- Théâtre contemporain
- Lucernaire
- Paris 6ème
L'Angoisse du Roi Salomon

- Bruno Abraham-Kremer
- Lucernaire
- 53, rue Notre-Dame-des-Champs
- 75006 Paris
- Notre-Dame-des-Champs (l.12)
Jean se souvient... Printemps 1978. Au volant de son taxi, il n’a que 25 ans alors, une gueule de voyou pour les hommes, une gueule d’amour pour les dames... il est autodidacte et s’instruit tout seul dans les dictionnaires.
A l’arrière, il a chargé l’élégant Salomon Rubinstein, 84 ans, « Le Roi Salomon », figure quasi biblique, qui après avoir fait fortune dans le prêt-à–porter, a décidé de prodiguer ses largesses à « ceux qui n’y croient plus ... ».
Salomon scrute curieusement le visage de Jean, l’invite à prendre un café... et finit par l’embaucher dans son association « SOS bénévoles ». Peu à peu, Jean découvre la solitude du vieux Salomon, et les secrets que cache sa colère volcanique : ses amours mal éteintes avec Cora Lamenaire, une ancienne chanteuse réaliste qu’il a connu avant-guerre.
Dans la langue gouailleuse et malicieuse de Romain Gary (Emile Ajar), c’est Jean, 25 ans plus tard, qui nous raconte l’histoire de cette rencontre miraculeuse... et nous entraine sur les trottoirs d’un Paris populaire, dans un mélo tragi-comique, joyeux et nostalgique à la fois.
Et puis il y a le charme de Bruno Abraham-Kremer, qui nous entraîne avec facilité et plaisir dans cette histoire.
Il incarne sans jugement et avec une grande tendresse tous les personnages du roman et on se prend d’affection pour Jean, « Jeannot » pour les dames, pour Monsieur Salomon et pour l’extravagante Cora.
C’est savoureux à écouter, on sourit beaucoup, on pleure un peu mais surtout on est attendri par toutes ces personnalités hautes en couleur, passionnées et pleine de vie.
Quand on pense que ce texte est le dernier signé Ajar, un an avant le suicide de Romain Gary, cette révolte contre la mort de la part de Monsieur Salomon est un véritable pied de nez à la vie.
La jolie scénographie permet une mise en scène vivante et claire.
Malgré quelques petites longueurs (mais j’aime les pièces courtes) on passe un excellent moment.
Une très jolie adaptation.
Romain Gary nous a quitté de son plein gré car il ne voulait pas vieillir.
Ses mots n'ont pas pris une ride !
Il faut dire que Bruno Abraham-Kremer est un passeur d'histoires comme il y en a peu.
Histoires d'amour, refus de la vieillesse et de la mort ...
A travers l'humour acide et tendre de Gary, seul sur scène, il donne vie à des personnages pittoresques et tellement attachants !
Se glisse tour à tour dans la peau de Jean, Salomon, Cora et les autres.
Le rire et l'émotion nous accompagnent tout au long de ce conte initiatique.
Un pur concentré d'humanité !
Bruno Abraham-Kremer est l'oncle qu'on aurait adoré avoir pour raconter des histoires à ne plus en finir.
Celui qui, inlassablement, aurait sillonné toutes les rues de Paris, n'hésiterait pas à danser, à chanter, à imiter, à grimper sur son solex pour que l'aventure ne se termine pas. Il a de la gueule, cet autodidacte et amoureux des dictionnaires. Il a de l'humour, ce serviteur en taxi. L'écriture vive de Romain Gary est intacte : "la meilleure façon de se débarrasser l'un de l'autre, c'est de vivre ensemble". Pourtant, le spectacle propose un seul-en-scène dans lequel il est difficile de ne pas trouver quelques longueurs. La mise en scène est inventive et astucieuse, preuve qu'on peut être ailleurs et plusieurs avec si peu. C'est une pièce avant tout humoristique qui fonctionne grâce au talent indéniable du comédien mais je ne suis pas parvenue à partager les nombreux rires de la salle.
Malheureusement, j'ai raté le coche.
J'y ai trouvé également beaucoup d'humour, et de subtilité.
"L'angoisse du Roi Salomon" parvient à faire honneur aux mots et à la poésie de Monsieur Romain Gary/Emile Ajar et ce n'est pas aisé.
La mise en scène tout en simplicité est incroyablement inventive et nous nous baladons dans les rues de Paris, suspendus aux lèvres de l'immense Bruno Abraham-Kremer, magistral.
Bravo !