Ses critiques
1005 critiques
10/10
Vertigineuse, fascinante, brillante, cette création française de la pièce Splendeur, à la Scène nationale de Sénart !
La metteur en scène belge Delphine Salkin s'est emparée à bras le corps de l'œuvre de l'auteure galloise Abi Morgan, traduite par Daniel Loayza, pour nous donner une véritable leçon de théâtre !
Un vrai choc littéraire et dramaturgique !
La pièce pourrait être sous-titrée En attendant Oolio.
Nous sommes dans la splendeur d'un palais résidentiel, celui du dirigeant Oolio, donc, dans un pays où il neige. (En témoignent les deux étendues blanches à jardin et cour.)
Quatre femmes attendent sa venue.
Sa richissime femme Micheleine, aux deux cents sacs à main tous assortis à ses chaussures, aux sous-vêtements chics La Perla, à l'accent et aux intonations pointues de très grande bourgeoise.
Son amie de trente-cinq ans, Geneviève, aux cheveux mouillés par la neige.
Une photographe américaine, Kathryn, venue shooter Oolio, et sa jeune traductrice Gilma.
Elles discutent, papotent...
Grâce à l'écriture d'Abi Morgan, et c'est là le principal intérêt littéraire de l'entreprise, nous allons assister tout au mong de la pièce à des « actes-rewind », un peu comme lorsque l'on revient plusieurs fois sur une même scène sur son lecteur de DVD.
Sauf que dans le cas présent, il va s'agir en fait d'une vertigineuse lecture-puzzle et kaléidoscopique. Dans chaque « acte-rewind », nous allons nous rendre compte de micro-changements et micro-variations, subtils, insidieux ou plus marqués, qui en étant distillés progressivement, vont finir par nous éclairer sur la terrible réalité du monde qui se trouve devant nous.
Comme dans chaque grand texte nous autres spectateurs allons devoir travailler. Nous allons devoir remettre les pièces du puzzle en ordre, nous allons devoir collecter les informations qui vont nous être fournies au compte-goutte.
Nous allons devoir nous approprier un temps théâtral et global très particulier, composé de plusieurs temps, chacun narré au présent, pour arriver à reconstituer la réalité et surtout la vérité.
Ces quatre femmes mentent, chacune avec sa part d'ombre, de mystère.
Nous assistons en fait à la fin d'un monde, d'un amour, d'une amitié qui tous se fissurent, se délitent impitoyablement, dans une implacable progression. Devant nous, une œuvre de destruction se déroule, devant nos yeux s'écroulent de façon de plus en plus glaçante, horrible parfois, des relations, une société délétère et un pays au système politique épouvantable.
La mise en scène de Delphine Salkin est une remarquable chorégraphie, parfois très cinématographique, d'une précision et d'une rigueur phénoménales.
Et il en faut pour orchestrer toutes les variations de cette diabolique partition, d'autant, me disait-elle lors du passionnant bord-plateau qui a suivi, que les didascalies ne sont pas si nombreuses que cela...
Et puis bien entendu, ce texte nécessite d'avoir sous la main quatre exceptionnelles comédiennes.
Je pèse cet épithète « exceptionnel ».
Christiane Cohendy (Micheleine), Roxanne Roux (Gilma), Laurence Roy (Geneviève) et Anne Sée (Kathryn) vont toutes déployer leur large palette de jeu et leur très grand talent, pour interpréter ce texte très ardu.
En effet, elles doivent composer dans chaque « acte- rewind » avec des répliques dites précédemment par leurs camarades, avec ou sans légers changements, avec des ruptures magnifiques. Leurs différentes actions sont également reprises, échangées, leurs déplacements varient eux aussi subtilement.
Ce qu'elles font est phénoménal. D'autant que l'aspect performance doit se faire oublier au profit de l'émotion et de la vérité du jeu.
Chapeau Mesdemoiselles ! J'étais très sincèrement admiratif !
Un autre élément vient nous permettre la prise d'indices et d'inférences de cette réalité : la création sonore.
Pascale Salkin, la sœur de la metteure en scène, a composé une partition musicale et sonore d'une très grande richesse, qui participe non seulement à l'ambiance qui se dégrade, mais qui nous aide également à nous y retrouver.
Des nappes de cordes, des sons étranges, des bruits plus ou moins rapprochés, latéralisés,spatialisés, viennent eux aussi nous renseigner.
Là aussi, du grand art.
J'ai été très impressionné par cette entreprise artistique.
Personne ne peut sortir indemne de cette pièce, à laquelle il faut vraiment assister.
Après la création à Sénart, elle partira en tournée, notamment très prochainement à Malakoff.
Nul doute que Splendeur se retrouvera sur le plateau d'une très grande scène nationale parisienne.
Cette pièce est appelée à devenir un classique théâtral du XXIème siècle, et sa création française restera à n'en pas douter dans les annales.
Il est des pièces auxquelles un critique est fier d'avoir assisté, et d'être l'un des premiers à avoir écrit un papier à son sujet.
C'est mon cas, avec Splendeur !
La metteur en scène belge Delphine Salkin s'est emparée à bras le corps de l'œuvre de l'auteure galloise Abi Morgan, traduite par Daniel Loayza, pour nous donner une véritable leçon de théâtre !
Un vrai choc littéraire et dramaturgique !
La pièce pourrait être sous-titrée En attendant Oolio.
Nous sommes dans la splendeur d'un palais résidentiel, celui du dirigeant Oolio, donc, dans un pays où il neige. (En témoignent les deux étendues blanches à jardin et cour.)
Quatre femmes attendent sa venue.
Sa richissime femme Micheleine, aux deux cents sacs à main tous assortis à ses chaussures, aux sous-vêtements chics La Perla, à l'accent et aux intonations pointues de très grande bourgeoise.
Son amie de trente-cinq ans, Geneviève, aux cheveux mouillés par la neige.
Une photographe américaine, Kathryn, venue shooter Oolio, et sa jeune traductrice Gilma.
Elles discutent, papotent...
Grâce à l'écriture d'Abi Morgan, et c'est là le principal intérêt littéraire de l'entreprise, nous allons assister tout au mong de la pièce à des « actes-rewind », un peu comme lorsque l'on revient plusieurs fois sur une même scène sur son lecteur de DVD.
Sauf que dans le cas présent, il va s'agir en fait d'une vertigineuse lecture-puzzle et kaléidoscopique. Dans chaque « acte-rewind », nous allons nous rendre compte de micro-changements et micro-variations, subtils, insidieux ou plus marqués, qui en étant distillés progressivement, vont finir par nous éclairer sur la terrible réalité du monde qui se trouve devant nous.
Comme dans chaque grand texte nous autres spectateurs allons devoir travailler. Nous allons devoir remettre les pièces du puzzle en ordre, nous allons devoir collecter les informations qui vont nous être fournies au compte-goutte.
Nous allons devoir nous approprier un temps théâtral et global très particulier, composé de plusieurs temps, chacun narré au présent, pour arriver à reconstituer la réalité et surtout la vérité.
Ces quatre femmes mentent, chacune avec sa part d'ombre, de mystère.
Nous assistons en fait à la fin d'un monde, d'un amour, d'une amitié qui tous se fissurent, se délitent impitoyablement, dans une implacable progression. Devant nous, une œuvre de destruction se déroule, devant nos yeux s'écroulent de façon de plus en plus glaçante, horrible parfois, des relations, une société délétère et un pays au système politique épouvantable.
La mise en scène de Delphine Salkin est une remarquable chorégraphie, parfois très cinématographique, d'une précision et d'une rigueur phénoménales.
Et il en faut pour orchestrer toutes les variations de cette diabolique partition, d'autant, me disait-elle lors du passionnant bord-plateau qui a suivi, que les didascalies ne sont pas si nombreuses que cela...
Et puis bien entendu, ce texte nécessite d'avoir sous la main quatre exceptionnelles comédiennes.
Je pèse cet épithète « exceptionnel ».
Christiane Cohendy (Micheleine), Roxanne Roux (Gilma), Laurence Roy (Geneviève) et Anne Sée (Kathryn) vont toutes déployer leur large palette de jeu et leur très grand talent, pour interpréter ce texte très ardu.
En effet, elles doivent composer dans chaque « acte- rewind » avec des répliques dites précédemment par leurs camarades, avec ou sans légers changements, avec des ruptures magnifiques. Leurs différentes actions sont également reprises, échangées, leurs déplacements varient eux aussi subtilement.
Ce qu'elles font est phénoménal. D'autant que l'aspect performance doit se faire oublier au profit de l'émotion et de la vérité du jeu.
Chapeau Mesdemoiselles ! J'étais très sincèrement admiratif !
Un autre élément vient nous permettre la prise d'indices et d'inférences de cette réalité : la création sonore.
Pascale Salkin, la sœur de la metteure en scène, a composé une partition musicale et sonore d'une très grande richesse, qui participe non seulement à l'ambiance qui se dégrade, mais qui nous aide également à nous y retrouver.
Des nappes de cordes, des sons étranges, des bruits plus ou moins rapprochés, latéralisés,spatialisés, viennent eux aussi nous renseigner.
Là aussi, du grand art.
J'ai été très impressionné par cette entreprise artistique.
Personne ne peut sortir indemne de cette pièce, à laquelle il faut vraiment assister.
Après la création à Sénart, elle partira en tournée, notamment très prochainement à Malakoff.
Nul doute que Splendeur se retrouvera sur le plateau d'une très grande scène nationale parisienne.
Cette pièce est appelée à devenir un classique théâtral du XXIème siècle, et sa création française restera à n'en pas douter dans les annales.
Il est des pièces auxquelles un critique est fier d'avoir assisté, et d'être l'un des premiers à avoir écrit un papier à son sujet.
C'est mon cas, avec Splendeur !
8,5/10
William, Fédérico, Vittorio, Luigi, Roberto, Dino, tous ensemble, tous ensemble, tous !
En réunissant artistiquement et avec une réelle virtuosité Shakespeare, Fellini, De Sica, Comencini, Rosselini et Risi, Frédérique Lazarini, assistée de Lydia Nicaud, signe une épatante adaptation de l'une des premières et des plus misogynes comédies de Shakespeare.
Sa mégère apprivoisée se situera dans les années 50-60, en Italie, forcément, au temps du néoréalisme cinématographique.
La metteure en scène a judicieusement et très astucieusement mêlé théâtre et 7ème art.
La jolie scénographie de François Cabanat ne laisse d'ailleurs planer aucun doute : nous sommes sur une place de quartier, sur laquelle on a installé des bancs, pour assister à une projection publique en plein air.
Cette soi-disant mégère se comportera en effet comme ces héroïnes italiennes : une femme éprise de liberté, féministe avant l'heure, revendiquant le besoin d'indépendance et la nécessité de faire entendre sa voix.
Le début du XVIIème siècle comme cette époque d'après-guerre ne permettent pas à ces femmes de prendre leur destin en mains.
Le parallèle est frappant, et le parti-pris de Melle Lazarini fonctionne à la perfection.
Les projections de séquences filmées, en noir et blanc, réalisées par Bernard Malaterre alterneront avec la dramaturgie théâtrale à proprement parler.
Les comédiens à l'écran auront même des interactions avec ceux en chair et en os.
Là encore, une grande habileté est de mise.
La mise en scène est physique, enlevée, mêlant souvent comedia del' arte et comédies à l'italienne.
Tout s'enchaîne à une rapidité folle, les coups pleuvent, on crie beaucoup, les situations burlesques sont légion.
A cet égard, Toto, le comédien emblématique italien, sera d'ailleurs « invité » sur scène.
(Dans les pizzérias françaises, on aperçoit souvent une photo de Toto, l'air plus triste que jamais, se saisissant de ses spaghettis à pleine poignée. La référence sera d'ailleurs utilisée dans la pièce, mais je n'en dis pas plus...)
C'est Guillaume Veyre qui interprète ce rôle du valet Toto-Tranio, avec virtuosité et une réelle vis comica. Ses mimiques, ses double-takes, sa gestuelle très slapstick font beaucoup rire les spectateurs.
Le couple Catarina (Sarah Biasini) et Petruchio (Cédric Colas) fonctionne lui aussi à la perfection.
Les deux artistes incarnent de façon jubilatoire ces deux êtres si mal assortis.
Le propos de la pièce nous est évidemment insupportable. Cédric Colas est parfait en macho pathétique et monstrueux, ayant pour seul but de « dresser » son épouse rebelle.
En blouson de cuir sur marcel blanc, descendant de son « fidèle destrier », le comédien parvient très facilement à être ignoble, sur scène et à l'écran, notamment le jour de son mariage.
Ses adresses au public sont formidables !
Melle Biasini réussit pleinement la transformation de son personnage : d'insoumise, elle deviendra totalement obéissante.
Jusqu'à ce que....
Frédérique Lazarini a trouvé de façon magistrale et très inventive comment terminer sa pièce.
En prenant appui sur Judith, la sœur de Shakespeare, et une auteure célèbre, elle nous donne une conclusion qui nous montre que sa mégère ne baisse pas les bras, qu'elle n'est pas dupe, et que le public ne l'est pas plus : les femmes ne doivent en aucune façon se laisser dominer par la gent masculine.
Et non, vous n'en saurez pas plus, je vous laisse découvrir la mise en abîme !
Deux autres comédiens se retrouvent sur la scène.
Maxime Lombard est un Baptista, père de Catarina, tout en bonhommie, truculence et bonne humeur. Il chante très joliment le bel canto et les ritournelles italiennes. Il m'a fait penser à Jules Raimu.
Et puis Pierre Einaudi campe parfaitement Lucentio, le beau-frère de Catarina.
Vous l'aurez compris, il vous faut donc aller voir ces quatre-vingt dix minutes qui passent beaucoup trop vite.
Cette mègère apprivoisée-là est une vraie réussite.
L'adaptation de cette pièce rarement donnée de nos jours en raison du propos devenu totalement inacceptable, cette adaptation-là est épatante.
Mais voilà que j'allais oublier : les amateurs de péplums, de Vespas et de gaines Seduzione (si si...) ne seront vraiment pas déçus !
Prego !
En réunissant artistiquement et avec une réelle virtuosité Shakespeare, Fellini, De Sica, Comencini, Rosselini et Risi, Frédérique Lazarini, assistée de Lydia Nicaud, signe une épatante adaptation de l'une des premières et des plus misogynes comédies de Shakespeare.
Sa mégère apprivoisée se situera dans les années 50-60, en Italie, forcément, au temps du néoréalisme cinématographique.
La metteure en scène a judicieusement et très astucieusement mêlé théâtre et 7ème art.
La jolie scénographie de François Cabanat ne laisse d'ailleurs planer aucun doute : nous sommes sur une place de quartier, sur laquelle on a installé des bancs, pour assister à une projection publique en plein air.
Cette soi-disant mégère se comportera en effet comme ces héroïnes italiennes : une femme éprise de liberté, féministe avant l'heure, revendiquant le besoin d'indépendance et la nécessité de faire entendre sa voix.
Le début du XVIIème siècle comme cette époque d'après-guerre ne permettent pas à ces femmes de prendre leur destin en mains.
Le parallèle est frappant, et le parti-pris de Melle Lazarini fonctionne à la perfection.
Les projections de séquences filmées, en noir et blanc, réalisées par Bernard Malaterre alterneront avec la dramaturgie théâtrale à proprement parler.
Les comédiens à l'écran auront même des interactions avec ceux en chair et en os.
Là encore, une grande habileté est de mise.
La mise en scène est physique, enlevée, mêlant souvent comedia del' arte et comédies à l'italienne.
Tout s'enchaîne à une rapidité folle, les coups pleuvent, on crie beaucoup, les situations burlesques sont légion.
A cet égard, Toto, le comédien emblématique italien, sera d'ailleurs « invité » sur scène.
(Dans les pizzérias françaises, on aperçoit souvent une photo de Toto, l'air plus triste que jamais, se saisissant de ses spaghettis à pleine poignée. La référence sera d'ailleurs utilisée dans la pièce, mais je n'en dis pas plus...)
C'est Guillaume Veyre qui interprète ce rôle du valet Toto-Tranio, avec virtuosité et une réelle vis comica. Ses mimiques, ses double-takes, sa gestuelle très slapstick font beaucoup rire les spectateurs.
Le couple Catarina (Sarah Biasini) et Petruchio (Cédric Colas) fonctionne lui aussi à la perfection.
Les deux artistes incarnent de façon jubilatoire ces deux êtres si mal assortis.
Le propos de la pièce nous est évidemment insupportable. Cédric Colas est parfait en macho pathétique et monstrueux, ayant pour seul but de « dresser » son épouse rebelle.
En blouson de cuir sur marcel blanc, descendant de son « fidèle destrier », le comédien parvient très facilement à être ignoble, sur scène et à l'écran, notamment le jour de son mariage.
Ses adresses au public sont formidables !
Melle Biasini réussit pleinement la transformation de son personnage : d'insoumise, elle deviendra totalement obéissante.
Jusqu'à ce que....
Frédérique Lazarini a trouvé de façon magistrale et très inventive comment terminer sa pièce.
En prenant appui sur Judith, la sœur de Shakespeare, et une auteure célèbre, elle nous donne une conclusion qui nous montre que sa mégère ne baisse pas les bras, qu'elle n'est pas dupe, et que le public ne l'est pas plus : les femmes ne doivent en aucune façon se laisser dominer par la gent masculine.
Et non, vous n'en saurez pas plus, je vous laisse découvrir la mise en abîme !
Deux autres comédiens se retrouvent sur la scène.
Maxime Lombard est un Baptista, père de Catarina, tout en bonhommie, truculence et bonne humeur. Il chante très joliment le bel canto et les ritournelles italiennes. Il m'a fait penser à Jules Raimu.
Et puis Pierre Einaudi campe parfaitement Lucentio, le beau-frère de Catarina.
Vous l'aurez compris, il vous faut donc aller voir ces quatre-vingt dix minutes qui passent beaucoup trop vite.
Cette mègère apprivoisée-là est une vraie réussite.
L'adaptation de cette pièce rarement donnée de nos jours en raison du propos devenu totalement inacceptable, cette adaptation-là est épatante.
Mais voilà que j'allais oublier : les amateurs de péplums, de Vespas et de gaines Seduzione (si si...) ne seront vraiment pas déçus !
Prego !
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9,5/10
Brillant !
Décidément, et nous en avons désormais l'habitude, le couple Lesort-Hecq nous propose, avec cette adaptation de la nouvelle éponyme de George Lagelaan, un spectacle brillant, hilarant et passionnant !
Un spectacle où, une nouvelle fois, l'inventivité, la créativité, la folie artistique de ces deux-là nous explosent à la figure.
De cette nouvelle de science-fiction publiée en 1962, il reste ici l'idée forte principale : un homme se transforme progressivement en mouche, suite à une expérience de téléportation qui dérape.
On se souvient au passage du film de David Cronenberg, avec l'excellent Jeff Goldblum.
Christian Hecq et Valérie Lesort ont eu la merveilleuse idée de mixer cette idée "transzoomorphique" avec l'un des épisodes de l'émission-culte Strip-Tease « La soucoupe et le perroquet ».
Nous voici donc sur une espèce de terrain vague, avec à cour une caravane, où habite Odette, la maman de Robert, un vieux garçon, probablement autiste, passionné de téléportation, un peu beaucoup savant-fou. Sa chambre-laboratoire est quant à elle à jardin.
Le quotidien de ces deux-là, deux personnages très hauts, mais alors très hauts en couleur, deux personnages brisés par la vie, va nous être dévoilé.
Nous allons assister à la relation quotidienne mère-fils, étonnante, drôlissime, mais également tendre et finalement émouvante.
Nous sommes dans les années 60-70, au début de l'ère informatique.
Devant nous, un décor fait de bric et de broc, avec un laboratoire « scientifique » étonnant, confère à tout ceci un côté poético-dérisoire.
Des scènes absolument jouissives, burlesques, à hurler de rire (ce fut mon cas), vont émailler cette heure et trente minutes, comme par exemple une téléportation canine, des check-lists d'une machine infernale, un repas assez surréaliste, une rencontre culinaire avec un lapin, un interrogatoire de police à l'apéritif à la gentiane, ou encore la rencontre de Robert et de sa copine d'enfance Marie-Pierre.
Les quatre comédiens m'ont complètement ravi et bluffé !
Christian Hecq, sociétaire de la Comédie-Française, est ce Robert-là. A son habitude, sa gestuelle, son immense talent de mime, ses mimiques (ah ! Sa mâchoire pendante et ses coups d'œil en dessous !), sa capacité à nous faire rire sans déployer d'intenses moyens physiques, sa vis comica, tout ceci est à nouveau phénoménal !
La maman, c'est l'ex-sociétaire de la Comédie Française Chrisine Murillo.
Elle aussi est hilarante ! Sa composition force le respect.
Melle Murillo, en Odette à la perruque capricieuse, à la blouse en nylon, est hallucinante de force comique. (Il faut mentionner les costumes très réussis de Moïra Douguet !)
Valérie Lesort est Marie-Pierre. Elle incarne cette fille elle aussi un peu paumée, très naïve (C'est un euphémisme), un peu simplette avec une jubilation évidente.
Un rôle pas si évident que cela. La comédienne est à la fois très drôle et très touchante.
Et puis l'excellent Stephan Wojtowicz est une éblouissant inspecteur de police à l'ancienne, parfois gouailleur, parfois suspicieux, aux répliques souvent très « audiardesques ».
Le quatuor est irréprochable. Les nombreuses scènes de duo, aux dialogues percutants, incisifs sont autant de moments loufoques et parfois surréalistes. (Impossible de ne pas pleurer de rire en écoutant cette histoire d'épouvantail. Et non, je n'en dirai pas plus !)
Côté technique, là aussi, nous retrouvons ce qui fait le charme du travail des Lesort-Hecq.
Melle Lesort, également plasticienne, et sa complice Carole Allemand, ont conçu une nouvelle fois des marionnettes, très subtiles, qui passent parfois pratiquement inaperçues, tellement tout ceci est précis, millimétré.
Et puis, moi ce qui me fascine chez eux, c'est cette capacité à nous faire rire avec trois euros six sous.
Je n'oublierai jamais la scène de la pomme dans Le domino noir, à l'Opéra comique. Ici, c'est un simple ruban tue-mouche qui déclenche l'hilarité générale.
Du grand art !
Il faut noter également la très belle création sonore de Dominique Bataille, avec notamment quantité de vols latéralisés spatialement de diptères.
Alors évidemment, dans le film évoqué ci-dessus, Jeff Goldblum, devenu mouche, parvient à se déplacer sur les murs et au plafond.
Et ici ? Là non plus, je n'irai pas plus loin. Mais vous ne serez pas déçus. Une scène époustouflante, très technique et très physique vous attend !
De nombreux techniciens s'activent en coulisse !
Vous l'aurez compris, il faut absolument assister à cette pièce qui se pose, dès le soir de la première, comme incontournable de ce début d'année 2020.
Ne manquez surtout pas ce spectacle !
Un spectacle qui au passage réhabilite la Suze et les fixe-chaussettes !
Un dernier détail : Charlie, la chienne de la maison, se porte très bien après chaque représentation !
Décidément, et nous en avons désormais l'habitude, le couple Lesort-Hecq nous propose, avec cette adaptation de la nouvelle éponyme de George Lagelaan, un spectacle brillant, hilarant et passionnant !
Un spectacle où, une nouvelle fois, l'inventivité, la créativité, la folie artistique de ces deux-là nous explosent à la figure.
De cette nouvelle de science-fiction publiée en 1962, il reste ici l'idée forte principale : un homme se transforme progressivement en mouche, suite à une expérience de téléportation qui dérape.
On se souvient au passage du film de David Cronenberg, avec l'excellent Jeff Goldblum.
Christian Hecq et Valérie Lesort ont eu la merveilleuse idée de mixer cette idée "transzoomorphique" avec l'un des épisodes de l'émission-culte Strip-Tease « La soucoupe et le perroquet ».
Nous voici donc sur une espèce de terrain vague, avec à cour une caravane, où habite Odette, la maman de Robert, un vieux garçon, probablement autiste, passionné de téléportation, un peu beaucoup savant-fou. Sa chambre-laboratoire est quant à elle à jardin.
Le quotidien de ces deux-là, deux personnages très hauts, mais alors très hauts en couleur, deux personnages brisés par la vie, va nous être dévoilé.
Nous allons assister à la relation quotidienne mère-fils, étonnante, drôlissime, mais également tendre et finalement émouvante.
Nous sommes dans les années 60-70, au début de l'ère informatique.
Devant nous, un décor fait de bric et de broc, avec un laboratoire « scientifique » étonnant, confère à tout ceci un côté poético-dérisoire.
Des scènes absolument jouissives, burlesques, à hurler de rire (ce fut mon cas), vont émailler cette heure et trente minutes, comme par exemple une téléportation canine, des check-lists d'une machine infernale, un repas assez surréaliste, une rencontre culinaire avec un lapin, un interrogatoire de police à l'apéritif à la gentiane, ou encore la rencontre de Robert et de sa copine d'enfance Marie-Pierre.
Les quatre comédiens m'ont complètement ravi et bluffé !
Christian Hecq, sociétaire de la Comédie-Française, est ce Robert-là. A son habitude, sa gestuelle, son immense talent de mime, ses mimiques (ah ! Sa mâchoire pendante et ses coups d'œil en dessous !), sa capacité à nous faire rire sans déployer d'intenses moyens physiques, sa vis comica, tout ceci est à nouveau phénoménal !
La maman, c'est l'ex-sociétaire de la Comédie Française Chrisine Murillo.
Elle aussi est hilarante ! Sa composition force le respect.
Melle Murillo, en Odette à la perruque capricieuse, à la blouse en nylon, est hallucinante de force comique. (Il faut mentionner les costumes très réussis de Moïra Douguet !)
Valérie Lesort est Marie-Pierre. Elle incarne cette fille elle aussi un peu paumée, très naïve (C'est un euphémisme), un peu simplette avec une jubilation évidente.
Un rôle pas si évident que cela. La comédienne est à la fois très drôle et très touchante.
Et puis l'excellent Stephan Wojtowicz est une éblouissant inspecteur de police à l'ancienne, parfois gouailleur, parfois suspicieux, aux répliques souvent très « audiardesques ».
Le quatuor est irréprochable. Les nombreuses scènes de duo, aux dialogues percutants, incisifs sont autant de moments loufoques et parfois surréalistes. (Impossible de ne pas pleurer de rire en écoutant cette histoire d'épouvantail. Et non, je n'en dirai pas plus !)
Côté technique, là aussi, nous retrouvons ce qui fait le charme du travail des Lesort-Hecq.
Melle Lesort, également plasticienne, et sa complice Carole Allemand, ont conçu une nouvelle fois des marionnettes, très subtiles, qui passent parfois pratiquement inaperçues, tellement tout ceci est précis, millimétré.
Et puis, moi ce qui me fascine chez eux, c'est cette capacité à nous faire rire avec trois euros six sous.
Je n'oublierai jamais la scène de la pomme dans Le domino noir, à l'Opéra comique. Ici, c'est un simple ruban tue-mouche qui déclenche l'hilarité générale.
Du grand art !
Il faut noter également la très belle création sonore de Dominique Bataille, avec notamment quantité de vols latéralisés spatialement de diptères.
Alors évidemment, dans le film évoqué ci-dessus, Jeff Goldblum, devenu mouche, parvient à se déplacer sur les murs et au plafond.
Et ici ? Là non plus, je n'irai pas plus loin. Mais vous ne serez pas déçus. Une scène époustouflante, très technique et très physique vous attend !
De nombreux techniciens s'activent en coulisse !
Vous l'aurez compris, il faut absolument assister à cette pièce qui se pose, dès le soir de la première, comme incontournable de ce début d'année 2020.
Ne manquez surtout pas ce spectacle !
Un spectacle qui au passage réhabilite la Suze et les fixe-chaussettes !
Un dernier détail : Charlie, la chienne de la maison, se porte très bien après chaque représentation !
9/10
Sur la plage pas du tout abandonnée...
Tanger.
Les senteurs vespérales et délicates du jasmin, des orangers, des lauriers-fleurs dans les jardins du palais Mendoub...
Le parfum iodé de l'océan atlantique.
Et la plage, donc...
Sur cette plage, des acrobates.
Des familles d'acrobates, se transmettant leur art de générations en générations. Un art provenant de la tradition guerrière, une acrobatie devenue un art circassien.
Les artistes du Groupe Acrobatique de Tanger sont issus de cette tradition-là.
La famille Hammich constitue la base de ce groupe constitué de douze acrobates, deux jeunes femmes et dix hommes, ainsi que deux musiciens.
Les costumes traditionnels se mêlent aux tenues contemporaines de tous les jours, comme pour souligner la transmission de la tradition, le présent ne reniant nullement le passé.
Le Groupe Acrobatique de Tanger, on le connaît en France depuis 2004, lorsque Aurélien Bory nous le fit découvrir dans le spectacle Taoub. Depuis, ils en sont à leur quatrième spectacle.
Ces quatorze-là nous proposent aujourd'hui un spectacle à couper le souffle !
Une heure d'époustouflantes figures acrobatiques, avec de multiples saltos à la limite du concevable, des pyramides humaines à trois et quatre étages, des portés stupéfiants défiant presque les lois de la physique.
Les artistes sont vraiment impressionnants de maîtrise technique, de virtuosité, d'énergie, de force et de puissance.
La scène d'ouverture avec les fachas, ces ceintures de tissus enroulées autour de la taille des apprentis-circassiens, cette scène-là est époustouflante !
Mais le côté physique ne constitue nullement le seul intérêt du spectacle.
C'est également un spectacle très chorégraphié, avec notamment des tableaux utilisant des djefnas, ces bassines de métal à la fois utilisées pour la lessive et comme instrument de fête dans les mariages.
Leur utilisation détournée est prétexte à des moments très étonnants et passionnants.
Un spectacle graphique également.
Le sable.
Ce sable de la plage arrivé des cintres sur le plateau du théâtre, qui laisse des traces calligraphiées sur la scène, sous les pieds des artistes, rappelant évidemment la merveilleuse délicatesse de l'écriture arabe.
La musique est très présente.
Tradition et modernité là aussi : la darbouka, le qanbus (l'instrument à cordes avec une caisse tendue de peau animale), le nay (la flûte arabe), le bendir (le tambourin) se mêlent aux loops rythmiques et aux samples pré-enregistrés.
Le chant tient également une place importante, avec notamment une douce complainte interprétée par une jeune artiste. Une chanson qui parle du soleil, de la lune, des sources de lumière, cette lumière si importante.
Et puis c'est un spectacle où l'humour tient une place privilégiée.
Les acrobaties sont accompagnées de facéties, certains membres du groupe étant également de vrais artistes burlesques.
On rit beaucoup, entre deux frissons.
Durant cette heure qui passe beaucoup trop vite, règne un intense sentiment festif.
La fête, la joie, le plaisir de s'exprimer par le corps, de jouer pour le public, la vraie prise de risques physiques aussi, tout ceci règne en permanence.
Sans oublier l'esprit de troupe, l'esprit de famille, omniprésents.
C'est un spectacle fascinant à découvrir en famille !
Ou bien en classe, comme les élèves du collège André-Malraux de Montereau-Fault-Yonne, dont les yeux brillaient à la sortie de la représentation !
Tanger.
Les senteurs vespérales et délicates du jasmin, des orangers, des lauriers-fleurs dans les jardins du palais Mendoub...
Le parfum iodé de l'océan atlantique.
Et la plage, donc...
Sur cette plage, des acrobates.
Des familles d'acrobates, se transmettant leur art de générations en générations. Un art provenant de la tradition guerrière, une acrobatie devenue un art circassien.
Les artistes du Groupe Acrobatique de Tanger sont issus de cette tradition-là.
La famille Hammich constitue la base de ce groupe constitué de douze acrobates, deux jeunes femmes et dix hommes, ainsi que deux musiciens.
Les costumes traditionnels se mêlent aux tenues contemporaines de tous les jours, comme pour souligner la transmission de la tradition, le présent ne reniant nullement le passé.
Le Groupe Acrobatique de Tanger, on le connaît en France depuis 2004, lorsque Aurélien Bory nous le fit découvrir dans le spectacle Taoub. Depuis, ils en sont à leur quatrième spectacle.
Ces quatorze-là nous proposent aujourd'hui un spectacle à couper le souffle !
Une heure d'époustouflantes figures acrobatiques, avec de multiples saltos à la limite du concevable, des pyramides humaines à trois et quatre étages, des portés stupéfiants défiant presque les lois de la physique.
Les artistes sont vraiment impressionnants de maîtrise technique, de virtuosité, d'énergie, de force et de puissance.
La scène d'ouverture avec les fachas, ces ceintures de tissus enroulées autour de la taille des apprentis-circassiens, cette scène-là est époustouflante !
Mais le côté physique ne constitue nullement le seul intérêt du spectacle.
C'est également un spectacle très chorégraphié, avec notamment des tableaux utilisant des djefnas, ces bassines de métal à la fois utilisées pour la lessive et comme instrument de fête dans les mariages.
Leur utilisation détournée est prétexte à des moments très étonnants et passionnants.
Un spectacle graphique également.
Le sable.
Ce sable de la plage arrivé des cintres sur le plateau du théâtre, qui laisse des traces calligraphiées sur la scène, sous les pieds des artistes, rappelant évidemment la merveilleuse délicatesse de l'écriture arabe.
La musique est très présente.
Tradition et modernité là aussi : la darbouka, le qanbus (l'instrument à cordes avec une caisse tendue de peau animale), le nay (la flûte arabe), le bendir (le tambourin) se mêlent aux loops rythmiques et aux samples pré-enregistrés.
Le chant tient également une place importante, avec notamment une douce complainte interprétée par une jeune artiste. Une chanson qui parle du soleil, de la lune, des sources de lumière, cette lumière si importante.
Et puis c'est un spectacle où l'humour tient une place privilégiée.
Les acrobaties sont accompagnées de facéties, certains membres du groupe étant également de vrais artistes burlesques.
On rit beaucoup, entre deux frissons.
Durant cette heure qui passe beaucoup trop vite, règne un intense sentiment festif.
La fête, la joie, le plaisir de s'exprimer par le corps, de jouer pour le public, la vraie prise de risques physiques aussi, tout ceci règne en permanence.
Sans oublier l'esprit de troupe, l'esprit de famille, omniprésents.
C'est un spectacle fascinant à découvrir en famille !
Ou bien en classe, comme les élèves du collège André-Malraux de Montereau-Fault-Yonne, dont les yeux brillaient à la sortie de la représentation !
9/10
Mexico, Mexi-iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii-co !
Le Mexique.
Point de convergence, point commun, point de non-retour (aussi et parfois) des personnages de cette pièce, à savoir notamment Glenda et Lester, respectivement journaliste et caméraman américains en 1977, Léon Trotski en 1917, le scénariste Dalton Trumbo en 1947 ou encore Olivier, ce squatteur voulant s'engager auprès du Sous-Commandant Marcos en 1994.
Tout ce petit monde aura un rapport ou va participer d'une manière ou une autre à une enquête, une « chasse à l'homme », le mystérieux B. Traven. Nous y voilà !
B. Traven, né Otto Feige, était un écrivain libertaire de langue allemande, un auteur mystérieux qui connut la célébrité avec plusieurs romans cultes, dont le célébrissime « Trésor de la Sierra-Madre », qu'adapta pour le grand écran John Huston.
Un écrivain qui érigea la fuite de toute médiatisation en une véritable revendication politique : échapper à toute identification et à toute récupération. Un homme qui ne cessa de dissimuler et de brouiller son identité.
Frédéric Sonntag ne pouvait qu'être fasciné par ce B. Traven.
Le dramature interroge en permanence ce thème de l'identité, celle que l'on tait, celle que l'on cache, celle qui demeure un mystère, une énigme.
L'identité, ou le vrai visage qui se cache derrière un nom.
« B. Traven » (créée en 2018) est en effet le dernier opus de sa « Trilogie fantôme » commencée avec « George Kaplan » et « Benjamin Walter ».
Trois personnages qui ne sont jamais présents physiquement sur la scène, mais qui sont le fil rouge de la narration et de la dramaturgie.
Durant deux heures et quarante minutes, le dramaturge, avec une réelle virtuosité, avec également une érudition qui force le respect, Frédéric Sonntag va donc entremêler époques, Histoire avec un grand H, parcours intimes ou destinées personnelles.
Dans un rythme haletant, dans un montage de scènes totalement maîtrisé, dans une imbrication permanente de schémas narratifs, nous allons être embarqués dans un vertigineux maelström.
Nous ne sommes jamais perdus, nous savons en permanence non seulement qui se trouve devant nous, mais également à quelle époque nous nous situons et dans quels lieux.
Des sur-titres nous aident, évidemment, mais la dramaturgie et la scénographie relèvent d'une telle habileté qu'on pourrait sûrement s'en passer.
Cette pièce, prolonge le questionnement identitaire comme un moyen de lutte contre le capitalisme, le culte de l'argent-roi, et va rappeler cette volonté de domination d'un peuple notamment par le biais de l'introduction par la CIA de la marque Coca-Cola au Mexique, avec pour objectif « l'appauvrissement humain » par l'absorption massive de sucre.
La démonstration est imparable. N'est-ce pas, M. Le Lay, ex-Patron de TF1 ?
Seront évoquées également la crise des subprime et le scandale Lehman-Brothers.
Les huit comédiens de la compagnie AsaNIsiMAsa vont déployer une énergie folle à incarner la multitude de personnages de la pièce.
Tous se donnent sans compter, il n'y a aucun petit rôle, l'esprit de troupe est en permanence présent sur le plateau.
De plus, ce sont eux qui vont assurer les changements de décor millimétrés, très rapides et ô combien étonnants. Des décors très réussis, très années 70.
C'est bien simple, j'ai eu l'impression d'assister à des sortes de fondus-enchaînés entre différentes scènes, souvent très courtes.
Nous rions tout au long des cent soixante minutes. Le personnage de Lester est drôle, très drôle.
Des scènes de comédie émaillent la pièce, avec notamment un passage relatif au café produit au Chiapas, ou encore une scène de doublage en direct de films. C'est hilarant.
La musique live assurée par un batteur-contrebassiste et un guitariste-claviériste renforce ce façon judicieuse le caractère prenant et viscéral de la pièce.
Au final, j'ai assisté à un brillant spectacle, foisonnant, luxuriant et haletant. Les deux heures et quarante minutes passent à une vitesse folle.
Une pièce d'une grande habileté stylistique et scénographique, totalement maîtrisée. Le fond le dispute à la forme, et réciproquement.
Cette très ambitieuse entreprise artistique relève de la plus totale des réussites !
Le Mexique.
Point de convergence, point commun, point de non-retour (aussi et parfois) des personnages de cette pièce, à savoir notamment Glenda et Lester, respectivement journaliste et caméraman américains en 1977, Léon Trotski en 1917, le scénariste Dalton Trumbo en 1947 ou encore Olivier, ce squatteur voulant s'engager auprès du Sous-Commandant Marcos en 1994.
Tout ce petit monde aura un rapport ou va participer d'une manière ou une autre à une enquête, une « chasse à l'homme », le mystérieux B. Traven. Nous y voilà !
B. Traven, né Otto Feige, était un écrivain libertaire de langue allemande, un auteur mystérieux qui connut la célébrité avec plusieurs romans cultes, dont le célébrissime « Trésor de la Sierra-Madre », qu'adapta pour le grand écran John Huston.
Un écrivain qui érigea la fuite de toute médiatisation en une véritable revendication politique : échapper à toute identification et à toute récupération. Un homme qui ne cessa de dissimuler et de brouiller son identité.
Frédéric Sonntag ne pouvait qu'être fasciné par ce B. Traven.
Le dramature interroge en permanence ce thème de l'identité, celle que l'on tait, celle que l'on cache, celle qui demeure un mystère, une énigme.
L'identité, ou le vrai visage qui se cache derrière un nom.
« B. Traven » (créée en 2018) est en effet le dernier opus de sa « Trilogie fantôme » commencée avec « George Kaplan » et « Benjamin Walter ».
Trois personnages qui ne sont jamais présents physiquement sur la scène, mais qui sont le fil rouge de la narration et de la dramaturgie.
Durant deux heures et quarante minutes, le dramaturge, avec une réelle virtuosité, avec également une érudition qui force le respect, Frédéric Sonntag va donc entremêler époques, Histoire avec un grand H, parcours intimes ou destinées personnelles.
Dans un rythme haletant, dans un montage de scènes totalement maîtrisé, dans une imbrication permanente de schémas narratifs, nous allons être embarqués dans un vertigineux maelström.
Nous ne sommes jamais perdus, nous savons en permanence non seulement qui se trouve devant nous, mais également à quelle époque nous nous situons et dans quels lieux.
Des sur-titres nous aident, évidemment, mais la dramaturgie et la scénographie relèvent d'une telle habileté qu'on pourrait sûrement s'en passer.
Cette pièce, prolonge le questionnement identitaire comme un moyen de lutte contre le capitalisme, le culte de l'argent-roi, et va rappeler cette volonté de domination d'un peuple notamment par le biais de l'introduction par la CIA de la marque Coca-Cola au Mexique, avec pour objectif « l'appauvrissement humain » par l'absorption massive de sucre.
La démonstration est imparable. N'est-ce pas, M. Le Lay, ex-Patron de TF1 ?
Seront évoquées également la crise des subprime et le scandale Lehman-Brothers.
Les huit comédiens de la compagnie AsaNIsiMAsa vont déployer une énergie folle à incarner la multitude de personnages de la pièce.
Tous se donnent sans compter, il n'y a aucun petit rôle, l'esprit de troupe est en permanence présent sur le plateau.
De plus, ce sont eux qui vont assurer les changements de décor millimétrés, très rapides et ô combien étonnants. Des décors très réussis, très années 70.
C'est bien simple, j'ai eu l'impression d'assister à des sortes de fondus-enchaînés entre différentes scènes, souvent très courtes.
Nous rions tout au long des cent soixante minutes. Le personnage de Lester est drôle, très drôle.
Des scènes de comédie émaillent la pièce, avec notamment un passage relatif au café produit au Chiapas, ou encore une scène de doublage en direct de films. C'est hilarant.
La musique live assurée par un batteur-contrebassiste et un guitariste-claviériste renforce ce façon judicieuse le caractère prenant et viscéral de la pièce.
Au final, j'ai assisté à un brillant spectacle, foisonnant, luxuriant et haletant. Les deux heures et quarante minutes passent à une vitesse folle.
Une pièce d'une grande habileté stylistique et scénographique, totalement maîtrisée. Le fond le dispute à la forme, et réciproquement.
Cette très ambitieuse entreprise artistique relève de la plus totale des réussites !