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Fantasio

Fantasio
De Alfred de Musset
  • Lucernaire
  • 53, rue Notre-Dame-des-Champs
  • 75006 Paris
  • Notre-Dame-des-Champs (l.12)
Itinéraire
Billets à 11,50
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Dans un royaume imaginaire, Fantasio est un jeune homme désabusé qui décide de prendre sa vie en main après avoir croisé le cortège funéraire du bouffon du roi.

Il passe de la rue à la cour, et sème la zizanie avec beaucoup d’esprit dans les sphères du pouvoir.

Version avec musique live (reprises de rock)

Note rapide
9/10
pour 4 notes et 4 critiques
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4 critiques
Note de 8 à 10
100%
Toutes les critiques
14 févr. 2022
8,5/10
5
Un calembour console de bien des chagrins.

C'est à un Fantasio décalé, moderne et musical que nous invite la troupe de "l'Eternel été" au Lucernaire.

Un mélange des genres très réussi où la jeunesse désabusée de Musset s'exprime à travers un Rock 'n Roll qui lui donne tout son sens.
Les références à la Pop culture sont nombreuses, la Commedia del Arte flirte avec les Doors, Bowie chante une révolte qui a traversé les âges .....
Le décor lui évoque furieusement les films de David Lynch.

Le long pan incliné, qui occupe une grande partie de la scène, permet aux comédiens un jeu corporel parfaitement maitrisé, qui est un des points forts du spectacle.

Ils sont comédiens, mais aussi musiciens, et nous réjouissent avec leur univers où la bouffonnerie et la dérision deviennent une évidence.
En particulier Benoit Gruel, formidable bouffon en costume d' Arlequin.

Bravo à toute la troupe qui s'empare de cette comédie sur le mal de vivre, les désillusions et l'amour ....

Pour le bonheur d'Alfred et pour le nôtre !
13 févr. 2022
9/10
3
Cette adaptation est une version revisitée et ébouriffante de Fantasio. Les grincheux puristes passeront à coté, les autres, courrez-y. C’est moderne et réjouissant.

La pièce s’empare du thème de l’oisiveté bourgeoise et de l’ennui des inactifs, sans travail et sans but, à la recherche de sens. Elle aborde également le thème des mariages absurdes, forcés et sans amour imposés aux jeunes filles.

La compagnie se diversifie et se renouvelle en utilisant de multiples techniques théâtrales : le masque, la pantomime, la manipulation de marionnette. L’originalité tient aussi bien sûr beaucoup à l’introduction de la musique dans le spectacle. En effet, de la musique rock s’installe dans la pièce et s’intègre étonnamment bien entre les mots de Musset. Les comédiens, se donnent à fond en se transformant en musiciens, ils semblent inspirés et incarnés par la musique.

La pièce est très riche et diversifiée, l’atmosphère est tantôt mélancolique, tantôt joyeuse, tantôt sérieuse, tantôt grotesque. On assiste à quelques monologues intenses, moments suspendus lents et beaux, mais également à des scènes très drôles.

On notera la brillante mise en scène d’Emmanuel Besnault, pleine d’ingéniosité et de créativité, les magnifiques costumes, les impressionnants décors (surtout pour cette petite salle du lucernaire) qui nous plongent dans la Venise de l’époque et la très jolie création lumière de Cyril Manetta.

L’ensemble donne une proposition originale avec une identité artistique forte et une vraie prise de risque qui est récompensée, le public est conquis.
13 févr. 2022
9/10
5
Fantastique Fantasio

Comme un goût de monde d'avant… Fête, rires, musique, boisson ; ce spectacle est une ode à la vie et un antidote miracle à l'humeur maussade et au temps pluvieux.
Porté par cinq comédien.ne.s de talent, le texte poétique et moderne - franchement féministe même - de Musset résonne dans les oreilles d'une salle joyeuse et emportée par le mouvement endiablé du bouffon Fantasio et de ses comparses. Entre deux morceaux de rock, l'on profite des déambulations énergiques et rythmées des artistes, sur un plateau coloré, sur plusieurs niveaux et exploité au maximum, une esthétique proche de la commedia dell'arte qui donne un relief physique et textuel à toute la pièce. Les costumes sont somptueux et modestes à la fois, toujours dans cet esprit de théâtre de tréteaux, fait de bric et de broc mais en même temps si exigeant.
Benoit Gruel livre un Fantasio remarquable, d'une sincérité pure. Le comédien fait preuve d'une capacité d'écoute parfaite, et chacune de ses expressions lorsqu'il ne fait qu'observer ses camarades sont des pépites à ne pas sous-estimer, et qui livrent sur le personnage toutes les informations nécessaires pour comprendre sa psychologie. Entre désillusion, espoir, pessimisme et révolte, les plus grandes préoccupations des auteurs romantiques passent par ce personnage de bouffon de cour, et cela est nettement visible dans le travail du texte et du corps.

En somme, voilà un spectacle dont on ressort le sourire aux lèvres, quelques notes de musique en tête, et des étoiles plein les yeux...
27 janv. 2022
9,5/10
9
Elle qui l’aimait tant,
Le beau remplaçant de Saint-Jean…

Va donc, eh Bouffon !...

Les fidèles lecteurs de ce site le savent, je suis l’un des plus fervents fans du travail d’Emmanuel Besnault et de la compagnie L’éternel été.

Je leur dois l’une des plus belles version des Fourberies de Scapin à laquelle il m’ait été donné d’assister ! Et j’en ai vu, de ces Fourberies-là !

Eh bien, figurez-vous que je vais pouvoir réécrire la phrase ci-dessus en remplaçant « Fourberies de Scapin » par « Fantasio » !

Cette vision du chef d’œuvre de Musset est en effet une petite merveille théâtrale !

Emmanuel Besnault confirme s’il en était encore besoin sa capacité à adopter des parti-pris on ne peut plus judicieux, incisifs et cohérents. Sans concessions.

Comment, tout en mettant admirablement en valeur la langue de Musset, comment faire ressortir le côté burlesque de la pièce, et surtout comment magnifier le propos intrinsèque de l'auteur, à savoir montrer une jeunesse lassée des plaisirs faciles, de la vacuité du monde qui l’entoure, une jeunesse qui veut et va s’engager, prenant en main son destin ?

Voici ce à quoi que sont admirablement parvenus les membres de cette épatante compagnie.

Ce Fantasio-là, c’est exactement ce dont nous avons besoin en ce moment, c’est précisément une version « qui envoie le bois », qui « déménage », comme on pourrait dire dans le monde du rock’n roll, un monde qui figurera également sur scène.

Burlesques, certes, ces quatre-vingt minutes, mais également rock’n roll.


Une heure et vingt minutes de pure énergie, de mouvement, un tourbillon exaltant qui en permanence nous fait vibrer.

Le tout dans la magnifique scénographie du patron, (je pèse cet épithète magnifique) évoquant Venise, avec sa lagune, ses petites passerelles lors de l’aqua alta, les pontons et les poteaux bicolores pour les gondoles, les caves, les guirlandes lumineuses.

Sans oublier un petit castelet.

Oui oui, on trouve tout ceci sur la scène de la salle rouge du Lucernaire !

Le tout avec également les formidables et chatoyants costumes de Valentin Perrin. (Je donnerais cher pour me glisser un moment dans la très belle redingote faite de losanges à paillettes du héros!)

Le théâtre d’Emmanuel Besnault est un théâtre qui saisit pleinement l’importance du corps.

Le texte, certes, mais le corps avant tout!

Ici, les cinq comédiens ne vont pas ménager leur peine.
Les corps vont s’attirer, se repousser, les corps vont tomber, se relever, courir, sauter, avec toujours cette impression que le curseur est placé à son exacte position.

Des corps parfois anonymisés, grâce ici à un jeu de masques, avec notamment une scène d’exposition très réussie qui débute la pièce et qui donne le ton général de ce qui va suivre.

Fantasio, c’est l’épatant Benoit Gruel, qui campe un grand fou du roi.

Le comédien est impressionnant, à incarner ce jeune homme en nous faisant à chaque instant ressentir pleinement ce qui fait intimement fonctionner le personnage.

Il est à la fois très drôle (ses ruptures, ses gestuelles et mimiques chafouines, langoureuses, étonnées, ses poses de rock star nous enchantent) et à la fois très émouvant, notamment dans la magnifique scène d’enterrement du bouffon précédent, le fameux Saint-Jean.

Sa composition très aboutie nous fait également parfaitement comprendre la progression psychologique de son personnage.

Le passage de l’oisiveté et de la vacuité de l’existence vers une forme d’engagement en politique et de prise en mains de la res publica, tout ceci est ici très limpide.

De grands moments nous attendent également, grâce aux quatre autres comédiens.

Les duos ont particulièrement été soignés, avec les deux « couples » symétriques de la pièce.

Manuel Le Velly en Prince de Mantoue et Lionel Fournier dans le rôle du colonel aide de camp sont irréprochables. On est totalement en phase avec les motivations respectives de leur personnage, échangeant à qui mieux mieux leur costume.
Les deux nous font beaucoup rire, également.


Même chose chez les filles : Elisa Oriol en princesse Elsbeth minaudant et Deniz Türkmen ne donnent pas leur part au chat. Elles aussi, d’une justesse et d’un engagement total, nous ravissent.

Melle Türkem, avec un bonnet aux macarons empruntés à la Princesse Leïa est irrésistible !

Et la musique, donc !

Le quintet s’approprie de bien belle façon des titres des Doors, de Nick Cave, de David Bowie, de PJ Harvey ou des Stones, en changeant d’instruments en permanence.

Cerise sur le gâteau, Deniz Türkmen est une virtuose du Theremin, tirant de cet instrument avec des gestes fort gracieux des sons électroniques joliment éthérés.

Une ovation complètement méritée, des « Bravo !» sonores comme s’il en pleuvait attendaient hier les comédiens une fois les lumières rallumées pour les saluts.

Ne manquez surtout pas ce petit bijou !

Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !

Let spend the night together !
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Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor