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Yves Poey
Yves Poey
Mini-Molière du Critique
120 ans
62 espions
espionner Ne plus espionner
Des critiques de théâtre, des interviews webradio, des coups de coeur, des coups de gueule.
Son blog : http://delacouraujardin.over-blog.com/
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Ses critiques

1005 critiques
Dans les forêts de Sibérie

Dans les forêts de Sibérie

9/10
83
Si sa cabane à lui est aussi blottie au fond des bois, ce ne sont pas des écureuils qu'on y voit sur le seuil.
Ce serait plutôt des ours !

Dans la cabane de l'aventurier de la forêt nous attend l'aventurier des planches.
L'essai de Sylvain Tesson est monté sur un plateau par William Mesguich.
Une rencontre qui va sonner comme une évidence.

En 2011, l'écrivain décide de partir pour six mois sur les berges du lac Baïkal. De février à juillet.
Seul.
Une aventure singulière, une rencontre avec la solitude. Extérieure et peut-être surtout intérieure.
Dans des conditions difficiles.
La température extérieure est de -30 °.
Les plus proches voisins sont pour l'un à 15 kilomètres, l'autre est à une journée de marche.
Couper du bois pour se chauffer, pêcher les ombles pour se nourrir.
Heureusement, les livres et les quelque 25 litres de vodka emportés aideront à tenir le coup. Et même un peu plus...

Cet ouvrage sonne comme de multiples ruptures.
Rompre avec la vie démentielle occidentale, se déshabituer des anciens et futiles besoins, retrouver une liberté d'avoir la main sur sa propre existence, retrouver le temps.

Profiter quand il en est encore temps de la richesse de disposer de la solitude, de l'espace et du silence. « Toutes choses dont manqueront les générations futures », prédit l'auteur...

Tout ceci, je l'ai retrouvé sur le plateau du mythique Théâtre de la Huchette.

Grâce à William Mesguich, moi aussi j'ai eu froid, j'ai été confronté à la solitude sibérienne, j'ai eu envie de vodka, j'ai ressenti l'immensité de la taïga, j'ai tremblé dans la tempête de neige.

Le comédien, dans une absolue vérité, nous transporte là-haut, tout près du cercle polaire.
Il nous transporte également dans l'âme de l'écrivain.

Il nous illustre de façon absolument parfaite (et troublante également) le sublime paradoxe du théâtre qui fait croire aux spectateurs à l'incroyable : le transport ailleurs, le transport hors de soi, le transport intérieur, aussi, qui consiste inévitablement dans ce cas de figure à se demander si nous aussi, nous serions capables de vivre cette expérience extrême.

Dans un très beau décor fait de troncs d'arbres au milieu desquels sont enchâssés des livres, William Mesguich m'a une nouvelle fois sidéré par sa capacité à incarner un personnage plongé dans un milieu et une situation très particulière, presque désespérée.

Et j'ai repensé à ses prestations passées, dans les Mémoires d'un fou, de Flaubert, ou bien encore dans Le dernier jour d'un condamné, de Hugo.
Ce talent à interpréter un homme face à lui-même dans des moments absolus.
Avoir choisi d'adapter avec Charlotte Escamez et jouer cet homme en pleine tourmente n'est évidemment ni anodin ni fortuit.

Le comédien nous fait partager, et de quelle façon, la langue de Tesson, faite de fulgurances, de métaphores.
Il nous confronte, en étant un si juste et si convaincant ermite, à la réflexion de l'auteur qui dénonce la société moderne si dérisoire, si futile, si attachée à la matérialité.

Il nous fait sourire également, en reprenant les moments humoristiques du texte.

Et puis, il nous touche et nous émeut. Beaucoup. Notamment lors de la scène d'une autre rupture à distance celle-là, très douloureuse, et surtout non désirée, avec laquelle le personnage devra vivre la fin de son séjour.

Je n'aurai garde d'oublier de mentionner la très jolie scénographie de Grégoire Lemoine, qui contribue également à la réussite de l'entreprise artistique, tout comme les belles lumières de Richard Arselin.

C'est un magnifique et magistral moment de théâtre qui vous attend à la Huchette.
Il faut aller voir sur scène un comédien qui vous transporte ailleurs de troublante et enthousiasmante manière.
Il faut aller applaudir William Mesguich !
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Les Swinging Poules

Les Swinging Poules

8,5/10
32
A pois, tout le monde à pois !
C'est en effet en jean, et dans une tenue à gros pois rouges que ne renierait pas Richard Virenque que s'installent sur scène les trois poules. (C'est elles qui se qualifient ainsi.)

Immédiatement le ton est donné par une goguette : les trois chanteuses ont adapté en français le célèbre titre « Mr Sandman » créé en 1954 par le groupe américain The Chordettes, des « Wisconsinian hens », influencées par les Andrew Sisters, elles-mêmes « Minnesotian hens »...

Ce qui saute tout de suite aux oreilles, c'est la grande cohérence vocale qui règne entre les trois musiciennes. Un très bel ensemble sonore et musical, avec des harmonies sophistiquées, frappe d'emblée les spectateurs, dont votre serviteur.
Un ensemble de voix chaudes, rondes, sopranos et mezzos, qui se complètent admirablement.

Le trio a beaucoup de métier, c'est évident.
Ce sont des poules, certes, mais avant tout des chanteuses lyriques.
Les tessitures, la technique, la sensibilité artistique de Florence Andrieu, Charlotte Baillot et Caroline Montier sont impressionnantes. Beaucoup de talent sur les quelques mètres carrés de la scène de l'Essaion.

Le chant, certes, mais pas que.
L'humour, la drôlerie, la force comique !

Les trois chanteuses possèdent une sacrée vis comica.
Elles vont énormément nous faire rire.
Il faut beaucoup de savoir-faire pour parvenir à chanter de la belle manière qui est la leur, et faire des clowneries en même temps.
Le tout étant très joliment mis en scène et chorégraphié par Flannan Obé.

De grands moments nous attendent.
Le fil rouge est basé sur une sorte de compétition entre la mysoginie et la phallocratie du personnage interprété par le pianiste qui les accompagne (Philippe Brocard était hier remplacé par Emmanuel Touchard.), et le féminisme des titres chantés, revendiqué par ces dames.

Les hommes, les femmes, les éternelles et compliquées relations entre les deux composantes de l'humanité seront mises à profit pour des facéties accompagnant les titres judicieusement choisis.
Avec de grands moments, comme une chanson très rentre-dedans, avec escalade du piano volontairement assez peu gracieuse. (La scène est hilarante.)

Les sketchs chantés s'enchaînent. (Pas facile à dire à haute voix, au passage...)
Nous rions énormément.
Parfois, un accessoire fait son apparition comme ce magnifique trombone en plastique, d'un rouge éclatant.
Et l'on comprend bien que tromboniste, c'est un métier. (Il faut dire que nous sommes prévenus : « y a t'il un tromboniste dans la salle ? », nous demande celle qui produira dans une totale drôlerie une espèce de barrissement d'éléphant).

Un moment d'une grande intensité arrive au moment où nous nous y attendons le moins.
Une sublime interprétation de Syracuse, la chanson d'Henri Salvador et Bernard Dimey.
Je donnerais cher pour jeter un œil sur la partition pour repérer les somptueuses et suaves harmonies vocales. J'en connais, des versions de ce chef d'œuvre, mais celle-ci, qui plus est a cappella, est tout simplement magnifique !

Un runing gag au ukulélé (je vous laisse découvrir...) débouchera sur la très jolie interprétation solo de la chanson de Francis Blanche « Ca tourne pas rond dans ma p'tite tête » que popularisa notamment Odette Laure.
Là encore, nous rions beaucoup !

Nos zygomatiques seront également mis à rude épreuve au cours d'une sorte de meddley de titres de Chaude François et de Dalida. (Oui, c'est louche, Melle Montier !... )

Au bout d'une heure et quinze minutes épatantes, il sera temps de se quitter, avec une reprise jubilatoire en français de Madonna. (Je n'en dis pas plus...)

Et puis un rappel, comme une évidence : « Je suis swing, (zazou, zazou) », de Johnny Hess !
Quoi de plus logique.

Voici donc un spectacle musical tel que je les aime.
Les Swinging Poules enchantent leur public : on ressort de l'Essaïon sur un petit nuage.
Ce trio vocal, par son talent, son humour, est de ceux qui font du bien au moral !

Allez roule, mes poules !
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Machine de cirque

Machine de cirque

9,5/10
26
Crisse de crisse de Tabarnak ! Câlice !
Y'a pus qu'des cheums au Québec ! Pus d'computers, pus d'blondes non pus !
Même la Céline elle est pus là !

Ceci expliquant cela, un décor postapocalyptique nous attend sur le plateau de La Scala.
Cinq types à la recherche d'autres rescapés de la catastrophe.
Avec en fond de scène une sorte de refuge, d'antre, faits d'échafaudages, de rouages, de poteaux, de câbles : la machine.

Les cinq circassiens-musiciens-comédiens québécois vont nous donner un hallucinant et hilarant spectacle.
Et encore : hallucinant et hilarant sont des épithètes bien faibles !

Ce que j'ai vu hier relève d'un exceptionnel moment de nouveau cirque.
Rarement j'ai vu une standing ovation de toute une salle concernant les arts du cirque.
Ce fut le cas. Et je n'étais pas le dernier à me lever.

Oui, j'ai bien écrit « nouveau » cirque : les numéros proposés sont époustouflants, certes, mais avec une dramaturgie, une scénographie, une mise en scène qui fait que nous assistons à une entité cohérente et non pas une succession de moments présentés par un M. Loyal, comme dans le cirque traditionnel.

Ici, les artistes sont complets.
Quatre d'entre eux sont de « vrais » circassiens.
Raphaël Dubé, Ugio Dario, Maxim Laurin et Elias Larsson ont chacun leurs spécialités propres.
Mais tout au long du show, tous vont en quelque sorte mettre en commun leurs compétences, leurs savoirs-faire en la matière, pour différentes séquences absolument phénoménales.

Le cinquième homme, Frédéric Lebrasseur, (aux faux airs d'Eric Ruf…) est un compositeur et surtout un musicien percussionniste.
Dans un rôle d'un batteur un peu fou (j'ai repensé par instants à la marionnette Animal du Muppet Show...).
Lui s'occupera plus spécialement de la bande son, avec sa batterie, son petit clavier maître, ses étranges instruments à vent et son progiciel Ableton Live.
Sans oublier une sorte de gigantesque tubophone percussif... (Et je n'en dis pas plus )

Tous sont pluridisciplinaires, et se dégagent du quintet une vraie complémentarité, une complicité ô combien palpable, sans oublier un sentiment de fraternité très visible.
Certains numéros sont en effet très dangereux. Tout le monde retient par moment son souffle.

Je peux vous assurer que des cris montent du public à certains passages particulièrement spectaculaires.

Vont se succéder des acrobaties au sol, en l'air, du trapèze, de la roue Cyr, un numéro de jonglage avec des chapeaux, et des massues. Beaucoup de massues, qui voltigent dans tous les sens, comme animées d'une âme propre, dans les mains de tous les artistes.

Un numéro de monocycle(s) est particulièrement réussi, et toujours drôlissime.
Ces cinq-là s'y entendent pour dérider en permanence nos zygomatiques.

Et puis qui dit cirque, nouveau soit-il, dit clowns et clowneries.
Une spectatrice se souviendra longtemps de sa soirée. Ugo Dario, après l'avoir choisie parmi les spectateurs, l'entraîne sur scène pour une hilarante scène de séduction, avec la complicité de ses camarades.

De fil en aiguille, les quatre garçons dans le vent (du nord) se retrouveront dans le plus simple appareil, avec chacun une serviette pour cacher ce qui doit l'être.
Cet avant-dernier numéro de pure comédie m'a fait pleurer de rire. Purement et simplement.
Mais que d'inventivité, de créativité et de talent faut-il pour faire hurler de rire une salle entière avec simplement quatre serviettes, quatre bouts de tissus-éponge utilisés de bien brillante façon !

Un dernier moment époustouflant, très risqué : nous assisterons à une impressionnante série de sauts en tous genres à partir d'une balançoire au sol.
Seuls, à deux ou à quatre sur l'engin, ce que ces quatre-là font dépassent l'entendement.
Et pourtant, comme dans tout le spectacle dans sa globalité, un sentiment de facilité, d'aisance règne en permanence.

Cerise sur le gâteau, les cinq artistes savent revenir aux fondamentaux du cirque pour mieux les dépasser et créer de nouveaux éléments techniques, de nouvelles gammes et arpèges, comme cette remarquable extension du numéro de trapèze grâce au câble qui est censé fixer cet appareil. (Et vous n'en saurez pas plus... )

Un signe qui ne trompe pas : à la sortie de la Scala, tout le monde se regarde pour bien savoir si son voisin a bien vu les mêmes incroyables moments !

Vous l'aurez compris, il faut vraiment aller applaudir ce spectacle incontournable de cet automne.
Ruez-vous toutes affaires cessantes à La Scala !

Welcome to the Machine !
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Tigrane

Tigrane

8/10
26
Vas-y Madame !
Ou quand c'est la peinture, beaucoup plus que la soudure, qui adoucit les mœurs.

Tigrane Faradi. Un lycéen de 17 ans, à La Seyne-sur-Mer. En CAP de chaudronnerie.

Un destin écrit depuis la maternelle. Et peut-être même avant.

Une mère qui est partie depuis belle lurette.

Un père alcoolique, qui préfère que son fils joue le soir au flipper avec lui, plutôt que d'étudier.
Un « enfant difficile », comme ils disent.

Un ado qui n'en peut plus.
Un ado dont on va retrouver au tout début de la pièce, les affaires au bord d'une falaise.
Lui aura disparu.

Une professeur de Français.
Une jeune prof, nouvellement nommée, pleine d'illusions, ayant encore le feu sacré, et qui va dans un premier temps savoir s'y prendre avec ce gamin, pour entreprendre ensuite de lui redonner courage, espoir et foi en lui.

Et puis surtout, qui, en l'initiant à Escher, Le Caravage, et surtout Basquiat, va découvrir le grand talent de dessinateur de Tigrane.

Si le sujet principal de la pièce, la résilience, a été traité de nombreuses fois, ici, Jalie Barcilon nous propose un état des lieux d'une rare acuité et d'une rare justesse : quand tu t'appelles Faradi, quand tu es issu « de la diversité », non seulement ton parcours scolaire est plus difficile que beaucoup d'autres enfants, mais ce parcours est carrément interrompu à la porte des grandes écoles d'Art.
Résilience face à la famille défaillante, et à un système scolaire français ô combien élitiste.

L'auteure a connu ces mômes en difficulté jusqu'au baccalauréat. Elle ne s'imaginait pas qu'ensuite, dans le petit monde de l'art, à de très rares exceptions près, « tout le monde est blanc », comme elle l'écrit.

Elle a recueilli la parole de ces ados, elle leur a demandé leur témoignage concernant la famille, l'école, l'avenir.
Et l'Art. Avec un grand A.

C'est cette parole qu'elle nous donne à entendre, par la voix de ce Tigrane.
Une parole d'une force inouïe, qu'on n'entend que trop rarement, une parole qui va décrire une sombre réalité.

Et puis, ce sera également une pièce qui nous parle d'amour. Une pièce qui va nous aussi nous donner raison d'espérer et d'être optimistes. Ou tout du moins d'être un peu plus lucides.

Tigrance, c'est le jeune comédien Soulaymane Rkiba.
Lui aussi a été encouragé à 16 ans par sa professeure de Français à monter sur les planches.
Comme elle a bien fait !

Le jeune homme va incarner de façon tout à fait convaincante cet adolescent rendu écorché vif, impulsif, à la limite de la sauvagerie.
En même temps, et c'est ce qui fait que l'interprétation du jeune comédien est passionnante, il réussit à rendre son personnage attachant, très touchant, sans nous faire tomber dans de fausses compassion ou pitié.
Par moment, il est un Tigrane ingénu, drôle ou bouleversant.
Soulaymane Rkiba parvient à interpréter une belle partition avec à la fois puissance et douceur.
J'ai totalement cru à son personnage, complexe et passionnant.

Sandrine Nicolas est Isabelle, la prof, Eric Leconte campe quant à lui M. Faradi senior.
Les deux comédiens sont eux aussi irréprochables.
Melle Nicolas évite elle aussi toute caricature ou pathos inutile et déplacé.

Jalie Barcilon, également metteure en scène, a pensé à rendre le public partie prenante.
Nous, les spectateurs, nous sommes pendant une heure et vingt minutes les condisciples de Tigrane.
Nous sommes les lycéens de sa classe, parmi lesquels il viendra parfois s'asseoir.

La scénographie est judicieusement basée sur l'installation de deux praticables surélevés en fond de scène représentant tour à tour une piste de skate, un flipper, une estrade scolaire ou encore la mer.
A jardin, l'espace du père, à cour, celui de la professeure.

Cette pièce ne peut laisser personne indifférent.
Elle nous décrit une impitoyable réalité sociétale. C'est évidemment l'une des fonctions essentielles du théâtre.
Il faudrait que M. Blanquer quitte pour un moment son ministère rue de Grenelle, et trouve le temps d'assister à ce spectacle...
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Donnant Donnant

Donnant Donnant

8,5/10
69
Un jour, il lui demandera un service qu'il ne pourra pas refuser...
Est-ce vraiment certain ?

Fred Proust a écrit une très drôle et très fine comédie, (c'est sa première), qui, sans avoir l'air d'y toucher, va aborder un certain nombre de considérations et problème sociétaux très actuels.

Nous allons beaucoup rire des mésaventures d'un quatuor de personnages. Un rire vrai, qui va déboucher sur de vraies interrogations.

Deux amis qui se sont un peu perdus de vue. Ça arrive...
Romain est un comédien qui ne travaille pas. Un brave type, gentil, prévenant, débonnaire.
Avec son épouse Lucie, qui elle, travaille dans une association d'aide à la personne en tant que traductrice, ils sont locataires d'un 30 m2 à Bellevile.
Les deux sont les parents de Léo, six mois et demi.

Bastien, quant à lui, est un pubard arrogant, assez détestable en société, qui tuerait père et mère pour une vanne, plein aux as, propriétaire des murs de sa boîte, 300 m2 à Boulogne.
Son épouse, Isabelle, est orthodontiste. Ils n'ont pas d'enfant.

Un beau jour, le premier reçoit un texto du second, une demande à dîner qui cache le fameux service à demander : celui qui a tout est obligé de se rappeler au bon souvenir de son copain qui lui n'a rien ou pas grand-chose.
Je tairai évidemment le service en question. Un service pas banal, qu'on ne peut demander qu'à un « vrai ami ».

A partir de cette situation de base, va s'enclencher une mécanique dramaturgique ciselée, avec des situations souvent hilarantes et des formules drôlissimes.
Un texte résolument contemporain, qui parle à tout le monde, avec nombre de vannes qui font mouche (les prénoms, les ressemblances, etc, etc, je n'en dis pas plus...)

Anne Bouvier, avec la précision et l'efficacité qu'on lui connaît, a mis en scène quatre comédiens et comédiennes irréprochables, qui vont faire fonctionner nos zygomatiques à plein régime.

Loïc Legendre et Arnaud Gidoin sont ces deux potes. Les deux jouent de façon jubilatoire les deux personnages, aux antipodes l'un de l'autre.
Le contraste entre les deux est épatant.
Chacun est d'une phénoménale justesse, sans jamais surjouer, sans jamais faire dépasser le curseur.
Tour à tour, chacun nous fait énormément rire, nous touche, nous émeut.

Et moi de reposer une mienne question, toujours la même : qui confiera enfin à Arnaud Gidoin un rôle d'envergure dans une pièce classique ?
Certes, il est parfait dans ce genre de comédie, mais je suis persuadé qu'il serait un Misanthrope ou un Vania extraordinaires !

Marie Fugain et Juliette Meyniac sont leurs compagnes.
Loin d'être des faire-valoir de ces messieurs, leurs personnages respectifs ont une réelle épaisseur, que les deux comédiennes campent avec beaucoup de finesse.

Melle Fugain parviendra avec talent à sortir sa Lucie de la première impression qu'elle donne de son personnage. Elle abordera à la fin de la pièce une facette plus sombre de façon totalement convaincante.

Melle Meyniac a un rôle mine de rien assez difficile, qui pourrait vite verser dans le pathos de mauvais aloi, si la comédienne ne parvenait pas à s'emparer avec justesse de son Isabelle.

Cette pièce, qui comporte beaucoup de scènes de comédie épatantes, en comporte une d'anthologie.
Au cours de cette scène-là, Anne Bouvier a purement et simplement dilaté le temps.

Coincé entre les deux actrices, Loïc Legendre va mettre un temps fou, avec des hésitations voulues, des ruptures formidables, une forte vis comica et une gestuelle alambiquée, à essayer de se dépêtrer d'une réponse embarrassante.
Il se pourrait même que les trois en viennent et s'amusent à allonger le plus possible ce moment vraiment hilarant au fur et à mesure des représentations.
Cette scène me restera longtemps à l'esprit.

On l'aura compris, voici un très sympathique moment de théâtre.
C'est une comédie fort bien huilée, qui procure beaucoup de plaisir, de rires, voire de fou-rires, tout en posant de vraies et sérieuses questions.

Au fait, est-ce que Michel Houellebecq ira voir la pièce ?
Il devrait...
Ceux qui iront voir Donnant donnant seront d'accord avec moi !
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