- Classique
- Théâtre de la Porte-Saint-Martin
- Paris 10ème
Cyrano de Bergerac (Porte St Martin)
- Jean-François Lapalus
- Martine Vandeville
- Bruno Ouzeau
- Daniel Martin
- Gilles Fisseau
- Patrice Costa
- Nicolas Chupin
- Antoine Cholet
- Adrien Cauchetier
- Jean-Michel Balthazar
- Maud Wyler
- Philippe Torreton
- Théâtre de la Porte-Saint-Martin
- 18, boulevard Saint-Martin
- 75010 Paris
- Strasbourg-Saint-Denis (l.4, l.8, l.9)
Cette adaptation enferme Cyrano de Bergerac dans un asile de fous.
Dans l’imaginaire collectif, s’il est une créature dont la silhouette de cape, d’épée, de plume paraissait fixée pour l’éternité, c’est bien Cyrano.
Enfermé dans un hopital psychiatrique, il porte ici dès les premières minutes la plaie à la tête qu’il ne reçoit d’ordinaire qu’au dernier acte. Toute l’intrigue n’est peut-être que le délire d’un homme seul, une histoire qu’il parvient à faire partager comme un jeu à ses camarades de détention, pour faire naître un peu de beauté dans leur existence affreuse.
Pitoiset est parti de l’intuition que Cyrano voulait être ce qu’il est, ne cessait jamais de se hisser, de gageure en gageure, à la hauteur de l’identité qu’il s’était rêvée.
Il est en somme le premier à se prendre pour Cyrano. Et il fait tout pour en persuader le reste du monde, qui finalement ne demande pas mieux : c’est tellement distrayant, et même pratique, de côtoyer un gaillard assez fou pour défier les puissants et se battre au besoin à un contre «oh ! pas tout à fait cent»…
Philippe Torreton a été récompensé du Molière du comédien de théâtre public pour sa prestation dans cette pièce.
La critique de Pierre (rédac’ AuBalcon) : 6.8/10. Content d'avoir vu cette adaptation de Cyrano de Bergerac dans un asile de fous. Elle vaut le détour, même si je reste dubitatif sur certains points.
Les partis pris de mise en scène francs, culottés, ajoutent de l'humour (plus ou moins fin). Attention aux âmes sensibles, ils démystifient l'œuvre tout en restant fidèle au texte en vers.
Même si j'ai aimé la transposition à notre époque qui donne un coup de jeune, je n'ai pas forcément compris pourquoi avoir situé l’action dans un hôpital psychiatrique. Je n'ai pas été convaincu par toutes les scènes avec les fous irrécupérables, rôles secondaires dont la présence ressemblait plus à de l’habillage.
Elles créent de nombreuses longueurs. La pièce met surtout énormément de temps à démarrer, avec une première heure qui n'emporte pas l’adhésion.
Situer l’action en 2016 fait en revanche découvrir une nouvelle saveur aux belles scènes, nombreuses dans l'oeuvre d'Edmond Rostand. Notamment la tirade du nez et la déclaration d'amour au balcon, à la fois drôles et magnifiques.
Philippe Torreton est extra, facile de comprendre pourquoi il a été récompensé d'un Molière car il porte véritablement la pièce. Julie-Anne Roth, qui interprète Roxane, joue également remarquablement bien.
Cette adaptation interpellera, fera réagir et débattre ceux d’entre vous ayant déjà admiré une version classique de la pièce. Je la recommanderais moins facilement aux autres.
La mise en scène et ce choix de la folie pour l'ensemble des personnages ont été durs à admettre.
Puis le texte de Rostand et le jeu magistral de Philippe Torreton m'ont emporté.
J'ai...
Sous prétexte de dépoussiérer un classique, Dominique Pitoiset en propose une transposition moderne dans un hôpital psychiatrique. Une idée qui s'avère aussi inattendue qu'inappropriée.
Le...
Lorsqu’elle partage ses sentiments et l’avoue à Cyrano, ce dernier accuse le coup et cache sa déception. Qu’à cela ne tienne ! L’amoureux transis, que son physique disgracieux empêche de se déclarer, fait alliance avec son rival, incapable de bien parler d’amour : « Je serai ton esprit, tu seras ma beauté. ». Mais parfois, à voir être un autre que soi-même pour plaire à autrui, on risque de se rendre malheureux éternellement.
Cependant, Cyrano restera fidèle à ce qu’il pense jusqu’à sa mort.
Un carrelage blanc aux joints noirs, lumière crue, quelques tables et quelques chaises. Au centre, dans un fauteuil, dos au public qui s’installe, Philippe Torreton somnole. Seul son bandage à la tête émerge légèrement, symbole d’une blessure psychique de longue date. Il assistera à des entrées précipitées et en cascade par la porte battante en fond de scène, sur la mélodie Summer in Siam du groupe The Pogue, avant que Montfleury, en mauvais orateur, ne parvienne à le sortir de sa torpeur et de sa léthargie pour le plus grand bonheur de ses compagnons d’infortune qu’il distrait inlassablement.
Bienvenue dans le foyer d’un asile ou plutôt d’un hôpital psychiatrique, lieu de toutes les folies. Et cela tombe bien car dans cette transposition moderne, chacun ose tout puisque chacun est fou.
Dominique Pitoiset a eu le nez fin et un flair infaillible pour assumer jusqu’au bout un tel parti pris et cela fonctionne parfaitement. Son Cyrano, qui alterne les phases d’euphorie et de dépression, semble dessiner les contours d’une bipolarité naissante. Philippe Torreton, Molière du meilleur comédien 2014 qui a reçu également le prix Beaumarchais et celui de la critique la même année, fait preuve d’une très grande aisance. Son jeu, fougueux et passionné, est littéralement magistral. Il fait souffler un vent d’humanité sur son personnage, qui nous apparaît dès lors attachant et même émouvant à bien des égards.
Cyrano est proche du misanthrope et le panache de Philippe Torreton nous permet de partir à la redécouverte de ce texte classique. Il nous fait passer du rire aux larmes. Sa formidable diction nous scotche durant près de 2h45 sur notre fauteuil rouge. A peine quelques petites longueurs de temps à autre mais dans l’ensemble, nous sommes captivés. Est-il fou ? A-t-il rêvé qu’il était Cyrano jusqu’au dernier souffle de sa vie ? Impossible de trancher avec certitude mais toujours est-il que sa folle énergie emporte notre adhésion. Tour à tour fulminant et frénétique, il est formidable et juste. A ses côtés, Julie-Anne Roth campe une Roxane juvénile mais sensible. La scène du balcon, qui se déroule via Skype, lui donne de la profondeur mais ce n’est que dans la scène finale, où la beauté du texte explose vraiment, qu’elle parvient à s’imposer réellement face à Cyrano « libre dans sa pensée autant que dans ses actes ». Leur duo est alors si fort qu’il nous bouleverse totalement. Quant à Patrice Costa, c’est un Christian un peu fade en comparaison des deux autres mais il garde le cap face au roc Torreton. Le reste de la distribution devient presque secondaire mais apporte une fluidité à un ensemble divin et drôle sans pour autant en devenir ridicule ou désinfecté de toute émotion.
Quel incroyable et fou Cyrano que celui de Dominique Pitoiset à la Porte Saint-Martin ! La cohérence et la pertinence de sa transposition rendent une nouvelle beauté aux vers d’Edmond Rostand. Nous ressortons de cette époustouflante représentation plein de compassion pour un Cyrano grandiose qui a su nous toucher à la fin de l’envoi.
Je ne sais ce qui m’a le plus charmé dans cette pièce : la troupe de comédiens autour de Cyrano qui jouent sans surjouer les aliénés de l’asile, cette mise en scène moderne réussie avec des idées qui m’ont fait sourire comme le balcon ou bien le jeu de Philippe Torreton qui est fabuleux du début à la fin (comme d’habitude me direz-vous) mais aussi les silences éloquents et les choix musicaux totalement en phase avec l’ambiance.
Bien sûr pour une longue pièce, il y a des moments où on décroche un peu mais cela semble normal.
Et puis il y a ce moment magique où l’émotion de la dernière scène nous submerge et a emporté la fatigue due aux 2h40 de spectacle sans entracte et nous nous levons pour acclamer les comédiens avec des yeux qui brillent.
Philippe Torreton m'a fait encore plus aimer Michel Vuillermoz. Cyrano de Bergerac a bercé mon coeur de jeunesse qui a été ravivé par l'adaptation cinématographique de Jean-Paul Rappeneau en 1999 avec Gérard Depardieu en Cyrano. Puis à la Comédie Française avec l'extraordinaire mise en scène de Denis Podalydès avec en Cyrano, Michel Vuillermoz et le très séduisant Loïc Corbery en Christian, qui se joue à guichet fermé chaque soir. Alors me plonger dans un univers froid d'un asile psychiatrique, le choc a été rude.
Je ne dénigre pas le talent de Philippe Torreton. Il obtient le Molière du meilleur comédien dans le théâtre subventionné pour ce rôle en 2014 ainsi que le Prix de la Critique. Il est nommé chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres en 1999 il est également chevalier de l’Ordre du mérite. L'histoire est entièrement construite autour de lui. Son talent de comédien peut briller. Les autres comédiens ne servent pas à grand chose au final, ils sont tous fades et sans saveurs. Ils pourraient être remplacés par des voix off, des projections, des simples cartons mouvants. Roxanne et Christian sont totalement insipides. Les gascons sont mous et sans vaillance. La comparaison est drôlement rude avec la Comédie Française où chaque personnage a un rôle, a une importance et surtout une véritable présence.
Deux ans après, je me souviens encore des fameuses scènes de combats à l'épée sur scène. Le metteur en scène a vu plus simple pour expliquer la situation. Il n'a rien fait à part le duc de Guise avec un semblant de costume. Le bruit de coup de feu, la lettre ensanglantée arrive et la guerre en finit.
Et que dire de la scène chez Ragueneau avant que Cyrano rencontre Roxanne? L'appétissante boutique devient juste des plateaux repas avec quelques gâteaux que le spectateur ne peut pas voir. Je me souviens de la description dans le livre et de la magnifique scène à la Comédie Française, où j'avais l'impression de sentir les poulets rôtir et les gâteaux cuire. Dans cette version, je sais qu'il y a des gâteaux car les profiteurs poètes de Ragueneau mangent des gâteaux pleins de crèmes et qu'ils en ont sur le visage. D'ailleurs, un va même cracher ce qu'il a mangé sur le sol. Sinon, je serais passer à côté de ce moment.
Je me souviens à la Comédie Française de la passion de Roxanne, de la flamme dans le regard de Christian, l'enthousiasme des gascons... Que me restera t'il de cette pièce à la fin de l'année ? Ce spectacle sans Philippe Torreton et sans tête d'affiche rencontrerait-il le même "succès" ? D'ailleurs, l'écho de cette pièce tient dans le nom de l'acteur célèbre pour son talent de comédien. On parle peut de la mise en scène et je le comprends beaucoup maintenant après avoir vu le spectacle.
La mise en scène m'a beaucoup dérangé tout en m'ennuyant et me perturbant. Pourquoi vouloir se moquer d'Edmond Rostand et de Cyrano de Bergerac ? Philippe Torreton incarne Cyrano habillé comme Pascal le grand frère qui vient la rescousse de familles en difficulté. En effet, bienvenue dans le contemporain. Baskets, jogging, veste de sport et marcel blanc avec la moustache. Par contre à la scène finale, il porte un costume "d'époque" qui va lui être retiré par ses compères de l'asile, bière à la main. Je n'ai pas compris ce changement. Comme ce personnage rêve qu'il est Cyrano, au moment de mourir il en porte les habits. Mais au final, c'est un fou comme un autre, alors on lui retire ces vêtements pour qu'il redevienne comme avant.
Roxanne est une gourdasse qui se comporte comme une adolescente. Elle vient au front retrouvé son Christian car ses lettres l'ont bouleversée. Le metteur en scène a choisi de l'habiller en robe rose avec un diadème. En effet, nous sommes dans un monde de fous.
Le metteur en scène annonce très vite que nous sommes dans un asile. Une fois le noir fait dans la salle, se sont des luminaires directs qui éclairent la salle comme ceux que l'on trouve dans les hôpitaux par exemple. Puis les comédiens rentrent et ils ont tous l'air d'avoir des problèmes psychologiques. Alors ils peuvent incarner les personnages imaginaires de notre pseudo héros Cyrano. Un petit doute est laissé quand même, les murs ne sont pas blancs, ils sont noirs. L'histoire n'est pas totalement cloisonnée.
Sur scène, nous avons d'un côté un juke-box qui va être la zone de diffusion musical qui va diffuser du Piaf au Beatles. De l'autre côté, une armoire et une arrivée d'eau. Entre les deux, du mobilier couleur argent recouvert de blanc, un fauteuil et un lit. Le mobilier va d'ailleurs bouger selon les besoin de l'histoire.
La modernité se fait par la fameuse scène du balcon. Le problème se résout très vite avec un ordinateur et un écran qui descend au milieu de la scène. Les échanges vont se faire via un système comme Skype. Au final, Christian montera quand même cueillir son baiser. Dommage que la téléportation ne soit pas encore d'actualité.
Je sais que la tendance du moment est de moderniser les mises en scène des classiques et tous y passent : Molière, Feydeau, Marivaux et même Gaston Leroux. Mais Cryrano ! J'aime ce texte plus que de raison et le voir ainsi mis en scène avec un tel irrespect des personnages me laisse totalement sur le cul. Personnages secondaires inexistants, mimiques exagérées allant jusqu'à imiter Louis de Funes... Cyrano n'est pas fou, c'est moi qui suis folle de lui. Ce qui me rassure, c'est que le succès n'est pas vraiment au rendez-vous. Est-ce le fait que le spectacle dure 2h45 ? qu'il ne soit pas trop loin de République ? Où la mise en scène trop contemporaine ? Le théâtre proposait des tarifs web sur son site et cela était affiché même dans le théâtre. Etant arrivée très à l'avance, j'entends qu'il y a eu beaucoup d'invitations pour remplir la salle. J'ai acheté ma place à -62%. Les deuxièmes, troisièmes et autres catégories n'étaient pas pleine non plus hier soir. Un Cyrano qui convainc moins que celui de la Comédie Française. Non, Cyrano ne peut pas être dans un asile avec des fous.
Oh Cyrano, je t'aime depuis si longtemps avec tes alexandrins si magnifiques que parfois lorsqu'on ose mettre trop de modernité, j'en enrage de désespoir. Heureusement que Philippe Torreton aime ce texte et lui rend bien hommage. Mais Cyrano chez les fous, très peu pour moi. Alors amis puristes, si vous aimez les combats d'épées, les repas gargantuesque et les fameuses tirades pleines de fougues, allez à la Comédie Française. Vous verrez un spectacle qui risque de vous marquer à jamais.
La mise en scène dépouillée et inattendue n'apporte rien de plus mais a l'avantage de laisser au texte une place centrale.
A voir !
Philippe Torreton est exceptionnel (comme toujours, ce qui n'est pas peu dire), toute la distribution également, avec une mention particulière pour Julie-Anne Roth, sublime Roxane. La mise en scène audacieuse de Dominique Pitoiset fait mouche, elle donne à voir Cyrano sous un angle quasi misanthrope qui est certainement la partie la plus intéressant du personnage. "Non, merci", "ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul". Tout est dit.
Le spectacle atteint des sommets, et on est les plus heureux du monde de monter avec lui. Près de 120 après, Rostand est plus moderne que jamais, le théâtre de la Porte Saint Martin est toujours là, et le public présent.
Un sérieux shoot d'optimisme et d'espoir. Shakespeare, Molière, Rostand, le théâtre reste le plus grand plaisir qui soit. Merci.