- Classique
- Artistic Athévains
- Paris 11ème
top5 (3)
La mégère apprivoisée
Mis en scène par Frédérique Lazarini
Avec Cédric Colas
- Cédric Colas
- Alix Benezech
8,3/10
86%
- Artistic Athévains
- 45 bis, rue Richard-Lenoir
- 75011 Paris
- Voltaire (l.9)
Itinéraire
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Profondément insoumise, résolument moderne avant la lettre, la Mégère apprivoisée revendique le droit à la parole et à une certaine liberté. Ici, l'histoire (mi-contemporaine, mi-élisabéthaine) se noue autour d'un cinéma ambulant sur la place d'un village, dans les années 50 en Italie.
Non, Catarina ne se laisse pas faire. Elle est en rébellion contre toutes les autorités patriarcales et machistes de son temps. Et on serait tenté d’imaginer que Shakespeare est de son côté et qu’il nourrit de l’admiration pour sa « Mégère ». En revanche, il n’hésite pas à clore son histoire par un texte misogyne, assumé par une Catarina métamorphosée.
Surprise ? Dans cette adaptation, il convient de faire apparaître entre les lignes que notre héroine n’est pas dupe, qu’elle n’a pas baissé les armes. Ce discours, finalement par trop provocateur, peut devenir un jeu amoureux, un jeu érotique, un jeu social.
Un succès depuis 2020 !
Toutes les critiques
Une merveilleuse adaptation de la Comédie de Shakespeare.
Intelligente, ludique, inventive, vive, malicieuse, poétique, sensuelle !
Frédérique Lazarini fait mouche !
Une grande réussite !
Intelligente, ludique, inventive, vive, malicieuse, poétique, sensuelle !
Frédérique Lazarini fait mouche !
Une grande réussite !
Je n'imaginais pas voir La mégère apprivoisée, mise en scène par Frédérique Lazarini, car j'étais partie pour assister à un autre spectacle, qui ce soir là, exceptionnellement fut en relâche, le temps d'assurer sa captation
Alors voilà comment j'ai bénéficié d'une représentation particulière, sans public. J'en suis ressortie enchantée par le travail de mise en scène et le jeu des acteurs. Ç'aurait été dommage de s'en priver. C'est une chance pour les festivaliers avignonnais qu'il soit programmé au Chêne noir cet été. Il avait été créé à l'Artistic Théâtre fin 2020 mais je n'avais pas pu venir le voir, en raison des contraintes sanitaires.
C'était alors Sarah Biasini qui jouait Catarina. Je ne peux rien dire de son interprétation mais je vous garantis que celle de Delphine Depardieu vaut le déplacement.
Pour résumer le propos en quelques mots, c'est l'histoire d'une jeune femme profondément insoumise, résolument moderne. Frédérique Lazarini a choisi de nous raconter son combat pour gagner le droit à la parole et conquérir une certaine liberté dans la salle d'un cinéma ambulant, installé sur la place d'un village.
On connait les pâtisseries revisitées. Il va falloir compter avec les classiques eux aussi revisités car je serais surprise que Frédérique ne poursuive pas sur sa lancée. Son adaptation est le fruit d'une lecture attentive et intelligente de la pièce de Shakespeare qu'il serait stupide de jouer "à la lettre" après les secousses de mouvements féministes comme #metoo.
Elle a bien raison de s'interroger sur la nature de l'insoumission de la Mégère en nous la montrant rebelle certes, mais fine d'esprit. Puisque Shakespeare, en son temps, avait rompu de façon cruciale avec les décennies précédentes, en donnant à voir les paysages de Venise, de Vérone, ou de Padoue sur la scène londonienne, elle peut se permettre de situer l'intrigue dans une atmosphère de comédie italienne des années 50-60. D'autant que le cinéma italien de cette époque puise ses sources dans plusieurs traditions théâtrales : la commedia dell’arte bien sûr, dont l’influence reste prépondérante quant à la typologie des personnages et le récit picaresque pour la trame générale du récit, mais aussi dans les intermèdes comiques du Music-Hall populaire, très en vogue à la fin de la guerre.
Le spectacle commence dans l'atmosphère d'une fin de soirée estivale, avec des chants d'oiseaux et des aboiements, qui s'entrechoquent avec des rires qui s'échappent des coulisses. Les scènes jouées s'enchaînent avec les moments filmés, en noir et blanc, avec les mêmes comédiens, plus quelques autres, ce qui a permis une distribution plus resserrée (sans nul doute utile en période Covid, mais de toute façon justifiée artistiquement).
Bianca, la fille cadette est amoureuse de Lucentio. Mais le père ne consentira à son mariage qu'après avoir casé l'ainée, laquelle apparait en véritable diablesse, surtout au cinéma. Elle veut maitriser son destin et la pauvre Bianca doit subir sa jalousie et ses sautes d'humeur. Catarina n'a pas beaucoup de charme mais elle a une dot conséquente. L'amoureux transi cherchera un "bon sacrificateur" susceptible d'épouser celle qu'il veut voir devenir sa belle-soeur. Petruchio sera le candidat idéal : un bel homme, désargenté, beau parleur.
L'heureuse surprise sera que Catarina comme Petruchio vont prendre plaisir à se chamailler. Le futur beau-père commande à Petruchio de se cuirasser et celui-ci fait le coq en affrontant Catarina en tenue rouge, mais sur les hanches comme une torera. Leurs joutes verbales pourraient bien s'inscrire dans un jeu de séduction réciproque, ce qui signifierait que la femme, tel un roseau, aura plié sans rompre, et qu'elle n'aura rien perdu de ses aspirations. Elle resplendit le jour de son mariage, irradiant de beauté alors que son prétendant surgit en rockeur croquant la pomme. La cérémonie sera fantasque. Catarina se fâchera si elle veut : la femme aussi doit imposer sa volonté. c'est ce qu'on nomme égalité.
Le père les qualifiera se couple d'amants explosifs. C'est la célébration de la folie et la scène du dîner de spaghettis bolognese est digne de Fellini. Aucun doute que ces deux-là ont la cervelle malade. Et à la toute fin ce sera la sœur de Shakespeare qui, à travers la voix de Catarina, aura le dernier mot, en lisant un extrait de Une Chambre à soi de Virginia Woolf.
Les costumes de Dominique Bourde ont quelque chose d'élisabéthain tout en évoquant les années 50. Ils sont d'une élégance folle. Les jeux de lumières sont à propos. Les chants sont jolis. Les accents chantent. Le jeu des comédiens est savoureux. Je me suis retenue de rire avec difficulté (n'oubliez pas que pendant une captation le silence absolu est requis dans la salle).
Alors voilà comment j'ai bénéficié d'une représentation particulière, sans public. J'en suis ressortie enchantée par le travail de mise en scène et le jeu des acteurs. Ç'aurait été dommage de s'en priver. C'est une chance pour les festivaliers avignonnais qu'il soit programmé au Chêne noir cet été. Il avait été créé à l'Artistic Théâtre fin 2020 mais je n'avais pas pu venir le voir, en raison des contraintes sanitaires.
C'était alors Sarah Biasini qui jouait Catarina. Je ne peux rien dire de son interprétation mais je vous garantis que celle de Delphine Depardieu vaut le déplacement.
Pour résumer le propos en quelques mots, c'est l'histoire d'une jeune femme profondément insoumise, résolument moderne. Frédérique Lazarini a choisi de nous raconter son combat pour gagner le droit à la parole et conquérir une certaine liberté dans la salle d'un cinéma ambulant, installé sur la place d'un village.
On connait les pâtisseries revisitées. Il va falloir compter avec les classiques eux aussi revisités car je serais surprise que Frédérique ne poursuive pas sur sa lancée. Son adaptation est le fruit d'une lecture attentive et intelligente de la pièce de Shakespeare qu'il serait stupide de jouer "à la lettre" après les secousses de mouvements féministes comme #metoo.
Elle a bien raison de s'interroger sur la nature de l'insoumission de la Mégère en nous la montrant rebelle certes, mais fine d'esprit. Puisque Shakespeare, en son temps, avait rompu de façon cruciale avec les décennies précédentes, en donnant à voir les paysages de Venise, de Vérone, ou de Padoue sur la scène londonienne, elle peut se permettre de situer l'intrigue dans une atmosphère de comédie italienne des années 50-60. D'autant que le cinéma italien de cette époque puise ses sources dans plusieurs traditions théâtrales : la commedia dell’arte bien sûr, dont l’influence reste prépondérante quant à la typologie des personnages et le récit picaresque pour la trame générale du récit, mais aussi dans les intermèdes comiques du Music-Hall populaire, très en vogue à la fin de la guerre.
Le spectacle commence dans l'atmosphère d'une fin de soirée estivale, avec des chants d'oiseaux et des aboiements, qui s'entrechoquent avec des rires qui s'échappent des coulisses. Les scènes jouées s'enchaînent avec les moments filmés, en noir et blanc, avec les mêmes comédiens, plus quelques autres, ce qui a permis une distribution plus resserrée (sans nul doute utile en période Covid, mais de toute façon justifiée artistiquement).
Bianca, la fille cadette est amoureuse de Lucentio. Mais le père ne consentira à son mariage qu'après avoir casé l'ainée, laquelle apparait en véritable diablesse, surtout au cinéma. Elle veut maitriser son destin et la pauvre Bianca doit subir sa jalousie et ses sautes d'humeur. Catarina n'a pas beaucoup de charme mais elle a une dot conséquente. L'amoureux transi cherchera un "bon sacrificateur" susceptible d'épouser celle qu'il veut voir devenir sa belle-soeur. Petruchio sera le candidat idéal : un bel homme, désargenté, beau parleur.
L'heureuse surprise sera que Catarina comme Petruchio vont prendre plaisir à se chamailler. Le futur beau-père commande à Petruchio de se cuirasser et celui-ci fait le coq en affrontant Catarina en tenue rouge, mais sur les hanches comme une torera. Leurs joutes verbales pourraient bien s'inscrire dans un jeu de séduction réciproque, ce qui signifierait que la femme, tel un roseau, aura plié sans rompre, et qu'elle n'aura rien perdu de ses aspirations. Elle resplendit le jour de son mariage, irradiant de beauté alors que son prétendant surgit en rockeur croquant la pomme. La cérémonie sera fantasque. Catarina se fâchera si elle veut : la femme aussi doit imposer sa volonté. c'est ce qu'on nomme égalité.
Le père les qualifiera se couple d'amants explosifs. C'est la célébration de la folie et la scène du dîner de spaghettis bolognese est digne de Fellini. Aucun doute que ces deux-là ont la cervelle malade. Et à la toute fin ce sera la sœur de Shakespeare qui, à travers la voix de Catarina, aura le dernier mot, en lisant un extrait de Une Chambre à soi de Virginia Woolf.
Les costumes de Dominique Bourde ont quelque chose d'élisabéthain tout en évoquant les années 50. Ils sont d'une élégance folle. Les jeux de lumières sont à propos. Les chants sont jolis. Les accents chantent. Le jeu des comédiens est savoureux. Je me suis retenue de rire avec difficulté (n'oubliez pas que pendant une captation le silence absolu est requis dans la salle).
La Mégère Apprivoisée de William Shakespeare
Adaptation et mise en scène de Frédérique Lazarini
Drolatique, Réjouissant, Innovant.
Frederic Lazarini revisite La mégère apprivoisée façon commedia dell’ artte. C’est vivant, dynamique et pittoresque.
Nous sommes sur une place de village à Padoue où un cinéma en plein air s’est installé.
L’histoire se déroule par intermittence
Sur le plateau dans l’ambiance d’une comédie italienne pleine de bouffonneries et vitalités.
Sur l’écran, les personnages sont transportés dans un film en noir et blanc style comédie italienne des années 50.
Cette mise en abyme chère à Shakespeare donne une dynamique et certaine hardiesse à cette mise en scène qui nous ravit.
Les costumes sont pour les uns d’époque Elisabéthaine et pour d’autres d’époque contemporaine.
Sur le plateau les comédiens s’amusent et jouent avec un réel plaisir dans cette grande farandole amoureuse, on sent une grande complicité entre eux.
Catarina (Sarah Biasini) « la mégère » l’insoumise, revêche au caractère fort , refuse toute autorité, tout compromis.
Baptista (Maxime Lombard) son père perdu et prêt à tout pour se débarrasser et marier cette fille insupportable.
Pétruchio (Cédric Colas) intrépide, exalté, plein de vitalité, prêt à dompter Catarina qui ne l’oublions pas est une riche héritière.
Lucentio (Pierre Einaudi) romantique, fou amoureux de Bianca (Chalotte Durand- Raucher) fille cadette douce et jolie.
Et n’oublions pas Tranio (Guillaume Veyre) le valet de Lucentio.
Petruchio finira-t-il par avoir mainmise sur Catarina ?
Catarina sera-t-elle dupe de cette situation ?
Qu’adviendra-t-il de Lucentio et Bianca ce couple modèle ?
Cette adaptation est pleine d’humour, de vitalité et de gaieté et d’ivresse.
La fin vous réserve une surprise de choix, la sœur de Shakespeare vous fera part ses convictions…
Les comédiens sont tous talentueux et nous réjouissent par la justesse de leur jeu et leur dynamisme. J’avoue avoir eu un grand coup de cœur pour Cédric Colas qui par son ton, ses mimiques et sa gestuelle incarne magnifiquement Pétruchio.
Bravo à tous.
Adaptation et mise en scène de Frédérique Lazarini
Drolatique, Réjouissant, Innovant.
Frederic Lazarini revisite La mégère apprivoisée façon commedia dell’ artte. C’est vivant, dynamique et pittoresque.
Nous sommes sur une place de village à Padoue où un cinéma en plein air s’est installé.
L’histoire se déroule par intermittence
Sur le plateau dans l’ambiance d’une comédie italienne pleine de bouffonneries et vitalités.
Sur l’écran, les personnages sont transportés dans un film en noir et blanc style comédie italienne des années 50.
Cette mise en abyme chère à Shakespeare donne une dynamique et certaine hardiesse à cette mise en scène qui nous ravit.
Les costumes sont pour les uns d’époque Elisabéthaine et pour d’autres d’époque contemporaine.
Sur le plateau les comédiens s’amusent et jouent avec un réel plaisir dans cette grande farandole amoureuse, on sent une grande complicité entre eux.
Catarina (Sarah Biasini) « la mégère » l’insoumise, revêche au caractère fort , refuse toute autorité, tout compromis.
Baptista (Maxime Lombard) son père perdu et prêt à tout pour se débarrasser et marier cette fille insupportable.
Pétruchio (Cédric Colas) intrépide, exalté, plein de vitalité, prêt à dompter Catarina qui ne l’oublions pas est une riche héritière.
Lucentio (Pierre Einaudi) romantique, fou amoureux de Bianca (Chalotte Durand- Raucher) fille cadette douce et jolie.
Et n’oublions pas Tranio (Guillaume Veyre) le valet de Lucentio.
Petruchio finira-t-il par avoir mainmise sur Catarina ?
Catarina sera-t-elle dupe de cette situation ?
Qu’adviendra-t-il de Lucentio et Bianca ce couple modèle ?
Cette adaptation est pleine d’humour, de vitalité et de gaieté et d’ivresse.
La fin vous réserve une surprise de choix, la sœur de Shakespeare vous fera part ses convictions…
Les comédiens sont tous talentueux et nous réjouissent par la justesse de leur jeu et leur dynamisme. J’avoue avoir eu un grand coup de cœur pour Cédric Colas qui par son ton, ses mimiques et sa gestuelle incarne magnifiquement Pétruchio.
Bravo à tous.
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William, Fédérico, Vittorio, Luigi, Roberto, Dino, tous ensemble, tous ensemble, tous !
En réunissant artistiquement et avec une réelle virtuosité Shakespeare, Fellini, De Sica, Comencini, Rosselini et Risi, Frédérique Lazarini, assistée de Lydia Nicaud, signe une épatante adaptation de l'une des premières et des plus misogynes comédies de Shakespeare.
Sa mégère apprivoisée se situera dans les années 50-60, en Italie, forcément, au temps du néoréalisme cinématographique.
La metteure en scène a judicieusement et très astucieusement mêlé théâtre et 7ème art.
La jolie scénographie de François Cabanat ne laisse d'ailleurs planer aucun doute : nous sommes sur une place de quartier, sur laquelle on a installé des bancs, pour assister à une projection publique en plein air.
Cette soi-disant mégère se comportera en effet comme ces héroïnes italiennes : une femme éprise de liberté, féministe avant l'heure, revendiquant le besoin d'indépendance et la nécessité de faire entendre sa voix.
Le début du XVIIème siècle comme cette époque d'après-guerre ne permettent pas à ces femmes de prendre leur destin en mains.
Le parallèle est frappant, et le parti-pris de Melle Lazarini fonctionne à la perfection.
Les projections de séquences filmées, en noir et blanc, réalisées par Bernard Malaterre alterneront avec la dramaturgie théâtrale à proprement parler.
Les comédiens à l'écran auront même des interactions avec ceux en chair et en os.
Là encore, une grande habileté est de mise.
La mise en scène est physique, enlevée, mêlant souvent comedia del' arte et comédies à l'italienne.
Tout s'enchaîne à une rapidité folle, les coups pleuvent, on crie beaucoup, les situations burlesques sont légion.
A cet égard, Toto, le comédien emblématique italien, sera d'ailleurs « invité » sur scène.
(Dans les pizzérias françaises, on aperçoit souvent une photo de Toto, l'air plus triste que jamais, se saisissant de ses spaghettis à pleine poignée. La référence sera d'ailleurs utilisée dans la pièce, mais je n'en dis pas plus...)
C'est Guillaume Veyre qui interprète ce rôle du valet Toto-Tranio, avec virtuosité et une réelle vis comica. Ses mimiques, ses double-takes, sa gestuelle très slapstick font beaucoup rire les spectateurs.
Le couple Catarina (Sarah Biasini) et Petruchio (Cédric Colas) fonctionne lui aussi à la perfection.
Les deux artistes incarnent de façon jubilatoire ces deux êtres si mal assortis.
Le propos de la pièce nous est évidemment insupportable. Cédric Colas est parfait en macho pathétique et monstrueux, ayant pour seul but de « dresser » son épouse rebelle.
En blouson de cuir sur marcel blanc, descendant de son « fidèle destrier », le comédien parvient très facilement à être ignoble, sur scène et à l'écran, notamment le jour de son mariage.
Ses adresses au public sont formidables !
Melle Biasini réussit pleinement la transformation de son personnage : d'insoumise, elle deviendra totalement obéissante.
Jusqu'à ce que....
Frédérique Lazarini a trouvé de façon magistrale et très inventive comment terminer sa pièce.
En prenant appui sur Judith, la sœur de Shakespeare, et une auteure célèbre, elle nous donne une conclusion qui nous montre que sa mégère ne baisse pas les bras, qu'elle n'est pas dupe, et que le public ne l'est pas plus : les femmes ne doivent en aucune façon se laisser dominer par la gent masculine.
Et non, vous n'en saurez pas plus, je vous laisse découvrir la mise en abîme !
Deux autres comédiens se retrouvent sur la scène.
Maxime Lombard est un Baptista, père de Catarina, tout en bonhommie, truculence et bonne humeur. Il chante très joliment le bel canto et les ritournelles italiennes. Il m'a fait penser à Jules Raimu.
Et puis Pierre Einaudi campe parfaitement Lucentio, le beau-frère de Catarina.
Vous l'aurez compris, il vous faut donc aller voir ces quatre-vingt dix minutes qui passent beaucoup trop vite.
Cette mègère apprivoisée-là est une vraie réussite.
L'adaptation de cette pièce rarement donnée de nos jours en raison du propos devenu totalement inacceptable, cette adaptation-là est épatante.
Mais voilà que j'allais oublier : les amateurs de péplums, de Vespas et de gaines Seduzione (si si...) ne seront vraiment pas déçus !
Prego !
En réunissant artistiquement et avec une réelle virtuosité Shakespeare, Fellini, De Sica, Comencini, Rosselini et Risi, Frédérique Lazarini, assistée de Lydia Nicaud, signe une épatante adaptation de l'une des premières et des plus misogynes comédies de Shakespeare.
Sa mégère apprivoisée se situera dans les années 50-60, en Italie, forcément, au temps du néoréalisme cinématographique.
La metteure en scène a judicieusement et très astucieusement mêlé théâtre et 7ème art.
La jolie scénographie de François Cabanat ne laisse d'ailleurs planer aucun doute : nous sommes sur une place de quartier, sur laquelle on a installé des bancs, pour assister à une projection publique en plein air.
Cette soi-disant mégère se comportera en effet comme ces héroïnes italiennes : une femme éprise de liberté, féministe avant l'heure, revendiquant le besoin d'indépendance et la nécessité de faire entendre sa voix.
Le début du XVIIème siècle comme cette époque d'après-guerre ne permettent pas à ces femmes de prendre leur destin en mains.
Le parallèle est frappant, et le parti-pris de Melle Lazarini fonctionne à la perfection.
Les projections de séquences filmées, en noir et blanc, réalisées par Bernard Malaterre alterneront avec la dramaturgie théâtrale à proprement parler.
Les comédiens à l'écran auront même des interactions avec ceux en chair et en os.
Là encore, une grande habileté est de mise.
La mise en scène est physique, enlevée, mêlant souvent comedia del' arte et comédies à l'italienne.
Tout s'enchaîne à une rapidité folle, les coups pleuvent, on crie beaucoup, les situations burlesques sont légion.
A cet égard, Toto, le comédien emblématique italien, sera d'ailleurs « invité » sur scène.
(Dans les pizzérias françaises, on aperçoit souvent une photo de Toto, l'air plus triste que jamais, se saisissant de ses spaghettis à pleine poignée. La référence sera d'ailleurs utilisée dans la pièce, mais je n'en dis pas plus...)
C'est Guillaume Veyre qui interprète ce rôle du valet Toto-Tranio, avec virtuosité et une réelle vis comica. Ses mimiques, ses double-takes, sa gestuelle très slapstick font beaucoup rire les spectateurs.
Le couple Catarina (Sarah Biasini) et Petruchio (Cédric Colas) fonctionne lui aussi à la perfection.
Les deux artistes incarnent de façon jubilatoire ces deux êtres si mal assortis.
Le propos de la pièce nous est évidemment insupportable. Cédric Colas est parfait en macho pathétique et monstrueux, ayant pour seul but de « dresser » son épouse rebelle.
En blouson de cuir sur marcel blanc, descendant de son « fidèle destrier », le comédien parvient très facilement à être ignoble, sur scène et à l'écran, notamment le jour de son mariage.
Ses adresses au public sont formidables !
Melle Biasini réussit pleinement la transformation de son personnage : d'insoumise, elle deviendra totalement obéissante.
Jusqu'à ce que....
Frédérique Lazarini a trouvé de façon magistrale et très inventive comment terminer sa pièce.
En prenant appui sur Judith, la sœur de Shakespeare, et une auteure célèbre, elle nous donne une conclusion qui nous montre que sa mégère ne baisse pas les bras, qu'elle n'est pas dupe, et que le public ne l'est pas plus : les femmes ne doivent en aucune façon se laisser dominer par la gent masculine.
Et non, vous n'en saurez pas plus, je vous laisse découvrir la mise en abîme !
Deux autres comédiens se retrouvent sur la scène.
Maxime Lombard est un Baptista, père de Catarina, tout en bonhommie, truculence et bonne humeur. Il chante très joliment le bel canto et les ritournelles italiennes. Il m'a fait penser à Jules Raimu.
Et puis Pierre Einaudi campe parfaitement Lucentio, le beau-frère de Catarina.
Vous l'aurez compris, il vous faut donc aller voir ces quatre-vingt dix minutes qui passent beaucoup trop vite.
Cette mègère apprivoisée-là est une vraie réussite.
L'adaptation de cette pièce rarement donnée de nos jours en raison du propos devenu totalement inacceptable, cette adaptation-là est épatante.
Mais voilà que j'allais oublier : les amateurs de péplums, de Vespas et de gaines Seduzione (si si...) ne seront vraiment pas déçus !
Prego !
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Quand 5 acteurs seulement et une metteuse en scène , dans un décor unique de place de village s'emparent d'un grand classique de Shakespeare qu 'est ce que cela donne ??
Et bien...une petite pépite !!!
Humour, poésie , discours féministe , fantaisie sont au rendez vous ! C'est fort astucieux et fort délicieux !!! Bravo... Du Théâtre que j'aime !
Et bien...une petite pépite !!!
Humour, poésie , discours féministe , fantaisie sont au rendez vous ! C'est fort astucieux et fort délicieux !!! Bravo... Du Théâtre que j'aime !
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