Ses critiques
43 critiques
9/10
Un testament émouvant, et tragique.
J'avais vu ce spectacle -à son tout début- en mars 2016, dans le même théâtre et à l'époque j'avais beaucoup apprécié cette proposition.
Voilà ce que j'en avais pensé alors.
« Un monde qui n'est plus... La Vienne culturelle des Artistes, au tournant du 20ème siècle, telle que l'a connue S. Zweig dans sa jeunesse.
Puis, la mort de cette Europe et ses tragédies: les guerres, la perte de liberté de l'esprit, l'anéantissement des idées et de la civilisation, l'avènement du nazisme et des totalitarismes.
Jérome Kircher, par son jeu sobre, dans une scénographie qui l'est tout autant, à partir de quelques pages, bien choisies et bien articulées, entrouve pour nous l'accès à ce puissant livre-témoignage de S. Zweig. Nostalgique et bouleversant!
Ce spectacle, de grande qualité, outre l'émotion qu'il procure, donne une furieuse envie de se plonger sans tarder dans ce livre-testament pour prolonger le plaisir qu'on a eu à en découvrir de très belles pages »
Plaisir et émotion d'alors ... apparemment non partagés de spectateurs récents.
Je reste pour ma part, et dans mon souvenir, sur quelque chose de fort et d'intense.
J'avais vu ce spectacle -à son tout début- en mars 2016, dans le même théâtre et à l'époque j'avais beaucoup apprécié cette proposition.
Voilà ce que j'en avais pensé alors.
« Un monde qui n'est plus... La Vienne culturelle des Artistes, au tournant du 20ème siècle, telle que l'a connue S. Zweig dans sa jeunesse.
Puis, la mort de cette Europe et ses tragédies: les guerres, la perte de liberté de l'esprit, l'anéantissement des idées et de la civilisation, l'avènement du nazisme et des totalitarismes.
Jérome Kircher, par son jeu sobre, dans une scénographie qui l'est tout autant, à partir de quelques pages, bien choisies et bien articulées, entrouve pour nous l'accès à ce puissant livre-témoignage de S. Zweig. Nostalgique et bouleversant!
Ce spectacle, de grande qualité, outre l'émotion qu'il procure, donne une furieuse envie de se plonger sans tarder dans ce livre-testament pour prolonger le plaisir qu'on a eu à en découvrir de très belles pages »
Plaisir et émotion d'alors ... apparemment non partagés de spectateurs récents.
Je reste pour ma part, et dans mon souvenir, sur quelque chose de fort et d'intense.
7/10
Ils sont tous très contents…
-Eric Ruf, l’Administrateur Général de la Comédie Française, car enfin le grand Thomas Ostermeier, le metteur en scène que tous les théâtres s’arrachent, a accepté de travailler avec la fameuse troupe de la salle Richelieu.
-Thomas Ostermeier, car l’occasion lui est enfin donnée de « provoquer » le public de la Comédie Française, public qui à ses yeux ne peut être autre que conservateur et sclérosé , il l’a souvent dit (le serait il à l’instar des publics bourgeois des grandes salles allemandes, je n'en suis pas si sûre?)
- Le Public de la Comédie Française, celui qui n’avait pas vu, ailleurs et jusqu'ici, une des nombreuses mises en scène d’Ostermeier et, qui trouve dans le cadre de ses habitudes de fréquentation de la CF, l’occasion de découvrir la nature du travail du metteur en scène allemand (et de s’encanailler un peu... ?)
Moi, je le suis un peu moins qu’eux… car je suis restée sur ma faim et n’ai pas été tout à fait conquise par le travail proposé.
J’ai vu bien d’autres spectacles de Ostermeier, avec sa troupe de la Schaubuhne, qui m’ont davantage séduite et convaincue. Les Ibsen par exemple, et bien d’autres encore, dont je garde de grands souvenirs
Le choix d’une comédie de Shakespeare laissait poindre l’idée de truculences, d’excès, de provocations, de morceaux de bravoure à venir…
Je ne me suis pas trompée !
Le fond de l’histoire, celui de la décomposition de l’amour, et de la perception trouble des genres, ou de la corrosion du pouvoir par l’amour, laissaient supposer quelques adresses bien senties au Public et, en concordance avec l’actualité du moment. On les a eues, ainsi que d’autres plus ou moins faciles. De fausses impros d’ailleurs, me semble-t-il.
Le fond du propos, s’est de ce fait un peu délayé dans le recours à une mise en scène bouffonne et provocatrice, convenue, destinée à conquérir un Public acquis d’avance.
La mise en perspective avec la tradition shakespearienne du Théâtre du Globe laissait entrevoir de la grosse farce, de la grivoiserie, des numéros d’acteurs, des morceaux de bravoure, des improvisations brillantes, tout ce dont sont capables les excellents acteurs de la troupe. Et aussi l’acceptation par les comédiens d’un ridicule exacerbé, notamment celui des costumes…
Ils ne sont pas dérobés et assument, en semblant bien s’amuser, ce qui leur a été demandé
Grande inventivité à signaler dans la vulgarité des costumes.
La critique professionnelle ayant émis, dans son ensemble, pas mal de réserves sur ce spectacle, je me suis rendue -un peu en reculant- à la Salle Richelieu.
Eh bien, j’ai tout de même passé une soirée somme toute assez agréable. Je me suis pas ennuyée à défaut d’avoir été réellement séduite.
Toute la salle de théâtre est investie , la lumière allumée, et l’on ne sait jamais d’où vont surgir les comédiens….et dans quelle tenue on va de surprise en surprise... !
Ils sont étonnants, les femmes d’abord, et particulièrement cette peste de Maria (Anna Cervinka) qui a l’art de conspirer avec une méchanceté absolue et qui mène, vis-à-vis de l’intendant Malvolio, un jeu très cruel avec la complicité de Sir Toby (Laurent Stocker) et Sir Andrew (Christophe Montenez) et de Feste, le fou d’Olivia (stéphane Varupenne), … un trio particulièrement savoureux et audacieux.
Il sera bien puni, Malvolio, de s’être fait des illusions!
Je m’interroge un peu sur le choix de Podalydes… une caution pour le metteur en scène (travailler avec un sociétaire de grande renommée) ? ou une envie furieuse de Denis Podalydes de tenter une expérience inhabituelle ? ou pour la CF, mettre le nom d’une "valeur sûre" sur une distribution, destiné à attirer le Public ? Je l’ai trouvé un peu hors-jeu !
Les autres comédiens (scalliet, d'hermy, morgensztern, etc...) sont très bons mais leur rôles prêtent moins à des performances... à signaler.
Très belle musique baroque : contre-ténor et joueur de théorbe excellents (des moments de grâce pour couper les épisodes)
A part, un élément de mise en scène judicieux, et plutôt inventif, signalé et souligné par notre ami Yves Poey et que je partage avec lui, (sans le dévoiler, moi non plus d’ailleurs, il vous faut le découvrir à votre tour), j’ai trouvé que l’ensemble relevait d’une certaine convention dans la provocation.
Je le dis franchement cette pièce n’est pas ma tasse de thé.
Je préfère aux comédies bouffonnes, les textes dramatiques et historiques du grand William Mac Beth, Othello, Hamlet, les Richard ou Henri et consorts, etc…qu’ils soient montés de manière classique ou, de façon plus iconoclaste à l’instar du travail de Thomas Jolly que j’avais bien apprécié en son temps.
Donc à vous de tenter l’expérience et de voir comment vous allez réagir.
Conquis? Ou en retrait ? Mais bon, il n’y a pas de quoi fouetter un chat !
-Eric Ruf, l’Administrateur Général de la Comédie Française, car enfin le grand Thomas Ostermeier, le metteur en scène que tous les théâtres s’arrachent, a accepté de travailler avec la fameuse troupe de la salle Richelieu.
-Thomas Ostermeier, car l’occasion lui est enfin donnée de « provoquer » le public de la Comédie Française, public qui à ses yeux ne peut être autre que conservateur et sclérosé , il l’a souvent dit (le serait il à l’instar des publics bourgeois des grandes salles allemandes, je n'en suis pas si sûre?)
- Le Public de la Comédie Française, celui qui n’avait pas vu, ailleurs et jusqu'ici, une des nombreuses mises en scène d’Ostermeier et, qui trouve dans le cadre de ses habitudes de fréquentation de la CF, l’occasion de découvrir la nature du travail du metteur en scène allemand (et de s’encanailler un peu... ?)
Moi, je le suis un peu moins qu’eux… car je suis restée sur ma faim et n’ai pas été tout à fait conquise par le travail proposé.
J’ai vu bien d’autres spectacles de Ostermeier, avec sa troupe de la Schaubuhne, qui m’ont davantage séduite et convaincue. Les Ibsen par exemple, et bien d’autres encore, dont je garde de grands souvenirs
Le choix d’une comédie de Shakespeare laissait poindre l’idée de truculences, d’excès, de provocations, de morceaux de bravoure à venir…
Je ne me suis pas trompée !
Le fond de l’histoire, celui de la décomposition de l’amour, et de la perception trouble des genres, ou de la corrosion du pouvoir par l’amour, laissaient supposer quelques adresses bien senties au Public et, en concordance avec l’actualité du moment. On les a eues, ainsi que d’autres plus ou moins faciles. De fausses impros d’ailleurs, me semble-t-il.
Le fond du propos, s’est de ce fait un peu délayé dans le recours à une mise en scène bouffonne et provocatrice, convenue, destinée à conquérir un Public acquis d’avance.
La mise en perspective avec la tradition shakespearienne du Théâtre du Globe laissait entrevoir de la grosse farce, de la grivoiserie, des numéros d’acteurs, des morceaux de bravoure, des improvisations brillantes, tout ce dont sont capables les excellents acteurs de la troupe. Et aussi l’acceptation par les comédiens d’un ridicule exacerbé, notamment celui des costumes…
Ils ne sont pas dérobés et assument, en semblant bien s’amuser, ce qui leur a été demandé
Grande inventivité à signaler dans la vulgarité des costumes.
La critique professionnelle ayant émis, dans son ensemble, pas mal de réserves sur ce spectacle, je me suis rendue -un peu en reculant- à la Salle Richelieu.
Eh bien, j’ai tout de même passé une soirée somme toute assez agréable. Je me suis pas ennuyée à défaut d’avoir été réellement séduite.
Toute la salle de théâtre est investie , la lumière allumée, et l’on ne sait jamais d’où vont surgir les comédiens….et dans quelle tenue on va de surprise en surprise... !
Ils sont étonnants, les femmes d’abord, et particulièrement cette peste de Maria (Anna Cervinka) qui a l’art de conspirer avec une méchanceté absolue et qui mène, vis-à-vis de l’intendant Malvolio, un jeu très cruel avec la complicité de Sir Toby (Laurent Stocker) et Sir Andrew (Christophe Montenez) et de Feste, le fou d’Olivia (stéphane Varupenne), … un trio particulièrement savoureux et audacieux.
Il sera bien puni, Malvolio, de s’être fait des illusions!
Je m’interroge un peu sur le choix de Podalydes… une caution pour le metteur en scène (travailler avec un sociétaire de grande renommée) ? ou une envie furieuse de Denis Podalydes de tenter une expérience inhabituelle ? ou pour la CF, mettre le nom d’une "valeur sûre" sur une distribution, destiné à attirer le Public ? Je l’ai trouvé un peu hors-jeu !
Les autres comédiens (scalliet, d'hermy, morgensztern, etc...) sont très bons mais leur rôles prêtent moins à des performances... à signaler.
Très belle musique baroque : contre-ténor et joueur de théorbe excellents (des moments de grâce pour couper les épisodes)
A part, un élément de mise en scène judicieux, et plutôt inventif, signalé et souligné par notre ami Yves Poey et que je partage avec lui, (sans le dévoiler, moi non plus d’ailleurs, il vous faut le découvrir à votre tour), j’ai trouvé que l’ensemble relevait d’une certaine convention dans la provocation.
Je le dis franchement cette pièce n’est pas ma tasse de thé.
Je préfère aux comédies bouffonnes, les textes dramatiques et historiques du grand William Mac Beth, Othello, Hamlet, les Richard ou Henri et consorts, etc…qu’ils soient montés de manière classique ou, de façon plus iconoclaste à l’instar du travail de Thomas Jolly que j’avais bien apprécié en son temps.
Donc à vous de tenter l’expérience et de voir comment vous allez réagir.
Conquis? Ou en retrait ? Mais bon, il n’y a pas de quoi fouetter un chat !
7,5/10
Alexandre Dumas père a accompagné toute mon enfance.
Une époque où les enfants lisaient encore beaucoup … car les tentations -autres- existaient peu.
Grâce à l’obligeance d’un ami de mes parents qui possédait la collection complète des romans historiques (et populaires) d’Alexandre Dumas, j’ai passé, des moments merveilleux, plongée dans la lecture de ces livres que j’avais tant de peine à lâcher. Tant ils étaient captivants, bien écrits, et leurs personnages, qu’on suivait de tome en tome, bien trempés.
Je n’ai pas oublié Dumas et j’avais vaguement entendu parler de son nègre.
Mais je ne connaissais pas Auguste Maquet…
J’ai voulu en savoir plus, je ne le regrette pas !
Je ne sais pas si la pièce « signé Dumas » est tout à fait fidèle à la réalité.
Et si les rapports entretenus entre ces deux hommes reflètent bien leur quotidien et leur mode de collaboration.
Mais la pièce est plutôt bien faite, le texte de bonne facture, le prétexte d’une journée historique assez habile, le questionnement sur la part respective apportée par chacun des deux protagonistes, soulevée avec raison avec la problématique: qui est le véritable auteur ? celui qui a les idées, un nom et la renommée ou, celui qui écrit, rend cohérentes les histoires et met en forme. Comment et pourquoi accepter d’être dans l’ombre ?
J’ai été particulièrement convaincue par le jeu de Davy Sardou, un comédien que je n’avais jamais vu sur scène et qui incarne avec sobriété et pertinence, un Auguste Maquet écartelé entre la dépendance dans lequel l’enferme et l’entretient Dumas et son envie de de reconnaissance des apports, apparemment certains et consistants, qu’il donne aux ouvrages de Dumas.
Dumas, Xavier Lemaire, lui est un peu caricatural et en fait un peu trop, dans son personnage arrivé, adulé par ses lecteurs et qui au faîte de sa gloire, se ment à lui-même et se révèle assez odieux vis-à-vis de son collaborateur fidèle, avec tout le mépris qu'il exprime pour ce petit professeur qui n'appartient pas au monde de bourgeois aisé et qui a réussi dont il se prévaut.
Soirée agréable, et qui donne envie de reprendre ses lectures d’enfance...
Une époque où les enfants lisaient encore beaucoup … car les tentations -autres- existaient peu.
Grâce à l’obligeance d’un ami de mes parents qui possédait la collection complète des romans historiques (et populaires) d’Alexandre Dumas, j’ai passé, des moments merveilleux, plongée dans la lecture de ces livres que j’avais tant de peine à lâcher. Tant ils étaient captivants, bien écrits, et leurs personnages, qu’on suivait de tome en tome, bien trempés.
Je n’ai pas oublié Dumas et j’avais vaguement entendu parler de son nègre.
Mais je ne connaissais pas Auguste Maquet…
J’ai voulu en savoir plus, je ne le regrette pas !
Je ne sais pas si la pièce « signé Dumas » est tout à fait fidèle à la réalité.
Et si les rapports entretenus entre ces deux hommes reflètent bien leur quotidien et leur mode de collaboration.
Mais la pièce est plutôt bien faite, le texte de bonne facture, le prétexte d’une journée historique assez habile, le questionnement sur la part respective apportée par chacun des deux protagonistes, soulevée avec raison avec la problématique: qui est le véritable auteur ? celui qui a les idées, un nom et la renommée ou, celui qui écrit, rend cohérentes les histoires et met en forme. Comment et pourquoi accepter d’être dans l’ombre ?
J’ai été particulièrement convaincue par le jeu de Davy Sardou, un comédien que je n’avais jamais vu sur scène et qui incarne avec sobriété et pertinence, un Auguste Maquet écartelé entre la dépendance dans lequel l’enferme et l’entretient Dumas et son envie de de reconnaissance des apports, apparemment certains et consistants, qu’il donne aux ouvrages de Dumas.
Dumas, Xavier Lemaire, lui est un peu caricatural et en fait un peu trop, dans son personnage arrivé, adulé par ses lecteurs et qui au faîte de sa gloire, se ment à lui-même et se révèle assez odieux vis-à-vis de son collaborateur fidèle, avec tout le mépris qu'il exprime pour ce petit professeur qui n'appartient pas au monde de bourgeois aisé et qui a réussi dont il se prévaut.
Soirée agréable, et qui donne envie de reprendre ses lectures d’enfance...
9/10
« The Other Voice » de Ramsey Nasr : quand un grand texte de 1930 inspire un texte contemporain, plein de subtilité et d’humanité…..
Ce deuxième volet du diptyque proposé par Ivo Van Hove, à l’espace Pierre Cardin, après, et en contrepoint, de « La Voix Humaine » de Cocteau, donne tout son sens et, génère tout l’intérêt de la proposition -globale- du metteur en scène néerlandais.
En effet, l’on pouvait s’interroger , après le premier volet, sur la pertinence de présenter à un Public (en majorité) français et à Paris, une version néerlandaise du monologue bien connu de Jean Cocteau. D’ailleurs plus intéressant, de mon point de vue, à entendre en version concert, sur la musique de Poulenc.
Monologue, il faut le rappeler, dans lequel, une femme, dont on ne sait rien, sinon qu’elle est désespérée, s’adresse …..au cours d’un long, et dernier, entretien téléphonique….à son amant qui l’a abandonnée.
On n’en sait pas plus sur l’homme d’ailleurs, lors de ce premier volet, ni sur les circonstances de la séparation, ni rien de la vie, du couple, et des liens qui -avant- unissaient la Femme et l’Homme. On ne perçoit que la désespérance de la Femme.
L’acteur-auteur de la troupe, Ramsey Nasr, s’est lancé le défi « de faire vivre l’homme au bout du fil, de lui prêter sa voix et ses idées ».
La réussite de son projet rend, dès lors, tout l’intérêt à la proposition globale de Ivo Van Hove, proposition qui devient de ce fait remarquable.
Je me réjouis donc d’avoir forcé ma déception première, suite au 1er volet Cocteau, et décidé de tenter l’expérience d’aller découvrir l’autre volet du diptyque….
Ce texte est passionnant et intriguant à la fois, et cette « partition » m’a séduite et émue. Je suis entrée tout de suite dans ce spectacle.
Les personnages, sous nos yeux, prennent forme peu à peu ; on s’éloigne du rapport -femme abandonnée et désespérée/homme parti en épouser une autre-, un peu simpliste chez Cocteau ; la situation devient beaucoup plus subtile, le contexte de l’appel téléphonique plus complexe ; l’approche des rapports humains plus riche, plus profonde.
En fait, la situation n’est plus tout à fait celle que l’on avait perçue avec la Voix humaine (mais je ne vous la dévoilerai pas!) et, ce qui nous est proposé est une possibilité tout à fait pertinente et crédible.
J’ai particulièrement admiré l’habileté de l’auteur à donner du sens aux silences et aux non-dits de la partition de Cocteau.
L’avoir entendue, voici peu de jours, m’a permis d’apprécier d’autant plus l’écriture du texte de Ramsey Nasr.
Par contre, il semble que les spectateurs qui ne connaissaient pas le texte de Cocteau, pour n’avoir pas assisté au premier volet, ont un peu peiné à entrer dans le texte du second. Ils n’ont peut-être pas apprécié, à sa juste mesure, le travail plein d'intérêt, de Ramsey Nasr.
Quant à la mise en scène et au jeu des comédiens.
Nous sommes cette fois, « près des comédiens », à l’intérieur de l’appartement de l’homme qui reçoit l’appel.
Point de baie vitrée qui sépare la scène du Public, point de micro derrière une baie vitrée, etc…point d’effet négatif de la distanciation que j’avais reprochée dans ma critique du 1er volet.…
Il y a bien sûr encore un surtitrage -toujours très bien fait- à lire rapidement mais, cette fois-ci le texte, le jeu des comédiens, et ce qui se passe sur scène, nous amènent tout naturellement à oublier cette contrainte.
Il faut donc découvrir la proposition en entier…..pour l’apprécier !
Ce deuxième volet du diptyque proposé par Ivo Van Hove, à l’espace Pierre Cardin, après, et en contrepoint, de « La Voix Humaine » de Cocteau, donne tout son sens et, génère tout l’intérêt de la proposition -globale- du metteur en scène néerlandais.
En effet, l’on pouvait s’interroger , après le premier volet, sur la pertinence de présenter à un Public (en majorité) français et à Paris, une version néerlandaise du monologue bien connu de Jean Cocteau. D’ailleurs plus intéressant, de mon point de vue, à entendre en version concert, sur la musique de Poulenc.
Monologue, il faut le rappeler, dans lequel, une femme, dont on ne sait rien, sinon qu’elle est désespérée, s’adresse …..au cours d’un long, et dernier, entretien téléphonique….à son amant qui l’a abandonnée.
On n’en sait pas plus sur l’homme d’ailleurs, lors de ce premier volet, ni sur les circonstances de la séparation, ni rien de la vie, du couple, et des liens qui -avant- unissaient la Femme et l’Homme. On ne perçoit que la désespérance de la Femme.
L’acteur-auteur de la troupe, Ramsey Nasr, s’est lancé le défi « de faire vivre l’homme au bout du fil, de lui prêter sa voix et ses idées ».
La réussite de son projet rend, dès lors, tout l’intérêt à la proposition globale de Ivo Van Hove, proposition qui devient de ce fait remarquable.
Je me réjouis donc d’avoir forcé ma déception première, suite au 1er volet Cocteau, et décidé de tenter l’expérience d’aller découvrir l’autre volet du diptyque….
Ce texte est passionnant et intriguant à la fois, et cette « partition » m’a séduite et émue. Je suis entrée tout de suite dans ce spectacle.
Les personnages, sous nos yeux, prennent forme peu à peu ; on s’éloigne du rapport -femme abandonnée et désespérée/homme parti en épouser une autre-, un peu simpliste chez Cocteau ; la situation devient beaucoup plus subtile, le contexte de l’appel téléphonique plus complexe ; l’approche des rapports humains plus riche, plus profonde.
En fait, la situation n’est plus tout à fait celle que l’on avait perçue avec la Voix humaine (mais je ne vous la dévoilerai pas!) et, ce qui nous est proposé est une possibilité tout à fait pertinente et crédible.
J’ai particulièrement admiré l’habileté de l’auteur à donner du sens aux silences et aux non-dits de la partition de Cocteau.
L’avoir entendue, voici peu de jours, m’a permis d’apprécier d’autant plus l’écriture du texte de Ramsey Nasr.
Par contre, il semble que les spectateurs qui ne connaissaient pas le texte de Cocteau, pour n’avoir pas assisté au premier volet, ont un peu peiné à entrer dans le texte du second. Ils n’ont peut-être pas apprécié, à sa juste mesure, le travail plein d'intérêt, de Ramsey Nasr.
Quant à la mise en scène et au jeu des comédiens.
Nous sommes cette fois, « près des comédiens », à l’intérieur de l’appartement de l’homme qui reçoit l’appel.
Point de baie vitrée qui sépare la scène du Public, point de micro derrière une baie vitrée, etc…point d’effet négatif de la distanciation que j’avais reprochée dans ma critique du 1er volet.…
Il y a bien sûr encore un surtitrage -toujours très bien fait- à lire rapidement mais, cette fois-ci le texte, le jeu des comédiens, et ce qui se passe sur scène, nous amènent tout naturellement à oublier cette contrainte.
Il faut donc découvrir la proposition en entier…..pour l’apprécier !
9/10
L’Ecole des femmes : A l’école des difficiles rapports hommes-femmes...
Il est particulièrement inquiétant cet Arnolphe, dans son intégrisme, sa folie et sa radicalité… A la fois, ridicule, démoniaque, grotesque et tragique, Il inspire le plus grand trouble.
Incarné par un Claude Duparfait, stupéfiant dans ce rôle de prédateur, et qu’on a enfin plaisir à retrouver, dans un rôle écrasant (il est quasiment en scène de bout en bout), sous la houlette du metteur en scène Stéphane Braunschweig, avec lequel il a partagé bien des aventures théâtrales du temps -entre autres- du théâtre de la Colline (Ibsen, Pirandello, etc...)
La mise en scène, résolument moderne et dépouillée, nous épargne les habituelles bouffonneries et grivoiseries, les thèmes connus du vieux barbon épris de chair fraîche, de l’oie blanche sotte et naïve, des domestiques un rien simplets, etc. destinés à faire rire, personnages qui par leur ridicule souvent et leur convention parfois, affadissent le propos.
Partis-pris qui nous font alors passer à côté de l’essentiel : la volonté d’une domination absolue sur les femmes au point de les enfermer et de les « rendre idiotes autant qu’il se pourrait ».
On découvre dans cette lecture de l’œuvre de S.B., des dimensions insoupçonnées et encore plus de cruauté.
Cet Arnolphe-là, n’est rien moins qu’un pédophile, qui par peur de son propre désir, et de celui des femmes, enfermé dans ses obsessions malsaines sur le mariage, l’infidélité, la dépendance des femmes, la domination des hommes, la peur du ridicule du cocuage, le rejet du plaisir et de la liberté d’aimer… est prêt à commettre l’inceste sur une Agnès qu’il a séquestrée, dès la plus tendre enfance, abusant d’une confiance qui lui a été donnée, lorsqu’il lui demande de l’aimer comme un mari, après l’avoir aimé comme un père…
Agnès, superbe et fraîche Suzanne Aubert, un rien mystérieuse, qui s’ennuie fort dans sa « prison », aussi physique que psychologique, et qui nous émeut vraiment, face aux enjeux dont elle est l’objet de la part de son grotesque tuteur.
Perçoit-elle ceux du jeune Horace -un rien écervelé-, pour lequel elle semble n’être que la promesse d’un passe-temps agréable, et qui se sert d’elle, lui aussi, autant pour satisfaire ses désirs, que pour jouer un bon tour, lui jeunot, vis-à-vis d’un barbon qu’il est juste de ridiculiser. L'aime-t-il vraiement, rien n'est moins sûr?
Agnès se cherche, et sans aide aucune, avec les faibles moyens dont elle dispose, et non sans périls pour elle.
Mais elle étonne aussi par ses prises de conscience, sa logique, ses fulgurances et certaines réactions pleines de sens.
Une émancipation hasardeuse lui est offerte, elle va s’en saisir, le dur chemin vers l’autonomie avec ses trappes et ses dangers.
Mais aussi « l’étonnante force de la transgression » d’une ingénue qui au final ne l’est pas.
Un spectacle à découvrir jusqu’à fin décembre à l'Odéon salle du 6ème.
Il est particulièrement inquiétant cet Arnolphe, dans son intégrisme, sa folie et sa radicalité… A la fois, ridicule, démoniaque, grotesque et tragique, Il inspire le plus grand trouble.
Incarné par un Claude Duparfait, stupéfiant dans ce rôle de prédateur, et qu’on a enfin plaisir à retrouver, dans un rôle écrasant (il est quasiment en scène de bout en bout), sous la houlette du metteur en scène Stéphane Braunschweig, avec lequel il a partagé bien des aventures théâtrales du temps -entre autres- du théâtre de la Colline (Ibsen, Pirandello, etc...)
La mise en scène, résolument moderne et dépouillée, nous épargne les habituelles bouffonneries et grivoiseries, les thèmes connus du vieux barbon épris de chair fraîche, de l’oie blanche sotte et naïve, des domestiques un rien simplets, etc. destinés à faire rire, personnages qui par leur ridicule souvent et leur convention parfois, affadissent le propos.
Partis-pris qui nous font alors passer à côté de l’essentiel : la volonté d’une domination absolue sur les femmes au point de les enfermer et de les « rendre idiotes autant qu’il se pourrait ».
On découvre dans cette lecture de l’œuvre de S.B., des dimensions insoupçonnées et encore plus de cruauté.
Cet Arnolphe-là, n’est rien moins qu’un pédophile, qui par peur de son propre désir, et de celui des femmes, enfermé dans ses obsessions malsaines sur le mariage, l’infidélité, la dépendance des femmes, la domination des hommes, la peur du ridicule du cocuage, le rejet du plaisir et de la liberté d’aimer… est prêt à commettre l’inceste sur une Agnès qu’il a séquestrée, dès la plus tendre enfance, abusant d’une confiance qui lui a été donnée, lorsqu’il lui demande de l’aimer comme un mari, après l’avoir aimé comme un père…
Agnès, superbe et fraîche Suzanne Aubert, un rien mystérieuse, qui s’ennuie fort dans sa « prison », aussi physique que psychologique, et qui nous émeut vraiment, face aux enjeux dont elle est l’objet de la part de son grotesque tuteur.
Perçoit-elle ceux du jeune Horace -un rien écervelé-, pour lequel elle semble n’être que la promesse d’un passe-temps agréable, et qui se sert d’elle, lui aussi, autant pour satisfaire ses désirs, que pour jouer un bon tour, lui jeunot, vis-à-vis d’un barbon qu’il est juste de ridiculiser. L'aime-t-il vraiement, rien n'est moins sûr?
Agnès se cherche, et sans aide aucune, avec les faibles moyens dont elle dispose, et non sans périls pour elle.
Mais elle étonne aussi par ses prises de conscience, sa logique, ses fulgurances et certaines réactions pleines de sens.
Une émancipation hasardeuse lui est offerte, elle va s’en saisir, le dur chemin vers l’autonomie avec ses trappes et ses dangers.
Mais aussi « l’étonnante force de la transgression » d’une ingénue qui au final ne l’est pas.
Un spectacle à découvrir jusqu’à fin décembre à l'Odéon salle du 6ème.