Ses critiques
160 critiques
8/10
Sur la scène trois clowns mixent avec brio la poésie de Jacques Tati et l'absurde des Deschiens. On rit du début à la fin. Les situations s'enchaînent avec rythme, hilarantes, absurdes, poétiques, tendres. L'un après l'autre on fait connaissance avec ces trois univers. Il y a l'employé hyper connecté et obsédé par la propreté dans son studio d'un blanc immaculé. A l'opposé une jeune femme très girly qui cherche sa voie, ce qui donne lieu à des expérimentations surprenantes sur ses voisins de palier. Entre les deux un baba cool dégingandé, amateur de bio, qui sait mettre à profit le moindre espace son minuscule lieu de vie. Petit à petit une histoire s'écrit, des liens se nouent, la vie s'installe avec ses joies et ses coups de blues, ces moments de folie, ses bourrasques et ses tempêtes.
La mise en scène est rythmée, s'autorisant quelques plages de calme pour mieux repartir dans le tourbillon de la vie et des sentiments. Pas de dialogue. Seulement la gestuelle et quelques onomatopées, des effets techniques et une bande son variée. Sans parler d'un karaoké d' anthologie.
S'immerger dans BIGRE c'est prendre un bain de jouvence. Pari osé dans lequel s'est lancé Pierre Guillois et ses coauteurs Olivier Martin-Salvan et Agathe L'Huillier : un spectacle burlesque muet. Et le succès est au rendez-vous, d'abord au Quartz, scène nationale de Brest, puis au Théâtre du Rond-Point avant de faire succomber le public du Théâtre Tristan Benard à Paris. Au point que BIGRE pourrait bien devenir culte.
Pierre Guillois, Agathe L'Huillier et Jonathan Pinto-Rocha s'en donnent à cœur joie dans les rôles des ces trois olibrius qui enchaînent les catastrophes, dans un décor recelant une machinerie digne du grand guignol, où les espoirs, les rires et les peines s'envolent, se noient ou prennent feu dans un joyeux délire jusqu'à l'explosion finale.
La mise en scène est rythmée, s'autorisant quelques plages de calme pour mieux repartir dans le tourbillon de la vie et des sentiments. Pas de dialogue. Seulement la gestuelle et quelques onomatopées, des effets techniques et une bande son variée. Sans parler d'un karaoké d' anthologie.
S'immerger dans BIGRE c'est prendre un bain de jouvence. Pari osé dans lequel s'est lancé Pierre Guillois et ses coauteurs Olivier Martin-Salvan et Agathe L'Huillier : un spectacle burlesque muet. Et le succès est au rendez-vous, d'abord au Quartz, scène nationale de Brest, puis au Théâtre du Rond-Point avant de faire succomber le public du Théâtre Tristan Benard à Paris. Au point que BIGRE pourrait bien devenir culte.
Pierre Guillois, Agathe L'Huillier et Jonathan Pinto-Rocha s'en donnent à cœur joie dans les rôles des ces trois olibrius qui enchaînent les catastrophes, dans un décor recelant une machinerie digne du grand guignol, où les espoirs, les rires et les peines s'envolent, se noient ou prennent feu dans un joyeux délire jusqu'à l'explosion finale.
7/10
La Reine de Beauté de Leenane est le premier volet de la Trilogie de Leenane commencée par Martin McDonagh en 1996. Le dramaturge et cinéaste irlandais y décrit avec réalisme la misère d'une population qui semble abandonnée du monde, tuant dans l’œuf tout espoir de bonheur. Ceux qui restent ne rêvent que de partir. Ceux qui partent pour Londres ne connaissent que désillusion et mépris de la part des anglais. .
Dans cette comédie noire il est question d'amour et de haine, des affres de l'émigration, d'espoir et de désespoir, de verts pâturages qui ne sont qu'enfermement dans la solitude, de perspectives sans avenir autre que la folie ou l'exil. Rapidement on sait que la fin sera à la fois terrible et inéluctable. Mais l'humour reste présent malgré le cynisme.
Sophie Parel a pris le pari de porter à nouveau à la scène ce drame parce qu'il "nous interroge sur notre tentative à exister". Quelle est la part du libre-arbitre par opposition à l'environnement familial, social et au poids de l'éducation. Sommes-nous libres ? Pouvons-nous toujours et totalement devenir les acteurs de nos vies ? Elle empoigne à pleines mains le rôle de Maureen, lui donne toute l’ambiguïté d'une femme tiraillée entre son devoir et ses besoins, incarnant avec force ses espoirs et ses doutes, ses maladresses, sa solitude, la folie qui la gagne au point qu'elle ne finira par ne plus faire la différence entre ses fantasmes et la réalité. Elle attire notre compassion pour cette pauvre fille qui aurait droit au bonheur.
Catherine Salviat, de la Comédie Française, est une mère tyrannique que l'on aime détester, une Tatie Danielle de la lande irlandaise. Avec justesse elle donne à voir tout l'amour d'une mère pour sa fille et la difficulté de l'expression de cet amour égoïste et exclusif. On sent les freins qu'elle se met pour ne pas montrer le moindre signe de compassion envers sa fille, préférant l'enfermer dans l'humiliation, le contrôle au travers des ses ordres et de ses pleurnicheries. Manipulatrice, sa perversité ne vise qu'à empêcher celle qu'elle voudrait garder enfant de s'envoler vers un bonheur dont on ne saura pas si elle l'a elle-même connu un jour.
Dans ses tentatives de contrôle elle est aidée bien malgré lui par le jeune Ray Dooley, sorte de gamin attardé qui est hypnotisé pas le moindre écran télévisé et par la candeur manipulatrice de Mag. Arnaud Dupont, déjà excellent dans Le Cercle des Illusionnistes est bluffant dans le rôle de ce pauvre gamin qui se laisse convaincre par les belles paroles de Mag et sera involontairement responsable des malheurs de Maureen.
Grégori Baquet est le quatrième pilier de ce magnifique quatuor. Avec la sensibilité qu'on lui connaît il est Pato Dooley, celui qui pourrait, tel un chevalier de conte de fées, emporter Maureen sur les douces pentes de l'amour et du bonheur et lui offrir la voie de l'Amérique, celle d'un avenir possible. Attentif, sensible, maladroit, hésitant, il tente d'instaurer la paix entre les deux femmes mais ne sera qu'un élément déterminant pour attiser le combat qu'elles se livrent depuis si longtemps. Parce que nous ne sommes pas dans un conte de fées, le destin que lui a choisi l'auteur prendra une route différente de celui de la Reine de Beauté.
La scénographie ancre la pièce entre rêve et réalité. L'action se passe exclusivement dans la cuisine de Maureen et Mag, entre porridge et évier, entre fauteuil roulant et table baccale. Au fond des projections de paysages et de ciels. Tantôt bleus, tantôt gris, clairs ou couverts de nuages noirs, ils reflètent le rythme de la dramaturgie du récit mais aussi les rêves d'évasion des protagonistes.
Dans cette comédie noire il est question d'amour et de haine, des affres de l'émigration, d'espoir et de désespoir, de verts pâturages qui ne sont qu'enfermement dans la solitude, de perspectives sans avenir autre que la folie ou l'exil. Rapidement on sait que la fin sera à la fois terrible et inéluctable. Mais l'humour reste présent malgré le cynisme.
Sophie Parel a pris le pari de porter à nouveau à la scène ce drame parce qu'il "nous interroge sur notre tentative à exister". Quelle est la part du libre-arbitre par opposition à l'environnement familial, social et au poids de l'éducation. Sommes-nous libres ? Pouvons-nous toujours et totalement devenir les acteurs de nos vies ? Elle empoigne à pleines mains le rôle de Maureen, lui donne toute l’ambiguïté d'une femme tiraillée entre son devoir et ses besoins, incarnant avec force ses espoirs et ses doutes, ses maladresses, sa solitude, la folie qui la gagne au point qu'elle ne finira par ne plus faire la différence entre ses fantasmes et la réalité. Elle attire notre compassion pour cette pauvre fille qui aurait droit au bonheur.
Catherine Salviat, de la Comédie Française, est une mère tyrannique que l'on aime détester, une Tatie Danielle de la lande irlandaise. Avec justesse elle donne à voir tout l'amour d'une mère pour sa fille et la difficulté de l'expression de cet amour égoïste et exclusif. On sent les freins qu'elle se met pour ne pas montrer le moindre signe de compassion envers sa fille, préférant l'enfermer dans l'humiliation, le contrôle au travers des ses ordres et de ses pleurnicheries. Manipulatrice, sa perversité ne vise qu'à empêcher celle qu'elle voudrait garder enfant de s'envoler vers un bonheur dont on ne saura pas si elle l'a elle-même connu un jour.
Dans ses tentatives de contrôle elle est aidée bien malgré lui par le jeune Ray Dooley, sorte de gamin attardé qui est hypnotisé pas le moindre écran télévisé et par la candeur manipulatrice de Mag. Arnaud Dupont, déjà excellent dans Le Cercle des Illusionnistes est bluffant dans le rôle de ce pauvre gamin qui se laisse convaincre par les belles paroles de Mag et sera involontairement responsable des malheurs de Maureen.
Grégori Baquet est le quatrième pilier de ce magnifique quatuor. Avec la sensibilité qu'on lui connaît il est Pato Dooley, celui qui pourrait, tel un chevalier de conte de fées, emporter Maureen sur les douces pentes de l'amour et du bonheur et lui offrir la voie de l'Amérique, celle d'un avenir possible. Attentif, sensible, maladroit, hésitant, il tente d'instaurer la paix entre les deux femmes mais ne sera qu'un élément déterminant pour attiser le combat qu'elles se livrent depuis si longtemps. Parce que nous ne sommes pas dans un conte de fées, le destin que lui a choisi l'auteur prendra une route différente de celui de la Reine de Beauté.
La scénographie ancre la pièce entre rêve et réalité. L'action se passe exclusivement dans la cuisine de Maureen et Mag, entre porridge et évier, entre fauteuil roulant et table baccale. Au fond des projections de paysages et de ciels. Tantôt bleus, tantôt gris, clairs ou couverts de nuages noirs, ils reflètent le rythme de la dramaturgie du récit mais aussi les rêves d'évasion des protagonistes.
6/10
Difficile genre que celui de la Comédie Musicale. Nicolas Briançon relève le défi avec un spectacle qui dévoile toute sa folie au cours de la deuxième partie, après une première partie un peu trop lisse.
Nestor le Frippé (Lorant Deutsch) aime Irma la Douce (Marie-Julie Baup) qui vend ses charmes pour gagner sa vie. Ce n'est pas un problème pour Nestor jusqu'à ce que la jalousie le pousse à s'inventer un double qui sera le cave d'Irma, son seul client. Son mensonge le menera jusqu'au bagne dont il reviendra à temps pour retrouver son rossignol.
C'est une renversante et dynamique Nicole Croisille qui nous conte leur histoire. Et force est de constater qu'elle n'a rien perdu de sa belle voix chaude. Elle a toute la gouaille de la tenancière du bouge qui sert de repère à cette bande de petites frappe. Elle vaut à elle seule le déplacement. Ainsi que Andy Cocq, irrésistible prostituée travesti ou bagnard sensible.
La mise en scène de Nicolas Briançon nous plonge avec réussite dans le Paris des années 50. Si Lorant Deutsch n'est pas un chanteur il nous offre une belle scène de schizophrénie. Marie-Julie Baup est séduisante à souhait et a un joli brin de voix.
Au final un agréable moment qui pâtit du manque de folie et de rythme de sa première partie mais nous emporte dans son énergie après l'entracte.
A noter la présence quasi sur scène d'un orchestre de 5 musiciens qui participe à la création de l'ambiance réussie.
Nestor le Frippé (Lorant Deutsch) aime Irma la Douce (Marie-Julie Baup) qui vend ses charmes pour gagner sa vie. Ce n'est pas un problème pour Nestor jusqu'à ce que la jalousie le pousse à s'inventer un double qui sera le cave d'Irma, son seul client. Son mensonge le menera jusqu'au bagne dont il reviendra à temps pour retrouver son rossignol.
C'est une renversante et dynamique Nicole Croisille qui nous conte leur histoire. Et force est de constater qu'elle n'a rien perdu de sa belle voix chaude. Elle a toute la gouaille de la tenancière du bouge qui sert de repère à cette bande de petites frappe. Elle vaut à elle seule le déplacement. Ainsi que Andy Cocq, irrésistible prostituée travesti ou bagnard sensible.
La mise en scène de Nicolas Briançon nous plonge avec réussite dans le Paris des années 50. Si Lorant Deutsch n'est pas un chanteur il nous offre une belle scène de schizophrénie. Marie-Julie Baup est séduisante à souhait et a un joli brin de voix.
Au final un agréable moment qui pâtit du manque de folie et de rythme de sa première partie mais nous emporte dans son énergie après l'entracte.
A noter la présence quasi sur scène d'un orchestre de 5 musiciens qui participe à la création de l'ambiance réussie.
7/10
Une émouvante évocation de la vie de Charlie Chaplin et une interprétation bluffante de Maxime d'Aboville.
Dans un décor et une scénographie en noir et blanc, Daniel Colas nous propose un spectacle un peu didactique qui donne à voir l'homme sensible et fragile qui se cachait derrière le génie comique. Celui qui créa l'inoubliable personnage de CHARLOT (The Tramp pour les anglo-saxons) garda tout au long de sa vie la hantise de retomber dans la misère de son enfance. Ses idées anti-libérales et la rumeur lui valurent les foudres de Hoover et l'expulsion du pays qui lui apporta la reconnaissance mondiale.
La grande force de cette création est la qualité de l'interprétation et l'émotion qui s'en dégage. On en plongé dans une époque, au cœur du Hollywood du cinéma muet, dans les méandre de la création et dans l'intimité de ce génie comique. Maxime d'Aboville n'interprète pas Charlot, il EST Charlot. La ressemblance est bluffante, notamment dans la reconstitution du "Combat de Boxe", et montre tous les contrastes du personnage, toute sa complexité, ainsi que de beaux moments d'émotion comme lorsqu'il retrouve sa mère malade (belle et juste interprétation de Béatrice Agenin). La jolie surprise est Linda Hardy, sensible Oona qui su apporter un peu de douceur à un homme tourmenté.
Un très beau moment de théâtre.
Dans un décor et une scénographie en noir et blanc, Daniel Colas nous propose un spectacle un peu didactique qui donne à voir l'homme sensible et fragile qui se cachait derrière le génie comique. Celui qui créa l'inoubliable personnage de CHARLOT (The Tramp pour les anglo-saxons) garda tout au long de sa vie la hantise de retomber dans la misère de son enfance. Ses idées anti-libérales et la rumeur lui valurent les foudres de Hoover et l'expulsion du pays qui lui apporta la reconnaissance mondiale.
La grande force de cette création est la qualité de l'interprétation et l'émotion qui s'en dégage. On en plongé dans une époque, au cœur du Hollywood du cinéma muet, dans les méandre de la création et dans l'intimité de ce génie comique. Maxime d'Aboville n'interprète pas Charlot, il EST Charlot. La ressemblance est bluffante, notamment dans la reconstitution du "Combat de Boxe", et montre tous les contrastes du personnage, toute sa complexité, ainsi que de beaux moments d'émotion comme lorsqu'il retrouve sa mère malade (belle et juste interprétation de Béatrice Agenin). La jolie surprise est Linda Hardy, sensible Oona qui su apporter un peu de douceur à un homme tourmenté.
Un très beau moment de théâtre.
6,5/10
Un univers absurde comme je les aime.
Sergi LOPEZ déborde d'énergie dans ce presque seul en scène. Un fils qui confronte son père plus concerné par une finale de tennis que par les désirs d'émancipation de sa progéniture. Et un homme-cerf qui joue les trouble-fête, sorti de l'inconscient délirant du jeune homme (enfin pas si jeune que cela non plus).
Si le texte manque parfois de cohérence il faut accepter le lachez-prise pour se laisser porter par l'absurde des situations et le délire de cette homme qui cherche, qui se cherche, et qui, tel Livingstone, se perd dans une jungle, celle de son inconscient.
Un spectacle qui ne vous livre pas toutes les réponses sur un tapis vert mais qui se laisse savourer par son humour et par l'extraordinaire énergie de ses ceux comédiens.
Sergi LOPEZ déborde d'énergie dans ce presque seul en scène. Un fils qui confronte son père plus concerné par une finale de tennis que par les désirs d'émancipation de sa progéniture. Et un homme-cerf qui joue les trouble-fête, sorti de l'inconscient délirant du jeune homme (enfin pas si jeune que cela non plus).
Si le texte manque parfois de cohérence il faut accepter le lachez-prise pour se laisser porter par l'absurde des situations et le délire de cette homme qui cherche, qui se cherche, et qui, tel Livingstone, se perd dans une jungle, celle de son inconscient.
Un spectacle qui ne vous livre pas toutes les réponses sur un tapis vert mais qui se laisse savourer par son humour et par l'extraordinaire énergie de ses ceux comédiens.