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Yves Poey
Yves Poey
Mini-Molière du Critique
120 ans
62 espions
espionner Ne plus espionner
Des critiques de théâtre, des interviews webradio, des coups de coeur, des coups de gueule.
Son blog : http://delacouraujardin.over-blog.com/
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1005 critiques
L'effort d'être spectateur

L'effort d'être spectateur

9/10
34
« Hamlet, ça vous dit quelque chose ?
Shakespeare, ça va ? »
Voici en quels termes s'adresse à nous Pierre Notte !

Ca devait bien arriver un jour !
L'auteur-compositeur-metteur-en-scène-comédien, ex-animateur-journaliste-Secrétaire général de la Comédie Française devait bien un jour nous livrer sur un plateau ses écrits théoriques concernant le théâtre, dans une forme qui tient à la fois de la conférence, du one-man-show, de la performance, d'une rencontre avec son public.

Ses écrits, résultants de prises de paroles tenues ici et là, surtout là, viennent d'être rassemblées au éditions des Solitaires intempestifs, sous le titre qui a évidemment inspiré le titre éponyme du spectacle. Le tout formant son premier ouvrage théorique sur le sujet.
Ces textes , Pierre Notte les a adaptés pur la scène.

Après un petit prologue très drôle, hors plateau, et ce, afin de nous permettre d'être au clair (mais est-ce si certain, finalement ? ) sur ce que nous sommes venus faire dans la Salle Roland Topor du Rond-Point, il entre à la fois dans le vif du sujet et sur la scène-ring où l'attendent notamment un cerceau, un tabouret, un mélodica, un chapeau-claque, un harmonica, des escarpins à paillettes et à talons hauts.
Et surtout, deux gants de boxe rouge vif.

Nous est asséné un étonnant postulat ferme et définitif : un spectateur qui paye sa place au théâtre, est avant tout un homme ou une femme qui vient travailler.

Dans un premier temps, et de façon souvent hilarante, il va nous détailler une sociologie et une approche comportementaliste du spectateur.
Cette espèce d'humains, il la connaît bien.
Il sait de quoi il parle, il en a vus par milliers.

Et puis surtout, lui aussi est un spectateur impénitent.
La relation public-comédien, et réciproquement, il sait de quoi il parle
D'autant qu'il appelle à la rescousse nombre de collègues-auteurs, comme Lagarce, Badiou, Kaplan, Koltès ou encore Cormann ou Genet.
(Un runing-gag épatant pour situer le niveau est souvent réalisé avec le gant de boxe de la main droite.)

Un autre propos de cette heure et dix minutes est aussi d'aborder le travail de l'acteur, de l'auteur, du metteur en scène, des artistes, avec pour prisme cette prodigieuse rencontre dans une salle plus ou moins obscure (et les étranges rapports qui s'en suivent) avec un public.

Le propos de Pierre Notte est passionnant, très documenté, et se base donc sur sa propre fréquentation des théâtres subventionnés ou privés.

Devant nous, se tient une sorte de clown-sociologue pas triste du tout, à la fois très drôle, passionnant, pédagogue et ludique au possible.
On sent en permanence son plaisir, sa jubilation, sa joie de donner un tel spectacle.

Ses yeux bleus rieurs, pétillants, malins, jaugent en permanence la salle, et spécialement hier soir, deux des plus grands comédiens français présents dans la salle.

Oui, le rire va être le vecteur de beaucoup d'érudition (je pèse ce substantif ), de recul et de considérations sociologiques très pointues.
De grands moments vont émailler le spectacle comme par exemple le rapport entre Tchekhov et un révolver, la perception de la nudité sur une scène, les grandes catastrophes du répertoire classique exprimées en trois temps (c'est véritablement hilarant ), ou encore les adresses au public ou à un certain Finkielkraut, qui je pense, ne devrait pas se risquer à venir voir le spectacle...

Dans un final très physique, (on comprend alors l'utilité du cerceau), Pierre Notte nous livre un plaidoyer pour son besoin au théâtre de recevoir une histoire, de sentir la délicate et troublante relation entre la vérité, le faux et le mensonge, ainsi que sa volonté de voir jouer les comédiens avec leur trou du cul (je cite, et vous laisse découvrir...).

C'est un spectacle qui rappelle également que le théâtre est un vecteur essentiel du vivre ensemble, et que ce que l'on voit sur scène est pourvoyeur de ponts, de passerelles culturelles et citoyennes.

Il faut absolument aller applaudir la performance de Pierre Notte !
C'est un spectacle qui associe de façon épatante la forme et le fond.

Ah ! J'allais oublier !
Durant ces soixante-dix minutes, seront exprimés un certain nombre de calembours, n'est-ce pas Bernard Dort...), d'à-peu-près et autres jeux de mots revendiqués.

Afin de conclure ce papier, je vais personnellement me risquer à en émettre un, parce qu'après tout, il n'y a pas de raison :
Notte ? Je dis Yes !
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65 miles

65 miles

9/10
30
65 miles. Une distance...
Celle qui sépare les villes de Hull et Sheffield, dans le comté anglais du Yorkshire. Des villes industrielles et minières durement touchées dans les années 80 par le chômage et la misère.

La pièce de Matt Hartley traite en effet de la distance.
Les 65 miles entre ces deux lieux dans lesquels se déroule une grande partie de l'action.

Certes.

Mais l'auteur va surtout nous montrer la distance qui sépare les personnages, ces êtres humains incapables de communiquer, incapables de dire les choses, même simples.
Et puis, et peut-être surtout, la distance qui les sépare d'eux mêmes.

Pete et Rich Giles sont deux frères.
Leur père les a abandonnés très tôt.
Le premier, l'aîné, vient de purger sa peine de neuf années d'emprisonnement, pour homicide involontaire.
Il retrouve la maison familiale dans laquelle vit seul son cadet, dans l'ombre de leur mère.

Pete a une fille qu'il a lui aussi abandonnée, qu'il va vouloir retrouver.

Rich, quant à lui, rongé par le remords, se rendra auprès de son ancienne petite amie, à qui il avait demandé d'avorter.

Dans la lignée des réalisateurs anglais Ken Loach ou encore de Mike Leigh, dans une écriture très cinématographique, Matt Hartley va aborder le thème du déterminisme social.
Peut-on échapper à son destin, peut-on faire autrement que de reproduire les schémas sociaux qui semblent se refermer impitoyablement sur vous ?
Et puis, par là-même, une grande interrogation poindra très rapidement concernant le libre arbitre de l'individu face à la société dans laquelle il vit.

Et puis, bien entendu, sera également abordé le thème de la filiation, de la transmission, de ce qu'on laisse (ou pas) à nos enfants.

Paméla Ravassard a mis en scène de façon magistrale ce texte fort, intense et engagé, traduit par Séverine Magois. (Il faut noter qu'il s'agissait hier sur la Scène conventionnée d'intérêt national d'Auxerre de la création française de cette pièce.)

La metteure en scène a su traduire sur le plateau l'âpreté des mots et des scènes.
Ici, dans la scénographie très épurée de Benjamin Porée, va régner en permanence une tension très palpable, avec des moments durs, ou très émouvants, mais également des instants humoristiques. Un humour so british.

L'une des grandes réussites de Melle Ravassard est la façon dont elle a réglé les déplacements et traité la distance (encore...) entre les comédiens.
Ceux-ci sont très éloignés lorsqu'ils se parlent calmement, avec des propos anodins, mais au fur et à mesure qu'ils se rapprochent l'un de l'autre, l'incommunicabilité reprend le dessus pour aboutir à des cris, des hurlements ou même une réelle violence, les actes prenant le dessus sur les mots.

La direction d'acteurs est millimétrée, très précise.
La metteur en scène a demandé à ses comédiens de beaucoup creuser leurs personnages respectifs.
Il ressort de ceci, grâce également au talent de chacun, une justesse, une intensité, voire parfois une austérité voulue et assumée : les sept nous attirent à eux pour ne plus nous lâcher. Impossible de se désintéresser de ce qu'ils nous disent et nous montrent.

Garlan Le Martelot (dont j'avais beaucoup apprécié le mois dernier la prestation dans Venise n'est pas en Italie) et Benjamin Penamaria sont Pete et Rich Giles.
Les deux sont irréprochables, l'un en écorché vif, l'autre dans un registre plus intérieur, tous les deux en quête de rédemption. Le duo fonctionne à la perfection.

J'ai beaucoup aimé également les personnages de Frank et Michelle joués par Stéfan Godin et Emilie Aubertot.
On croit totalement à ce père et cette fille de substitution.
Dans un registre grave, presque austère, de sa voix grave, il sera certainement celui qui communiquera le plus.
Elle, en lycéenne en uniforme, est très drôle à tourner autour du frère aîné. Et non, je n'en dis pas plus...

Emilie Piponnier est Lucie, l'ex-girlfriend.
La comédienne est elle aussi parfaite : elle confère à son personnage un très beau mélange de force et de fragilité.
Sa mère est interprétée de façon très intense également par Paméla Ravassard elle-même.

Et puis Laurent Labruyère qui par ailleurs à écrit les musiques du spectacle, est Tony.
Il n'apparaît qu'à la toute fin dans un rôle assez difficile. Le comédien évite tout pathos ou toute caricature. Lui aussi est totalement crédible.

On l'aura compris, cette entreprise théâtrale m'a complètement séduit.
J'aime ce théâtre politique, au sens premier et noble du terme, ce théâtre social qui part du personnage pour aboutir à une universalité.
Un théâtre qui interroge une réalité sociale, et qui nous renvoie, comme les miroirs présents sur la scène, une image.
Notre image.

C'est un spectacle remarquable, d'une grande puissance émotionnelle, qui confronte chacun à sa condition d'être humain et à sa place dans le monde qui l'entoure.

Nul doute qu'il sera dans une prochaine saison monté à Avignon et à Paris.

Quatre classes de lycéens de 1ère, des Lycées Janot et Pierre et Marie Curie, de Sens, assistaient hier au spectacle.
On aurait entendu les mouches voler durant la représentation.
C'est évidemment un signe qui ne trompe pas...
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Plus haut que le ciel

Plus haut que le ciel

6,5/10
28
Rien ne va plus à Levallois.
Je parle évidemment du Levallois de 1884. Pas de méprise, Isabelle et Patrick !

La famille Eiffel, Gustave et sa fille, est tiraillée entre le projet d'une tour de 305 m de haut imaginée par deux ingénieurs-maison enthousiastes, et les nécessités comptables du bras droit de la société.

A partir de cette situation, Florence et Julien Lefebvre ont écrit une pièce historicomique, mise en scène par Jean-Laurent Silvi.

A ce propos historique, viendront se greffer des péripéties drôlatiques, ainsi q'une histoire d'amour.

Dans les beaux costumes de Frédéric Olivier, et un décor très changeant durant les nombreux noirs plateau, un septuor de comédiens aguerris font passer au public une sympathique et agréable soirée.

J'ai beaucoup aimé le jeu de Nicolas Le Guen et Axel Blind, les deux ingénieurs.
Le premier confère à son personnage une ingénuité et une candeur épatantes, le second une bonhommie et une impétuosité alternées des plus réussies.

Dans le rôle de Melle Eiffel, Margaux Van den Plas est parfaite. (A noter qu'elle signe également la jolie scénographie.)

Parfait également Frédéric Imberty en Eiffel tout en rondeur et truculence. (Son accent berrichon est drôle.)
Thomas Ronzeau est un bras droit eiffelien très guindé dans un premier temps, et puis... Je n'en dirai pas plus.

Héloïse Wagner et Jean Franco en font quant à eux des tonnes dans l'outrance de leurs personnages.

Si la Tour Eiffel et son histoire vous passionnent, ce spectacle est pour vous.
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Ercole amante

Ercole amante

9,5/10
29
Let the sun shine !
Laissez entrer le (roi) soleil sur le plateau de la Salle Favart !

Et si la commande d'Olivier Mantei, patron de l'Opéra Comique, était en fait une mise au défi pour Valérie Lesort-Hecq, Christian Hecq, les metteurs en scène, ainsi que Raphaël Pichon, le directeur musical, de réaliser un spectacle passionnant d'une durée de trois heures, à partir d'une œuvre de 1662 pour le moins oubliée, ou en tout cas très peu connue du grand public (c'est un euphémisme) ?

Ercole amante est en effet un opéra au livret alambiqué, aux multiples, invraisemblables, tumultueuses actions, alors que le propos pourrait se résumer en seize mots, comme l'écrit la co-metteure en scène : « Ercole veut obtenir Iole par tous les moyens ; deux déesses exploitent ce désir pour s'affronter. »
(Je remercie au passage tous ceux qui n'ont pas vérifié le compte des seize mots... Votre confiance m'honore...)

1662. Mazarin veut se faire pardonner de Louis le quatorzième. Au nom de la raison d'état, il a persuadé sa majesté de ne pas épouser sa propre nièce, mais de convoler en justes et royales noces avec l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse.
Le cardinal offre donc au roi un opéra du compositeur vénitien Cavalli et du librettiste Francesco Buti, un opéra qui exploitera toutes les possibilités techniques de la nouvelle « salle des Machines » des Tuileries.

On s'en doute, le héros, Ercole, le « Hercule français » (« La Franciade » de Ronsard avec son héros Francus, a laissé des traces...) sera une allégorie d'un grand Prince illustre et ensoleillé...

Le défi est relevé d'une façon magnifique et passionnante !
A l'image de leur précédente et inoubliable vision du Domino Noir, ici-même, M. et Mme Hecq nous proposent un magistral et très réjouissant spectacle.

Durant les cinq actes, sur le mode du conte de fées merveilleux, vont se succéder des tableaux fourmillant de trouvailles visuelles.
Mais que de créativité, mais que d'inventivité !

J'ai pensé aux univers d'Alice, de Shrek, avec également un acte que ne renierait pas George A. Romero. (Je n'en dis pas plus !)

Les formidables costumes et machines de Vanessa Sanino, la belle scénographie de Laurent Peduzzi, une galerie très drôle de monstres, de marionnettes, des scènes et des gags d'une puissance visuelle très forte, procurent énormément de plaisir.
Le climax étant atteint dans l'acte IV, celui de la mer !

Il faut bien le dire, je me suis très rapidement surpris à renoncer à entrer dans les innombrables détails du livret pour savourer ces scènes à l'humour décalé dignes des plus déjantés cartoons ou bien des productions de la maison Pixar.

On rit énormément, et nous attendons en permanence et avec une réelle impatience ce qui va survenir sur le plateau, ce qui va arriver par les trappes ou par les airs. (La mise en scène a une dimension très verticale, du ciel aux enfers.)
Nous ne sommes jamais déçus. Je n'en finirais pas de citer tous les instants à la fois savoureux et drôlissimes. Une sorte de folie règne en permanence.

Il y a finalement quelque chose du domaine de l'enfance dans tout cela : « on dirait qu'il y aurait ci, on dirait qu'on ferait ça... ».
Oui, à l'image d'Ercole qui apparaît avec reliée à la ceinture une espèce de doudou-objet transitionnel à qui il fait subir bien des tourments, nous régressons, d'une certaine manière, et ce, pour notre plus grand bonheur.

Et puis, il y a les musiciens ! Et puis, il y a les chanteurs !

A la tête de l'ensemble baroque Pygmalion, Raphaël Pichon a parfaitement su restituer l'ampleur et la majesté de la musique de Francesco Cavalli !
Le chef sait mettre en valeur ces airs très nobles, parfois très complexes, à l'image du héros royal.
Des airs tragiques où comiques, avec beaucoup d'ornementations virtuoses.

Le chœur est très ample, avec une magnifique cohérence vocale.

Et puis nous avons une distribution on ne peut plus homogène et de très grande qualité.

Le baryton Nahuel Di Pierro campe un Ercole très narcissique et finalement très drôle.
Le chanteur ravit le public. Il peut descendre très bas sans problème, sa voix est elle aussi majestueuse.
Il est très drôle en héros qui subit bien des avatars !

J'ai été totalement conquis par la mezzo Giuseppina Bridelli et la soprano Francesca Aspromonte, respectivement Dejanira et Iole.
Les deux chanteuses italiennes nous transportent grâce à leurs timbres à la fois ronds et cristallins, et leurs délicates ornementations dans les volutes baroques de la partition.

Le talentueux ténor Krystian Adam est un Illo bien souvent dépassé par les événements. Dans sa cage en fer, au dessus des flots, il est irrésistible. Ses technique et subtilité vocales ravissent le public.

J'ai beaucoup apprécié également les deux rôles comiques du page (le contre-ténor Ray Chenez) et de Licco, interprété par l'autre contre-ténor Dominique Visse, qui ressemble, cerise sur le gâteau, à Christian Hecq.
Avec son petit chapeau rouge sur la tête, avec sa gestuelle souvent assez frénétique, il m'a fait penser quant à lui à Pirlouit, le héros du dessinateur Peyo.

La basse Lucca Tittoto est à la fois un grave et maritime Nettuno et un spectre d'Eutiro.
Sa voix est puissante et très assurée. Bravo !

On l'aura compris, cette nouvelle production de l'Opéra-Comique est une vraie réussite féérique, à partir d'une œuvre que peu de monde aurait pensé à monter.

Tout ceci est intelligent, malin, spirituel, drôle et beau.
Un véritable tonnerre final d'applaudissements vient conclure la soirée !
Quoi de plus logique !
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Welcome Alykoum

Welcome Alykoum

10/10
28
La fraternité !
Le vivre ensemble, le respect de l'Autre, de sa Différence, le refus du repli identitaire, le refus de tous les communautarismes, intégrismes, fanatismes.

Voici les valeurs humanistes que défend cet indispensable et très beau spectacle, des valeurs qui dans un monde idéal n'auraient pas besoin d'être mises en avant.

Des valeurs qui devraient aller de soi !

Hélas, tel n'est toujours pas le cas.
Hélas, j'ai l'impression (que j'espère fausse) que ces temps-ci, tel est de moins en moins le cas...

Méziane Azaïche, le créateur de du Cabaret Sauvage, a conçu ce moment de partage mis en scène par Géraldine Bénichou.
La journaliste Rokhaya Diallo en a assuré la dramaturgie.

« Que sont devenus ces « étranges étrangers » auxquels Jacques Prévert rendait hommage, dans les années 1950 ? », s'interroge la journaliste.

Les chanteurs HK – Kaddour Hadadi et Awa Ly vont nous apporter des éléments de réponse.

HK donne le ton en nous souhaitant la bienvenue, Welcome Alykoum, dans ce « refuge » qu'est devenu pour l'occasion le Cabaret Sauvage.
Les deux artistes, qui par ailleurs sont d'excellents comédiens, vont interpréter entre leurs différents titres respectifs des saynètes très drôles, et très pertinentes.

Des petits moments de comédie qui mettent remarquablement en perspective les interrogations, les doutes, les craintes aussi de nos concitoyens qui font que la France n'est heureusement pas un pays monocolore, et la mise en avant des valeurs sus-nommées.
Le premier sketch « Tu viens d'où » est drôlissime !

Impossible de rester debout en entendant les titres de HK, comme des hymnes à la diversité et au métissage, avec par exemple «Elle m'a dit dégage ! », ou encore « Inch' Allah Paris, Inch Allah tout ira bien ! ».
Et puis des chansons plus graves révélant bien des fractures sociétales.
Avec notamment les paroles « Y'a comme une petite musique dans l'air au pays de Duras et de Prévert », consacré au racisme de plus en plus exprimé ouvertement.

Awa Ly m'a bouleversé, de sa voix chaude et grave.

La chanteuse interprétera notamment une magnifique version de « What a wonderful World », alors que sur les écrans video défilent des images de violences par les forces de police lors des récentes manifestations, des contrôles d'identité au faciès, ou encore un certain Alexandre Benalla place de la Contrescarpe.

Rokhaya Diallo a en effet conçu des petits moments d'archives video, qui remettent les choses à leur place.
Des citations de Coluche, Desproges, un extrait du célèbre sketch de Fernand Raynaud « L'étranger ».

Et puis également des images de personnalités françaises, notamment politiques, aux propos insoutenables, avec notamment le tristement célèbre « On va les nettoyer au Kärcher » d'un ancien président de la République...
Alain Finkielkraut, Thierry Mariani, Laurent Wauquiez, Nadine Morano, Manuel Valls et consorts avec leurs tristes et consternants discours sont aussi rappelés à notre mauvais souvenir.

Heureusement le côté joyeux, festif et positif reprend vite le dessus.

Keita Abdoulaye, alias Babou Flex, va nous donner un magnifique aperçu de son talent de danseur et de contorsionniste.

Caroline Siméon, au trapèze et au tissu aérien, procure bien des frissons, à exécuter ses figures au dessus de nos têtes.
Autre talent de la demoiselle : elle réalisera en direct un très beau portrait, avec une technique étonnante.

Au final, ce spectacle sera à l'image d'une France multiple, généreuse, ouverte sur l'altérité.
Une France qui revendique le mélange, la richesse de la différence, qui refuse la prépondérance de telle ou telle culture,

C'est un concert nécessaire, qui fait du bien à l'âme.
Un moment de grande intelligence, de grande qualité musicale et humaine.
Au sortir du Cabaret Sauvage, on a envie d'embrasser sa voisine ou son voisin de siège.

Allez ! On lâche rien !
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