Ses critiques
43 critiques
6,5/10
La voix humaine, Cocteau par Ivo Van Hove… en tournée à l’espace Cardin depuis l’International Theater d’Amsterdam.
Le texte -plutôt dense- celui de Cocteau, qui semble avoir été respecté (y compris les adresses à la demoiselle du téléphone qui pourrait couper la communication, ou celles à une femme intempestivement arrivée sur la ligne et qui cherche à joindre un certain Dr Schmidt) s’adresse à un public résolument néerlandophone… Une langue aux sonorités assez rudes pour qui ne la possède pas. Et qui oblige à une lecture du sur-titrage en continu !
Durant tout le spectacle, d’une 1h10 , il faut lire ce sur-titrage au-dessus de la tête de la comédienne, au demeurant très lisible il est vrai, mais bon à la longue c’est fastidieux …surtout si l'on a une vue un peu défaillante, le cas d'un de mes compagnons qui a bien peiné à déchiffrer...
Sauf ... si on connait déjà le texte… ou, si l’on a en mémoire, l’œuvre de Poulenc interprétée par Stéphanie d’Oustrac au théâtre de l’Athénée, voici quelques années
Auquel cas, on peut un moment abandonner la lecture et s’intéresser au seul jeu de la comédienne.
Sur elle, rien a dire que de positif. Elle assure !
Du moins les expressions de son visage et les changements de ton de sa voix semblent indiquer des tentatives de séduire une dernière fois en passant par différents registres. Et le passage par des sentiments variés.
Seule en scène avec un téléphone de maintenant, derrière une grande baie vitrée, celle d’un building moderne où elle est censée vivre, et un grand mur nu derrière elle, qui ajoute à la froideur de l’ensemble
Elle est enfermée dans cette « cage vitrée », vêtue d’un pantalon de sur-vêtement gris, assez laid, et d’un tee shirt avec des "mickey", le tout sans goût et sans recherche. (a-t-elle déjà abandonné la partie ??)
Un système d’amplification permet de bien l’entendre. (sommes nous, nous les spectateurs, à l’autre bout du fil ??)
L’ensemble étant censé traduire la modernité et l’éternité d’une femme délaissée, désemparée par l’abandon de son amant parti en épouser une autre et, qui en est désespérée.
Elle essaie de donner le change à son amant au cours de cet entretien téléphonique fleuve, le dernier avant rupture définitive.
Un spectacle qui m’a laissée plutôt froide : aucune d’émotion ressentie du fait de la séparation imposée, de nous Public avec la comédienne, par la nécessité de lire en continu un sur-titrage dense, le dispositif scénique de la baie vitrée fermée, l’amplification de la voix derrière la vitre, la laideur de la modernité montrée et la non-maîtrise de la langue qui, dans ce cas précis, constitue un réel handicap !
Juste de l’intérêt pour une découverte de jeu et de mise en scène, et une performance d’acteur, mais bon ça ne suffit pas !
Il y a, je pense, des spectacles qui ne s’exportent pas bien, tels ce monologue. Ceci devrait être mieux pensé par les programmateurs!
En outre, je n’ai pas compris pourquoi le point de vue de l’homme, « The other voice », écrit en contrepoint du texte de Cocteau, par Ramsey Nasr, n’est pas présenté au cours de la même soirée.
Cela aurait rendu la soirée plus intéressante et le prix demandé pour « la seule voix humaine » moins prohibitif…
Le texte -plutôt dense- celui de Cocteau, qui semble avoir été respecté (y compris les adresses à la demoiselle du téléphone qui pourrait couper la communication, ou celles à une femme intempestivement arrivée sur la ligne et qui cherche à joindre un certain Dr Schmidt) s’adresse à un public résolument néerlandophone… Une langue aux sonorités assez rudes pour qui ne la possède pas. Et qui oblige à une lecture du sur-titrage en continu !
Durant tout le spectacle, d’une 1h10 , il faut lire ce sur-titrage au-dessus de la tête de la comédienne, au demeurant très lisible il est vrai, mais bon à la longue c’est fastidieux …surtout si l'on a une vue un peu défaillante, le cas d'un de mes compagnons qui a bien peiné à déchiffrer...
Sauf ... si on connait déjà le texte… ou, si l’on a en mémoire, l’œuvre de Poulenc interprétée par Stéphanie d’Oustrac au théâtre de l’Athénée, voici quelques années
Auquel cas, on peut un moment abandonner la lecture et s’intéresser au seul jeu de la comédienne.
Sur elle, rien a dire que de positif. Elle assure !
Du moins les expressions de son visage et les changements de ton de sa voix semblent indiquer des tentatives de séduire une dernière fois en passant par différents registres. Et le passage par des sentiments variés.
Seule en scène avec un téléphone de maintenant, derrière une grande baie vitrée, celle d’un building moderne où elle est censée vivre, et un grand mur nu derrière elle, qui ajoute à la froideur de l’ensemble
Elle est enfermée dans cette « cage vitrée », vêtue d’un pantalon de sur-vêtement gris, assez laid, et d’un tee shirt avec des "mickey", le tout sans goût et sans recherche. (a-t-elle déjà abandonné la partie ??)
Un système d’amplification permet de bien l’entendre. (sommes nous, nous les spectateurs, à l’autre bout du fil ??)
L’ensemble étant censé traduire la modernité et l’éternité d’une femme délaissée, désemparée par l’abandon de son amant parti en épouser une autre et, qui en est désespérée.
Elle essaie de donner le change à son amant au cours de cet entretien téléphonique fleuve, le dernier avant rupture définitive.
Un spectacle qui m’a laissée plutôt froide : aucune d’émotion ressentie du fait de la séparation imposée, de nous Public avec la comédienne, par la nécessité de lire en continu un sur-titrage dense, le dispositif scénique de la baie vitrée fermée, l’amplification de la voix derrière la vitre, la laideur de la modernité montrée et la non-maîtrise de la langue qui, dans ce cas précis, constitue un réel handicap !
Juste de l’intérêt pour une découverte de jeu et de mise en scène, et une performance d’acteur, mais bon ça ne suffit pas !
Il y a, je pense, des spectacles qui ne s’exportent pas bien, tels ce monologue. Ceci devrait être mieux pensé par les programmateurs!
En outre, je n’ai pas compris pourquoi le point de vue de l’homme, « The other voice », écrit en contrepoint du texte de Cocteau, par Ramsey Nasr, n’est pas présenté au cours de la même soirée.
Cela aurait rendu la soirée plus intéressante et le prix demandé pour « la seule voix humaine » moins prohibitif…
5/10
« L’heureux stratagème » ou….. être libre et faire souffrir :
la cruauté d’une « Don Juane » qui démontre parfaitement que « sa quête de liberté n’a d’autre conséquence que la souffrance des autres »
Deuxième expérience de Rentrée théâtrale avec la Comédie Française, cette fois au Vieux Colombier …..encore une soirée qui m'a décue….j'en attendais pourtant beaucoup!
Pas aimé du tout :
- Le dispositif bi-frontal avec un espace scénique trop bas par rapport aux fauteuils des spectateurs (côté sièges vieux colombier)
Je n’ai pratiquement rien vu de tout le spectacle sauf quand les comédiens passaient à côté de moi dans l’allée. Par contre, bien vu les têtes des spectateurs des 4 rangs devant moi qui s’agitaient en vain, en essayant de voir quelque chose.
Question : qu’apporte ce dispositif, inadapté à cette salle pas du tout faite pour ça !
L’intention du metteur en scène m’a échappé, même s’il s’en justifie sûrement auprès des critiques professionnels dans les dossiers qui leur sont remis, ou dans le programme spectateurs où la justification ne m’a pas paru claire.
- La chanson de Billie Holliday que je ne connaissais pas: que dit-elle au juste (pas de traduction) , que sert-elle au juste ?
On sait avec les cabarets que les comédiens français savent chanter -avec talent- mais est-il besoin qu’ils chantent à tout propos.
- Les « gasconnades -marseillaises- » du Chevalier…..l’accent n’y est pas et même il est tout à fait faux, et sa moustache de beauf rappelle certains Feydeau….
Les gascons ont certes des défauts, dommage qu’on ne leur attribue pas les bons. Son personnage m’a lassée.
- Les bermudas des domestiques qui sans doute se veulent la démonstration du mépris des maîtres à leur endroit « on prend part quelquefois au chagrin de ces gens-là »
Aimé moyennement
- En salle, le texte (que j’ai relu depuis, un peu pensum d’ailleurs … !)
Ne voyant pas grand-chose, il me fallait être bien attentive pour entendre ce texte, derrière les têtes qui s’agitaient devant moi ; J’ai parfois décroché, énervée de ne rien voir.
Et pour comprendre les retournements et les subtilités de l’intrigue qui est très compliquée. J’en ai loupé pas mal !
- Le jeu de Loïc Corbery.
Pas très à l’aise m’a-t-il semblé. Un Arlequin un peu pâle, un peu absent, pas très crédible.
Apprécié, même si je n’ai pas tout compris sur place,
- Le jeu des 3 comédiennes, excellentes.
Elles sont bien choisies et incarnent leurs personnages avec intelligence, fièvre et finesse.
- Celui d’Eric Génovese en Frontin qui ne manque ni de lucidité ni de pertinence lorsqu’il dit de la Comtesse « ce cœur-là, je crois que l’amour y campe mais qu’il n’y loge jamais »
Le cynisme de cette dernière, dans sa quête égalitaire de liberté, a été bien vu lorsqu’elle nous dit : « j’ai voulu plaire au chevalier comme s’il en valait la peine »
- Jérome Pouly, en Dorante, que je n’attendais pas dans un tel rôle et, qui se révèle humain, juste et émouvant.
- Un jardinier, Nicolas Lormeau qui parle patois sans que cela paraisse forcé. Contrairement à son collègue le Chevalier. Pas facile pourtant.
Au final, je ne suis pas sûre d’avoir bien compris où ce metteur en scène voulait en venir avec le bi-frontal, la scénographie faite toute de voile et de blancheur, les costumes dit modernes….et la modernité -révélée?- du texte…?
Cet ensemble nous donnerait à voir « l’incompréhension des êtres » et « le mystère et la fragilité des personnages » "l'ineffable qui habite le coeur des gens": Hum !
la cruauté d’une « Don Juane » qui démontre parfaitement que « sa quête de liberté n’a d’autre conséquence que la souffrance des autres »
Deuxième expérience de Rentrée théâtrale avec la Comédie Française, cette fois au Vieux Colombier …..encore une soirée qui m'a décue….j'en attendais pourtant beaucoup!
Pas aimé du tout :
- Le dispositif bi-frontal avec un espace scénique trop bas par rapport aux fauteuils des spectateurs (côté sièges vieux colombier)
Je n’ai pratiquement rien vu de tout le spectacle sauf quand les comédiens passaient à côté de moi dans l’allée. Par contre, bien vu les têtes des spectateurs des 4 rangs devant moi qui s’agitaient en vain, en essayant de voir quelque chose.
Question : qu’apporte ce dispositif, inadapté à cette salle pas du tout faite pour ça !
L’intention du metteur en scène m’a échappé, même s’il s’en justifie sûrement auprès des critiques professionnels dans les dossiers qui leur sont remis, ou dans le programme spectateurs où la justification ne m’a pas paru claire.
- La chanson de Billie Holliday que je ne connaissais pas: que dit-elle au juste (pas de traduction) , que sert-elle au juste ?
On sait avec les cabarets que les comédiens français savent chanter -avec talent- mais est-il besoin qu’ils chantent à tout propos.
- Les « gasconnades -marseillaises- » du Chevalier…..l’accent n’y est pas et même il est tout à fait faux, et sa moustache de beauf rappelle certains Feydeau….
Les gascons ont certes des défauts, dommage qu’on ne leur attribue pas les bons. Son personnage m’a lassée.
- Les bermudas des domestiques qui sans doute se veulent la démonstration du mépris des maîtres à leur endroit « on prend part quelquefois au chagrin de ces gens-là »
Aimé moyennement
- En salle, le texte (que j’ai relu depuis, un peu pensum d’ailleurs … !)
Ne voyant pas grand-chose, il me fallait être bien attentive pour entendre ce texte, derrière les têtes qui s’agitaient devant moi ; J’ai parfois décroché, énervée de ne rien voir.
Et pour comprendre les retournements et les subtilités de l’intrigue qui est très compliquée. J’en ai loupé pas mal !
- Le jeu de Loïc Corbery.
Pas très à l’aise m’a-t-il semblé. Un Arlequin un peu pâle, un peu absent, pas très crédible.
Apprécié, même si je n’ai pas tout compris sur place,
- Le jeu des 3 comédiennes, excellentes.
Elles sont bien choisies et incarnent leurs personnages avec intelligence, fièvre et finesse.
- Celui d’Eric Génovese en Frontin qui ne manque ni de lucidité ni de pertinence lorsqu’il dit de la Comtesse « ce cœur-là, je crois que l’amour y campe mais qu’il n’y loge jamais »
Le cynisme de cette dernière, dans sa quête égalitaire de liberté, a été bien vu lorsqu’elle nous dit : « j’ai voulu plaire au chevalier comme s’il en valait la peine »
- Jérome Pouly, en Dorante, que je n’attendais pas dans un tel rôle et, qui se révèle humain, juste et émouvant.
- Un jardinier, Nicolas Lormeau qui parle patois sans que cela paraisse forcé. Contrairement à son collègue le Chevalier. Pas facile pourtant.
Au final, je ne suis pas sûre d’avoir bien compris où ce metteur en scène voulait en venir avec le bi-frontal, la scénographie faite toute de voile et de blancheur, les costumes dit modernes….et la modernité -révélée?- du texte…?
Cet ensemble nous donnerait à voir « l’incompréhension des êtres » et « le mystère et la fragilité des personnages » "l'ineffable qui habite le coeur des gens": Hum !
6/10
« Construire un feu » ou le combat perdu d’avance
Le texte de J. London se suffit à lui-même : le lire où l’écouter dans sa nudité, et son intensité, dits par les mêmes comédiens, m’aurait je pense plus convaincue.
Un homme s’est engagé imprudemment, dans l’hiver du Klondike, trop sûr de lui (et faisant fi de l’expérience des anciens) avec un chien, qui le suit.
L’homme est surpris par l’intensité du froid. Il marchera vers sa mort.
Le chien l’abandonnera au tout dernier moment, en quête de nouveaux compagnons capables d’allumer un feu.
Un défi que s’est lancé le metteur en scène, vidéaste, Marc Lainé pour servir le texte de J. London.
Celui, dans un lieu confiné, la scène du Studio-théâtre, de traduire l’immensité des espaces glacés de l’Arctique, l’intensité du froid et l’hostilité d’une nature où l’homme n’a pas de place.
Sur scène : des tables où reposent de petites maquettes de paysages arctiques, des caméras, un écran, de la fausse neige, des sapins, 3 comédiens, l’homme, le chien et le récitant
Un comédien avec une parka et des gants, et des allumettes, de la fausse neige sur le visage, un autre qui fait le chien avec une gestuelle un peu ridicule…
Tout cet agencement et, cet objectif de performance technique, tout proches (trop ?) du public ……si bien qu’on ne les oublie pas un instant, m’ont distraites et ont annihilé en moi toute émotion.
J’ai même trouvé le dispositif assez destructeur. Il a bridé et mon imaginaire et mon émotion.
Je suis, moi aussi, « restée de glace » et me suis ennuyée assez vite.
Un comble tout de même avec un tel texte !
Dommage pour les comédiens, qui ont été embarqués dans un travail qui ne les valorise pas et ils ne le méritent pas !
Le texte de J. London se suffit à lui-même : le lire où l’écouter dans sa nudité, et son intensité, dits par les mêmes comédiens, m’aurait je pense plus convaincue.
Un homme s’est engagé imprudemment, dans l’hiver du Klondike, trop sûr de lui (et faisant fi de l’expérience des anciens) avec un chien, qui le suit.
L’homme est surpris par l’intensité du froid. Il marchera vers sa mort.
Le chien l’abandonnera au tout dernier moment, en quête de nouveaux compagnons capables d’allumer un feu.
Un défi que s’est lancé le metteur en scène, vidéaste, Marc Lainé pour servir le texte de J. London.
Celui, dans un lieu confiné, la scène du Studio-théâtre, de traduire l’immensité des espaces glacés de l’Arctique, l’intensité du froid et l’hostilité d’une nature où l’homme n’a pas de place.
Sur scène : des tables où reposent de petites maquettes de paysages arctiques, des caméras, un écran, de la fausse neige, des sapins, 3 comédiens, l’homme, le chien et le récitant
Un comédien avec une parka et des gants, et des allumettes, de la fausse neige sur le visage, un autre qui fait le chien avec une gestuelle un peu ridicule…
Tout cet agencement et, cet objectif de performance technique, tout proches (trop ?) du public ……si bien qu’on ne les oublie pas un instant, m’ont distraites et ont annihilé en moi toute émotion.
J’ai même trouvé le dispositif assez destructeur. Il a bridé et mon imaginaire et mon émotion.
Je suis, moi aussi, « restée de glace » et me suis ennuyée assez vite.
Un comble tout de même avec un tel texte !
Dommage pour les comédiens, qui ont été embarqués dans un travail qui ne les valorise pas et ils ne le méritent pas !
8/10
"Money, money, money just be funny in the rich man's world" : une proposition pour notre Harpagon!
Pour Ludovic Lagarde, le metteur en scène, « l’Avare » est une véritable découverte. Il ne « l’avait jamais lu, ni même vu. Il n’en avait aucune représentation ». Il l’a donc abordé d’un œil neuf et, nous avec, car nous avons été entraînés à sa suite sur cette voie nouvelle. Et c’est tant mieux !
En effet, dans cette mise en scène là, point d’excessives bouffonneries, point de jeux dramatique ou comique appuyés, point de contrastes extrêmes des costumes entre père et fils, point de ces logis misérables, rien de ces « ficelles » souvent vues, entendues sur scène ou au cinéma.
Le texte apparaît, dans toute sa richesse -et l’on a grande satisfaction à le redécouvrir- (ah le plaisir de réentendre les tirades extraites des « petits classiques Larousse », comme celle de Maître Jacques, invité par son maître Harpagon à dire franchement ce que partout on pense de lui…Il en cuira au cuisinier-cocher pour sa franchise !).
Les situations comme les sentiments, apparaissent comme d’une très grande modernité. L’appât de l’or (le métal, les lingots) et de l’argent (les numéraires), ou d’autres richesses, « l’avarice » poussée à son extrême qui, conduit à se priver de tout, soi-même et/ou son entourage ou, la soif inextinguible d’accumulations de toutes sortes pour en faire de l’argent, thèmes centraux de cette pièce, sont toujours d’actualité…. Il suffit de regarder un peu notre monde actuel. Même si les formes prises sont plus feutrées que celles dénoncées par Molière, elles n’en sont pas moins cruelles et porteuses de désespoir chez ceux qui en sont les victimes.
Lagarde fait de son Harpagon un personnage noir, sombre, un homme qui exploite hommes et bêtes, moins ridicule que pathétique, un individu -certes presque normal dans son apparence physique-, un sexagénaire plutôt bien conservé, mais habité entièrement par une ardeur terrible, destructrice.
Passion perverse, morbide, puisqu’elle le conduit à vivre de rien, -et encore moins…. !- Et à exploiter sans vergogne, à maltraiter, et à priver de tout, famille, entourage et domestiques .
Pour vivre et survivre, ces derniers ne peuvent que développer mensonges et dissimulation, et pour satisfaire leurs élans vitaux naturels ou tenter de combler au mieux leurs désirs légitimes, ils sont conduits à répondre par des duperies aux propres tromperies d’Harpagon.
J’ai été très amusée, intriguée, intéressée par la première partie de la pièce et ce, dès le tout-début… les trouvailles -inattendues- de mise en scène m’ont séduite. De la première à la dernière scène. Et le plateau-hangar, encombré de toutes sortes de coffres, en grand nombre, où sont dissimulés pense-t-on des « trésors » est une belle illustration de cette soif incommensurable d’accumulations qui empêchent de vivre, de chérir et d’aimer.
J’ai moins aimé la suite, à l’arrivée de Frosine, dont je n’ai ni apprécié le jeu outré ni la voix faussement « mondaine » forcée et encore moins la scène d’ivresse longuette… J’ai perçu une rupture de rythme, ses scènes étant surjouées, trop … et complètement dans le cliché.
J’avoue avoir été plutôt agacée et n’avoir pas ri. Je reste perplexe devant ce choix de direction d’acteur. Fallait-il vraiment rechercher un effet comique excessif avec ce personnage ?
Sinon, à part la jeune Mariane, convoitée par Harpagon, plutôt falote, et dont le sort, comme la voix et la diction ne font guère pitié (on se demande ce que le brillant Cléante peut bien lui trouver)!
Les autres comédiens sont excellents.
Justement Cléante, Elise sa sœur tout autant (qui doivent vivre d’expédients pour mener à bien leur destin futur face à un tel père), et Valère, l’amoureux d’Elise qui sait si bien manœuvrer pour rester dans les bonnes grâces d’Harpagon afin de conquérir sa fille.
Mais celui que j’ai de loin préféré et qui est particulièrement savoureux et inattendu, c’est ce Maître Jacques incarné par une femme Louise Dupuis. Quel jeu et quelle présence.
Quant au héros de la pièce, Harpagon, L. Poitrenaux, il ne recherche pas le comique… même si à l’écouter ou le voir, le rire nous gagne parfois.
Il incarne plutôt avec sobriété, un personnage grave, tragique, véritable tyran domestique enfermé dans une logique pathologique. C’est une façon bien nouvelle pour cet Avare que de laisser aux mots, plus qu’aux tics ou à une gestuelle exagérés, l’opportunité d’exprimer la noirceur (et le malheur) du personnage.
La « scène de la cassette » est de la pure tragédie humaine, bien loin des contorsions habituelles. Elle n’en a que plus de poids ! Le monstre qu’il est, arrive presqu'à nous toucher...
Bref, une soirée intéressante et insolite. Une approche nouvelle à découvrir.
Pour Ludovic Lagarde, le metteur en scène, « l’Avare » est une véritable découverte. Il ne « l’avait jamais lu, ni même vu. Il n’en avait aucune représentation ». Il l’a donc abordé d’un œil neuf et, nous avec, car nous avons été entraînés à sa suite sur cette voie nouvelle. Et c’est tant mieux !
En effet, dans cette mise en scène là, point d’excessives bouffonneries, point de jeux dramatique ou comique appuyés, point de contrastes extrêmes des costumes entre père et fils, point de ces logis misérables, rien de ces « ficelles » souvent vues, entendues sur scène ou au cinéma.
Le texte apparaît, dans toute sa richesse -et l’on a grande satisfaction à le redécouvrir- (ah le plaisir de réentendre les tirades extraites des « petits classiques Larousse », comme celle de Maître Jacques, invité par son maître Harpagon à dire franchement ce que partout on pense de lui…Il en cuira au cuisinier-cocher pour sa franchise !).
Les situations comme les sentiments, apparaissent comme d’une très grande modernité. L’appât de l’or (le métal, les lingots) et de l’argent (les numéraires), ou d’autres richesses, « l’avarice » poussée à son extrême qui, conduit à se priver de tout, soi-même et/ou son entourage ou, la soif inextinguible d’accumulations de toutes sortes pour en faire de l’argent, thèmes centraux de cette pièce, sont toujours d’actualité…. Il suffit de regarder un peu notre monde actuel. Même si les formes prises sont plus feutrées que celles dénoncées par Molière, elles n’en sont pas moins cruelles et porteuses de désespoir chez ceux qui en sont les victimes.
Lagarde fait de son Harpagon un personnage noir, sombre, un homme qui exploite hommes et bêtes, moins ridicule que pathétique, un individu -certes presque normal dans son apparence physique-, un sexagénaire plutôt bien conservé, mais habité entièrement par une ardeur terrible, destructrice.
Passion perverse, morbide, puisqu’elle le conduit à vivre de rien, -et encore moins…. !- Et à exploiter sans vergogne, à maltraiter, et à priver de tout, famille, entourage et domestiques .
Pour vivre et survivre, ces derniers ne peuvent que développer mensonges et dissimulation, et pour satisfaire leurs élans vitaux naturels ou tenter de combler au mieux leurs désirs légitimes, ils sont conduits à répondre par des duperies aux propres tromperies d’Harpagon.
J’ai été très amusée, intriguée, intéressée par la première partie de la pièce et ce, dès le tout-début… les trouvailles -inattendues- de mise en scène m’ont séduite. De la première à la dernière scène. Et le plateau-hangar, encombré de toutes sortes de coffres, en grand nombre, où sont dissimulés pense-t-on des « trésors » est une belle illustration de cette soif incommensurable d’accumulations qui empêchent de vivre, de chérir et d’aimer.
J’ai moins aimé la suite, à l’arrivée de Frosine, dont je n’ai ni apprécié le jeu outré ni la voix faussement « mondaine » forcée et encore moins la scène d’ivresse longuette… J’ai perçu une rupture de rythme, ses scènes étant surjouées, trop … et complètement dans le cliché.
J’avoue avoir été plutôt agacée et n’avoir pas ri. Je reste perplexe devant ce choix de direction d’acteur. Fallait-il vraiment rechercher un effet comique excessif avec ce personnage ?
Sinon, à part la jeune Mariane, convoitée par Harpagon, plutôt falote, et dont le sort, comme la voix et la diction ne font guère pitié (on se demande ce que le brillant Cléante peut bien lui trouver)!
Les autres comédiens sont excellents.
Justement Cléante, Elise sa sœur tout autant (qui doivent vivre d’expédients pour mener à bien leur destin futur face à un tel père), et Valère, l’amoureux d’Elise qui sait si bien manœuvrer pour rester dans les bonnes grâces d’Harpagon afin de conquérir sa fille.
Mais celui que j’ai de loin préféré et qui est particulièrement savoureux et inattendu, c’est ce Maître Jacques incarné par une femme Louise Dupuis. Quel jeu et quelle présence.
Quant au héros de la pièce, Harpagon, L. Poitrenaux, il ne recherche pas le comique… même si à l’écouter ou le voir, le rire nous gagne parfois.
Il incarne plutôt avec sobriété, un personnage grave, tragique, véritable tyran domestique enfermé dans une logique pathologique. C’est une façon bien nouvelle pour cet Avare que de laisser aux mots, plus qu’aux tics ou à une gestuelle exagérés, l’opportunité d’exprimer la noirceur (et le malheur) du personnage.
La « scène de la cassette » est de la pure tragédie humaine, bien loin des contorsions habituelles. Elle n’en a que plus de poids ! Le monstre qu’il est, arrive presqu'à nous toucher...
Bref, une soirée intéressante et insolite. Une approche nouvelle à découvrir.
9/10
Samson et Dalila : un triomphe pour l’oratorio- opéra de Camille Saint-Saens.
Ambiance électrique hier soir au TCE, pour la 2ème (et dernière) soirée -en version concert- du fameux oratorio-opéra de Saint-Saens. Une salle bourrée à craquer…
J’ai même dû défendre ma place, achetée au dernier moment sur la -très pratique- « Bourse aux billets » du site du Théâtre. Place qu’apparemment le vendeur -pas très honnête ?- avait revendue -ailleurs- une seconde fois ou, qu’il voulait utiliser pour son compte propre ?(le Théâtre a éconduit l’importun !). Ceci démontre qu’on ne doit pas acheter des billets électroniques en seconde main, sans garantie de leur validité....
J’étais à deux pas de la scène, où l’Orchestre National de France -au complet- et le Choeur de Radio France -en nombre- se disputaient un espace devenu du coup un peu juste. Tandis que les 8 solistes devaient partager le tout-devant de la scène (encombrée de pupitres et de micros) avec le pupitre de l’excellent jeune chef russe Mikhail Tatarnikov.
Le Public attendait les débuts à Paris, dans les rôles titres, du ténor Roberto Alagna et de la contralto, Marie-Nicole Lemieux, artistes aussi brillants que sympathiques (à mes yeux en tout cas car l’on sent bien l'humain derrière la star de renommée mondiale !!)
Certains spectateurs même -rares j’espère-, les « attendaient au tournant », si j’en crois la lecture de quelques commentaires de plus avertis que moi, qui estiment que ces rôles ne sont pas faits pour eux… Eh bien, raté ! La salle proche du délire (dont mes voisins de gauche) a réservé un accueil enthousiaste par des applaudissements fournis en fin de 1ere partie et, une ovation debout au final.
Quant à l’œuvre, je la connaissais mal et j’ai été particulièrement séduite par la variété de sa composition.
Tantôt œuvre religieuse émouvante, ou tantôt guerrière (choeur excellent et dans toutes les nuances), tantôt partition marquée de sonorités orientales colorées ou bien, part plus connue du grand public, des airs lascifs, voluptueux, sensuels, pour des scènes de séduction, ou de bacchanale, ou enfin, des parties noires, quand le grand-prêtre (baryton basse, incarné par un magnifique Laurent Naouri) et Dalila complotent et conspirent, ou plus tard quand ils se moquent d’un Samson rendu aveugle et esclave.
J’ai apprécié l’interprétation homogène parfaite (rôles solistes comme seconds rôles) -plateau vocal comme musique seule- Des airs superbes.
A noter une diction parfaite des 8 solistes, même de la part d’une des basses pourtant russe, ce qui m’a évité la lecture des surtitrages (sauf pour les chœurs lors des moments de grande puissance). J’ai pu me consacrer entièrement à la musique et c’était merveilleux.
Si vous voulez découvrir Alagna en Samson et Naouri en grand -prêtre, retransmission en direct dans les cinémas gaumont (depuis Metropolitain de New York le 20 octobre prochain, dans une nouvelle production). Mais ce sera Elina Garança qui interprétera Dalila et ce sera mis en scène.
Petit détail, Alagna a laissé ses cheveux repousser pour sa prise de rôle de Samson, ce qui a permis à Marie-Nicole Lemieux, de les empoigner d’une main ferme après la révélation du fameux secret de Samson !
Ambiance électrique hier soir au TCE, pour la 2ème (et dernière) soirée -en version concert- du fameux oratorio-opéra de Saint-Saens. Une salle bourrée à craquer…
J’ai même dû défendre ma place, achetée au dernier moment sur la -très pratique- « Bourse aux billets » du site du Théâtre. Place qu’apparemment le vendeur -pas très honnête ?- avait revendue -ailleurs- une seconde fois ou, qu’il voulait utiliser pour son compte propre ?(le Théâtre a éconduit l’importun !). Ceci démontre qu’on ne doit pas acheter des billets électroniques en seconde main, sans garantie de leur validité....
J’étais à deux pas de la scène, où l’Orchestre National de France -au complet- et le Choeur de Radio France -en nombre- se disputaient un espace devenu du coup un peu juste. Tandis que les 8 solistes devaient partager le tout-devant de la scène (encombrée de pupitres et de micros) avec le pupitre de l’excellent jeune chef russe Mikhail Tatarnikov.
Le Public attendait les débuts à Paris, dans les rôles titres, du ténor Roberto Alagna et de la contralto, Marie-Nicole Lemieux, artistes aussi brillants que sympathiques (à mes yeux en tout cas car l’on sent bien l'humain derrière la star de renommée mondiale !!)
Certains spectateurs même -rares j’espère-, les « attendaient au tournant », si j’en crois la lecture de quelques commentaires de plus avertis que moi, qui estiment que ces rôles ne sont pas faits pour eux… Eh bien, raté ! La salle proche du délire (dont mes voisins de gauche) a réservé un accueil enthousiaste par des applaudissements fournis en fin de 1ere partie et, une ovation debout au final.
Quant à l’œuvre, je la connaissais mal et j’ai été particulièrement séduite par la variété de sa composition.
Tantôt œuvre religieuse émouvante, ou tantôt guerrière (choeur excellent et dans toutes les nuances), tantôt partition marquée de sonorités orientales colorées ou bien, part plus connue du grand public, des airs lascifs, voluptueux, sensuels, pour des scènes de séduction, ou de bacchanale, ou enfin, des parties noires, quand le grand-prêtre (baryton basse, incarné par un magnifique Laurent Naouri) et Dalila complotent et conspirent, ou plus tard quand ils se moquent d’un Samson rendu aveugle et esclave.
J’ai apprécié l’interprétation homogène parfaite (rôles solistes comme seconds rôles) -plateau vocal comme musique seule- Des airs superbes.
A noter une diction parfaite des 8 solistes, même de la part d’une des basses pourtant russe, ce qui m’a évité la lecture des surtitrages (sauf pour les chœurs lors des moments de grande puissance). J’ai pu me consacrer entièrement à la musique et c’était merveilleux.
Si vous voulez découvrir Alagna en Samson et Naouri en grand -prêtre, retransmission en direct dans les cinémas gaumont (depuis Metropolitain de New York le 20 octobre prochain, dans une nouvelle production). Mais ce sera Elina Garança qui interprétera Dalila et ce sera mis en scène.
Petit détail, Alagna a laissé ses cheveux repousser pour sa prise de rôle de Samson, ce qui a permis à Marie-Nicole Lemieux, de les empoigner d’une main ferme après la révélation du fameux secret de Samson !