Tant de choses à célébrer dans cette pièce... Des acteurs talentueux, une histoire haletante qui nous fait passer du rire aux frissons en une fraction de seconde et des décors à couper le souffle !

La Dame Blanche, c'est une expérience qui débute avant même d'être assis grâce à des placeurs plutôt inquiétants et des acteurs qui déambulent dans le public avec des intentions peu amicales.
On s’installe et on se demande si venir était une si bonne idée vu l'ambiance angoissante de la salle… Jusqu’à ce que la pièce débute. A partir de ce moment, plus de questions. On est bien trop captivé par l’action !

Une histoire d’amour, de meurtre, de fantôme… On se croit au cinéma ! Sauf qu’ici, les acteurs n’hésitent pas à descendre de scène et à intégrer le public quand il s’y attend le moins. Les rebondissements sont multiples et l’on ne s’ennuie pas une seconde.

Les acteurs, très talentueux, nous entraînent dans la folie de cette histoire avec une aisance impressionnante. La morale importe peu : on s’attache au personnage d’Arthur Jugnot très rapidement car il est humain. On a peur pour lui, avec lui… Anaïs Delva est également parfaite dans le rôle d’Alice : pétillante et gracieuse de son vivant, grave et inquiétante lorsqu’elle incarne la Dame Blanche. Un vrai plaisir de les voir jouer ensemble !

Enfin, la mise en scène et les décors sont magnifiques. Aucun détail n’est laissé au hasard, ce qui donne des univers très aboutis. Les passages d’une situation à l’autre sont fluides et agréables à suivre. Les déplacements sont presque chorégraphiés, ce qui donne des scènes particulièrement belles, telles que le moment où Alice et Malo s’aiment au début de la pièce.

Que du plaisir, donc. A voir !

Momo, c’est un pitch plutôt loufoque : Mr et Mme Prioux voient débarquer chez eux un jeune homme qui se comporte comme leur fils. Unique souci : ils n’ont jamais eu d’enfant. Le couple décide d’entrer dans son jeu afin de comprendre ce qu’il veut obtenir d’eux. L’humour est assez léger et les répliques tombent juste. Sébastien Thiéry tente peu à peu d’intégrer du sentiment et de la gravité à la pièce, abordant l’envie d’enfant du couple et les difficultés qu’ils ont eu à accepter le fait qu’ils n’en auraient pas.

Le sujet est intéressant et mérite d’être traité au théâtre. Cependant, une gêne s’installe au fil de la pièce. En effet, le jeune homme joué par Sébastien Thiéry est sourd. Cela pourrait très bien fonctionner si ce handicap était joué simplement. Mais ce personnage a également des problèmes comportementaux tellement appuyés qu’ils rendent le personnage difficile à comprendre. De même, sa compagne aveugle est présentée comme agressive et impolie. Il est difficile de voir ce que ces éléments apportent à la pièce. Ils créent un mur entre le couple principal « normal et sympathique » et le couple « différent et peu aimable » qui s’installe chez eux. Pourquoi les personnes ayant un handicap physique doivent-elles être présentées comme ayant également des problèmes comportementaux ? Il est très difficile de s’attacher à ces derniers et en rire parait mal placé.

Concernant le jeu d’acteurs, on peut saluer François Berléand qui est très à l’aise dans son rôle de parisien sceptique et grognon. Toujours calme face à sa femme autoritaire et très agitée, les deux caractères s’équilibrent bien et leur relation est intéressante. Muriel Robin parle trop rapidement par moment et a du mal à pousser sur sa voix, ce qui pose parfois un problème de compréhension. Elle peut en revanche compter sur un public conquis qui applaudit chacune de ses répliques. Ce sont bien les rôles de Sébastien Thiéry et Ninie Lavallée qui posent problème : très caricaturaux, ils empêchent tout attachement aux personnages.

Enfin, la mise en scène et les décors sont simples mais aboutis. La profondeur de scène permet de donner au salon parisien un effet très réaliste. On peut apercevoir les chambres en arrière-plan et la cuisine moderne correspond tout à fait à l’image que l’on se fait du couple.

Une pièce grave et touchante très bien interprétée se joue sur la scène du théâtre de Paris en juin.

Pas de tentatives pour détourner le sujet du harcèlement au travail pour faire rire. Ici, la fragilité de l'être humain est exposée sans pudeur. Deux histoires croisées dont une prend très rapidement le dessus : celle d'Anne Loiret. Directrice adjointe, elle a fait l'erreur de contredire son supérieur un jour, déclanchant alors une lente chute aux enfers. La honte de se laisser faire, le désarroi face à des réactions que l'on ne comprend pas, l'isolement au travail, peu à peu... Ces thèmes sont très bien abordés par le texte. Le personnage de Thierry Frémont, de son côté, semble plus être là en appui à sa partenaire. Il ajoute du contexte, aborde le sujet du stress au travail comme l'un des phénomènes médicaux montants du XXIème siècle... Si bien que l'on s'intéresse assez peu à son propre problème : l'amour à sens unique.

Les deux acteurs sont très réalistes dans leurs personnages. La détresse est visible dans toute la gestuelle d'Anne Loiret et l'on suit ses espoirs et ses déceptions sur son visage et dans ses intonations. Thierry Frémont n'est pas en reste et nous offre un médecin désabusé très crédible.

La mise en scène, quant à elle, est très épurée. Elle met ainsi l'accent sur la fragilité des deux acteurs qui n'ont presque rien sur quoi s'appuyer. Les objets du quotidien ne leur sont plus d'aucun secours. A l'exception d'une carte de héros offerte par un enfant...
Une pièce très jolie, on aurait aimé avoir une histoire plus forte et plus claire à laquelle se raccrocher pour comprendre le personnage de Thierry Frémont.

Des artistes complets et très talentueux occupent la scène du théâtre de Paris à l'occasion de ce spectacle. Les premières minutes - surprenantes - sont délectables. On est assailli d'informations sonores de tous côtés sans vraiment comprendre ce qu'il se passe.

Peu à peu, la scène se met en place et l'on saisit les relations qui relient les personnages, les caractéristiques principales de chacun d'entre-eux... Et ce à quoi l'on va assister.

Mais si la qualité de la mise en scène et des décors est incontestable, j'ai été déçue par l'histoire présentée sur scène. En effet, plusieurs situations sont très intéressantes et mériteraient d'être creusées. Par exemple, face à un élément perturbateur - une personne reçoit un appel et se met à pleurer - j'aurais aimé voir la réaction de ses collègues pendant quelques minutes. Que se passe-t-il ? Qui choisit de la consoler ? Qui l'ignore ?

Une potentielle richesse de ce spectacle me semble ici oubliée. Pour cette raison, on ne s'attache pas aux personnages et, au bout de 40mn, on finit par s'ennuyer.

Ajoutons à cela le son un peu trop fort qui fatigue et l'attention devient difficile à fixer.

Dommage car c'était un beau défi qu'à moitié relevé !

Un moment très sympa passé à la comédie Bastille. Si Rupture à domicile ne nous fait jamais éclater de rire, c'est tout de même une pièce pendant laquelle on sourit beaucoup et qui nous permet de ressortir l'esprit léger.

L'histoire est originale : rien que l'existence d'un homme assez cynique pour se faire payer afin de rompre à la place de ses clients suffirait à faire rire. Mais lorsqu'il tombe sur son ex dont il semble toujours amoureux... Le personnage devient plus sympathique et l'action parfaite pour le lancement d'un boulevard. Très appréciable dans ce texte : pas d'humour lourd orienté sur le sexe qui empêche parfois d'accrocher. Les mensonges des uns et des autres créent des quiproquos sans fin et finissent tous par ressurgir pour le plus grand plaisir du public.

Hélène Seuzaret nous offre une Gaëlle pétillante et caractérielle, capable de passer du rire à la colère en l'espace d'une seconde. L'actrice ne tombe pas dans le cliché et ses crises d'énervement font rire les spectateurs de bon coeur. Le duo Olivier Sitruk / Tristan Petitgirard est également bien interprété. Les relations de supériorité s'alternent au fur et à mesure que l'un et l'autre apprennent des éléments nouveaux sur leur "concurrent", jusqu'à arriver à la victoire absolue d'un des personnages.
Si les ressorts sont assez faciles et prévisibles, ils nous permettent tout de même de passer un moment de détente.

Enfin, la mise en scène est agréable à regarder, jouant sur les aller-retours entre le salon (la scène) et la cuisine (en coulisse) d'où les acteurs prennent part à l'action uniquement par la parole. La pièce débute et se termine par une vue identique d'Eric, le personnage d'Olivier Sitruk, qui se confie au public, marquant ainsi la remise à zéro de l'histoire. Les décors sont sympas, particulièrement le clin d'oeil aux demoiselles de Rochefort que les connaisseurs auront repéré dès la première scène... Pour en comprendre l'origine à la fin.

Un moment très agréable, donc.