Critiques pour l'événement Mademoiselle Julie
1 oct. 2019
7/10
10
C’est l’histoire d’une passion entre un valet, Jean, et la jeune fille de la maison, Julie. Le soir de la Saint-Jean, au creux d’une nuit blanche et lumineuse, après avoir succombé à leur amour et transgresser les règles, les protagonistes décident de tout quitter. Sous le regard de Kristin, la servante, qui elle, sait rester à sa place, Jean et Julie se livrent à un combat d’amour et de liberté à l’issue fatale.
Jeu de domination, rapports de classe, sensualité et désir, volonté de s’affranchir des règles et de la société, Strindberg ramasse, dans une unité de temps et d’espace, les atermoiements des deux héros qui cherchent à échapper à leur condition et à leur destin.
Le jeu de Xavier Legrand, tout en nuances, nous a convaincu, celui d’Anna Mouglalis, reste plus linéaire malgré sa très belle présence dans ce chef d’œuvre parfaitement construit.

Une pièce de répertoire à voir, un bijou d'écriture et de construction dramatique.
4 août 2019
6,5/10
35
Une pièce contemporaine mise en scène brillamment par Élisabeth Chailloux. Texte qui montre les différences sociales et qui met en valeur le plafond de verre qui malheureusement subsiste toujours.
Un très beau jeu d'acteur de Xavier Legrand et Anna Mougladis.
Toutefois, Les décors très sombres servent parfaitement la noirceur de cette pièce, mais j'ai trouvé que cette mademoiselle Julie était un peu trop excessive et au bord de la folie ce qui m'a mis mal à l'aise.
29 juin 2019
8/10
31
J'ai découvert et beaucoup apprécié cette pièce de Stringberg que je ne connaissais pas mais je ne sais pas si le plaisir de ce spectacle ne vient pas davantage du texte que de sa mise en scène.

Certes Xavier Legrand et Anna Mougladis jouent très bien et les décors très sombres servent parfaitement la noirceur de cette pièce, mais, j'ai trouvé tout de même que cette mademoiselle Julie était un peu trop excessive et au bord de la folie.

Cela reste un beau spectacle avec de belles idées de mise en scène.
9 juin 2019
8,5/10
10
‘Mademoiselle Julie’ est une pièce sombre sur la lutte des classes et la lutte entre homme et femme. Ces deux combats sont inextricablement liés dans cette pièce. Julie, fille d’un bourgeois de province, profite de l’absence de son père pour tester un soir de fête de la Saint Jean, son pouvoir de domination via un jeu de séduction malsain, sur Jean le valet de son père. Mais attention dans ce genre de jeu les positions dominant/dominé pouvant rapidement changer de bord….

Fidèle à son habitude, Strindberg instille un malaise qui va croissant avec l’avancé de l’intrigue et la metteure en scène Anne Brochen, s’inspirant d’une traduction que j’ai beaucoup apprécié de de Terje Sinding nous sert un spectacle basé sur la force du texte, il n’y a pas d’effets superflus.
A l’instar d’autres productions, ce ‘Mademoiselle Julie’ repose sur le texte et c’était un pari risqué car cette pièce est difficile à jouer mais c’est un pari réussi pour Anne brochen, qui incarne Kristin la troisième protagoniste de cet affrontement. Son rôle de servante tout en retenue bien que l’on sente aussi sa colère qui couve sous le masque, met d’autant plus en valeur la violence des rapports entre Julie et Jean, violence exprimée par le mépris et l’orgueil des deux comédiens.

Ces deux comédiens sont Anna Mouglalis dans le rôle de Mademoiselle Julie et Xavier Legrand dans le rôle de Jean le serviteur. Ils forment un duo fantastique ! Il faut les voir se tourner autour, se rapprocher puis s’éloigner pour comprendre qu’il s’agit d’une danse, danse dangereuse en soi mais qui fait partie des apprentissages des relations maitre/valet. On se demande en les regardant qui mène la danse.

Je réitère : ces deux-là savent danser !

Il y a aussi la voix d’Anna Mouglalis : ce timbre un peu rauque qui me fait chavirer.

Et il y ce lieu, décor créé par Lorenzo Albani : une immense cuisine sombre où toute l’intrigue va se nouer, qui contribue à l’ambiance de malaise. Je salue aussi l'ambiance sonore toute en finesse de Fabrice Naud qui complète ce tableau.

C’est réussi !

Intéressante critique, mais vraiment je me suis ennuyée !

1
Mardi 11 juin 2019
6 juin 2019
7/10
32
Julie Brochen choisit une mise en scène claire, efficace où les émotions affrontent la raison. Elle incarne d’ailleurs, Kristin, la cuisinière, cette figure moralisatrice et puritaine. Son mode de vie est dictée par la croyance. Même son habillement s’oppose à ceux des deux autres comédiens.

Sa robe noire, recouvre son corps et est très austère. Jean/Xavier Legrand possède un costume classique et sobre qui incarne à merveille son rôle. Mademoiselle Julie/ Anna Mouglalis porte elle un ensemble jaune moutarde. Quand la société corsetée l’étouffera trop, elle déboutonne sa veste faisant apparaître le haut de sa tunique noire soyeuse et brodée. L’exubérance de cette jeune fille riche qui perd la raison s’illustre également par son changement de tenue qui ne correspond à style 19ème siècle. Elle m’évoque plus une tenue de Mylène Farmer. Botte montante, pantalon en cuir moulant et chemisier qui s’ouvre par l’arrière, voilà la seconde tenue dans laquelle s’illustre la folie. Un contraste noir et blanc qui peut évoquer l’opposition raison/sentiment.

Un contraste qui se trouve également dans le jeu. Anna Mouglalis à la voix grave a un comportement alambiquée et lunatique jouant à la fois l’ingénue, la capricieuse, la monstrueuse et l’égarée. Elle rêve de liberté qu’elle ne pourra jamais avoir. Impossible pour elle de se trouver. En face, on trouve le flamboyant Xavier Legrand, sérieux, droit, à la rhétorique pragmatique qui va céder à l’appel de la chaire. Ce comédien s’impose par la justesse de son ton, son charisme et sa sensibilité. Il incarne la colère d’une classe sociale rabrouée, l’ambition de changer de vie et l’utopie d’un monde plus juste demain. Mais peut-il vraiment s’affranchir des carcans qu’on lui a enseignés ?

Un doute et un espoir joués avec une grande intensité, captivant le spectateur d’un bout à l’autre de la pièce.
4 juin 2019
7,5/10
26
Découverte l’an dernier au théâtre du Poche-Montparnasse en disposition bi-frontale, cette pièce m’avait laissée perplexe. C’est cette fois-ci sur la scène plus ample du théâtre de l’Atelier qu’Anna Mouglalis, Xavier Legrand et Julie Brochen s’attaquent à « Mademoiselle Julie ». Sombre comme souvent chez Strindberg, cette pièce distille chez le spectateur une sensation de malaise croissant au fur et à mesure que l’étau se resserre sur Mademoiselle Julie qui dans un jeu de séduction-répulsion avec le serviteur de son père, Jean, commet l’irréparable pour une jeune femme de sa condition.

La pièce de Strindberg résonne, sombre et toujours aussi insaisissable, entre lutte de classes et lutte entre les hommes et les femmes, liant inextricablement les deux et noyant le bien et le mal dans un couffin d’injustices dont on ne sait laquelle est la plus grande et qui mérite d’être défendu.


Reportage Pièce Mademoiselle Julie, mise en scène Julie Brochen avec Anna Mouglalis et Xavier Legrand
Xavier Legrand est un Jean impitoyable et retors qui change de visage au gré du dialogue et de la tension qui s’installe entre lui et Mademoiselle Julie. Il est à la fois noble et repoussant, arriviste et sensible. Julie Brochen est une Kristin modeste et fière, pendant aux deux autres protagonistes ; son jeu plein de retenu et de docilité et de juste colère n’en fait que mieux ressortir la violence qui existe entre Julie et Jean.

Mais il y a quelque chose dans le personnage de mademoiselle Julie qu’Anna Mouglalis ne parvient pas tout à fait à refléter. Par sa présence et son interprétation, elle transforme le personnage de jeune femme taquine et méprisante en dominatrice présomptueuse et la signification de sa chute en est alors changée. Dans cette tonalité, Mademoiselle Julie n’apparaît pas comme la jeune femme réalisant l’ampleur des conséquences de sa chute mais plutôt comme une femme dévergondée qui se sait courir à sa perte depuis le début. Il n’y a plus la détresse du déshonneur mais la folie et l’aigreur du malheur. La magie du théâtre opère ainsi : parce qu’Anna Mouglalis avec sa voix grave, sa stature et sa maturité apporte avec elle son aura, l’aura de Julie s’en trouve changée. C’est une lecture novatrice du personnage mais qui s’éloigne tout de même un peu de l’essence même du rôle de Mademoiselle Julie.

Plus généralement, la mise en scène choisie par Julie Brochen (Kristin sur scène) est très évocatrice d’un univers de bourgeoisie provinciale et de grands espaces. La scénographie de Lorenzo Albani investit superbement la scène du théâtre de l’Atelier avec les grandes portes en fond de scène qui marque comme une frontière entre deux mondes. L’espace central vide ou presque et les décors en périphéries laissent aux acteurs une liberté de jeu et d’emphase qui fonctionne à merveille. C’est visuellement très beau !

Un avis contrasté et quelque peu fasciné par ce choix de mise en scène. Une bien grande surprise sur une pièce toujours aussi complexe et difficile à incarner !
31 mai 2019
8/10
7
« Mademoiselle Julie » d’August Strindberg dans une traduction de Terje Sinding au théâtre de l’Atelier dans une mise en scène de Julie Brochen est une vision beaucoup plus animale de cette pièce, à la construction tragique.

Il y a deux pouvoirs dans cet univers qui nous est présenté, celui de la hiérarchie et celui de l’homme. Une vision plurielle de la domination où le dominé et le dominant se retrouvent chacun leur tour en position de force.
Une nouvelle mise en scène, après de très nombreuses adaptations, qui met l’accent sur la prédominance de l’homme, représentée par le valet « Jean » sur la femme « Mademoiselle Julie » ; avec la particularité que l’homme se rapproche par sa voix de la féminité tandis que la voix de la femme se rapproche de la masculinité. Un choix judicieux des comédiens qui engendre le malaise que nous vivons pendant cette nuit d’été interminable, celle de la Saint-Jean.
Au milieu surnage une voix neutre celle de la cuisinière, qui par son rôle sème le trouble dans cette relation qui évolue vers la perdition.
Lorenzo Albani a créé le décor unique d’une immense cuisine, lieu des échanges, des conflits, des bavardages, de cette tragédie naissante, dans lequel il y a quatre colonnes. Des colonnes délimitant l’espace de jeu, symbolisant l’élévation de ces âmes « perdues » dans ce lieu réservé aux petites gens et donnant accès aux sorties fuyantes, permettant la respiration des protagonistes.

Un valet qui est amoureux de la fille de son patron, une cuisinière qui pourrait être la fiancée du valet et la fille qui joue de son pouvoir de séduction, de son pouvoir tout court.
Un jeu de séduction qui tourne par la case mépris, par la case orgueil. Un mépris réciproque entre serviteurs et maîtres, tout comme leurs orgueils qui ne se cachent pas sous leurs mouchoirs.
Certes Mademoiselle Julie a pour elle la supériorité de sa classe due à sa naissance, son éducation, de la vision de sa mère qui lui a inculqué une haine féroce envers la gent masculine ; mais fait-elle le poids devant celle d’un homme qui connaît sa place dans cette société bien orchestrée ?
Une lutte sans merci où tous les coups sont permis, où chacun se dévoile jusqu’au plus profond de son être pour finalement ne pas se comprendre. La violence d’une scène de ménage qui en fait n’en est pas une, compte tenu des mondes qui les séparent.
Un jeu de séduction animale de cette Mademoiselle Julie qui comme une enfant fait son caprice et ne comprend pas qu’on lui résiste, ou qui fait celle qui ne comprend pas.

Une mise en scène qui se déroule comme l’apprentissage d’une danse, où les pas, les tournoiements, les éloignements et les rapprochements, sur un tapis de pétales de fleurs, viendront enivrer les personnages et emporter dans leurs sillages les spectateurs.
Les silences aussi importants que les dialogues captent l’attention du spectateur, et intensifient le malaise de cet affrontement auquel nous assistons muets, absorbés par un texte surprenant, poignant, jusqu’au lever du jour, fin de cette unité, où la magnifique voix de Gribouille nous ensorcelle avec son « Dieu Julie ».
Une fin saisissante à ce jeu de piste construit habilement par August Strindberg dont ses déboires amoureux accentuent la dramaturgie, avec un valet droit dans ses bottes qui doit servitude à son maître, ses coups de sonnettes ne laissant aucune place à l’oisiveté.

Anna Mouglalis dans le rôle de Mademoiselle Julie et Xavier Legrand dans le rôle de Jean forment un duo remarquable en tous points dans la justesse de leurs jeux, de la transmission de la psychologie des personnages. Ils éclairent d’un jeu nouveau cette pièce tant jouée dans le monde entier.
L’ambivalence des personnages, des caractères est saisissante de vérité : qui est qui ? Qui manipule qui ?

Une mise en scène discrète, musicale de Julie Brochen qui joue également le rôle de Kristin, la cuisinière. Une mise en scène entre la lumière et la pénombre de Louise Gibaud tout comme les silences avec lesquels elle fait jouer ses comédiens. Une retenue palpable pour donner encore plus de relief au déchirement des deux êtres…humains.
30 mai 2019
9/10
35
Le petit serin est mort.
Lui aussi...
Et Gribouille de chanter sa goualante : « Dieu Julie, C'est jusqu'à vingt cinq ans, Que tu as joué à la poupée... »

Ici, Julie ne veut plus y jouer, à la poupée, surtout en cette nuit suédoise de la Saint-Jean, celle où les jeunes filles comme il faut cachent des fleurs sous leur oreiller pour rêver à leur futur chéri...
Sur le plateau du théâtre de l'Atelier, les fleurs sont sur le sol... Disséminées, abandonnées.

Julie Brochen, ex-patronne de l'Aquarium, du TNS de Strasbourg, nous entraîne dans une lutte, une danse, un jeu de séductions, d'attractions, de répulsions. Au pluriel, séductions, attractions et répulsions.

Lutte des classes, lutte des sexes, lutte des mots, lutte des corps.
Danse à trois. Une valse à trois temps, trois personnages, trois caractères.

La metteure en scène, s'appuyant sur la belle traduction de Terje Sinding, nous donne une superbe version de cette pièce. Ici, pas de subterfuges, pas de faux-semblants. Le texte prime, un texte qui nous est cuisiné à cœur.
Strindberg au plus près.

Certes, nous sommes confrontés à l'impossible compréhension de ces trois-là, Julie, Jean et Christine, à la violence de leurs rapports, mais nous seront montrés également beaucoup de séduction et de sensualité. Nous sentirons bien que l'attraction et l'attirance qu'éprouvent ces deux-là n'est pas seulement intellectuelle.

Dans ce Downtown Abbey suédois, nous sommes dans le monde du bas. Dans le huis clos de la cuisine. Un monde des valets bien huilé perturbé par la descente de la jeune fille de la Haute.

La cage de scène entière, avec ses murs gris et austères, va servir de décor à la pièce.
Ici l'importante profondeur du plateau va jouer un grand rôle. La mise en scène se servira de cette perspective. Les personnages seront tour à tour à l'avant-scène ou au lointain. Nous les verrons donc de taille différente, plus grands ou plus petits l'un par rapport aux autres, en fonction de leur position en profondeur. Ainsi qu'en fonction de leurs « dominations » respectives.
Le procédé fonctionne à merveille.

Ce sont Anna Mouglalis et Xavier Legrand, les interprètes de Julie et Jean, qui ont demandé à Melle Bochen de les mettre en scène.
Ils ont bien fait.
Le couple fonctionne à la perfection. Le trio, devrais-je même écrire.

De sa voix rauque, toujours un peu éraillée, Melle Mouglalis interprète cette jeune femme tour à tour espiègle, drôle, ingénue, puis furieuse, hallucinée, monstrueuse, perdue.
L'immense palette de la comédienne sert au mieux la vision de cette demoiselle qui veut échapper aux conventions sociales et à son monde corseté, tout en redoutant ce passage à l'acte.
Elle est vraiment impressionnante à jouer cette jeune femme aux prises avec des pulsions parfois contradictoires.

Son interprétation intense, profondément ancrée dans une réalité très ambivalente hors de tout contexte, son jeu tour à tour délicat, puissant, sensuel, tout ceci force le respect.
Son personnage est une très grande Mademoiselle Julie.

Xavier Legrand est le valet, le laquais. Lui aussi est dans une grande intensité de jeu. Il incarne tour à tour la raison mais aussi l'ambition, l'utopie, la rage. Il réussit parfaitement à rendre très intéressant son personnage d'homme tiraillé, qui devra choisir, et qui finalement se révélera le plus fort des trois. Par moments, il nous fera sourire, également.
Ne manquez surtout pas le dernier regard qu'il nous adresse !

Julie Brochen interprète elle-même et de façon très intense Christine, la cuisinière, l'autre « domestique », l'autre « prolétaire ».
Elle sera la seule à descendre parmi les autres prolos d'en bas que nous sommes, nous le public, au-delà du quatrième mur.

Un coup de chapeau à la création sonore très subtile de Fabrice Naud, avec des sons d'ambiance tout à fait appropriés.

On l'aura compris, il ne faut surtout pas passer à côté de ce passionnant moment de théâtre.
C'est un spectacle incontournable de cette fin de saison.
29 mai 2019
9,5/10
19
... L’interprétation convaincante, la mise en vie singulière et volontariste du texte, l’ambiance sonore et la présence musicale des chansons posées ici et là aux détours bienvenus, tout contribue à composer un ensemble cohérent où nous retrouvons l’esprit et la lettre de Strindberg, nous laissant le soin de s’y laisser prendre. Un superbe et prégnant spectacle. Une magnifique « Mademoiselle Julie ». À voir et savourer très vite.

Cela tombe bien, je vais le voir demain :)

1
Jeudi 30 mai 2019
29 mai 2019
6/10
25
Je ne suis pas du tout entrée dans la danse !

A part Xavier Legrand qui pour moi tire son épingle du jeu, Anna Mouglalis semble être "pompette" du début à la fin, pour moi manque de crédibilité et de sensibilité dans son jeu.

Julie Brochen signe la mise en scène et interprète le rôle de Christine, qui ne lui va pas non plus.