Ses critiques
1005 critiques
9,5/10
Un phénomène !
Jowee Omicil est un sacré phénomène !
Ou comment transformer un concert de jazz en une véritable fête, en une heure et demie de communion intense, luxuriante et débridée avec le public.
Ou comment la drôlerie, l'humour et la loufoquerie s'allient parfaitement à la virtuosité de ce musicien canadien, d'origine haïtienne, pour offrir aux spectateurs un concert étonnant et galvanisant, qui ne ressemble à aucun autre.
Un concert destiné à un but très précis : donner énormément de plaisir, certes, mais peut-être et surtout rendre au jazz son côté populaire, nous dira Mister Omicil.
« C'est ça, le jazz », nous fera-t-il répéter plusieurs fois.
BasH !
Tel est le cri de guerre de Jowee Omicil pour fédérer ses musiciens et son public.
Ce cri de guerre est le titre éponyme de son avant-dernier album. Une onomatopée qu'il va utiliser de nombreuses fois, et qu'il fera scander à plusieurs reprises par nous autres dans la salle.
(A certains moments, il me fera penser au chanteur Screamin' Jay Hawkins, à sa façon de « chauffer le public ».)
L'arrivée du multi-instrumentiste souffleur est presque surréaliste.
Le pas et la démarche nonchalants, il pénètre sur la scène, avec dans une main son sax ténor, et dans l'autre une espèce de sac de sport, duquel il va déballer tout son « fourbi ».
Un sax alto, deux soprano, une petite trompette, une clarinette...
Ne nous y trompons pas : sous ses airs de ne pas avoir l'air d'y toucher, Jowee Omicil est un virtuose. Un véritable virtuose très inspiré !
Sa bonhommie, sa volubilité, son humour ravageur ne doivent pas faire oublier son incroyable technique et son immense sensibilité.
Issu de la prestigieuse et renommée Berkley high school of music de Boston, et du Thelonius Monk Institute, le musicien est une sacrée pointure !
Tout au long de la soirée, nous allons comprendre les multiples influences de ce saxophoniste.
Des titres très variés vont se succéder.
Un véritable métissage culturel sera de mise.
Avec des clins d'oeil à Monk, à Ornette Coleman (dont une séquence free débridée, avec l'excellent batteur Arnaud Dolmen, qui va se déchaîner), des traits d'inspiration birdienne, deux doigts de musique classique et de comptines, avec des titres bebop ou hardbop mais aussi des pièces d'influence caribéennes, biguine, calypso chaloupées.
Tous les morceaux sont passionnants, très inspirés, jamais répétitifs, il se passe toujours quelque chose d'intéressant.
Jowee Omicil chante également. Et notamment une magnifique complainte, une mélopée sourde, intense, triste. Il l'interprète la tête en arrière. A la fin, lorsque il baisse la tête, nous nous rendons compte qu'il a pleuré.
Le souffleur est entouré d'un quatuor d'excellents musiciens.
Deux pianistes, assis côte à côte, le guadeloupéen Jonathan Jurion et le californien Randy Kerber se partagent le Steinway ans Sons, le Wurlitzer électrique et le piano numérique Nordlead Stage 3.
Là aussi, beaucoup de virtuosité et de technique instrumentale au service des thèmes énoncés par le soliste.
A la basse aux cordes de couleur, le camerounais aux pieds nus Jeandah Manga délivre imperturbablement une bien belle assise rythmique avec son compère batteur lui aussi très inspiré Arnaud Dolmen.
(Je vous recommande au passage très chaudement le dernier album d'Arnaud Dolmen, un album intitulé Tonbé Levé.)
Tout au long du concert, Jowee Omicil, pince-sans-rire, un rien provocateur, s'adressera en anglais et en français (il s'auto-traduit...) aux spectateurs, de façon souvent hilarante pour nous faire chanter, pour nous faire participer de façon active à cette fête du jazz.
Il descendra d'ailleurs dans la salle afin d'être au plus près du public.
Sur scène, tous s'amusent également beaucoup.
La présentation des musiciens donnera d'ailleurs lieu à nombre de fou-rires.
Comme on est loin de ces sets où les jazzmen semblent s'ennuyer !
Ici, l'important, c'est le partage, l'échange, la communion par le filtre de la musique jazz.
A la fin du concert, la salle entière se lève, pour une standing ovation amplement méritée.
Un concert et un artiste vraiment uniques en leurs genres !
Bash ! basH ! Double basH ! Triple basH !
Jowee Omicil est un sacré phénomène !
Ou comment transformer un concert de jazz en une véritable fête, en une heure et demie de communion intense, luxuriante et débridée avec le public.
Ou comment la drôlerie, l'humour et la loufoquerie s'allient parfaitement à la virtuosité de ce musicien canadien, d'origine haïtienne, pour offrir aux spectateurs un concert étonnant et galvanisant, qui ne ressemble à aucun autre.
Un concert destiné à un but très précis : donner énormément de plaisir, certes, mais peut-être et surtout rendre au jazz son côté populaire, nous dira Mister Omicil.
« C'est ça, le jazz », nous fera-t-il répéter plusieurs fois.
BasH !
Tel est le cri de guerre de Jowee Omicil pour fédérer ses musiciens et son public.
Ce cri de guerre est le titre éponyme de son avant-dernier album. Une onomatopée qu'il va utiliser de nombreuses fois, et qu'il fera scander à plusieurs reprises par nous autres dans la salle.
(A certains moments, il me fera penser au chanteur Screamin' Jay Hawkins, à sa façon de « chauffer le public ».)
L'arrivée du multi-instrumentiste souffleur est presque surréaliste.
Le pas et la démarche nonchalants, il pénètre sur la scène, avec dans une main son sax ténor, et dans l'autre une espèce de sac de sport, duquel il va déballer tout son « fourbi ».
Un sax alto, deux soprano, une petite trompette, une clarinette...
Ne nous y trompons pas : sous ses airs de ne pas avoir l'air d'y toucher, Jowee Omicil est un virtuose. Un véritable virtuose très inspiré !
Sa bonhommie, sa volubilité, son humour ravageur ne doivent pas faire oublier son incroyable technique et son immense sensibilité.
Issu de la prestigieuse et renommée Berkley high school of music de Boston, et du Thelonius Monk Institute, le musicien est une sacrée pointure !
Tout au long de la soirée, nous allons comprendre les multiples influences de ce saxophoniste.
Des titres très variés vont se succéder.
Un véritable métissage culturel sera de mise.
Avec des clins d'oeil à Monk, à Ornette Coleman (dont une séquence free débridée, avec l'excellent batteur Arnaud Dolmen, qui va se déchaîner), des traits d'inspiration birdienne, deux doigts de musique classique et de comptines, avec des titres bebop ou hardbop mais aussi des pièces d'influence caribéennes, biguine, calypso chaloupées.
Tous les morceaux sont passionnants, très inspirés, jamais répétitifs, il se passe toujours quelque chose d'intéressant.
Jowee Omicil chante également. Et notamment une magnifique complainte, une mélopée sourde, intense, triste. Il l'interprète la tête en arrière. A la fin, lorsque il baisse la tête, nous nous rendons compte qu'il a pleuré.
Le souffleur est entouré d'un quatuor d'excellents musiciens.
Deux pianistes, assis côte à côte, le guadeloupéen Jonathan Jurion et le californien Randy Kerber se partagent le Steinway ans Sons, le Wurlitzer électrique et le piano numérique Nordlead Stage 3.
Là aussi, beaucoup de virtuosité et de technique instrumentale au service des thèmes énoncés par le soliste.
A la basse aux cordes de couleur, le camerounais aux pieds nus Jeandah Manga délivre imperturbablement une bien belle assise rythmique avec son compère batteur lui aussi très inspiré Arnaud Dolmen.
(Je vous recommande au passage très chaudement le dernier album d'Arnaud Dolmen, un album intitulé Tonbé Levé.)
Tout au long du concert, Jowee Omicil, pince-sans-rire, un rien provocateur, s'adressera en anglais et en français (il s'auto-traduit...) aux spectateurs, de façon souvent hilarante pour nous faire chanter, pour nous faire participer de façon active à cette fête du jazz.
Il descendra d'ailleurs dans la salle afin d'être au plus près du public.
Sur scène, tous s'amusent également beaucoup.
La présentation des musiciens donnera d'ailleurs lieu à nombre de fou-rires.
Comme on est loin de ces sets où les jazzmen semblent s'ennuyer !
Ici, l'important, c'est le partage, l'échange, la communion par le filtre de la musique jazz.
A la fin du concert, la salle entière se lève, pour une standing ovation amplement méritée.
Un concert et un artiste vraiment uniques en leurs genres !
Bash ! basH ! Double basH ! Triple basH !
9,5/10
Trois potes, trois copines. Trois voix.
Bloom (l'éclosion) est un trio vocal féminin.
Un remarquable trio vocal féminin.
Les alphabétiquement ordonnées Léa Castro, Laurence Ilous et Mélina Tobiana sont les héritières des Boswell Sisters, ou encore des plus célèbres Andrews Sisters.
Des groupes de jeunes femmes qui chantent le jazz, s'appropriant de la plus belle des manières un paradoxe résumé en 1976 par le journaliste allemand et producteur Joachim-Ernst Berendt :
«Le dilemme du jazz chanté peut être exprimé comme un paradoxe: tout le jazz provient de la musique vocale mais tout le jazz chanté provient, lui, de la musique instrumentale. ».
Ici, cette réflexion prend tout son sens par le fait que le trio Bloom chante avec « seulement » un contrebassiste (L'excellent Martin Cuimbellot), et un percussionniste (le non-moins excellent Nils Wekstein.)
La rythmique.
Pour l'accompagnement de la mélodie, pendant que la soliste (elles le sont à tour de rôle) interprète le thème et les développements du morceau, les deux autres chanteuses se concentrent prioritairement et vocalement sur le rôle que pourrait avoir un piano ou une guitare d'accompagnement.
A la différence de beaucoup de leurs consœurs, elles ne se contentent donc pas de chanter ensemble, même à des intervalles différents, la mélodie (comme par exemple les adeptes de la technique du vocalese).
En ce sens, Bloom se rapproche de ces groupes vocaux comme Take 6, dont les membres assurent mélodie et accompagnement musical.
Les trois musiciennes ont un niveau et une technique vocale irréprochables.
Le talent, le métier sont là !
Durant une heure et trente minutes, les chanteuses vont nous enchanter !
Une remarquable cohérence vocale, équilibrée, homogène se fait très rapidement entendre et remarquer.
Une très belle pâte sonore.
Les filles swinguent, et pas qu'un peu, les voix mezzo et soprano sont claires et d'une absolue justesse.
Une bonne moitié de la set-list du concert de Fontainebleau relève de compositions des trois demoiselles.
Avec par exemple « Shadows and fog », un titre de Laurence Ilous, qui m'a évoqué le jazzman belge David Linx, une très jolie valse, « Ezuz », écrite dans le désert du Neguev, « là où il n'y a que des chèvres et des cailloux... » par Mélina Tobiana, ou encore le très drôle « Drinkin' or Drivin' » de Léa Castro.
Et puis nous écouterons pour notre plus grand plaisir des reprises, rarement entendues dans le cadre d'un trio vocal.
« Shape of my heart » de Sting, « Don't cry for Louie » de Vaya con Dios, ou encore une étonnante et passionnante version de « Crazy » de la talentueuse pianiste et choriste Ornette.
Des titres brésiliens seront également interprétés.
Les demoiselles chantent alors en portugais « Canto de ossanha » de Baden Powell ou encore « Lapidu na bo » d'orlando Pantera.
Melle Ilous utilise pour ces titres des petites percussions latines pour ajouter à l'ambiance.
Et puis Mélina Tobiana va interpréter un brillant hommage à Aretha Franklin.
Faut-il avoir du talent pour se mesurer de la sorte à la Queen of soul !
La voix devient plus rauque, plus puissante.
Sur scène, durant tout le concert, l'amitié qui lie les trois filles est palpable.
Ce sont vraiment trois copines, qui se connaissent bien, qui s'apprécient, qui chantent.
Qui s'amusent, également.
Les rires, les plaisanteries, les private-jokes fusent !
Un runing-gag très drôle concernant l'album en vente à la fin du spectacle provoque à chaque fois l'hilarité du public.
Ainsi qu'un énorme rire dans le micro de l'une des trois chanteuses. (Et non, je ne dénoncerai pas la principale intéressée!)
On l'aura compris, j'ai été totalement conquis par le talent et le projet artistique de Mesdemoiselles Léa Castro, Laurence Ilous et Mélina Tobiana.
Je vous conseille vraiment d'aller les écouter, que ce soit par le biais de leur premier album sorti très récemment, (on le trouve dès maintenant sur Deezer) ou encore mieux sur une scène.
Elles se produiront notamment au mythique Duc des Lombards les 26, 27 et 28 décembre prochains.
Allez découvrir Bloom. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !
Bloom (l'éclosion) est un trio vocal féminin.
Un remarquable trio vocal féminin.
Les alphabétiquement ordonnées Léa Castro, Laurence Ilous et Mélina Tobiana sont les héritières des Boswell Sisters, ou encore des plus célèbres Andrews Sisters.
Des groupes de jeunes femmes qui chantent le jazz, s'appropriant de la plus belle des manières un paradoxe résumé en 1976 par le journaliste allemand et producteur Joachim-Ernst Berendt :
«Le dilemme du jazz chanté peut être exprimé comme un paradoxe: tout le jazz provient de la musique vocale mais tout le jazz chanté provient, lui, de la musique instrumentale. ».
Ici, cette réflexion prend tout son sens par le fait que le trio Bloom chante avec « seulement » un contrebassiste (L'excellent Martin Cuimbellot), et un percussionniste (le non-moins excellent Nils Wekstein.)
La rythmique.
Pour l'accompagnement de la mélodie, pendant que la soliste (elles le sont à tour de rôle) interprète le thème et les développements du morceau, les deux autres chanteuses se concentrent prioritairement et vocalement sur le rôle que pourrait avoir un piano ou une guitare d'accompagnement.
A la différence de beaucoup de leurs consœurs, elles ne se contentent donc pas de chanter ensemble, même à des intervalles différents, la mélodie (comme par exemple les adeptes de la technique du vocalese).
En ce sens, Bloom se rapproche de ces groupes vocaux comme Take 6, dont les membres assurent mélodie et accompagnement musical.
Les trois musiciennes ont un niveau et une technique vocale irréprochables.
Le talent, le métier sont là !
Durant une heure et trente minutes, les chanteuses vont nous enchanter !
Une remarquable cohérence vocale, équilibrée, homogène se fait très rapidement entendre et remarquer.
Une très belle pâte sonore.
Les filles swinguent, et pas qu'un peu, les voix mezzo et soprano sont claires et d'une absolue justesse.
Une bonne moitié de la set-list du concert de Fontainebleau relève de compositions des trois demoiselles.
Avec par exemple « Shadows and fog », un titre de Laurence Ilous, qui m'a évoqué le jazzman belge David Linx, une très jolie valse, « Ezuz », écrite dans le désert du Neguev, « là où il n'y a que des chèvres et des cailloux... » par Mélina Tobiana, ou encore le très drôle « Drinkin' or Drivin' » de Léa Castro.
Et puis nous écouterons pour notre plus grand plaisir des reprises, rarement entendues dans le cadre d'un trio vocal.
« Shape of my heart » de Sting, « Don't cry for Louie » de Vaya con Dios, ou encore une étonnante et passionnante version de « Crazy » de la talentueuse pianiste et choriste Ornette.
Des titres brésiliens seront également interprétés.
Les demoiselles chantent alors en portugais « Canto de ossanha » de Baden Powell ou encore « Lapidu na bo » d'orlando Pantera.
Melle Ilous utilise pour ces titres des petites percussions latines pour ajouter à l'ambiance.
Et puis Mélina Tobiana va interpréter un brillant hommage à Aretha Franklin.
Faut-il avoir du talent pour se mesurer de la sorte à la Queen of soul !
La voix devient plus rauque, plus puissante.
Sur scène, durant tout le concert, l'amitié qui lie les trois filles est palpable.
Ce sont vraiment trois copines, qui se connaissent bien, qui s'apprécient, qui chantent.
Qui s'amusent, également.
Les rires, les plaisanteries, les private-jokes fusent !
Un runing-gag très drôle concernant l'album en vente à la fin du spectacle provoque à chaque fois l'hilarité du public.
Ainsi qu'un énorme rire dans le micro de l'une des trois chanteuses. (Et non, je ne dénoncerai pas la principale intéressée!)
On l'aura compris, j'ai été totalement conquis par le talent et le projet artistique de Mesdemoiselles Léa Castro, Laurence Ilous et Mélina Tobiana.
Je vous conseille vraiment d'aller les écouter, que ce soit par le biais de leur premier album sorti très récemment, (on le trouve dès maintenant sur Deezer) ou encore mieux sur une scène.
Elles se produiront notamment au mythique Duc des Lombards les 26, 27 et 28 décembre prochains.
Allez découvrir Bloom. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !
8/10
« Qui est là?
Sixième étage, six deux fois trois !
« Quelle tête elle aura, celle-là ? »
La voix !
Reconnaissable entre toutes. Grave. Rocailleuse.
Cette voix, celle de Catherine Hiegel, monte dans la salle, depuis la coulisse.
La Grande Catherine (l'une de mes deux Grande Catherine, l'autre étant Catherine Salviat) interprète cette madame Chevalier, âgée d'une quatre-vingtaine d'années, héritière d'une grosse entreprise de province.
Acariâtre, revêche au premier abord, pourvue d'un franc-parler dévastateur, souffrant sans le dire du refus de sa fille de la voir, la privant ainsi de la présence de sa petite fille.
Elle reçoit sa nouvelle auxiliaire de vie, Joëlle. Une femme timide, réservée, humble, que la vie a éprouvée, et qui a finit par trouver ce travail.
Joëlle a une fille, prénommée elle aussi... Joëlle.
Mère célibataire, sans emploi, Joëlle-fille vit avec son enfant chez Joëlle-mère.
Voici donc ces trois femmes.
Catherine Anne a écrit cette pièce qui va se révéler être un vaudeville acide, comme le qualifie fort justement son autrice.
Un quiproquo voulu, une sorte de supercherie assumée va faire en sorte de modifier les relations affectives établies entre ces trois femmes.
Ici, il ne sera pas question d'Amour.
Non, durant une heure et demie, nous allons assister à l'évolution des relations filiales se tissant entre les trois personnages. Le thème de la filiation, de la transmission est omniprésent.
Et puis ce texte, écrit vingt ans, n'a pas pris une seule ride. Hélas.
Il va être question de déterminisme social. Une vraie question nous est posée : peut-on échapper à sa condition, peut-on avoir confiance dans l'ascenseur social, si tant est que celui-ci fonctionne réellement ?
L'aphorisme fataliste de Joëlle-mère est à ce propos sans équivoque : « Il faut bien qu'il y ait des riches, pour qu'il y ait des pauvres ! ».
Joëlle-mère ne se fait plus d'illusions, voulant que sa fille reste à sa place. Celle-ci ne l'entend pas de cette oreille, désirant au contraire se sortir de sa condition.
Le trio de comédiennes, mis en scène par Catherine Anne elle-même fonctionne à la perfection. Les trois demoiselles vont nous procurer beaucoup de belles et intenses émotions.
Dire que Catherine Hiegel est extraordinaire relevant du pléonasme, je me bornerai à écrire encore, écrire toujours combien l'ex-Doyen du Français ravit le public par son jeu époustouflant et phénoménal d'engagement, de justesse, de drôlerie, (Ah ! Ses « gna gna gna !»...)
Ses ruptures hilarantes sont d'impressionnants moments de comédie.
Melle Hiegel nous émeut beaucoup également, dans ce personnage de Tatie Danielle finalement très attachante.
Sa composition est évidemment très applaudie.
Les deux autres comédiennes sont elles aussi parfaites dans des rôles tout aussi difficiles.
Difficiles, parce qu'il ne faut surtout pas tomber dans les caricatures et les stéréotypes.
Clotilde Mollet interprète Joëlle-mère, et en fait une sorte de « mère-courage » qui ne mâche pas ses mots face à sa fille.
La comédienne est elle aussi tout à fait crédible, dans ce personnage « tampon » entre les deux autres. Elle nous fait beaucoup rire grâce notamment à ses aphorismes très drôles.
Mais elle est par moments déchirante. On entendrait alors voler une mouche dans la salle rouge du Lucernaire.
Et puis Milena Csergo campe avec une très belle énergie Joëlle-fille. Elle est tout à fait convaincante, elle aussi très juste. J'ai cru totalement à ce personnage de jeune femme voulant s'émanciper d'un destin tracé par avance.
Le trio de comédiennes est très cohérent, la distribution est épatante. Sur scène, la mayonnaise prend immédiatement.
(Je rappelle qu'en 1999, les trois rôles avaient été créés à La Tempête par Hélène Surgère, Martine Schambacher et Marie Mure.)
Alors, oui, on se doute bien un peu de la fin de la pièce, mais là n'est pas le plus important. C'est bien l'évolution des liens entre les trois sommets de ce triangle féminin qui est essentielle.
C'est donc un bien beau moment de théâtre qui vous attend au Lucernaire.
Un moment épatant qui réunit et met en valeur trois comédiennes.
Trois femmes.
Sixième étage, six deux fois trois !
« Quelle tête elle aura, celle-là ? »
La voix !
Reconnaissable entre toutes. Grave. Rocailleuse.
Cette voix, celle de Catherine Hiegel, monte dans la salle, depuis la coulisse.
La Grande Catherine (l'une de mes deux Grande Catherine, l'autre étant Catherine Salviat) interprète cette madame Chevalier, âgée d'une quatre-vingtaine d'années, héritière d'une grosse entreprise de province.
Acariâtre, revêche au premier abord, pourvue d'un franc-parler dévastateur, souffrant sans le dire du refus de sa fille de la voir, la privant ainsi de la présence de sa petite fille.
Elle reçoit sa nouvelle auxiliaire de vie, Joëlle. Une femme timide, réservée, humble, que la vie a éprouvée, et qui a finit par trouver ce travail.
Joëlle a une fille, prénommée elle aussi... Joëlle.
Mère célibataire, sans emploi, Joëlle-fille vit avec son enfant chez Joëlle-mère.
Voici donc ces trois femmes.
Catherine Anne a écrit cette pièce qui va se révéler être un vaudeville acide, comme le qualifie fort justement son autrice.
Un quiproquo voulu, une sorte de supercherie assumée va faire en sorte de modifier les relations affectives établies entre ces trois femmes.
Ici, il ne sera pas question d'Amour.
Non, durant une heure et demie, nous allons assister à l'évolution des relations filiales se tissant entre les trois personnages. Le thème de la filiation, de la transmission est omniprésent.
Et puis ce texte, écrit vingt ans, n'a pas pris une seule ride. Hélas.
Il va être question de déterminisme social. Une vraie question nous est posée : peut-on échapper à sa condition, peut-on avoir confiance dans l'ascenseur social, si tant est que celui-ci fonctionne réellement ?
L'aphorisme fataliste de Joëlle-mère est à ce propos sans équivoque : « Il faut bien qu'il y ait des riches, pour qu'il y ait des pauvres ! ».
Joëlle-mère ne se fait plus d'illusions, voulant que sa fille reste à sa place. Celle-ci ne l'entend pas de cette oreille, désirant au contraire se sortir de sa condition.
Le trio de comédiennes, mis en scène par Catherine Anne elle-même fonctionne à la perfection. Les trois demoiselles vont nous procurer beaucoup de belles et intenses émotions.
Dire que Catherine Hiegel est extraordinaire relevant du pléonasme, je me bornerai à écrire encore, écrire toujours combien l'ex-Doyen du Français ravit le public par son jeu époustouflant et phénoménal d'engagement, de justesse, de drôlerie, (Ah ! Ses « gna gna gna !»...)
Ses ruptures hilarantes sont d'impressionnants moments de comédie.
Melle Hiegel nous émeut beaucoup également, dans ce personnage de Tatie Danielle finalement très attachante.
Sa composition est évidemment très applaudie.
Les deux autres comédiennes sont elles aussi parfaites dans des rôles tout aussi difficiles.
Difficiles, parce qu'il ne faut surtout pas tomber dans les caricatures et les stéréotypes.
Clotilde Mollet interprète Joëlle-mère, et en fait une sorte de « mère-courage » qui ne mâche pas ses mots face à sa fille.
La comédienne est elle aussi tout à fait crédible, dans ce personnage « tampon » entre les deux autres. Elle nous fait beaucoup rire grâce notamment à ses aphorismes très drôles.
Mais elle est par moments déchirante. On entendrait alors voler une mouche dans la salle rouge du Lucernaire.
Et puis Milena Csergo campe avec une très belle énergie Joëlle-fille. Elle est tout à fait convaincante, elle aussi très juste. J'ai cru totalement à ce personnage de jeune femme voulant s'émanciper d'un destin tracé par avance.
Le trio de comédiennes est très cohérent, la distribution est épatante. Sur scène, la mayonnaise prend immédiatement.
(Je rappelle qu'en 1999, les trois rôles avaient été créés à La Tempête par Hélène Surgère, Martine Schambacher et Marie Mure.)
Alors, oui, on se doute bien un peu de la fin de la pièce, mais là n'est pas le plus important. C'est bien l'évolution des liens entre les trois sommets de ce triangle féminin qui est essentielle.
C'est donc un bien beau moment de théâtre qui vous attend au Lucernaire.
Un moment épatant qui réunit et met en valeur trois comédiennes.
Trois femmes.
9/10
En rouge et... rouge !
Voici maintenant presque 25 ans que les membres du groupe Les Wriggles revêtent sur scène leur habit de lumière écarlate.
Ce n'est donc pas un hasard si leur nouveau spectacle s'intitule « Complètement red ».
Logique, non ? Même que plus logique, ça ferait trop !
Les Wriggles, c'est un groupe musical et vocal composé de cinq membres.
Les Wriggles, ce sont les petits enfants des Frères Jacques, les petits cousins des Chanson Plus Bifluorée.
Les héritiers d'une tradition de groupes de talentueux musiciens et de vrais auteurs.
Des artistes qui par le biais de la chanson, de l'humour, du burlesque, nous proposent des petites tranches de vie, des instantanés plus drôles les uns que les autres.
Le ton est donné même avant que le spectacle commence.
Une vraie menace, un terrible avertissement, concernant la prise éventuelle de photos et l'oubli d'extinction du téléphone portable sont proférés.
Un premier éclat de rire secoue la salle mythique du Palace. (Je vous laisse évidemment découvrir.)
Les cinq membres actuels du groupe, Stéphane Gourdon, Antoine Réjasse, Franck Zerbib, Emmanuel Urbanet et Fabien Marais ne vont pas ménager leur peine.
Les cinq compères sont donc des auteurs, des musiciens et des chanteurs accomplis.
Guitaristes, (instruments acoustiques ou électrique), ukulélistes (?), tous chantent, dans leur tessiture respective.
Le métier et le talent sont là : une vraie cohérence vocale, une belle pâte sonore se dégagent en permanence de l'interprétation de ces chansons.
Et puis les textes.
Des textes drôlissimes, parfois surréalistes, loufoques, avec également des moments de plus grande tendresse, d'émotion.
Des textes parfois osés, mais jamais vulgaires. Des textes qui peuvent secouer ! On rit énormément.
Pour notre plus grand bonheur, les cinq n'ont par leur pareil pour débiter des horreurs avec la plus belle ingénuité. Ce décalage fonctionne à tous les coups.
Les chansons du nouvel album sorti en février dernier côtoient les classiques.
Ces nouveaux titres n'ont rien à envier aux anciens.
Nous retrouvons toujours cette dérision, cette perception des petits et grands travers de nos sociétés.
Avec notamment « Bourguignon » qui met en scène de façon hilarante un internaute postant sur le web sa recette du bœuf bourguignon, et le tchat qui en découle.
Hilarante également cette ode, ce cri d'amour à un petit accessoire souvent jaune, que l'on trouve « Dans son bain »...
Des chansons plus « politiques » au sens noble du terme se trouvent également sur l'album éponyme, comme « Bye-Bye », consacrée au dégraissage actuel du Code du travail.
« On te dit rendez-vous dans dix ans
Sur la place des prud’hommes
Même, si c’est d’venu un Auchan
Ou un funerarium !
Bye-bye, le code du travail. »
Et puis hier soir, moi qui suis fan depuis belle lurette, j'ai retrouvé avec bonheur « La petite olive », « Poupine et Thierry », et « Car l'amour »...
Bien entendu, des titres manquent à l'appel, mais il aurait fallu un spectacle de cinq heures. (J'ai regretté l'absence de « Les voisins », de « Délit de face, yes ! », ou encore « Des laisses ».)
Il y a du clown, dans chacun des cinq gaillards.
On les a d'ailleurs souvent vus par le passé avec des nez rouges. Ce n'est pas un hasard.
La mise en scène est burlesque. Des clowns, vous dis-je.
Le plateau est souvent nu, à part quelques chaises (rouges, forcément), ici et là...
Ce burlesque culmine avec plusieurs moments irrésistibles mettant en scène des espèces de zombies, qui finiront par participer à un spectacle étrange et abscons, que ne renieraient pas certains auteurs habitués des théâtres subventionnés.
(Les amateurs de sous-titres se régalent...)
Le public est évidemment composé d'aficionados, mais aussi de jeunes gens qui découvrent avec un vrai bonheur le groupe (c'était le cas de mes voisins), ce public qui ne boude pas son plaisir, rit, chante, reprend en chœur certains refrains, tape dans les mains.
Standing ovation finale. Bien méritée !
Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire pour retrouver ou faire connaissance avec les Wriggles et partager leurs univers !
Deux autres dates figurent sur la programmation du Palace, les 10 et 17 décembre prochain.
Il faut d'ailleurs signaler que le concert du 10 décembre sera surtitré en LSF, la langue des signes.
Du coup.
Du coup ?
Du coup !
Voici maintenant presque 25 ans que les membres du groupe Les Wriggles revêtent sur scène leur habit de lumière écarlate.
Ce n'est donc pas un hasard si leur nouveau spectacle s'intitule « Complètement red ».
Logique, non ? Même que plus logique, ça ferait trop !
Les Wriggles, c'est un groupe musical et vocal composé de cinq membres.
Les Wriggles, ce sont les petits enfants des Frères Jacques, les petits cousins des Chanson Plus Bifluorée.
Les héritiers d'une tradition de groupes de talentueux musiciens et de vrais auteurs.
Des artistes qui par le biais de la chanson, de l'humour, du burlesque, nous proposent des petites tranches de vie, des instantanés plus drôles les uns que les autres.
Le ton est donné même avant que le spectacle commence.
Une vraie menace, un terrible avertissement, concernant la prise éventuelle de photos et l'oubli d'extinction du téléphone portable sont proférés.
Un premier éclat de rire secoue la salle mythique du Palace. (Je vous laisse évidemment découvrir.)
Les cinq membres actuels du groupe, Stéphane Gourdon, Antoine Réjasse, Franck Zerbib, Emmanuel Urbanet et Fabien Marais ne vont pas ménager leur peine.
Les cinq compères sont donc des auteurs, des musiciens et des chanteurs accomplis.
Guitaristes, (instruments acoustiques ou électrique), ukulélistes (?), tous chantent, dans leur tessiture respective.
Le métier et le talent sont là : une vraie cohérence vocale, une belle pâte sonore se dégagent en permanence de l'interprétation de ces chansons.
Et puis les textes.
Des textes drôlissimes, parfois surréalistes, loufoques, avec également des moments de plus grande tendresse, d'émotion.
Des textes parfois osés, mais jamais vulgaires. Des textes qui peuvent secouer ! On rit énormément.
Pour notre plus grand bonheur, les cinq n'ont par leur pareil pour débiter des horreurs avec la plus belle ingénuité. Ce décalage fonctionne à tous les coups.
Les chansons du nouvel album sorti en février dernier côtoient les classiques.
Ces nouveaux titres n'ont rien à envier aux anciens.
Nous retrouvons toujours cette dérision, cette perception des petits et grands travers de nos sociétés.
Avec notamment « Bourguignon » qui met en scène de façon hilarante un internaute postant sur le web sa recette du bœuf bourguignon, et le tchat qui en découle.
Hilarante également cette ode, ce cri d'amour à un petit accessoire souvent jaune, que l'on trouve « Dans son bain »...
Des chansons plus « politiques » au sens noble du terme se trouvent également sur l'album éponyme, comme « Bye-Bye », consacrée au dégraissage actuel du Code du travail.
« On te dit rendez-vous dans dix ans
Sur la place des prud’hommes
Même, si c’est d’venu un Auchan
Ou un funerarium !
Bye-bye, le code du travail. »
Et puis hier soir, moi qui suis fan depuis belle lurette, j'ai retrouvé avec bonheur « La petite olive », « Poupine et Thierry », et « Car l'amour »...
Bien entendu, des titres manquent à l'appel, mais il aurait fallu un spectacle de cinq heures. (J'ai regretté l'absence de « Les voisins », de « Délit de face, yes ! », ou encore « Des laisses ».)
Il y a du clown, dans chacun des cinq gaillards.
On les a d'ailleurs souvent vus par le passé avec des nez rouges. Ce n'est pas un hasard.
La mise en scène est burlesque. Des clowns, vous dis-je.
Le plateau est souvent nu, à part quelques chaises (rouges, forcément), ici et là...
Ce burlesque culmine avec plusieurs moments irrésistibles mettant en scène des espèces de zombies, qui finiront par participer à un spectacle étrange et abscons, que ne renieraient pas certains auteurs habitués des théâtres subventionnés.
(Les amateurs de sous-titres se régalent...)
Le public est évidemment composé d'aficionados, mais aussi de jeunes gens qui découvrent avec un vrai bonheur le groupe (c'était le cas de mes voisins), ce public qui ne boude pas son plaisir, rit, chante, reprend en chœur certains refrains, tape dans les mains.
Standing ovation finale. Bien méritée !
Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire pour retrouver ou faire connaissance avec les Wriggles et partager leurs univers !
Deux autres dates figurent sur la programmation du Palace, les 10 et 17 décembre prochain.
Il faut d'ailleurs signaler que le concert du 10 décembre sera surtitré en LSF, la langue des signes.
Du coup.
Du coup ?
Du coup !
9/10
Kery James.
Quel poète, quelle lucidité politique, quel engagement humaniste !
Ce concert de cet artiste-phare est de ceux qui font beaucoup de bien, un concert qui relaie un message mettant en avant de façon éclatante une valeur essentielle de notre République : la fraternité.
Après la diffusion sur Netflix de son film Banlieusards co-écrit et co-réalisé avec Leïla Sy, (je rappelle au passage que la plate-forme de streaming fut la seule à bien vouloir financer l'entreprise artistique), c'est peu de dire que le concert de Kery James était attendu !
Ce qui frappe immédiatement en pénétrant dans l'Arena, c'est la grande diversité du public.
Le public est métissé, avec des jeunes d'horizons différents, des moins jeunes aussi, et même des enfants.
L'image d'une France multiple, l'image de la France actuelle, celle que l'on aime, généreuse, riante, bon enfant, ouverte, tolérante, celle qui réfléchit, qui analyse, au clair avec elle-même.
Un public à l'image de l'artiste qui se produit ce soir.
Après une première partie dansée très réussie, assurée par le crew Juste Debout (qui se prépare pour la prochaine finale 2020, en mars prochain ici-même à Bercy), après un entracte, la salle est plongée dans le noir.
L'ingénieur du son pousse alors son premier potentiomètre. Le système sonore délivre à pleine puissance des infra-basses redoutables !
Enorme surprise !
Après un petit film le montrant en train d'arriver sur les lieux, Kery James apparaît... dans la fosse, au milieu des spectateurs. Comme un symbole !
De blanc vêtu. Avec un gilet pare-balles de la même couleur.
Il fend la foule durant un long moment pour arriver sur scène, et plus précisément sur une passerelle avançant elle aussi dans la foule.
La scène où l'attendent ses musiciens, qui ont débuté un beat implacable.
Pianiste, batteur impressionnant, percussionniste aux timbales cuivrées et à l'immense grosse caisse d'orchestre, deux Dj's...
Pour débuter, deux titres phares ! « J'rap encore » et « On veut du hardcore ! »
La température monte tout de suite en flèche. La voix grave, chaude, le flow de Kery James prend chacun aux tripes.
Les vers sont repris en chœur par la majorité des 16.000 spectateurs présents ce soir.
Cet homme est un grand écrivain, un vrai et grand poète !
Ses textes sont ciselés, précis, percutants, allant droit à l'essentiel.
Un vrai message humaniste se dessine au fur et à mesure du show.
Un message de tolérance mais également de responsabilité.
Vient ensuite un petit rappel : Coluche sur le grand écran video, présentant sa candidature en 1981. « Pour que ceux du haut puissent sentir la merde dans laquelle vivent ceux d'en bas... ».
Le message est clair.
Et voici « Racaille ».
En arrière plan, elle est désignée, cette racaille : sur l'écran, des charges récentes de CRS, des images de jeunes blessés par les forces de l'ordre, les conséquences de tirs de flash-ball et de lanceurs de balles de défense. Des yeux crevés... Des street-médics...
Vient ensuite Lettre à la République, le titre tellement attendu.
C'est le premier volet du message politique de Kery James.
Dans ce titre sont vilipendés ceux qui attisent les braisent, soufflent sur le feu, ceux qui voudraient faire s'embraser le pays, ceux qui voudraient une guerre civile. Un éditorialiste (que je ne nommerai même pas) est montré du doigt.
Réquisitoire également contre les extrémistes, les islamistes et autres fanatiques de tous bords.
Mais le message politique de Kery James n'est pas manichéen, à l'image du rappel de la question qu'il posait dans son spectacle « A vif », (cf ma critique ici-même), message repris dans son film :
« L'Etat est-il le seul responsable de la situation actuelle des banlieues? »
A travers différents titres, parmi lesquels « Vendetta », il va s'attacher à montrer que dans les cités, la rapacité, l'appât du gain, le manque de solidarité, le « chacun pour soi » sont responsables de bien des dérives générées par les jeunes eux-mêmes.
Alors que dans les banlieues, rappelle-t-il, on trouve de l'excellence, du talent, du désir de réussite sociale, malgré les difficultés, malgré les discriminations réelles dont sont victimes bien des mômes.
Et puis, reprenant le propos principal de son film, il va poser la question du choix.
Qu'est-ce qui fait qu'à tel ou tel moment un jeune emprunte la mauvaise direction, celle qui conduit à la prison ou encore à la balle de révolver fatale ?
Le message politique est fort, très fort.
Le public ne s'y trompe pas, applaudissant à tout rompre, ovationnant les vers, allumant les portables, scandant les refrains des différents titres.
Ici, pas de casquettes à l'envers, pas de caricatures...
Ici tout le monde est venu écouter de vrais textes.
De nombreux invités viendront rejoindre tout au long des deux heures et demi du concert l'hôte de la soirée, parmi lesquels Mouloud Achour, Thomas N'Gijol, les rappeurs Orelsan, Mouhammed Alix, Eklips, et un autre poète, Grand Corps Malade.
Le show se terminera par deux derniers messages « J'écris », qui témoigne du besoin d'écrire, encore et toujours, et puis « En vérité je ne suis qu'un homme ». L'humilité.
J'ai à mon actif un certain nombre (pour ne pas écrire un nombre certain) de concerts à Bercy.
J'ai rarement vu autant de communion et d'enthousiasme !
Kery James possède un extraordinaire charisme, en plus de son talent d'auteur et de musicien.
Oui, je me répète : c'est un moment musical qui fait beaucoup de bien, un moment lucide, sans compromis, un moment qui met en avant la fraternité, la solidarité, la tolérance et le vivre-ensemble.
Tout ce dont notre pays a le plus besoin. Tout ce qui lui manque tellement.
Un concert important !
Quel poète, quelle lucidité politique, quel engagement humaniste !
Ce concert de cet artiste-phare est de ceux qui font beaucoup de bien, un concert qui relaie un message mettant en avant de façon éclatante une valeur essentielle de notre République : la fraternité.
Après la diffusion sur Netflix de son film Banlieusards co-écrit et co-réalisé avec Leïla Sy, (je rappelle au passage que la plate-forme de streaming fut la seule à bien vouloir financer l'entreprise artistique), c'est peu de dire que le concert de Kery James était attendu !
Ce qui frappe immédiatement en pénétrant dans l'Arena, c'est la grande diversité du public.
Le public est métissé, avec des jeunes d'horizons différents, des moins jeunes aussi, et même des enfants.
L'image d'une France multiple, l'image de la France actuelle, celle que l'on aime, généreuse, riante, bon enfant, ouverte, tolérante, celle qui réfléchit, qui analyse, au clair avec elle-même.
Un public à l'image de l'artiste qui se produit ce soir.
Après une première partie dansée très réussie, assurée par le crew Juste Debout (qui se prépare pour la prochaine finale 2020, en mars prochain ici-même à Bercy), après un entracte, la salle est plongée dans le noir.
L'ingénieur du son pousse alors son premier potentiomètre. Le système sonore délivre à pleine puissance des infra-basses redoutables !
Enorme surprise !
Après un petit film le montrant en train d'arriver sur les lieux, Kery James apparaît... dans la fosse, au milieu des spectateurs. Comme un symbole !
De blanc vêtu. Avec un gilet pare-balles de la même couleur.
Il fend la foule durant un long moment pour arriver sur scène, et plus précisément sur une passerelle avançant elle aussi dans la foule.
La scène où l'attendent ses musiciens, qui ont débuté un beat implacable.
Pianiste, batteur impressionnant, percussionniste aux timbales cuivrées et à l'immense grosse caisse d'orchestre, deux Dj's...
Pour débuter, deux titres phares ! « J'rap encore » et « On veut du hardcore ! »
La température monte tout de suite en flèche. La voix grave, chaude, le flow de Kery James prend chacun aux tripes.
Les vers sont repris en chœur par la majorité des 16.000 spectateurs présents ce soir.
Cet homme est un grand écrivain, un vrai et grand poète !
Ses textes sont ciselés, précis, percutants, allant droit à l'essentiel.
Un vrai message humaniste se dessine au fur et à mesure du show.
Un message de tolérance mais également de responsabilité.
Vient ensuite un petit rappel : Coluche sur le grand écran video, présentant sa candidature en 1981. « Pour que ceux du haut puissent sentir la merde dans laquelle vivent ceux d'en bas... ».
Le message est clair.
Et voici « Racaille ».
En arrière plan, elle est désignée, cette racaille : sur l'écran, des charges récentes de CRS, des images de jeunes blessés par les forces de l'ordre, les conséquences de tirs de flash-ball et de lanceurs de balles de défense. Des yeux crevés... Des street-médics...
Vient ensuite Lettre à la République, le titre tellement attendu.
C'est le premier volet du message politique de Kery James.
Dans ce titre sont vilipendés ceux qui attisent les braisent, soufflent sur le feu, ceux qui voudraient faire s'embraser le pays, ceux qui voudraient une guerre civile. Un éditorialiste (que je ne nommerai même pas) est montré du doigt.
Réquisitoire également contre les extrémistes, les islamistes et autres fanatiques de tous bords.
Mais le message politique de Kery James n'est pas manichéen, à l'image du rappel de la question qu'il posait dans son spectacle « A vif », (cf ma critique ici-même), message repris dans son film :
« L'Etat est-il le seul responsable de la situation actuelle des banlieues? »
A travers différents titres, parmi lesquels « Vendetta », il va s'attacher à montrer que dans les cités, la rapacité, l'appât du gain, le manque de solidarité, le « chacun pour soi » sont responsables de bien des dérives générées par les jeunes eux-mêmes.
Alors que dans les banlieues, rappelle-t-il, on trouve de l'excellence, du talent, du désir de réussite sociale, malgré les difficultés, malgré les discriminations réelles dont sont victimes bien des mômes.
Et puis, reprenant le propos principal de son film, il va poser la question du choix.
Qu'est-ce qui fait qu'à tel ou tel moment un jeune emprunte la mauvaise direction, celle qui conduit à la prison ou encore à la balle de révolver fatale ?
Le message politique est fort, très fort.
Le public ne s'y trompe pas, applaudissant à tout rompre, ovationnant les vers, allumant les portables, scandant les refrains des différents titres.
Ici, pas de casquettes à l'envers, pas de caricatures...
Ici tout le monde est venu écouter de vrais textes.
De nombreux invités viendront rejoindre tout au long des deux heures et demi du concert l'hôte de la soirée, parmi lesquels Mouloud Achour, Thomas N'Gijol, les rappeurs Orelsan, Mouhammed Alix, Eklips, et un autre poète, Grand Corps Malade.
Le show se terminera par deux derniers messages « J'écris », qui témoigne du besoin d'écrire, encore et toujours, et puis « En vérité je ne suis qu'un homme ». L'humilité.
J'ai à mon actif un certain nombre (pour ne pas écrire un nombre certain) de concerts à Bercy.
J'ai rarement vu autant de communion et d'enthousiasme !
Kery James possède un extraordinaire charisme, en plus de son talent d'auteur et de musicien.
Oui, je me répète : c'est un moment musical qui fait beaucoup de bien, un moment lucide, sans compromis, un moment qui met en avant la fraternité, la solidarité, la tolérance et le vivre-ensemble.
Tout ce dont notre pays a le plus besoin. Tout ce qui lui manque tellement.
Un concert important !