Ses critiques
98 critiques
8/10
8 octobre, 18h30, Paris
... La suite ! Après Mme Klein aux Théâtre des Abbesses.
Haute Surveillance mise en scène par un homme, Cédric Gourmelon, avec quatre comédiens. Un spectacle avec une même qualité de distribution et de mise en scène. Il commence avec un homme (le surveillant, Pierre Louis Calixte) qui passe longuement le balai. Il nettoie la salle, la prépare comme s’il créait un espace. L’espace dans lequel trois prisonniers (Jérémy Lopez, Sébastien Pouderoux et Christophe Montenez) vont évoluer. Ils vont s’aimer, se détester, se battre …
Un espace clos qui reflète la cruauté et la banalité du monde.
Un espace quasi onirique où tout se déroule dans une rapide lenteur.
L’éclairage illumine les comédiens. Ils sont tous extraordinaires dans leur violence gratuite et leur incompréhension face au monde extérieur.
Ils « fabriquent des histoires qui ne peuvent vivre qu’entre ces quatre murs ». Ces quatre murs, qui sont à la fois ceux qui les enferment dans leur prison, mais aussi ceux du théâtre. D’ailleurs, la dernière réplique, celle du surveillant « On a tout entendu, tout vu. Pour toi et de ton poste, ça devenait cocasse; pour nous, de l’oeilleton du judas ce fut une belle séquence tragique, merci. », fait sans aucun doute référence au théâtre. En effet de notre place de spectateur l’on assiste passif à une scène tragique, on observe sans être vu, mais pour eux tout cela n’est qu’un jeu mais un jeu où aucun ne sortira indemne. Une plongée époustouflante dans l’univers, à la fois sensuel et violent, de Jean Genet.
... La suite ! Après Mme Klein aux Théâtre des Abbesses.
Haute Surveillance mise en scène par un homme, Cédric Gourmelon, avec quatre comédiens. Un spectacle avec une même qualité de distribution et de mise en scène. Il commence avec un homme (le surveillant, Pierre Louis Calixte) qui passe longuement le balai. Il nettoie la salle, la prépare comme s’il créait un espace. L’espace dans lequel trois prisonniers (Jérémy Lopez, Sébastien Pouderoux et Christophe Montenez) vont évoluer. Ils vont s’aimer, se détester, se battre …
Un espace clos qui reflète la cruauté et la banalité du monde.
Un espace quasi onirique où tout se déroule dans une rapide lenteur.
L’éclairage illumine les comédiens. Ils sont tous extraordinaires dans leur violence gratuite et leur incompréhension face au monde extérieur.
Ils « fabriquent des histoires qui ne peuvent vivre qu’entre ces quatre murs ». Ces quatre murs, qui sont à la fois ceux qui les enferment dans leur prison, mais aussi ceux du théâtre. D’ailleurs, la dernière réplique, celle du surveillant « On a tout entendu, tout vu. Pour toi et de ton poste, ça devenait cocasse; pour nous, de l’oeilleton du judas ce fut une belle séquence tragique, merci. », fait sans aucun doute référence au théâtre. En effet de notre place de spectateur l’on assiste passif à une scène tragique, on observe sans être vu, mais pour eux tout cela n’est qu’un jeu mais un jeu où aucun ne sortira indemne. Une plongée époustouflante dans l’univers, à la fois sensuel et violent, de Jean Genet.
7/10
8 octobre, 15h, Paris
Ce dimanche j'ai été voir deux spectacles :
D’abord, Mme Klein au Théâtre des Abbesses à 15h, un spectacle dans lequel les femmes sont mises à l’honneur à travers une histoire cruelle sur la relation mère-fille, en l’occurrence celle de la célèbre psychanalyste Mélanie Klein et de sa fille, analyste elle aussi, Melitta (soit la petite Mélanie) !), arbitrée par Paula, une autre psychanalyste qui éprouve vis-à-vis de la mère et de la fille des sentiments extrêmement ambivalents. Une mise en scène de la très talentueuse Brigitte Jacques-Wajeman avec trois excellentes comédiennes (Marie-Armelle Deguy, Sarah Le Picard et Clémentine Verdier). Un texte dense qui ne laisse guère de répit au spectateur : doit-on admirer la puissance de la pensée de Mélanie Klein ou s’indigner devant l’abominable mère qu’elle fut ? Melitta est-elle fondée à accuser sa mère d’avoir poussé son frère Hans au suicide ? Quelle que soit la véracité de l’accusation, le spectateur aura du mal à éprouver une quelconque compassion pour Mélanie Klein. ), même si le destin de ces trois femmes allemendes (nous sommes en 1934), exilées à Londres, évoque une histoire qui ne se réduit pas à ces pitoyables affrontements.
A Suivre ... avec Haute Surveillance au Studio Théâtre de la Comédie Française
Ce dimanche j'ai été voir deux spectacles :
D’abord, Mme Klein au Théâtre des Abbesses à 15h, un spectacle dans lequel les femmes sont mises à l’honneur à travers une histoire cruelle sur la relation mère-fille, en l’occurrence celle de la célèbre psychanalyste Mélanie Klein et de sa fille, analyste elle aussi, Melitta (soit la petite Mélanie) !), arbitrée par Paula, une autre psychanalyste qui éprouve vis-à-vis de la mère et de la fille des sentiments extrêmement ambivalents. Une mise en scène de la très talentueuse Brigitte Jacques-Wajeman avec trois excellentes comédiennes (Marie-Armelle Deguy, Sarah Le Picard et Clémentine Verdier). Un texte dense qui ne laisse guère de répit au spectateur : doit-on admirer la puissance de la pensée de Mélanie Klein ou s’indigner devant l’abominable mère qu’elle fut ? Melitta est-elle fondée à accuser sa mère d’avoir poussé son frère Hans au suicide ? Quelle que soit la véracité de l’accusation, le spectateur aura du mal à éprouver une quelconque compassion pour Mélanie Klein. ), même si le destin de ces trois femmes allemendes (nous sommes en 1934), exilées à Londres, évoque une histoire qui ne se réduit pas à ces pitoyables affrontements.
A Suivre ... avec Haute Surveillance au Studio Théâtre de la Comédie Française
9/10
7 octobre, 20h30, Paris
La Mouette, vous connaissez ?
On en a tous vu au moins une mise en scène, une adaptation… Mais ce n’est pas ici une centième adaptation de la pièce de Tchekhov.
A partir du canevas tchekhovien, le collectif Le Grand Cerf Bleu a travaillé librement autour de La Mouette. C’est une « variation », une plongée dans l’univers des personnages de l’auteur russe, comme l’a fait Simon Stone avec Ibsen Huis au festival d’Avignon 2017. Ce n’est pas l’histoire qu’a racontée Tchekhov qui semble intéresser les comédiens-metteurs en scène mais leur état d’esprit. Ce qu’ils vivent, leurs émotions. C’est une traversée au coeur des thématiques abordées par Tchekhov mais sans mettre en scène la pièce. Nous nous trouvons plongés d’une certaine façon dans l’intériorité des personnages. Sur un plateau de théâtre on peut tout dire : on assiste a des règlements de compte familiaux, à la naissance d’un amour, etc. Dans La Mouette, Tchekhov écrit « il n’y a rien de plus important que l’art. » Donc même s'il y a un contretemps, quelque chose qui vient défier la représentation, on continue quand même. C’est ce qu’il se passe dans ses « variations » : les comédiens entrent en disant qu’ils devaient être treize et ne sont plus que trois, mais ce n’est pas grave, ils ont donné un rendez-vous et ils le tiennent.
On ne sait plus qui est sur scène. S'agit-il des personnages : Macha, Medvedenko, Arkadina ou encore Iakov (musicien, domestique chez Tchekhov) ? Ou bien les comédiens Jean-Baptiste Tur, Gabriel Tur, Laurerine Le Bris-Cep, Coco Felgeirolles ? Les passages entre le texte de Tchekhov et les « variations » sont effectués l’air de rien. On passe de l’un a l’autre en quelques secondes sans s’en apercevoir !
On se perd dans l’espace dramatique, dans un processus de création comme Treplev dans la pièce de Tchekhov. Ils ont tous une part de Treplev en eux, comme peu d’ailleurs le laisser supposer le sous-titre « Treplev variation ». Le texte de Tchekhov est écrit de manière très chorale, comme une partition de musique. Le Collectif fait intervenir une partition sur le plateau, des instruments sont physiquement présents. C’est Gabriel Tur qui accompagne à la guitare ou au piano.
Ce spectacle est aussi une forme d’hommage au théâtre d’hier et d’aujourd’hui. En effet, en regardant de plus près la feuille de salle, nous pouvons remarquer qu’il y a une distribution de quatorze comédiens dont seulement les quatre présents sur le plateau existent. Les autres sont pour certains tout de même reconnaissables : par exemple Michel Picolo fait référence à Michel Piccoli, Vincent Steinboch à Vincent Steinebach (comédien qui travaille avec Cyril Teste, comme Laurerine Le Bris-Cep), on peut également citer Richard Matmmut qui est probablement un clin d’oeil au comédien Richard Sammut …
Avec La Mouette, Tchekhov a proposé une réflexion sur le théâtre de son époque. N’est-il donc pas judicieux de monter des variations autour de cette Mouette pour poser des problématiques contemporaines sur le théâtre aujourd’hui ? La réponse est dans la question. Précipitez-vous !
La Mouette, vous connaissez ?
On en a tous vu au moins une mise en scène, une adaptation… Mais ce n’est pas ici une centième adaptation de la pièce de Tchekhov.
A partir du canevas tchekhovien, le collectif Le Grand Cerf Bleu a travaillé librement autour de La Mouette. C’est une « variation », une plongée dans l’univers des personnages de l’auteur russe, comme l’a fait Simon Stone avec Ibsen Huis au festival d’Avignon 2017. Ce n’est pas l’histoire qu’a racontée Tchekhov qui semble intéresser les comédiens-metteurs en scène mais leur état d’esprit. Ce qu’ils vivent, leurs émotions. C’est une traversée au coeur des thématiques abordées par Tchekhov mais sans mettre en scène la pièce. Nous nous trouvons plongés d’une certaine façon dans l’intériorité des personnages. Sur un plateau de théâtre on peut tout dire : on assiste a des règlements de compte familiaux, à la naissance d’un amour, etc. Dans La Mouette, Tchekhov écrit « il n’y a rien de plus important que l’art. » Donc même s'il y a un contretemps, quelque chose qui vient défier la représentation, on continue quand même. C’est ce qu’il se passe dans ses « variations » : les comédiens entrent en disant qu’ils devaient être treize et ne sont plus que trois, mais ce n’est pas grave, ils ont donné un rendez-vous et ils le tiennent.
On ne sait plus qui est sur scène. S'agit-il des personnages : Macha, Medvedenko, Arkadina ou encore Iakov (musicien, domestique chez Tchekhov) ? Ou bien les comédiens Jean-Baptiste Tur, Gabriel Tur, Laurerine Le Bris-Cep, Coco Felgeirolles ? Les passages entre le texte de Tchekhov et les « variations » sont effectués l’air de rien. On passe de l’un a l’autre en quelques secondes sans s’en apercevoir !
On se perd dans l’espace dramatique, dans un processus de création comme Treplev dans la pièce de Tchekhov. Ils ont tous une part de Treplev en eux, comme peu d’ailleurs le laisser supposer le sous-titre « Treplev variation ». Le texte de Tchekhov est écrit de manière très chorale, comme une partition de musique. Le Collectif fait intervenir une partition sur le plateau, des instruments sont physiquement présents. C’est Gabriel Tur qui accompagne à la guitare ou au piano.
Ce spectacle est aussi une forme d’hommage au théâtre d’hier et d’aujourd’hui. En effet, en regardant de plus près la feuille de salle, nous pouvons remarquer qu’il y a une distribution de quatorze comédiens dont seulement les quatre présents sur le plateau existent. Les autres sont pour certains tout de même reconnaissables : par exemple Michel Picolo fait référence à Michel Piccoli, Vincent Steinboch à Vincent Steinebach (comédien qui travaille avec Cyril Teste, comme Laurerine Le Bris-Cep), on peut également citer Richard Matmmut qui est probablement un clin d’oeil au comédien Richard Sammut …
Avec La Mouette, Tchekhov a proposé une réflexion sur le théâtre de son époque. N’est-il donc pas judicieux de monter des variations autour de cette Mouette pour poser des problématiques contemporaines sur le théâtre aujourd’hui ? La réponse est dans la question. Précipitez-vous !
9/10
6 octobre, 20h30, Paris
Jaz, un poème musical. Un choc. Une complainte. Le récit d’un viol.
Le spectacle s’ouvre en musique, celle-ci tiendra un rôle important tout le long du spectacle.
Jaz, « on l’a toujours appelée Jaz », a été violée dans des toilettes. Aujourd’hui, une voix, celle de l’auteur Koffi Kwahulé est transmise par la comédienne Ludmilla Dabo.
La musique peut-elle être un moyen de parler, de témoigner d’événement traumatisant ?
A travers un récit choc, accompagnée de musique Jazzy nous découvrons une histoire violente dans des propos relatés en toute simplicité.
Cette histoire est d’autant plus violente qu’elle nous est racontée aussi simplement que n’importe qu’elle fait de la vie quotidienne.
Un récit sous la forme d’un témoignage difficile. Celui-ci ouvre des questions comme : Comment continuer à vivre après avoir vécu ce que Jaz a vécu ? Comment supporter d’entendre des paroles tel que : « De même qu’il y a des têtes à claques, il y a des femmes à viol » ? Ces paroles qui ont hanté cette femme, jusqu’à se penser coupable. Comment ne pas avoir envie de loger une balle dans un homme qui fait subir ça ? C’est, d’ailleurs ce que Jaz fera, en choisissant bien l’endroit !
Après le viol, la comédienne reste dans ce qui représente les toilettes. Jaz s’auto-condamne, en effet nous pouvons voir des flash de lumières semblable à des flash quand les policiers photographient des suspects. Jaz n’est-elle pas en effet condamnée à vivre une vie sans « arc-en-ciel » ?
Dans le spectacle, chanson et récit se mêlent ainsi que le français et l’anglais, ce qui donne une résonnance internationale. En effet, beaucoup de gens parlent ou du moins comprennent l’anglais et il nous arrive d’écouter des chansons même sans en comprendre la langue.
Après une première vague d’applaudissements et de saluts, la comédienne et les musiciens reviennent. Ludmilla Dabo chante une chanson « Every six minutes » sur toutes les femmes violées, toutes les femmes que l’on a pas écoutées.
Un spectacle puissant dans sa simplicité et sa cruauté ! A voir.
Jaz, un poème musical. Un choc. Une complainte. Le récit d’un viol.
Le spectacle s’ouvre en musique, celle-ci tiendra un rôle important tout le long du spectacle.
Jaz, « on l’a toujours appelée Jaz », a été violée dans des toilettes. Aujourd’hui, une voix, celle de l’auteur Koffi Kwahulé est transmise par la comédienne Ludmilla Dabo.
La musique peut-elle être un moyen de parler, de témoigner d’événement traumatisant ?
A travers un récit choc, accompagnée de musique Jazzy nous découvrons une histoire violente dans des propos relatés en toute simplicité.
Cette histoire est d’autant plus violente qu’elle nous est racontée aussi simplement que n’importe qu’elle fait de la vie quotidienne.
Un récit sous la forme d’un témoignage difficile. Celui-ci ouvre des questions comme : Comment continuer à vivre après avoir vécu ce que Jaz a vécu ? Comment supporter d’entendre des paroles tel que : « De même qu’il y a des têtes à claques, il y a des femmes à viol » ? Ces paroles qui ont hanté cette femme, jusqu’à se penser coupable. Comment ne pas avoir envie de loger une balle dans un homme qui fait subir ça ? C’est, d’ailleurs ce que Jaz fera, en choisissant bien l’endroit !
Après le viol, la comédienne reste dans ce qui représente les toilettes. Jaz s’auto-condamne, en effet nous pouvons voir des flash de lumières semblable à des flash quand les policiers photographient des suspects. Jaz n’est-elle pas en effet condamnée à vivre une vie sans « arc-en-ciel » ?
Dans le spectacle, chanson et récit se mêlent ainsi que le français et l’anglais, ce qui donne une résonnance internationale. En effet, beaucoup de gens parlent ou du moins comprennent l’anglais et il nous arrive d’écouter des chansons même sans en comprendre la langue.
Après une première vague d’applaudissements et de saluts, la comédienne et les musiciens reviennent. Ludmilla Dabo chante une chanson « Every six minutes » sur toutes les femmes violées, toutes les femmes que l’on a pas écoutées.
Un spectacle puissant dans sa simplicité et sa cruauté ! A voir.
6,5/10
1 octobre, 16h, Paris
Le rêveur doit garder secret son rêve durant trois jours pour que celui-ci se réalise. La pièce La vie est un songe s’étend sur trois journées. La mise en scène de Clément Poirée met en avant ce chiffre trois, l’un des fils conducteurs de son spectacle. En effet, nous pouvons, dès le début, discerner, dans un brouillard de fumée, lequel apporte une impression de flou matinal, une scène divisée en trois niveaux par des rideaux de chaque côté de celle-ci. Dans ce brouillard nous pouvons deviner trois personnages qui s’avancent à tâtons au milieu du désert. Ces personnages semblent plus relever du registre animal que de l'humain. Un quatrième entre, il porte une couronne. Puis noir cut, crash d’un avion… C’est Rosaura qui arrive, accompagnée de Clairon.
Le trois est aussi considéré comme le chiffre parfait, ce qui peut expliquer sa présence dans le texte de Calderón, auteur qui appartient au théâtre baroque espagnol. En effet, il y a trois prétendants au trône de Basile : Sigismond, Astolphe et Etoile. Basile a « trois choses à considérer » pour décider à qui il doit le confier. Enfin, le breuvage que Clothalde donne à Sigismond pour l’endormir est constituer de trois plantes, « l’opium, le pavot et le jusquiame ».
Nous pouvons également souligner la place de l’illusion, de l’incertitude présente dans le spectacle. En effet, les lumières appuient une vision onirique grâce à la fumée. Les personnages disparaissent dans les rayons de lumière comme s’ils étaient des figures fantomatiques. Par ces jeux de lumières et de fumée, les personnages sont souvent semblables à des ombres. Nous sommes donc d’une certaine façon comme à la place des hommes dans la caverne de Platon en train d’observer quelque chose sans savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. La frontière entre le rêve et la réalité est extrêmement fragile.
Le theatrum mundi a donc également une place importante. En effet, plusieurs personnages, comme Clairon ou encore le roi Basile, s’assoient sur les marches entre les sièges du public et ils observent l’action de la même place que nous. Ils sont un peu comme des spectateurs intérieurs. Au début, le roi Basile observe le public à l’aide de sa longue vue. Nous sommes donc d'entrée de jeu concernés par l’action qui va se dérouler devant nous. Cette idée est soulignée à la fin du spectacle où nous avons l’impression que lors du premier salut ce sont encore les personnages qui sont devant nous. En effet, Sigismond porte encore son manteau de roi et les autres l’aident à le porter. Lorsqu’ils reviennent, il l’a ôté, et la salle s’éclaire totalement. Nous avons donc été pendant tout le spectacle les sujets du roi à qui l’on a joué une comédie. Ceci peut également expliquer le ridicule du roi Basile, et également d’Etoile qui, en outre, apparaît réellement superficielle. De surcroît, la mort de Clairon a l’air d’un songe, puisqu’il se relève tout de suite. Il retire sa veste et ses lunettes d’aviateur qui représentent son corps.
Nous pouvons donc dire que nous assistons donc au « grand théâtre du monde ».
Le rêveur doit garder secret son rêve durant trois jours pour que celui-ci se réalise. La pièce La vie est un songe s’étend sur trois journées. La mise en scène de Clément Poirée met en avant ce chiffre trois, l’un des fils conducteurs de son spectacle. En effet, nous pouvons, dès le début, discerner, dans un brouillard de fumée, lequel apporte une impression de flou matinal, une scène divisée en trois niveaux par des rideaux de chaque côté de celle-ci. Dans ce brouillard nous pouvons deviner trois personnages qui s’avancent à tâtons au milieu du désert. Ces personnages semblent plus relever du registre animal que de l'humain. Un quatrième entre, il porte une couronne. Puis noir cut, crash d’un avion… C’est Rosaura qui arrive, accompagnée de Clairon.
Le trois est aussi considéré comme le chiffre parfait, ce qui peut expliquer sa présence dans le texte de Calderón, auteur qui appartient au théâtre baroque espagnol. En effet, il y a trois prétendants au trône de Basile : Sigismond, Astolphe et Etoile. Basile a « trois choses à considérer » pour décider à qui il doit le confier. Enfin, le breuvage que Clothalde donne à Sigismond pour l’endormir est constituer de trois plantes, « l’opium, le pavot et le jusquiame ».
Nous pouvons également souligner la place de l’illusion, de l’incertitude présente dans le spectacle. En effet, les lumières appuient une vision onirique grâce à la fumée. Les personnages disparaissent dans les rayons de lumière comme s’ils étaient des figures fantomatiques. Par ces jeux de lumières et de fumée, les personnages sont souvent semblables à des ombres. Nous sommes donc d’une certaine façon comme à la place des hommes dans la caverne de Platon en train d’observer quelque chose sans savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. La frontière entre le rêve et la réalité est extrêmement fragile.
Le theatrum mundi a donc également une place importante. En effet, plusieurs personnages, comme Clairon ou encore le roi Basile, s’assoient sur les marches entre les sièges du public et ils observent l’action de la même place que nous. Ils sont un peu comme des spectateurs intérieurs. Au début, le roi Basile observe le public à l’aide de sa longue vue. Nous sommes donc d'entrée de jeu concernés par l’action qui va se dérouler devant nous. Cette idée est soulignée à la fin du spectacle où nous avons l’impression que lors du premier salut ce sont encore les personnages qui sont devant nous. En effet, Sigismond porte encore son manteau de roi et les autres l’aident à le porter. Lorsqu’ils reviennent, il l’a ôté, et la salle s’éclaire totalement. Nous avons donc été pendant tout le spectacle les sujets du roi à qui l’on a joué une comédie. Ceci peut également expliquer le ridicule du roi Basile, et également d’Etoile qui, en outre, apparaît réellement superficielle. De surcroît, la mort de Clairon a l’air d’un songe, puisqu’il se relève tout de suite. Il retire sa veste et ses lunettes d’aviateur qui représentent son corps.
Nous pouvons donc dire que nous assistons donc au « grand théâtre du monde ».