Critiques pour l'événement L'Angoisse du Roi Salomon
15 oct. 2018
7,5/10
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D’abord il y a le magnifique texte d’Émile Ajar alias Romain Gary. On reconnait bien d'ailleurs l’auteur de La vie devant soi, sa gouaille, son franc-parler, son vocabulaire fleuri et tellement authentique.

Et puis il y a le charme de Bruno Abraham-Kremer, qui nous entraîne avec facilité et plaisir dans cette histoire.
Il incarne sans jugement et avec une grande tendresse tous les personnages du roman et on se prend d’affection pour Jean, « Jeannot » pour les dames, pour Monsieur Salomon et pour l’extravagante Cora.
C’est savoureux à écouter, on sourit beaucoup, on pleure un peu mais surtout on est attendri par toutes ces personnalités hautes en couleur, passionnées et pleine de vie.

Quand on pense que ce texte est le dernier signé Ajar, un an avant le suicide de Romain Gary, cette révolte contre la mort de la part de Monsieur Salomon est un véritable pied de nez à la vie.
La jolie scénographie permet une mise en scène vivante et claire.
Malgré quelques petites longueurs (mais j’aime les pièces courtes) on passe un excellent moment.
Une très jolie adaptation.
Alors ?
Bruno Abraham-Kremer est l'oncle qu'on aurait adoré avoir pour raconter des histoires à ne plus en finir.

Celui qui, inlassablement, aurait sillonné toutes les rues de Paris, n'hésiterait pas à danser, à chanter, à imiter, à grimper sur son solex pour que l'aventure ne se termine pas. Il a de la gueule, cet autodidacte et amoureux des dictionnaires. Il a de l'humour, ce serviteur en taxi. L'écriture vive de Romain Gary est intacte : "la meilleure façon de se débarrasser l'un de l'autre, c'est de vivre ensemble". Pourtant, le spectacle propose un seul-en-scène dans lequel il est difficile de ne pas trouver quelques longueurs. La mise en scène est inventive et astucieuse, preuve qu'on peut être ailleurs et plusieurs avec si peu. C'est une pièce avant tout humoristique qui fonctionne grâce au talent indéniable du comédien mais je ne suis pas parvenue à partager les nombreux rires de la salle.

Malheureusement, j'ai raté le coche.