachée de l’âme humaine : l’idéologie de la virilité meurtrit les femmes, perd les hommes et dresse des tombeaux là où devraient s’ouvrir les lits du vrai bonheur. » (Marc-Henri Arfeux)
La critique de Pierre (rédac’ AuBalcon) : 5.5/10. Cette adaptation de Roméo et Juliette nous a hélas laissé de marbre.
L’administrateur général de la Comédie-Française Eric Ruf assure la mise en scène et la création des décors de la pièce. Il a ici souhaité "débarrasser [l’histoire d’amour] de tout romantisme écrasant" et la situer dans l’Italie pauvre du Sud en lui offrant pour écrin des décors de "murs délabrés". Ce sont justement les deux partis pris qui nous ont empêchés d’apprécier l’histoire.
Notre imaginaire a très certainement lissé l'histoire de Roméo et Juliette en ne lui laissant que sa dimension passionnelle et romantique. Mais le fait de voir ce mythe réduit en un enchainement de scènes sans saveur, dans des décors de lavabos de WC (qui pourraient être ceux d’un lycée ou d’un stade de foot) l’a complètement désacralisée. Et c’est bien dommage car elle n’est pas assez déjantée pour nous faire rire, pas assez violente pour nous scotcher à nos fauteuils, pas assez fidèle pour nous émouvoir.
En effet, les plus belles scènes, les plus beaux dialogues perdent toute leur force à cause d’une élocution déformant les propos ou de traits d’humour placés aux mauvais moments. La fameuse rencontre volée au balcon est, quant à elle, gâchée par un numéro d’équilibriste de Juliette sur un rebord de façade menaçant de s’effondrer. De peur qu’elle ne tombe, nous en oublions d’écouter les dialogues.
Les bons mots de Shakespeare passent donc trop souvent inaperçus, tout comme le talent des acteurs. L’absence de romantisme laisse place à l’ennui et à la déception.
Aussi, malgré ma passion pour la Comédie Française, je rechignais un peu à me taper...
On déplace dans le temps. On désacralise : des scènes dans...
Du griot à la chambre de Juliette. De ces dialogues revisités où enfin Shakespeare perd sa poussière et son formalisme terrassant. J'ai adoré ces interprétations où tous ces personnages prennent une coloration inédite.
Bravo !
J'étais juste devant la scène en place B2, la place où tu ne peux pas dormir si c'est nul et où tu te reçois toute l'énergie positive si c'est bien, c'est la place quitte ou double en fait, mais bon, je suis venue avec ma grand-mère (promis c'est utile pour le reste de la critique), la pièce commence dès le début par nous faire passer ce message très clair "On va pas faire le même Roméo et Juliette que tout le monde" et ça c'est cool, j'avais vraiment peur, n'étant jamais venue, que ce soit du théâtre rasoir ou ce que j'appelle du théâtre pour prof de français qui serait d'un ennuie mortel et très peu innovant mais je me suis bien trompée.
Cette pièce apporte vraiment un bon bol de frais, c'est original et ça fait du bien, les comédiens adorent être là et ils donnent tout ce qu'ils ont, pour avoir été juste à côté de Roméo qui se lamente je peux vous dire que j'ai eu vraiment envie de me lever et de le réconforter, les émotions sont vraiment fortes et trippantes (une émotion trippante: une émotion qui vient des trippes des comédiens et qui arrive miraculesement intact dans tes trippes à toi). Ils ont des beaux corps aussi sur scène, ils se tordent, bougent, souffrent et visuellement ç'est très bien. C'est également très drôle, Mercutio superbement interprété par Pierre-Louis Calixte est très drôle et joue parfaitement avec l'humour vulgaire du personnage qui reste malgré le temps très "choquant" et drôle sur certaines blagues ma grand-mère (vous voyez il suffisait d'attendre un peu) m'a chuchoté "Ah j'aime pas qu'on change le texte de Shakespeare..." mais C'EST le texte de Shakespeare !
Par contre les bémols sont que parfois les acteurs vont trop chercher le rire, le décors n'était pas très bien employé et j'aurais vraiment aimé d'autres scènes de danse...
Pas la peine de s’attarder sur l’histoire, tout le monde connait les amants de Vérone qui, soit dit en passant, sont mari et femme. Pas d’infidélité !
Pas de romantisme non plus dans cette pièce ! Et c’est cela qui m’a plu dans la mise en scène d’Eric Ruf. J’ai redécouvert une tragédie, vivante, forte et concrète. Roméo est un jeune damoiseau, sans prétention, instable et fougueux. Juliette est une jeune fille, vibrante de vie, déterminée et passionnée. En somme, deux adolescents comme nous pouvons en rencontrer dans les rues de nos jours. Et qui meurent bien jeune faute de l’entendement de l’être humain. Cela n’ont plus n’a pas changé 400 ans plus tard.
Le Français, une fois de plus, m’a conquise. Jeremy Lopez et Suliane Brahim ravissent la scène, Serge Bagdassarian, lui, l’enchante (intro inoubliable).
Un petit bémol tout de fois pour certains des comédiens incompréhensibles, l’articulation et rire ne font pas bon ménage.
Certes, j'ai de façon récurrente un problème avec Didier Sandre dont je trouve qu'il "joue vieux", qu'il projette son texte d'une façon qui me parait dépassée. Et là il a une grande scène à l'acte II.
Le pauvre y est transformé en un père Capulet de farce. On frôle le de Funès ! Faire subitement intervenir dans son texte les mots "pute" et "fils de pute", alors qu'aucun autre moment de la pièce ne joue la carte de la modernisation du texte, m'a achevée.
Sinon, toujours cet étonnement à la Comédie Française, vis-à-vis des comédiens. Certes Suliane Brahim ne semble pas avoir les 13 ans de Juliette, mais elle a la même fraicheur que dans Lucrèce Borgia où elle jouait le fils adolescent de Lucrèce. Jeremy Lopez est un crédible Roméo moderne. Laurent Lafitte est ici un troisième rôle alors que tête d'affiche au cinéma. Daniele Lebrun, immuable...
Après les Capulets, les Montaigus, le prince sont des familles nobles. Les costumes devraient être plus classiques et plus du rang des personnages. Hors les habits sont quelconques, mais après, il y a pire : les décors sont, comment dire, moche.
La scène dans une sorte de toilettes de camping, quelle horreur. La nuit de Juliette et Romeo dans une chambre qui ressemble a une chambre de prison ou d’hôpital, je ne sais pas trop, ne me semble pas au niveau des personnages.
Bref pourquoi tant d'imagination pour faire un décor si laid.
Autre point pourquoi la pièce s'arrête après la mort de Juliette, il manque la fin. C'est à dire la réconciliation des familles, cela donne la dimension de Shakepeare dans la pièce. Ce n'est pas là, finalement pourquoi sont-ils morts ?