Ses critiques
43 critiques
9,5/10
La Phèdre de Sénèque…..sous l’empire des passions destructrices……et du Destin furieux…..
Les protagonistes :
Hippolyte : un tout jeune homme, chasseur furieux, épris de nature sauvage, totalement fermé à la séduction des femmes, de la Femme
La nourrice de Phèdre : l’incarnation de la sagesse et de la lucidité, qui anticipe le malheur, et qui avec une détermination habile et maléfique, tente de déjouer le Destin fatal
Thésée : un héros terrible, plein de colère, d’autorité, de puissance qui entend rétablir l’ordre des choses avec violence et sauvagerie, quand après avoir relevé des défis des plus fous, il retrouve un monde en perdition.
Le Chœur : un témoin, effrayé, impuissant, désabusé du renversement du monde ancien et de la perversion des hommes et des dieux
Et Phèdre : la sublime héroïne de cette tragédie, féroce dans sa passion animale, son amour incestueux comme dans ses mensonges et ses crimes, dévastatrice et dévastée.
La magnifique traduction de Florence Dupont, qui nous invite à la découverte des tragédies latines -peu connues et peu jouées- et nous fait écouter un verbe captivant d’une étonnante modernité.
Une mise en scène de Louise Vignaud qui laisse à l’interprétation des comédiens (et au texte) l’expression d’une puissance dramatique extrême.
Des comédiens prodigieux ….. l’incarnation des personnages dont ils s’emparent jusqu’à l’épuisement, l’émotion profonde qu’ils suscitent, leur jeu dramatique parfaitement maîtrisé
Un magnifique spectacle, qui remiserait presque au second plan de belles productions de jadis de la Phèdre de Racine, dont celle de Chereau dont je garde pourtant un souvenir ému.
Ici avec Sénèque, on voit vraiment ce que Tragédie veut dire !
Les protagonistes :
Hippolyte : un tout jeune homme, chasseur furieux, épris de nature sauvage, totalement fermé à la séduction des femmes, de la Femme
La nourrice de Phèdre : l’incarnation de la sagesse et de la lucidité, qui anticipe le malheur, et qui avec une détermination habile et maléfique, tente de déjouer le Destin fatal
Thésée : un héros terrible, plein de colère, d’autorité, de puissance qui entend rétablir l’ordre des choses avec violence et sauvagerie, quand après avoir relevé des défis des plus fous, il retrouve un monde en perdition.
Le Chœur : un témoin, effrayé, impuissant, désabusé du renversement du monde ancien et de la perversion des hommes et des dieux
Et Phèdre : la sublime héroïne de cette tragédie, féroce dans sa passion animale, son amour incestueux comme dans ses mensonges et ses crimes, dévastatrice et dévastée.
La magnifique traduction de Florence Dupont, qui nous invite à la découverte des tragédies latines -peu connues et peu jouées- et nous fait écouter un verbe captivant d’une étonnante modernité.
Une mise en scène de Louise Vignaud qui laisse à l’interprétation des comédiens (et au texte) l’expression d’une puissance dramatique extrême.
Des comédiens prodigieux ….. l’incarnation des personnages dont ils s’emparent jusqu’à l’épuisement, l’émotion profonde qu’ils suscitent, leur jeu dramatique parfaitement maîtrisé
Un magnifique spectacle, qui remiserait presque au second plan de belles productions de jadis de la Phèdre de Racine, dont celle de Chereau dont je garde pourtant un souvenir ému.
Ici avec Sénèque, on voit vraiment ce que Tragédie veut dire !
7,5/10
Du Faust de Goethe , je ne connaissais -jusqu’ici- que sa transformation en livrets d’opéras: le « Faust » de Gounod et « la damnation de Faust » de Berlioz.
Et du dernier, je ne gardais qu’un souvenir désagréable, du fait de la mise en scène -calamiteuse à mes yeux!- d’Alvis Hermanis, qui fût présentée à l’Opéra Bastille, voici 2 ou 3 saisons, Elle avait découragé les interprètes -pourtant des têtes d’affiche: Kaufmann, Terfel, Koch- ; et, au niveau vocal, ils n’avaient pas donné, le meilleur d’eux -même… faute d’implication, sans doute, sur un tel projet.
Je n'ai jamais lu le texte de Goethe, d’où mon intérêt à découvrir un Faust au théâtre, c’est-à-dire « du texte », et dans une mise en scène a priori prometteuse.
A travers ce spectacle (adaptation, magie et mise en scène de V. Losseau et R. Navarro), je n’ai probablement pas découvert, autant qu’il aurait fallu (?) les dimensions métaphysiques présentes -dit-on- dans l’écrit de Goethe, et auxquelles sont sûrement attachés les familiers de l’oeuvre, ni été complètement confrontée aux grandes questions qu’elle soulève, comme ce qu’il en est de la question de la faute, de la culpabilité, du remords, de la rédemption, de la folie, de l’immortalité, etc.
Par contre, je dois reconnaître que j’ai passé une soirée agréable, conquise par tous les ressorts du « merveilleux », mis en œuvre dans ce spectacle et, par l’inventivité des procédés de magie utilisés ici : des « trucages » variés qui ont animé le spectacle, diverti la salle et rendu cette histoire de Faust, bien plus abordable que certaines expériences d’opéras que j’avais jusqu’ici vécues….
Une succession de tableaux, illustrant l’histoire et alliant, selon les épisodes, humour, illusion, malice, drôlerie, drame, ironie, fantastique, légèreté ou gravité, se succèdent sans entacher l’intérêt… sauf peut-être dans l’épisode du pacte qui contient un texte plutôt consistant et s’avère un peu long. Mais c’est là que se noue le drame… et sans doute, est-ce assez fidèle au texte …
Du jeu de lumières, des « gags » inattendus, des marionnettes-diablotins craquantes, des procédés vidéo « magiques » surprenants...
Les acteurs -partie prenante de ces activités de magie, et devenus tous, pour l’occasion, marionnettistes- sont étonnamment performants. Mais ils ne délaissent ni le jeu théâtral ni le jeu corporel (notamment les grands maîtres que sont, en la matière, Elliot Jennicot et Christian Hecq, qui devrait cependant pour ce dernier être un peu plus attentif à sa diction).
Le couple Marguerite-Faust pour ma part m’a convaincue. Je suis plus réservée sur l’épisode du frère.
Pour conclure : ce spectacle semble diviser !
D’un côté, les « familiers » du Faust de Goethe qui, sans aucun doute, attendent autre chose mais, que ce spectacle ne prétend pas -je crois- leur offrir.
Ils sont d’autant plus déçus que cette œuvre n’est que très rarement montée.
De l’autre, un public « bon enfant » qui découvre l’œuvre, et est conquis par ce « théâtre de foire » et d’illusion théâtrale, cependant non dénué d’émotion…
Il reste donc à chacun à voir directement… comment il réagira à cette proposition.
Pour ma part, je me réjouis que la Comédie Française ait souhaité expérimenter « cette hybridation entre les langages du texte, du jeu d’acteur, du théâtre visuel, et de la magie ». Une approche qui m’a intéressée et amusée.
Et aussi, que l’on puisse, en tant que spectateur de la « noble institution », passer, d’un jour à l’autre, du magnifique Phèdre de Sénèque au Studio Théâtre, au Faust inventif de Goethe au Vieux Colombier….et éprouver émotions et plaisirs dans des registres si différents.
Et du dernier, je ne gardais qu’un souvenir désagréable, du fait de la mise en scène -calamiteuse à mes yeux!- d’Alvis Hermanis, qui fût présentée à l’Opéra Bastille, voici 2 ou 3 saisons, Elle avait découragé les interprètes -pourtant des têtes d’affiche: Kaufmann, Terfel, Koch- ; et, au niveau vocal, ils n’avaient pas donné, le meilleur d’eux -même… faute d’implication, sans doute, sur un tel projet.
Je n'ai jamais lu le texte de Goethe, d’où mon intérêt à découvrir un Faust au théâtre, c’est-à-dire « du texte », et dans une mise en scène a priori prometteuse.
A travers ce spectacle (adaptation, magie et mise en scène de V. Losseau et R. Navarro), je n’ai probablement pas découvert, autant qu’il aurait fallu (?) les dimensions métaphysiques présentes -dit-on- dans l’écrit de Goethe, et auxquelles sont sûrement attachés les familiers de l’oeuvre, ni été complètement confrontée aux grandes questions qu’elle soulève, comme ce qu’il en est de la question de la faute, de la culpabilité, du remords, de la rédemption, de la folie, de l’immortalité, etc.
Par contre, je dois reconnaître que j’ai passé une soirée agréable, conquise par tous les ressorts du « merveilleux », mis en œuvre dans ce spectacle et, par l’inventivité des procédés de magie utilisés ici : des « trucages » variés qui ont animé le spectacle, diverti la salle et rendu cette histoire de Faust, bien plus abordable que certaines expériences d’opéras que j’avais jusqu’ici vécues….
Une succession de tableaux, illustrant l’histoire et alliant, selon les épisodes, humour, illusion, malice, drôlerie, drame, ironie, fantastique, légèreté ou gravité, se succèdent sans entacher l’intérêt… sauf peut-être dans l’épisode du pacte qui contient un texte plutôt consistant et s’avère un peu long. Mais c’est là que se noue le drame… et sans doute, est-ce assez fidèle au texte …
Du jeu de lumières, des « gags » inattendus, des marionnettes-diablotins craquantes, des procédés vidéo « magiques » surprenants...
Les acteurs -partie prenante de ces activités de magie, et devenus tous, pour l’occasion, marionnettistes- sont étonnamment performants. Mais ils ne délaissent ni le jeu théâtral ni le jeu corporel (notamment les grands maîtres que sont, en la matière, Elliot Jennicot et Christian Hecq, qui devrait cependant pour ce dernier être un peu plus attentif à sa diction).
Le couple Marguerite-Faust pour ma part m’a convaincue. Je suis plus réservée sur l’épisode du frère.
Pour conclure : ce spectacle semble diviser !
D’un côté, les « familiers » du Faust de Goethe qui, sans aucun doute, attendent autre chose mais, que ce spectacle ne prétend pas -je crois- leur offrir.
Ils sont d’autant plus déçus que cette œuvre n’est que très rarement montée.
De l’autre, un public « bon enfant » qui découvre l’œuvre, et est conquis par ce « théâtre de foire » et d’illusion théâtrale, cependant non dénué d’émotion…
Il reste donc à chacun à voir directement… comment il réagira à cette proposition.
Pour ma part, je me réjouis que la Comédie Française ait souhaité expérimenter « cette hybridation entre les langages du texte, du jeu d’acteur, du théâtre visuel, et de la magie ». Une approche qui m’a intéressée et amusée.
Et aussi, que l’on puisse, en tant que spectateur de la « noble institution », passer, d’un jour à l’autre, du magnifique Phèdre de Sénèque au Studio Théâtre, au Faust inventif de Goethe au Vieux Colombier….et éprouver émotions et plaisirs dans des registres si différents.
8,5/10
Une version lyrique d’un conte oriental du 12ème siècle (du persan Farid Al -Din Attar ) qui a séduit Michaël Levinas puisqu’il en a composé la musique et le livret -à partir de l’adaptation en français de Jean-Claude Carrière- 1ère création en 1985.
Un conte qui narre la longue et difficile migration d’une nuée d’oiseaux, de toutes sortes, à la recherche du « Simorgh », un personnage mythique, roi des oiseaux …sous la houlette d’une Huppe, leur guide, aussi déterminée qu’inquiétante.
Cette longue quête fera découvrir à ceux qui auront surpassé leur hésitation de départ, n’auront pas abandonné en route, ou ne seront pas morts d’épuisement, un important secret : « le Simorgh n’est pas ailleurs, il est sur la terre, au sein des cœurs raffermis par les épreuves ».
Une trentaine d’années après, le théâtre de l’Athénée -Louis Jouvet ouvre ses espaces (scène et salle) à une nouvelle production.
L’ensemble « 2e2m », 8 musiciens, sous la direction musicale de Pierre Roulier -tous sur scène – , nous livre une partition musicale, enrichie par des effets de réverbérations sonores réalisés en direct.
On est enveloppé d’une atmosphère de rêve, singulière, via des inter-actions entre la musique jouée sur scène et celle provenant d’une structure électro-accoustique dont je ne saurais vous décrire le mécanisme mais dont le résultat est merveilleux et bluffant.
La Huppe, Raquel Camarinha, soprano, sait jouer de sa voix parlée, chantée, hurlée…
La mise en espace, plus qu’une mise en scène, de Lilo Baur, est pleine de grâce.
Musiciens participant à l’avancement du récit par du mime, assez inattendu et plein d’esprit, de beaux jeux de lumière, accessoires et « costumes » transformables à vue, des éléments de décor minimalistes de belle esthétique, une symphonie de gestes, quelques éclats de couleur viennent apporter support aux 2 comédiens, « les oiseaux » et « le narrateur » qui nous donnent récit des différentes étapes de l’aventure.
Je n’en dis pas plus car cet univers poétique, qui fait vivre sous nos yeux cette conférence des oiseaux, est, comme le Simorgh, à découvrir par soi-même dans la belle salle du Théâtre de L’Athénée…
Un conte qui narre la longue et difficile migration d’une nuée d’oiseaux, de toutes sortes, à la recherche du « Simorgh », un personnage mythique, roi des oiseaux …sous la houlette d’une Huppe, leur guide, aussi déterminée qu’inquiétante.
Cette longue quête fera découvrir à ceux qui auront surpassé leur hésitation de départ, n’auront pas abandonné en route, ou ne seront pas morts d’épuisement, un important secret : « le Simorgh n’est pas ailleurs, il est sur la terre, au sein des cœurs raffermis par les épreuves ».
Une trentaine d’années après, le théâtre de l’Athénée -Louis Jouvet ouvre ses espaces (scène et salle) à une nouvelle production.
L’ensemble « 2e2m », 8 musiciens, sous la direction musicale de Pierre Roulier -tous sur scène – , nous livre une partition musicale, enrichie par des effets de réverbérations sonores réalisés en direct.
On est enveloppé d’une atmosphère de rêve, singulière, via des inter-actions entre la musique jouée sur scène et celle provenant d’une structure électro-accoustique dont je ne saurais vous décrire le mécanisme mais dont le résultat est merveilleux et bluffant.
La Huppe, Raquel Camarinha, soprano, sait jouer de sa voix parlée, chantée, hurlée…
La mise en espace, plus qu’une mise en scène, de Lilo Baur, est pleine de grâce.
Musiciens participant à l’avancement du récit par du mime, assez inattendu et plein d’esprit, de beaux jeux de lumière, accessoires et « costumes » transformables à vue, des éléments de décor minimalistes de belle esthétique, une symphonie de gestes, quelques éclats de couleur viennent apporter support aux 2 comédiens, « les oiseaux » et « le narrateur » qui nous donnent récit des différentes étapes de l’aventure.
Je n’en dis pas plus car cet univers poétique, qui fait vivre sous nos yeux cette conférence des oiseaux, est, comme le Simorgh, à découvrir par soi-même dans la belle salle du Théâtre de L’Athénée…
10/10
Une résurrection prodigieuse!
Il ne fallait personne d’autres que le tandem Christian Hecq /Valérie Lesort (respectivement sociétaire de la Comédie Française et plasticienne-marionnettiste) pour faire renaître -avec virtuosité et malice-, cet ouvrage oublié depuis 1912… ! (musique Auber, livret Scribe).
Une œuvre pourtant jouée plus d’un millier de fois à l'Opéra Comique, depuis sa création. Un très grand succès à l’époque. Elle était paraît-il programmée chaque année.
Dans ce spectacle, on reconnait bien la « patte » artistique si personnelle, si fantaisiste et si brillante, de ce couple, "les bi-céphales ", appellation sous laquelle l’ensemble des artistes de cette production a pris l’habitude de les désigner. C’est le tandem qui le dit !
Ils sont en matière de mise en scène, les maîtres absolus du visuel et du mouvement.
A l’instar du travail accompli pour « 20 000 lieues sous les mers », que j’avais adoré, ils ont fait preuve là encore, de fantaisie, d’humour, de poésie, d’inventivité, d'ironie, de créativité mais, important à mes yeux, ils ont aussi respecté et le livret et l’œuvre musicale.
Ils ont su avec humilité, car ils reconnaissent que le lyrique jusque-là, ne faisait pas trop partie de leur univers, donner aux artistes (chanteurs, solistes et choeur, musiciens, danseurs) toute leur place et aussi les écouter… C’est pour cette raison aussi que le résultat est bluffant.
C’est réglé au cordeau, plein d’allant et d’inattendu, de clins d’œil, et le jeu dramatique des chanteurs est excellent (le parlé et le chanté se succèdent aisément -sans que cela sonne faux, comme il arrive parfois pour ce type d’œuvre, et ce avec une parfaite maîtrise).
Il faut dire aussi que les artistes lyriques, présents sur ce plateau, sont de bons comédiens et semblent prendre plaisir à jouer la comédie. Et qu’ils sont, c’est certain, bien dirigés.
La musique est belle. Le maestro Patrick Davin sait faire ressortir la finesse, la fraîcheur, l’élégance et la variété de cette composition. Il a évité les effets trop marqués de bouffonnerie. Les « espagnolades » sont discrètes. C’est remarquable.
Auber est peu connu, peu joué et c’est bien dommage …
Heureusement l’institution de l’Opéra Comique veille au grain, et c’est la 3ème production d’Auber (depuis le début de l’ère Deschamps puis Mantéi) qu’elle nous présente, après « Fra Diavolo » et « la Muette de Portici ». J’avais bien aimé les deux premières, mais celle-ci est particulièrement brillante… et plaisante
Les artistes ont plaisir à l’interpréter que ce soit dans la fosse (l’orchestre de radio France -en formation réduite- est guilleret) ou, sur scène (un plateau vocal de langue française exemplaire -pas besoin de lire le sur-titrage, on comprend chaque mot et donc toute l’histoire).
L’Opéra Comique prend le soin de réunir le plus possible de jeunes artistes lyriques de langue française, pour interpréter les oeuvres de notre répertoire français et, pour ma part, je m’en réjouis ! (contrairement au Benvenuto Cellini de l’Opéra Bastille, où aucun des solistes n’est francophone -sauf Michèle Losier, canadienne et excellente-, ce qui oblige, si l'on veut suivre, à lire le sur-titrage !!).
Ici, même l’anglais (rôle essentiellement parlé) est interprété par un français… Laurent Montel qui s’en donne à cœur joie pour incarner ce personnage ridicule.
Une belle distribution, avec en particulier une Anne Catherine Gillet absolument magnifique en Angèle, personnage plus complexe sans doute que les autres. Avec des changements de registre qu’elle assure bien. Et une présence sur scène quasi en continu.
Et à côté de figures plus légères, les hommes ou l’amie d’Angèle, des figures comiques, dont une Jacinthe, Marie Lenormand, qu’on n’oubliera pas de sitôt. Je n’en dis pas plus, pour vous laisser la surprise.
Les caractères sont bien typés -tous- et par les voix et par les costumes. Et les rôles sont bien tenus. Tous m’ont enchanté.
Le « domino noir » une soirée délicieuse à ne bouder en aucun cas, s’il reste encore des places mardi et jeudi soir prochains.
Alors, n'hésitez pas, précipitez vous !
Il ne fallait personne d’autres que le tandem Christian Hecq /Valérie Lesort (respectivement sociétaire de la Comédie Française et plasticienne-marionnettiste) pour faire renaître -avec virtuosité et malice-, cet ouvrage oublié depuis 1912… ! (musique Auber, livret Scribe).
Une œuvre pourtant jouée plus d’un millier de fois à l'Opéra Comique, depuis sa création. Un très grand succès à l’époque. Elle était paraît-il programmée chaque année.
Dans ce spectacle, on reconnait bien la « patte » artistique si personnelle, si fantaisiste et si brillante, de ce couple, "les bi-céphales ", appellation sous laquelle l’ensemble des artistes de cette production a pris l’habitude de les désigner. C’est le tandem qui le dit !
Ils sont en matière de mise en scène, les maîtres absolus du visuel et du mouvement.
A l’instar du travail accompli pour « 20 000 lieues sous les mers », que j’avais adoré, ils ont fait preuve là encore, de fantaisie, d’humour, de poésie, d’inventivité, d'ironie, de créativité mais, important à mes yeux, ils ont aussi respecté et le livret et l’œuvre musicale.
Ils ont su avec humilité, car ils reconnaissent que le lyrique jusque-là, ne faisait pas trop partie de leur univers, donner aux artistes (chanteurs, solistes et choeur, musiciens, danseurs) toute leur place et aussi les écouter… C’est pour cette raison aussi que le résultat est bluffant.
C’est réglé au cordeau, plein d’allant et d’inattendu, de clins d’œil, et le jeu dramatique des chanteurs est excellent (le parlé et le chanté se succèdent aisément -sans que cela sonne faux, comme il arrive parfois pour ce type d’œuvre, et ce avec une parfaite maîtrise).
Il faut dire aussi que les artistes lyriques, présents sur ce plateau, sont de bons comédiens et semblent prendre plaisir à jouer la comédie. Et qu’ils sont, c’est certain, bien dirigés.
La musique est belle. Le maestro Patrick Davin sait faire ressortir la finesse, la fraîcheur, l’élégance et la variété de cette composition. Il a évité les effets trop marqués de bouffonnerie. Les « espagnolades » sont discrètes. C’est remarquable.
Auber est peu connu, peu joué et c’est bien dommage …
Heureusement l’institution de l’Opéra Comique veille au grain, et c’est la 3ème production d’Auber (depuis le début de l’ère Deschamps puis Mantéi) qu’elle nous présente, après « Fra Diavolo » et « la Muette de Portici ». J’avais bien aimé les deux premières, mais celle-ci est particulièrement brillante… et plaisante
Les artistes ont plaisir à l’interpréter que ce soit dans la fosse (l’orchestre de radio France -en formation réduite- est guilleret) ou, sur scène (un plateau vocal de langue française exemplaire -pas besoin de lire le sur-titrage, on comprend chaque mot et donc toute l’histoire).
L’Opéra Comique prend le soin de réunir le plus possible de jeunes artistes lyriques de langue française, pour interpréter les oeuvres de notre répertoire français et, pour ma part, je m’en réjouis ! (contrairement au Benvenuto Cellini de l’Opéra Bastille, où aucun des solistes n’est francophone -sauf Michèle Losier, canadienne et excellente-, ce qui oblige, si l'on veut suivre, à lire le sur-titrage !!).
Ici, même l’anglais (rôle essentiellement parlé) est interprété par un français… Laurent Montel qui s’en donne à cœur joie pour incarner ce personnage ridicule.
Une belle distribution, avec en particulier une Anne Catherine Gillet absolument magnifique en Angèle, personnage plus complexe sans doute que les autres. Avec des changements de registre qu’elle assure bien. Et une présence sur scène quasi en continu.
Et à côté de figures plus légères, les hommes ou l’amie d’Angèle, des figures comiques, dont une Jacinthe, Marie Lenormand, qu’on n’oubliera pas de sitôt. Je n’en dis pas plus, pour vous laisser la surprise.
Les caractères sont bien typés -tous- et par les voix et par les costumes. Et les rôles sont bien tenus. Tous m’ont enchanté.
Le « domino noir » une soirée délicieuse à ne bouder en aucun cas, s’il reste encore des places mardi et jeudi soir prochains.
Alors, n'hésitez pas, précipitez vous !
7/10
En mettant en scène Périclès Prince de Tyr, une pièce dite mineure de Shakespeare, l’anglais Declan Donnellan, metteur en scène qui a ses habitudes au Théâtre des Gemeaux, s’est lancé un défi…
Un défi qu’il lance d’ailleurs à nous spectateurs tout autant… puisqu’il nous invitera (nous qui ignorons tout de cette pièce, seule connue des « spécialistes » du grand William) à entrer dans une histoire rocambolesque aux rebondissements aussi multiples qu’invraisemblables …
Mais au début, on ne le sait pas encore.
Une mise en scène centrée sur une « unité de lieu » tout à fait inattendue (et sans doute déroutante pour beaucoup de spectateurs) puisque tout démarre, et se passe, dans une chambre d’hôpital où se trouve alité, avant notre arrivée en salle, un comédien dont on ne sait pas encore (mais le saura-t-on vraiment au fil du spectacle) qui il est.
Du personnel médical (avec accessoires et gestes appropriés) et un entourage familial se relayant à son chevet, semblent préoccupés par son état... tandis que la radio à son chevet laisse entendre une émission récente de France culture (je l’ai reconnue !).
Un environnement qui laisse à penser qu’il s’agit d’une personne dans un état de coma, que l’on veille heure par heure… en essayant de réveiller sa conscience..
Des débuts de spectacle, durant lesquels je me suis dit « encore une chambre d’hôpital…..une nouvelle mode ??? » -après la Tempête cette année ou, Cyrano, voici quelques années…etc.-
Et puis le malade se dresse, la radio s’éteint, et nous y sommes… La pièce démarre.
Quelques éléments sonores ou visuels viennent changer l’atmosphère. Ils nous invitent à imaginer…
A-t-il recouvré ses esprits, son coma est-il fini ? ou bien, nous donne-t-on l’occasion d’entrer dans sa tête, et dans ses délires ?
Un récit picaresque de la veine de la farce et du théâtre de tréteaux va se jouer devant nous. Avec des épisodes comiques, mais aussi de la tension dramatique.
On est un peu perdu car l’histoire est incroyable, les épisodes s’enchaînent, les acteurs incarnent plusieurs personnages dans le récit.
On nous convie à une sorte de voyage en chambre : le long périple, plein d’aventures aussi désastreuses les unes que les autres, du Prince Périclès qui, fuyant une situation dramatique et contre son honneur, se trouve enferré dans une succession de situations improbables.
Tout va de mal en pis ! Le destin lui est défavorable ! Et il se laisse engloutir par l’adversité.
Tout y est : tempêtes, mariage, naissance, naufrage, morts violentes, trahisons, captivité, exploitation d’une jeune innocente, mise en esclavage, tournois de chevaliers, intervention bénéfique des dieux… Bref tout cela, sans le moindre support de moyens audiovisuels, tels que ceux que certains metteurs en scène actuels affectionnent… et qui pourraient contribuer à situer les aventures..
Les aventures s’enchainent entrecoupées par le retour « à maintenant et ici »
On est à nouveau à l’hôpital pour de brefs instants!
Ceci permet de passer ensuite à l’ épisode suivant…
Peu à peu le sens fait jour…
Un destin funeste sur lequel le héros n’a pas de prise et surtout, contre lequel il ne fait rien.
Il se laisse engloutir par l’adversité, le désespoir (d’où la léthargie et la chambre d’hôpital et le coma ???)
Une famille déchirée : le prince, son épouse morte et sa fille réduite à l’esclavage qui vont se trouver réunis -eux 3-, ressuscitée -l’épouse- et délivrée -la fille- par l’intercession d’une déesse bienveillante.
La destinée s’est retournée mystérieusement ! L’intervention du magique, du merveilleux !
Finalement peu importe que l’on ait tout compris ou non, que le propos soit crédible ou pas, que le fantastique prenne le dessus ou non sur la réalité, qu’il s’agisse d’un grand Shakespeare ou pas, que le récit ne soit pas aussi magique et merveilleux qu’il aurait fallu, que la mise en scène soit trop conceptuelle et dépouillée… moi je me suis laissée prendre et ai apprécié ce spectacle assez insolite.
Les comédiens s’en tirent bien et j’ai passé une soirée plutôt agréable mais je ne suis pas sûre qu’il en ait été ainsi pour toute la salle…
D. Donnellan fait souvent plus l’unanimité sur ses spectacles. Les temps changent !
Un défi qu’il lance d’ailleurs à nous spectateurs tout autant… puisqu’il nous invitera (nous qui ignorons tout de cette pièce, seule connue des « spécialistes » du grand William) à entrer dans une histoire rocambolesque aux rebondissements aussi multiples qu’invraisemblables …
Mais au début, on ne le sait pas encore.
Une mise en scène centrée sur une « unité de lieu » tout à fait inattendue (et sans doute déroutante pour beaucoup de spectateurs) puisque tout démarre, et se passe, dans une chambre d’hôpital où se trouve alité, avant notre arrivée en salle, un comédien dont on ne sait pas encore (mais le saura-t-on vraiment au fil du spectacle) qui il est.
Du personnel médical (avec accessoires et gestes appropriés) et un entourage familial se relayant à son chevet, semblent préoccupés par son état... tandis que la radio à son chevet laisse entendre une émission récente de France culture (je l’ai reconnue !).
Un environnement qui laisse à penser qu’il s’agit d’une personne dans un état de coma, que l’on veille heure par heure… en essayant de réveiller sa conscience..
Des débuts de spectacle, durant lesquels je me suis dit « encore une chambre d’hôpital…..une nouvelle mode ??? » -après la Tempête cette année ou, Cyrano, voici quelques années…etc.-
Et puis le malade se dresse, la radio s’éteint, et nous y sommes… La pièce démarre.
Quelques éléments sonores ou visuels viennent changer l’atmosphère. Ils nous invitent à imaginer…
A-t-il recouvré ses esprits, son coma est-il fini ? ou bien, nous donne-t-on l’occasion d’entrer dans sa tête, et dans ses délires ?
Un récit picaresque de la veine de la farce et du théâtre de tréteaux va se jouer devant nous. Avec des épisodes comiques, mais aussi de la tension dramatique.
On est un peu perdu car l’histoire est incroyable, les épisodes s’enchaînent, les acteurs incarnent plusieurs personnages dans le récit.
On nous convie à une sorte de voyage en chambre : le long périple, plein d’aventures aussi désastreuses les unes que les autres, du Prince Périclès qui, fuyant une situation dramatique et contre son honneur, se trouve enferré dans une succession de situations improbables.
Tout va de mal en pis ! Le destin lui est défavorable ! Et il se laisse engloutir par l’adversité.
Tout y est : tempêtes, mariage, naissance, naufrage, morts violentes, trahisons, captivité, exploitation d’une jeune innocente, mise en esclavage, tournois de chevaliers, intervention bénéfique des dieux… Bref tout cela, sans le moindre support de moyens audiovisuels, tels que ceux que certains metteurs en scène actuels affectionnent… et qui pourraient contribuer à situer les aventures..
Les aventures s’enchainent entrecoupées par le retour « à maintenant et ici »
On est à nouveau à l’hôpital pour de brefs instants!
Ceci permet de passer ensuite à l’ épisode suivant…
Peu à peu le sens fait jour…
Un destin funeste sur lequel le héros n’a pas de prise et surtout, contre lequel il ne fait rien.
Il se laisse engloutir par l’adversité, le désespoir (d’où la léthargie et la chambre d’hôpital et le coma ???)
Une famille déchirée : le prince, son épouse morte et sa fille réduite à l’esclavage qui vont se trouver réunis -eux 3-, ressuscitée -l’épouse- et délivrée -la fille- par l’intercession d’une déesse bienveillante.
La destinée s’est retournée mystérieusement ! L’intervention du magique, du merveilleux !
Finalement peu importe que l’on ait tout compris ou non, que le propos soit crédible ou pas, que le fantastique prenne le dessus ou non sur la réalité, qu’il s’agisse d’un grand Shakespeare ou pas, que le récit ne soit pas aussi magique et merveilleux qu’il aurait fallu, que la mise en scène soit trop conceptuelle et dépouillée… moi je me suis laissée prendre et ai apprécié ce spectacle assez insolite.
Les comédiens s’en tirent bien et j’ai passé une soirée plutôt agréable mais je ne suis pas sûre qu’il en ait été ainsi pour toute la salle…
D. Donnellan fait souvent plus l’unanimité sur ses spectacles. Les temps changent !