- Classique
- Comédie Française - Salle Richelieu
- Paris 1er
La Nuit des Rois

- Denis Podalydès
- Laurent Stocker
- Stéphane Varupenne
- Comédie Française - Salle Richelieu
- 2, rue de Richelieu
- 75001 Paris
- Palais Royal (l.1, l.7)
Thomas Ostermeier met en valeur la profondeur des questions existentielles que Shakespeare soulève à partir de cette intrigue amoureuse placée sous le signe du travestissement.
Pour sa première création à la Comédie-Française, Thomas Ostermeier retrouve un auteur qu’il fréquente régulièrement. Réputé pour ses mises en scène alliant fidélité à la situation dramatique et liberté d’interprétation, le directeur de la Schaubühne de Berlin se concentre de plus en plus sur ce qu’il nomme l’acteur-créateur.
Il fait ici entrer les comédiens en Illyrie, royaume de l’illusion et de l’artifice, auquel il donne la forme d’un paysage d’émotions à l’envers dangereux, où la folie rôde. Cette comédie des apparences conte l’histoire de Viola, rescapée d’un naufrage – comme son jumeau Sébastien dont elle n’ a pas de nouvelles – qui se travestit, prend le nom de Césario et offre ses services au duc Orsino. Charmé, ce dernier en fait son page et le charge de transmettre son amour à la Comtesse Olivia.
Mais Césario/Viola, secrètement séduit(e) par le Duc, excelle si bien dans sa mission que la Comtesse s’éprend de son ardeur.
Parallèlement, un quatuor, aux manœuvres éminemment comiques, révèle la face violente de la mascarade amoureuse tandis qu’un bouffon brille avec insolence dans la subversion du langage.
C’est dans une nouvelle traduction d’Olivier Cadiot et avec une composition originale à partir de musiques de la Renaissance jouée sur scène, que Thomas Ostermeier présente cette pièce entrée au Répertoire en 1940 et qui n’a pas été donnée depuis 2003. Au-delà du plaisir de la fête, il met en valeur la profondeur des questions existentielles que Shakespeare soulève à partir de cette intrigue amoureuse placée sous le signe du travestissement. De ce désordre du cœur, il retient combien vertigineux peut être l’éveil du désir, troublante la question du genre, complexe la détermination sociale qui touche l’intime.
En bref, deux jumaux, rescapés d'un naufrage, se travestissent pour sauver leur peau en royaume d'Illyrie. Viola devient Cesareo, Sebastien reste lui-même. Ensuite, ils sont courtisés par des personnes du même sexe ou de sexe opposé.
Ce n'est pas tant l'histoire qui importe que le mélange des genres. Finalement, l'amour dépasse les corps, dans la pièce les personnages tombent sous le charge de Viola/Cesareo ou Sebastien pour ce qu'ils sont, et non pour leur enveloppe corporelle. D'ailleurs, les comédiens en slips se ressemblent tous, qu'ils soient H ou F.
C'est une vision très moderne de l'amour qui dépasse le sexe !
Les décors sont somptueux, la mise en scène est carrément branchée, et le décalage musical exceptionnel, le jeu des comédiens est vraiment barré. Un très bon moment.
Petit bémol quand même sur la lourdeur des critiques politiques (coronavirus, régime des retraites, En marche).
Shakespeare en version déjantée à la Comédie Française.
C'était inespéré, Thomas Ostermeier l'a fait.
Au début, j'étais bousculée et je suis repartie le sourire aux lèvres.
Outre, le texte, la mise en scène, les comédiens, les intermèdes surprenants étaient absolument exceptionnels !
C'est simple dès que Laurent Stocker rentre en scène, je suis en joie.
Allez-y si vous voulez vivre un moment hors du temps et des conventions.
Pourtant, les comédiens sont talentueux et très investis dans leur rôle, en particulier Georgia Scalliet dans le rôle de Viola.
Mais la mise en scène est extrêmement grossière : elle se plait à déconstruire et à choquer, mais sans rien proposer, sans reconstruire. Or, il ne suffit pas de contrevenir aux normes, de heurter le bon goût pour ravir l'esprit. Il est fort dommage que le talent des comédiens ne soit pas mieux honorer.
Et la Comédie Française n'en sort pas grandie. Faut-il être vulgaire pour être moderne et sprirituel ? A quand une copulation sur scène ? La direction artistique du théâtre cherche sans doute à préparer les esprits pour les futures pièces.
Un vent de folie souffle sur la Comédie Française.
Il nous vient d'Outre Manche avec cette folle comédie de Shakespeare.
Il nous vient d'Outre Rhin avec le grand Thomas Ostermeier.
Qui mieux que lui pouvait nous projeter dans cette confusion des sentiments, où chacun cache son identité ou son sexe, et où l'apparence masque la réalité ?
La troupe du Français est largement à la hauteur du défi ! Ils n'ont même jamais été aussi bons.
Outre un travail incroyable sur le corps - qui manque à tant de comédiens - ils s'emparent de l'espace, chantent, dansent, se battent à l'épée ....
Sur la scène qui se prolonge dans la salle comme dans les meilleurs concerts de rock, ils nous rappellent que le théâtre est un Art qui n'a jamais été aussi vivant !
Aimer ou ne pas aimer ?
Il n'en est même pas question !