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  • Paris 1er

Phèdre

Phèdre
De Sénèque
Mis en scène par Louise Vignaud
Avec Pierre Hancisse
  • Pierre Hancisse
  • Comédie Française - Studio Théâtre
  • 99, rue de Rivoli
  • 75001 Paris
  • Louvre-Rivoli (l.1)
Itinéraire
Billets de 12,00 à 23,00
Evénement plus programmé pour le moment
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Également connue sous le titre Hippolyte, la Phèdre de Sénèque n’a jamais été jouée à la Comédie-Française, contrairement à celle de Racine que l’on connaît mieux. En la (re)découvrant, on est saisi par la langue, âpre, qui semble être l’architecture première d’une œuvre que le classicisme a ciselée.

Louise Vignaud choisit la traduction de Florence Dupont qui rend à Sénèque sa modernité en accentuant la friction entre l’antique et le présent. Tragédie romaine, cette Phèdre fait reculer les dieux au profit des hommes.

Thésée, bientôt de retour des Enfers, y est un héros d’un autre temps. Pour la metteure en scène, Phèdre et Hippolyte sont deux enfants qui auraient vieilli trop vite, prisonniers d’un palais où le monde ne leur parvient qu’à travers une lointaine rumeur : « l’histoire racontée est celle d’un dernier sursaut, d’un cri devant un gouffre, devant un monde ancien qui se réfugie dans des mythes et des valeurs désincarnés, et qui par là enferme, bloque et tue à petit feu ceux dont le sang bout et se révolte. Phèdre est un cœur brûlant à qui on a volé sa vie de femme et qui décide de prendre en main son destin. »

Nouvelle directrice du Théâtre des Clochards Célestes à Lyon, scène incontournable de la jeune création, et artiste associée au Théâtre national populaire de Villeurbanne, Louise Vignaud est attachée à un théâtre en équipe, pensé comme espace d’apprentissage. Monter Sénèque aujourd’hui, « c’est se laisser emporter par une frénésie qui change la nôtre, dont la poésie et le rythme bousculent notre rapport au temps. »

 

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16 avr. 2018
9,5/10
18
Maîtrise magistrale de cet immense classique dans lequel la puissance et la fureur des passions nous foudroient et nous esseulent.

La mise en scène tout en sobriété et le jeu viscéral des comédiens servent parfaitement le texte de Sénèque, traduit par Florence Dupont, d'une force et d'une modernité époustouflante.

La tragédie à son acmé.
12 avr. 2018
9,5/10
15
La Phèdre de Sénèque…..sous l’empire des passions destructrices……et du Destin furieux…..

Les protagonistes :
Hippolyte : un tout jeune homme, chasseur furieux, épris de nature sauvage, totalement fermé à la séduction des femmes, de la Femme
La nourrice de Phèdre : l’incarnation de la sagesse et de la lucidité, qui anticipe le malheur, et qui avec une détermination habile et maléfique, tente de déjouer le Destin fatal
Thésée : un héros terrible, plein de colère, d’autorité, de puissance qui entend rétablir l’ordre des choses avec violence et sauvagerie, quand après avoir relevé des défis des plus fous, il retrouve un monde en perdition.
Le Chœur : un témoin, effrayé, impuissant, désabusé du renversement du monde ancien et de la perversion des hommes et des dieux
Et Phèdre : la sublime héroïne de cette tragédie, féroce dans sa passion animale, son amour incestueux comme dans ses mensonges et ses crimes, dévastatrice et dévastée.

La magnifique traduction de Florence Dupont, qui nous invite à la découverte des tragédies latines -peu connues et peu jouées- et nous fait écouter un verbe captivant d’une étonnante modernité.
Une mise en scène de Louise Vignaud qui laisse à l’interprétation des comédiens (et au texte) l’expression d’une puissance dramatique extrême.
Des comédiens prodigieux ….. l’incarnation des personnages dont ils s’emparent jusqu’à l’épuisement, l’émotion profonde qu’ils suscitent, leur jeu dramatique parfaitement maîtrisé

Un magnifique spectacle, qui remiserait presque au second plan de belles productions de jadis de la Phèdre de Racine, dont celle de Chereau dont je garde pourtant un souvenir ému.

Ici avec Sénèque, on voit vraiment ce que Tragédie veut dire !
12 avr. 2018
9,5/10
38
Ah ! Phèdre !
On croyait la connaître, la fille de Minos et de Pasiphaé ! Et pourtant...

Si l'on connaît bien en effet la Phèdre de Racine, celle de Sénèque, en revanche, nous est plus éloignée. On en savait beaucoup moins sur elle.

Cette Phèdre-là n'avait jamais été représentée à la Comédie Française.
La jeune metteure en scène Louise Vignaud, invitée par Eric Ruf, s'est donc armée d'un certain courage. Un courage qui paye et qui porte ses fruits, car elle nous propose une vertigineuse plongée passionnelle dans le mythe et la symbolique de la transgression et de l'inceste.

Pour ce faire, elle a choisi dans un premier temps la traduction très actuelle et très pêchue de Florence Dupont (publiée chez Actes Sud, dans la collection Thésaurus.)
Les mots de Sénèque ainsi traduits sont d'une confondante modernité, et résonnent de troublante façon à nos oreilles.

La « jungle urbaine » est évoquée, on nous dit qu' « on ne verse pas sous prétexte de religion de sang sur les autels », que « dans les républiques, les peuples élisent des crapules »...

C'est Hippolyte qui apparaît sur le plateau en premier.
Tout en muscles, tout en fureur plus ou moins contenue, le glaive à la main, Nâzim Boudjenah, magnifique de puissance intérieure et extérieure, est un fauve-chasseur prêt à bondir sur sa proie.

Phèdre, en robe dorée, et la Nourrice lui succèdent.
Au bout de dix minutes, tout sera exposé.
Claude Mathieu, épatante en gardienne de la morale, en garante de l'ordre établi, avertit solennellement sa protégée : « Tu vas dans ton lit confondre le père et le fils ! »
Phèdre n'en a cure, elle l'aime, son Hippolyte de beau-fils.

Lui, hélas pour elle, n'aspire qu'à une seule chose : retrouver la vie des premiers hommes, proches de la nature, les Purs, avant que le pouvoir et la corruption s'emparent des âmes.
Lui, il hait les femmes. Voilà, c'est dit !

Jennifer Decker, en Phèdre, m'a littéralement fasciné. De sa voix un peu éraillée, elle réussit avec une rare justesse à exprimer la passion à la fois irrépressible et impossible qui l'anime. Elle alternera sauvagerie et désespoir les plus extrêmes.
C'est une femme acculée par le destin qui est devant nous.

Dans une scène totalement maîtrisée, d'une rare violence passionnelle et émotionnelle, la comédienne incarne alors une femme ivre de désir trop longtemps contenu, l'assouvissant pleinement et sauvagement.
Nâzim Boudjenah prendra alors un ton exalté, véhément, horrifié, qui s'amplifiera avec le quasi viol que son personnage va subir !

Le choeur (Pierre Louis-Calixte, à moitié métamorphosé en cerf, symbole mythologique de l'éternel cycle de la vie, ses bois tombant et repoussant chaque printemps), après avoir célébré l'amour, tombera dans la plus grande des fatalités.
Le comédien, malicieux puis accablé, nous renvoie alors à nos propres conceptions morales.

Exit Hippolyte, donc. C'est du fond de la salle que la Nourrice narrera le récit halluciné de sa mort.
Retour de Thésée.

C'est Thierry Hancisse qui va de façon magistrale endosser le rôle du père et du mari.
Il sera bouleversant, en homme outragé qui comprend les événements qui se sont déroulés en son absence.

Dans une dernière scène qui confine au sublime, très peu éclairée, lui et Melle Decker, avec une rare intensité de jeu, vont conclure le drame qui s'est joué et le chaos qui en découle.
Il a perdu son fils, elle a perdu l'homme qu'elle aime.
Le comédien est alors déchirant de désespoir, pleurant, bavant, reniflant, toujours juste dans ce total désarroi.
Elle aussi est parfaite d'abandon désespéré.
Les deux nous font magistralement comprendre que leurs personnages ont tout perdu.
C'est assurément une scène qui marquera la saison théâtrale.

Louise Vignaud, servie donc par une somptueuse distribution on ne peut plus cohérente et investie, nous plonge dans une totale et exacerbée joute passionnelle.

J'ai été véritablement submergé par ce flot de sentiments à la fois violents et intemporels qui s'expriment à travers les mots et les corps.
C'est un moment très important de théâtre qui nous est proposé.
9 avr. 2018
9/10
35
Superbe version de Phèdre, dynamique et pas trop longue (ce qui est un point plus qu'important dans ma sélection de pièces !!).

Les comédiens du français sont excellents et le studio théâtre se prête parfaitement à ce jeu à la fois tragique et intimiste.
7 avr. 2018
9,5/10
28
Les feux de l’Amour

« Le feu de l'amour (croyez-en ses victimes) est un feu sacré, qui brûle et qui dévore…Rien ne se dérobe à son empire, tout cède à sa puissance, tout, jusqu'à la haine; oui, les inimitiés les plus enracinées ne tiennent pas contre sa flamme victorieuse, et, pour tout dire en un mot, le cœur même des marâtres se laisse aller à sa douce influence. »

C’est immoral, effroyable,
C’est humain, sentimental,
C’est monstrueux, admirable,
C’est une tragédie romaine, monumentale.

« Il a été sans pitié pour la plus chaste des épouses. Antiope l'Amazone a éprouvé la rigueur de sa main cruelle. Mais en supposant que vous puissiez fléchir votre époux irrité, comment fléchirez-vous le cœur insensible de son fils? Il hait tout notre sexe, le seul nom de femme l'effarouche; cruel envers lui-même, il se dévoue à un célibat perpétuel, il fuit le mariage, et vous savez d'ailleurs qu'il est fils d'une Amazone. »

C’est magnifiquement mis en scène par Louise Vignaud, c’est divinement joué par Jennifer Decker (Phédre) et Thierry Hancisse (Thésée).

« Il est facile d'énoncer des sentiments vulgaires, mais les grands sentiments ne trouvent point de paroles. »
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Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor