Ses critiques
207 critiques
7,5/10
La compagnie Caravane adapte ce magnifique film de Frank Capra au théâtre.
Entreprise difficile car comme souvent au cinéma, le film est composé de nombreuses scènes et cela n’est pas évident de rendre l’ensemble fluide sur un plateau de théâtre. Le résultat fonctionne pourtant bien et l’on ne s’ennuie pas. L’histoire est pleine de bons sentiments, c’est chaleureux et optimiste.
On en ressort heureux avec l’envie d’aimer la vie. Une pièce très agréable.
Entreprise difficile car comme souvent au cinéma, le film est composé de nombreuses scènes et cela n’est pas évident de rendre l’ensemble fluide sur un plateau de théâtre. Le résultat fonctionne pourtant bien et l’on ne s’ennuie pas. L’histoire est pleine de bons sentiments, c’est chaleureux et optimiste.
On en ressort heureux avec l’envie d’aimer la vie. Une pièce très agréable.
9/10
La comédienne Muriel Gaudin et l’auteur/metteur en scène Pierre Notte nous accueillent avec un quiz : les questions portent sur la place des femmes dans notre société. Quel est le pourcentage d’autrices de théâtre ? De réalisatrices ayant remporté la palme d’or ? Etc. Les gagnants reçoivent des bonbons, l’ambiance est bon enfant même si les chiffres annoncés et les citations mentionnées font grincer des dents.
Quand tout le monde est installé, la pièce peut commencer. Pierre Notte disparait en coulisse et la comédienne se prépare, cheveux attachés et lissés avec un peu d’eau, pieds nus, tout en noir. Elle est n’importe quelle femme, elle est toutes les femmes.
Commence alors un monologue à la fois poignant, plein d'humour et sans concession, comme souvent dans les textes de l’auteur. C’est une histoire banale, l’histoire d'un sexisme ordinaire subit par une femme dans son quotidien. C'est une femme confrontée à une accumulation de réflexions et de gestes machistes. Ces actes et mots qui sont dits et faits le plus souvent « sans intention de nuire », ces blessures involontaires et inconscientes, par simple plaisanterie, habitude, et par méconnaissance totale des souffrances qui en découlent.
Quelle femme n’a jamais subi ce genre d’humiliation : main baladeuse, sous-entendus, blague grossière. Nous avons toutes notre « petite » anecdote de dégradation. Nous avons toutes eu le sentiment d’être brimée, méprisée, ignorée ou humiliée à cause de notre sexe.
C’est une femme en lutte, une femme en rupture qui fait face à la misère de ses relations avec les hommes et à ce cumul de petites violences quotidiennes.
Difficile de ne pas se reconnaitre dans ces clichés, ces lieux communs bien connus par nous toutes mais si minimisés par les hommes qui souvent ne se rendent même plus compte qu'ils sont les acteurs (même involontaire) de ce machisme ordinaire.
Le texte de Pierre Notte oscille entre comédie et drame, émotion et rire. C’est ce qui fait la réussite de cette pièce, on rit, on est surpris et touché. C’est féroce, incisif, subtil, vif, drôle et à la fois extrêmement poétique.
La mise en scène est minimaliste – une table, une chaise, un verre et une carafe d’eau. Tout est concentré sur la prestation de la comédienne. Et quelle performance ! Muriel Gaudin semble habitée, elle débite le texte à vive allure, une logorrhée scandée au rythme parfaitement maitrisé, aux ruptures étudiées. Elle est vibrante, sincère, puissamment émouvante. Elle interprète une palette de personnages avec précision, intensité et intelligence.
Un spectacle utile qui s’inscrit dans le mouvement actuel de dénonciation qui va, on l’espère, vers une prise de conscience et un réel changement.
Quand tout le monde est installé, la pièce peut commencer. Pierre Notte disparait en coulisse et la comédienne se prépare, cheveux attachés et lissés avec un peu d’eau, pieds nus, tout en noir. Elle est n’importe quelle femme, elle est toutes les femmes.
Commence alors un monologue à la fois poignant, plein d'humour et sans concession, comme souvent dans les textes de l’auteur. C’est une histoire banale, l’histoire d'un sexisme ordinaire subit par une femme dans son quotidien. C'est une femme confrontée à une accumulation de réflexions et de gestes machistes. Ces actes et mots qui sont dits et faits le plus souvent « sans intention de nuire », ces blessures involontaires et inconscientes, par simple plaisanterie, habitude, et par méconnaissance totale des souffrances qui en découlent.
Quelle femme n’a jamais subi ce genre d’humiliation : main baladeuse, sous-entendus, blague grossière. Nous avons toutes notre « petite » anecdote de dégradation. Nous avons toutes eu le sentiment d’être brimée, méprisée, ignorée ou humiliée à cause de notre sexe.
C’est une femme en lutte, une femme en rupture qui fait face à la misère de ses relations avec les hommes et à ce cumul de petites violences quotidiennes.
Difficile de ne pas se reconnaitre dans ces clichés, ces lieux communs bien connus par nous toutes mais si minimisés par les hommes qui souvent ne se rendent même plus compte qu'ils sont les acteurs (même involontaire) de ce machisme ordinaire.
Le texte de Pierre Notte oscille entre comédie et drame, émotion et rire. C’est ce qui fait la réussite de cette pièce, on rit, on est surpris et touché. C’est féroce, incisif, subtil, vif, drôle et à la fois extrêmement poétique.
La mise en scène est minimaliste – une table, une chaise, un verre et une carafe d’eau. Tout est concentré sur la prestation de la comédienne. Et quelle performance ! Muriel Gaudin semble habitée, elle débite le texte à vive allure, une logorrhée scandée au rythme parfaitement maitrisé, aux ruptures étudiées. Elle est vibrante, sincère, puissamment émouvante. Elle interprète une palette de personnages avec précision, intensité et intelligence.
Un spectacle utile qui s’inscrit dans le mouvement actuel de dénonciation qui va, on l’espère, vers une prise de conscience et un réel changement.
9/10
Le spectacle commence par un film intrigant et mystérieux. L’univers très poétique de cette troupe est clairement revendiqué. Ambiance surannée, costumes décalés, décors impressionnants : tout est étudié et réfléchi et l’on sent beaucoup de moyens et de travail dans cette nouvelle proposition du Cirque Roux.
L’histoire est un prétexte et les passages joués sont presque un peu longs, le fil conducteur vaudevillesques est anecdotique et manque un peu de rythme mais c’est vrai qu’il semble délicat de trouver des intermèdes aux parties chorégraphiées tellement celles-ci sont complètes, denses et fortes. Ces pauses ont au moins l’avantage de nous laisser souffler un peu entre deux numéros.
Car en effet, on a peur, on tremble, et il faut avoir le cœur bien accroché pour les regarder sans trembler. Vertigineuses propositions : ils ne sont jamais attachés et la tension dans les figures acrobatiques est à son comble… Un petit temps de concentration avant un salto arrière, un simple « hop » pour synchroniser un saut un peu complexe… rien de plus. Tout semble aisé et sans effort mais l’on se doute bien que ce n’est pas aussi facile qu’il n’y parait et que la prouesse physique est bien exceptionnelle.
La richesse de ce spectacle est également d’intégrer l’humour au milieu même des propositions acrobatiques. Un beau travail de jeu du clown.
Les numéros s’enchaînent, tantôt particulièrement burlesques et loufoques tantôt magnifiques et touchants mais toujours superbement mis en scène, rythmés et impressionnants.
On assiste par exemple à une scène de nuit drôlissime et dans la foulée à une parade amoureuse particulièrement émouvante.
Les chorégraphies variées, originales, drôles et poétiques font la réussite de ce spectacle.
On notera pour finir la magnifique créa lumière qui met en beauté les différents tableaux et des propositions musicales particulièrement judicieuses.
Ne manquez pas d’aller vivre un moment intense et drôle en compagnie de six artistes de talent ; chacun autant acrobate que danseur, équilibriste et clown.
L’histoire est un prétexte et les passages joués sont presque un peu longs, le fil conducteur vaudevillesques est anecdotique et manque un peu de rythme mais c’est vrai qu’il semble délicat de trouver des intermèdes aux parties chorégraphiées tellement celles-ci sont complètes, denses et fortes. Ces pauses ont au moins l’avantage de nous laisser souffler un peu entre deux numéros.
Car en effet, on a peur, on tremble, et il faut avoir le cœur bien accroché pour les regarder sans trembler. Vertigineuses propositions : ils ne sont jamais attachés et la tension dans les figures acrobatiques est à son comble… Un petit temps de concentration avant un salto arrière, un simple « hop » pour synchroniser un saut un peu complexe… rien de plus. Tout semble aisé et sans effort mais l’on se doute bien que ce n’est pas aussi facile qu’il n’y parait et que la prouesse physique est bien exceptionnelle.
La richesse de ce spectacle est également d’intégrer l’humour au milieu même des propositions acrobatiques. Un beau travail de jeu du clown.
Les numéros s’enchaînent, tantôt particulièrement burlesques et loufoques tantôt magnifiques et touchants mais toujours superbement mis en scène, rythmés et impressionnants.
On assiste par exemple à une scène de nuit drôlissime et dans la foulée à une parade amoureuse particulièrement émouvante.
Les chorégraphies variées, originales, drôles et poétiques font la réussite de ce spectacle.
On notera pour finir la magnifique créa lumière qui met en beauté les différents tableaux et des propositions musicales particulièrement judicieuses.
Ne manquez pas d’aller vivre un moment intense et drôle en compagnie de six artistes de talent ; chacun autant acrobate que danseur, équilibriste et clown.
9/10
Pierre Notte, sympathique et souriant accueille son public avec chaleur. Il aide à l’installation, serre deux ou trois mains et attend sagement que tout le monde soit prêt. Il interroge ensuite : « Est-ce que vous êtes là volontairement ? Est-ce que tout le monde sait ce qu’il vient voir ? ». Puis il précise : nous allons assister à une conférence et d’ailleurs il a fait son travail de recherche auprès de quelques auteurs et philosophes : Deleuze, Lagarce, Kaplan, Koltès, Cormann, Pommerat… la liste est longue.
Commence alors un voyage captivant au sein de ses réflexions, une étude sociologique très personnelle et érudite sur le public. L’individu spectateur est étudié, décortiqué, trituré, analysé. Tout y est abordé : sa relation avec le spectacle qu’il vient voir, ses objectifs, ses droits, ses devoirs, ses besoins, ses attentes…
Dans cette étude théorique sur le théâtre, chacun a sa place, sa mission et ses responsabilités : les acteurs, les metteurs en scène, les responsables politiques, les critiques… et bien sûr le public, entité vivante et pensante, qui a son rôle à jouer, son effort à fournir.
Pour appuyer ses idées il emprunte les mots d’autres grands auteurs, vivants ou morts, qui se sont penchés sur le sujet mais il partage également avec nous ses propres pensées et les conclusions de son analyse sur la question. L’expérience pourrait paraitre pompeuse voire barbante mais le résultat est jouissif, très drôle et passionnant. Pour illustrer son propos Pierre Notte truffe son discours d’anecdotes et nous raconte ses propres expériences, ses réussites comme ses échecs avec humour, autodérision et sensibilité.
Le ton est léger, presque badin, mais en même temps le sujet est intelligent, complexe et très dense. C’est un seul en scène généreux dans lequel Pierre Notte est multiple : acteur, circassien, conférencier, critique… Il nous pousse, nous spectateur, dans nos retranchements, nous fait rire et réfléchir dans la même minute, et la concentration nécessaire pour le suivre nous laisse épuisé mais comblé.
Cette pièce pleine d’ironie qui interroge avec bienveillance et pertinence sur les pratiques artistiques et culturelles de manière à la fois détachée et engagée est fine, un brin élitiste (mais le public du Rond Point s’y reconnaitra) et stimulante.
Difficile de ne pas tomber sous le charme plein de malice et d’intelligence de ce brillant saltimbanque.
Commence alors un voyage captivant au sein de ses réflexions, une étude sociologique très personnelle et érudite sur le public. L’individu spectateur est étudié, décortiqué, trituré, analysé. Tout y est abordé : sa relation avec le spectacle qu’il vient voir, ses objectifs, ses droits, ses devoirs, ses besoins, ses attentes…
Dans cette étude théorique sur le théâtre, chacun a sa place, sa mission et ses responsabilités : les acteurs, les metteurs en scène, les responsables politiques, les critiques… et bien sûr le public, entité vivante et pensante, qui a son rôle à jouer, son effort à fournir.
Pour appuyer ses idées il emprunte les mots d’autres grands auteurs, vivants ou morts, qui se sont penchés sur le sujet mais il partage également avec nous ses propres pensées et les conclusions de son analyse sur la question. L’expérience pourrait paraitre pompeuse voire barbante mais le résultat est jouissif, très drôle et passionnant. Pour illustrer son propos Pierre Notte truffe son discours d’anecdotes et nous raconte ses propres expériences, ses réussites comme ses échecs avec humour, autodérision et sensibilité.
Le ton est léger, presque badin, mais en même temps le sujet est intelligent, complexe et très dense. C’est un seul en scène généreux dans lequel Pierre Notte est multiple : acteur, circassien, conférencier, critique… Il nous pousse, nous spectateur, dans nos retranchements, nous fait rire et réfléchir dans la même minute, et la concentration nécessaire pour le suivre nous laisse épuisé mais comblé.
Cette pièce pleine d’ironie qui interroge avec bienveillance et pertinence sur les pratiques artistiques et culturelles de manière à la fois détachée et engagée est fine, un brin élitiste (mais le public du Rond Point s’y reconnaitra) et stimulante.
Difficile de ne pas tomber sous le charme plein de malice et d’intelligence de ce brillant saltimbanque.
9/10
Impossible de compter le nombre de Cyrano que j’ai vu dans ma vie. C’est vrai que le texte est superbe et qu’il est difficile de s’en lasser ; cependant voir une énième version ne me tentait qu’à moitié et j'ai mis longtemps avant de craquer et d'aller voir cette proposition au théâtre du Funambule. Je n’ai pas été déçue !
Le parti pris de mise en scène rappelle le théâtre d’une autre époque, celle des pièces jouées sur des plateaux installés dans les rues, ou dans les théâtres populaires. La scène d’ouverture en rappelle l’ambiance et le jeu majoritairement face public renforce cette impression. Bien sûr, la magnifique idée de l’éclairage à la (vraie) bougie accentue l’impression de voyager dans le temps.
Les trois comédiennes (merveilleuse décision que de confier les rôles masculins à ce trio féminin) remplissent l’espace, le travail physique est en effet très présent et leur performance est impressionnante. Leur énergie et leur implication rendent l’ensemble fluide et cohérent. L’utilisation des masques permet pour certains personnages de tirer le jeu vers la farce burlesque, on rit donc souvent. Le choix d’alterner les rôles peut en dérouter certains mais c’est aussi ce qui rend le résultat si dynamique et vivant. Avec astuce et créativité Bastien Ossart propose une mise en scène pleine de trouvailles et de grâce.
Par ailleurs, l’accompagnement musical est parfait et les costumes particulièrement réussis.
Une très jolie surprise que cette délicate et fine proposition d’un Cyrano plein de poésie et de vie.
Le parti pris de mise en scène rappelle le théâtre d’une autre époque, celle des pièces jouées sur des plateaux installés dans les rues, ou dans les théâtres populaires. La scène d’ouverture en rappelle l’ambiance et le jeu majoritairement face public renforce cette impression. Bien sûr, la magnifique idée de l’éclairage à la (vraie) bougie accentue l’impression de voyager dans le temps.
Les trois comédiennes (merveilleuse décision que de confier les rôles masculins à ce trio féminin) remplissent l’espace, le travail physique est en effet très présent et leur performance est impressionnante. Leur énergie et leur implication rendent l’ensemble fluide et cohérent. L’utilisation des masques permet pour certains personnages de tirer le jeu vers la farce burlesque, on rit donc souvent. Le choix d’alterner les rôles peut en dérouter certains mais c’est aussi ce qui rend le résultat si dynamique et vivant. Avec astuce et créativité Bastien Ossart propose une mise en scène pleine de trouvailles et de grâce.
Par ailleurs, l’accompagnement musical est parfait et les costumes particulièrement réussis.
Une très jolie surprise que cette délicate et fine proposition d’un Cyrano plein de poésie et de vie.