Ses critiques
43 critiques
8,5/10
Notre innocence … pas tant que cela !
Au début du spectacle, un chœur -à l’antique- de 18 jeunes gens et filles, qui scandent longuement (avec talent, c’est impressionnant !) à la face des générations d’avant (le public ? -jeune pourtant ce soir-là dans sa majorité-) son désespoir, sa fureur, son impuissance, ses accusations, privés qu’ils sont , disent-ils, de toutes perspectives, de tout avenir… et qui ne se reconnaissent pas dans ce à quoi leurs aînés, les générations d’avant, s’accrochent, ont cru, leur ont transmis ou les obligent à vivre….
C’est rude, c’est excessif, c’est parfois drôle, c’est bien ficelé, même si sans doute un peu long.
C’est en tout cas un morceau de bravoure admirable que ce choral à l’unisson avec variations rythmiques (sans chef d’orchestre !). Bravo !
Ces jeunes qui se perdent dans les excès pour ne pas penser, pas désespérer trop, pas ressentir trop cruellement, ou pour ne pas sombrer… ni pour avoir à s’engager, ou à tenter de changer les choses. Jusqu’au moment où la tragédie survient et ils n’y sont pas préparés... on ne l'est jamais !
A la fin du spectacle, un souffle, du rêve, de l’imaginaire, un jeu de lumières, de voiles, de pénombres, de silhouettes, d’ombres …. et l’irruption d’une petite fille, réelle ou irréelle, orpheline peut-être, avec l’ouverture des possibles : de l’émotion, de la poésie, de l’onirisme…Tout n’est peut-être plus si noir… ni perdu… De l’espoir renaît !
Entre temps, la confrontation à la mort, aux questionnements âpres que suscite un suicide
Et, des manifestations d’incrédulité, d’indifférence, d’égoïsme, de culpabilité, de lâcheté, d’inquiétude, de prudence, de fureur, de faux semblant, de générosité -intéressée ?-, de dégoût, d’agressivité, d’irresponsabilité…
Les échanges sont durs, sans concessions, violents, dans une langue crue, directe, sans artifices. Les rôles (des archétypes ?) sont bien définis !
Chacun en apprend un peu plus sur lui-même, sur ce qu’il n’a pas fait, n’a pas voulu voir, croyait savoir et dont il se contentait, sur ce dont il se vantait, sur ce qu’il aurait pu faire, ou, sur le malheur, que par son indifférence, son cynisme ou sa lâcheté, il a précipité…
Et nous, on voit se dessiner une personne ou un personnage, « la suicidée ?»… dont ses copains, apprentis-comédiens comme elle, en fait ne savaient pas grand-chose, même ceux qui se pensaient proches d’elle, parce qu’au fond cela les arrangeait bien… Réalité, fiction s’entremêlent.
Chacun son trip, son histoire, sa vie, son mode de survie….et sa façon de « compagnonner » !
Ce spectacle aux formes et aux écritures multiples constitue un beau travail. Ces jeunes s’en sortent très bien et ont des talents nombreux.
« Notre innocence » m’a plu, intéressée, émue. Je n’ai pas vu le temps passer. 2H15 sans entracte. J’ai été captivée.
Wajdi Mouawad a eu raison d’encourager ces jeunes à se dépasser et à dépasser le traumatisme vécu, à travers ce spectacle qu’il a conçu pour eux et avec eux.
Ensemble ils ont « fait quelque chose » de ces événements tragiques (les vrais morts : le suicide du copain de Mouawad lors de sa jeunesse au Québec et, la crise cardiaque de leur camarade de promo, disparue elle aussi prématurément).
Le deuil a pris ici une forme collective inattendue et c’est bien !
Au début du spectacle, un chœur -à l’antique- de 18 jeunes gens et filles, qui scandent longuement (avec talent, c’est impressionnant !) à la face des générations d’avant (le public ? -jeune pourtant ce soir-là dans sa majorité-) son désespoir, sa fureur, son impuissance, ses accusations, privés qu’ils sont , disent-ils, de toutes perspectives, de tout avenir… et qui ne se reconnaissent pas dans ce à quoi leurs aînés, les générations d’avant, s’accrochent, ont cru, leur ont transmis ou les obligent à vivre….
C’est rude, c’est excessif, c’est parfois drôle, c’est bien ficelé, même si sans doute un peu long.
C’est en tout cas un morceau de bravoure admirable que ce choral à l’unisson avec variations rythmiques (sans chef d’orchestre !). Bravo !
Ces jeunes qui se perdent dans les excès pour ne pas penser, pas désespérer trop, pas ressentir trop cruellement, ou pour ne pas sombrer… ni pour avoir à s’engager, ou à tenter de changer les choses. Jusqu’au moment où la tragédie survient et ils n’y sont pas préparés... on ne l'est jamais !
A la fin du spectacle, un souffle, du rêve, de l’imaginaire, un jeu de lumières, de voiles, de pénombres, de silhouettes, d’ombres …. et l’irruption d’une petite fille, réelle ou irréelle, orpheline peut-être, avec l’ouverture des possibles : de l’émotion, de la poésie, de l’onirisme…Tout n’est peut-être plus si noir… ni perdu… De l’espoir renaît !
Entre temps, la confrontation à la mort, aux questionnements âpres que suscite un suicide
Et, des manifestations d’incrédulité, d’indifférence, d’égoïsme, de culpabilité, de lâcheté, d’inquiétude, de prudence, de fureur, de faux semblant, de générosité -intéressée ?-, de dégoût, d’agressivité, d’irresponsabilité…
Les échanges sont durs, sans concessions, violents, dans une langue crue, directe, sans artifices. Les rôles (des archétypes ?) sont bien définis !
Chacun en apprend un peu plus sur lui-même, sur ce qu’il n’a pas fait, n’a pas voulu voir, croyait savoir et dont il se contentait, sur ce dont il se vantait, sur ce qu’il aurait pu faire, ou, sur le malheur, que par son indifférence, son cynisme ou sa lâcheté, il a précipité…
Et nous, on voit se dessiner une personne ou un personnage, « la suicidée ?»… dont ses copains, apprentis-comédiens comme elle, en fait ne savaient pas grand-chose, même ceux qui se pensaient proches d’elle, parce qu’au fond cela les arrangeait bien… Réalité, fiction s’entremêlent.
Chacun son trip, son histoire, sa vie, son mode de survie….et sa façon de « compagnonner » !
Ce spectacle aux formes et aux écritures multiples constitue un beau travail. Ces jeunes s’en sortent très bien et ont des talents nombreux.
« Notre innocence » m’a plu, intéressée, émue. Je n’ai pas vu le temps passer. 2H15 sans entracte. J’ai été captivée.
Wajdi Mouawad a eu raison d’encourager ces jeunes à se dépasser et à dépasser le traumatisme vécu, à travers ce spectacle qu’il a conçu pour eux et avec eux.
Ensemble ils ont « fait quelque chose » de ces événements tragiques (les vrais morts : le suicide du copain de Mouawad lors de sa jeunesse au Québec et, la crise cardiaque de leur camarade de promo, disparue elle aussi prématurément).
Le deuil a pris ici une forme collective inattendue et c’est bien !
1,5/10
La seule idée intéressante -mais pas exploitée, surtout en deux longues heures de temps-… aurait pu être une variation sur le thème de l'errance (celle d'Ulysse sur les mers, comme celle des malheureux migrants, chassés de leurs pays par l'inhumanité du monde... économique, financier, politique, religieux, tribal, etc.)
Au lieu de cela, dans ce spectacle, beaucoup de "diversions", petites et maladroites, qui annulent, voire ridiculisent complètement, la portée de ce que Jatahy prétendait, j’ose l'imaginer, nous dire, nous faire sentir, nous montrer ou nous démontrer.
Son spectacle en est réduit à aller à l’encontre totale de ce qu’elle comptait faire (cf note d'intention et interviews).
Elle nous exaspère, et nous "rase" surtout, sans nous convaincre, alors qu'elle voulait, semble-t-il, avec des moyens nouveaux et des procédés théâtraux sortant de l'ordinaire, nous sensibiliser à l’indifférence actuelle du monde, devant les guerres, les exils forcés, les tragédies vécues par certains de nos semblables, à nos portes, confrontés à des "monstres" cupides ou, pire encore, à la majorité -à ses yeux d'entre nous- enfermés dans nos égoïsmes... d'où de nombreuses interpellations du public... qui reste hébété, faute de voir ce qu'elle attend de lui...
Ce n'est ni bien pensé, ni bien mis en scène, ni bien construit, ni bien développé !
Certes il y a des moyens techniques abondants... comme d'ailleurs beaucoup d'eau !!!
D'abord, ce message… faut-il vraiment le délayer dans l’eau !
L'eau bue.... (2 concours débiles avec des spectateurs -cité par notre "confrère" Poey d'ailleurs -) ... ou l'eau traversée (la scène se remplit d’eau et les comédiens s’y vautrent avec complaisance ?, résignation ? ou délectation ?…),
Toujours la même musique de fond brésilienne (et la sempiternelle question de Jatahy "Caetono Veloso, vous connaissez?" ....mais oui on connait !) ou la musique de film de Duras (même si c'est vrai, l'entendre ça nous fait sortir quelques instants de l'ennui et la sidération dans laquelle nous sommes plongés devant tout ce vide).
Et les astuces sur la traduction (les actrices font semblant de ne pas savoir le français...: elles n'ont donc pas progressé depuis "what if....!), les "économes" cacahuètes et l'absence d'alcool pour inviter à la fête (encore!), l’interpellation du public à tout propos et tutti quanti...
Toutes ces "ficelles" déjà vues ou entendues n’ont fait qu'annuler l’intention primitive…
Dommage ! Mais est-ce de l'incompétence, de la paresse, de la provocation, une absence de renouvellement créatif ou une marque de fabrique?) !
En tout cas, une nouvelle démonstration du manque d’esprit critique de certains artistes face à leur travaux.
Ils devraient ne pas hésiter à couper, à remettre en cause, à élaguer, à refaire, à enrichir etc. au risque de faire mieux et de convaincre les spectateurs.
Les côtés intéressant, émouvant et "engagé" dans ce spectacle-ci peuvent tout au plus, et encore, se résumer à un très petit ¼ d’heure.
Les seuls moments forts pour moi, ont été les quelques brefs instants de lecture des témoignages de migrants… avec quelques descriptions déchirantes.
Ce qui prouverait bien que du texte et du contenu au théâtre…. ce n’est pas inutile !
Au lieu de cela, dans ce spectacle, beaucoup de "diversions", petites et maladroites, qui annulent, voire ridiculisent complètement, la portée de ce que Jatahy prétendait, j’ose l'imaginer, nous dire, nous faire sentir, nous montrer ou nous démontrer.
Son spectacle en est réduit à aller à l’encontre totale de ce qu’elle comptait faire (cf note d'intention et interviews).
Elle nous exaspère, et nous "rase" surtout, sans nous convaincre, alors qu'elle voulait, semble-t-il, avec des moyens nouveaux et des procédés théâtraux sortant de l'ordinaire, nous sensibiliser à l’indifférence actuelle du monde, devant les guerres, les exils forcés, les tragédies vécues par certains de nos semblables, à nos portes, confrontés à des "monstres" cupides ou, pire encore, à la majorité -à ses yeux d'entre nous- enfermés dans nos égoïsmes... d'où de nombreuses interpellations du public... qui reste hébété, faute de voir ce qu'elle attend de lui...
Ce n'est ni bien pensé, ni bien mis en scène, ni bien construit, ni bien développé !
Certes il y a des moyens techniques abondants... comme d'ailleurs beaucoup d'eau !!!
D'abord, ce message… faut-il vraiment le délayer dans l’eau !
L'eau bue.... (2 concours débiles avec des spectateurs -cité par notre "confrère" Poey d'ailleurs -) ... ou l'eau traversée (la scène se remplit d’eau et les comédiens s’y vautrent avec complaisance ?, résignation ? ou délectation ?…),
Toujours la même musique de fond brésilienne (et la sempiternelle question de Jatahy "Caetono Veloso, vous connaissez?" ....mais oui on connait !) ou la musique de film de Duras (même si c'est vrai, l'entendre ça nous fait sortir quelques instants de l'ennui et la sidération dans laquelle nous sommes plongés devant tout ce vide).
Et les astuces sur la traduction (les actrices font semblant de ne pas savoir le français...: elles n'ont donc pas progressé depuis "what if....!), les "économes" cacahuètes et l'absence d'alcool pour inviter à la fête (encore!), l’interpellation du public à tout propos et tutti quanti...
Toutes ces "ficelles" déjà vues ou entendues n’ont fait qu'annuler l’intention primitive…
Dommage ! Mais est-ce de l'incompétence, de la paresse, de la provocation, une absence de renouvellement créatif ou une marque de fabrique?) !
En tout cas, une nouvelle démonstration du manque d’esprit critique de certains artistes face à leur travaux.
Ils devraient ne pas hésiter à couper, à remettre en cause, à élaguer, à refaire, à enrichir etc. au risque de faire mieux et de convaincre les spectateurs.
Les côtés intéressant, émouvant et "engagé" dans ce spectacle-ci peuvent tout au plus, et encore, se résumer à un très petit ¼ d’heure.
Les seuls moments forts pour moi, ont été les quelques brefs instants de lecture des témoignages de migrants… avec quelques descriptions déchirantes.
Ce qui prouverait bien que du texte et du contenu au théâtre…. ce n’est pas inutile !
7,5/10
Aucun ennui... bien au contraire...
Ne connaissant ni le livre dont la pièce est tirée, ni aucun des écrits de Ch. Angot, (apparemment auteur très controversée et qui suscite des réactions très contrastées, extrêmement vives, voire des polémiques vis à vis de son travail littéraire) je suis venue par curiosité, et par intérêt pour le travail de Célie Pauthe, auquel je m'intéresse et sans a priori aucun.
La découpage par périodes -enfance, jeunesse, âge adulte- , ponctué par de la vidéo -brève - tout à fait judicieuse, l'interprétation des 2 actrices Bulle Ogier -en mère aveuglée et nostalgique d'un "amour" qu'il lui semble qu'elle ne méritait pas... je parle bien sur de celui qu'elle a pensé partager avec un homme odieux, et celle de Marie Medeiros qui a le mérite de rendre plutôt crédibles différents âges de la vie de Christine, amènent bien l"explication finale" entre mère et fille, d'une grande intensité (les 30 dernières pages du livre d'après ce que j'ai lu).
Dommage que la voix de Marie de Medeiros -par ailleurs excellente actrice -nécessiterait d'être mieux placée (trop souvent dans l'aigu !)
Mise en scène astucieuse.
Spectacle à découvrir et de qualité je trouve pour ma part....
Ne connaissant ni le livre dont la pièce est tirée, ni aucun des écrits de Ch. Angot, (apparemment auteur très controversée et qui suscite des réactions très contrastées, extrêmement vives, voire des polémiques vis à vis de son travail littéraire) je suis venue par curiosité, et par intérêt pour le travail de Célie Pauthe, auquel je m'intéresse et sans a priori aucun.
La découpage par périodes -enfance, jeunesse, âge adulte- , ponctué par de la vidéo -brève - tout à fait judicieuse, l'interprétation des 2 actrices Bulle Ogier -en mère aveuglée et nostalgique d'un "amour" qu'il lui semble qu'elle ne méritait pas... je parle bien sur de celui qu'elle a pensé partager avec un homme odieux, et celle de Marie Medeiros qui a le mérite de rendre plutôt crédibles différents âges de la vie de Christine, amènent bien l"explication finale" entre mère et fille, d'une grande intensité (les 30 dernières pages du livre d'après ce que j'ai lu).
Dommage que la voix de Marie de Medeiros -par ailleurs excellente actrice -nécessiterait d'être mieux placée (trop souvent dans l'aigu !)
Mise en scène astucieuse.
Spectacle à découvrir et de qualité je trouve pour ma part....