Première fois à l'Odéon pour la première d'Orlando, j'étais prête à voir du très lourd.

Je n'ai vu qu'un making off de film. Ce qui se passe sur le plateau a de l'interêt les 12 premières minutes, après on a compris le principe et la difficulté technique ne peut pas nous tenir en haleine tout le long du spectacle.

Déception en tant que spectateur mais je l'avoue, la théâtreuse pratiquante en moi a apprit pas mal en regardant les techniques utilisées.

... Le thème était sympa, le décors était prometteur, il y avait des idées, et au moins la moitié des comédiens avaient l'air franchement bon (si tant est qu'on puisse vraiment faire une distinction non arbitraire entre bon et mauvais comédien), alors qu'est ce qui a bien pu me faire sortir mon portable à 20 min de la fin pour envoyer un message désespéré à ma mère, la suppliant qu'on parte ?

Je ne sais pas vraiment... A partir de quand, un spectacle devient juste vulgaire et pourquoi j'ai eu envie de disparaître dès le premier quart du spectacle ? Je ne saurai précisément le dire... Le théâtre n'a pas vocation à être disséqué afin d'en conclure par des arguments scientifiques si oui ou non c'est ce qu'on vient de voir est une réussite, je pense qu'une critique doit être très arbitraire et personnelle. Et bien personnellement, j'ai trouvé ce spectacle absolument et profondément désespérant.

Toujours les mêmes blagues sexuelles (par exemple tout le long au lieu de dire public, ils diront pubis... peut être que ça peut être drôle une fois, mais pas 32 fois...), les mêmes jeux clichés sur des maladies psychiatrique, rabaissant ceux qui en souffrent, les mêmes idées en boucles, qui donnent le sentiment que ça ne finira jamais, et que le spectacle à dû recommencer pendant qu'on était occupé à regarder le public (parce que dans ce genre de moment, ce qui se passe dans les gradins est un milliard de fois plus intéressant que ce qui se passe sur les planches). Non je n'ai pas aimé, mais cette avis ne doit pas être le même pour tous puisqu'une partie de la salle s'est levé pour applaudir... Enfin, une partie à également quitté la "salle" (c'était en rue)... Avis très personnel donc, et absolument pas représentatif de la majorité.

Ma première fois au Schaubühne, ma première pièce d'Ostermeier également, je m'installe tout en haut de cette petite salle, je remets en place la capuche de mon sweat, mon sweat c'est mon meilleur ami quand je vais au théâtre, c'est l'habit parfait puisqu'il se fait oublier, mon sweat il a vu du sang et des larmes couler sur un plateau, il a vu des bredouillements, des imprévus, il a vu des cataclysme et des idéaux, et ce soir là, encore, il allait vivre une expérience particulière.

Je lève enfin le regard et je regarde la scène, un rectangle, dans le sens de la longueur, recouvert de terre, et dessus, au fond, une petite parcelle qui coulisse, caché par des rideaux, assez vite la lumière s'éteint et on a droit à l’enterrement pitoyable et interminable du père de Hamlet, très juste d'ailleurs, le père d'Hamlet n'a pas un enterrement de roi, il a un enterrement de paysan, et quand enfin le cercueil est recouvert on enchaîne avec la fête.

C'était beau, c'était magnifique. De la technique, de l'amusement, de la vie. Au final je pense que c'est ça que je cherche quand je vais voir de la danse, un émerveillement, une inspiration, et puis ce moment ou seul dans ta chambre tu essayes de reproduire les actions qui te semblait si simple sur le plateau. Le décors est intelligent, il s'imbrique parfaitement dans le spectacle, il lui donne une nouvelle profondeur, c'est un outil.

On rigole aussi, parce que c'est drôle, faut l'avouer, quand on voit une danseuse meuble IKEA c'est assez drôle ! Malheureusement certains passages sont un peu trop longs, ce qui peut vers la fin provoquer un désinteressement à ce qui se passe sur le plateau, mais enfin moi je suis quelqu'un qui trouve souvent les spectacles trop longs ;)

Je suis arrivée suffisamment à l'avance pour jouer à "cherche et trouve" dans la salle, et il y avait de quoi faire, un ventilo, un panneau "en grève", un cheval, un drapeau russe...
Un beau bordel qui reflète bien la pièce, de l’inattendu pour chaque scène, des selfis, et de la violence, un Ubu roi parfaitement ubuesque, absolument cool et bordélique.