Ses critiques
98 critiques
9/10
17 septembre, 17h, Paris
Monter Les Misérables, d’après le roman de Victor Hugo qui compte 1800 pages, en 1h20, représente pour Manon Montel un véritable pari. Mais un pari réussi !!
Tout d’abord, par le choix intéressant, et peu commun, de choisir une narratrice et, de surcroît, arrêter son choix sur Mme Thérnardier, jouée par Claire Faurot. Cette dernière apporte également une touche de gaité, à cette histoire tragique, en offrant, à l'accordéon, des intermèdes musicaux.
Un autre choix intéressant, celui de faire jouer Fantine et Gavroche par la même comédienne, en l'occurrence la metteuse en scène, Manon Montel. Ces deux personnages qui peuvent paraître au premier abord très différents ne le sont en réalité pas tant que ça. Ils se battent tous deux pour survivre dans un monde qui n’est pas fait pour eux. Au fond, Fantine aurait très bien pu se révolter contre cette société oppressive, mais elle devait envoyer de l’argent aux Thénardier pour qu’ils s’occupent bien de sa fille, Cosette. Elle devait donc rester soumise …
Par ailleurs, la mise en scène rend le texte de Victor Hugo accessible à un jeune public, tout en glissant des références que ces jeunes spectateurs ne remarqueront probablement pas. On peut penser en particulier à la scène dans l’usine de Jean Valjean, qui vit sous le nom de M. Madeleine, où Fantine travaille entourée de deux autres ouvriers. Cette scène fait penser aux Temps Modernes de Charlie Chaplin. En effet, nous pouvons voir des projections d’engrenages ainsi que les ouvriers travailler sans relâche à faire le même geste encore et encore. Un travail important a été réalisé sur les éclairages, qui servent pour passer d’une époque à une autre, de la narration à l’action, etc.
Ce texte de Victor Hugo trouve toujours écho aujourd'hui dans notre société, société où trop d’inégalités perdurent encore, et qui reste dominée par une minorité soucieuse de conserver ses privilèges. D’ailleurs d’avoir fait le choix de nous narrer la misère confronte le spectateur à une réalité qui le touche plus aisément. La narratrice, qui nous dit être Mme Thérnardier, peut être considérée comme un fantôme puisqu’elle nous dit à plusieurs reprises qu’elle est morte. Mais même si elle n’est qu’un fantôme, elle nous hante toujours avec son histoire, celle de Fantine, de Jean Valjean et Javert, celle de Cosette et Marius, sans oublier Gavroche …
Monter Les Misérables, d’après le roman de Victor Hugo qui compte 1800 pages, en 1h20, représente pour Manon Montel un véritable pari. Mais un pari réussi !!
Tout d’abord, par le choix intéressant, et peu commun, de choisir une narratrice et, de surcroît, arrêter son choix sur Mme Thérnardier, jouée par Claire Faurot. Cette dernière apporte également une touche de gaité, à cette histoire tragique, en offrant, à l'accordéon, des intermèdes musicaux.
Un autre choix intéressant, celui de faire jouer Fantine et Gavroche par la même comédienne, en l'occurrence la metteuse en scène, Manon Montel. Ces deux personnages qui peuvent paraître au premier abord très différents ne le sont en réalité pas tant que ça. Ils se battent tous deux pour survivre dans un monde qui n’est pas fait pour eux. Au fond, Fantine aurait très bien pu se révolter contre cette société oppressive, mais elle devait envoyer de l’argent aux Thénardier pour qu’ils s’occupent bien de sa fille, Cosette. Elle devait donc rester soumise …
Par ailleurs, la mise en scène rend le texte de Victor Hugo accessible à un jeune public, tout en glissant des références que ces jeunes spectateurs ne remarqueront probablement pas. On peut penser en particulier à la scène dans l’usine de Jean Valjean, qui vit sous le nom de M. Madeleine, où Fantine travaille entourée de deux autres ouvriers. Cette scène fait penser aux Temps Modernes de Charlie Chaplin. En effet, nous pouvons voir des projections d’engrenages ainsi que les ouvriers travailler sans relâche à faire le même geste encore et encore. Un travail important a été réalisé sur les éclairages, qui servent pour passer d’une époque à une autre, de la narration à l’action, etc.
Ce texte de Victor Hugo trouve toujours écho aujourd'hui dans notre société, société où trop d’inégalités perdurent encore, et qui reste dominée par une minorité soucieuse de conserver ses privilèges. D’ailleurs d’avoir fait le choix de nous narrer la misère confronte le spectateur à une réalité qui le touche plus aisément. La narratrice, qui nous dit être Mme Thérnardier, peut être considérée comme un fantôme puisqu’elle nous dit à plusieurs reprises qu’elle est morte. Mais même si elle n’est qu’un fantôme, elle nous hante toujours avec son histoire, celle de Fantine, de Jean Valjean et Javert, celle de Cosette et Marius, sans oublier Gavroche …
8/10
13 septembre, 18h30, Paris
« Aimez, vous qui vivez » a écrit Victor dans son poème « Crépuscule » que l’on peut trouver dans le recueil Les Contemplations.
Nous pouvons dire que c’est d’une certaine façon le message que veut transmettre Hillel Kogan à travers ce spectacle de danse. Hillel Kogan qui l'a créé tente d’exposer les stéréotypes ainsi que la réalité du monde israélien. Il nous confie, d'entrée de jeu, que tous les ans il vote socialiste, parce qu’en Israel il y a un vote tous les ans mais que; bizarrement ,le résultat est toujours le même…
Sur le plateau parlent et dansent deux hommes, l’un est juif, l’autre est arabe. Ce qui peu rappeler le roman de Sorj Chalandon Le quatrième mur qui raconte l’histoire d’un metteur en scène européen qui souhaite monter Antigone d’Anouilh à Beyrouth en prenant un comédien dans chaque camp afin de les rassembler deux heures sur une scène.
Avec ce spectacle chorégraphié nous pouvons voir cette danse entre Hillel Kogan et Ali Boutrous comme une prière pour un monde où paix et amour régneraient.
Le spectacle tout entier est une sorte de répétition, de chemin pour parvenir à la danse finale, à l'issue de laquelle les danseurs prennent de l’houmous (avec lequel ils ont dansé comme si c’était le graal) et en offrent comme de l’hostie à un spectateur !
Nous pouvons enfin finir par dire : Aimons-nous malgré nos différences, ou plutôt à travers elles, car comme le sous-entent Victor Hugo dans le vers cité plus haut, il faut s’aimer tant que l’on est vivant car ensuite il est trop tard.
« Aimez, vous qui vivez » a écrit Victor dans son poème « Crépuscule » que l’on peut trouver dans le recueil Les Contemplations.
Nous pouvons dire que c’est d’une certaine façon le message que veut transmettre Hillel Kogan à travers ce spectacle de danse. Hillel Kogan qui l'a créé tente d’exposer les stéréotypes ainsi que la réalité du monde israélien. Il nous confie, d'entrée de jeu, que tous les ans il vote socialiste, parce qu’en Israel il y a un vote tous les ans mais que; bizarrement ,le résultat est toujours le même…
Sur le plateau parlent et dansent deux hommes, l’un est juif, l’autre est arabe. Ce qui peu rappeler le roman de Sorj Chalandon Le quatrième mur qui raconte l’histoire d’un metteur en scène européen qui souhaite monter Antigone d’Anouilh à Beyrouth en prenant un comédien dans chaque camp afin de les rassembler deux heures sur une scène.
Avec ce spectacle chorégraphié nous pouvons voir cette danse entre Hillel Kogan et Ali Boutrous comme une prière pour un monde où paix et amour régneraient.
Le spectacle tout entier est une sorte de répétition, de chemin pour parvenir à la danse finale, à l'issue de laquelle les danseurs prennent de l’houmous (avec lequel ils ont dansé comme si c’était le graal) et en offrent comme de l’hostie à un spectateur !
Nous pouvons enfin finir par dire : Aimons-nous malgré nos différences, ou plutôt à travers elles, car comme le sous-entent Victor Hugo dans le vers cité plus haut, il faut s’aimer tant que l’on est vivant car ensuite il est trop tard.
9/10
15 septembre, 20h30, Paris
La pièce commence par le mariage de Louise et de Paul Grappe. Les événements de leur vie sont contés et commentés par deux narratrices, Lucie (Eloise Bloch) et la concierge, Mme Massin (Constance Gueugnier). L’histoire scande la vie de Louise et de Paul, en apportant un brin d’humour. Les deux femmes parlent directement au public. Ainsi celui-ci se sent d’autant plus concerné par ce qui lui est raconté. Le quatrième mur est donc brisé. Mme Massin se demande si elle a le droit de nous raconter tout ce que nous allons voir, car après tout c’était écrit dans des journaux intimes. Mais en définitive ce qui est écrit nous concerne tous. En effet, outre l’histoire de la désertion et du travestissement de Paul en Suzanne, c’est également et peut-être même fondamentalement, celle d’une femme, Louise, victime de violence conjugale. Car même sous les traits de Suzanne, Paul est violent.
Un jour, il frappe Louise devant Lucie, une de leur amie, celle qui a aidé Paul à devenir Suzanne, c’est-à-dire lui a donné « des cours pour devenir une femme ». Lucie dit immédiatement à Louise qu’elle doit quitter Paul. Ce à quoi Louise répond qu’elle est fautive de n’avoir pas rangé les robes de Suzanne. Lucie tente de lui faire comprendre que ce n’est pas une raison et lui dit même que « si elle veut jouer son rôle [de femme] jusqu’au bout, qu’elle les range ses robes ! ». Les femmes, parfois, consentent à la domination subie.
Un spectacle d’autant plus nécessaire que le nombre de femmes victimes de ces violences ne diminue pas. Il est donc salubre défaire entendre leurs voix. De ce point de vue, Julie Dessaivre, qui a écrit et mis en scène Suzanne, effectue un choix justifié en centrant son propos sur les violences conjugales plus que sur le travestissement de Paul.
A contrario, André Téchiné dans Les années folles choisit, et c’est assez regrettable, de mettre l’accent sur le travestissement et sur la vie de Paul en tant que Suzanne. N’est-ce pas ici un élément central de la réalité qui, précisément, est travesti ?
La pièce commence par le mariage de Louise et de Paul Grappe. Les événements de leur vie sont contés et commentés par deux narratrices, Lucie (Eloise Bloch) et la concierge, Mme Massin (Constance Gueugnier). L’histoire scande la vie de Louise et de Paul, en apportant un brin d’humour. Les deux femmes parlent directement au public. Ainsi celui-ci se sent d’autant plus concerné par ce qui lui est raconté. Le quatrième mur est donc brisé. Mme Massin se demande si elle a le droit de nous raconter tout ce que nous allons voir, car après tout c’était écrit dans des journaux intimes. Mais en définitive ce qui est écrit nous concerne tous. En effet, outre l’histoire de la désertion et du travestissement de Paul en Suzanne, c’est également et peut-être même fondamentalement, celle d’une femme, Louise, victime de violence conjugale. Car même sous les traits de Suzanne, Paul est violent.
Un jour, il frappe Louise devant Lucie, une de leur amie, celle qui a aidé Paul à devenir Suzanne, c’est-à-dire lui a donné « des cours pour devenir une femme ». Lucie dit immédiatement à Louise qu’elle doit quitter Paul. Ce à quoi Louise répond qu’elle est fautive de n’avoir pas rangé les robes de Suzanne. Lucie tente de lui faire comprendre que ce n’est pas une raison et lui dit même que « si elle veut jouer son rôle [de femme] jusqu’au bout, qu’elle les range ses robes ! ». Les femmes, parfois, consentent à la domination subie.
Un spectacle d’autant plus nécessaire que le nombre de femmes victimes de ces violences ne diminue pas. Il est donc salubre défaire entendre leurs voix. De ce point de vue, Julie Dessaivre, qui a écrit et mis en scène Suzanne, effectue un choix justifié en centrant son propos sur les violences conjugales plus que sur le travestissement de Paul.
A contrario, André Téchiné dans Les années folles choisit, et c’est assez regrettable, de mettre l’accent sur le travestissement et sur la vie de Paul en tant que Suzanne. N’est-ce pas ici un élément central de la réalité qui, précisément, est travesti ?
8/10
13 septembre, 21h, Paris
Adrien n’est pas un garçon « comme les autres » . Il n’est pris au sérieux par personne, ses professeurs, ses parents, ses camarades de classes le trouvent « attardé »…
Une seule personne saura de quoi est capable Adrien, il s’agit de Cécile qui deviendra sa petite amie. Alors que son frère est premier de sa classe lui est bien souvent dernier dans toutes les matières. Mais il s’épanouit le soir en rentrant chez lui en jouant de la batterie ! Adrien est en fait autiste, musicien surdoué, il joue de la batterie.
Le jeune homme est bien souvent exclu, rejeté à cause de ses différences. Son père, Bernard, lui fait remarquer un jour qu’il n’est pas « comme les autres ». Adrien se demande alors si c’est grave et si les autres ne sont pas comme lui. Son père lui répond que c’est un peu embêtant qu'il soit différent de ses camarades... Adrien s'exclame « Oh les pauvres » !!
C’est un spectacle sur les différences. Un spectacle qui souligne que malgré nos différences on doit pouvoir s’épanouir et avoir la possibilité de faire ce que l’on aime.
Un spectacle plein de (bonnes) surprises qui montre jusqu’où peut conduire le sentiment d’exclusion.
Le comédien fait exister tous les personnages du spectacle ! Chapeau bas l’Artiste.
Adrien n’est pas un garçon « comme les autres » . Il n’est pris au sérieux par personne, ses professeurs, ses parents, ses camarades de classes le trouvent « attardé »…
Une seule personne saura de quoi est capable Adrien, il s’agit de Cécile qui deviendra sa petite amie. Alors que son frère est premier de sa classe lui est bien souvent dernier dans toutes les matières. Mais il s’épanouit le soir en rentrant chez lui en jouant de la batterie ! Adrien est en fait autiste, musicien surdoué, il joue de la batterie.
Le jeune homme est bien souvent exclu, rejeté à cause de ses différences. Son père, Bernard, lui fait remarquer un jour qu’il n’est pas « comme les autres ». Adrien se demande alors si c’est grave et si les autres ne sont pas comme lui. Son père lui répond que c’est un peu embêtant qu'il soit différent de ses camarades... Adrien s'exclame « Oh les pauvres » !!
C’est un spectacle sur les différences. Un spectacle qui souligne que malgré nos différences on doit pouvoir s’épanouir et avoir la possibilité de faire ce que l’on aime.
Un spectacle plein de (bonnes) surprises qui montre jusqu’où peut conduire le sentiment d’exclusion.
Le comédien fait exister tous les personnages du spectacle ! Chapeau bas l’Artiste.
8,5/10
10 septembre, 15h, Paris
Au but… Quel est donc ce but que cherchent à atteindre les personnages de la pièce de Thomas Bernhard?
Une mère et sa fille ont coutume de partir à la mer, à Katwijk, pendant les vacances. Un fait va changer leur routine. La mère, jouée par Dominique Valadié, a invité un jeune auteur dramatique, joué par Yannick Morzelle, à venir passer quelques jours avec elles. Ce dernier a accepté sans hésiter cette invitation. Il va les faire totalement sortir de leur quotidien et les amènera à s’interroger sur le monde et l’art et, plus précisément, sur la place de l’art dans le monde. Dans quel but un artiste décide-t-il d’écrire, de peindre, de composer… ? A quoi peuvent servir le théâtre, la littérature et l’art en général si celui-ci ne provoque rien qui puisse changer le monde ? Pourquoi écrire puisque, d’après lui, tout a déjà été écrit ? Pourquoi peindre puisque, d’après lui, tout a déjà été peint ?
La mère passait son temps à découvrir de nouveaux romans, assise sur la terrasse de sa maison à Katwijk, alors que le père, mort depuis un temps indéterminé, lisait et relisait constamment La petite fille aux allumettes de Hans Christian Andersen. Peut-on voir dans cette allusion à ce conte que comme cette petite fille, la seule issue possible, pour que ces personnages cessent de souffrir, est la mort ?
Ce texte est découpé en deux parties, on pourrait même dire en deux pièces. La première étant la préparation au voyage, une routine pour ces deux femmes. La fille, jouée par Léna Bréban, fait les bagages pendant que la mère ressasse des vieilles histoires, que la fille doit probablement connaitre par cœur. La deuxième étant l’arrivée « au but » mais cette fois il y a quelque chose ou plutôt quelqu’un de nouveau, l’auteur dramatique.
Le passage de l’une à l’autre des parties est superbement mis en scène par Christophe Perton. Des rideaux entouraient la maison de ville de la mère et de la fille. Ces derniers sont ouverts par la bonne, Manuela Beltran, pour céder la place à un décor maritime. En effet, une fois les rideaux ouverts, nous pouvons découvrir une grande toile peinte en fond de scène qui représente des rochers et qui fait office de paysage maritime. Cette toile en fond de scène peut rappeler le « palais à volonté » du théâtre classique, chaque théâtre en possédait environ cinq ou six différents, qui leur permettait de situer l’action où cela était nécessaire, et le « palais à volonté » était réutilisé d’une pièce à l’autre.
D’une certaine façon, lorsque nous touchons le but (le titre de la pièce en allemand, s’il est traduit littéralement signifie « Toucher au but »), nous sommes au théâtre et les acteurs étaient eux-mêmes des acteurs sur un plateau. Comme dirait Shakespeare :
“Le monde entier est un théâtre, Et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles.”
Au but… Quel est donc ce but que cherchent à atteindre les personnages de la pièce de Thomas Bernhard?
Une mère et sa fille ont coutume de partir à la mer, à Katwijk, pendant les vacances. Un fait va changer leur routine. La mère, jouée par Dominique Valadié, a invité un jeune auteur dramatique, joué par Yannick Morzelle, à venir passer quelques jours avec elles. Ce dernier a accepté sans hésiter cette invitation. Il va les faire totalement sortir de leur quotidien et les amènera à s’interroger sur le monde et l’art et, plus précisément, sur la place de l’art dans le monde. Dans quel but un artiste décide-t-il d’écrire, de peindre, de composer… ? A quoi peuvent servir le théâtre, la littérature et l’art en général si celui-ci ne provoque rien qui puisse changer le monde ? Pourquoi écrire puisque, d’après lui, tout a déjà été écrit ? Pourquoi peindre puisque, d’après lui, tout a déjà été peint ?
La mère passait son temps à découvrir de nouveaux romans, assise sur la terrasse de sa maison à Katwijk, alors que le père, mort depuis un temps indéterminé, lisait et relisait constamment La petite fille aux allumettes de Hans Christian Andersen. Peut-on voir dans cette allusion à ce conte que comme cette petite fille, la seule issue possible, pour que ces personnages cessent de souffrir, est la mort ?
Ce texte est découpé en deux parties, on pourrait même dire en deux pièces. La première étant la préparation au voyage, une routine pour ces deux femmes. La fille, jouée par Léna Bréban, fait les bagages pendant que la mère ressasse des vieilles histoires, que la fille doit probablement connaitre par cœur. La deuxième étant l’arrivée « au but » mais cette fois il y a quelque chose ou plutôt quelqu’un de nouveau, l’auteur dramatique.
Le passage de l’une à l’autre des parties est superbement mis en scène par Christophe Perton. Des rideaux entouraient la maison de ville de la mère et de la fille. Ces derniers sont ouverts par la bonne, Manuela Beltran, pour céder la place à un décor maritime. En effet, une fois les rideaux ouverts, nous pouvons découvrir une grande toile peinte en fond de scène qui représente des rochers et qui fait office de paysage maritime. Cette toile en fond de scène peut rappeler le « palais à volonté » du théâtre classique, chaque théâtre en possédait environ cinq ou six différents, qui leur permettait de situer l’action où cela était nécessaire, et le « palais à volonté » était réutilisé d’une pièce à l’autre.
D’une certaine façon, lorsque nous touchons le but (le titre de la pièce en allemand, s’il est traduit littéralement signifie « Toucher au but »), nous sommes au théâtre et les acteurs étaient eux-mêmes des acteurs sur un plateau. Comme dirait Shakespeare :
“Le monde entier est un théâtre, Et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles.”