Ses critiques
160 critiques
8/10
MONOLOGUE GESTICULATOIRE
Tous les soirs depuis le mois de mars Olivier SALADIN se glisse dans la peau du Docteur Galvan et nous fait revivre une folle nuit dans un service d'urgence d'un hôpital. Au cours de ce "monologue gesticulatoire" (sous-titre de la nouvelle de Daniel PENNAC qui donne naissance à ce spectacle), l'interne va transporter son malade dans tous les services de l’hôpital, rencontrer tous les mandarins de la maison pour tenter de découvrir de quoi souffre cet homme qui ne sait dire que "je ne me sens pas bien". Il devra surtout résoudre l'énigme existentielle qui décidera de sa carrière : qu'inscrire sur sa future carte de visite ?
REMARQUABLE PERFORMANCE D'ACTEUR
Pas une seconde de répit pour le comédien qui enchaîne les scènes à un rythme frénétique. Pas une seconde de répit non plus pour nos zygomatiques : pendant 1h15 les situations cocasses et les bons mots garantissent éclats de rire à répétition. Dans un décor très simple, composé de quelques chaises et d'un bureau moderne Olivier SALADIN se démène comme un beau diable et enfile l'identité d'une quinzaine de personnages plus ou moins caricaturaux. Tout le public adhère, y compris les médecins présents dans la salle qui se retrouvent dans la folle aventure du docteur Galvin qui nous tient en haleine jusqu'à sa surprenante conclusion.
Seul en scène l'ex raisonneur de la bande des Deschiens s'en donne à coeur joie dans cette précision mécanique du corps, cette panique professionnelle menée avec un humour ravageur, attendrissant mais jamais méchant. C'est sur une idée de François MOREL qu'a démarré cette aventure (voir mon article sur la rencontre avec Olivier SALADIN et Daniel PENNAC). Et on ne peut que se féliciter de cette brillante idée de confier à son compère et ami l'interprétation de cet interne dérouté par les symptômes incompréhensibles constaté sur son patient. Il nous livre une prestation d'une extrême justesse, multipliant les émotions, dans une mise en scène millimétrée de Benjamin GUILLARD.
En bref : Coup de cœur pour cette belle surprise. Toute la verve et l'humour de PENNAC porté par la magistrale performance d'acteur d'Olivier SALADIN. A ne manquer sous aucun prétexte.
Tous les soirs depuis le mois de mars Olivier SALADIN se glisse dans la peau du Docteur Galvan et nous fait revivre une folle nuit dans un service d'urgence d'un hôpital. Au cours de ce "monologue gesticulatoire" (sous-titre de la nouvelle de Daniel PENNAC qui donne naissance à ce spectacle), l'interne va transporter son malade dans tous les services de l’hôpital, rencontrer tous les mandarins de la maison pour tenter de découvrir de quoi souffre cet homme qui ne sait dire que "je ne me sens pas bien". Il devra surtout résoudre l'énigme existentielle qui décidera de sa carrière : qu'inscrire sur sa future carte de visite ?
REMARQUABLE PERFORMANCE D'ACTEUR
Pas une seconde de répit pour le comédien qui enchaîne les scènes à un rythme frénétique. Pas une seconde de répit non plus pour nos zygomatiques : pendant 1h15 les situations cocasses et les bons mots garantissent éclats de rire à répétition. Dans un décor très simple, composé de quelques chaises et d'un bureau moderne Olivier SALADIN se démène comme un beau diable et enfile l'identité d'une quinzaine de personnages plus ou moins caricaturaux. Tout le public adhère, y compris les médecins présents dans la salle qui se retrouvent dans la folle aventure du docteur Galvin qui nous tient en haleine jusqu'à sa surprenante conclusion.
Seul en scène l'ex raisonneur de la bande des Deschiens s'en donne à coeur joie dans cette précision mécanique du corps, cette panique professionnelle menée avec un humour ravageur, attendrissant mais jamais méchant. C'est sur une idée de François MOREL qu'a démarré cette aventure (voir mon article sur la rencontre avec Olivier SALADIN et Daniel PENNAC). Et on ne peut que se féliciter de cette brillante idée de confier à son compère et ami l'interprétation de cet interne dérouté par les symptômes incompréhensibles constaté sur son patient. Il nous livre une prestation d'une extrême justesse, multipliant les émotions, dans une mise en scène millimétrée de Benjamin GUILLARD.
En bref : Coup de cœur pour cette belle surprise. Toute la verve et l'humour de PENNAC porté par la magistrale performance d'acteur d'Olivier SALADIN. A ne manquer sous aucun prétexte.
8/10
Pour la deuxième saison consécutive et après deux années de succès dans le Festival Off à Avignon, Alexis MONCORGE revient au Poche Montparnasse avec AMOK, son adaptation du texte de ZWEIG qui lui a permis de recueillir la reconnaissance de ses pairs avec un Molière 2916 de la Révélation Masculine. Un personnage qui l'habite fiévreusement et passionnément dans une prestation remarquable.
FIÈVRE TROPICALE
Nous sommes en mars 1912, sur le pont d'un navire qui file vers l'Europe. Sur le pont, à l'écart des autres passagers et de l'équipage, un homme se laisse aller à se confier à faveur de la nuit sur les raisons de son voyage. Jeune médecin Il menait une carrière paisible en Malaisie jusqu'à ce que sa route croise celle de cette belle dame blanche européenne venue solliciter son aide. La passion va dès lors l'enflammer, se confondant avec la folie. Une obsession et une fièvre qui ressemble à l'Amok, cette crise meurtrière dont sont pris soudainement les opiomanes malais.
COUP DE FOUDRE
Alexis MONCORGE n'a pas trente ans et a déjà rencontré ce que certains comédiens attendent toute une vie : le texte qui a bouleversé sa carrière. A la première lecture il confie avoir eu un coup de foudre pour cette histoire dans laquelle on retrouve beaucoup des thèmes de prédilection de l'auteur Stefan ZWEIG : un jeune homme au destin tragique, l'exil, une femme adultère car mal aimée, une atmosphère fiévreuse et mystique, un secret inavouable qui empoissonne l'âme, un dénouement fatal.
Dans un décor sobre fait de quelques boites, d'un tabouret, d'un filet, le jeune comédien attrape le spectateur en quelques secondes, le transformant en confident de cette sombre histoire. Entre brume et lumière lunaire nous assistons impuissants à sa descente en enfer. Que faut-il croire de ce récit ? Quelle partialité peut-on attendre de cet esprit possédé ? Il nous livre sa version de son combat contre une force implacable, démoniaque. A-t-il vraiment recouvré la raison ? Sera-t-il libéré après avoir livré son lourd secret ?
LA PUISSANCE DE L'IMAGINAIRE
Le décor de Caroline MEXME, les lumières de Denis KORANSKI et la composition musicale de Thomas CORDE nous plongent dans cette atmosphère pleine de mystère, chargée de tout notre imaginaire d'une fin de siècle colonial en Asie, renforcée par l'ambiance de cette hune baignant dans la clarté de la poussière d'étoile. Une atmosphère que n'aurait pas reniée Edgar Allan POE.
Alexis MONCORGE est habité par ce rôle, maîtrisant les paradoxes et les tourments du jeune médecin. Par la force des mots et de son interprétation les personnes qui ont participé à cette histoire surgissent devant nous, dans un environnement sorti de notre imaginaire et qui pourtant semble se dessiner sous nos yeux : les villages de montagne, les maisons coloniales, la forêt touffue, la vie de la bourgeoisie de la capitale coloniale, les boys, et cette belle femme blanche qui l'a ensorcelé. La mise en scène de Caroline DARNAY orchestre une gestuelle précise comme une chorégraphie, grâce au travail de Nicolas VAUCHER. Le regard fiévreux, le corps reflétant les errances et dérives de l'esprit, la prestation est saisissante.
"Je considère notre métier comme de l'artisanat et il y a une magnifique équipe autre de moi. La récompense est aussi pour eux".
Alexis Moncorgé
En bref : Un Molière largement mérité pour Alexis MONCORGE dont la puissance de jeu nous transporte dans l'imaginaire d'un homme obsédé par une passion dévastatrice. Un comédien au charisme extraordinaire qui sublime le texte de Stefan SWEIG.
FIÈVRE TROPICALE
Nous sommes en mars 1912, sur le pont d'un navire qui file vers l'Europe. Sur le pont, à l'écart des autres passagers et de l'équipage, un homme se laisse aller à se confier à faveur de la nuit sur les raisons de son voyage. Jeune médecin Il menait une carrière paisible en Malaisie jusqu'à ce que sa route croise celle de cette belle dame blanche européenne venue solliciter son aide. La passion va dès lors l'enflammer, se confondant avec la folie. Une obsession et une fièvre qui ressemble à l'Amok, cette crise meurtrière dont sont pris soudainement les opiomanes malais.
COUP DE FOUDRE
Alexis MONCORGE n'a pas trente ans et a déjà rencontré ce que certains comédiens attendent toute une vie : le texte qui a bouleversé sa carrière. A la première lecture il confie avoir eu un coup de foudre pour cette histoire dans laquelle on retrouve beaucoup des thèmes de prédilection de l'auteur Stefan ZWEIG : un jeune homme au destin tragique, l'exil, une femme adultère car mal aimée, une atmosphère fiévreuse et mystique, un secret inavouable qui empoissonne l'âme, un dénouement fatal.
Dans un décor sobre fait de quelques boites, d'un tabouret, d'un filet, le jeune comédien attrape le spectateur en quelques secondes, le transformant en confident de cette sombre histoire. Entre brume et lumière lunaire nous assistons impuissants à sa descente en enfer. Que faut-il croire de ce récit ? Quelle partialité peut-on attendre de cet esprit possédé ? Il nous livre sa version de son combat contre une force implacable, démoniaque. A-t-il vraiment recouvré la raison ? Sera-t-il libéré après avoir livré son lourd secret ?
LA PUISSANCE DE L'IMAGINAIRE
Le décor de Caroline MEXME, les lumières de Denis KORANSKI et la composition musicale de Thomas CORDE nous plongent dans cette atmosphère pleine de mystère, chargée de tout notre imaginaire d'une fin de siècle colonial en Asie, renforcée par l'ambiance de cette hune baignant dans la clarté de la poussière d'étoile. Une atmosphère que n'aurait pas reniée Edgar Allan POE.
Alexis MONCORGE est habité par ce rôle, maîtrisant les paradoxes et les tourments du jeune médecin. Par la force des mots et de son interprétation les personnes qui ont participé à cette histoire surgissent devant nous, dans un environnement sorti de notre imaginaire et qui pourtant semble se dessiner sous nos yeux : les villages de montagne, les maisons coloniales, la forêt touffue, la vie de la bourgeoisie de la capitale coloniale, les boys, et cette belle femme blanche qui l'a ensorcelé. La mise en scène de Caroline DARNAY orchestre une gestuelle précise comme une chorégraphie, grâce au travail de Nicolas VAUCHER. Le regard fiévreux, le corps reflétant les errances et dérives de l'esprit, la prestation est saisissante.
"Je considère notre métier comme de l'artisanat et il y a une magnifique équipe autre de moi. La récompense est aussi pour eux".
Alexis Moncorgé
En bref : Un Molière largement mérité pour Alexis MONCORGE dont la puissance de jeu nous transporte dans l'imaginaire d'un homme obsédé par une passion dévastatrice. Un comédien au charisme extraordinaire qui sublime le texte de Stefan SWEIG.
8,5/10
Quatre amis se retrouvent tous les ans pour le 31 décembre. Pas vraiment pour faire la fête, mais parce que ce jour-là il y a déjà plusieurs années qu'ils ont décidé qu'ils le passeraient ensemble. Mais en ce 31 décembre 1999 il y a de l'électricité dans l'air. Ce soir, les non-dits et les frustrations du passé vont surgir et peut-être changer leurs relations.
Virginie LEMOINE met en scène avec sobriété cette belle comédie (musicale). Comédie avant tout. Une histoire d'amitié déroulée jusqu'à ses racines 20 ans plus tôt, alors que les 4 protagonistes avaient 8, 13, 16 et 25 ans. Musicale car agrémentée de 9 chansons de Gaétan BORG et Stéphane LAPORTE sur une musique de Stéphane CORBIN, qui permettent aux personnages d'exprimer leurs émotions, coupant parfois l'action, mais sans s'intégrer dedans comme dans une vraie comédie musicale.
L'originalité de la narration tient dans sa construction à rebours. Nous remontons le temps, année après année, et découvrons progressivement pourquoi en 1989 ils décidèrent d'être toujours ensemble pour la Saint Sylvestre. Un autre bond en arrière nous amènera à leur toute première rencontre avant de revenir en 1999 pour un nouveau départ.
Au fil de ce voyage dans le temps nous découvrons les écueils que la vie a mis sur leur chemin, les joies et les peines, les espoirs et les désillusions, tous ces petits cailloux qui bout à bout ont construit leur personnalité.
Les quatre comédiens (Carole DEFFIT, Valérie ZACCOMER, Alexandre FAITOUNI et Fabian RICHARD) sont tous d'une grande justesse. Leur jeu, tout en sensibilité, nous touche au cœur. L'entente et le plaisir du quatuor sont communicatifs et participent à la crédibilité de cette famille recomposée
En bref : 31 est une comédie pleine de bons sentiments et de tendresse, émaillée de ballades musicales agréables. Ses 4 comédiens sont justes et émouvants. Un spectacle "feel goo" qui émeut et donne du baume au coeur. Un beau moment de théâtre et un message optimiste.
Virginie LEMOINE met en scène avec sobriété cette belle comédie (musicale). Comédie avant tout. Une histoire d'amitié déroulée jusqu'à ses racines 20 ans plus tôt, alors que les 4 protagonistes avaient 8, 13, 16 et 25 ans. Musicale car agrémentée de 9 chansons de Gaétan BORG et Stéphane LAPORTE sur une musique de Stéphane CORBIN, qui permettent aux personnages d'exprimer leurs émotions, coupant parfois l'action, mais sans s'intégrer dedans comme dans une vraie comédie musicale.
L'originalité de la narration tient dans sa construction à rebours. Nous remontons le temps, année après année, et découvrons progressivement pourquoi en 1989 ils décidèrent d'être toujours ensemble pour la Saint Sylvestre. Un autre bond en arrière nous amènera à leur toute première rencontre avant de revenir en 1999 pour un nouveau départ.
Au fil de ce voyage dans le temps nous découvrons les écueils que la vie a mis sur leur chemin, les joies et les peines, les espoirs et les désillusions, tous ces petits cailloux qui bout à bout ont construit leur personnalité.
Les quatre comédiens (Carole DEFFIT, Valérie ZACCOMER, Alexandre FAITOUNI et Fabian RICHARD) sont tous d'une grande justesse. Leur jeu, tout en sensibilité, nous touche au cœur. L'entente et le plaisir du quatuor sont communicatifs et participent à la crédibilité de cette famille recomposée
En bref : 31 est une comédie pleine de bons sentiments et de tendresse, émaillée de ballades musicales agréables. Ses 4 comédiens sont justes et émouvants. Un spectacle "feel goo" qui émeut et donne du baume au coeur. Un beau moment de théâtre et un message optimiste.
10/10
Jules VERNE était un visionnaire et ses Voyages Extraordinaires ont bercé mon enfance et mon adolescence grâce aux reproductions des Editions Hetzel. Avec "Le Tour du Monde en 80 jours", les aventures du Capitaine Némo, misanthrope qui fuit la société des hommes en voyageant autour du monde dans son sous-marin le Nautilus, m'ont particulièrement marquée. Si les adaptations à la télé ou au cinéma ne manquent pas, en faire une adaptation pour le théâtre était un sacré défi. Pour notre plus grand bonheur Christian HECQ et Valérie LESORT ont su convaincre Eric RUF de programmer leur projet incluant des marionnettes.
Le résultat est un spectacle magique qui fait pétiller les yeux des petits et des grands. Tout d'abord la scénographie d'Eric RUF nous transporte au fond des océans, à bord de ce Nautilus, le sous-marin dirigé de main de fer par le solitaire et ténébreux Capitaine Némo. On y retrouve tout l'univers raffiné de cet homme cultivé, y compris l'évocation de son orgue mais aussi toute la technique sortie de l'imagination de l'auteur nantais. Et un grand hublot derrière lequel s'active la vie sous-marine. Ce sont les marionnettes créées par Valérie LESORT et Carole ALLEMAND qui illustrent le monde sous-marin. Manipulées par les 5 comédiens à tour de rôle elles nous offrent des scènes pleines d'humour (les poissons-ventouse), de fantaisie (le bal des méduses), de rêve (le rêve / cauchemar d'Aronnax), de voyage au pays de l'imaginaire (la lutte contre le Kraken). Il faut saluer le remarquable travail de manipulation des comédiens qui, grâce à un apprentissage rigoureux maîtrisent parfaitement les techniques du genre. Ils donnent vie à ces créatures et, avec l'appui du minutieux travail de lumière de Pascal LAAJILI, créent parfaitement l'illusion des fonds marins.
Afficher l'image d'origine Christian HECQ est un capitaine Némo attachant, paranoïaque, à la fois sérieux et fantasque, notamment dans la scène de plongée du sous-marin qui donne lieu à un échange hilarant avec son second Flippos. C'est Louis ARENE qui crée ici un personnage contrasté, bouc-émissaire consentant, sorte de bouffon de Némo. Nicolas LORMEAU, tout en retenue, est Aronnax, le professeur captif qui se voit offrir une occasion unique de mener ses travaux de recherche. A ses côtés Christian GONON est Ned, le puissant harponneur qui ne rêve que d'évasion et de Jeremy LOPEZ, fidèle CONSEIL, secrétaire un peu balourd d'Aronnax. Elliot JUNICOT clôt la distribution et campe un sauvage caricatural et inénarrable.
C'est la belle voix de Cécile BRUNE qui nous conte cette histoire d'utopie. La beauté de la mise en scène, la qualité de la manipulation des marionnettes, la magie des scènes de pérégrination hors du sous-marin, le travail affûté de lumière et de son, tout concours à nous permettre de retrouver notre âme d'enfant et à plonger dans l'imaginaire de Jules Verne comme dans un rêve éveillé. Si l'adaptation de Christian HECQ mise beaucoup sur l'humour, l'esprit de l'auteur n'est pas trahi et sa réflexion sur la société transparaît dans les réflexions de Némo ou les questionnements des personnages.
Ce 8 novembre 2015 était la dernière représentation au Vieux Colombier. La maison de Molière s'est ouverte à une forme de théâtre peu présente en ses murs et le public en redemande. On ne peut formuler que deux souhaits : que le spectacle, qui a affiché complet très rapidement, soit à nouveau programmé la saison prochaine et qu'il puisse un jour partir en tournée en France et à l'étranger pour que le public le plus large puisse partager cette belle aventure. (Souhait réalisé. Merci M. Eric Ruf)
En bref : La Comédie Française relève de manière extraordinaire le pari de porter à la scène l'univers fantastique de Jules Verne. L'adaptation de Christian HECQ, sublimée par la scénographie d'Eric RUF, est un fabuleux voyage entre comédie et spectacle de marionnettes. Un spectacle qui fait la part belle à l'humour et réjouit toutes les générations. Un extraordinaire voyage au pays de l'imaginaire et du rêve.
Le résultat est un spectacle magique qui fait pétiller les yeux des petits et des grands. Tout d'abord la scénographie d'Eric RUF nous transporte au fond des océans, à bord de ce Nautilus, le sous-marin dirigé de main de fer par le solitaire et ténébreux Capitaine Némo. On y retrouve tout l'univers raffiné de cet homme cultivé, y compris l'évocation de son orgue mais aussi toute la technique sortie de l'imagination de l'auteur nantais. Et un grand hublot derrière lequel s'active la vie sous-marine. Ce sont les marionnettes créées par Valérie LESORT et Carole ALLEMAND qui illustrent le monde sous-marin. Manipulées par les 5 comédiens à tour de rôle elles nous offrent des scènes pleines d'humour (les poissons-ventouse), de fantaisie (le bal des méduses), de rêve (le rêve / cauchemar d'Aronnax), de voyage au pays de l'imaginaire (la lutte contre le Kraken). Il faut saluer le remarquable travail de manipulation des comédiens qui, grâce à un apprentissage rigoureux maîtrisent parfaitement les techniques du genre. Ils donnent vie à ces créatures et, avec l'appui du minutieux travail de lumière de Pascal LAAJILI, créent parfaitement l'illusion des fonds marins.
Afficher l'image d'origine Christian HECQ est un capitaine Némo attachant, paranoïaque, à la fois sérieux et fantasque, notamment dans la scène de plongée du sous-marin qui donne lieu à un échange hilarant avec son second Flippos. C'est Louis ARENE qui crée ici un personnage contrasté, bouc-émissaire consentant, sorte de bouffon de Némo. Nicolas LORMEAU, tout en retenue, est Aronnax, le professeur captif qui se voit offrir une occasion unique de mener ses travaux de recherche. A ses côtés Christian GONON est Ned, le puissant harponneur qui ne rêve que d'évasion et de Jeremy LOPEZ, fidèle CONSEIL, secrétaire un peu balourd d'Aronnax. Elliot JUNICOT clôt la distribution et campe un sauvage caricatural et inénarrable.
C'est la belle voix de Cécile BRUNE qui nous conte cette histoire d'utopie. La beauté de la mise en scène, la qualité de la manipulation des marionnettes, la magie des scènes de pérégrination hors du sous-marin, le travail affûté de lumière et de son, tout concours à nous permettre de retrouver notre âme d'enfant et à plonger dans l'imaginaire de Jules Verne comme dans un rêve éveillé. Si l'adaptation de Christian HECQ mise beaucoup sur l'humour, l'esprit de l'auteur n'est pas trahi et sa réflexion sur la société transparaît dans les réflexions de Némo ou les questionnements des personnages.
Ce 8 novembre 2015 était la dernière représentation au Vieux Colombier. La maison de Molière s'est ouverte à une forme de théâtre peu présente en ses murs et le public en redemande. On ne peut formuler que deux souhaits : que le spectacle, qui a affiché complet très rapidement, soit à nouveau programmé la saison prochaine et qu'il puisse un jour partir en tournée en France et à l'étranger pour que le public le plus large puisse partager cette belle aventure. (Souhait réalisé. Merci M. Eric Ruf)
En bref : La Comédie Française relève de manière extraordinaire le pari de porter à la scène l'univers fantastique de Jules Verne. L'adaptation de Christian HECQ, sublimée par la scénographie d'Eric RUF, est un fabuleux voyage entre comédie et spectacle de marionnettes. Un spectacle qui fait la part belle à l'humour et réjouit toutes les générations. Un extraordinaire voyage au pays de l'imaginaire et du rêve.
9/10
Molière 2014 dans les catégories Metteur en scène et Auteur Francophone Vivant Alexis MICHALIK démontre à nouveau avec EDMOND qu'il est un conteur admirable. Cette nouvelle création est une vibrante déclaration d'amour au théâtre qui prend pour prétexte la genèse de la plus grande pièce du répertoire français : CYRANO DE BERGERAC.
DANS LES COULISSES DE LA CRÉATION
1895. Edmond ROSTAND vient de faire un four avec La Princesse Lointaine pourtant interprétée par la grande Sarah BERNHARD. Deux ans plus tard il n'a rien écrit de nouveau. Acculé par les dettes il propose au grand Constant COQUELIN une nouvelle pièce. L'époque est au vaudeville et à la prose, sa pièce sera en alexandrin. On lui demande une comédie courte pour un public qui en a marre de Strindberg et d'Ibsen, ce sera une tragédie épique en 5 actes. Coquelin s'emballe, les producteurs corses signent un blanc-seing mais imposent leur comédienne, la troupe est prête à répéter pour jouer dans trois semaines. Un seul (léger) problème : Edmond n'a pas encore écrit une seule ligne. Il a tout juste un titre : CYRANO DE BERGERAC.
Comme dans ses précédents spectacles Alexis MICHALIK nous entraîne dans une folle aventure : celle de la création de l'un des plus célèbres textes du répertoire français. Quelle est la part du vrai, qu'est-ce qui est du domaine du romanesque dans cette bouillonnante évocation ? Est-ce vraiment important. Edmond ROSTAND avait depuis longtemps un intérêt pour Savinien de Cyrano de Bergerac, écrivain du 17ème siècle. Mais c'est en aidant un de ses amis à trouver les phrases qui sauraient séduire une femme désirée qu'il eut l'idée de créer son personnage romanesque. Il y a là tous les éléments pour imaginer une gestation fiévreuse et chaotique pour ce qui est aujourd'hui l'un des textes français les plus joués dans le monde et le rôle que tous les acteurs rêvent d'interpréter.
On retrouve de nombreux éléments qui constituent la touche MICHALIK, 12 comédiens qui recréent un esprit de troupe, un mouvement ininterrompu qui fait évoluer une multitude de personnages, des changements de décors à vue qui s'enchaînent sans temps mort, un tourbillon qui nous emporte pendant près de 2h pour nous laisser le regard émerveillé et le cœur en joie devant ce spectacle brillant. Avec talent et virtuosité l'auteur nous plonge au cœur d'une époque faisant revivre sous nos yeux émerveillés la grande Sarah Bernhardt, le comique de situation des vaudevilles de Feydeau, les questionnements d'un monde du théâtre en pleine évolution qui voit émerger la concurrence du cinéma de Méliès et des Frères Lumières, les mœurs d'une société bourgeoise, la frénésie d'une création artistique.
Toute la troupe est d'une parfaite justesse de jeu. Guillaume SENTOU est le génial Edmond, auteur en proie au doute puis emporté par l'enthousiasme de la création grâce à l'inspiration de sa muse (Stéphanie CAILLOL - romantique Jeanne), mais fidèle à sa douce Rosemonde (Anna MIHALCEA) et à son ami Léo (Kévin GARNICHAT), l'amoureux maladroit. Christine BONNARD campe une Maria Legault caricature de l'actrice gouailleuse et diva, protégée des producteurs et proxénètes corses magistralement interprétés par Christian MULOT et Pierre BENEZIT. Jean-Michel MARTIAL est la dignité personnifiée dans le rôle d'Honoré. Pierre FOREST est un Coquelin touchant et un Cyrano très convaincant. Nicolas LUMBRERAS dévoile, entre autres rôles, un Feydeau provocateur, hautain et comique. Valérie VOGT est une irrésistible Sarah BERNHARDT. Enfin Régis VALLEE se surpasse entre le sérieux Courteline et le niais Jean Coquelin. Sans oublier le travail de toute la technique, de la scénographie aux lumières en passant par la musique et les costumes. Pas une fausse touche dans cette évocation du Paris de la fin du 19ème siècle. Et si par moments le rythme semble s'emballer ce n'est que pour mieux refléter l'urgence de la création, son bouillonnement, ses avancées par à-coups.
Une évocation historique avec de truculents anachronismes comme les notes du boléro de Ravel qui surgissent de façon incongrue, comme pour souligner que tout ceci n'est qu'une comédie qui ne se prend pas au sérieux tout en étant d'un grand professionnalisme. Et lorsque Pierre FOREST déclame les mots d'Edmond ROSTAND et que Cyrano meurt sur scène on ne sait plus si nous sommes en 2016 ou à la première en 1897.
En bref : Le génial conteur qu'est Alexis MICHALIK réussi le tour de force de nous emporter à nouveau dans un tourbillon de rire et d'émotions. Avec EDMOND il ne rend pas seulement hommage au génial auteur de CYRANO DE BERGERAC. Il adresse une émouvante et brillante déclaration d'amour au théâtre. Un spectacle bonheur dont on sort les yeux émerveillés et le cœur en joie, avec l'envie de revenir encore et encore au théâtre. Une troupe à l'unisson avec une mention spéciale pour Guillaume SENTOU qui s'empare avec justesse et énergie du trublion Edmond, clé de voûte de cette double aventure.
DANS LES COULISSES DE LA CRÉATION
1895. Edmond ROSTAND vient de faire un four avec La Princesse Lointaine pourtant interprétée par la grande Sarah BERNHARD. Deux ans plus tard il n'a rien écrit de nouveau. Acculé par les dettes il propose au grand Constant COQUELIN une nouvelle pièce. L'époque est au vaudeville et à la prose, sa pièce sera en alexandrin. On lui demande une comédie courte pour un public qui en a marre de Strindberg et d'Ibsen, ce sera une tragédie épique en 5 actes. Coquelin s'emballe, les producteurs corses signent un blanc-seing mais imposent leur comédienne, la troupe est prête à répéter pour jouer dans trois semaines. Un seul (léger) problème : Edmond n'a pas encore écrit une seule ligne. Il a tout juste un titre : CYRANO DE BERGERAC.
Comme dans ses précédents spectacles Alexis MICHALIK nous entraîne dans une folle aventure : celle de la création de l'un des plus célèbres textes du répertoire français. Quelle est la part du vrai, qu'est-ce qui est du domaine du romanesque dans cette bouillonnante évocation ? Est-ce vraiment important. Edmond ROSTAND avait depuis longtemps un intérêt pour Savinien de Cyrano de Bergerac, écrivain du 17ème siècle. Mais c'est en aidant un de ses amis à trouver les phrases qui sauraient séduire une femme désirée qu'il eut l'idée de créer son personnage romanesque. Il y a là tous les éléments pour imaginer une gestation fiévreuse et chaotique pour ce qui est aujourd'hui l'un des textes français les plus joués dans le monde et le rôle que tous les acteurs rêvent d'interpréter.
On retrouve de nombreux éléments qui constituent la touche MICHALIK, 12 comédiens qui recréent un esprit de troupe, un mouvement ininterrompu qui fait évoluer une multitude de personnages, des changements de décors à vue qui s'enchaînent sans temps mort, un tourbillon qui nous emporte pendant près de 2h pour nous laisser le regard émerveillé et le cœur en joie devant ce spectacle brillant. Avec talent et virtuosité l'auteur nous plonge au cœur d'une époque faisant revivre sous nos yeux émerveillés la grande Sarah Bernhardt, le comique de situation des vaudevilles de Feydeau, les questionnements d'un monde du théâtre en pleine évolution qui voit émerger la concurrence du cinéma de Méliès et des Frères Lumières, les mœurs d'une société bourgeoise, la frénésie d'une création artistique.
Toute la troupe est d'une parfaite justesse de jeu. Guillaume SENTOU est le génial Edmond, auteur en proie au doute puis emporté par l'enthousiasme de la création grâce à l'inspiration de sa muse (Stéphanie CAILLOL - romantique Jeanne), mais fidèle à sa douce Rosemonde (Anna MIHALCEA) et à son ami Léo (Kévin GARNICHAT), l'amoureux maladroit. Christine BONNARD campe une Maria Legault caricature de l'actrice gouailleuse et diva, protégée des producteurs et proxénètes corses magistralement interprétés par Christian MULOT et Pierre BENEZIT. Jean-Michel MARTIAL est la dignité personnifiée dans le rôle d'Honoré. Pierre FOREST est un Coquelin touchant et un Cyrano très convaincant. Nicolas LUMBRERAS dévoile, entre autres rôles, un Feydeau provocateur, hautain et comique. Valérie VOGT est une irrésistible Sarah BERNHARDT. Enfin Régis VALLEE se surpasse entre le sérieux Courteline et le niais Jean Coquelin. Sans oublier le travail de toute la technique, de la scénographie aux lumières en passant par la musique et les costumes. Pas une fausse touche dans cette évocation du Paris de la fin du 19ème siècle. Et si par moments le rythme semble s'emballer ce n'est que pour mieux refléter l'urgence de la création, son bouillonnement, ses avancées par à-coups.
Une évocation historique avec de truculents anachronismes comme les notes du boléro de Ravel qui surgissent de façon incongrue, comme pour souligner que tout ceci n'est qu'une comédie qui ne se prend pas au sérieux tout en étant d'un grand professionnalisme. Et lorsque Pierre FOREST déclame les mots d'Edmond ROSTAND et que Cyrano meurt sur scène on ne sait plus si nous sommes en 2016 ou à la première en 1897.
En bref : Le génial conteur qu'est Alexis MICHALIK réussi le tour de force de nous emporter à nouveau dans un tourbillon de rire et d'émotions. Avec EDMOND il ne rend pas seulement hommage au génial auteur de CYRANO DE BERGERAC. Il adresse une émouvante et brillante déclaration d'amour au théâtre. Un spectacle bonheur dont on sort les yeux émerveillés et le cœur en joie, avec l'envie de revenir encore et encore au théâtre. Une troupe à l'unisson avec une mention spéciale pour Guillaume SENTOU qui s'empare avec justesse et énergie du trublion Edmond, clé de voûte de cette double aventure.