Ses critiques
1005 critiques
9/10
Mais trêve de carabistouilles, sais-tu !
Ah ça ! Mais les services diplomatiques du roi Philippe auraient-ils décidé d'implanter une ambassade de Wallonie au Tristan Bernard ?
Pour ce nouveau spectacle de la nivelloise Virginie Hocq, c'est la voix du Bruxellois Stromae qui nous accueille dans les enceintes acoustiques du théâtre.
« Papa où t'es ? »
Le papa en question, celui de Melle Hocq, il a glissé, nous apprendra-t-elle. Il est parti en lui laissant le soin organiser une cérémonie funèbre comme peu de cérémonies funèbres sont organisées.
Et donc forcément, elle doit déménager l'appartement paternel.
D'où sa présence devant nous, cheveux relevés en chignon, au milieu d'un vrai foutoir de cartons et d'objets plus hétéroclites les uns que les autres.
Pour un spectacle qui déménage, c'est un spectacle qui va déménager !
Avec déjà cinq one-woman-shows à son actif, la comédienne-humoriste a décidé de nous proposer une heure et trente minutes des plus originales.
Un spectacle qui tiendrait à la fois du plus déjanté et du plus drôlissime seul en scène, mais aussi de la confession, et peut-être même d'un début de psychanalyse sauvage.
Virginie Hocq va évoquer les grandes étapes de sa vie, parce que ces étapes qui sont siennes sont également les nôtres.
Elle va nous parler du temps et de l'âge qui passe, (mais pas pour elle évidemment...), du vieillissement qui nous attend tous, (sauf elle, bien entendu...), du refus de la déchéance (elle, elle veut « continuer à se laver le kikounou toute seule ! »...), du départ inéluctable de chacun (excepté sa pomme...).
Le départ du papa est le prétexte à une forme de catharsis et d'exutoire.
Mise en scène par Johanna Boyé, l'humoriste va s'en donner à cœur joie.
Il faut dire que les deux demoiselles se connaissent bien.
Déjà ici même, au Tristan Bernard, je vous avais narré leur fructueuse collaboration, en compagnie de Zinedine Soualem, dans C'était quand la dernière fois.
Cette fois-ci, le plateau est divisé en trois parties, (à jardin l'espace « jeu et concours », à cour le coin « confession », et au milieu une tournette faisant apparaître différents espaces, au dessus de laquelle est suspendue une grosse ampoule très symbolique et qui a une fâcheuse tendance à prendre de la hauteur.
Grâce à la précision de la metteure en scène, à son sens du placement et du déplacement d'un corps sur un plateau, grâce également à la faculté qu'a Johanna Boyé à instiller une fluidité dans la mécanique dramaturgique, différentes séquences vont pouvoir se succéder, toutes aussi hilarantes les unes que les autres...
Nous allons faire la connaissance de personnages hallucinés, nous saurons les problèmes de l'adolescence, de la couche confiance de certaines pensionnaires en EHPAD.
Nous jouerons, également. Si.
Certains d'entre nous repartiront même avec de magnifiques cadeaux, tirés du déménagement, forcément, comme hier soir une lanterne rouillée, ou encore un ustensile pour se masser le crâne.
On connaît la formidable vis comica, l'énergie, l'abattage, l'immense force comique de l'humoriste. Elle, son truc, c'est de jouer avec le public.
Une nouvelle fois, elle ne va pas se priver de dialoguer avec les spectateurs.
Une nouvelle fois, elle va nous faire hurler de rire.
On sent de manière on ne peut plus palpable le plaisir, le bonheur et sans doute le besoin de communiquer avec le public, la nécessité de lancer la balle, d'établir des ponts, des passerelles, des liens, des aller-retours, souvent.
(Votre serviteur ne s'en est pas privé. Alors qu'elle demandait si nos connaissions son surnom, enfant, j'ai proposé « La bique »... La bique Hocq me paraissait un bien beau sobriquet maison...
Elle a ri et noté mon calembour. J'étais fier, vous pensez bien...)
Ses adresses à nous autres qui sommes pris à partie, ses ruptures, ses regards et autres double-takes, ses allusions à la sexualité la plus débridée, ses double-sens, ses sous-entendus grivois mais hilarants, son accent qu'elle force parfois, tout ceci est épatant de drôlerie, d'humour souventt corrosif, toujours spirituel.
Oui, pour rire, nous rions ! Et qu'est-ce que ça fait du bien !
Et puis au moment où l'on s'y attend le moins, une véritable émotion, vraie, juste, prend le dessus. Un moment très touchant, d'une grande sincérité.
Il faut noter que pour ce spectacle, la comédienne n'est pas seule sur scène.
A ses côtés nous n'allons pas tarder à découvrir...
Eh ! Oh ! Et puis quoi encore ! Hashtag #NousOnSait !
Ah oui, a...ors, ...'est u...e ...u...ain de ...elle ...oi...ée ...ui ...ous a...end au ...héâ...e i..an ...e...a...d !
Et les consonnes, me direz vous ?
Allez applaudir Virginie Hocq ! Vous saurez alors !
Et sinon, vous, vous êtes plutôt Méphisto ou Birkenstock ?
Ah ça ! Mais les services diplomatiques du roi Philippe auraient-ils décidé d'implanter une ambassade de Wallonie au Tristan Bernard ?
Pour ce nouveau spectacle de la nivelloise Virginie Hocq, c'est la voix du Bruxellois Stromae qui nous accueille dans les enceintes acoustiques du théâtre.
« Papa où t'es ? »
Le papa en question, celui de Melle Hocq, il a glissé, nous apprendra-t-elle. Il est parti en lui laissant le soin organiser une cérémonie funèbre comme peu de cérémonies funèbres sont organisées.
Et donc forcément, elle doit déménager l'appartement paternel.
D'où sa présence devant nous, cheveux relevés en chignon, au milieu d'un vrai foutoir de cartons et d'objets plus hétéroclites les uns que les autres.
Pour un spectacle qui déménage, c'est un spectacle qui va déménager !
Avec déjà cinq one-woman-shows à son actif, la comédienne-humoriste a décidé de nous proposer une heure et trente minutes des plus originales.
Un spectacle qui tiendrait à la fois du plus déjanté et du plus drôlissime seul en scène, mais aussi de la confession, et peut-être même d'un début de psychanalyse sauvage.
Virginie Hocq va évoquer les grandes étapes de sa vie, parce que ces étapes qui sont siennes sont également les nôtres.
Elle va nous parler du temps et de l'âge qui passe, (mais pas pour elle évidemment...), du vieillissement qui nous attend tous, (sauf elle, bien entendu...), du refus de la déchéance (elle, elle veut « continuer à se laver le kikounou toute seule ! »...), du départ inéluctable de chacun (excepté sa pomme...).
Le départ du papa est le prétexte à une forme de catharsis et d'exutoire.
Mise en scène par Johanna Boyé, l'humoriste va s'en donner à cœur joie.
Il faut dire que les deux demoiselles se connaissent bien.
Déjà ici même, au Tristan Bernard, je vous avais narré leur fructueuse collaboration, en compagnie de Zinedine Soualem, dans C'était quand la dernière fois.
Cette fois-ci, le plateau est divisé en trois parties, (à jardin l'espace « jeu et concours », à cour le coin « confession », et au milieu une tournette faisant apparaître différents espaces, au dessus de laquelle est suspendue une grosse ampoule très symbolique et qui a une fâcheuse tendance à prendre de la hauteur.
Grâce à la précision de la metteure en scène, à son sens du placement et du déplacement d'un corps sur un plateau, grâce également à la faculté qu'a Johanna Boyé à instiller une fluidité dans la mécanique dramaturgique, différentes séquences vont pouvoir se succéder, toutes aussi hilarantes les unes que les autres...
Nous allons faire la connaissance de personnages hallucinés, nous saurons les problèmes de l'adolescence, de la couche confiance de certaines pensionnaires en EHPAD.
Nous jouerons, également. Si.
Certains d'entre nous repartiront même avec de magnifiques cadeaux, tirés du déménagement, forcément, comme hier soir une lanterne rouillée, ou encore un ustensile pour se masser le crâne.
On connaît la formidable vis comica, l'énergie, l'abattage, l'immense force comique de l'humoriste. Elle, son truc, c'est de jouer avec le public.
Une nouvelle fois, elle ne va pas se priver de dialoguer avec les spectateurs.
Une nouvelle fois, elle va nous faire hurler de rire.
On sent de manière on ne peut plus palpable le plaisir, le bonheur et sans doute le besoin de communiquer avec le public, la nécessité de lancer la balle, d'établir des ponts, des passerelles, des liens, des aller-retours, souvent.
(Votre serviteur ne s'en est pas privé. Alors qu'elle demandait si nos connaissions son surnom, enfant, j'ai proposé « La bique »... La bique Hocq me paraissait un bien beau sobriquet maison...
Elle a ri et noté mon calembour. J'étais fier, vous pensez bien...)
Ses adresses à nous autres qui sommes pris à partie, ses ruptures, ses regards et autres double-takes, ses allusions à la sexualité la plus débridée, ses double-sens, ses sous-entendus grivois mais hilarants, son accent qu'elle force parfois, tout ceci est épatant de drôlerie, d'humour souventt corrosif, toujours spirituel.
Oui, pour rire, nous rions ! Et qu'est-ce que ça fait du bien !
Et puis au moment où l'on s'y attend le moins, une véritable émotion, vraie, juste, prend le dessus. Un moment très touchant, d'une grande sincérité.
Il faut noter que pour ce spectacle, la comédienne n'est pas seule sur scène.
A ses côtés nous n'allons pas tarder à découvrir...
Eh ! Oh ! Et puis quoi encore ! Hashtag #NousOnSait !
Ah oui, a...ors, ...'est u...e ...u...ain de ...elle ...oi...ée ...ui ...ous a...end au ...héâ...e i..an ...e...a...d !
Et les consonnes, me direz vous ?
Allez applaudir Virginie Hocq ! Vous saurez alors !
Et sinon, vous, vous êtes plutôt Méphisto ou Birkenstock ?
9,5/10
Elle est jolie, Mademoiselle Berthier !
Oui, en cette bonne ville de Chartres, fraîchement libérée fin 1944 du joug nazi, elle est très jolie, Lise Berthier.
Avec ses beaux cheveux blonds vénitiens, elle est tombée amoureuse de Pierre Giraud, coiffeur-peintre maniant avec autant de dextérité les ciseaux de laiton et les pinceaux de poils de martre.
Chez les Giraud, on est coiffeurs de père en fils.
Mais voilà, à la Libération, les tondeuses ne servent pas qu'à dégager le cou des clients des salons.
C'est la triste réalité qui va rattraper Pierre et sa famille, une réalité qui va tous les meurtrir.
En effet, la belle Melle Berthier a eu l'imprudence de tomber naguère dans les bras d'un officier de la Wermacht, ancien hobereau allemand qui pour autant aborrhe les nazis.
Un coup de foudre réciproque.
Cette histoire est tirée d'un triste fait divers, qui s'est réellement déroulé en 1944, à Chartres.
Je l'ai déjà écrit, je le répète et j'assume : il y a du Pagnol chez Jean-Philippe Daguerre.
Tout comme le grand Marcel, il a ce don littéraire et dramaturgique pas si répandu que cela de nous faire découvrir des personnages du peuple, simples, sincères, sans détours, des personnages pour qui l'on a immédiatement une réelle empathie.
Des personnages qu'il plonge dans des situations dignes d'une tragédie antique.
Au fond, cette Melle Berthier pourrait très bien être une belle Troyenne qui se serait damnée pour un fier et séduisant Hélène venu conquérir la cité légendaire aux côtés d'Achille.
Tout comme la trilogie marseillaise pagnolesque traitant de façon universelle de la filiation, cette histoire d'une femme qui par amour « pactise » pendant la guerre avec l'ennemi a quelque chose du mythe.
Sans pathos de mauvais aloi, sans fioritures inutiles, mais au contraire avec un style précis, simple et sincère, (et comme c'est difficile, de raconter de façon simple et sincère, avec ses tripes...), avec de belles formules qui font mouche, sans oublier une propension à instiller de la drôlerie et de l'humour tout au long de ses pièces, M. Daguerre nous raconte la Vie, avec un grand V, avec tout ce qu'elle a de beau et de tragique à la fois.
Une autre grande qualité de l'auteur-metteur-en-scène multi-moliérisé, c'est de savoir s'entourer !
Sur le plateau du Rive-Gauche, cinq irréprochables comédiennes et comédiens vont nous dire cette histoire universelle-là.
Les cinq artistes vont nous enchanter.
Toujours justes, sans jamais forcer leurs effets, en totale prise directe avec le texte, ils vont tour à tour nous émouvoir, nous faire rire, nous faire frissonner ou encore nous glacer.
Dirigés avec sa précision, son sens de l'espace scénique et son rythme habituels (Ah ! Ces deux scènes croisées, salon familial à jardin et chambre à cour, avec imbrication des dialogues, quelle réussite!), Jean-Philippe Daguerre continue de nous gâter !
De grands moments attendent les spectateurs, des moments qui donnent la part belle aux comédiennes.
Charlotte Matzneff et Brigitte Faure sont impressionnantes, chacune dans leur registre, la première en femme aimante qui tente de faire avec, de vivre, de survivre même, dans cette époque troublée, la deuxième en tant que grande résistante locale et mère de famille qui va devoir accomplir une forme d'acte sacrificiel.
Je n'en dis pas plus, sinon que les deux demoiselles sont bouleversantes !
Felix Beaupérin est lui aussi tout à fait convaincant en jeune garçon-coiffeur amoureux fou. Sa composition est d'une grande justesse.
Arnaud Dupont est parfait dans le rôle de Jean, le frère de Pierre. Il nous amuse beaucoup tout comme il nous touche avec sa composition d'un jeune homme atteint d'un retard mental.
Le rôle est difficile, parce qu'il a fallu savoir placer le curseur à l'endroit exact.
Le personnage est très réussi. Ses pas de danses sont épatants !
Quant à Romain Lagarde, tout en ambivalence, à la fois puissant et fragile, il confère à son personnage de FTP une grande humanité. Tout d'abord intransigeant, son personnage va lui aussi comprendre puis accepter. Le glissement est très subtil.
Je n'aurai garde d'oublier de mentionner le beau décor de Juliette Azzopardi qui sert d'écrin à tout ce petit monde, et les chorégraphies inspirées de Florentine Houdinière.
Vous l'aurez compris, voici donc une nouvelle fois une entreprise artistique totalement et finement réussie de la part de celui qui va devoir à coup sûr agrandir sa cheminée pour poser assez rapidement de futurs nouveaux Molières.
Ce Petit coiffeur fait d'ores et déjà partie des spectacles in-con-tour-na-bles de cet automne 2020 !
Elle est jolie, très jolie, votre nouvelle pièce, M. Daguerre !
Oui, en cette bonne ville de Chartres, fraîchement libérée fin 1944 du joug nazi, elle est très jolie, Lise Berthier.
Avec ses beaux cheveux blonds vénitiens, elle est tombée amoureuse de Pierre Giraud, coiffeur-peintre maniant avec autant de dextérité les ciseaux de laiton et les pinceaux de poils de martre.
Chez les Giraud, on est coiffeurs de père en fils.
Mais voilà, à la Libération, les tondeuses ne servent pas qu'à dégager le cou des clients des salons.
C'est la triste réalité qui va rattraper Pierre et sa famille, une réalité qui va tous les meurtrir.
En effet, la belle Melle Berthier a eu l'imprudence de tomber naguère dans les bras d'un officier de la Wermacht, ancien hobereau allemand qui pour autant aborrhe les nazis.
Un coup de foudre réciproque.
Cette histoire est tirée d'un triste fait divers, qui s'est réellement déroulé en 1944, à Chartres.
Je l'ai déjà écrit, je le répète et j'assume : il y a du Pagnol chez Jean-Philippe Daguerre.
Tout comme le grand Marcel, il a ce don littéraire et dramaturgique pas si répandu que cela de nous faire découvrir des personnages du peuple, simples, sincères, sans détours, des personnages pour qui l'on a immédiatement une réelle empathie.
Des personnages qu'il plonge dans des situations dignes d'une tragédie antique.
Au fond, cette Melle Berthier pourrait très bien être une belle Troyenne qui se serait damnée pour un fier et séduisant Hélène venu conquérir la cité légendaire aux côtés d'Achille.
Tout comme la trilogie marseillaise pagnolesque traitant de façon universelle de la filiation, cette histoire d'une femme qui par amour « pactise » pendant la guerre avec l'ennemi a quelque chose du mythe.
Sans pathos de mauvais aloi, sans fioritures inutiles, mais au contraire avec un style précis, simple et sincère, (et comme c'est difficile, de raconter de façon simple et sincère, avec ses tripes...), avec de belles formules qui font mouche, sans oublier une propension à instiller de la drôlerie et de l'humour tout au long de ses pièces, M. Daguerre nous raconte la Vie, avec un grand V, avec tout ce qu'elle a de beau et de tragique à la fois.
Une autre grande qualité de l'auteur-metteur-en-scène multi-moliérisé, c'est de savoir s'entourer !
Sur le plateau du Rive-Gauche, cinq irréprochables comédiennes et comédiens vont nous dire cette histoire universelle-là.
Les cinq artistes vont nous enchanter.
Toujours justes, sans jamais forcer leurs effets, en totale prise directe avec le texte, ils vont tour à tour nous émouvoir, nous faire rire, nous faire frissonner ou encore nous glacer.
Dirigés avec sa précision, son sens de l'espace scénique et son rythme habituels (Ah ! Ces deux scènes croisées, salon familial à jardin et chambre à cour, avec imbrication des dialogues, quelle réussite!), Jean-Philippe Daguerre continue de nous gâter !
De grands moments attendent les spectateurs, des moments qui donnent la part belle aux comédiennes.
Charlotte Matzneff et Brigitte Faure sont impressionnantes, chacune dans leur registre, la première en femme aimante qui tente de faire avec, de vivre, de survivre même, dans cette époque troublée, la deuxième en tant que grande résistante locale et mère de famille qui va devoir accomplir une forme d'acte sacrificiel.
Je n'en dis pas plus, sinon que les deux demoiselles sont bouleversantes !
Felix Beaupérin est lui aussi tout à fait convaincant en jeune garçon-coiffeur amoureux fou. Sa composition est d'une grande justesse.
Arnaud Dupont est parfait dans le rôle de Jean, le frère de Pierre. Il nous amuse beaucoup tout comme il nous touche avec sa composition d'un jeune homme atteint d'un retard mental.
Le rôle est difficile, parce qu'il a fallu savoir placer le curseur à l'endroit exact.
Le personnage est très réussi. Ses pas de danses sont épatants !
Quant à Romain Lagarde, tout en ambivalence, à la fois puissant et fragile, il confère à son personnage de FTP une grande humanité. Tout d'abord intransigeant, son personnage va lui aussi comprendre puis accepter. Le glissement est très subtil.
Je n'aurai garde d'oublier de mentionner le beau décor de Juliette Azzopardi qui sert d'écrin à tout ce petit monde, et les chorégraphies inspirées de Florentine Houdinière.
Vous l'aurez compris, voici donc une nouvelle fois une entreprise artistique totalement et finement réussie de la part de celui qui va devoir à coup sûr agrandir sa cheminée pour poser assez rapidement de futurs nouveaux Molières.
Ce Petit coiffeur fait d'ores et déjà partie des spectacles in-con-tour-na-bles de cet automne 2020 !
Elle est jolie, très jolie, votre nouvelle pièce, M. Daguerre !
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9/10
Qui a bugle boira !
Paris. 1939.
Andreas Kartak nous attend sur le plateau du Petit Montparnasse. En costume élimé, trop grand pour lui, un chapeau informe sur le chef, il joue du bugle.
Une complainte, une mélopée triste.
Andreas le sans-abri, l'exclu, le SDF qui vit sous les ponts de la capitale.
La ville très peu lumière pour lui, qu'il a rejoint après avoir dû quitter sa Silésie natale.
Andreas l'alcoolique, le pilier de bistro, l'accro à l'apéritif anisé... Aussi. Surtout.
Lui qui ne possède rien, va se voir prêter 200 francs, à charge pour lui de rembourser la somme au prêtre de l'église Sainte Marie des Batignolles.
Car Andreas est un homme d'honneur.
C'est cet « anti-héros » qu'a imaginé l'auteur Joseph Roth, en... 1939. A Paris.
Cet Andreas, il n'a pas eu à aller chercher très loin.
L'auteur est lui aussi alcoolique, lui aussi expatrié. Le IIIIème Reich brûlait ses livres...
Joseph Roth, atteint de délirium tremens mourra la même année. Cette légende est sa dernière œuvre.
En adaptant pour la scène cette courte nouvelle d'une trentaine de pages, Christophe Malavoy incarne ce personnage en quête de rédemption.
Car c'est bien de cela dont il s'agit : peut-on trouver la rédemption et comment ?
Peut-on être touché par la Grâce, même après avoir commis un meurtre ?
Comment faire en sorte de pouvoir retrouver l'envie de se regarder dans un miroir ?
Andreas avait peur des miroirs, écrit Roth, « car il n'était pas bon de constater de ses propres yeux sa propre déchéance. Et tant que l'on n'y était pas obligé, cela revenait à peu de chose près à n'avoir pas de visage du tout ou à avoir celui d'avant la déchéance. »
Mais quel conteur que ce Christophe Malavoy !
Quel raconteur, qui nous attrape dès ses premières notes et ses premiers mots !
Il va nous faire aimer ce type, nous faire compatir à sa douleur et nous faire comprendre le rôle de l'expédient alcoolisé qui lui permet de tenir.
Cet homme meurtri, qui a commis l'irréparable pour l'amour d'une femme, nous l'avons devant nous, attachant, émouvant, drôle aussi, avec parfois un petit côté Estragon, ou encore Charlie Chaplin.
M. Malavoy sait comme personne nous captiver.
Sous nos yeux, les personnages prennent forme, prennent vie.
Le comédien incarne en effet tous les personnages, en plus du narrateur et du poivrot magnifique.
En changeant de gestuelle, de voix (ah ! Les voix de tête pour certaines dames), en prenant tel ou tel accent, il nous fait découvrir les péripéties de cette quête avant tout spirituelle.
Il est alors impossible de le lâcher.
Dans la scénographie de Francis Guerrier, il s'est lui-même mis en scène devant et derrière un rideau de multiples et longs fils blancs.
Au devant de la scène, une chaise et une table à jardin, une sorte de banquette en bois assortie.
Ce sont les magnifiques lumières de Maurice Giraud qui sculptent très précisément et de très belle façon l'espace.
Le comédien ne fera pas que jouer avec les mots.
Il chantera, et jouera du fameux bugle.
Il en jouera même très bien, alternant les forte et les pianissimi avec un très joli son velouté (le timbre de l'instrument, plus grave que celui de la trompette, prend toute son ampleur et colle parfaitement avec cette histoire triste).
Souvent pour terminer une phrase, le comédien-musicien joue un très long et très beau vibrato.
J'ai particulièrement apprécié ses versions de Syracuse et du sublime Manha de Carnaval de Luis Bonfa.
Il va beaucoup nous émouvoir, en interprétant de façon intense, pudique, sans pathos de mauvais aloi la fin de la nouvelle.
Voici donc un très intense et très fin moment de théâtre.
D'un texte assez peu connu, le comédien tire un spectacle d'une grande universalité, faisant ressortir l'humanité de ce clochard brisé.
Un homme à la recherche de son salut.
Si Andréas avale à vitesse grand V ses verres de Pernod, nous, nous buvons sans modération aucune les paroles de Christophe Malavoy.
Paris. 1939.
Andreas Kartak nous attend sur le plateau du Petit Montparnasse. En costume élimé, trop grand pour lui, un chapeau informe sur le chef, il joue du bugle.
Une complainte, une mélopée triste.
Andreas le sans-abri, l'exclu, le SDF qui vit sous les ponts de la capitale.
La ville très peu lumière pour lui, qu'il a rejoint après avoir dû quitter sa Silésie natale.
Andreas l'alcoolique, le pilier de bistro, l'accro à l'apéritif anisé... Aussi. Surtout.
Lui qui ne possède rien, va se voir prêter 200 francs, à charge pour lui de rembourser la somme au prêtre de l'église Sainte Marie des Batignolles.
Car Andreas est un homme d'honneur.
C'est cet « anti-héros » qu'a imaginé l'auteur Joseph Roth, en... 1939. A Paris.
Cet Andreas, il n'a pas eu à aller chercher très loin.
L'auteur est lui aussi alcoolique, lui aussi expatrié. Le IIIIème Reich brûlait ses livres...
Joseph Roth, atteint de délirium tremens mourra la même année. Cette légende est sa dernière œuvre.
En adaptant pour la scène cette courte nouvelle d'une trentaine de pages, Christophe Malavoy incarne ce personnage en quête de rédemption.
Car c'est bien de cela dont il s'agit : peut-on trouver la rédemption et comment ?
Peut-on être touché par la Grâce, même après avoir commis un meurtre ?
Comment faire en sorte de pouvoir retrouver l'envie de se regarder dans un miroir ?
Andreas avait peur des miroirs, écrit Roth, « car il n'était pas bon de constater de ses propres yeux sa propre déchéance. Et tant que l'on n'y était pas obligé, cela revenait à peu de chose près à n'avoir pas de visage du tout ou à avoir celui d'avant la déchéance. »
Mais quel conteur que ce Christophe Malavoy !
Quel raconteur, qui nous attrape dès ses premières notes et ses premiers mots !
Il va nous faire aimer ce type, nous faire compatir à sa douleur et nous faire comprendre le rôle de l'expédient alcoolisé qui lui permet de tenir.
Cet homme meurtri, qui a commis l'irréparable pour l'amour d'une femme, nous l'avons devant nous, attachant, émouvant, drôle aussi, avec parfois un petit côté Estragon, ou encore Charlie Chaplin.
M. Malavoy sait comme personne nous captiver.
Sous nos yeux, les personnages prennent forme, prennent vie.
Le comédien incarne en effet tous les personnages, en plus du narrateur et du poivrot magnifique.
En changeant de gestuelle, de voix (ah ! Les voix de tête pour certaines dames), en prenant tel ou tel accent, il nous fait découvrir les péripéties de cette quête avant tout spirituelle.
Il est alors impossible de le lâcher.
Dans la scénographie de Francis Guerrier, il s'est lui-même mis en scène devant et derrière un rideau de multiples et longs fils blancs.
Au devant de la scène, une chaise et une table à jardin, une sorte de banquette en bois assortie.
Ce sont les magnifiques lumières de Maurice Giraud qui sculptent très précisément et de très belle façon l'espace.
Le comédien ne fera pas que jouer avec les mots.
Il chantera, et jouera du fameux bugle.
Il en jouera même très bien, alternant les forte et les pianissimi avec un très joli son velouté (le timbre de l'instrument, plus grave que celui de la trompette, prend toute son ampleur et colle parfaitement avec cette histoire triste).
Souvent pour terminer une phrase, le comédien-musicien joue un très long et très beau vibrato.
J'ai particulièrement apprécié ses versions de Syracuse et du sublime Manha de Carnaval de Luis Bonfa.
Il va beaucoup nous émouvoir, en interprétant de façon intense, pudique, sans pathos de mauvais aloi la fin de la nouvelle.
Voici donc un très intense et très fin moment de théâtre.
D'un texte assez peu connu, le comédien tire un spectacle d'une grande universalité, faisant ressortir l'humanité de ce clochard brisé.
Un homme à la recherche de son salut.
Si Andréas avale à vitesse grand V ses verres de Pernod, nous, nous buvons sans modération aucune les paroles de Christophe Malavoy.
9,5/10
Il est des spectacles que l'on attend avec une vraie et sincère impatience.
Il est des personnages que le critique a hâte de retrouver.
C'est le cas d'Hektor, qui poursuit ses trépidantes aventures, toujours au Monfort théâtre.
Hektor, c'est un personnage épatant créé par Mathias Pilet et co-mis en scène par Olivier Meyrou et le patron des lieux, Stéphane Ricordel.
Ces trois-là ont un don rare : celui d'avoir compris qu'il n'était pas donné à tout le monde de se projeter dans le monde de l'enfance.
Eux ils le savent : le monde de l'enfance, c'est ce monde où la phrase « On dirait qu'on serait ci... On dirait qu'on ferait ça... », cette phrase est la clef du monde imaginaire qui n'a de limites que celles que l'on veut bien s'imposer.
Eux, ils ont cette capacité de retrouver une fraîcheur vivifiante, une vision originale des choses et un univers réellement enfantin.
(Ce n'est pas un hasard si Eric Ruf proposa à Olivier Meyrou en 2015 de mettre en scène La petite marchande d'allumettes, au Studio-Théâtre de la Comédie Française. L'entreprise fut grandement saluée par la critique.)
Les trois complices savent oublier les limites du monde adulte, pour nous proposer un univers poétique, onirique, dans lequel rien ne se déroule selon les normes en vigueur.
Matias Pilet, je l'ai découvert dans le spectacle Terabak de Kyiv, créé par les Dak Daughters. (Cf ici même).
Je l'ai retrouvé pour mon plus grand bonheur, toujours au Montfort, dans La fuite, une histoire de migrant empêtré (mais vraiment empêtré) dans sa tente Qechua. (Cf Ici aussi).
L'homme est beaucoup plus qu'un circassien.
C'est un danseur d'acrobaties, ou un acrobate de danses. Au choix. Ou les deux.
Un type qui grâce à son corps, fait reculer les limites de la pesanteur, de la souplesse ou des habituelles notions de verticalité ou d'horizontalité.
Un type pas comme nous autres, pauvres mortels soumis aux forces physiques habituelles.
Mathias Pilet, c'est un artiste qui arrive sur scène avec un costume trop grand, et qui nous propose une vision bien particulière du monde.
Une vision que l'on peut retrouver chez les grands augustes en noir et blanc que sont Charlie Chaplin, Harry Langdon, ou encore Mack Sennett, roi du slapstick chez Keystone.
Une vision qui fonde le comique sur la cascade burlesque avec un tempo et une rigueur d'enfer. Avec logique et cohérence, leurs personnages sont aux prises avec leur cosmos personnel souvent hostile, leurs objets récalcitrants, pour faire émerger de tout ceci une logique de l'absurde et adopter un point de vue radicalement différent du commun des mortels : le point de vue de l'exclu, de celui qui est différent, de celui qui détonne.
Le monde du cinéma sera très présent, dans ce nouvel opus des tribulations d'Hektor.
Faut-il s'en étonner, dès lors que l'on sait qu'Olivier Meyrou est également un cinéaste, notamment réalisateur de documentaires.
C'est donc un petit film (après un logo très drôle, vous n'en saurez pas plus...) qui débute le spectacle, où nous allons découvrir un objet qui va poser de gros problèmes à Hektor : un petit carré de tissu rouge. Un simple chiffon.
Puis, sur une mystérieuse estrade noire, pleine de chausse-trappes, les objets vont se déchaîner contre lui. Le chiffon rouge, mais également ses doigts, la fumée, ses lacets.
On peut penser que sous l'estrade, se passent de drôles de choses, à notre insu... Nous savons seulement que le créateur de magie et d'illusion Arthur Chavaudret est lui aussi de la partie.
Et puis nous découvrons un mystérieux et très novateur agrès de cirque, tenant à la fois de la poutre, de la balançoire, de l'antique barrière de chemin de fer ou du tourniquet.
Un matériel, conçu et manipulé à distance par Salvatore Stara, un engin dont nous apprenons les possibilités mécaniques au fur et à mesure de l'heure et quart, et qui va permettre les fameuses acrobaties du personnage.
Cette poutre mobile et qui décrit de grands cercles, sera le prétexte à des runing-gags, des facéties et des acrobaties très poussées.
Nous tremblons même pour le personnage, nous avons peur que la machine le percute, le fasse tomber ou l'assomme.
A chaque fois, bien entendu, le décalage entre la maladresse apparente du personnage et le formidable talent de l'artiste fonctionne à la perfection.
En permanence, l'incroyable technique qui repousse les limites de la gravité, la drôlerie burlesque et une forme de poésie surréaliste enchantent les spectateurs.
Le danseur-acrobate nous entraîne dans son monde, un monde dans lequel le temps peut même se dérouler au ralenti. La séquence est magnifique !
Il faut noter également que ce spectacle fait la part très belle à la création sonore. Sébastien Savine a mis en ondes les bruits de l'océan, de la ville, ou des sons plus abstraits.
Tout ceci est très réussi et renforce l'onirisme du spectacle.
A la toute fin du spectacle, comme lors des précédents épisodes, Hektor court à la fois sur place et à la poursuite de sa quête.
J'attends donc avec avidité de le retrouver encore une fois.
MM Pilet, Meyrou et Ricordel, considérez donc ceci comme une commande impérative d'un nouveau tome des aventures de notre héros !
Il est des personnages que le critique a hâte de retrouver.
C'est le cas d'Hektor, qui poursuit ses trépidantes aventures, toujours au Monfort théâtre.
Hektor, c'est un personnage épatant créé par Mathias Pilet et co-mis en scène par Olivier Meyrou et le patron des lieux, Stéphane Ricordel.
Ces trois-là ont un don rare : celui d'avoir compris qu'il n'était pas donné à tout le monde de se projeter dans le monde de l'enfance.
Eux ils le savent : le monde de l'enfance, c'est ce monde où la phrase « On dirait qu'on serait ci... On dirait qu'on ferait ça... », cette phrase est la clef du monde imaginaire qui n'a de limites que celles que l'on veut bien s'imposer.
Eux, ils ont cette capacité de retrouver une fraîcheur vivifiante, une vision originale des choses et un univers réellement enfantin.
(Ce n'est pas un hasard si Eric Ruf proposa à Olivier Meyrou en 2015 de mettre en scène La petite marchande d'allumettes, au Studio-Théâtre de la Comédie Française. L'entreprise fut grandement saluée par la critique.)
Les trois complices savent oublier les limites du monde adulte, pour nous proposer un univers poétique, onirique, dans lequel rien ne se déroule selon les normes en vigueur.
Matias Pilet, je l'ai découvert dans le spectacle Terabak de Kyiv, créé par les Dak Daughters. (Cf ici même).
Je l'ai retrouvé pour mon plus grand bonheur, toujours au Montfort, dans La fuite, une histoire de migrant empêtré (mais vraiment empêtré) dans sa tente Qechua. (Cf Ici aussi).
L'homme est beaucoup plus qu'un circassien.
C'est un danseur d'acrobaties, ou un acrobate de danses. Au choix. Ou les deux.
Un type qui grâce à son corps, fait reculer les limites de la pesanteur, de la souplesse ou des habituelles notions de verticalité ou d'horizontalité.
Un type pas comme nous autres, pauvres mortels soumis aux forces physiques habituelles.
Mathias Pilet, c'est un artiste qui arrive sur scène avec un costume trop grand, et qui nous propose une vision bien particulière du monde.
Une vision que l'on peut retrouver chez les grands augustes en noir et blanc que sont Charlie Chaplin, Harry Langdon, ou encore Mack Sennett, roi du slapstick chez Keystone.
Une vision qui fonde le comique sur la cascade burlesque avec un tempo et une rigueur d'enfer. Avec logique et cohérence, leurs personnages sont aux prises avec leur cosmos personnel souvent hostile, leurs objets récalcitrants, pour faire émerger de tout ceci une logique de l'absurde et adopter un point de vue radicalement différent du commun des mortels : le point de vue de l'exclu, de celui qui est différent, de celui qui détonne.
Le monde du cinéma sera très présent, dans ce nouvel opus des tribulations d'Hektor.
Faut-il s'en étonner, dès lors que l'on sait qu'Olivier Meyrou est également un cinéaste, notamment réalisateur de documentaires.
C'est donc un petit film (après un logo très drôle, vous n'en saurez pas plus...) qui débute le spectacle, où nous allons découvrir un objet qui va poser de gros problèmes à Hektor : un petit carré de tissu rouge. Un simple chiffon.
Puis, sur une mystérieuse estrade noire, pleine de chausse-trappes, les objets vont se déchaîner contre lui. Le chiffon rouge, mais également ses doigts, la fumée, ses lacets.
On peut penser que sous l'estrade, se passent de drôles de choses, à notre insu... Nous savons seulement que le créateur de magie et d'illusion Arthur Chavaudret est lui aussi de la partie.
Et puis nous découvrons un mystérieux et très novateur agrès de cirque, tenant à la fois de la poutre, de la balançoire, de l'antique barrière de chemin de fer ou du tourniquet.
Un matériel, conçu et manipulé à distance par Salvatore Stara, un engin dont nous apprenons les possibilités mécaniques au fur et à mesure de l'heure et quart, et qui va permettre les fameuses acrobaties du personnage.
Cette poutre mobile et qui décrit de grands cercles, sera le prétexte à des runing-gags, des facéties et des acrobaties très poussées.
Nous tremblons même pour le personnage, nous avons peur que la machine le percute, le fasse tomber ou l'assomme.
A chaque fois, bien entendu, le décalage entre la maladresse apparente du personnage et le formidable talent de l'artiste fonctionne à la perfection.
En permanence, l'incroyable technique qui repousse les limites de la gravité, la drôlerie burlesque et une forme de poésie surréaliste enchantent les spectateurs.
Le danseur-acrobate nous entraîne dans son monde, un monde dans lequel le temps peut même se dérouler au ralenti. La séquence est magnifique !
Il faut noter également que ce spectacle fait la part très belle à la création sonore. Sébastien Savine a mis en ondes les bruits de l'océan, de la ville, ou des sons plus abstraits.
Tout ceci est très réussi et renforce l'onirisme du spectacle.
A la toute fin du spectacle, comme lors des précédents épisodes, Hektor court à la fois sur place et à la poursuite de sa quête.
J'attends donc avec avidité de le retrouver encore une fois.
MM Pilet, Meyrou et Ricordel, considérez donc ceci comme une commande impérative d'un nouveau tome des aventures de notre héros !
8,5/10
La ceinture de bananes, la voix un peu nasillarde avec un accent forcé, les fesses en arrière, les grands yeux qui louchent pour faire rire, la chanson « J'ai deux amours », et après ?
Que sait-on vraiment de Joséphine Baker, à part ces clichés et ces célébrissimes images ?
Pas grand chose, en vérité...
Que sait-on de l'artiste, et surtout de l'être humain intime Freda Joséphine McDonald ?
Le touche-à-tout multi-casquettes Xavier Durringer a eu l'excellente idée de creuser pour nous le sujet, et surtout de proposer le rôle à quelqu'un avec qui il a notamment déjà travaillé en 2019 pour la télévision dans le film Un mauvais garçon, je veux parler de la comédienne Clarisse Caplan.
Comédienne, mannequin, chanteuse, danseuse, elle aussi a plus d'une corde à son arc.
Nous l'allons constater très rapidement.
Nous entrons dans la salle du bas de La scène parisienne, pour apercevoir un plateau avec un lointain au fond métallique, avec à jardin un petit cheval d'arçons, et à cour un cornet à piston posé au sol.
De chaque côté, un porte-manteau avec des vêtements.
Dans les enceintes, est diffusé un medley jazzy de tubes, de scies des années folles : C'est mon homme, Ma tonkinoise, Avoir un bon copain, Tout va très bien Madame la Marquise, etc, etc...
Les décors visuel et sonore sont plantés.
Ne manquent plus que les personnages.
Melle Caplan pénètre sur scène dans le costume du personnage principal à la fin de sa vie.
Une dame âgée va se souvenir, elle va nous dire, elle va nous raconter. Se raconter.
Elle va surtout nous sidérer, nous stupéfier et nous enchanter !
C'est bien simple, j'ai été complètement bluffé par son interprétation, par SA Joséphine.
Ce qu'elle va faire force le respect.
La jeune femme a bien des talents.
Elle est totalement crédible dans la peau de Melle Baker.
Physiquement, certes, (on comprend bien, mais alors très bien pourquoi Melle Caplan est mannequin), mais également vocalement et chorégraphiquement.
Elle danse sans ménager sa peine les célèbres chorégraphies, les charlestons et les lindy-up sont bien là, elle interprète également de bien belle manière certaines chansons, mais surtout, elle fait résonner les mots.
J'ai été totalement convaincu par le mélange d'ingénuité, de naïveté, mais aussi de rouerie, d'espièglerie qu'elle insuffle à son personnage.
Que ce soit dans le registre humoristique ou bien plus émouvant, plus tendre, elle est totalement crédible, dans cette ambivalence psychologique.
Elle parvient à restituer les blessures intimes de la grande artiste, elle sait nous toucher avec le récit de l'enfance battue, humiliée, les souvenirs du racisme et de la ségrégation, des émeutes raciales (on ne peut que faire le lien avec l'actualité Black Live Matters...), les pans de l'histoire en marche, avec des personnages tels que Martin Luther King ou Rosa Parks.
Sans angélisme, pathos ou béatitude de mauvais aloi, elle nous restitue finement cette personnalité à la fois complexe et très attachante.
A cet égard, l'écriture de Durringer fait à chaque fois mouche. Comme d'habitude.
De bien belles formules drôles, spirituelles, émaillent l'heure et demie que dure le spectacle.
Clarisse Caplan n'est pas seule sur scène. Nous faisons connaissances d'une multitude d'autres personnages.
Ces personnages, hommes, femmes (sa Caroline Dudley Reagan est formidable!), tous sont interprétés par Thomas Armand, avec souvent une faconde, une vis comica, des accents qui nous tirent bien des rires.
En M. Loyal, dans le rôle de plusieurs maris, en danseur, en boy, il est également totalement crédible.
Lui aussi sait danser et jouer la comédie.
Le duo fonctionne à la perfection, les deux artistes, dirigés très finement et très précisément par l'auteur en personne.
Ils seront donc logiquement et durablement très applaudis.
Au lointain sont projetées des images vidéo fixes, qui grâce aux reflets métalliques du fond, semblent s'animer. L'effet est très réussi.
Mention spéciale également aux beaux costumes, notamment ceux de la scène du music-hall.
C'est bien simple, je défie quiconque en sortant de la salle de ne pas avoir envie de fredonner ou siffloter un extrait des chansons écoutées, en repensant à ce qu'il ou elle vient de voir.
Voici donc un spectacle très réussi, qui éclaire très justement et très finement le destin d'une femme hors du commun.
Que sait-on vraiment de Joséphine Baker, à part ces clichés et ces célébrissimes images ?
Pas grand chose, en vérité...
Que sait-on de l'artiste, et surtout de l'être humain intime Freda Joséphine McDonald ?
Le touche-à-tout multi-casquettes Xavier Durringer a eu l'excellente idée de creuser pour nous le sujet, et surtout de proposer le rôle à quelqu'un avec qui il a notamment déjà travaillé en 2019 pour la télévision dans le film Un mauvais garçon, je veux parler de la comédienne Clarisse Caplan.
Comédienne, mannequin, chanteuse, danseuse, elle aussi a plus d'une corde à son arc.
Nous l'allons constater très rapidement.
Nous entrons dans la salle du bas de La scène parisienne, pour apercevoir un plateau avec un lointain au fond métallique, avec à jardin un petit cheval d'arçons, et à cour un cornet à piston posé au sol.
De chaque côté, un porte-manteau avec des vêtements.
Dans les enceintes, est diffusé un medley jazzy de tubes, de scies des années folles : C'est mon homme, Ma tonkinoise, Avoir un bon copain, Tout va très bien Madame la Marquise, etc, etc...
Les décors visuel et sonore sont plantés.
Ne manquent plus que les personnages.
Melle Caplan pénètre sur scène dans le costume du personnage principal à la fin de sa vie.
Une dame âgée va se souvenir, elle va nous dire, elle va nous raconter. Se raconter.
Elle va surtout nous sidérer, nous stupéfier et nous enchanter !
C'est bien simple, j'ai été complètement bluffé par son interprétation, par SA Joséphine.
Ce qu'elle va faire force le respect.
La jeune femme a bien des talents.
Elle est totalement crédible dans la peau de Melle Baker.
Physiquement, certes, (on comprend bien, mais alors très bien pourquoi Melle Caplan est mannequin), mais également vocalement et chorégraphiquement.
Elle danse sans ménager sa peine les célèbres chorégraphies, les charlestons et les lindy-up sont bien là, elle interprète également de bien belle manière certaines chansons, mais surtout, elle fait résonner les mots.
J'ai été totalement convaincu par le mélange d'ingénuité, de naïveté, mais aussi de rouerie, d'espièglerie qu'elle insuffle à son personnage.
Que ce soit dans le registre humoristique ou bien plus émouvant, plus tendre, elle est totalement crédible, dans cette ambivalence psychologique.
Elle parvient à restituer les blessures intimes de la grande artiste, elle sait nous toucher avec le récit de l'enfance battue, humiliée, les souvenirs du racisme et de la ségrégation, des émeutes raciales (on ne peut que faire le lien avec l'actualité Black Live Matters...), les pans de l'histoire en marche, avec des personnages tels que Martin Luther King ou Rosa Parks.
Sans angélisme, pathos ou béatitude de mauvais aloi, elle nous restitue finement cette personnalité à la fois complexe et très attachante.
A cet égard, l'écriture de Durringer fait à chaque fois mouche. Comme d'habitude.
De bien belles formules drôles, spirituelles, émaillent l'heure et demie que dure le spectacle.
Clarisse Caplan n'est pas seule sur scène. Nous faisons connaissances d'une multitude d'autres personnages.
Ces personnages, hommes, femmes (sa Caroline Dudley Reagan est formidable!), tous sont interprétés par Thomas Armand, avec souvent une faconde, une vis comica, des accents qui nous tirent bien des rires.
En M. Loyal, dans le rôle de plusieurs maris, en danseur, en boy, il est également totalement crédible.
Lui aussi sait danser et jouer la comédie.
Le duo fonctionne à la perfection, les deux artistes, dirigés très finement et très précisément par l'auteur en personne.
Ils seront donc logiquement et durablement très applaudis.
Au lointain sont projetées des images vidéo fixes, qui grâce aux reflets métalliques du fond, semblent s'animer. L'effet est très réussi.
Mention spéciale également aux beaux costumes, notamment ceux de la scène du music-hall.
C'est bien simple, je défie quiconque en sortant de la salle de ne pas avoir envie de fredonner ou siffloter un extrait des chansons écoutées, en repensant à ce qu'il ou elle vient de voir.
Voici donc un spectacle très réussi, qui éclaire très justement et très finement le destin d'une femme hors du commun.